Si vous mettez le pied sur une vipère, vous risquez une mort sûre.[Emilia et Hypanatoi](Terminé)

Elle n'y avait pas pensée longtemps, certes elle avait été troublée par Mathias le soir ou il l'avait embrassé sans prévenir. Elle avait prit le temps de voir les sentiments qui habitait son cœur et elle avait rapidement compris qu'elle ne l'aimait pas, pas du tout et que malgré toutes les belles paroles, tous les gestes qui posaient dans le but de lui prouver ses sentiments, elle n'arrivait toujours pas à l'aimer. L'homme avait souvent craché des paroles contre Hypanatoi, il avait prédit que leur histoire mourait avant même de débuter, qu'elle allait se briser le cœur et qu'il ne la méritait pas. Cela il l'avait dit souvent, même son petit frère lui avait fait part d'arrêter ce harcèlement. Kiana était patiente, mais elle était surtout intelligente. Plusieurs fois elle aurait mis son poing dans le visage de l'être humain, mais il était beaucoup plus fort qu'elle. Elle avait beaucoup d’entraînement à faire pour arriver à l'éclater sur le sol. C'était devenu plus ou moins un but qu'elle souhaitait réaliser rapidement et de le voir arrivé en plein milieu de son jeu, ruiné la finale et lui prendre le bras pour lui faire comprendre que c'était lui qui décidait et non elle. Qu'elle n'avait pas sa place sous la pluie, elle ne pouvait accepté ce manque de respect.


Le corps d'Émilia fut alors pris de gestes saccadés, son corps ne semblait pas avoir la même coordination qu'il y a quelques secondes. Ses yeux vermeilles était la seule chose visible dans la boue qui recouvrait complètement son corps, lui donnant alors une allure sauvage. Se redressant pour faire face à Mathias, comme si ce dernier représentait une menace pour elle ou pour Kiana, elle se plaça rapidement sous le regard intrigué de la blonde qui suivait en silence le revirement de situation. La demoiselle s'exprima et tomba suite à cela inconsciente dans les bras de Kiana qui la retient avant qu'elle tombe de nouveau dans le liquide visqueux observant alors Hypanatoi qui venait une bonne fois pour toute de mettre un coup au visage de Mathias qui c'était élancé dans sa direction dans l'unique but de mettre fin à cette rivalité.

Kiana était découragé par la situation qui venait brusquement de changé, elle avait une colère dans le fond du regard qui habituellement n'existait pas. Douce et calme elle n'avait pas l'habitude de laisser se sombre sentiment prendre vie en elle et pourtant, en ce moment elle aurait pu certainement sauter à la gorge de Mathias pour lui arracher la trachée. Elle le détestait il n'y avait aucun doute sur les sentiments qu'elle ressentait pour l'homme.

Tenant la jeune femme entre ses doigts, observant son visage un moment, cette dernière respirait difficilement suite à l'épuisement de son corps mais semblait de nouveau consciente. Les paroles du Paragoi avaient probablement été entendu par cette dernier qui luttait entre le conscience et l'inconscience. Mathias pour sa part, avait la mâchoire fracturé, il était coucher dans la boue une main sur son menton le regard un peu sonner par l'impacte du poing de son adversaire. Il eut un moment de redressement qui fut rapidement arrêter par le regard sombre de Kiana qui venait de tourner la tête dans sa direction. Figé par les lames qui trouva dans les yeux, habituellement calme de la blonde il arrêta son mouvement détournant les yeux. Elle n'avait pas eut besoin de parler pour faire comprendre à l'homme de rester à sa place. «Le jeu est terminée, Hypanatoi la victoire est tienne, je pense que..» Elle reporta son regard sur Hypanatoi un moment ses yeux avaient perdu leur lueur sombre pour redevenir calme. «Je pense que pour ce que je voulais vous parlez on va devoir remettre cela à demain. Je vais ramener cette femme chez moi et penser ces plaies pour qu'elle soit prête pour demain» Elle accorda un regard à la demoiselle qui avait tout donné lors de ce jeu et reporta son attention sur Hypanatoi «Sauf si vous souhaitez venir chez moi vous laver et prendre un moment pour discuter»

Kiana se redressa, tenant toujours la femme appuyé sur elle. Cette dernière semblait trop faible pour marcher et Kiana aurait bien du mal à la porter jusqu'à chez elle. Mais elle devait bien cela, la femme avait besoin d'un bain, comme elle et de réchauffer ses membres qui étaient froid sous cette pluie. Kiana était triste de ne pas avoir eu la chance de parler avec Hypantoi et la scène qui venait de se produire n'aidant en rien à dévoiler ce qu'elle allait dire. Mathias avait eu le don de rendre la journée mémorablement oubliable. Regardant comment elle pouvait aider la jeune femme à se tenir elle attendait la réponse de Hypanatoi avant de prendre la direction de sa demeure la demoiselle sur son dos.

