Jugement de Gemini [Mini-Event] (Terminé)

Il était bon de voir la prêtresse comprendre que l’occasion représentait un moment de choix pour faire connaître toute la dévotion qu’elle avait pour Portalia et ses bonnes gens. Elle tira vers elle et l’abri de fortune qu’elle venait de s’ériger deux personnes innocentes, et lui fut libre d’agir. Il avait depuis tout à l’heure laissé ses sens envelopper l’endroit, s’assurant qu’aucun adversaire ne vienne frapper Nephtys. C’était elle, le véritable danger pour ces gens. Pas aujourd’hui, pas demain, mais ce genre de détail n’avait que peu d’importance. Personne parmi les intrus ne semblait jusqu’à présent le comprendre, et il laissa d’un air désintéressé la jeune désaxée se faire emmener. Il doutait qu’elle passe la journée : remettre sa vie entre les mains incompétentes des autorités de Portalia était une faute majeure, surtout dans ce genre de situation désespérée.

« Cela suffit ! s’époumonna-t-il dans la direction de l’enchanteresse pyromane qui occupait en ce moment la femme-serpent. »

Il était plus que temps de sortir de son immobilisme. Il bondit dans sa direction, bien décidé à mettre dès maintenant fin à ce cirque grotesque. Il avait comme à son habitude prévu avec justesse les évènements du jour, et pouvait les donc les aborder avec un calme qui tranchait cruellement avec l’hystérie générale des autres participants. Retournant dans les airs son arme pour frapper avec sa hampe, il l’abattit d’un mouvement rapide dans la direction de la jeune femme. L’important maintenant était de s’assurer de ne pas défoncer son crâne, afin de pouvoir la faire parler quand elle reviendrait à elle. Elle aurait sans doute de nombreuses choses à leur dire.

Non la dragonne ne cracha pas du feu, elle fit bien pire, elle produisit de la lave. Blue n'eut pas d'autre choix que de la relâcher et de reculer pour éviter de finir elle aussi grillée. La naga lacha un long sifflement, faisant fouetter sa queue dans les airs par frustration de devoir lâcher sa proie-enfin son ennemie. L'odeur de la chaire brûlée lui agressa les narines et Blue se demanda combien de temps la dragonne tiendrait avant de se tuer avec son propre pouvoir. Bien sûr la personne assez folle pour interrompre le jugement serait assez folle pour faire des attaques suicides.

Il fallait tout de même qu'elle garde cette personne en vie, il faudrait bien interroger la dragonne et techniquement elle restait une civile. Tuer une civile ne ferait pas vraiment une bonne image à la guilde, enfin pour ceux qui en avait encore quelque chose à faire, car honnêtement il ne devait plus rester beaucoup de monde dans les parages. Difficile à dire, Blue était beaucoup trop concentré sur la dragonne pour regarder le reste de la salle.

Alors qu'elle se demandait comment appréhender la dragonne de loin sans la tuer ou lui briser trop d'os, le cris d'Hypanatoi résonna dans la salle et attira l'attention des deux femmes à écailles. Réalisant qu'il était sur le point de sauter pour attaquer la dragonne s'était tourné vers lui et la naga profita de cette brève ouverture pour envoyer une nouvelle fois sa queue, non pas pour frapper l'adversaire, mais pour la piquer dans la jambe avec le bout de sa dague, tel un dard. À sa grande négligence elle n'avait jamais réellement testé le pouvoir de cette lame dans un vrai combat, mais elle espérait qu'elle serait assez puissante pour paralyser la jambe de la dragonne, ou du moins la déséquilibrer quelques secondes pour qu'elle ne puisse pas se défendre contre le coup du guerrier. Malgré la chaleur inconfortable la naga gardait sa queue dans les airs au dessus de la lave, elle voulait être prête à attraper la dragonne si ils parvenaient à l'assommer pour qu'elle ne tombe pas dans sa propre lave.

La situation a dégénéré en un chaos sans nom, la foule s'enfuit en forçant la grande porte, les gardes de la guilde sont submergés et la terroriste est encore debout. J'essaye de garder un œil sur Gemini qui se fait escorter en dehors du tribunal.

