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Les chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé)

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Hypanatoi Konostinos
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« Reçois ma sagesse, fils. Se montrer patient et clairvoyant permet d’économiser son action. »

Il avait reçu. Il était un réceptacle vide, un calice tout entier empli des anciennes leçons délivrées par sa mère. Elle était de très loin la personne qui avait eu le plus d’influence dans sa jeunesse, et son ombre fraiche et reposante s’étendait encore aujourd’hui autour de lui, le drapant dans un halo réconfortant. Il était facile de se prétendre sage et expérimenté. Il était aisé d’impressionner un jeune homme plein d’amour et de lumière dans les yeux, qui ne voulait rien tant que de se montrer digne de se tenir droit auprès du couple de géants que formaient ses parents. Il était en revanche bien plus difficile, une fois les illusions de l’enfance dissipées, de maintenir ce rang, de prouver que le statut que l’on s’était arrogé n’était pas le produit d’un regard trop clément, mais au contraire qu’il ne pouvait que s’accroître, alors que les années révélaient toute la justesse des leçons proférées. Il se rappelait encore de la figure matriarcale, alors qu’elle se tenait au-dessus de lui, son acier lui chatouillant le cou. Elle était restée immobile face à son assaut, le laissant s’épuiser, avant de frapper. Une fois.

« Reçois ma sagesse, fils. Un ennemi n’a de valeur que s’il est puissant. Une victoire n’a de valeur que si elle définitive. »

Il avait reçu. Son père, lui, était un personnage plus contestable. Non pas qu’il ne soit un guerrier d’exception : sa mère, lors de ses jeunes années, s’était illustrée par sa bravoure et sa pugnacité, et plus encore par la solidité de son bras. Elle avait été un des meilleurs partis disponibles, courtisée même par les fils du Basileus de l’époque. Par le père de celui qui devait plus tard devenir son frère d’arme, favori entre tous. Traître entre tous. Son géniteur avait malgré tout réussi à s’attirer ses faveurs. Et si Hypanatoi n’avait pas pu bénéficier de ses leçons sur le maniement de l’arcane, n’ayant pour les arts magiques que peu d’affinité, il devait avouer que l’homme était habile. Rusé. Retors, auraient ajouté ses ennemis, si les survivants n’avaient pas uniquement été composés de ceux qui avaient su être assez sages pour comprendre la valeur de la parole retenue. Il lui avait enseigné la stratégie. Le discours. La compréhension de ses pairs. Tout son art de l’analyse, et de la planification. Si le naturel d’Hypanatoi avait fait qu’il s’était plus rapproché de la personnalité maternelle, il ne pouvait nier la justesse des apports de son père, et le fait qu’ils résonnaient toujours en lui.

« Reçois notre sagesse, fils. Ne crains pas le flot de ta colère, et les pulsions qui t’animent. Les fous construisent des barrages. Le sage canalise la violence du torrent. »

Il entendait. Il entendait. Il entendait. Ses mains étaient posées sur l’autel, ses doigts raclant la surface du marbre. Il était difficile de se contrôler, parfois. Il avait toujours, depuis sa tendre enfance, été plein de rage et de colère et d’il ne savait quel penchant purement bestial. Il avait d’abord cru qu’il fallait le cacher. Ses deux parents, après tout, étaient des modèles de stoïcisme et de patience. Des gens calmes et toujours maîtres d’eux-mêmes. Mais il était inutile de vouloir le faire, et leurs yeux perçants avaient tiré hors de lui la vérité de son être, et ils lui avaient expliqué que ce feu qui l’habitait n’était rien de honteux ou de mauvais. Il lui suffisait simplement de l’utiliser, de le diriger dans la bonne direction. Il inspira longuement, l’odeur cuivrée du sang envahissant ses narines et après elle tout son corps, et il passa doucement sa main sur la nuque de l’individu qu’il venait de sacrifier. Les quartiers nord formaient un vivier particulièrement grouillant, et la difficulté était surtout de trouver quelqu’un qui puisse se montrer digne du rôle sacré qu’il réservait à ces gens. Celui-ci lui avait semblé particulièrement vif et bien portant, et le bouillon épais du sang qui avait giclé de son cou n’avait fait que confirmer son impression.

Il le laissa choir sur l’autel. En temps normal, les prêtres se seraient occupés de la dépouille. Il lui faudrait le faire lui-même. Plus tard. Il avait pour l’heure d’importantes affaires à régler, et maintenant qu’il s’était rappelé des enseignements essentiels de ses géniteurs, que son esprit s’était comprimé sur lui-même, qu’il avait retiré toutes les parties superflues de sa conscience, et qu’il ne restait rien de lui que cette matière bouillonnante, il devait agir. Il s’équipa rapidement, et s’éjecta de sa demeure, écartant le flot boueux des passants. Il avait quelques jours plus tôt fait porter un message au phylei Derek Ravencross, lui expliquant ce qu’il allait faire. Ce dernier comprenait de toute façon sans le moindre doute ce qui s’imposait à Hypanatoi. La seule question était de savoir s’il comprenait réellement les implications de ce qui allait maintenant se passer. Le temps de la vengeance était venu, et le combattant n’était pas certain de savoir combien devraient être mis à mort. Qui devrait être mis à mort. L’affaire impliquait sans le moindre doute nombre de personnes importantes. Il était parfaitement possible qu’il découvre que toute la machine de Portalia était corrompue. Cela pour lui ne changerait rien. D’une manière ou d’une autre, il devait vaincre, maintenant, ou mourir en essayant. Il était prêt. Cela, il l’avait expliqué à Derek, aussi clairement que possible, sans tenter de lui masquer la vérité.

S’il voulait l’accompagner, il pourrait le retrouver à l’entrée des bas quartiers. Il lui avait indiqué un point de repère auprès duquel il l’attendrait pendant quelques temps. S’il ne le souhaitait pas, il le comprenait et l’acceptait sans la moindre rancune. Cette quête était la sienne, et il ne pouvait accepter de souiller son caractère sacré en y introduisant une transaction quelconque. Arrivé à l’endroit du potentiel rendez-vous, il s’immobilisa, sa respiration lente et profonde peinant à soulever son poitrail épais. Il se demanda si son compagnon se présenterait. Il se demanda s’il existait dans cette ville indigne, qui jamais ne contemplait l’idée du bien et de la vertu, quelqu’un en qui il pouvait avoir confiance. L’idée lui parut amusante, mais il n’eut pas envie de rire.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 13 Juil - 8:26, édité 3 fois
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Derek Ravencross
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descriptionLes chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé) EmptyRe: Les chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé)

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Fais toujours ce qui semble juste et quand tu te fais un ami fidèle soit loyal et aide le quand il en a besoin, il saura te le rendre également en temps voulu.

Mes parents ne me conseillaient pas, ils m’ordonnaient simplement de toujours faire au mieux pour la famille et honorer celle-ci. Je n’avais jamais eu de problème avec ça, mais un ou deux conseils n’aurait pas été de trop pour m’aider à faire les bons choix. Heureusement, mon oncle avait été là pour m’aider à y voir plus clair. Pour lui, il fallait aider ceux en qui on avait placé sa confiance. Cela ne se résumait pas à beaucoup de personnes de mon côté, mais j’avais quand même rencontré des gens comme ça. Hypanatoï était l’un d’eux à n’en pas douter.

S’il m’arrivait quelque chose j’étais persuadé qu’il me vengerait si ce n’était pas une cause naturelle. Il n’était certes pas très loquace, mais il avait des principes et c’était une bonne chose. Ce que je respectais énormément. Il avait une force en lui incroyable et parfois il semblait si sûr de lui au point que s’il me disait qu’il pouvait soulever des montagnes je le croirais. Il était également rempli de colère, je ne savais pas vraiment s’il avait toujours été comme ça ou si ça venait simplement du fait que des gens avait entaché l’honneur de son monde en s’en prenant à Kemat comme s’il s’agissait d’une personne lambda ce qu’elle n’était pas. Je savais au fond de moi que ce n’était pas que ça, mais s’il lui prenait l’envie d’en parler un jour je serais là pour l’écouter. En attendant, si je pouvais l’aider pour quoi que ce soit je m’y étais préparé.

On s’était laissé après notre seconde escapade dans la chaîne du Douluo. Le fait d’apprendre ce qui était arrivé à Kemat avait changé ses plans. La troisième piste était pour le moment mise de côté pour une cause plus urgente : la vendetta pour laver l’honneur de Kemat et de sn monde. J’avais bien compris à partir du moment où on avait appris tout ça qu’il ne restait pas sans rien faire. Ce n’était pas dans sa nature de laisser un crime impuni. Et c’était bien plus qu’un crime à ses yeux. C’était une offense de s’en être pris à cette femme et que l’affaire eut été étouffée. En tout cas, les gens qui l’avait capturé s’étaient bien gardés d’en faire mention auprès de la guilde je pense. D’ici à ce que cette femme soit arrivé de nuit et que la personne de la Guilde en charge des arrivées eut été soudoyé par un riche bourgeois voulant des esclaves, il n’y avait qu’un pas.

La guilde avait beau être l’institution la plus puissante de Portalia, elle n’était pas infaillible. Il pouvait clairement y avoir des loupés ou des gens prêts à vendre père et mère pour de l’argent et qui ferait comme si de rien n’était. Cela ne m’étonnerait pas en tout cas, il y en avait toujours des personnes comme ça. Je ne pense pas que la Guilde était impliquée ici, mais que la personne de garde avait été amadouée. A voir si elle était vivante ou si elle avait eu un accident en cours de route. C’était certes que des hypothèses, mais selon moi c’était le plus logique. La Guilde n’aurait pas laissé faire une chose pareille si elle avait été au courant, donc le plus simple, c’était qu’une personne s’était chargée de faire en sorte que cette femme n’existe pas aux yeux de la guilde, comme ça aucune trace de sa disparition.

C’était une stratégie tout aussi brillante que cruelle pour la personne qui en devenait victime. Déjà il fallait voir ce qu’Hypanatoï avait rassemblé comme informations de son côté. Il m’avait envoyé une nouvelle missive pour me dire qu’il m’attendrait à l’entrée des bas quartiers. La lettre était simple et sans fioritures. Il ne m’obligeait en rien à venir, c’était simplement si je voulais participer, il m’en donnait le droit. C’était surtout ça qui m’aurait gêné de base, c’était de m’imposer dans un combat qui n’est pas forcément le mien. Mais s’il me donne la possibilité de l’aider alors je me devais d’être là, car on n’abandonne pas un ami fidèle. Hypanatoï était un frère d’arme, on avait déjà fait plusieurs escapades ensemble pour l’aider à retrouver des gens de sont monde. On avait tissé un lien fort l’un avec l’autre. On éprouvait tout deux du respect l’un pour l’autre et je pense aussi un minimum d’affection. Si on ne s’appréciait pas on ne ferait pas tant de chemin ensemble. Il m’invitait même à sa vendetta donc, je n’étais pas le premier débile venu pour lui.

Je soupirais me disant que ce ne serait sans doute pas dans conséquences ce qui se jouerait, mais tant pis. C’est mon ami et je me dois de lui montrer que je suis là pour lui. Je me rendis donc sur le lieu du rendez-vous équiper comme pour une sortie en dehors de Portalia. Je me doutais bien qu’on n’allait pas enfiler de perles et il me fallait donc un équipement certain pour faire la peau aux salopards qui ont fait du mal à Kemat.

Gamin, c’est risqué ce que tu vas faire tu t’en rends compte ?

J’en suis parfaitement conscient Karter. Mais Hypanatoï est mon ami. Lui aussi est du genre incompris tout du moins dans ce monde et je sais très bien ce que c’est d’être laissé pour compte. Qu’on nous évite parce que nous sommes différents. Depuis que tu m’accompagnes, je le sais mieux que quiconque. Je ne laisserais pas mon frère d’arme seul alors qu’il m’a accordé le droit de l’aider dans sa quête.

Karter hoche la tête.

Je ne suis pas friand de ce type, mais faut avouer que vous vous ressemblez sur plusieurs points. Et puis, si c’est la boucherie ce soir au moins je ne risques pas de m’ennuyer.

Je regardais Karter un sourcil haussé. Il ne cherchait plus à me dissuader ayant compris mes raisons semblait-il. J’hochais la tête pour le remercier et arrivait finalement à l’endroit précis qu’avait indiqué mon phyleï Qui se tenait déjà sur place.

Je ne t’ai pas fait trop attendre phyleï ?

Je souriais tendant ma main vers lui pour le saluer comme à notre habitude.

J’imagines que tu as des pistes si tu m’a convié. Je te laisse me faire part de ce que tu as appris mon ami.

(Rang Argent 5* - 6040 puissance d'essence - Renommée : 2511 points)

Dernière édition par Derek Ravencross le Ven 29 Avr - 11:50, édité 1 fois
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descriptionLes chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé) EmptyRe: Les chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé)

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Il était là. Il avait senti sa présence bien avant qu’il ne se manifeste. Peut-être était-ce l’odeur qu’il portait au vent, ce mélange commun au combattant de sa trempe, et qu’il portait malgré cela de manière unique. Cette odeur composée d’émanation de cuir, de viande et de fer. Peut-être était-ce le bruit de ses pas, et de ses conversations avec l’esprit qui le suivait en permanence. Ou peut-être était-ce simplement qu’il était maintenant sensible à sa présence, que cette dernière déclenchait chez lui quelque chose de nouveau. Il s’en rendit compte seulement à ce moment : il appréciait Derek, comme on pouvait apprécier une personne. Il n’était plus pour lui qu’une de ces émanations protéiformes qui hantaient la surface de ce monde. Il était un individu. Le phylei Ravencross. Il voyait ses contradictions, la manière qu’il avait de se réclamer être un mercenaire, et pourtant de s’engager bénévolement dans une entreprise plus que risquée. De l’épauler dans sa quête de revanche. De voir comme un privilège de joindre son bras à lui. Il était certes toujours un habitant de la cité indigne, empreint de nombre de ses faiblesses, mais il avait de ces manières de se montrer radieux dans l’adversité, de lui faire face le front relevé et l’échine droite, et de rendre son discours méritant. Il était curieux, et il n’était certaine de la manière dont il le percevait. Le paragoï avait sans doute pour lui des allures de bête exotique. Mais il le savait bien, pour son nouvel ami, quelque chose de nouveau aussi s’était produit. Un déclic, qui avait marqué pour lui comme pour Hypanatoi le début d’une nouvelle phase, un tournant dans leur existence. Ce n’était certes pas une transformation complète et sans retour, mais tout de même. C’était quelque chose qui relevait du domaine de l’intangible, et il osait même le dire, du précieux.

Il le laissa se porter à son niveau, et écouta attentivement ce qu’il eut à lui dire. Il se tenait à sa disposition. Il voulait apprendre les résultats de ses recherches préliminaires, et n’avait en tête que de l’aider. Hypanatoi garda quelques secondes le silence, dévisageant fixement Derek du regard aveugle de son casque, avant de poser sa main libre sur son épaule, doucement mais fermement.

« Merci, dit-il simplement, sur un ton aussi détaché que possible. »

Il l’y laissa une seconde supplémentaire, avant de la retirer, et se concentra. La vérité était qu’il n’avait appris que peu de choses. Le début de son enquête avait été laborieux, simplement parce que le monde méphitique des quartiers nord de la cité lui était étranger. Il s’était donc attaché à se déplacer avec précaution, posant çà et là quelques questions, identifiant les personnes qu’il pourrait faire disparaitre sans que cela ne provoque de remous. S’assurer qu’elles répondent à ses questions, puis les faire disparaitre, avait là encore était un travail laborieux, surtout au vu des maigres connaissances qu’il avait pu glaner. Ces seconds couteaux étaient mal informés, et n’avaient en vérité été utile qu’en lui permettant de comprendre la manière dont s’articulait leur chaîne de commandement. S’il voulait obtenir des réponses, de véritables réponses capables de l’aiguiller dans une direction productive, il devait maintenant choisir des méthodes plus directes. Plus à même d’attirer l’attention sur lui, et d’alerter ses ennemis. De leur faire comprendre qu’il existait, et qu’il ne comptait aucunement les laisser en vie.

« Le tortionnaire de Kemat est une personne prudente. Il ne passe que par cette femme mystérieuse, qui elle-même ne s’adresse qu’à des groupes de truands et de misérables de ces quartiers, répondit-il en les désignant de la main. Il sait que sa réputation est en jeu, et que satisfaire ses pulsions demande de rester discret. Notre but est donc de mette la main sur elle, puis sur lui. Pour cela, il faudra trouver des gens capables de nous indiquer le prochain endroit qu’elle choisira pour transmettre ses instructions. J’ai plusieurs pistes. Plusieurs petits groupes de mercenaires et de petites frappes, qui tous correspondraient au profil des gens que nous avons éliminé dans la grotte. »

C’était peu, il le savait. Et surtout, cela demanderait de passer en revue, une par une, les bandes en question, jusqu’à tomber sur la bonne. Jusqu’à ce qu’ils aient en face d’eux quelqu’un capable de les aiguiller. Et ils allaient devoir ventiler les quartiers nord jusqu’à enfin la trouver, sans s’arrêter, afin de donner aussi peu de chances que possible à leurs adversaires de s’organiser. Il ne fit pas à son compagnon l’insulte de lui demander s’il était prêt, ou s’il voulait bien le suivre. Il lui faisait confiance, maintenant, et ce genre de demande était devenue parfaitement superflue. Ils vaincraient ensemble, car seule la victoire et la vengeance qu’elle lui promettait était maintenant une réponse acceptable. Un grand sentiment de bonheur se répandit en lui, et il serra son arme entre ses doigts. Bientôt, se répéta-t-il pour la centième fois aujourd’hui. Bientôt.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 27 Avr - 12:47, édité 1 fois
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Je pense que l’on avait clairement dépassé un nouveau stade avec Hypanatoï. Frère d’arme, cela me paraissait peu à présent, on était à un level au-dessus. De là à dire qu’on était comme des frères peut-être pas. Je ne saurais dire. Moi ça ne me déplairait pas mais je ne savais pas pour ce qui était d’Hypanatoï. Si on en était vraiment à ce stade il serait plus le grand frère en tout cas. Un homme que j’admirais par sa prestance, par ses faits d’armes et par ses paroles qui me semblaient bien souvent empreinte de sagesse. Quand il parlait il avait l’air tellement plus âge qu’il n’y paraissait. Je me demandais d’ailleurs s’il avait vraiment une simple trentaine d’année ou s’il avait plusieurs siècles déjà devant lui.

