Emballement [Ft - Elim] - (Terminé)

Dernière édition par Emilia Reisalin le Ven 3 Fév - 6:42, édité 3 fois

Sans Emilia, le cabinet semblait bien différent. Elim avait apprit depuis le temps à faire les choses seules. Et c'était ainsi qu'il avait procédé bien avant qu'elle ne soit à son service. Tout était simplement plus long.
La demoiselle savait trier les patients les plus graves et s'occupait de ceux simple à soigner. Bien souvent, elle nettoyait même la clinique pendant que le docteur s'occupait de son fauteuil d'osculation, ou soignait un dernier patient.
Mais aujourd'hui... L'argenté se retrouvait une fois de plus à tout faire. Et comme d'habitude, il se laissait déborder par le nombre de cas.

La salle d'attente avait commencée à se remplir au début de l'après midi, sans vraiment se désemplir, au point ou Elim avait dut commencer à courir pour éviter de perdre trop de temps.
Beaucoup d'aventuriers s'entassaient dans la salle, tous légèrement blessés. Bien que pas suffisamment gravement pour être une urgence.
Le loup traitait comme il le pouvait chaque personne finissant parfois par renoncer à les emmener individuellement dans la salle de consultation.
Son pouvoir tournait à plein régime, soulageant les gens un par un et le forçant à utiliser plus d'essence que d'habitude. Etonnement, l'argenté ne s'en sortait pas trop mal, ayant plus de réserve qu'il ne l'avait pensé jusque là.

Et alors que les blessés évacuaient, il finit par remarquer une forme avachie contre un mur, enroulée dans des vêtements chaud. Ce fut avec horreur qu'il remarqua que ce n'était nulle autre qu'Emilia.
La blanche était affalée contre le mur, la respiration faible et le teint blafard.

-Emilia !

S'exclama t'il avant de saisir la demoiselle, la portant jusqu'à la table de consultation. Fermant la porte sans même regarder si un autre patient attendait, il enleva la couverture qui la recouvrait, ignorant la lourde bourse de gils qui était insérée dedans.
Totalement nue, elle affichait deux méchants impacts sur le torse. Ignorant tout sentiment de pudeur, Elim plaqua ses mains contre son torse, injectant le plus de magie possible dans son infirmière.
Le flux magique fut brutal, et ne manqua pas de faire légèrement trembler le corps de la patiente.

Les blessures se refermèrent à une vitesse presque alarmante scellant les plaies et redonnant un teint frais à la demoiselle. Le médecin dut simplement s'arrêter, de peur de faire rajeunir la demoiselle.

-Emilia ? Tu m'entend ? C'est Elim !

Dit il en lui tenant le poignet avec douceur, priant pour qu'il ne lui soit rien arrivé de grave.

Elim observa son amie. L'impuissance était pour lui une compagne familière. Trop souvent, elle lui avait tenue compagnie alors que des aventuriers se vidaient de leur sang devant lui. Et aujourd'hui, cette amie qui avait pris ses distance était revenue. Se tenant à côté de lui alors qu'Emilia luttait contre ses démons intérieurs.
Quand elle se réveilla soudainement, le médecin eut une lueur d'espoir, ses pupilles se dilatant légèrement sous l'effet de la joie.
Mais ce ne fut que de courte durée, car l'argenté se rendit rapidement compte que quelque chose n'allait pas. Loin de retrouver sa seconde timide et souriante, il vit... quelque chose d'autre.
Des yeux rouge et une voix qui n'avait rien d'habituel, comme si un démon avait pris possession du corps de l'infirmière.
Choqué, il n'osa pas réagir, se laissant presque faire. Le naturel revenait au galop et ses oreilles se baissèrent sur son crane. Ce ne fut que la vision de la demoiselle se rapprochant de son visage, et de ses crocs qui n'avaient plus grand chose à envier aux siens qui le fit sursauter.

