Le Rex 2.0 ! (Feat Hypa & Alek & Luciel)

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Dernière édition par Patrick T. Montataire le Mer 23 Oct - 10:07, édité 2 fois

Aller au Rex était toujours une épreuve. Toujours. Ce n’était pas que l’endroit était dangereux, ou empli de ses ennemis – pourtant nombreux, et se dissimulant partout – mais bien qu’il abritait la création la plus intime de Portalia. Patrick. Le tenancier. La chose, couronnée de sa tignasse absurde, crachant ses absurdités avec un enthousiasme frénétique, s’affranchissant de toute logique, était terrifiante et glorieuse à la fois. Hypanatoi, pourtant, pensait commencer à comprendre ce qui faisait fonctionner les autochtones. C’était un processus lent et difficile, mais il y parvenait, lentement. Sûrement. Cette prétention, cependant, s’anéantissait immédiatement quand venait le moment de côtoyer l’énigmatique tenancier. Il avait, tout simplement, décidé de cesser ses efforts. Il retenterait sans doute, dans le futur, de le comprendre de nouveau, de décrypter l’étrange phénomène. Mais pour l’heure, il préférait avancer avec méthodes, et s’entrainaient sur ses congénères plus facilement saisissables. C’était ce qu’il y avait de mieux pour éviter l’éparpillement de ses forces. C’était ce qu’il y avait de mieux pour la préservation de sa santé mentale. L’écoutant étaler son grand projet, il leur parla de sa volonté l’établissement, prétextant l’attaque ayant eu lieu il y avait quelques mois de cela. Le paragoï ne jugea pas utile de relever ni ce temps de réaction particulièrement long, ni le fait que même avant cet évènement, l’endroit méritait déjà d’être réhabilité. Son état était un affront au bon gout, à la bienséance, et à l’hygiène.

Immobile, il regarda donc Patrick déployer devant eux une grande feuille, sur laquelle figurait apparemment son plan. Avant qu’il ne puisse lui rappeler qu’il était aveugle, la porte derrière eux fut fracassé par l’interruption malvenue d’un quatrième personnage. Le guerrier était désarmé, mais sa main, tout de même, fusa vers le verre de vin placé devant lui, prêt à le fracasser sur la table pour en faire un tranchoir improvisé. On le retint, un geste du tavernier lui montrant que l’intrus ne pensait pas à mal, alors qu’il entamait rapidement la conversation avec lui. Il retint un grognement, comprenant rapidement au parler du nouveau-venu qu’il avait sans le moindre doute affaire à un semblable de Patrick. Inspirant profondément, il les laissa parler, tentant de conjurer des images plus plaisantes. L’idée de sentir les cous maigres du duo entre ses doigts le calma quelque peu. Les faire taire, enfin, réduire au silence la caverne venteuse qui leur servait de gueule. Finalement, la scène se termina, le plan semblant emporter l’adhésion de ses camarades. Hypanatoi, doucement, posa un index circonspect sur la feuille, se penchant doucement dans la direction du tavernier.

« Je suis aveugle, Patrick, dit-il simplement. Il serait temps de l’intégrer. Parle-moi en détail de ton plan. »

Conjurer des images de son trépas risquait fort d’être insuffisant. Il se rappelait d’une ancienne bataille qu’il avait eu à planifier, et d’un groupe de paragoïs réunis avec lui autour du plan de bataille, occupés à déplacer de petits pions de glaise sur une table et à aligner des théories fantasques, comme si tout cela avait été un jeu. Il se rappelait de son éclat d’alors, de la voix orageuse qui avait empli la tente. Ce n’était pas approprié ici. Il se rappelait, surtout, du glorieux massacre qui en avait résulté. En sacrifiant une partie de ses troupes, Hypanatoi avait remporté une victoire décisive, repoussant pour une génération au moins une confédération de barbaroï hirsutes. Peut-être était-ce ce qui était ici nécessaire. Peut-être fallait-il faire preuve d’un peu d’autorité, et accepter de faire une démonstration sans appel. Peut-être.