Blue s'engage en combat contre la dragonne, l'allonge de la naga lui donne l'avantage et lui permet de saisir sa proie. Mais ce n'est pas la dernière carte de la criminelle, la peau se recouvre de lave, au pris d'une douleur apparente et force la naga à relâcher sa prise. Le cri du garde du corps de Nephtys qui charge résonne dans toute la salle et donne une opportunité à Blue de frappée la jambe de pyromane qui semble se pétrifier et gel dans la zone d'impact. L'effet ne dure pas très longtemps, mais suffisamment pour me laisser une fenêtre de tir. J'absorbe ma dague et fais apparaitre mon arbalète chargée, j'ai du mal à viser, du sang me coule sur mes yeux et mon oreille interne a pris un coup dû au choc, ce qui gène mon équilibre. Non. Je n'ai pas le temps de me laisser aller, mon corps doit m'obéir, mon corps m'obéit. Je concentre mon essence dans mes yeux pour stabiliser ma vue et tir. Le carreau transperce la jambe de la dragonne juste avant que la pétrification ne prenne fin.

Gemini… Mon système oculaire toujours sous le contrôle de mon essence me fais percevoir une... ombre blanche... se déplaçant dans le sens contraire à la foule et qui se dirige vers Gemini…  

Sans avoir le temps de comprendre ce qui se passait, tout est déjà fini. Une épée blanche perfore le ventre de Gemini, avant qu'une hache ne vienne conclure ce spectacle d'horreur en tranchant la tête de mon amie.

Mon cerveau ne comprend pas, mes yeux me mentent, mes oreilles se trompent. Je ne sais pas trop ce qui se passe après, j'ai l'impression de ne plus être dans mon corps. Mon esprit flotte à côté de mon corps en piteux état, il a l'air en colère.

« NOOOOOOOOOOOOON !!!!! »

Un hurlement vient transpercer la salle, mais je l'entends comme dans une bulle, ça vient de mon corps en colère, apparemment. Il fonce dans la marée humaine, force son passage à travers les personnes. Tient, un garde essaye d'arrêter mon corps… ouch... le garde se fait assommer à grand coup de bouclier avec une perte de dents en primes.

« INCAPABLE !!! »

Tient encore ce son en bulle.

Dernière édition par Aleksander Rex le Mar 31 Mai - 16:21, édité 1 fois

Le coup d’Hypanatoi fut violent, il brisa la corne de la dragonne. Sa ramure tomba dans la lave et fondit en quelques instants. La jeune femme était sur le point de rejoindre sa corne quand la queue de Blue la sauva in-extrémis de sa lave. Hypanatoï n’eut pas cette chance et se retrouva les jambes dans la lave. Une terrible douleur provenait du bas de ses jambes. Si pendant une seconde ses chasses l’avaient protégé, elle avait rapidement été réduite à l’état de lambeaux. Le paragoï se sortit rapidement de cette flaque de lave avant qu’elle ne se change en pierre chaude. Par chance, et sans doute grâce à son essence supérieure à celle de la dragonne, les brûlures n’étaient guères importantes. Si chaque pas était un supplice, la douleur était supportable pour un guerrier de cet acabit. Néanmoins, s’il ne voulait pas que cela empire, mieux vaudrait aller voir un guérisseur au plus vite

Aleksander, de son côté, a rapidement été maîtrisé par des gardes. Un d’entre eux, une obsidienne à l’apparence elfique, l’endormit grâce à de ses pouvoirs. L’aventurier se fit mettre aux fers le temps qu’il se réveille. Après avoir réouvert les yeux, et s’il ne se montrait pas autant de fureur que précédemment, les soldats de la Guilde le laissèrent rentrer chez lui.

La dragonne n’était plus une menace, mais l’assassin de Gemini, de son côté, avait réussi à fuir. La salle se trouva rapidement vidée, il ne restait plus qu’une poignée de personnes : Patrick, Elim, Yvana, Nephtys, Elizabeth, Mortalis, l’Exécuteur, quelques gardes de la Guilde mais aussi un Hypanatoï blessé aux jambes et une Blue ayant capturé dans sa queue la forcenée, qui se trouvait dans un état critique.