En tout cas, notre lien s’était renforcé de part ce sacrifice il y a peu. Mais il se solidifierais également dû à ma présence aujourd’hui à ses côtés dans sa quête de sang pour redorer le blason souillé de son monde. Kemat était une inconnue aussi bien pour moi que pour lui, mais elle ne méritait pas un tel sort et on ferait en sorte que les malfaiteurs payent pour leur crime, même si ça devait nous prendre des soirées et des soirées. On finirait par trouver. Je finis par arriver d’ailleurs à sa hauteur et souriais tout en lui posant deux trois questions afin de savoir ce qui nous attendait cette nuit.

Il me remercia tandis que je serais son bras.

Tu n’as pas à me remercier. Quel phyleï serais je si je ne t’aidais pas lorsque tu as besoin de moi pour t’épauler ?

Pour moi c’était important l’entraide avec mes amis. Ils se comptaient sur les doigts d’une main après tout et pour le moment Hypanatoï se révélait être le plus important de tous. Hors de question que je lui fasse défaut. S’il n’avait pas voulu que je vienne il ne m’aurait pas convié après tout. Donc ma présence était légitime et je comptais bien faire en sorte de participer activement. Rien que quand j’avais entendu l’histoire de Kemat dans la grotte mes tripes s’étaient retournés tellement je trouvais son sort horrible. Certaines personnes se pensaient intouchables car elles étaient puissantes, mais puissance ou pas celle ou celui qui lui avait fait subir tous ces tracas trépasserait. Hypanatoï n’aurait de répit que quand elle serait vengée à n’en pas douter.

Il retira finalement sa main de mon épaule, mais je sentais par ce seul geste combien cela comptait que je sois là ce soir. Je ne savais pas ce que je deviendrais à la suite de cette vendetta, si on arriverait à ne pas se faire prendre, mais peu importait les conséquences, je les accepterais. Cela en valait la peine. Des personnes horribles se cachaient dans l’ombre pour assouvir leurs penchants et ils devaient payer. Un crime ne peut pas rester impuni éternellement. Et Kemat n’avait certainement pas été la seule à subir ce genre de sort.

Je me demandais si Hypanatoï avait déjà beaucoup d’informations où s’il marchait plus à tâtons en espérant un peu trouver les informations qu’il lui faudrait. Dans tous les cas, j’étais là pour l’aider. Donc à deux on devrait avoir plus d’idée peut-être ? Comme nous n’étions pas exactement pareil et qu’on pensait différemment, y avait moyen que je lui soumette peut-être des idées auxquelles il n’aurait pas pensé qui sait ?

Je l’écoutais me dire ce qu’il avait rassemblé. Je me doutais que la personne qui était derrière tout ça n’était pas stupide et qu’il savait bien cacher ses traces. Cette personne ne jurait que par la mystérieuse femme encapuchonnée qui elle ne s’adressait qu’aux pires racailles surtout. Autant dire qu’on n’avait pas maille d’informations. On cherchait donc des groupes ressemblant de près ou de loin à celui de la grotte. Des pauvres mecs qui ne voyaient que par l’argent ou le plaisir pour avoir un semblant de vie normale car leur vie était merdique quoi...Apparemment il avait déjà deux trois groupes en vu donc on aurait peut-être de la chance et tomberait sur un groupe qui en saurait plus sur cette jeune femme encapuchonnée.

Ce n’est pas grand-chose mais c’est toujours ça. On a plus qu’à partir à la chasse aux informations et aux petites frappes qui n’ont qu’à bien se tenir. Je te suis mon ami pour aller à l’encontre de la première bande de malandrin que tu as repéré. Ils sont dans des endroits un peu discrets ou traîne dans des tavernes ou autre ?
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Hypanatoi Konostinos
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Derek confirmait ses instincts. La justesse de ses convictions s’en trouvait confirmée, la supériorité de son esprit affirmée. Celui qui s’était présenté à lui comme un mercenaire quelconque, comme une créature par essence vénale, ayant simplement eu la chance de se retrouver affublée de dons surnaturels s’était révélée dans l’épreuve. Elle lui avait prouvé, avec une obstination qu’il ne pensait pas retrouver un jour, qu’elle était capable de se montrer digne, de faire preuve de superbe et de gravité. Elle avait défié avec lui un monstre capable de les briser, simplement parce qu’elle avait décidé de l’accompagner. Simplement parce qu’elle avait estimé que c’était la chose juste à faire. Cela encore, il pouvait l’admettre sans en être perturbé. Nombre de gens ici se montraient souvent vaillants, et il aurait été obtus de sa part de le refuser. Son problème n’était d’ailleurs pas avec ces individus, qui n’étaient que le produit d’environnements tragiques. Il était dans le gâchis de leurs potentiels. Il ne s’offusquait pas de voir le vautour au cou malingre tourner autour de la charogne, l’œil avide et le cri jaloux. Il ne trouvait pas le porc qui se vautrait dans sa fange condamnable. Mais ces gens pouvaient parfois prouver qu’ils étaient plus que des bêtes, par hasard. Ce qui émergeait du tas de fumier de la cité, les quelques fleurs aux odeurs délicates qui parvenaient quelquefois à lui faire oublier l’odeur de l’endroit étaient toutes le produit du hasard. Il avait en face de lui un de ces exemples délicats, qu’il fallait à tout prix protéger. Il le voyait bien, son phylei portait en lui les graines de la grandeur, autant que celles de la médiocrité. Et il ne pouvait rien pour lui, rien sinon espérer que les épreuves sauraient faire germer les bonnes, et que son propre toucher attentionné saurait arracher les mauvaises herbes. Mais le principal était entre ses mains, et le plus tragique était qu’il l’ignorait sans doute. Qu’on ne le lui avait jamais expliqué, et qu’il était trop tard pour le faire. Il hocha la tête quand Derek lui expliqua qu’il n’avait pas à le remercier. Il ignorait à quel point c’était faux. A quel point ce qu’il faisait comptait pour lui.

Il ignorait qu’il était la seule chose qui se tenait en ce moment entre Portalia et Hypanatoi. Que sans lui, il n’aurait rien vu qui ne puisse l’empêcher de condamner la cité dans son intégralité.

Il se retourna, et se mit lentement en marche, s’enfonçant lentement dans les allées étroites du quartier Nord. Il n’était pas venu ici souvent, et la plupart de ses visites avaient eu lieu ces derniers jours. C’était un endroit laid et mauvais, dans lequel se massait l’écume rejetée par les mouvements permanents des courants qui draguait dans l’éther de nouvelles âmes à incarner ici. C’était la double preuve de l’incompétence de la cité, incapable d’une part de s’occuper de ses éléments vulnérables, de s’assurer de leur place en son sein, mais également celle de son manque de discernement : tant de personnes nouvelles arrivaient ici, et leur rôle n’était pas assez défini, leur encadrement trop imparfait. Le résultat était couru d’avance. Dans ce labyrinthe tentaculaire et couvert par les ombres froides des toits rapprochés se massait une population grouillante et laborieuse, qui s’occupait de combler les trous que les penseurs de l’endroit ignoraient. Et le duo, aujourd’hui, devrait s’assurer de les trouver, de glisser quelques regards indiscrets au travers de ces failles, pour en trouver une suffisamment large pour être élargie, afin que leurs bras avides puissent s’y glisser, et en tirer les bons rats. Les rats qui avaient des choses importantes à couiner.

« J’ai réussi à obtenir l’adresse de la planque de l’une d’entre elles, et c’est à ce moment que je t’ai contacté. Ils se servent de la cave de la maison d’un habitant de l’endroit comme lieu de réunion. Nous allons nous y rendre, et intercepter les gens qui s’y trouvent. Ils sauront nous dire où et quand retrouver leur meneur. Je doute qu’ils opposent beaucoup de résistance : ce sont des gens qui manquent de discipline, plus habitués à frapper l’arrière des crânes de la population civile qu’à se confronter à des combattants expérimentés. Malgré cela, restons prudents. L’endroit grouille de Dark Souls, et nous ne sommes même sans cela pas à l’abri d’une mauvaise surprise. Nous aurons sans doute à visiter des tavernes, plus tard. Plus tard. »

Il préférait repousser autant que possible cette éventualité. Il ne prévoyait pas de rester discret durant toute la durée de leur opération, et doutait en vérité qu’ils parviennent à garder intact le voile qui occultait leurs actions plus de quelques heures. Mais malgré cela, il fallait tenter de le préserver autant que possible. L’animal libidineux qu’il entendait mettre à mort aujourd’hui ne devait bénéficier d’aucune chance de survie. Il devait mourir. Il sentit autour de lui les conversations inquiètes des quelques passants qui erraient de recoin en recoin. Le mouvement des têtes des déshérités et des mendiants. Les repirations qui se bloquaient dans les gorges, et les cœurs qui battaient plus rapidement. Il s’imprégnait tout entier de la saleté répugnante des lieux. Il ne voulait pas en rater une miette, il voulait s’assurer de bien comprendre comment l’endroit s’agencer, comment cette partie gangrénée du corps de Portalia fonctionnait. Aujourd’hui, il se faisait chirurgien, et il savait qu’un bon pratiquant se devait d’être toujours diligent et exhaustif dans son travail d’analyse.
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Je ne savais pas à quel point il pouvait m’estimer de m’être présenté ce soir face à lui pour l’aider dans sa quête. Mais clairement, je ressentais que c’était important pour lui. Un homme ne se mesure pas juste à ses mots, mais également grâce à ses actes. Quel intérêt de palabrer ou de tergiverser durant cent sept ans alors que mon ami avait besoin de moi ? Peu importe les conséquences et ce qui pourrait advenir de moi. L’essentiel c’est de faire ce en quoi je croyais juste et me tenir à mes principes. Comme me l’avait dit mon oncle par le passé je devais chérir mes amis.

Je croyais fermement aux idéaux d’Hypanatoï à cet instant. Pour moi cela semblait normal qu’il réclame justice dans la mort et le sang pour la femme de son peuple qu’on avait traîné dans la boue sans scrupules et même avec plaisir. Ce genre de personnes, non de porcs, n’avait pas le droit de vivre normalement sans être puni. Certaines personnes ne réagissent jamais malgré qu’ils en soient proches, mais nous, on agirait. Peu importe le nombre de cadavre qu’on laisserait derrière nous.

Je savais très bien qu’Hypanatoï n’était pas fan de Portalia pour plusieurs raisons. Mais au-delà de ça, je devais l’aider et également faire en sorte qu’il n’y ait que les personnes le méritant qui soient punis et pas des tierces personnes qui n’auraient rien à faire là. Il avait tendance à être trop extrême. On s’enfonçait dans les quartiers Nord par la suite. Ces quartiers étaient délabrés et insalubres. C’était assez incroyable de voir un tel spectacle pitoyable quand on voyait certaines autres parties de la ville en mode luxuriante, lumineuse et propre comme un sous neuf…Comme quoi malgré qu’on soit dans une ville libre, il y avait quand même des inégalités comme partout ailleurs. Enfin, j’imagines que ce n’était pas forcément partout comme ça genre, dans chaque monde vu combien ils devaient y avoir de différents.

Cela montrait en tout cas que mon hypothèse quant aux arrivés d’invoqués la nuit pouvait être potentiellement valides. Si certains mecs de la guilde s’occupant des nouveaux recevait des pots de vins ce n’était clairement pas impossible qu’on fasse en sorte d’oublier l’arrivée impromptue d’un nouvel arrivant pour le mettre en esclavage. Malgré que c’était une pratique illégale, celle-ci sévissait tout de même, il fallait savoir où chercher. Je ne pense pas que ce quartier était assez surveiller d’ailleurs. Faire des visites inattendues à certains marchands qui gagnaient un peu trop bien leur vie pourrait montrer quelques signes de laisser aller, si c’était fait, mais encore fallait-il que la guilde le mette en œuvre. Je ne saurais vraiment dire qu’elle était le point de vue de la guilde sur les Quartiers Nord. Est-ce que c’était quantité négligeable ? Est-ce que c’était un truc du genre on ferme les yeux ? Ou encore genre, on est sur tous les fronts on peut pas tout gérer ? Tant de questions sans réponses qui laissaient la situation se dégradée de plus en plus…

Le genre de petites frappe que l’on cherchait ne devrait pas être trop dur à trouver non plus. Ils étaient certes du genre discret, mais pas forcément des plus organisés et méthodiques ce qui les faisait souvent faire des erreurs stupides. La cave d’un des habitants de ces quartiers ? D’ici à ce qu’ils maltraitent l’habitant en question il n’y a pas loin vu le genre de rats que sont les hommes que l’on recherche.

Il me fit savoir que ça ne devrait pas être vraiment trop compliqué et j’étais assez d’accord, mais restait tout de même à faire attention. On n’est jamais trop prudents. Et peut-être étaient-ils plus intelligents que l’on pensait et savait qu’on arriverait qui sait ? J’avais de très gros doutes quant à cette éventualité. C’était donner bien trop de crédit à une bande de chien galleux. Je regardais Karter et il hocha la tête.

On pourra compter sur Karter pour faire un repérage discrets des lieux au cas où on tombe dans une embuscade. Je ne suis pas franchement sûr qu’ils seraient assez intelligents pour fomenté ça, mais sait-on jamais, on a un fantôme qui peut disparaître à volonté alors autant s’en servir. Et puis il pourrait même écouter leur conversation avant que l’on entre également. Enfin, je te laisse décider de la méthode si tu veux l’utiliser ou non, mais c’est des possibilités.

Vu la tronche de certaines personnes du quartier, on faisait peur apparemment. Notre démarche déterminée n’était pas forcément la démarche d’un membre de ce quartier. On était là pour une bonne raison et ça avait tendance à donner des frayeurs. Je comprenais tout à fait, mais s’ils voulaient s’en sortir et vivre, il ne valait mieux pas qu’il ne se mette sur notre chemin. On finit d’ailleurs par s’arrêter non loin d’une maison. Apparemment, c’était l’endroit dont avait parlé Hypanatoï.

Alors, tu veux que j’envoie Karter ? Ou tu veux peut-être lui donner toi-même des indications ?

J’étais là pour l’aider, donc je proposais diverses solutions après c’était à lui qu’appartenait la décision finale. C’était sa quête de vengeance avant tout après tout.
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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLes chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé) EmptyRe: Les chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé)

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Leur trajet s’était déroulé dans un silence confortable. Ce n’était pas que leurs présences respectives nuisaient à leur confort, ou qu’ils ne savaient pas quoi se dire, au contraire. Ils savaient parfaitement ce qui restait à aborder, et il se trouvait que tout avait été dit. Au vu de la situation qui les préoccupait, tout autre son que celui de leur marche rapide aurait été superflu. Ils finirent par arriver devant l’endroit qui devait abriter le premier groupe des malfaiteurs. C’était enfin le moment de vérité, se rendit Hypanatoi. Le moment qui marquait dans cette nouvelle vie qui lui avait été imposée un tournant, une nouvelle étape. Jusqu’à présent, il n’avait combattu que pour des causes idiotes et ridicules, pour des choses incapables de l’inspirer. Il avait lutté contre des cafards géants pour permettre à un cuisinier de mettre sur pied une nouvelle omelette. Il avait mutilé des scorpions pour qu’un forgeron puisse étudier leurs dards. C’était des entreprises souvent ridicules, toujours éloignées de lui. Il n’y avait pour lui de frontière entre sa fonction et son identité. Il était un paragoï. Un guerrier. Un héros. Un aventurier. Le mot pouvait varier, et quelques nuances se manifester, alors que d’autres disparaissaient. Mais l’essentiel restait le même. Il relevait des défis. Il se surpassait. Il s’améliorait. Et il recommençait, encore et toujours. Et tout cela était normalement lié par un ciment indestructible : l’accomplissement d’une mission divine et ancestrale. La préservation de ce qui était beau et juste et bon. La lutte pour préserver la culture de son peuple. Sa poésie. Ses chants. Son art. Et les choses pour lesquelles lui-même n’avait que peu de gout, mais qu’il comprenait être importantes. Les rires dans les tavernes. Les danses festives. Le gout du pain qui séchait sur l’âtre de la ferme.

Ici, rien de tout cela n’avait été vrai, jusqu’à présent. Ici, tout était laid, et rien n’avait de sens, et les gens semblaient ravi de vivre dans cette espèce de chaos, sans savoir s’ils étaient des pions dans un jeu cosmique ou des bêtes incapables de voir que le jour du sacrifice approchait. Mais plus maintenant. Il se battait pour l’honneur de quelqu’un de méritant. Pour réparer une offense. Pour l’honneur de son monde. Cela, il pouvait le comprendre. Cela avait du sens. Quand Derek eut terminé de lui parler, et de lui proposer l’aide de Karter, il se retourna vers lui, et fit doucement non de la tête. Ce temps était révolu. Il avait été patient, et calme et compréhensif. Il avait voulu faire comme les gens d’ici. Il avait voulu respecter les lois de l’hospitalité, malgré le fait qu’il soit plus ici captif qu’invité. Cela aussi venait de s’achever. Il se rendit compte que sa main gantée caressait doucement le vieux bois usé de la porte qui lui faisait face. Il la retira, et l’enfonça d’un coup de pied. Son esprit tout entier était pénétré des anciens rythmes guerriers de son peuples, et l’adrénaline qui giclait en flots épais dans son corps, presque sur commande, l’emplissait de visions cataclysmiques, et son esprit d’une clarté que seuls les plus grands brasiers pouvaient convoquer. Son œil intérieur prit possession de l’espace qui se révéla à lui, dévorant avec un appétit urgent le moindre de ses détails. Ils vivaient dans une cave. Comme des rats. De la vermine camouflée, qui voulait se cacher au reste de la vermine du quartier. C’était une erreur. Rien ne pouvait les camoufler à lui, et la cave qu’ils infestaient seraient pour eux une prison terrible, et un tombeau bien lamentable.