« Les oliviers, reprit-il en coupant brusquement ses pensées, sont des arbres nobles. Un pot, comme ce qu’on réserve aux fleurs des femmes et des maris oisifs, n’est pas suffisant. Au milieu de la cour, on transplantera un arbre grand, que ses branches parfumées embaument le lieu, et que l’ombre clémente de ses feuilles rende les jours longs et lourds plus doux. Je réserve quant au reste mon jugement, conclut-il simplement, rappelant à l’assistance qu’il attendait toujours qu’on daigne lui expliquer ce que dévoilait cette grande feuille, pour lui entièrement inutile. »

Ce faisant, il porta son verre à la bouche. Le cru était bon. Rond. Profond. Long. Ce monde, parfois, était capable de produire des choses belles et bonnes. C’était rare, et de telles occasions devaient être appréciés, et le résultat de cette miraculeuse alchimie protégé. Le Rex était lié à son nom. Ici, il ne fallait pas simplement que le hasard daigne déployer un don miséricordieux. Il fallait lui forcer la main. Reposant le verre vide, il attendit. Si son humeur, comme à chaque fois qu’il venait ici, était déjà entamé, il devait bien avouer que l’entretien ne démarrait pas sous les pires auspices. L’occasion manquait de grâce et de dignité, mais cela n’était pas surprenant. Il ne pouvait attendre ici une attention particulière à la forme. Le fond seul devait être privilégié. Le paragoï retint une énième démonstration, son visage neutre gardant son impassibilité de statue.

J’étais un peu surpris quand Patrick Montataire m’a proposé une réunion de travail avec Hypanatoi pour un “projet d'innovation de l’établissement”. La créativité ne lui a jamais fait défaut, plutôt la motivation pour les mettre en œuvre et la discipline pour les finir. Donc une rencontre avec les contributeurs du Rex est non seulement un grand pas pour le projet en lui-même, mais aussi pour lui. En tant que collaborateur, je suis content que le projet prenne enfin ses premières formes. En tant qu’ami, non seulement je suis heureux de voir qu’il évolue avec son bar et ses idées, mais je comprends aussi l’importance de l’ensemble de cette entreprise pour lui. J’ai donc bien évidemment accepté et suis prêt à me mettre à contribution autant que nécessaire dans ce renouveau.
Après tout, le Rex était l’un des établissements de la Golden street, mais il était spécial à bien des égards. Que ce soit la place centrale à Portalia que la bar a prise au fur et à mesure des années, en grande partie grâce à Marcellus en son temps et maintenant grâce aux nouvelles idées que Patrick va apporter.  

Tous les trois assis à l’un des tables rondes à se regarder en chien de faïence, l’atmosphère est un peu lourde. Même si cela faisait longtemps que nous avions mis nos gils a disposition du Rex, nous n’avions pas vraiment eu de réunion entre quatre yeux.  Enfin six, enfin si quatre vu que ceux d’Hypanatoi sont… indisponibles.

Le guerrier avait fait parler de lui ses derniers temps, en bien comme en… moins bien. De nombreux exploits de force et de courage, des missions accomplies avec brio, de l’aide qu’il accorde à la guilde pour la formation. Même si les résultats pour ce dernier sont mitigés, l’idée reste louable. Par contre, le massacre au quartier nord et aux quais des esclavagistes ont fait aussi grand bruit, dans la presse, mais surtout au quartier Nord. Certain là-bas l’appel la Nuit Sanglante. Pas forcément le plus optimal pour la publicité d’un bar à l’ambience chaleureuse. Heureusement, le concours de Mister Portalia a suffi à enterrer cette histoire autant officiellement que médiatiquement. Plus une protection pour la Guilde qu’une véritable punition… encore une décision pleines d’intelligence des pontes de cette si noble institution. Pas étonnant que je l’ai quitté. Enfin, entre les rumeurs et la réalité, il y a un monde d’exagération et d’incompréhension. Je profite donc de cette réunion pour me faire ma propre opinion sur cette sommité de Portalia, qui, si la moitié de ce qu’on dit sur lui est vrai, ne manquera pas de me rendre la pareille.  

Jusqu’ici rien d’étonnant, une posture martiale, une attitude ferme. Aucun doute que je suis face à un guerrier expérimenté. Étrangement, c’est la présence de Patrick qui semble le plus le perturbé son aura. Un peu comme deux aimants opposés. Un parangon de l’ordre et l’un du chaos. Patrick avait déjà prévu une bonne bouteille, trois verres et un bol d’olive pour notre arrivée. Surement pour détendre cette fameuse atmosphère.