Sur le sol, le sang de Gemini se rependait… après quelques instants, sa tête se changea en poussière, ne laissant qu’un corps grotesque sur le marbre du tribunal.
Les armes d’os aussi disparurent. D’abord la hache au sol. L’épée, quant à elle, ne semblait pas vouloir disparaître, sans doute à cause de son contact avec le corps maintenant sans vie de l’accusée.


Le jugement ne peut plus être rendu. Le tribunal n’a plus de raison d’être tenu. C’est ainsi que ce clos le procès de Gemini.




[HRP : Merci à tous d’avoir participé à ce mini-event ! J’espère qu’il vous aura plus (ou, qu’au moins, il ne vous aura pas ennuyé) ! Il restera, quelques jours, ouvert si vous voulez poster un dernier message.]

La tête de Gemini avait roulé à la vue d'Elim. Triste vision qui n'était pour le loup que trop familière. Abrité avec @Yvana T. Sturdlewe à côté de la belle procureure de l'église, le loup secoua la tête en voyant la dragonne agir de la sorte.
Serrant la main de l'elfe dans la sienne, il tacha de produire un petit sourire en direction de son amie.

-Oui... ça va... Le jury n'était pas visé

Il se voulait rassurant, même s'il ne l'était pas vraiment. Certes, il était de rang or, mais cela ne l'empêchait pas de se sentir aussi insignifiant qu'auparavant. Et au milieu de cette immense salle sans âme. Le loup avait l'impression d'être plus vulnérable que jamais. Pire encore, son nom était revenu trop de fois pour que cette journée ne soit sans conséquence. Et il y avait fort à parier que l'Eglise viendrait fouiner aux alentours de chez lui

-C'est normal, je ne me sentais pas à te laisser seule ici. Tu as été très courageuse pendant l'interrogatoire, tu m'a impressionné

Dit il avec un sourire en tachant de paraitre détendu. Mais ses oreilles ne trompaient pas. Plaquées contre son crâne, elles indiquaient sans difficultés ses émotions réelles.
Un bref regard vers @Nephtys suffit à lui donner encore plus de sueurs froides. La demoiselle était belle, mais savoir qu'elle était la responsable de l'accusation n'aidait pas l'argenté à se détendre.

-Merci pour l'abris madame

Sa voix ne fut qu'un murmure, et son teins blafard ne put le faire paraitre confiant. Mais au moins... Cela pouvait passer pour de la panique au vu du chaos non loin.
Passant sa tête au dessus de la table, il scruta le combat qui se déroulait à quelques mètres d'eux. Sans armes, Elim était convaincu d'être aussi utile que les gardes trop puissants qui observaient sans pouvoir agir.
Plusieurs individus, dont la naga c'étaient portés à l'encontre de la dragonne. Un déluge de coup s'abbatit sur elle, et au vu du peu d'expérience qu'il avait, le loup ne put pas tout suivre.
Du reste, lorsque la poussière retomba, l'argenté sut que c'était à son tour d'agir.
Offrant un sourire à son amie, il dit cette fois plus sur de lui

-Je pense que c'est à notre tour d'aller aider ceux qui en besoins

Sautant au dessus de la barricade de fortune, il se porta au chevet des blessés, quelques gardes lui barrèrent le chemin, et le loup dut élever la voix pour qu'on le laisse passer

-Je suis médecin ! Je viens soigner ceux qui peuvent encore l'être !

Les deux oreilles dressées, il en oublia momentanément la peur. Découvrant un @Hypanatoi Konostinos gravement brûlé, il n'hésita pas à se porter à son chevet, commençant les soins sans qu'on le lui demande.
Après tout, c'était son métier. Il ne fallut que quelques instants pour le remettre sur pied, les soins qu'il prodiguait en urgence se voulant bien plus puissant que ceux au cabinet.
Ne restait que la dragonne dans un état critique. Fidèle à son serment, il s'agenouilla près d'elle, commençant à stabiliser la criminelle. Même si cette fois, il y avait une foule de garde pour l'empêcher de faire des bêtises