Il ne lui fallut que quelques instants pour trouver la trappe, et une fraction de seconde supplémentaire pour l’ouvrir. Le verrou qui la fermait de l’intérieur n’eut pas le temps de sauter, le bois autour de ce dernier cédant plus rapidement que le métal face à l’assaut. En-dessous se dévoila une échelle, et la chaleur distante d’une torche. Il n’avait pas besoin d’elle pour voir. Il sauta au bas du petit conduit ; son large corps et son armure épaisse laissèrent contre les parois resserrées de l’endroit une trainée d’étincelles ; l’impact subséquent les fit trembler, et le sol avec lui. Il prit une large inspiration, et entendit sa voix gicler hors de son poitrail, déformée par la fureur incandescente qui le consumait maintenant tout entier :

« Entendez votre mort qui arrive, chiens impénitents ! Donnez-moi les informations que je cherche, et elle sera rapide ! »

Il ne voulut pas laisser plus de temps aux autres pour réagir, pas plus qu’il ne jugea utile de leur préciser exactement le but de sa visite. Tout cela viendrait après. Pour l’heure, ils devaient payer. Il sentait déjà cinq d’entre eux remuer au bout du couloir, se redresser péniblement des chaises sur lesquelles ils étaient affalées. D’autres viendraient, plus tard, les rejoignant une fois leurs activités du jour conclues. Il avança vers eux, expirant profondément, jusqu’à totalement vider ses poumons, et une fois sortit du petit couloir qui reliait l’échelle à la pièce principale du sous-sol, il les laissa se gonfler de nouveau. Il pouvait sentir leurs odeurs, par-delà la senteur de moisi et de pourri de l’endroit. La vieille vinasse. La sueur de deux jours. Une haleine chaude et chargée, et un fumet de viande mal conservée. Celle du métal dans la main, et du sang sur le bout des doigts. Celle de l’entrejambe mal récurée, et des nuits trop courtes. L’un d’entre voulut ouvrir la bouche, sans doute pour l’invectiver. Cela aussi était terminé. Les gens d’ici mettaient toujours tant de temps à comprendre des choses pourtant si simples. Il sauta dans sa direction, écrasant sous poids la table qui les séparait. Il y eut un grand fracas de vaisselle éparpillée et de bouteilles brisées et de bois qui craquait, qui fut presque suffisant pour couvrir celui de sa lance qui transperçait l’air et la langue et la chair et les os. Presque. Il se retourna vers eux, écrasant plus pour appuyer son propos que par réelle nécessité la cage thoracique de sa victime de son pied, et leur adressa un sourire aussi fraternel que possible. Dans la pénombre cannibale de l’endroit, il doutait qu’ils ne perçoivent de son casque autre chose qu’une silhouette vaguement inhumaine. C’était bien, se dit-il. C’était le renouveau des belles choses. Le retour du printemps fertile.
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Derek Ravencross
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On ne perdait pas de temps à parler durant le chemin car on s’était dit l’essentiel avant de partir. Là il fallait maintenant aller sur place pour voir un peu plus choses et surtout s’il était possible d’avoir plus d’informations comme les désirait. Je me demandais s’ils seraient du genre à tout nous dire plutôt que mourir, mais la finalité resterait la même. Connaissant Hypanatoï, ils ne feraient guère long feu et encore plus s’ils résistaient.

C’est un peu beaucoup moi qui avais amené Hypanatoï ici en fait. D’avoir remonté la piste de Kemat avait été le déclencheur de tout ceci. Pour autant je ne le regrettais pas, car Kemat méritait qu’on lave son nom en faisant payer tous ceux qui lui avaient fait du mal. Changer de monde pour être traité de la sorte alors qu’elle était comme une déesse dans le sien...Elle avait dû vivre un enfer. Le pire dans tout ça c’est qu’on avait étouffé l’affaire, comme si Kemat n’avait jamais été un qu’une simple inconnue parmi tant d’autres. Moi comme Hypanatoï ne laisserons plus cela impuni.

J’en avais fait du parcours depuis que j’avais été invoqué. Mais jamais je n’aurais pensé que j’en arriverais là. Dans les quartiers nord à faire la chasse aux petites frappes afin de pouvoir exécuter le commanditaire d’une entreprise qui avait déjà trop durée. Première fois que je faisais quelque chose qui me paraissait juste mais pas forcément légale pour autant. Mais bon, la justice ici avait l’air aussi infructueuse que dans mon monde. On ne punissait pas quelqu’un sans preuves et du coup, la personne pouvait ne jamais être punie pour ses crimes. Donc autant faire justice soi-même parfois, c’est nécessaire pour débarrasser le monde de certains indésirables.

Au moins, tout ce que j’avais pu vivre m’avait endurci et me permettait de me tenir fièrement aux côtés de mon [i]phyleï[/] sans qu’il n’ait honte de moi. Maintenant que nous étions non loin de la maison où se retrouvait les gueux, je proposais à Hypanatoï l’aide de Karter s’il le voulait. Ce n’était qu’une proposition, en aucun cas il n’était obligé d’accepter. D’ailleurs il refusa comme je m’en doutais. Il était homme d’action, et il devait en avoir marre de rester sur la touche pour obtenir des informations, maintenant il était temps d’agir.

Je laissais Hypanatoï continuer dans sa lancée. Mes sens en alerte je savais qu’il ne tarderait plus à entrer en action. Il caressa la porte face à lui avant de finalement l’enfoncer du pied comme s’il s’agissait d’un simple bout de papier. Bon les portes n’étaient pas franchement robustes dans ce quartier mais tout de même...En tout cas, les civilités c’était terminé il semblerait.

Il y va pas avec le dos de la cuillère lui...

Pour le moment il n’y avait pas âme qui vivaient dans les environs, mais comme il avait parler d’une cave, il se mit rapidement en quête d’une trappe qu’il trouva. J’avais sorti mon épée préférant être prêt si la bataille s’enclenchait plus tôt que prévu. Mais les brigands étaient bien trop confiants à aucun moment ils n’avaient mis quelqu’un pour surveiller l’entrée. Ils se sentaient en sécurité mais ils verraient bien rapidement que c’était tout sauf le cas…

Hypanatoï descendit dans la cave d’un simple saut ne perdant pas de temps avec l’échelle. Ce n’était en effet pas bien haut et j’en fis de même histoire qu’on soit rapidement regroupé face aux chiens galleux terrés dans cette maudite cave. J’avais horreur de ce genre d’endroit confiné. Pas que j’étais claustrophobe, mais je ne trouvais pas ça super pratique. Il manquait parfois de luminosité où d’espace d’exécution. Heureusement j’avais une épée pas trop longue donc ça allait, mais pour Hypanatoï qui avait une lance ? Sûrement qu’il s’en sortirait et qu’il se battrait aux poings si vraiment c’était trop compliqué. Ce ne serait pas un problème.

Je souris en l’entendant parler. Il ne machait pas ses mots non plus, mais en même temps, étais ce nécessaire face à ce genre de coupe-jarret ? Je ne pense pas non. Ce qui était sûr c’est que cette cave n’était pas souvent ouverte pour évacuer les mauvaises odeurs. Cet endroit avait une odeur des plus repoussantes et les mecs qui l’emplissait n’était pas mieux lotis. Ils avaient l’air d’être du genre à ne pas se préoccuper vraiment de ce qu’on appelle une douche ou un lavage simple en bonne et due forme…

Mon ami finit par se mettre en marche et verser le premier sang face à un des hommes qui avait voulu parler. Mais il ne put pas le faire longtemps Hypanatoï le transperçant de sa lance comme un pauvre fétu de paille et lui écrasant la cage de thoracique. Son casque avec cette pénombre le faisait presque passer pour un démon et les autres hommes hésitaient entre combattre et fuir. Sauf que j’étais devant la seule sortir possible. Deux d’entre eux vinrent m’attaquer pour essayer de fuir ce qu’ils appelaient un monstre. Un premier arrivait dague au poing essayant de toucher mon flanc. Je lui chopais le poignet d’un geste vif et lui assénait un coup de boule l’assommant sur le coup et le temps qu’il reprenne ses esprits je lui avais enfoncé sa propre dague dans l’estomac tandis qu’il finissait au sol mort.

Je souriais tandis que je fis face au second l’épée au clair.

Mais qui êtes-vous bon sang !

Je ne me préoccupais pas de lui répondre. Après tout, il ne fallait en garder qu’un en vie. Et vu la hache qu’il brandissait face à moi, il n’avait pas l’air de vraiment vouloir discuter finalement. J’esquivais un premier coup puis un second tandis que sa hache se ficha dans une poutre de bois de la cave. Je mis un coup tranchant sur le manche de celle-ci qui se brisa l’homme la tenant allant s’étaler au sol à cause de l’entreprise.

Je m’approchais de lui. Celui-ci une fois repris ses esprits reculait jusqu’à atteindre le mur derrière lui se faisant dessus au passage. Je fronçais le nez. Sérieusement déjà qu’ils puaient tous la mort il se pisse dessus en plus. Je soupirais et d’un coup vif je lui tranchais la gorge tandis qu’il vint tenir celle-ci par reflexe. Ses mains retombèrent quelques secondes plus tard le dernier souffle de vie en lui l’ayant quitté.

A qui le tour ?

Tu commences à y prendre goût gamin...

Je regardais Karter me disant qu’il n’avait pas tort. Mais en même temps tuer des enfoirés de cette espèce ne me posait en effet aucun problème de conscience.
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Hypanatoi Konostinos
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Beaucoup de gens pensaient le connaître. Certains avaient raison. La plupart se trompaient lourdement. Ce n’était pas qu’il était une personne excessivement complexe, ou qui dissimule la réalité de sa personne. Il était au contraire extrêmement clair, et se présentait sans ambiguïté. Qu’on refuse alors d’écouter ce qu’il avait à dire, qu’on déforme par peur ou par paresse son propos n’était simplement pas de son ressort. Une erreur commune des gens qui le côtoyaient était par exemple de penser qu’il aimait mettre à mort ses ennemis. Qu’il aimait la souffrance qu’il infligeait à ses pairs. C’était une erreur tragique : il lui avait toujours été très difficile de construire avec eux des relations, et de les voir comme réellement humains. Comme réellement semblables à lui. Même sur son monde d’origine, cela avait été le cas, et être transmigré ici n’avait fait que renforcer ce phénomène : il était un îlot d’humanité perdu dans un océan animal et primitif. C’était en fait l’expression de son art qui l’intéressait, la démonstration de ses capacités, et le triomphe face à l’adversité. Le fait de faire souffrir ses ennemis était très secondaire ; ce qui importait réellement, c’était le délicieux duo que formaient son triomphe et leur défaite. Même dans ce cas précis, ce cas où il exécutait sa légitime vengeance, où il faisait comprendre à des êtres absolument irrattrapables, il avait du mal à réellement comprendre ce qu’ils pouvaient ressentir. Il les entendait soupirer lorsque l’acier de son compagnon ou le sien trouvaient le chemin de leurs chairs. Il sentait leur souffle agonisant venir chatouiller ses narines, et l’effusion chaude et lourde de leur sang tacher son visage, le maculer de taches épaisses par les ouvertures de son casque.

Cela lui faisait le même effet que d’étrangler un mouton.

Ils étaient de toute façon trop éloignés de la chaîne de commandement des coupables pour pouvoir réellement être considérés comme nuisibles. Certes, il convenait tout de même de se montrer exhaustif, se dit-il en se retournant vers l’un d’entre eux, et en parant son coup en envoyant sa main gantelée dans le plat de son arme. Aussi symbolique qu’ait pu être leur implication dans cette affaire, ils devaient payer. Tous ceux qui avaient un jour été impliqués dans les affaires du tortionnaire de Kemat et de la femme encapuchonnée devaient payer. Sa main s’abattit sur son épaule, et son genou monta jusqu’à son entrejambe. Les chairs sensibles se déformèrent puis rompirent sous l’impact, et l’autre tomba à terre. Il broya rapidement sa nuque du bas de sa lance, et regarda le reste du groupe. Derek semblait bien se débrouiller. Il doutait de toute façon qu’un combattant de son rang rencontre beaucoup de difficultés face à ce genre de menu fretin. Lui-même se retourna ensuite lentement vers la seule personne encore en vie, et ses bras tremblants. Sa lame semblait bien trop longue et lourde entre ses mains mal assurées. Il s’approcha lentement d’elle, et fronçant les sourcils, lui adressa une injonction sèche et sans appel :

« Si tu n’as pas la volonté de te battre, aie la décence de déposer ton arme. Le spectacle que tu m’infliges est répugnant. »

La jeune femme sembla ne pas comprendre ce qu’il venait de lui dire. Il claqua de la langue, cette dernière venant taper contre l’arrière de ses dents. Il se mit à marcher dans sa direction, ne prenant la peine d’enjamber ni les cadavres, ni les débris de la table et de leur repas. Arrivé devant elle, il se pencha doucement dans sa direction. Ses sens surnaturels percevaient jusqu’aux battements affolés de son cœur. C’était là les percussions effarées d’une proie acculée. D’un lièvre idiot, d’un cervidé ahuri. Sa main se leva lentement, et se saisit de sa lame, la prenant délicatement entre deux doigts. Elle n’opposa pas de résistance, et il laissa tomber à son côté. Le choc qu’elle produisit en rebondissant contre la pierre sembla la secouer et la tirer de sa rêverie, et il sentit qu’elle secouait devant lui sa tête. Il n’était pas certain de savoir pourquoi. Il était incapable de percevoir les mouvements des yeux de ses congénères.

« J’ai choisi pour toi. C’est ce que je ferai, à chaque fois que tu seras incapable de le faire, fit-il sur un ton qu’il voulut apaisant, ignorant le tressaillement qui agita la colonne vertébrale de son interlocutrice. Ton groupe a occasionnellement pris ses ordres auprès d’une femme encapuchonnée. Il me faut la retrouver. »

La réaction fut tout aussi lente. Elle ouvrit la bouche, et la referma, sans qu’aucun son n’en sorte. C’était excessivement déplaisant, et il ne souhaitait aucunement perdre son temps ici. L’atmosphère moite et pestilentielle de l’endroit ne seyait aucunement à la gravité de sa quête. Il leva lentement un bras prophétique, s’apprêtant à la frapper, quand la jeune femme lui répondit enfin.

« Je, je n’sais pas ! J’suis dans le groupe que d’puis deux semaines, mais je sais que notre chef doit tous nous convoquer ce soir à la taverne du Cyclope Borgne ! Il a truc à nous dire !

- C’est mieux, fit-il en abaissant sa main jusqu’au niveau de sa joue. C’est mieux, répétât-t-il en la tapotant doucement. »

Il la laissa encore descendre un peu, et finit par laisser ses doigts s’immobiliser sur sa nuque, avant de les serrer brusquement. Il y eut un craquement discret, et le corps désarticulée de la criminelle tomba à ses pieds. Au vu de sa voix, elle n’avait même pas vingt ans. Un bien mauvais choix de carrière de sa part, donc. Attendant de voir si Derek en avait terminé de son côté, il se redressa tranquillement. Ils avaient une destination pour ce soir, mais le jour était encore jeune. Ils avaient le temps de continuer leurs visites, et de s’assurer de rassembler toutes les informations pertinentes. Il convenait de toute façon de procéder de manière systématique, et de s’assurer qu’aucun d’entre eux ne puisse en réchapper.
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Derek Ravencross
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Je ne pense pas que j’en venais à aimer tuer. Mais que ce genre de personnes profitent du malheur des autres pour vivre j’avais beaucoup de mal à trouver cela acceptable. Jusqu’à maintenant j’avais toujours fait en sorte de rendre mes opposants incapables de se battre en leur arrachant leurs armes ou autre. Dans mon monde cela suffisait, mais ici, certains étaient bien souvent désespérés et même quand on leur enlevait leur arme, il trouvait encore le moyen de faire en sorte d’essayer de vous faire du mal avec le premier truc qui passe. Alors qu’ils pourraient juste s’enfuir, certains le faisait, mais la majorité non. La violence se règle par la violence ici, alors qu’à cela ne tienne. J’avais déjà dû tuer des gens auparavant donc ce n’était ni la première ni la dernière fois que je le ferais.

Je me demandais ce qu’Hypanatoï ressentait quand il prenait une vie. Si cela lui faisait plaisir ou non. J’imagines que ce n’est pas quelque chose qu’on peut facilement apprécier tout de même. Mais c’est une nécessité pour certaines personnes afin qu’elles expient leur faute. Elles devaient mourir. Moi je pense en tout cas que je manquais cruellement d’empathie quand je tuais quelqu’un, je ne me posais pas de questions de savoir s’il avait une famille, où que sais-je encore. A quoi tient-il ? Sur le moment il n’a pas fait les bons choix alors il mérite juste son sort voilà tout. Si je faisais quelque chose de répréhensible, j’aimerais qu’on me traite de la même façon. Je devrais répondre de mes fautes dans le sang, ce serait normal.

Ce que j’avais du mal à supporter c’était de faire souffrir inutilement quelqu’un plutôt que de le tuer tout de suite. Mais après, c’était chacun sa façon de faire les choses et ses coutumes. Je gardais mes adversaires et en faisait ce que j’en veux et mon ami en ferait de même de son côté. Je n’avais pas de difficultés particulières face à nos adversaires. En même temps, ce n’était que du menu fretin, les créatures démoniaques ayant bien plus de hargne qu’eux. Je voyais quasiment arrivé leurs attaques avant même qu’ils ne les portent. Après en avoir tué deux, je vis que mon ami avait été tout aussi efficace et qu’il ne restait qu’une assaillante. Il était temps qu’on en saches plus si c’était possible et qu’ils avaient ce que l’on cherchait.

Hypanatoï en avait assez du menu fretin et il fit bien comprendre à la jeune femme en face d’elle qu’elle se devait de choisir ce qu’elle devait faire. Car vu son assurance sur le moment elle n’était pas proche de porter un coup violent. Il finit par s’approcher d’elle ne faisant aucunement attention au reste de l’environnement. Marchant sur les cadavres de ses victimes et venant prendre l’arme des mains de la jeune femme. Vu qu’elle n’était pas capable de choisir par elle-même ce qu’elle voulait faire tellement elle était tétanisée, il avait fait le choix pour elle. Ce n’était peut-être pas plus mal en définitive. Plus ça allait pour la terreur qu’inspirait mon ami à la jeune femme était intense. Celle-ci tremblait et secouais la tête dans l’espoir d’être épargnée. Elle rêvait selon moi, mais il ne ferait pas durer ça longtemps si elle était coopérative. J’espérais vraiment qu’elle allait se mettre à table, ce serait dommage de devoir lui tirer les vers du nez.