-Je ne pense pas que ça soit une bonne idée, tu devrais te recoucher et...

Alors que la scène se faisait de plus en plus obscure, il se sentit repoussé, la jeune femme retombant mollement sur le lit, sur lequel elle se tordit de douleur, en proie à une blessure que sa magie n'avait put soigner. perplexe et ne sachant trop quoi faire, le loup observa son amie lutter contre elle même.
Son œil se teinta de sa couleur habituelle, alors qu'un semblant de raison semblait lui revenir.

-Je... euh...

Devant ce triste spectacle, Elim hésita sur la marche à suivre, mais décida de ne pas rester les bras croisés. Récupérant une corde solide il attrapa la demoiselle par les poignets, usant de sa force pour la maintenir en place. Pour une fois, l'essence se révélait bien utile...
Attachant cette dernière au lit, il noua solidement chaque nœuds qu'il fit, de peur de voir la jeune femme se faire du mal.
Elle ne cessait de se débattre, créant une panique sans précédent chez l'hybride.

-Allez Elim... tu es médecin... Pas que pour le corps !

Se retroussant les manches, il grimpa sur le lit, se plaçant à califourchon sur la demoiselle qui se démenait contre ses liens. L'argenté voyait les cordes se tendres en rythme, mais fort heureusement, elles tenaient bon.

-Bon....

A défaut de parler à la demoiselle, il se parlait à lui même espérant que le son de sa voix n'agisse comme une ancre pour la demoiselle.
De son point de vue, posté sur la demoiselle qui remuait, la situation semblait catastrophique, peinant à tenir sa position, il faisait au mieux pour appliquer sa magie.
Et même s'il ne savait pas ce qu'il faisait, c'était toujours mieux que de rester planté là.

Finalement, alors qu'il tenait à peine en équilibre, un coup de rein le fit basculer sur cette dernière, son visage glissant au dessus du sien, et exposant sa nuque aux crocs dénudés de son amie.
Que ce soit un mouvement conscient, ou un réflexe de douleur, il sentit cette dernière se refermer sur sa chaire.
La douleur fut fulgurante, une sensation presque familière, mais qui suffit à lui glacer le sang.
Elim sentit les canines se son amie s'enfoncer, traversant sa peau, pour y faire jaillir un sang clair qui s'écoula sur le drap et dans la gorge de la demoiselle.
Il fit au mieux pour s'éloigner, mais la prise lui arracha un gros morceau de chair avant de finalement le laisser partir, le forçant à porter sa main à la nuque. Ses doigts ne parvinrent cependant pas à empêcher son fluide vital de s'écouler le long de sa nuque. Et si ses pouvoirs de soins commençaient à faire leur office, la surprise les avaient brièvement retenus, refermant et recréant les tissus endomagés.

La douleur était bien présente, la sensation justifié qu'on lui avait arraché un morceau de lui même. Sans ses pouvoirs de soins, la blessure aurait put être fatale, car la perte de sang était terrible. Mais fort heureusement pour lui, le loup était difficile à tuer. Et sa blessure se refermait à vu d'œil, si bien qu'après quelques minutes, il ne restait de la terrible blessure qu'une trace de sang que le loup pris le temps d'éponger.
Emilia avait toujours été étrange, et Elim savait pertinemment que sa gentillesse cachait quelque chose de plus sombre. Ce n'était pas vraiment une certitude, juste un instinct. Mais jusqu'à aujourd'hui, cela lui avait parut bien égal.
La demoiselle avait accepté de travailler chez lui, et ce avec un salaire bien médiocre et des conditions de travail difficile. L'argenté pouvait il vraiment être difficile ?
En plus de cela, c'était un véritable petit ange.

-Ce n'est pas grave ne t'en fais pas, j'ai l'habitude.