Le barman brise le silence et nous explique les prémices de son plan d’action, mentionnant l’attaque de Portalia, le réaménagement mentionné, différent descriptif peu élogieux de la part d’Hypanatoi. Pour finir sur la mise devant le fait accompli et l’excuse de l’économie de main d’œuvre pour nous mêler de manière physique à l’ouvrage.
Avant de pouvoir réagir à cette audacieuse nouvelle, il emboite pour nous rassurer que nous serons davantage que trois. La fin de sa phrase est interrompue par un grand bruit sourd qui vient de l’entrée. Par réflexe, je sors de ma position oisive pour me retourner brusquement. Je sors Rêve d’émeraude de mon inventaire sous forme de dague invisible et la lance avec précision dans la direction de la tête du nouvel arrivant. Juste avant d’atteindre sa cible, mes yeux s’écarquillent alors que je reconnais Stephan Pléza le vendeur de biens et décorateur d’intérieur qui fait beaucoup de bruit dans les quartiers de richou. Je fais revenir ma dague par une faille trouble dans mon inventaire. N’importe qui de rang Argent ou inférieur n’aurais vu qu’un retournement brusque et senti un léger courant d’air. Il devait en être autrement pour Patrick et Hypanatoi, mais je préfère ne pas le mentionner. La remarque sur la qualité de la porte me laisse à croire qu’il n’a bien rien vu, je reste donc avec mon attitude désinvolte.

L’idée que le vieux monsieur en doive une au vieux machin qu’est Marcellus me fait penser qu’il a dû se passer bien des évènements et secrets dans ce bar que j’aimerais connaitre. Quand je vois Pléza lever fièrement et secouer comme un cadeau un rouleau de papier, je sens la connerie arrivée. Patrick fait grand ménage de ce qui se trouve sur la table et juste avant que l’ensemble ne tombe au sol, d’un geste, j'absorbe l’ensemble dans mon inventaire et le pose sur la table d’à côté. Ça n’a même pas ralentit la tornade Montataire.  

Les deux échanges sur les grands changements et sur les petits détails qui diffèrent de la réalité au plan. J’attends qu’ils aient fini pour intervenir posément.

« Je note surtout la mise ne place d’une scène, on a déjà des artistes qui se sont affilié avec nous ? L’augmentation de la place de la cuisine, on a le personnel pour ça ? J’ai cru comprendre que Polenchat serait disponible ponctuellement. L'importance de la cave, il va falloir aménager l’entrée ?  Finalement la création d’un point verdure. Ce n’est pas une mauvaise idée, mais pour l’instant, c'est plus proche de la décharge que du jardin zen. »

Après avoir poliment attendu, Hypantoi, les dents légèrement serrées, fait finalement remarquer à Patrick qu’il était aveugle et que le plan ne lui serait pas très utile. Je n’arrive pas à empêcher un léger rire amusé à l’encontre de Patrick qui n’en rate décidément pas une.

« Du Montataire tout cracher ! »    

Forcé de voir l’augmentation de tension dans la mâchoire du guerrier, je prends les devants et analyse le plan de fond en comble d’un œil acéré en demandant ci et là quelque détails de dimension à Stephan Pléza. Hypanatoi reprend de plus belle en répondant sur la seule chose qu’il avait pu visualiser correctement des changements des deux zigotos, les oliviers. Sans quitter le plan de mes yeux en grand mouvement, je reprends la parole.

« Je suis d’accord avec lui, pas le truc sur les femmes, mais l’olivier est un arbre noble et ses racines méritent de s’étendre dans la terre comme les jambes des clients sous les tables. Et un bon commencement débute avec une base solide, autant dans le fond que dans la forme. »

L’énervement du guerrier ne cessait de grandir, mais moi, j'avais fini.
« Alors, je préviens, ce ne sera pas parfait, mais ce sera représentatif. »

Sans prévenir personne, je commence à utiliser mon pouvoir de contrôle et de transformation corporelle pour recréer le plan en une maquette de même taille. Mon avant-bras droit perd sa forme naturelle pour celle d’une structure amorphe plate et au fur et à mesure de vague de biomasse, je rajoute les meubles, tables, chaises, bar et autres portes. Je transforme la majeure partie en un bois simple et fait ce que je peux pour les parties en pierres et le reste.

« Tada ! Pour le bois, c'est facile, la pierre, j'ai fait ce que j’ai pu avec un mélange kératine, dentine, et les fenêtre, j’ai juste laissé vide. »

Une petite maquette en trois dimensions assez fidèle à l'ébauche et réaliste vient juste de pousser au-dessus du plan. Le tout reste attaché à mon bras.