Il lui fit savoir qu’il choisirait à sa place à chaque fois qu’elle ne prendrait pas de décision assez rapidement. En attendant, il demandait des réponses. Il n’était pas violent ou autre dans sa démarche. Il était simplement assuré et impressionnant, imposant le respect à quiconque le regardait. Quand elle parla je me fis la réflexion qu’on n'avait peut-être pas garder le plus utile et informé des membres de la bande. Arrivée depuis deux semaines, ce n’était rien. Mais ce qu’elle nous fit savoir était une nouvelle piste et potentiellement un lieu de rendez-vous de racaille des plus intéressants. On devrait bien trouver plus de volontaire à notre quête là-bas en tout cas. Hypa avait été à deux doigts de la frapper pour la faire réagir, mais en définitive il n’en avait pas eu besoin, le geste lui permettant un déclic. Maintenant qu’elle nous avait révélé tout ce qui était bon à savoir, elle n’était plus d’aucune utilité. Peut-être que s’il existait une réincarnation, elle se choisirait une autre vie par la suite. Elle n’avait clairement pas fait le bon choix de carrière et elle venait de s’en rendre compte je pense. Hypanatoï tapota la joue de la femme pour lui faire savoir qu’elle avait bien travaillé et lui brisa la nuque en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire. Elle n’avait pas eu le temps de souffrir je pense. Tant mieux.

Bon, on a notre prochaine destination. Je pense qu’on peu se permettre une petite fouille voir si on rassemble d’autres informations avant de partir. Je serais pour fouiller les affaires des dépouilles, mais je ne sais pas si c’est convenable dans ta façon de procédé ? Puis-je le faire ? Sinon je me contenterais d’aller visiter les lieux et de voir s’il n'y a pas une quelconque information non loin de là. Des autres lieux à visité ou que sais-je encore ? Peut-être des noms ? Qui sait ?

Je préférais ne rien faire qui pourrait alimenter davantage la colère profonde de mon ami.
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descriptionLes chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé) EmptyRe: Les chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé)

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Il laissa parler Derek, et écouta ses paroles traverser le voile diaphane qui le séparait dans la réalité, tendant l’oreille pour être certain de bien les comprendre. Dans l’état second qui était le sien, le monde extérieur perdait une bonne partie de son caractère tangible. Ses sens, naturellement aiguisés, inondaient le bouillonnement magmatique qu’était en ce moment son esprit, et chaque seconde ne faisait que le plonger plus profondément dans cet état second de concentration et de fureur. Et son compagnon semblait s’en rendre compte, et lui parler précautionneusement, lui demander l’autorisation d’agir. Hypanatoi savait qu’il était naturel pour les gens de se ranger derrière lui. Ce n’était pour une fois même pas quelque chose qu’il encourageait, ou en tout cas pas la plupart du temps : il agissait, et cela suffisait pour que nombre de personne se rangent derrière lui. Les gens impressionnables, d’abord, pour des raisons évidentes. Et les sages, plus rares, parce qu’ils comprenaient pourquoi il faisait ce qu’il faisait, et qu’il convenait de le laisser agir. Aucun d’entre eux n’avait jamais eu à revenir sur cette constante. Mais il ne voulait pas que Derek le suive. Il n’avait ici pas besoin de sycophantes, et la configuration de ce monde faisait qu’il n’aurait su que faire d’une armée. Il avait besoin de compagnons. De gens capables de suivre sa course sans se retrouver captifs et forcés d’orbiter autour de lui. Il se retourna lentement vers son camarade, et prit la parole sur un ton mesuré, qu’il tenta de libérer des inflexions qui le serraient depuis le début de leur expédition :

« Prends les mesures que tu jugeras nécessaire, Derek. Je te fais confiance, et je ne te demande pas d’abandonner tes usages pour te conformer aux miens. Si d’aventure tu devais te montrer offensant, je te le dirais. »

Il hésita un instant, et referma la bouche. Il oubliait quelque chose. Il laissa son esprit dériver autour de lui, s’imprégnant des corps et des meubles brisés, et du sang qui coulait de plus en plus lentement hors des plaies. Il fronça les sourcils. Avait-il oublié une information essentielle ? Il tenta de se repasser les évènements les plus récents. Leur intervention ici. Le manque de compétence de leurs derniers ennemis. Leurs morts rapides et ignominieuses. Tout cela était simple. Il ne s’était rien déroulé de particulièrement difficile à appréhender.

« Et j’espère que tu en feras de même pour moi, conclut-il finalement, comprenant la nature de ce qui lui avait échappé. »

C’était difficile, se dit-il en se penchant sur le cadavre qui venait de s’écrouler à ses pieds. Il ne pensait pas pouvoir changer son comportement, du moins pas dans le fond. Il n’y avait entre ce qu’il présentait à l’extérieur et ce qu’il était réellement qu’un vernis très fin, un composé presque invisible de politesse et de retenue. Mais ce dernier ne masquait pas grand-chose, et Hypanatoi se savait être relativement transparent. Plus important sans doute, il ne souhaitait modifier sa manière d’être. Si lui-même était un être fondamentalement imparfait, la ligne directrice qui régissait ses interactions avec le monde tendait en revanche de manière certaine et assurée vers la perfection. Vers le divin. En dévier aurait été une erreur. Ce qu’il pouvait faire, en revanche, c’était s’assurer que certaines… Aspérités de son comportement soient adoucies. Il se savait sévère et taciturne, distant et difficile à vivre. S’il n’en avait cure, et n’estimait pas nécessaire de faire des efforts dans la plupart des cas, certaines personnes méritaient qu’il leur accorde une attention plus soutenue. Et ici, Derek était la première d’entre elles.

Ses mains parcourent le corps de la jeune femme, son examen rendu difficile par son manque de vision. Il commença par sa taille, suivant le tracé de sa ceinture à la recherche de sacoches ou d’objets divers. Il en trouva une, qu’il agita brièvement. Elle était à moitié remplie de pièces. S’il estimait normal que les vainqueurs prennent possession des biens et des gens des vaincus, ce butin était particulièrement misérable. Il continua rapidement son examen, mais ne trouva rien sur la jeune femme. Il doutait de toute façon que ces gens peu instruits communiquent beaucoup par écrit. Ce genre de procédé était généralement réservé aux instituions supérieures, capables d’encoder leurs messages et de s’assurer que les précieux papiers ne tombent pas d’autres mains que celles de leurs destinataires. Il savait que pour une raison ou une autre, nombre de personnes ici avaient l’habitude de fouiller des corps, à la recherche de journaux intimes ou de notes. L’idée qu’un tueur endurci puisse adopter ce genre d’habitude lui avait au début particulièrement comique, mais au vu de la régularité à laquelle elle était mentionnée, il imaginait que c’était là une particularité supplémentaire de son monde.

Il se releva. Rien sur elle. Quant au deuxième cadavre, au vu de l’état dans lequel il l’avait laissé, il doutait de pouvoir récupérer quoi que ce soit d’utile sur ce dernier. Se retournant vers le phylei Derek Ravencross, il attendit de voir si son examen donnerait quelque chose d’utile. Peut-être que lui, armé de son savoir de nécromancien ou de ses habitudes exotiques, saurait trouver sur un cadavre un indice pertinent. Et si ce n’était pas le cas, il avait de toute façon bien d’autres repaires à aller purger, et une taverne dans laquelle se rendre, une fois tout cela terminé.
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Derek Ravencross
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Je voyais bien qu’il était comme une cocotte-minute. Je ne savais pas s’il exploserait à un moment donné ou non. Mais je préférais prévenir que guérir et prenait donc des pincettes pour lui parler et faisait également attention à mes gestes. Je ne voulais pas l’offenser sans le vouloir, ses coutumes étant bien plus nombreuses que les miennes. Je me sentais un tantinet bridé dans ma position actuelle, j’étais comme un mouton à suivre Hypanatoï. Je voulais pouvoir l’aider et faire ce que je voulais sans subir ses foudres, mais j’avais un peu peur que ça ne froisse mon ami. Du coup, je ne savais trop comment agir. Ce serait bien en effet, qu’il m’assure que je puisse agir à ma guise afin que je ne me pose plus ce genre de questions. Cela me permettrait de me libérer l’esprit et le corps. Je voulais l’aider, mais à ma manière, parce que je ne pouvais pas non plus totalement différée de la personne que j’étais. J’avais changé d’optique après la mort de ma famille, n’étant plus un simple mouton, je ne voulais pas le redevenir.

Ses paroles eurent le don de me libérer d’un poids plus grand que je ne le pensais. Il me laissait vraiment carte blanche pour agir à ma guise et me faisait confiance rajoutant que s’il était d’aventure offensé il me le ferait savoir.

Merci pour ta confiance, je saurais en être digne mon ami. Je vais voir ce que je peux donc trouver de mon côté.

J’allais fouiller les cadavres et voir s’il n’avait pas quelque chose d’intéressant pour nous donner plus de grain à moudre sur notre piste actuelle. Le Cyclope Borgne, y en avait bien un qui devait avoir une brochure ou que sais-je encore comme conneries qui pourrait potentiellement nous aider à savoir plus de choses ? Je ne sais pas un plan de la taverne par exemple ce serait bien, savoir où était les diverses sorties et échappatoires au cas où il y en ait qui ait des envies de fuites soudaines.

Je passais les dépouilles au peigne fin tandis que j’entendais Hypanatoï me dire que je devais en faire de même pour lui s’il m’offensait.

Ok partenaire, je prends note. Je te dis si jamais.

Je trouvais quelque chose dans une des poches d’une des victimes. Une poupée de chiffon. Sûrement signe qu’il avait une famille. Mais bon, quand on ne fait pas les bons choix les conséquences finissent par nous rattraper. J’étais désolé pour cette famille, mais parfois il fallait ce qu’il fallait. Ces personnes faisaient clairement partie d’un réseau énorme. Ce n’était pas rien ce qui arrivait, ce qu’on avait découvert par l’intermédiaire de nos recherches sur Kemat. Et cela devait nous aider à faire en sorte qu’aucune autre personne comme elle ne finisse aux griffes du monstre qui lui avait fait subir tout ça.

Je trouvais autre chose dans une poche intérieure de la veste de l’un des autres cadavres. Il s’agissait d’une pochette d’allumettes au nom de la fameuse taverne. Il y avait également l’heure donnée par la jeune femme de préciser. Du moins, avec ce qu’elle nous avait dit cela paraissait bien plus clair du coup. Il y avait juste un chiffre et un masque de dessiné sur la tête du cyclope signe potentiel qu’il fallait également venir masquer pour plus de discrétion. C’était un point intéressant d’ailleurs, si on se faisait passer pour deux d’entre eux avec des masques ça se verrait moins et on aurait potentiellement plus de facilités à en apprendre plus de ce rassemblement incognito. Je savais que mon camarade n’était plus dans l’attente ni la patience, mais cela pourrait être vraiment des plus révélateurs pour la suite.

Je ne m’étendais pas plus sur les dépouilles leur laissant leurs biens, or et autre, étant un mercenaire et pas un charognard. Les restes, très peu pour moi. Seul les potentielles informations recueillies étaient intéressantes ici. De toute façon, je ne voyais pas leur fantôme donc c’était mort pour communiqué avec eux. De toute manière, vu qu’on venait de les tuer, j’imaginais mal qu’on veuille qu’ils se décident à se mettre à table.

Je me relevais et vit Hypanatoï tourné vers moi attendant de voir si j’avais des éléments en plus à lui apporter. Je lui donnais la pochette d’allumettes et exprimait mon avis sur la question.

L’un d’eux à garder un message codé sur lui, certainement parce qu’il n’avait pas une super bonne mémoire. C’est une pochette de la taverne du Cyclope vu l’image dessus. Il y a un chiffre correspondant à l’heure du rendez-vous je penses et vu le masque dessiné à la main sur la trogne du cyclope, il faut s’y rendre masquer. Si l’on peut se faire passer pour eux ne serait-ce que quelques minutes le temps d’écouter un peu ce qu’il se dit, ça pourrait nous aider à trouver davantage d’informations. Je sais que tu en as marre d’attendre, de tourner autour du pot, mais pour le coup, je serais assez fervent qu’on se présente masqué à cette réception, on pourrait avoir une bonne surprise, qu’en penses-tu ? Là encore je ne t’oblige pas, mais ça me paraîtrait est la meilleure façon de procéder.
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Il écouta soigneusement Derek, et se demanda s’il était possible de mettre son plan à exécution. L’idée en soi était bonne, mais il voyait plusieurs problèmes se poser. Outre le fait que se masquer voulait dire retirer l’intégralité de son armure s’il voulait que le déguisement tienne ne serait-ce que quelques secondes, lui-même ne mentait pas. Il lui arrivait certes de manipuler les gens, de ne pas dire toute la vérité, mais les paroles qui sortaient de sa bouche étaient toujours vraies. Cela avait de nombreux avantages, certains évidents et d’autres plus subtils, mais il savait aussi que dans de rares occasions, cela pouvait aussi lui fermer certaines portes. Il avait généralement d’autres solutions, et pouvait surtout planifier les choses afin de ne pas avoir à se retrouver dans ce genre d’embarras en premier lieu. Ce n’était pas le cas ici, et tout cela lui rappelait cruellement qu’il était bien loin de chez lui, et que la plupart de ses méthodes n’étaient ici tout simplement pas applicables. Plus que cela, le problème venait directement de lui-même. Il se connaissait. Il savait. Il existait un temps pour tout, disait l’adage. Un temps pour les semences, et un temps pour les moissons. Un temps pour la contemplation, et un temps pour le chant. Un temps pour le conditionnement, et un temps pour la guerre. Pour lui, le temps de la rétribution était venu, et il ne se faisait aucunement confiance : il aurait été parfaitement incapable de tolérer plus de quelques secondes l’existence d’une de ces vermines.

Malgré cela, la proposition de Derek lui semblait pertinente. S’il voulait s’assurer qu’aucune personne ne puisse se soustraire à sa venue, alors il ne pouvait négliger le plan qui venait de lui être proposé. Il était simple, efficace, et peu demandant. Il avait tout d’une bonne idée. Il grogna doucement, réfléchissant un instant, avant de finalement prendre sa décision. Il s’était amplement répandu en long discours pontifiants sur la signification du terme de [/i]phylei[i], et n’avait nullement caché à son compagnon le peu d’estime qu’il avait pour Portalia, et le privilège qu’était pour lui sa nouvelle position. S’il était malgré cela incapable de lui faire confiance, d’aller contre sa propre nature – méfiante et distante et qui repoussait les autres – tout cela n’aurait été que du vide. Il se serait fait comme les gens de cette cité, adoptant avec une cruelle ironie les traits de caractères qui le répugnaient tant. Et c’était une des rares choses qui le terrifiait. La possibilité de sa propre insuffisance suffisait souvent à l’arrêter dans son mouvement, là où le reste des mouvements étranges de ce monde n’y parvenaient pas. Il avait toujours été méticuleux par nature. Prudent. Patient. Conscient de la nécessité de contrebalancer la partie la plus brutale de son être par les leçons de ses parents. Mais ici, tout cela prenait une autre dimension. C’était son être qu’il jouait. L’idée même d’Hypanatoi Paragoï Konostinos, qui chaque jour risquait de ne plus être qu’un titre vide et pompeux, de devenir réellement ce qu’il semblait être pour les gens d’ici : une incantation vide de sens, le dernier râle capricieux d’un noble privé de son pouvoir. Le fait même qu’il se questionne en ce moment, alors que la solution s’était presque immédiatement imposée à lui était suffisant pour l’alarmer. Il se força à cesser tout cela. L’action le libérerait. Faire brisait le doute.

« C’est une bonne idée, Derek. Mais je doute qu’un masque suffise à masquer qui je suis. Mon langage, ma gestuelle, pour ne pas parler de mon équipement. Je ne suis de plus pas un bon acteur. Mais si tu veux t’introduire chez eux, je pourrais surveiller de près la taverne, et me tenir près à intervenir. Ton esprit pourra le cas échéant venir me chercher si cela s’avère nécessaire. Il nous suffira au préalable de nous mettre d’accord sur certains gestes et leur signification, afin de passer la barrière de son mutisme. Cela te convient-il ? »

Cela aussi était nouveau. Il était habitué à commander, et s’il avait compris que les gens d’ici refusaient son autorité, il en avait au moins compris la cause. Il ne pouvait après tout pas leur reprocher leur manque de capacités, les rendant à la fois impropres à accepter le commandement d’un être supérieur, et peut-être plus tragiquement encore, les rendant incapable de discerner même l’écart qui existait entre eux. Leurs egos fragiles reposaient sur une illusion, et leur révéler l’écart qui existaient entre l’idée qu’ils se faisaient d’eux-mêmes et la tragique réalité n’avait pas produit de bons résultats. Derek était là encore différent. Un paradoxe gênant. Il savait que d’un point de vue parfaitement rationnel, il avait peu de raisons d’avoir de l’apprécier. Il était certes d’un naturel plus tolérable que ce à quoi il était habitué, et il lui devait beaucoup. Mais tout cela était un produit des circonstances, du hasard le plus complet, et il savait pertinemment que s’il ne l’avait pas rencontré lui, quelqu’un d’autre doté de capacités plus ou moins similaires aurait pu lui dévoiler l’ampleur de la catastrophe qui le perturbait en ce moment. Il savait qu’il n’avait pas en face de lui quelqu’un d’aussi méritant que ses anciens compagnons. Et malgré cela, il l’appréciait. Lui qui s’était toujours voulu totalement maître de lui-même se retrouvait maintenant perturbé comme un disciple prépubère découvrant les choses de la vie. C’était indigne. De beaucoup de personnes moins nobles que lui, mais de lui en particulier.

Il voulut mettre cela sur le compte de l’état second qui était en ce moment le sien. Compresser de la sorte son esprit et barrer les chemins de sa pensée laissait de manière assez ironique émerger des parties maintenant oisives des produits parasites et superflus. La plupart étaient anéantis avant même d’atteindre la surface de sa conscience. Pas celui-là. Il revenait, encore et encore et encore. Mais il savait aussi que ce n’était pas l’unique raison. Il lui faudrait réfléchir à tout cela, plus tard. A ce qu’il convenait de faire. Pour l’heure, il fallait se le répéter : faire, et non penser. Être, et non hésiter.
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Derek Ravencross
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Plus je parlais de mon plan et plus je me rendais compte que ce n’était pas forcément au goût de tout le monde et que ça ne correspondait pas forcément à Hypanatoï. Il n’était pas du genre à passer inaperçu, sa prestance n’aidait pas on va dire. Après c’était bien pratique en d’autres circonstances. J’avais aussi remarqué qu’il n’était pas homme à mentir alors, jouer un rôle ne lui siérait guère s’il devait parler à un moment. S’il devait faire le piquet ça irait, mais je doutais fortement que l’on ait aucune interaction du tout. C’était donc assez risqué mon plan. Sur le papier ça pouvait nous apporter des informations précieuses, mais selon comment on procédait ça pouvait aussi ramener beaucoup de soucis en plus…

Cependant, il y avait d’autres possibilités que de nous inclure tous les deux dans le plan. Je pourrais participer et faire diversion tandis qu’Hypanatoï pourrait faire en sorte de bloquer les issues afin d’être sûr qu’aucun de ces chiens ne s’enfuient par exemple ? Je n’avais pas vraiment d’idée sur comment bloquer les sorties, mais je suis persuadé que mon ami saurait brillamment s’en sortir avec ce souci. A voir ce qu’il en pensait et je lui soumettrais alors des alternatives comme celle-ci. On devrait pouvoir faire un compromis, non ? Surtout que ça pourrait vraiment aider à nous apporter de nouvelles informations et peut-être un truc capital du style où se trouve la jeune femme encapuchonnée que l’on recherche par exemple ?