Dit il en souriant, récupérant un linge avec lequel il commença à essuyer ce qui avait été la plaie, ne laissant de l'incident qu'un chiffon ensanglanté qu'il jeta dans le bac prévu à cet effet.
Inutile de prendre ombrage de tout cela, la demoiselle n'ayant certainement pas été elle même depuis le début de l'incident.
S'accroupissant près du bureau sous lequel la demoiselle avait trouvé refuge, il laissa sa main glisser jusqu'à elle, la passant dans ses cheveux argenté.

-Il n'y a pas de mal Emilia, je n'ai plus rien.

Sa voix ne dépassa pas le son d'un murmure, trop conscient de l'état de choc de la demoiselle. Et si elle n'était pas blessée physiquement, il ne pouvait qu'imaginer son état psychologique.
Ses genoux se posèrent doucement au sol alors qu'il poursuivait.

-Tout le monde peu perdre le contrôle, et très franchement, je ne t'en veux pas.
Promis, tu sera toujours mon amie, et tu as toujours ta place en tant qu'infirmière !

Les gens qui arrivaient à Portalia avaient tous quelques soucis. Et c'était du devoir d'Elim de les aider dans la mesure de ses talents.
Emilia ne faisait pas exception à tout ça. Quand bien même elle travaillait avec lui.

-Si tu me raconte tout, je pourrais même essayer de t'aider. Je suis médecin pour tout le monde ! Et si je ne peux rien faire, peut être pourrais je te diriger vers quelqu'un qui saura t'aider !

Il avait toujours un nom dans ces cas là. Et dans le cas présent, une certaine scientifique. Qui n'était certes pas très recommandable en temps normal, mais @Asmodée sous ses airs de savant fou était la personne la plus à même de concevoir un traitement.
Cela ne serait pas sans risque, mais elle avait le talent nécessaire pour trouver une solution là où la magie du loup faisait défaut

-Il n'y a pas de honte à être différent, c'est simplement une chose à prendre en compte.

Dit il avec douceur

Elim observa son assistante, totalement perturbée et tremblante. Comme si cet évènement allait remettre en cause tout ce que pouvait avoir fait le loup pour elle.
Ce dernier avait vu bien des choses dans sa carrière de médecin et n'était pas si facilement choquable. Bien au contraire. Emilia était son infirmière, sa patiente, mais surtout son amie. Et l'argenté avait pour principe de ne jamais abandonner l'un des siens.
La demoiselle était d'ailleurs plus qu'une amie. En acceptant de travailler avec lui, elle était devenue une membre de sa famille.

-Tu es libre ou non de les suivre, mais dans tout les cas, ça ne changera rien à notre relation. Je suis hélas incapable d'arrêter ton mal...
C'est quelque chose que tu avais avant de venir ici, je me trompe ?

Comme il l'avait découvert plus tôt, son don ne permettait pas de soigner les infirmités où les maladies survenues avant le transfert sur Portalia. Comme si l'essence de ces personnes avait été figé pendant leur passage. Une sorte de code que ce monde considérait comme stable.
Et s'il était certes médecin, sans son don, il ne pouvait pas faire de grandes prouesses, préférant laisser à de vrais spécialistes le soin de régler ce que lui même ne pouvait pas comprendre.
Laissant la demoiselle se couvrir un petit peu, l'argenté préféra prendre un peu de distance pour lui permettre de respirer.
Mais quand il entendit ce qu'elle avait à lui dire, Elim ne put s'empêcher de poser sa main sur le haut de son crâne.

-Je le veux maintenant et toujours. Tu es mon assistante, je savais dans quoi je m'engageais au début.

Il avait sentit cette odeur de sang, et ce parfum qui n'était pas semblable aux autres être humain, comme si la demoiselle était suivit par un parfum de violence masqué.
Mais il ne regrettait toujours pas son choix, bien au contraire.

-Plus sur que ? S'il y a bien quelqu'un capable de te faire regagner conscience, c'est bien moi ! Je n'abandonne pas mes amis.
Allez petite Emilia, on va travailler sur ça tout les deux. Et peut être qu'à la fin tu n'aura plus peur de ton don.
Mais dit moi, tu peux m'en dire plus sur tout ça ?