Je ne comprends pas tout ce qu'il se passe, mais presque sortit de nulle part, Patrick Montataire se retrouve entre moi et le prochain garde. Je n'arrive à entendre que le sang qui pompe dans mes veines, mais aucun des mots qu'ils s'échangent. Par contre, quand le garde commence à attraper Montataire par le col, je m'interpose et attrape le bras entouré de cuir clouté du garde. Je force de plus en plus pour qu'il lâche prise, je sens les piques me transpercer la main, mais je n'en ai rien à faire. Le garde fini par relâcher le barman quand je commence à tordre son bras dans le mauvais sens, jusqu'à ce qu'il tombe à genoux, mon sang coulant à grosses gouttes sur le cuir, pour finir sur le sol. Mon regard et plonger dans celui du garde, je ne cligne pas un seul instant des yeux devant sa souffrance de plus en plus visible.
À cet instant, je sens une présence écrasante derrière moi, et ce n'est pas Montataire. Sans avoir le temps de me retourner, j'entends une voix familière à mon oreille.

« Il est l'heure de dormir, Aleksander. »

Ensuite, plus rien, le néant.

Dans mes songes, mon esprit se pose des questions : Qu'est-ce qu'Hélocia faisait là ? Pourquoi ça tronche d'elfe ne sourit jamais, malgré tous mes efforts et surtout pour quoi elle m'a endormi, j'allais rattraper l'ombre blanche, j'en suis sûr…  

Je me réveille avec des douleurs sur quasiment toutes les parties de mon corps, j'ai même encore des échardes de bois dans l'épaule, si j'ai reçu des soins ce n'était que pour stabiliser mon état. J'ai mal au crâne et le battement de mon propre cœur me donne mal à la tête. On m'a installé sur un lit en pierre, fort peu confortable, dans une pièce relativement exigüe, mais propre, fait de grandes dalles. Face à moi, une porte en métal qui laisse passé un jour à travers d'épais barreaux. La prison de la guilde et au vu de l'état de propreté, je dirais une du tribunal, donc anti-essence. Je ne vais même pas essayer de l'utilisé, dans mon état, ça ne fera qu'empirer les choses.

Je me pose au bord du lit de pierre, le visage dans les mains, que je remarque être entouré par de solide bracelets de métal joints par une chaine. Je repense aux évènements qui viennent se dérouler et la tristesse se mêle à la rage. Quelques gouttes tombent sur mes fers. C'est un terrible jour pour pleuvoir…  

Le monde ne m'accorde même pas le temps de me laisser aller que des voix se font entendre depuis l'autre côté de la porte. Des gardes surement, mais je les entends mentionner mon nom, ce qui m'intrigue suffisamment pour me rapprocher du mur et écouter furtivement leur conversation.

« Je t'avais bien dit que c'était lui, le fils du Sergent, "Mais où est mon pantalon ?!", je suis mort de rire à chaque fois que je lis cette gazette. Et regarde ce coup-ci, il y a du croustillant. Regarde ! » suivit d'un bruit de friction de papier.

« Et une fille qui se tape un dragon ?! Wow !! »

« QUOIIIIIIIIIIIIIIII ?????????!!!!!!!!!!! »

Je crois que tous les membres qui travaillent au tribunal ... et dans cette rue, ont dû m'entendre.

Alexander s'était joint à leur attaque, à deux ils ne laisserent aucune chance à la dragonne de se défendre de l'attaque d'Hypanatoi. Le guerrier n'y était pas allé de main morte, mais au vu de la situation ils ne pouvaient pas se permettre de prendre des demi-mesures. Avec l'impact de l'attaque, Hypanatoi et la dragonne furent propulsés dans des directions opposées, Blue rattrapa de justesse la femme inconsciente avant qu'elle ne tombe tête la première dans la lave. Ce ne fut qu'après avoir ramené la dragonne sur la terre ferme qu'elle vu qu'Hypanatoi avait atterri dans la lave. L'homme sembla capable de sortir par lui même donc elle retourna son attention vers sa captive, prenant son poul pour s'assurer qu'elle était toujours en vie. La dragonne était dans un sale état mais au moins elle était encore en vie.