Je me devais d’essayer de le convaincre en tout cas que ce n’était pas un mauvais plan. Je savais qu’il n’était plus trop en mode attente, patience et qu’il voulait passer à l’action. Mais là c’était le cas aussi, ce n’était simplement pas mode bourrin, c’était plus de l’infiltration temporaire voir si on pouvait glaner deux trois miettes. Il pourrait se faire plaisir par la suite. Il ne serait question que d’une ou deux heures maximum je penses. Les rassemblements de ce genre ne durait jamais trop longtemps car cela pouvait attirer un peu trop l’attention par la suite. Ce n’était pas ce que recherchais ce genre de personne qui se voulait discrète de base.

Ah oui, tu trouves ? Ouais en t’en parlant j’ai justement penser au fait que je ne t’avais jamais vu mentir ou jouer un quelconque rôle. De plus, ton charisme ne passe pas inaperçu. Il serait plus prudent en effet que j’y aille seul et que Karter fasse le lien entre nous comme tu le dis. Je pense que plutôt que de simplement faire le guet tu pourrais voir pour bloquer les diverses sorties pour t’assurer qu’aucun d’eux ne s’échappe ? Comme ça moi je glane ce qui peut l’être et après on fera ce qui doit être fait.

Il proposa même des gestes significatifs afin que Karter puisse faire l’intermédiaire de la meilleure façon vu qu’Hypanatoï ne pouvait malheureusement pas l’entendre. Là ce serait utile, mais bon. Je lui appris donc quelques gestes important pour dire, ok, urgence, prépares toi. Le genre de signal simple et efficace quoi.

Très bonne idée les signes. Cela va grandement aider.

Il devait avoir tellement l’habitude de commander chez lui, de s’attendre à ce que les autres le suivent aveuglément. J’aurais pu le faire, mais je ne voulais pas me perdre en route, et depuis le temps que l’on se côtoyait il devait bien s’en rendre compte. J’appréciais qu’il me laisse le droit à la parole et qu’il prenne en compte mes opinions. Il me respectait et je savais que c’était en grande partie dû au fait qu’il se sentait redevable envers moi. Mais quand il m’avait que j’étais son « [i]Phyleï [i] », j’avais compris qu’il m’appréciait un tantinet. C’était bon de savoir que je n’étais pas là simplement pour mes talents martiaux et mon fantôme quoi. Je n’étais pas juste un banal mercenaire à cet instant précis j’étais un frère d’arme prêt à risquer sa vie pour un autre.

Tu devrais également lui donner quelques signes supplémentaires sur la notion de nombres ou de pièges, non ?

Je regardais Karter sincèrement surpris qu’il prenne la chose au sérieux et qu’il offre son aide sans demander son reste. Il ne s’y fiait pas quand il était face à Hypanatoï. Même s’il me disait qu’il le défoncerait s’il était tangible, je sentais qu’il avait un certain respect pour lui mêler à de la crainte il semblerait même s’il ne l’admettrait sûrement jamais.

Comme viens de le souligner Karter, il serait bon que je te donnes des signes également pour les notions de nombres et de pièges. Genre dizaine, vingtaine cinquantaine, centaine et piège on s’en fout de la distinction. Tu as d’autres idées de signes qui serait utile ? Sinon je pense qu’une fois retenus ces nouveaux, on peut aller au point de rendez-vous. J’ai piqué un masque sur l’un des cadavres donc la soirée masquée semble assez logique.
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Hypanatoi Konostinos
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Derek semblait d’accord avec lui, et il insista de nouveau sur son charisme. Ce n’était pas la première fois qu’il le mentionnait, et Hypanatoi n’était pas certain de comprendre pourquoi. Il ne s’était lui-même jamais vu comme particulièrement charismatique. Il avait certes une maîtrise avancée de l’art oratoire, mais la théorie et la pratique étaient deux choses différentes, et il savait que les effets qu’il avait sur les gens avaient tendance à être limités ; il était familier avec la peur, et l’hésitation, parfois la colère et la révolte. Mais la fascination, pour lui en tant qu’individu et pas simplement parce qu’il était un paragoï, cela était pour lui un territoire totalement inconnu. Il craignait que ce monde et celui de Derek manquent cruellement de gens de bien, s’il choquait à ce point sa perception de ce que pouvait être un homme. Il écouta la suite, et regarda Karter. Lui réagissait plus normalement. Il était méfiant, parce qu’il devinait certaines choses chez lui, et seul le fait que la plus grande partie de la vérité soit encore occultée lui permettait de conserver ses esprits, et de lui proposer de compléter le langage des signes qu’ils étaient en train d’établir. Il hocha de la tête, et se mit d’accord avec l’esprit sur les points de détail abordés, avant d’enfin se retourner vers Derek. Il faudrait lui montrer certaines choses, à lui aussi. Il faudrait qu’il voie. Qu’il comprenne. Il ne pouvait pas trahir ainsi sa confiance, et lui offrir autre chose que cela. Il l’avait demandé, après tout.

« Je pense que cela suffira amplement, lui dit-il simplement. Nous devons y aller, maintenant. »

Il pouvait bien tenter de se distraire un instant par ces pensées superflues, mais cette mesure ne pouvait rester que temporaire. Son œuvre du jour ne saurait souffrir de trop de délais, quand bien même ces derniers seraient importants, et si Derek tempérait en ce moment les pulsions les plus acerbes de son être, cela aussi finirait par devenir insuffisant. La manière de procéder allait bientôt, il le savait, perdre de son importance : face à l’ampleur de ce qui lui restait à accomplir, des décisions subalternes comme la manière d’aborder une taverne risquaient de se révéler très secondaires. Il savait pourtant que Derek avait raison. Qu’il lui fallait respecter les leçons paternelles, s’emplir de la patience vengeresse qui lui avait été insufflé. C’était comme cela qu’il avait toujours triomphé. Mais il savait aussi que Portalia n’obéissait pas aux lois louables qui régissaient son propre univers. C’était pour cela qu’il y était perdu ; qu’il y perdait ses moyens ; que Derek se perdait en le contemplant comme un être exotique et fascinant ; et que la cité elle-même était presque irrémédiablement perdue, attendant une main suffisamment ferme pour la remodeler.

Il doutait que ce soit la sienne.

Emergeant hors de la petite cave, il fut heureux de retrouver contre sa peau la sensation d’un air moins vicié. Les quartiers nord de la ville, après leur descente dans cet antre moite et méphitique, prenaient malgré leur atmosphère putride des allures de champ de fleurs. Il savait que les rats qui ne se trouvaient pas en ce moment ici risquaient de donner l’alarme en découvrant les cadavres de leurs camarades, mais cela lui convenait. Enfiévrés par l’injure qui venait de leur être faite, ils chercheraient à en connaître l’auteur, et ne comprendraient pas avant qu’il ne soit trop que leur mouvement devait les emmener dans la mauvaise direction. Pour l’heure, ils partaient dans la direction du Cyclope Borgne, et il se demanda ce qu’il devait penser du fait que Derek soit a priori parfaitement capable de se fondre parmi les mercenaires. Il comprenait que pour ces gens, être capable de déguiser qui on était restait un atout considérable. Ils voyaient le mensonge avec un regard concupiscent, le rejetant par dogme et l’acceptant par facilité. Comme beaucoup de choses. Et lui-même ne sortait pas de cette situation totalement immaculé : accepter de laisser Derek faire à sa place ce qu’il se refusait à faire autant par fierté que par manque d’affinité était plus vil sans doute que de s’en charger lui-même. Il serra les dents. Cet endroit le corrompait, il le savait. Mais réaliser soudainement qu’il avait sous les yeux un exemple parfait de sa faiblesse, des compromissions qu’il acceptait de tolérer était quelque chose de très différent. Il hésita à exprimer sa crainte à son compagnon, à changer d’avis et à lui dire qu’il n’était plus temps de s’infiltrer chez les détrousseurs locaux, mais simplement de les purger par le fer.

« Sitôt que tu auras assez d’informations, fit-il à la place, envoie Karter me prévenir. Aucun d’entre eux ne peut survivre. »

Cela comptait plus que tout. Il était de toute façon doublement hypocrite : ce n’était pas d’utiliser comme un outil quelqu’un disposée à accomplir ses basses besognes qui le perturbait. C’était qu’il acceptait de souiller un être qu’il voulait voir s’élever au-dessus de la boue de l’endroit. Que ce dernier ne le comprenne aucunement ne changeait rien à la situation. Il aurait à se racheter.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mar 24 Mai - 8:33, édité 3 fois
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Hypanatoï semblait perplexe face à la vision que j’avais de lui. Mais sur certains aspects il me rappelait mon père. J’avais toujours voulu le comprendre et je n’en avais pas eu le temps. Il fonctionnait un peu comme Hypanatoï quand il s’agissait d’honneur. Mais il avait d’autres faces que je n’avais jamais eu l’occasion de voir ni de comprendre. Certain que mon ami avait une voir plusieurs faces cachées. Après tout, on avait tous notre jardin secret. Du moins que cela concordait avec mes principes il n’y aurait pas de soucis pour moi à l’aider. Par contre, si on en venait à faire quelque chose que je ne fais pas, je le lui dirais que je ne peux le suivre sur ce terrain-là. Je ne sais pas s’il comprendra, mais quelque chose me disait que oui. Après tout, si on s’offensait l’un l’autre nous étions libres de le mentionner.

Oui je pense qu’on est prêt et qu’on a tout ce qu’il nous faut.

Karter malgré sa méfiance envers Hypanatoï avait fini par se faire une raison sur le fait que j’étais ami avec lui et donc que même s’il ne l’aimait pas il pouvait tout de même bouger un peu plus son cul. Du coup, il proposa de rajouter quelques signes supplémentaires afin de faire savoir un peu mieux le potentiel nombre de gens à l’intérieur et tout.

On se remit en chemin sans attendre d’un pas rapide et déterminé. J’espérais vraiment que mon plan fonctionnerait sinon cela ferait perdre du temps à mon ami sur sa quête de vengeance et pas sûr qu’il voit ça d’un très bon œil. J’avais piquer les vêtements d’un des cadavres histoire de faire davantage illusion pour la suite. Mes vêtements ne faisaient pas vraiment brigands pour le coup. J’avais mis tout ça dans un paquetage que je prenais avec moi sur l’épaule. Je le déposerais non loin de la taverne du Cyclope quand on y serait histoire d’avoir les mains libres quand l’action s’enchainerait.

Je voyais bien qu’il n’était pas très fervent de cette infiltration. Et je devais avouer que je m’attendais à ce qu’il me dise à tout moment qu’il ne voulait finalement pas de ça et qu’on allait faire autrement. Pourtant c’était la meilleure solution pour peut-être aller plus vite dans nos découvertes. C’était soit un gain de temps majeur soit ce serait une perte de temps, mais qui ne tente rien n’a rien. Surtout que ce ne serait pas la première fois que je m’infiltrerais au sein d’un groupe pour prêcher le faux et obtenir le vrai. C’était monnaie courante pour moi, la façon la plus simple et rapide d’avoir les informations que je désirais sans devoir me taper tout le clan à combattre. Pas que je sois lâche bien au contraire. Je n’étais pas fervent du combat sans intérêt et qui me fait perdre du temps.

Il me sortit une nouvelle phrase et à ma surprise il ne remit pas en cause l’infiltration me disant simplement qu’une fois fait le plein d’informations qu’on ne devait pas tarder à tous les mettre à mort par la suite.

Ne t’en fais pas mon ami. Aucun problème je ferais ça. On est arrivé, je te laisse j’ai des informations à collecter dis-je en souriant tandis que j’entrais dans la taverne du Cyclope Borgne.

Je fus rapidement entouré de plusieurs hommes dans le même genre de frusque que moi. J’avais eu une bonne idée de piquer les fringues de l’autre, j’aurais fait tâche sans…Finalement, un homme arriva sur une petite estrade au fond de la taverne. Il semblait être un peu mieux fringué que les autres celui-ci. En mode j’ai plus de sous. Je faisais passer le message à Karter comme quoi ils étaient une quinzaine à l’intérieur. L’homme sur l’estrade finit par demander le silence avant de s’exprimer.

J’ai besoin de vous chers amis ! Ce soir, on va avoir de la chair fraîche. Miss PK va vouloir les récupérer pour son client. De ce fait, il va falloir bien les traiter afin qu’elles soient toutes prêtes pour l’arrivée de Miss PK. Après du moment que vous les abîmez pas, il y a sûrement moyen d'en profiter un peu avant ~

Je finis par lever la main faisant l’abruti.

On a un arrivage important chef ? Il faudra qu’elles soient toutes prêtes pour quand ?

Il me regarda et sourit.

Très bonnes questions le bleu ! Il y a cinq femmes entre 20 et 30 ans à récupérer et elles doivent être prêtes pour dans trois heures. Nous avons rendez-vous avec Miss PK dans un entrepôt près du port pour l’échange. On va récupérer les jeunes femmes au niveau d’un bâtiment désaffecté non loin de l’orphelinat. C’est tout bon pour vous les gars ?

Un « ouais » général fut scandé tandis que je fis signe à Karter qu’il était temps de donner l’assaut. J’attendais l’arrivée de mon ami pour faire tomber le déguisement et en prendre un ou deux par surprise. En tout cas, la récolte d'information avait été plutôt bonne. Miss PK donc ? Intéressant.
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Hypanatoi Konostinos
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Il était temps d’avancer jusqu’à la taverne. Il fallait marcher, lentement, calmement, et éviter de trop se laisser perturber par le monde qui l’entourait. Il fallait cesser de penser à Derek, et aux rues puantes et sales, et à toutes les pensées parasites de son esprit. Il fallait oublier où il était, et ce que cela impliquait pour lui autant que son action. Il fallait cesser de penser seulement à soi, et voir la chose comme elle était : une occasion de se dépasser. Portalia était immonde, et il avait beau se le remettre en mémoire chaque jour, subir son propre désarroi et mariner dans sa rancœur jusqu’à ce que même son dégout ne perde toute sa saveur, cela ne changerait rien. Il lui fallait agir. Il n’avait pas voulu le faire, par pudeur et par politesse, ne voulant pas s’impliquer dans le fonctionnement d’un endroit qu’il ne comprenait et pour lequel il n’avait pas la moindre affinité. Mais c’était terminé. Il comprenait son erreur, maintenant, et acceptait de la regarder droit dans les yeux. Il avait toujours eu sur son environnement une influence vertueuse, sa simple présence servant d’exemple, et ses actions permettant d’en corriger les défauts. Il ne fallait plus en avoir peur. Il fallait se départir de sa modestie habituelle, et comprendre que même en terre étrangère et hostile, son rôle devait rester fondamentalement inchangé. Il était, et cela suffisait pour que de ce constat a priori évident découle le reste.

Arrivé devant l’endroit qui devait accueillir les misérables marauds, il remercia le destin de lui avoir ôté ses yeux. L’odeur qui en émanait suffisait à couvrir les effluves pourtant remarquables des quartiers nord : si la déchéance morale et le vice avaient eu un parfum, il imaginait qu’il aurait été particulièrement similaire aux exhalaisons du bâtiment borgne. Les personnes qui en sortaient malgré l’heure peu avancée reniflaient la mauvaise sueur et la bière de piètre qualité – amère et âcre, qui laissait sur la langue un gout de boue – et leurs conversations parvenaient à ses oreilles comme autant de chapelets d’insultes. Le sexe, puisque ces pauvres hères ne pouvaient pas sans se décrédibiliser parler d’amour, y était abordé de manière sale et crue, avec une régularité troublante. La violence s’y confondait allégrement, et ces gens passaient de l’un à l’autre avec une troublante facilité. Même les barbares de son monde, avec leurs vagues notions d’honneur et leur fierté mal placée, étaient plus respectables que ces créatures. Rien de beau ou de bon ne pouvait germer dans un tel fumier. Ce n’était pas qu’une question de justice, se rendit-il compte. Il accomplissait ici un service dont la cité avait grand besoin, et qu’elle était elle-même incapable de se rendre. Il hocha distraitement de la tête quand Derek lui indiqua qu’il était temps pour lui de se rendre dans la taverne.

Il en fit le tour, cherchant son propre point d’entrée. Il imaginait sans peine le déroulement de la réunion qui devait se tenir à l’intérieur. Il avait après tout vécu nombre de situations similaire, et il doutait que l’imagination et l’originalité soient les maîtres-mots des participants. S’enfonçant dans la ruelle qui bordait l’endroit, il tomba rapidement sur une personne ayant visiblement décidé de venir y faire ses besoins. Soupirant légèrement en constatant qu’aucune indignité ne lui serait épargné, il s’avança dans sa direction, levant la main vers lui. Ce dernier tourna la tête dans sa direction, cherchant à comprendre ce que le paragoï pouvait bien lui vouloir. Interloqué, et hésitant entre le besoin vital de terminer son affaire et le danger évident de devoir répondre à une potentielle menace alors que son pantalon pouvait à tout moment tomber au niveau de ses chevilles, il se décida finalement à faire ce qui lui venait le plus naturellement. Il hélas l’intrus, l’invectivant à moitié tout l’interrogeant sur les raisons de sa présence.

« C’est le message de votre chef qui m’amène ici, lui répondit Hypanatoi sur un ton égal. Il va se passer des choses importantes, ici. »

L’autre hésita un instant. Les mots de son interlocuteur avaient du sens, certes. Mais quelque chose n’allait pas. Il ne parlait pas normalement. Il ne se déplaçait pas normalement. Il ne ressemblait pas à un des leurs. Il voulut lui répondre. Mais c’était trop tard. Hypanatoi était proche de lui, maintenant. Trop proche. Il se projeta en avant, et son poing vint le cueillir au ventre, le soulevant à quelques centimètres au-dessus du sol. Il était important de couper sa voix, et qu’il ne puisse pas donner l’alerte. Le fait que les dernières gouttes de sa pisse viennent décorer ses jambières était un bien maigre prix à payer, et le sang de ses camarades aurait tôt fait de laver ces projections indignes. Il frappa de nouveau, éclatant la mâchoire du malheureux, et continua sa besogne jusqu’à ce que son visage se soit liquéfié sous son assaut. Il accompagna le cadavre dans sa chute, et le traîna dans les ombres complices de l’allée.