Il leva brièvement la tête vers les cieux. Ces derniers étaient vides. Aucun divin n’avait construit dans l’Ether qui englobait ce monde de palais-forteresse. Il pouvait implorer qu’ils posent sur lui leur regard, et qu’il juge sa valeur. Ces paroles résonneraient, vides de sens. Il le faisait, parfois encore. Plus rarement qu’à son arrivée ici. Il priait des divins sans doute déjà morts, si tant est que la manière dont le temps s’écoulait ici puisse donner même une once de sens à cette idée. Il égrenait des noms comme des chapelets, et ses mots avaient la consistance des paroles des portaliens. Ils étaient vides de sens, dépourvu de toute capacité à se matérialiser. Il se dissipait dans les airs, comme les fumées de ses brûloirs. Ils ne montaient vers personne.

Aujourd’hui, il avait triomphé d’une enfant irascible et d’un gueux effaré.

Qu’aurait-il eu, de toute façon, à leur montrer ? Il était Hypanatoi. Il avait terrassé des monstres dont les ombres engloutissaient le toit des plus hauts temples. Il avait mis en déroute des hordes dont la course effrénée faisait trembler la terre et bondir les pierres. Il avait escaladé des montagnes dont les pentes désobéissaient aux lois de la physique. Il avait attrapé entre ses bras l’encolure de chevaux capables de moudre sous leur sabot le granit et l’acier, pour les offrir à celle qu’il avait pensé pouvoir partager un pan de sa vie. Il avait déjoué des intrigues, il avait percé l’âme des rois des créatures les plus retorses, et avait d’un propos tranchant séparé le mensonge de la vérité. Il aurait pu, comme cela, faire la liste de ses exploits. Continuer pendant des heures et des heures.

Aujourd’hui, il avait triomphé d’une enfant irascible et d’un gueux effaré.

Kiana lui parla. Elle soutenait celle qui l’appelait, encore et encore, son reflet. Elles partageaient la même apparence, et cela pour une personne qui s’arrêtait à la surface des choses suffisant pour établir un lien. Il sentait la boue fluidifiée par la pluie passer du corps de celle qui s’était évanouie à son alliée. Elle voulait, là encore, parler. Parler. Parler. Encore parler. Comme si parler était suffisant, comme si les problèmes, les réelles causes d’inquiétude, se réglaient par la parole. Il grogna, doucement, et inspira profondément. Se dirigea vers son vêtement, tout en raclant son corps avec la tranche de sa main, pour hâter le travail de la pluie et enlever la boue et le sang qui le tâchaient encore. Il se rhabilla, et se dirigea vers elle.

« Si tu le souhaites, Kiana, lâcha-t-il sur le ton désincarné qui était le sien. »

Il n’avait aucune confiance dans la créature qu’elle soutenait. Il ne comprenait pas pourquoi elle le faisait : cette dernière l’avait attaqué, sur un simple coup de tête. Elle avait laissé planer le doute sur la relation qui les unissait, dans le but avoué de leur faire du mal. Elle mentait, encore et encore. Elle changeait d’attitude toutes les deux secondes, simplement parce qu’elle pensait que le faire pourrait la faire bien voir. Elle montrait des signes évidences d’instabilité, que son manque évident de capacités mentales ne pouvait expliquer seul. Rien ne pouvait sortir de bon de l’association avec elle : elle était, au mieux, un poids. Au pire, un serpent que son amie était en train de réchauffer contre son sein. Mais si tel était son choix, il voulait l’accompagner. Cette créature braillarde, toute ophidienne qu’elle soit, lui devait la vie, et il lui avait expliqué qu’elle aurait à rembourser cette dette.

Il savait qu’elle n’avait pas compris tout ce que cela impliquait, si tant est qu’elle avait été capable de concevoir que cette phrase n’était pas à prendre à la légère.

Il faudrait, en premier, ôter les crocs de la bête. Ce ne serait pas une chose bien difficile : elle était plus impressionnable qu’elle ne l’imaginait. Elle avait après tout ruminé leur rencontre pendant des mois, cherchant à mettre sur pied une réponse tardive au jugement qu’il avait délivré lors de leur première rencontre. Cette dernière avait été d’une infinie maladresse, mais comme tout ce que disaient les portaliens, ce n’était pas leurs mots qui comptaient, mais ce qu’ils impliquaient. Ce qu’ils révélaient sur celui qui les prononçaient, quand ils dévoilaient des pans de leurs êtres qu’eux-mêmes ne prenaient pas la peine de regarder. Peut-être, se dit-il finalement, y avait-il ici quelque chose à utiliser. Il connaissait le fonctionnement de la fillette, et sans doute était-ce là son optimisme invétéré qui troublait son jugement, mais plus il y pensait, plus cela lui apparaissait comme évident : la petite chose perdue pouvait leur être utile, s'il corrigeait ses défauts et la délestait de ses illusions.