Les choses avançaient, malgré le fait qu’on refuse d’accéder à sa demande. Il avait demandé un éclaircissement du plan, et ce dernier ne venait pas. Cependant, il parvint à saisir quelques détails dans la conversation qui s’engagea : ses deux interlocuteurs évoquèrent une scène à mettre en place, et un agrandissement de la cuisine. Ce n’était là rien de foncièrement original, non pas qu’il ne s’en plaigne. Il se méfiait farouchement des formes que pouvaient prendre tout ce qui prétendait à l’originalité sur ce monde absurde. On concéda aussi l’utilité de faire pousser un olivier plus grand. Hypanatoi n’était pas certain que ces gens comprennent la forme d’un tel arbre, ou qu’ils en aient déjà vu. Les plus vénérables représentants de l’espèce montaient haut, sans surprise, mais leurs troncs noueux et courbe réclamaient presque autant d’espace à l’horizontale qu’à la verticale ; un arbre royal s’il en était.

Il laissa leurs échanges progresser. Pour une raison curieuse, le fils de Tyson Rex - il enregistra l’information sans rien laisser paraître du peu d’estime qu’il avait pour son géniteur impotent - semblait refuser que les femmes soient oisives, et réservait ce rôle aux seuls maris. Sans doute, comme souvent ici, n’avait-il pas réellement compris ce que le paragoï venait de dire. Hypanatoi en prit note : il modérait déjà son langage pour faire en sorte que Patrick le comprenne. Un effort supplémentaire ne lui coûterait rien. Après tout, avant que le gérant de la taverne ne s’habitue à lui, c’était déjà ce qu’il avait fait. S’il avait pu éduquer ce dernier, il pourrait réitérer cet exploit auprès d’un autre.

Au moins eut-il le bon gout de recréer le plan du tenancier en relief. Laissant son œil intérieur se poser sur le curieux assemblage, Hypanatoi resta pensif. Après avoir laissé quelques secondes de silence ralentir le rythme de l’échange, il offrit son verdict :

Des rideaux épais seraient les bienvenus. Souvent, les rues de Portalia sont odoriférantes, et la saison froide venue, l’atmosphère humide et froide de l’extérieure nuirait à la salle. Placer des brasiers parfumés en-dessous des fenêtres sera également bienvenu. »

Il tapota du doigt sur la structure, doucement, ne sachant pas si elle risquait de s’effondrer après un contact trop peu précautionneux. Pensif, il continua une ou deux secondes supplémentaires, avant de poursuivre :

« Veille à l’espace entre les tables. Les gens d’ici ont souvent l’alcool mauvais, et, entourés d’éternels étrangers, je les air trop souvent vu se battre pour des prétextes faciles. Des allées aérées et une disposition intelligente des tables compenseront, au moins en partie, le problème. Des gardes suffisamment compétents et une réputation recommandables feront le reste. Quant aux artistes, je m’occuperai effectivement d’en recruter certain, afin que nous ayons l’assurance de leur qualité. Ils serviront d’étalon contre lequel seront jugés ceux qui viendront après. »

Réfléchissant un court instant encore, il se renfonça finalement dans son siège, avant de tourner son retard jusque-là perdu dans le vide vers Patrick :

« Tu as bien œuvré. Je t’en félicite. »

En ayant terminé, il considéra le futur de ce lieu, et son association à ce dernier. Il avait, à l’époque, voulu asseoir sa réputation dans une ville qu’il avait jugé fantasque, voulant assurer que son nom s’imprime dans les esprits distraits des gens d’ici. Du temps avait passé. Son nom s’était imprimé, certes, mais d’une façon différente, et peu de gens maintenant ignoraient qui il était. Bientôt, plus personne ne pourrait prétendre à cela. Le rôle que cet endroit allait avoir pour lui avait changé, mais de manière ironique (comme souvent ici), il n’avait fait que prendre de l’importance. Un sourire tiré affina les lèvres du guerrier, et il se demanda ce que voyaient en face de lui ces deux personnages. S’il comprenaient réellement ce qui se passait ici.

C’était faux.

Il ne doutait aucunement de leur capacité d’incompréhension.