Il n’eut pas ensuite à attendre bien longtemps. L’esprit de Derek Ravencross se manifesta devant lui, et Hypanatoi eut bien du mal à attendre le temps que ce dernier esquisse enfin le geste qui sonnait maintenant la curée. Regardant le mur qui le séparait des bruits de conversation qu’émettaient les sacrifices suivants, il ne chercha pas plus longtemps à se contenir. Reculant jusqu’à avoir contre lui le mur du bâtiment attenant à la taverne, il se recroquevilla sur ses jambes, et prit une grande impulsion, se projetant en avant. Il défonça le mur de l’humble bâtiment, et arriva accompagné d’un déluge de poussière de mortier et de moellons.

« Nulle clémence ici ! Priez vos misérables dieux ! »

Les termes étaient annoncés, comme cela était convenable. Il pouvait maintenant commencer à œuvrer. Son septième sens n’étant nullement entravé par le nuage de débris qui devait encore obscurcir la vision de ses victimes du moment, il fondit sur la table la plus proche, un grand mouvement de sa lame décapitant deux têtes, avant que son retour n’en fasse de même. Ne comptant nullement laisser à la vermine le temps de se réorganiser, il s’attaqua au groupe suivant.
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Derek Ravencross
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Quand j’y penses j’avais déjà pas mal évolué au contact d’Hypanatoï. Je voyais le monde différemment. Par moment, je me sentais presque plus comme un observateur que comme un acteur d’ailleurs. Parfois la bêtise humaine était telle que je ne savais quoi en penser. C’était comme tous ces mécréants des quartier Nord, ils avaient choisi une vie médiocre, et tout ça pour quoi ? Finir au bout d’une pique ou d’une lame, parce qu’ils avaient rencontrés notre chemin. Les choix pouvaient être si déterminants pour notre vie. Certains en prenaient bien trop à la légère, mais le regretter c’était bien souvent trop tard pour en changer la finalité. Je ne savais pas plus si mes choix présents étaient bons, mais contrairement à d’autres, j’y réfléchissais beaucoup. Je ne pouvais pas me contenter d’être indécis et qu’on finisse par choisir pour moi, c’était ma vie, mon destin donc c’était à moi de décider où je voulais aller. Suivre Hypanatoï était un choix comme un autre qui aurait probablement ses conséquences à un moment donné restait à voir quelles seraient-elles, mais je les assumerais. Les regrets ou les remords c’était bien joli, mais ça avait tendance à ne servir à rien, ou à s’inventer des pauvres excuses sans fondements.

Une fois à la taverne je m’aperçus rapidement que l’endroit donnait tout sauf envie. Les mauvaises odeurs s’accumulaient dans mes narines. Heureusement, je n’étais pas trop sensible aux odeurs, donc ça restait pas trop incommodant. Ou alors je m’étais habitué à puer la mort à cause des vêtements pris sur le cadavre pour me dissimuler lors de ce rassemblement. Dans tous les cas, c’était inconvenant, mais pas impossible à supporter. Je supportais Karter tous les jours après tout, ce n’était pas si pire.

Je prévins mon compagnon que j’y allais et entrait donc sans attendre. Les informations perçurent furent des plus bénéfiques. Si Miss PK était bien la fille encapuchonnée, cela nous permettrait de peut-être la débusquer dans le fameux entrepôt désaffecté proche du port. De toute façon, il fallait tenter c’était notre meilleure piste. On n’allait pas non plus ratisser tous les quartier Nord au mètre carré non plus. Surtout qu’on ne pourrait pas supprimer tous les témoins à un moment donné, ce serait comme supprimer le quartier nord et tout le monde n’avait pas à finir entre quatre planches de bois ici. Il y avait certes beaucoup de malfrats qui essayaient de profiter du système pour faire des trucs pas jojo, mais ils n’étaient pas tous comme ça. Parfois c’était des personnes qui n’arrivaient pas à joindre les deux bouts, ou simplement des enfants qui avaient perdus leur famille et qui essayait de se mettre à l’abri car ils avaient nulle part où aller. Il ne fallait pas qu’on confonde mauvaise herbe avec des plantes qui ne demandaient qu’un coup de pouce pour fleurir et donner de belles fleurs.

Les informations furent précises mais succinctes cependant. On ne savait pas avec exactitude quel serait le fameux bâtiment que l’on devait retrouver au port. Mais on devrait rapidement savoir. Il suffisait de se rendre compte avec le nombre de rats autour. Je fis donc signe à Karter afin qu’il prévienne mon collègue pour la suite des évènements. L’un des murs de la taverne finit rapidement par exploser en gerbe de bois et de poussières tandis que la voix qui retentissait ne me surpris pas. Je souris me disant qu’il avait un don certain pour les entrées fracassantes…Je laissais mon ami se faire des ennemis tandis que j’hélais Karter sans attendre.

Karter, préviens moi de toute attaque dans mon dos je te prie.

Ok gamin, comme d’habitude je suis tes yeux dans le dos.

Je me faufilais entre les mecs encore mi- effrayés, mi surpris par l’entrée de mon collègue pour aller retrouver le mec sur l’estrade. Il sortit deux dagues en me voyant arriver.
Oh c’est que t’as l’air un peu moins stupides que tes collègues.

Sale chien ! Qui vous envois ? Un clan rival ? Miss PK ? Elle veut se débarrasser de nous car on profite de la chair fraîche avant ?!

Il fonça sur moi je parais son premier coup de dague et je pris son poignet pour éviter l’autre coup. Je lui tordis le poignet ce qui le fit lâcher son arme avant d’enrouler son bras autour de son propre coup sa lame sur sa gorge.

Dis-moi tout ce que tu sais ! La chair fraîche ? Elle arrive quand et où ?

L’homme ricana semblant fier de lui.

Elle arrive d’ici une dizaine de minutes avec une dizaines d’autres de nos hommes. Vous ne pourrez pas nous arrêter à vous seuls. Vous n’êtes que deux !

Je me cogne de ce que tu penses, tu n’es qu’un misérable comme tes collègues et vu votre comportement et votre trafic, vous ne méritez pas de pitié ! dis-je froid comme le vent glacial de la plaine des glaces avant de lui trancher la gorge sans plus attendre.

Je laissais tomber sa dague au sol et sautais de l’estrade sortant mon cimeterre et m’attaquant à deux hommes venant vers moi. J’esquivais le premier coup, tranchant ses ligaments au niveau des chevilles. Il tomba à terre et je l’assommais ensuite de mon bouclier que je venais de sortir. Je m’en servais pour parer le coup du second qui arriva peu de temps après. Je lui balançais un bon coup de pied dans les joyeuses ce qui le fit tomber à genoux le souffle court tandis que je lui transperçais le dos en continuant de marcher jusqu’à mon ami.

Faut se dépêcher des renforts à eux avec des femmes enlevées arrivent d’ici peu et ils sont une dizaine. Faut qu’on débroussaille large. Apparemment, les mauvaises herbes ça repousse vite.

Un des hommes, armé d’une hache se tourna vers moi. Il fut plus rapide que je m’y attendais et malgré mon esquive il réussit à m’entamer la joue quelque peu me laissant une estafilade rouge sur celle-ci. Je brisais le manche de sa hache avec force et au moment où il ouvrait la bouche pour une percée suicidaire, je lui balançais le manche brisée dans celle-ci.

Bon appétit ~

Un autre arriva cette fois armé d’une lance. Celle-ci était pas mal longue et pas vraiment trop lourde vu la rapidité d’exécution de mon assaillant. Quand je ne me sentais pas d’esquiver je parais mais il en profita pour me faire perdre l’équilibre et je tombais au sol. Je mis mon bouclier au niveau de mon torse jusqu’avant qu’il ne soit transpercé d’une lance. Je ramassais une poignée de poussière et la lui balançais au visage ayant lâché mon arme lors de ma chute. Je lui mis ensuite un coup de pied au ventre qui le fit se reculer alors qu’il était en même temps aveuglé. Je repartis chercher mon épée non loin de là et avant qu’il ne recouvre la vue, je la lançais sur lui le transperçant au niveau de l’abdomen. Je revins vers lui et délogeais mon arme de son corps qui s’avachit au sol dans une mare de sang.

Du bruit se fit entendre au niveau de l’entrée. Mais comme Hypanatoï avait dû bloquer celle-ci ils firent le tour et entrèrent par le côté défoncé de la bâtisse qu’avait fait Hypanatoï. Une dizaine d’hommes arrivait, cinq jeunes femmes avec eux dans un état de décrépitude relative. Le chef hurla pour se faire entendre dans le brouhaha de la taverne en pleine bataille.

Que se passes-t-il ici ?

Il est stupide lui, non ? Il croit vraiment que quelqu’un va prendre le temps de lui répondre alors qu’ils sont tous à essayer de survivre, ou à tuer ?

J’hausse les épaules tandis que deux nouveaux mecs viennent vers moi et que je croise le fer avec eux, ramassant deux trois estafilades au passage, mais rien de très grave, ils ne devaient même pas être rang Bronze autant dire qu’ils n’avaient que peu de chance voir pas de chance de survie entre moi et Hypanatoï. Je me demandais si le chef avait une essence ? Après tout, il semblait un peu plus pimpant que les autres, qui sait ? Peut-être ?
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Hypanatoi Konostinos
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Il frappa. Sa lame descendit, de haut en bas, dans un mouvement rapide. Son vis-à-vis tenta de bloquer le coup, ne comprenant visiblement pas l’erreur de son geste. La masse écrasante de son arme emmena la lame placée sur son chemin, broyant tout autant qu’elle trancha les chairs de son ennemi. Le misérable s’effondra sous l’impact, ses genoux heurtant brutalement le sol, avant que le reste de son corps n’y soit projeté. Il n’était pas mort, et Hypanatoi n’avait guère le temps de lui offrir une exécution digne de ce nom. Tournant sur lui-même, il balaya l’espace entre lui et le reste de la tablée qu’il venait d’aborder, forçant les personnes se trouvant dans le sillage de sa lance à bondir en arrière. Certaines furent assez promptes, et se retirèrent à temps. La plupart n’eurent pas ce privilège, et révélèrent les guirlandes lacérées de leurs entrailles. Des rats. Ils étaient tous des rats, des bêtes immondes privées de l’étincelle noble qui pouvait transcender les êtres vivants. Ils se répandaient autour de lui en une masse confuse et braillarde, le chaos de leur vie se reflétant de manière honteuse dans leur débâcle du moment. Ils vociféraient et hurlaient et tentaient de donner des ordres, les petits lieutenants bégayants et invectivant leurs troupes, comme si leurs imprécations pouvaient revêtir un quelconque caractère incantatoire. Comme s’ils pouvaient conjurer le maléfice dont ils étaient maintenant victimes.

Donner des ordres pouvait être utile. Organiser des troupes était pertinent. Tenter de dresser une formation de gueux contre une tempête était aussi stérile que suicidaire. Mais Hypanatoi ne pouvait guère leur en vouloir, pas quand ils se présentaient à lui en grappes protéiformes, leurs visages ouverts comme des cavernes gémissantes, leurs voix unis en un chœur qui scandait un chant incompréhensible. Ils venaient, et ils mourraient, et ils venaient encore pour mourir de nouveau. Il abaissa sa main sur le crâne de son adversaire le plus proche, s’en saisissant alors que son arme mal entretenue ricochait inutilement contre son armure. Il le projeta dans les rangs de ces adversaires, avant de lui-même le suivre, et de continuer à sacrifier ces misérables. Ils devaient payer. Ils devaient payer. Ils payaient. L’hécatombe qui se tenait en ce moment n’avait plus rien à voir avec les petites incursions sélectives qu’il avait entrepris jusqu’à présent. C’était un tournant définitif, un moyen de crier à ses ennemis à et cette cité maudite toute entière que le temps de la justice était venu. Il frappa encore. Son esprit avait souvent tendance à se perdre en considérations subalternes. Il pensait, beaucoup, plus sans doute que la plupart de ses pairs, tant et si bien qu’il avait souvent eu l’impression d’être prisonnier dans son propre esprit. Ce n’était pas le cas ici. Les brasiers embrasés de sa psyché vomissaient toute leur lumière, et se nourrissaient eux-mêmes, et il était entier concentré sur les choses essentielles qui devaient maintenant l’occuper.

Il frappa. Il créa un autre cadavre, la dépouille mutilée se repliant sur elle-même comme un pantin mal terminé.

Derek de son côté semblait partager sa colère, et son échange avec le chef de l’endroit sembla relativement peu concluant. Tout au plus leur expliqua-t-il que dans dix minutes, d’autres gens viendraient prêter assistance à l’assemblée de ces raclures. Sans doute pensait-il que cela devait leur faire peur, leur faire réaliser la futilité de leur action. Hypanatoi, ravi, regarda les premiers bandits tenter de fuir. Les plus malins d’entre eux venaient enfin de comprendre ce qui était en train de se passer. Il chargea droit devant lui, renversant et tranchant dans le tas, jusqu’à arriver à la porte. L’un des bandits était déjà en train de poser ses mains sur les poignées de cette dernière, et le paragoï les lui trancha rapidement.

« Personne ne part ! cracha-t-il. Votre destin se joue ici ! »

Continuant avec dévotion son labeur, il laboura encore avec de grands mouvements les rangs des pauvres créatures. Peu d’entre elles avaient la décence de tenter d’invoquer quelques relents de grâce au moment de mourir, mais il n’était pas déçu. Il savait depuis longtemps à quoi s’attendre, et ne voyait ces gens comme des individus. C’étaient des offrandes placées sur son chemin, et si leurs visages étaient humains, sa vision ne lui permettait pas de le voir ; seuls les reliefs approximatifs de leurs visages lui étaient retransmis, et le mouvement qui tiraient leurs traits et les transformaient en masques inhumains. Il frappa encore.

Il aurait pu continuer ainsi jusqu’à se retrouver seul devant ces gens, quand il entendit et sentit l’arrivée des renforts promis. Un petit groupe d’individus, accompagné par leurs captives du jour. Une fois de plus, il chargea dans leur direction, alors que leur meneur se fendait d’une question inutile. Ne voulant pas paraître désobligeant, Hypanatoi s’autorisa une réponse, se fendant d’une simple injonction :

« Fais-y face, vautour ! Fais face à l’inévitabilité ! »

Il frappa encore. Et cette fois, le nouveau venu réagit promptement, se jetant sur le côté alors que le coup du paragoï fendait en hurlant l’air sur son passage, et pulvérisait les vieilles planches et les débris que le nouvel intrus venait d’escalader. Hypanatoi se retourna dans sa direction, et voulut continuer à l’invectiver. De son poitrail épais ne sortit plus qu’un beuglement inarticulé de fureur, seul langage qui valait encore la peine. Ire incarnée, il ne laissa pas à son ennemi le temps de réagir, et se rua sur lui. Il ne s’agissait plus simplement de frapper. L’autre pouvait réagir. Il s’agissait de le broyer. De lui faire réaliser toute la tragique portée de ses actes, de lui faire comprendre que ce jour n’aurait pas pour lui la même signification que les autres jours de son existence. Il s’était démarqué autant par sa position que par son talent, tout relatif soit-il, et une pensée vit redoubler d’ardeur l’incendie qui consumait le paragoï : un jour, il avait amené Kemat dans cette taverne, sous les quolibets rieurs et les crachats offensants de ces moins-que-rien. Enchainée. Présentée comme un quartier de viande, comme une vulgaire esclave. Son propre sang se répandit dans sa bouche, alors que ses dents broyaient l’intérieur de ses joues. Il ne devait pas simplement mourir, se rendit-il compte. Il devait expier. Il se jeta de nouveau sur lui, son bras et sa lance et son corps se fendant comme un trait jailli d’un arc.
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Je faisais du ménage dans les déchets de cette taverne sans aucun remord. De savoir qu’ils utilisaient des femmes ou autre être vivants à leur bon gré, les abusant avant de les donner au plus offrant. Je n’allais clairement pas avoir de pitié pour ce genre de porcs loin de là. Avoir aussi peu d’estime pour la vie humaine et penser qu’ils pouvaient être supérieurs à certains au point de les esclavager, c’était le genre de personnes qui ne méritaient pas leur place dans ce monde. Dans aucun autre monde d’ailleurs et moi comme Hypa on était en train de s’en assurer chacun à notre niveau.

Certains avaient un tant soit peu de base en escrime mais aucun que je n’affrontais ne valait vraiment le coup de s’y intéressé. Ils n’étaient pas plus forts ou puissants que ça. Ce qui pourraient les avantager c’était à la grande limite leur nombre, mais avec Hypanatoï en frère d’arme, ils auraient tôt fait d’être diminués de moitié niveau effectif. Cela se concrétisa assez rapidement d’ailleurs. Tandis que je prenais des informations à la source la plus fiable, le mec sur l’estrade, il faisait un carnage parmi les adversaires.

Les pseudo chefs avaient beau essayer d’organiser un peu leur rang pour mieux riposter on les laminait sans trop de mal. Hypanatoï était tel un prédateur poursuivant toutes ses proies jusqu’en enfer s’il le fallait. Autant dire qu’il n’y avait aucun espoir d’échappatoire. Et ils finirent par le comprendre essayant tant bien que mal d’atteindre les sorties sans succès. Hypa veillait et sautait sur le moindre mec qui tentait une sortie en force. C’était impressionnant de voir la vitesse à laquelle Mon ami se débarrassait des déchets de cette taverne. Bon nous n’étions pas très discrets et des renforts arrivaient rapidement avec les jeunes femmes étant esclavager et confier au bon soin de cette taverne pour être préparée…

Je regardais les jeunes femmes. Elles semblaient toutes si jeunes et frêles à cet instant. En plus de sembler désespérée et au bout de leur vie. Elles n’attendaient que la délivrance peu importe la forme, même si c’était la mort qu’elle récoltait à la fin. Cela devait s’arrêter, c’était sûrement ce qu’elle désirait en tout cas, qu’on les délivre d’une quelconque manière. Je vis deux humaines, une elfe, une orc et une autre femme que je n’aurais su décrire. Elle semblait mi-animal et mi-femme, mais je n’aurais su dire l’animal en question…Il ne semblait pas que j’avais de tels animaux dans mon monde en tout cas. Cela ressemblait plus à une sorte de mélange telle une manticore.