Blue réalisa qu'il y avait une autre commotion,  Alexander était en train de hurler et d'attaquer des gardes avec Patrick juste à côté, heureusement sans le publique pour les gêner ses collègues furent capable de le neutraliser rapidement et sans utiliser la force. Puis elle comprit la source de la colère du jeune homme quand elle posa les yeux sur la tête de gemini au sol, bien loin de son corps. La naga eu l'impression d'être aspergé d'eau glacée alors qu'elle fixait du regard les yeux sans vie de la jeune fille, incapable de détourner le regard jusqu'à ce que la tête devienne un tas de poussière
La naga fut prise d'un sentiment de vide, elle n'avait pas combattu longtemps ni utilisé ses pouvoirs et pourtant elle se sentait fatiguée. L'adrénaline était retombé et une seule pensée tournait en boucle dans sa tête ... tout cela avait été inutile. Le procès, les témoignages, les longs débats, au final quelqu'un avait décidé de faire sa propre justice. Sa victoire contre la dragonne ne signifiait rien puisqu'au final son travail se soldait en un echec. Elle devrait être en colère et pourtant elle avait l'impression de ne plus rien ressentir.

Elle déposa doucement la dragonne à côté d'Elim pendant qu'il s'occupait d'Hypanatoi, puis elle
recula pour rejoindre les autres gardes et se fondre dans le tas. Le reste de la journée fut flou pour Blue, la naga était visiblement fatiguée et plus trop d'humeur à discuter, elle se contenta d'obéir machinalement aux ordres jusqu'à ce qu'on lui dise enfin qu'elle pouvait partir.

Alors que la sortie était proche, le vampire se retourna. Une odeur de sang attirait son attention. Beaucoup de sang. Dans d’autres circonstances, cela lui aurait un peu ouvert l’appétit. Mais ici… Gemini, l’accusée, avait perdu la tête… au sens littéral cette fois. Vlad arpenta de son regard la foule d’où semblait venir l’attaque. Rien. Aucun visage ne semblait avoir commis un méfait. Une investigation poussée était nécessaire, une véritable investigation. Pas comme celle qui avait été faite pour ce procès.

Vlad était sorti avec le reste des civils, il n’avait pas été dans la capacité de se battre. Il regrettait cependant la mort de la suspecte Gemini. Avec son trépas, il était maintenant impossible de connaître les aboutissements de l’affaire. Coupable ? Innocent ? Qui pouvait le dire maintenant ?

Les chances qu’elle ait étaient tuées par ses complices qui la trouvaient gênante est aussi élevé que de dire que les ombres de la cathédrale ou les effaceurs du bataillon d’espionnage avait commis le meurtre.

Cette magie des os… ce n’était pas commun, ça ressemblait un peu à la magie que pouvait employer les goules dans le monde de Vlad. Il huma rapidement l’air, pas d’odeur de terre humide. Pas d’odeur de cadavre en putréfaction grossièrement caché derrière plusieurs litres de parfums de rose sanguine.

Ce n’était donc pas un de ces misérables esclaves qui avait fait le coup.

Vlad fut alors sortit de ses réflexions d’enquête par un garde qui lui intimait vivement, et de façon fortement impolie et imagée, de sortir de la salle pour que les gardes puissent faire leur boulot. Le vampire obtempéra rapidement. En quelques instants, il était dehors.

Une fois à l’extérieur, il se rendit rapidement à son domicile et commença deux choses : la première, il nota toutes les infos qu’il avait apprises sur le meurtre de Gemini. C’était maigre, mais il valait mieux ne rien oublié. Ensuite, la seconde étape, la plus importante, il se prépara un thé et le sirota tranquillement sur son fauteuil. La mort d'un individu n'avait jamais perturbé Vlad. Certaines choses étaient inévitables. C'était malheureux, mais il fallait s'y faire.

Il pouvait sentir le feu malfaisant de la créature brûler ses jambes. Son armure tenait, vieille relique de ses dieux, maintenant privée de sa magie. Ce n’était plus qu’un bout de métal. Un bout de métal chargé d’histoire, certes, mais un bout de métal tout de même. Il appréciait les symboles, et savait leur portée : ce qui était en train de se passer ici pouvait avoir de lourdes conséquences. Mais lui-même se voulait, autant que possible, insensible à ce genre de chose, concentré sur l’essentiel. L’honneur. L’accomplissement. Le devoir. Tout cela était tangible, et solide et structurant. Regardant la flaque de lave dans laquelle finissaient de se carboniser ses anciennes protections, il grogna. Il avait fait ce qu’il fallait. Il s’était montré méritant, et avait souffert pour la cause. Cela, les gens devraient le reconnaître, et il leur ferait savoir si jamais ils s’avisaient d’avoir la mémoire courte. Cela aussi était concret et pérenne. La plante de ses pieds, qui s’effilochait en lambeaux suintants à chaque fois qu’il s’avisait d’essayer de la décoller du sol, elle, n’était rien. Il serra les dents, et empêcha son raclement de gorge de se faire plaintif. Il endurait, et restait stoïque.