Mais ils agissaient pour son intérêt, avec une certaine sincérité ; ils renâclaient, l’un plus que l’autre, également ; leurs noms se liaient au sien, de façon distante sans doute, et par un procédé peu noble : les échanges mercantiles restaient indignes de lui.

Peut-être, simplement, avaient-ils quelques prémonitions, comme des chiens sentant l’arrivée des tremblements de terre, sans réellement comprendre ce qu’elle présageait. Et cela ne faisait que renforcer sa responsabilité.

Rien, sur ce monde abandonnée de l’éclat glorieux des divins, ne pouvait être simple.

C’est là ? Non. Ce n’est pas le bon nom. Je relis le message des boss « Essayez de prendre des parts dans le Rex. Pas d’activité criminel pour le moment. Juste un avant-poste pour nos gars. »

Ah c’est là. Elle a l’air charmant cette taverne. Elle est grande en plus. Elle a deux étages (si on compte le rez-de-chaussée) si on le regarde de l’extérieur. En revanche, la boutique a subi du dommage. C’est peut-être pour ça qu’il se réouvre à l’actionnariat.

J’avais reçu un sacré portefeuille par les boss, donc ça devrait aller. C’est assez pour acheter une petite maison en plus. Ou alors faire un frère à Liche. Un petit Zombie ? C’est une idée, je le note quelque part dans ma tête. Mais pour l’heure, je dois rentrer dans cette taverne. Euh… ce bar ? Auberge ? Merde, je ne sais plus.

Bon, j’entre…
Merde ça cri ! Un boss ? Alek ? Une surprise ? C’est quoi ce bordel ?
Un piège ? Non, ils n’ont aucune raison. Il y a trop de témoin dehors. Juste ma paranoïa habituelle. Bon, au moins ça devrait aller. Prise de contact avec les locaux fait ! Le plus dur a été accompli.

« Bonjour ? »

Je m’avance sans trop m’imposer. Les trois hommes semblent surpris fort. Probablement des vétérans. Aucun d’entre eux n’a l’attitude du membre de la Ligue. C’est plutôt une bonne chose.

« Je suis Luciel Dorn. Je cherche le propriétaire… »

Je sors un petit flyer demandant des actionnaires pour le Rex. Je l'avais trouvée dépassant d'une poubelle, mais ce n'était pas la question.

« … j’aimerais participer à votre entreprise »

Dis-je avec assurance.

Tient, il part. C’est… plutôt malpolis. Ou local. Les surfaciens sont comme ça ? Ils ne connaissent pas le au revoir ? Ne les jugeons pas. Pas pour ça. Tant qu’ils ne mangent pas des enfants, je pense m’en sortir.

Le type à la coupe bizarre est plus poli. Et le dernier (follement basique), est… entrain de me reluquer. Ignorons, mes amis, ignorons.
La coupe bizarre se présente sous le nom de Patrick Montataire. Il est le gérant de ce lieu. Il présente ses deux comparses : Aleksander Rex (tient, ce nom me dit quelque chose…) et Hypanatoï (pas de nom de famille ?).

Je m’assis auprès d’eux. Le proprio va chercher une boisson. Je n’écoute pas vraiment Alek. Je me concentre sur les ruines de ce qui était jadis une bonne taverne. L’endroit reste plus propre que ma maison dans les Abysses.
Je regarde la boisson, mais je n’y touche pas. On ne boit pas pendant les affaires. Peut-être après.

J’écoute les projets de construction. J’avoue ne pas avoir beaucoup d’intérêt. Je suis plus dans la contrebande que dans les projets à long terme.
La présence d’artiste, pourquoi pas. C’est le genre de bêtise qui attire des clients. Investissement inclus profit. C'est toujours de l'argent en plus pour moi.  

Une cuisine (je me demande s’il faut des dérogations pour servir de la nourriture dans ce bar, ou si c’est plus simple) serait pratique plus tard, si je meurs de faim. J’espère qu’il me fera une ristourne si je commande ici.
Attends, ils ont « découvert » un étage ? Mais… ça se voit depuis l’extérieur. Bon, ignorons ce fait pour se concentrer sur la visite.

« Avec plaisir. Un salon de thé à l’étage ? J’espère qu’il y a une bonne isolation. Histoire de ne pas déranger les consommateurs cherchant une certaine tranquillité. On pourrait peut-être rajouter une bibliothèque, afin de faire une café-livre ? Ça crérait plus de plus-value. »

Je suivais Patrick en attendant sa visite du Rex.