Chaque homme passa au fil d’une épée ou d’une lance. Chacun leur tour ils avaient droit de souffrir comme ils avaient fait souffrir des gens précédemment. C’était un juste rendu des choses. Je frappais avec hargne voulant me rapprocher des jeunes femmes pour les délivrer et qu’elle se mette à courir loin de tout cela. Quand le chef de la brigade qui arrivait demande ce que c’était ce bordel, Hypa pris le temps de lui répondre. Je n’y aurais pas pensé, honnêtement répondre à ce genre de raclure ça ne valait pas le coup, mais Hypanatoï était différent de moi pour ça. Il n’était pas du genre désobligeant. Mais ce n’était pas pour autant que le mec ne finirait pas avec une lance dans le poitrail.

Je respirais plus calment tandis que je le voyais engager le combat avec le chef. Celui-ci semblait déjà un plus grand défi à relever que ces hommes, mais il n’avait aucune chance de gagner. Pas face à mon ami, même avec sa stratégie et sa ruse, il finirait par tomber. Je m’occupais de mon côté des différents hommes qui me barrèrent la route. D’ailleurs Karter m’aida dans l’entreprise apparaissant de nulle part à plusieurs reprises afin de déstabiliser l’adversaire pour que je puisse m’en débarrasser plus facilement. J’arrivais facilement jusqu’aux femmes et deux nouveau gardes me barrèrent la route l’un d’eux pointant son épée sous la gorge de l’une des jeunes femmes.

Si tu avances plus je la tuerais !

Je m’arrêtais d’avancer serrant les dents. Il était temps de faire une nouvelle diversion si je voulais sauver la fille. Je souris en coin tandis que Karter alla traverser son copain. L’homme eut peur sur le coup et vient transpercer son collègue en voulant essayer d’atteindre le fantôme. Le temps qu’il retire son épée de l’abdomen de son ami j’étais déjà sur lui et d’un geste précis je lui brisais la nuque. Une fois débarrassé de ceux-là je m’agenouillais au niveau des jeunes fesses pour voir les attaches dont elles étaient pourvues. Des cordes, rien de plus basiques, mais vu les bleues de certaines sur les joues, elles avaient été rapidement dissuader d’essayer de s’enfuir. Mais c’était fini, elles seraient bientôt enfin libres.

Je coupais les cordes sans attendre. Les jeunes femmes se regroupèrent et s’enlacèrent de peur que je leur fasse quelque chose. Je me relevais et les regardais.

Fuyez ! Vous n’avez plus rien à faire ici.

Je me retournais sans plus de cérémonie. Hypa toujours aux prises avec le chef tandis qu’un dernier mec s’était caché et était en train de partir en ayant vu une opportunité de fuite ; Je lui envoie un couteau de lancer dans plein dans le dos. Celui-ci s’effondra sans plus de cérémonie. Je laissais Hypa finir tandis que je regardais le résultat de la rixe. De nombreux corps au sol. J’allais fouiller ceux-ci surtout le mec sur l’estrade que j’avais égorgé et les mecs gardant les filles en otage. Peut-être auraient-ils quelque chose d’intéressant ? Mais au final non. Enfin bon, on en avait déjà bien assez pour la suite. Il nous fallait trouver un vieil entrepôt désaffecté au niveau du port. Quelque chose me disait qu’on le trouverait, même si on devrait ratisser tous les bâtiments du coin.

Essaye de voir s’il sait d’autres choses avant de le supprimer. Ne sait-on jamais étant le chef des renforts, il doit avoir quelques connaissances du sujet qui nous intéresse je pense. Ce serait logique en tout cas. S’il ne sait rien alors il est encore plus con que je le pense de faire ce qu’on lui dit sans se poser de questions.
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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLes chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé) EmptyRe: Les chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé)

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Que dire des différences qui existaient entre lui et les gens de ce monde ? Elles étaient innombrables. Tenter de les dénombrer aurait été aussi pertinent que de vouloir inventorier les gouttes qui composaient un orage. Inutile. Fou. Stérile. Il pouvait se voir, s’observer de son œil aveugle : son septième sens lui permettait de contempler sa propre apparence, et il avançait chaque seconde avec un miroir irrémédiablement braqué sur son propre corps. Du muscle. De l’os. Du métal. De la colère et de la volonté et de la révolte. Rien de bien différent, au moins dans l’énoncé, avec les gens qui l’entouraient. Et pourtant, ces mots si semblables qui auraient pu dresser des profils si similaires décrivaient des réalités cruellement différentes. Son métal n’était pas le même. Il s’avança dans la direction du nouveau venu. Lentement. Un pas devant l’autre, alors que sous ses bottes épaisses craquait le vieux bois maintenant humide de la taverne. Sa chair et son muscle et ses os n’étaient pas les mêmes. Si on avait bien voulu le dépecer, on se serait rapidement rendu compte que les couleurs de l’intérieur de son corps avaient plus à voir avec l’or des temples et le cristal des sources pures qu’avec la viande qui attendait de se décomposer. Il était différent. Meilleur. Supérieur. Ce n’était pas là le produit pur de l’arrogance, ou de la parole légère que l’on lâchait pour se rassurer, mais une évidence toujours corroborée par le réel. Un pas supplémentaire. Il pouvait sentir la distance qui se resserrait entre lui et le nouveau venu. Le futur de l’intrus nouveau se faisait caduque. Le présent d’Hypanatoi se faisait cannibale.

Il pouvait le ressentir, avec précision et justesse et dégout. Il le voyait. Un mètre soixante-dix-neuf de viande et d’indignité. Un bras qui tremblait, et une lèvre qui s’agitait de concert. Un œil qu’il n’avait pas besoin de voir pour le découvrir opaque et nuageux. Il leva un bras dans sa direction, et sa lance se leva avec lui. Il devait mourir. C’était une vérité simple, et Hypanatoi avait toujours été adepte des vérités simples. Il voulait manger, et alors il se nourrissait. Il voulait boire, et alors il faisait jaillir les sources. Il entendait se venger, et alors le monde se refermait sur lui-même pour que tout soit à sa portée. Il voulait se venger, et alors l’univers tout entier conspirait pour que devant lui s’étalent les coupables convenus. L’autre se jeta sur lui, comprenant que parler n’était plus utile. Il fallait se battre, maintenant. Apaiser les ancêtres, montrer ce que l’on avait de plus concret en soi, invoquer le feu qui dormait dans les plis multiples de ses entrailles et s’assurer de brûler totalement : le temps des demi-mesures était révolu. Hypanatoi ressentit le mouvement de l’individu, et son coup qui vint s’abattre sur lui. Il voulait percer les ouvertures qui ornaient son casque de sa lame. Il pencha la tête sur le côté, et l’épée de son agresseur vint déraper sur son casque, chauffant le métal et vociférant comme une mère à qui l’on aurait appris la mort de sa progéniture. Le paragoï aurait pu profiter de ce moment de faiblesse.

Il aurait pu chercher le chemin de son ventre, fouiller ses entrailles de son poing. Il aurait pu craquer les jointures de son cou. Il aurait pu sectionner les canaux de ses jambes. Il se détourna du bandit, et frappa son acolyte le plus proche, sa lance et son bras se projetant devant lui, créant entre Hypanatoi et le maraud anonyme un lien rigide et long de trois mètres. Il le brisa en ramenant à lui son arme, et derrière elle le cadavre maintenant utile de sa cible s’écrasa au sol.

« Quel a été ton rôle dans ce trafic ? demanda-t-il simplement, son ton apaisé devenant presque badin. »

Le voyou anonyme ne répondit que par un grognement d’exertion, et voulut réitérer son assaut, comprenant que les défenses métalliques qui recouvrait la créature étaient solides. Il y chercha un point d’entrée, vainement. Hypanatoi sauta loin de son coup, laissa son arme fendre l’air. C’était là toute l’ironique tragédie de ces marginaux : en voulant sortir du système et se rebeller contre ses lois, ils abandonnaient la plupart du temps la possibilité d’une formation adéquate. Ils restaient faibles et vulnérables, condamnés à jamais à n’être que des tiques. Certaines d’entre elles restaient trop endurantes pour pouvoir être purgées  d’un simple revers de la main, mais leur morsure était tout aussi anodyne. Un autre des acolytes du nouveau venu alla s’écraser au sol, et son chef, beuglant un cri inarticulé de défi, se jeta sur Hypanatoi. Enfin. Enfin, il acceptait de convoquer la somme réelle de ses compétences, et ses gestes, bien que toujours brouillons, se faisaient maintenant dangereux. Le paragoï esquiva rapidement, envoyant du pied, alors qu’il reculait une moitié de chaise brisée dans la direction de son agresseur.

« Kemat. C’est le nom de la jeune femme que vous n’auriez pas du toucher, continua-t-il calmement. Elle a été réduite en esclavage, violée, et traquée dans la neige par des chiens. »

L’autre beugla. La colère tirait les traits de son visage, et les torrents hurlants qui s’échappaient de ses poumons charriaient autant sa fureur que des torrents de bave. Il savait. Il ne comprenait pas, pas consciemment, mais il savait, et cette vérité le terrifiait.

« Donne-moi son nom. Kemat, insista-t-il et parant un troisième assaut. Kemat. Kemat. KEMAT ! »

Incantant et hurlant ces deux dernières syllabes, il para le dernier coup, envoyant la lame du misérable se ficher dans le plafond. Il abaissa sa lance dans sa direction, et le toisa silencieusement de ses yeux inutiles. Il le voyait, dans toute son hideuse réalité. Et sa haine s’accroissait, et sa patience décroissait, et il ne restait plus grand-chose chez Hypanatoi qui soit mesuré et calme. Il s’apprêtait à le mettre, quand la voix de Derek vint l’interrompre. Il fallait l’interroger, comprit-il. Il ne fallait pas le tuer maintenant. Il hocha imperceptiblement du chef, et quand son vis-à-vis se détendit, pensant trouver ici un sursit inespéré, il vint planter sa lame dans son pied, ignorant sa complainte braillarde.

« Tu ne m’as pas donné son nom. Je te l’ai pourtant épelé. Dis-le. Dis-le ! beugla-t-il si fort qu’il sentit ses cordes vocales sur le point de rompre. Kemat !

- Kemat ! répondit l’autre, sa propre voix éreintée de douleur peinant à articuler les syllabes.

- Oui ! Kemat ! Qui a osé la toucher ? Qui a pu réduire en esclavage cette femme ! Des noms, misérable ! Je te demande des noms !

- Je sais pas ! On en a pas ! Une femme, avec une capuche, et ses sbires ! Des gros bras ! Je sais pas, putain ! Je sais pas ! »

Il ne le croyait pas. Il ne voulait pas le croire. Il retira sa lance de son pied, et la planta dans le sol, libérant ses mains. Ignorant le cri de douleur de sa victime, il s’approcha d’elle, jusqu’à être suffisamment proche d’elle pour n’avoir plus qu’un mouvement infinitésimal à faire pour pouvoir l’embrasser.

« Tu ne sais pas qui je suis. Personne ici ne sait qui je suis ; ce n’est pas important. Ce qui l’est, c’est de comprendre que je peux te faire parler. Ce n’est là encore pas une hypothèse, mais une certitude. Des gens mille fois plus endurants et taciturnes ont invoqué en pleurant le nom de leurs mères, alors même que je n'avais déployé qu'une infime partie de mes talents. Je peux faire chanter en chœur l’intégralité de ton corps, et te déposséder de sa voix. Je peux te faire prier à genoux sans que tu ne puisses bouger, et te faire comprendre que quand tu invoques le nom de ta génitrice, ce n’est pas pour la supplier de te sauver, mais pour la maudire de t’avoir mis au monde. Dois-je le faire ? Cela me serait plaisant. »

L’autre hésita. L’assaut verbal d’Hypanatoi était long et conséquent, un voile épais autant qu’un linceul qu’il serrait autour de son esprit. Il baissa les yeux, et baissa le regard, et murmura doucement. Hypanatoi approcha son oreille de sa bouche, et recueillit sa confession, la prenant en lui avec la plus grande délicatesse possible. Puis il broya son crâne entre ses deux mains, sans se soucier de ses grognements et de ses gémissements. Il savait, maintenant. Il savait ce qu’il y avait à savoir ici. Ce faisant, il contempla l’espace autour de lui, et le trouva laid et sans envergure. Ce n’était pas encore suffisant pour commencer à l’apaiser. Les cadavres étaient nombreux mais subalternes, la violence était profuse mais sans ampleur. Il laissa retomber à ses pieds le tronc mutilé de son ennemi, et récupéra son arme, avant de se retourner vers son camarade. Lui au moins en valait la peine.

« Le port. Ce réseau est plus large encore que ce que pensais, s’il est besoin de détourner des navires certaines marchandises humaines. C’est tant mieux, fit-il après un minuscule moment d’hésitation. Plus nombreux sont leurs antres, plus large sera le charnier. Nous aurons à le visiter. »

Il ne précisa pas que sortir des quartiers nord pour se diriger vers un endroit aussi affluent que le port risquait d’attirer les attentions des autorités officielles de la cité. Derek le savait, et il avait passé le temps des doutes. Son camarade était avec lui. Jusqu’à la fin. Cela lui plaisait. Il avança dans sa direction, attendant une réponse de sa part, voulant savoir s’il avait rassemblé de son côté des informations utiles.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 17 Juin - 7:23, édité 1 fois
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descriptionLes chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé) EmptyRe: Les chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé)

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Hypanatoï était quelqu’un qu’on ne pouvait pas ignorer très longtemps. Il était si différent des autres, ne semblait tellement pas à sa place dans ce monde qui ne lui convenait clairement pas. Ce monde n’était dicté par aucun loin vraiment bien établie car pour finir ce qui se passait ce soir prouvait qu’il y avait des failles immenses dans le système. Qu’il puisse y avoir des réseau et trafic dans ce genre ne serait certainement pas toléré dans son monde à lui et ce serait parfaitement normal. La justice dans ce monde semblait trop laxiste voire aveugle, ou bien alors ils ne se rendaient pas compte d’à quel point ils n’étaient pas efficaces ? J’imagine sinon qu’ils avaient peut-être trop confiance envers des gens quoi ne le méritait pas. Ou alors ils étaient pieds et poings liés car ils ne voulaient pas passer au-dessus de la loi ? Pourtant parfois c’était nécessaire semble-t-il. On n'était peut-être pas bien dans la légalité, mais on avançait dans notre enquête, on récupérait des réponses à un bon rythme quoi.

D’ailleurs si le gars qui venait d’arriver réussissait à survivre, on obtiendrait également des réponses de lui. Mais quand je voyais Hypa s’approcher de lui, je ne voyais qu’un prédateur attendant le moment propice d’attaquer sa proie et de la déchirer de ses griffes. L’homme devait clairement sentir la différence à tous les niveaux. Mais devant ses hommes ils se devaient de se montrer digne j’imagine ? En tout cas, je devais avouer être impatient de voir comment il allait s’en sortir face à mon frère d’arme. Combien de temps il tiendrait avant de rendre l’âme. Il essaya sans succès d’attaquer Hypa, mais fit plus de bruit que de dégât. Encore un qui voulait montrer quelque chose qu’il n’avait pas. Un quelconque talent qu’il n’aurait sûrement jamais. Il avait certes une essence de couleur par rapport aux autres, mais il restait un insecte face à mon ami. Il n’avait aucune chance.

Hypa lui fit bien rapidement savoir, l’ignorant à la suite de son attaque pour attaquer un de ses comparses derrière lui. Celui-ci eut tôt fait de s’affaler au sol dans un bain de sang tandis que le fier guerrier finit par s’exprimer afin de savoir ce que le plus haut gradé savait sur la situation. Je me demandais si l’autre allait répondre. C’était bien une des seules façons pour lui de ne pas mourir dans la seconde. Hypa attendait des choses de lui, c’était la seule raison. Sinon il serait déjà mort à baigner dans son sang comme le mec de derrière.

Je m’occupais de certains ennemis encore réticents à mourir, mais rien de bien alarmant pour m’empêcher d’assister à l’affrontement qui était le plus intéressant. D’ailleurs, vu que l’autre ne répondit pas à sa question mon ami alla défoncer un autre de ses sbires. Finalement le chef se mit en rogne et se montra plus dangereux, mais rien d’assez énervé pour causer du tort à mon frère d’arme. J’étais assez impressionner toujours de regarder Hypanatoï combattre. Il ne faisait aucun geste superflu dans sa façon de combattre. Il faisait ce qu’il fallait au moment opportun et ça suffisait. Je devais m’entraîner pour avoir un tel niveau, mais c’était un nouvel objectif à atteindre pour moi. Je me sentais motiver pour se faire.

Restant calme et balançant un obstacle sur la trajectoire de son ennemi Hypanatoï expliquait le contexte de sa venue ici. Faisant comprendre qu’il y avait eu tort du côté des trafiquant et qu’il venait le réparer. Qu’ils n’auraient jamais dû s’en prendre à Kemat de quelque façon que ce soit. Il le harcelait avec le nom de Kemat pour que son adversaire finisse par le dire. Pour lui faire comprendre son erreur et lui rappeler peut-être ce dont on avait besoin de savoir ? En tout cas, il n’y allait pas avec le dos de la cuillère. Je lui fis savoir qu’il serait bien de l’interroger un peu plus afin d’être sûr qu’on avait tout amassé de lui avant de le finir. Le garder en état de parler c’était mieux vous voyez ? Mon intervention suffit à calmer Hypa afin qu’il l’interroge d’autant plus et j’étais fier de voir qu’il prenait mes propos au sérieux et les suivait. Une grande preuve d’estime et de respect de mon frère d’arme envers moi. Cela fait toujours plaisir au moral et à l’égo.

Il sembla réussir à obtenir ce qu’il voulait de lui vu qu’il le tua peu de temps après. Il me fit ensuite son rapport que je trouvais une fois de plus intéressant. Il parla du port sur le fait que le réseau était bien plus grand que prévu et qu’il y allait avoir plusieurs antres à visiter pour trouver ceux qu’on cherchait. En tout cas, on devrait avoir de quoi faire en racaille dans ce coin-là, surtout à cette heure importante de la nuit. Je souris et met la main sur son épaule.

Je n’ai rien appris de plus que tout à l’heure. Un entrepôt à visiter au port. A voir ce qu’on peut y trouver. On ne va pas forcément tomber sur le bon du premier coup. En tout cas, je suis avec toi mon ami. Le temps des doutes et du respect de loi caduque est terminé, il faut passer à l’action pour empêcher ses êtres indignes de continuer à fouler le sol en toute impunité.