Il regarda la petite créature qui se prétendait médecin accourir à son chevet, et hocha doucement de la tête dans sa direction. Au moins n’aurait-il pas à boiter en quittant les lieux. Il laissa son œil intérieur balayer l’endroit du regard. Les bancs finissaient lentement de se consumer, et la lave de bouillonner. Quelques feuillets tombaient comme de vieilles feuilles vers celle-ci. Les enchantements qui occultaient une partie de l’endroit vacillaient. Tout ici était à reconstruire. Il avait maintenant très hâte de se mettre à l’œuvre. Il se retourna vers Nephtys – il n’avait pas besoin de le faire pour pouvoir l’observer – la prêtresse serait elle aussi très prise, et il lui faudrait aller la voir, bientôt, pour se concerter sur la suite des évènements, et lui exposer ce que lui-même avait déjà entrepris. Bientôt. Très bientôt.

Invoquant intérieurement le nom de plusieurs divins assignés au destin et à la fortune, il se rendit compte que c’était la première fois depuis bien longtemps qu’il était impatient de voir le soleil se lever sur un jour nouveau.

Je regardai, hébétée, la scène se dérouler devant mes yeux. Elim avait été adorable, comme à son habitude, mais pourtant, je n’étais toujours pas habituée à la vision de la mort. Pire, celle-ci était venue si soudainement… et par une magie qui ne pouvait que me faire penser à de sombres heures de Gaeon.
Ouais, c’est clair que ton père aurait été capable de ça, comme tous les nécromages de l’Histoire. La forme spectrale de papa fait peur à voir, et le maniement des os, c’est un peu… un peu sa spécialité.
J’essayais vainement de me rassurer en me rappelant que mon père était inaccessible, et de toutes façons définitivement du côté du bien. En théorie.

Je n’avais eu l’occasion de voir la version spectrale de papa qu’une seule fois, au cours d’une dispute entre lui et la cheffe de notre village elfe, sur la légitimité ou non d’y accepter mon humaine de mère. Je n’avais que deux ans, mais je m’en souvenais comme si c’était hier.

Et cette forme blanche qui avait attaqué l’accusée m’y faisait irrémédiablement penser.

Mais Elim avait raison : nous avions été inutiles jusqu’ici, mais à présent, c’était à nous d’agir. Il était déjà bien vite écarté de mes bras et de la protection de la Procureure de l’Eglise.

Je le poursuivis, chassant la vision d’horreur de la tête de Gemini s’évaporant dans une fumée encore une fois trop similaire aux utilisations de la nécromancie de Gaeon.
Oui, t’as raison, je te suis !

Je n’étais pas médecin, mais par chance, j’avais toujours quelques plantes et baumes dans mon sac. Certains pourraient aider à faire passer des douleurs, ou calmer des brûlures.
Peu de gens étaient restés dans la pièce, mais je distribuai néanmoins quelques cataplasmes aux gardes qui avaient eu à subir la lave. J’en proposai distraitement à Hypanatoi, et sans attendre de réponse, déposai le nécessaire près de lui et m’éloignai. Je savais d’expérience qu’il ne fallait pas froisser l’égo de l’armoire à glace qui m’avait une fois accompagnée dans l’Oasis des Réfugiés.

Puis, je m’approchai de la garde à la longue queue de serpent (à quelle espèce appartient-elle ? Je n’ai jamais vu d’être comme elle auparavant !), qui s’était écartée de la dragonne. Je déposai dans sa main avec douceur une grosse fiole de baume pour calmer les brûlures.
Tenez, madame, ce devrait soulager vos… écailles.