Il se devait de connaitre au moins les symptômes pour l'aider au mieux. Et pour la rassurer, il partit fouiller un tiroir, en tirant un paquet en papier qu'il avait reçu le matin même.

-Et pour te signifier que je ne te laisserai pas... Surprise ! Je t'ai fais fabriquer ta propre tunique !

Dit il en souriant.
Il avait fallu économiser un petit peu pour pouvoir la fabriquer sur mesure, mais l'argenté était heureux du résultat et comptait bien signer l'embauche perpétuelle d'Emilia avec cette dernière

Elim hocha la tête, heureux de voir son amie reprendre un peu de courage. Il s’agissait de ne pas abandonner face aux problèmes. C’était une règle d’or qu’il s’imposait chaque jour. Et à en regarder les résultats, on ne pouvait qu’être en accord avec cette doctrine. Après tout, à son arrivée à Portalia, il avait commencé son aventure de médecin dans une ruine à peine digne d’être appelée maison : des murs troués et fissurés, soutenant une charpente rongée qui ne supportait qu’à peine des tuiles ébréchée. Aujourd’hui, le loup discutait avec une amie, son infirmière, dans une clinique propre, parfaitement apte à recevoir du monde en leur offrant des conditions de vie décentes. Les choses n’avaient pas été simple, mais comme tout, il avait fallu se battre. Parfois contre le sort, parfois contre des monstres.

-C’est tout ce que je voulais entendre. Qui plus est, nous avons de nombreux projets encore ! J’aimerai pouvoir offrir une chance à chaque personne avec des difficultés comme les tiennes.

Le projet avait commencé à murir à force de voir des gens exclus des structures communes de la guilde. L’orphelinat s’occupait des enfants invoqués, mais les adultes étaient livrés à eux même. Souvent laissés avec des pouvoirs, ou une apparence qui ne collait pas avec les standards humanoïdes de la guilde. Et… Le loup ne pouvait pas se résoudre à abandonner ces gens. Il était médecin, son rôle était d’aider tous ceux qu’il pouvait, dans la mesure du possible.

-Pour ton alimentation, je passerai une voile dessus. Ne me dis rien, ce sera pour le mieux. Note que je ne t’en veux pas de m’avoir caché tout ça. Il est parfois difficile d’avouer aux autres qui on est.

Se fendant d’un sourire, il commença à fermer les volets de la clinique, se saisissant d’une serpillère pour commencer à récurer le sol taché de son propre sang. La clinique se devait d’être propre pour le lendemain ! Et s’il tenait à accueillir de plus en plus de gens il allait devoir se creuser la tête pour trouver un nouveau moyen de rendre ses soins plus faciles. Le cas d’Emilia supposait une médication qu’il n’était pas en mesure de fournir, mais heureusement, la ville était pleine de talents en tout genre. Et alors qu’elle l’embrassait tendrement sur la joue, l’argenté ne put s’empêcher de rougir, retournant à son travail en bégayant.

-…Enfin… bref… il y a beaucoup à faire, va te reposer, tu as eu une journée suffisamment difficile comme ça !

Contrairement à beaucoup de gens qui auraient vécu la même chose, Elim était tranquille quant à sa cohabitation avec la demoiselle. S’il n’avait qu’une chose à offrir de valeur, c’était sa confiance. Et ce n’était pas comme si Emilia était maitre d’elle-même. Le mieux qu’il puisse faire, c’était de lui offrir un cadre rassurant, sans jugement aucuns. Un jour elle contrôlerait son pouvoir.
Et ce jour-là, elle pourrait aider encore plus den monde. Le médecin se savait idéaliste à l’extrême, bien trop naïf… Mais c’était peut-être ça qui lui permettait de se lever chaque matin.