On ne pouvait juste pas laisser ce genre de trafic perdurer. Ils avaient eu Kemat et en avait eu d’autres avant elle, après elle. On en avait sauvé cinq, mais pour combien de temps ? Si on ne mettait pas fin à cette entreprise rien ne disait que les jeunes femmes sauvées aujourd’hui ne retomberait pas bientôt entre leurs mains. Ce serait inacceptable. Hors de question que je le permette. Moi vivant, je les traquerais ! En voyant, la mine de ses pauvres femmes, je ne pouvais décemment pas les laisser courir et dormir sur mes deux oreilles. Ma conscience me l’interdisait.

Ne traînons pas et partons sans plus attendre pour les docks mon ami. Il est temps de te rendre justice à toi et ton peuple. Tu as été bien assez patient.
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descriptionLes chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé) EmptyRe: Les chemins rouges de la justice (Derek) (Terminé)

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Il pouvait chercher, et continuer à trouver. Un des membres les plus affluents était impliqué dans cette affaire, et avec lui tout un réseau. Ce genre de chose passait difficilement inaperçu, surtout quand on considérait les capacités sensorielles des élites de l’endroit. Quelque chose n’allait pas, et il découvrait maintenant que l’influence méphitique de ses ennemis s’étendait jusqu’au port. Il avait beau remonter chaque tentacule de ce monstre infernal, il ne voyait à chaque fois que l’étalage de ces derniers, innombrables et gluants et avides. Et s’il avait pu au début considérer qu’il était possible que les responsables de la cité aient péché plus par négligence et faiblesse d’esprit que par malveillance, ce scénario lui semblait à chaque seconde qui passait de moins en moins probable. La bête que son camarade et lui chassait pouvait éventuellement se camoufler dans les quartiers nord de la cité, et n’en sortir que pour amener au nobliau qui s’était satisfait des chairs de Kemat sa pitance. Cela, il pouvait l’envisager ; s’il ne pouvait le pardonner, il pouvait le comprendre. Mais qu’il lui soit maintenant révélé que ces misérables avaient enfoncés leurs doigts rapaces jusque dans le port de la cité, qu’il ne se contentait pas d’avancer à couvert et prudemment, mais s’étendaient avec l’appétit téméraire d’il ne savait quel charognard maudit, cela en revanche l’empêchait de penser qu’ils ne bénéficiaient pas d’un soutien actif. Il ne savait pas jusqu’où s’étendait la corruption nécessaire pour faire ainsi entorse aux lois de la cité, mais il savait qu’elle avait plus l’ampleur d’un lac que d’une mare modeste.

Il grogna doucement, et leva la tête au ciel. Les divins ne répandaient aucunement leur halo sanctificateur, ici. Il devait avancer malgré tout, et savoir que la justesse de sa cause et la noblesse de son action ne seraient pas récompensées comme il se devait : après le temps fertile de la vengeance en viendrait un autre, bien moins appréciable. Il commençait maintenant à mieux comprendre comment fonctionnait la cité, et par extension les gens d’ici. Portalia pouvait tolérer ce genre de trafic, de la même manière qu’elle pouvait accepter que les quartiers nord s’affranchissent de la grande majorité de ses lois. C’était pour elle un détail, simplement parce que cela n’avait pas de conséquence trop immédiate ou trop visible, et parce que les gens d’ici étaient fondamentalement incapable de prendre de la hauteur. Mais ce qu’ils allaient faire allait bouleverser l’illusoire confort de l’ordre établi. Ils secouaient la fosse commune, et allaient forcer les habitants de la ville à y mettre leur nez, à s’imprégner de ses effluves. Ils allaient en exhumer une bonne partie, et révéler bon nombre de secrets. Et ce ne serait pas leur action qui leur vaudrait en premier lieu l’ire des forces officielles, mais simplement le fait que nombre d’entre eux seraient impliqués, et que tous allaient devoir faire face à une vérité des plus inconfortable : leur amour de la compromission ne valait que parce qu’il était universellement partagé.

Hypanatoi avait toujours voulu refuser ce genre de chose, et ses tentatives précédentes de se faire conciliant avec les gens d’ici lui apparaissaient maintenant comme aussi stériles qu’avilissante.

Il se retourna vers Derek. Tous les gens d’ici n’étaient pas répugnants. Seulement la plus grande majorité, et il avait devant lui une exception trop rare. Ce dernier le rejoint, le surprenant une fois de plus. Il le savait acquis à sa cause, et loyal et vaillant. Cela n’était plus en question. Mais il semblait même qu’il parvenait maintenant à bien le comprendre, et à démêler ses pensées intérieures. Il avait été assez patient, souffla son compagnon. Il fallait rendre justice. Ses propres pensées se manifestaient dans la bouche de son phyleï, le noble personnage démontrant une fois de plus son caractère intrinsèquement noble. Hypanatoi hocha de la tête dans sa direction, et contempla une dernière fois l’endroit. Il n’y avait plus rien pour personne, ici, et ils venaient de s’assurer que cela soit durablement le cas. Les jeunes femmes secourues avaient sagement choisi d’écouter les conseils de son camarade, et avait profité de la confusion du combat pour s’enfuir. Il aurait aimé pouvoir les interroger, mais il avait de toute façon bien assez de matière. Sa crainte n’était plus maintenant de perdre la piste qu’il remontait, mais simplement de ne pas avoir le loisir de purger tous les terriers qui la jalonnaient avant que ses proies ne comprennent qu’il était temps de fuir.

Il ne doutait aucunement que nombre d’entre elles choisiraient de se regrouper et de leur faire face. C’était stupide. Quand bien même le duo ploierait devant leur assaut, les évènements allaient immanquablement attirer l’attention du grand public. Et c’était celui-là qui comptait ici, avec sa masse amorphe de visages et de corps et bouches braillardes. Il n’était pas certain de comprendre pourquoi, mais il savait que c’était le cas. Se soucier des désirs du bas peuple était une idée bien étrange : ce dernier était incapable de savoir ce qui était bon pour lui. Il sortit de la taverne, ne prêtant aucune attention aux gens qui s’étaient regroupés devant le bâtiment, attirés par le vacarme et l’odeur. Ils étaient peu nombreux, la plupart des habitants des bas-fonds sachant qu’il était plus sage de ne pas s’approcher de ce genre d’évènement, et tous s’écartèrent sur leur passage. Son armure était couverte de sang, tout comme son arme. D’ici quelques heures, le bruit se serait répandu comme une trainée de poudre. Il était donc bon qu’ils aient obtenu de cet endroit l’adresse du port. Cela leur permettrait de frapper un coup fort et décisif avant que leurs adversaires ne puissent se regrouper, et donc de les forcer à réagir autrement qu’en se cachant. Et il était certain de pouvoir là-bas mettre la main sur un registre ou un autre, et de compléter ainsi la piste qu’ils étaient en train de remonter. Il marcha quelque minutes, s’abandonnant brièvement à ses pensées, et presque sans s’en rendre compte, ouvrit la bouche, ses paroles en sortant en un murmure rageux :

« Les réveils, demain seront emplis de clameurs
Prendront sauvagement les couleurs du soleil
Celles dont tu te parais de ton air charmeur
En ignorant de la sagesse le conseil.

Il est tard maintenant, ce soir est une autre heure
Celle des prières scandées dans les lieux clos
Voici la mienne, essentielle à mon bonheur :
Puisses-tu, Portalia, sourire bientôt.

Puisses-tu sourire lors du dernier moment
Tes gens réveillés par les odeurs de fumée
Ton malheur flamboyant comme un rayonnement
Ton désespoir né de tes fautes tant aimées

Puisses-tu sourire lorsque tu iras nue
T'arrachant les cheveux et répandant ta voix
Essaimant derrière toi ton mal contenu
Avec le désespoir comme unique convoi

Puisses-tu sourire, à genoux je t'en t'implore
Quand les chiens maigres dévoreront tes enfants
Quand sur tes sillons salés rien ne fera flore
Quand devant toi l'abysse sera triomphant

Je voudrais te voir sourire, Portalia
Comme ce jour marqué du sceau de l'infamie :
Te parant d'un grand sourire tu t'oublias
Voulus ma confiance et m'appelas "Ami !" »

L’endroit ne se prêtait pas aux arts civilisés, et encore moins à la poésie. Cela faisait longtemps que lui-même n’avait pas travaillé son langage, ou recherché dans l’agencement secret du verbe l’accomplissement esthétique. Et pourtant, maintenant qu’il se trouvait à la croisée de sa nouvelle vie, qu’il s’apprêtait fermement à franchir un seuil décisif, à ne pas revenir de son voyage, il en revenait aux fondamentaux anciens, aux choses bien connues et aux vérités bien établies. Les mots avaient jailli hors de lui sans qu’il ne s’en rende réellement compte, et il ferma rapidement la bouche. Le moment était passé, et il ne restait maintenant plus qu’une chose à faire.

« Il nous faut nous presser, dit-il à son compagnon. »

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 22 Juin - 13:08, édité 2 fois
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Le réseau semblait bien plus étendu qu’on n’aurait pu le penser. Il se tramait clairement quelque chose d’assez gros pour que ça aille jusqu’au port. Sûrement qu’il devait donner des pots de vins à quelques marins ou capitaine de port pour pouvoir faire le marché et trafic sans heurt. Rien que l’idée même de laisser faire un truc pareil, de fermer les yeux sur ce genre de procédés me dégoûtait. Comment pouvait-on traiter des personnes de la sorte ? Qu’elles soient consentantes pourquoi pas, mais je doutais fortement que ce ne soit le cas. L’esclavage et tout autre sorte de choses dans le style, le viol et autres n’étaient pas accepter dans mon ancien monde. J’en avais très vite appris des choses sur ça, que je sois assuré de ne jamais entreprendre une action de la sorte, sinon mon propre père m’aurait tranché en deux sans sommation.

L’honneur de ma famille passait par le respect d’autrui. De ne jamais faire de mal sans une bonne raison. Pour le coup, je trouvais ça normal de tuer tous les enfoirés qui participait à ce projet fou qui avait embarqué Kemat et sûrement bien d’autres avant elle et après elle. C’était donc hors de question de laisser cela se reproduire alors qu’on pouvait faire quelque chose pour que cela change. Un homme doit parfois prendre ses responsabilités quand il est devant ce genre de situation. Si on mettait ce réseau à jour ça allait faire du bruit et on ne serait pas forcément bien vu, mais tant pis. Il fallait parfois se résoudre à enfreindre les règles pour avancer. Sûrement que plusieurs personnes étaient impliquées dans l’autorité de la ville pour que cela arrive. Si on faisait tomber ces gens il allait falloir les remplacer. Mais ce n’était pas notre problème. A un moment il fallait appliquer des solutions. Avoir des dirigeants corrompus ce n’était pas bon pour une cité donc autant faire tomber ceux qui devaient l’être afin de purger un peu la sale race qui salissait Portalia.

Je comprenais qu’il ne voyait pas cette corruption comme une bonne chose. De ce que j’avais compris ce genre de chose n’était pas franchement bien vu dans son monde et était rapidement éradiquer. Sûrement qu’il ne comprenait pas comment Portalia avait pu en arriver là. Malheureusement, la nature humaine y faisait beaucoup. L’appât du gain, la gloire ou ce genre de chose avait tôt fait de corrompre un homme. C’était stupide, mais qui étais-je pour juger, hein ? Je travaillais pour l’argent après tout, même si c’était avant tout pour subvenir à mes besoins. Je me satisfaisais de peu, mais ce n’était pas une excuse. Je me demandais pourquoi je semblais si différent aux yeux de mon ami, mais j’étais content de savoir qu’il avait du respect et de l’estime pour moi par rapport à d’autres.

Il était maintenant temps de se mettre en route et d’éliminer la vermine au port. J’étais fier de pouvoir me tenir aux côtés ‘Hypanatoï dans sa quête de vengeance et de justice pour redorer le blason de son peuple. Pour moi c’était important d’être là et de lui apporter mon aide. De lui faire savoir que j’étais là et que ce n’était pas juste des paroles balancer dans les airs. On finit par quitter la taverne direction le port. Les gens s’étant approché de la taverne s’ouvrèrent comme les flots devant Moïse, une légende que j’avais lu dans l’un des livres d’Harmonie, et une chemin tout tracé nous empruntâmes. On était l’un comme l’autre pleins de sang, mais personne ne nous demanda à aucun moment de rendre des comptes. Au contraire, ils restèrent tous bien silencieux dans leur bulle faisant comme si ce qui s’était passé ici était normal. Sûrement qu’ils se précipiteraient ensuite pour le faire savoir à qui veut bien l’entendre, mais nous serions déjà loin à cet instant précis.

Il nous entonna un poème. Cela lui vint naturellement et c’était beau tout en étant criant de vérité. Portalia serait meilleure une fois que la nuit aurait passé et qu’on l’aurait lavé de ses souillures. Sur le coup, ce sera sûrement effrayant pour certains, mais parfois, les grands moyens doivent être pris pour sauver le plus grand nombre. Acclamés en héros ou rejetés comme meurtriers. Peu importait au final, car on ferait ce que l’on pense juste et nécessaire pour le bien des futurs gens qui pourraient souffrir de ce trafic.

Oui ne perdons pas de temps. On a encore du travail.

Le chemin jusqu’au port fut plus rapide que je ne l’aurais cru malgré le silence ambiant. Il n’y avait pas besoin de dire quoique ce soit. L’un comme l’autre nous étions perdus dans nos pensées restant tout de même vigilant sur notre environnement. Bientôt des entrepôts à perte de vue nous accueillir.

Bon, autant chercher dans une botte de foin…On pourrait peut-être grimper sur un lieu assez en hauteur pour avoir une vue d’ensemble et voir si y a des traces quelconques suspectes ou des gens bizarres ? Ou alors on se tape l’inspection de tous les entrepôts ?

Je regardais un peu les alentours.

Faudrait aussi inspecter chaque bateau amarré afin de voir s’il n’y aurait pas d’autres victimes emprisonnées, non ?

Puis une ombre encapuchonnée apparut non loin en train de s’infiltrer dans un entrepôt non loin regardant autour d’elle voir si elle n’était pas suivie. Comme on était non loin de caisses, de tonneau et autre qui nous cachaient elle ne sembla pas nous remarquer. Mais c’était peut-être un piège ? Après tout, cela n’avait rien de très discret.

Toi aussi tu as vu cela ? J’ai l’impression que c’est trop facile. Un piège peut-être ? Penses-tu qu’ils aient pu avoir vent de ce qu’on a fait dans la taverne ?

Cela semblait rapide, mais ce n’était pas si impossible qu’ils aient également un réseau étendu d’espion après tout. Je me demandais ce qu’Hypanatoï pensait de tout ça et qu’elle action il voulait entreprendre. Mais j’avais presque envie de dire qu’on fonçait dans le tas et qu’on verrait bien, non ? Après tout, la meilleure défense c’était l’attaque.

Je te laisse décider phyleï je te suivrais peu importe ton choix.
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Hypanatoi Konostinos
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Ils sortirent rapidement des quartiers nord, laissant derrière eux ses odeurs de vice et d’abandon. Il n’avait jamais rien eu avec les épaves humaines qui s’échouaient dans ce genre de bouge, et ne voulait pas prolonger plus longtemps que nécessaire sa venue ici. S’il était capable de retenir aussi longtemps que nécessaire sa respiration, le temps que Derek et lui finisse d’épurer les bancs des nettoyeurs de cadavres, cela ne rendait pas son apnée plaisante. Il ne voyait plus les couleurs. Elles perdaient un peu plus de leur signification pour lui chaque jour. Il pouvait se rappeler que l’on comparait les cheveux de sa mère aux feuilles d’un olivier un après-midi d’été, et les yeux de son père au ciel qui les regardait avec un bonheur toujours renouvelé. Il n’était plus sûr de ce que cela voulait dire. Il savait que cela n’avait jamais décrit la relation qui existait entre ses deux géniteurs, mais il n’était plus certain de pouvoir retrouver, même en se concentrant, les couleurs des pentes de son domaine familial. Il se rappelait de leur chaleur. Il se souvenait des odeurs des plantations. Du gout du vin résiné et des tranches fines de mouton sur le pain au miel et à l’huile. Mais la couleur de l’océan qui régissait contre les brisants en contrebas de leur demeure lui échappait. Celles des lèvres de sa première amante aussi. Des termes aussi simples que beau et laid voyaient leurs sens transformés, et d’autres encore perdaient entièrement leur sens. Il savait ce processus inévitable. Il était normal, et avait démarré à l’instant même où son frère juré avait passé le couteau rituel sur ses yeux.

Il ne voulait simplement pas qu’il soit pourri parce ce que pouvait faire cet endroit à son peuple. Les indolents d’ici étaient souvent prompt à le voir comme une brute. Il le savait. Certains le lui disaient. D’autres le lui faisaient comprendre. Il ne leur en voulait pas. Il pouvait comprendre que son rapport à la violence soit différent du leur, et ce n’était pas cela qui le rendait aussi amer, qui faisait naître en lui une détestation aussi viscérale de la cité. C’était que malgré tous leurs grands discours, dont tous ici aimaient se gaver, malgré la très belle et haute opinion que tous avaient d’eux-mêmes, il n’avait jamais vu une telle acceptation de la misère, qu’elle soit évidente comme à l’endroit qu’ils venaient de quitter, ou qu’elle soit du domaine de l’esprit et de l’âme. Moins tangible, mais tout aussi réel. Tout ici n’était que surface, et rien n’était réellement traité en profondeur. C’était écœurant, presque autant que l’enthousiasme maniaque des gens qui voulaient voir ce système perdurer.

Il grogna doucement, et laissa un silence amical s’installer entre lui et Derek. Ils pouvaient se montrer bons et méritants, il le savait. Il en avait sous les yeux la preuve. Le seul problème était qu’il ne le faisait pas. Il ne comprenait pas pourquoi. Il avait beau y réfléchir, il ne parvenait pas à comprendre pourquoi. Il suffisait de faire. De se lever, et de faire. Peut-être ces êtres étaient-il simplement un peuple éternellement assis. Peut-être avaient-ils besoin que l’on rende leurs sièges inconfortables. Derek lui désigna une personne qui s’engageait dans un entrepôt. Elle avait visiblement l’ai suspect, et il lui offrit plusieurs options, acceptant encore une fois de s’en déférer à son avis. Une telle fidélité était touchante, et il savait que s’en montrer digne allait demander de considérables efforts. C’était heureusement ce qu’il savait faire de mieux. Il considéra ses options. Si sauver les prisonniers des navires ne l’intéressait pas, démanteler des outils aussi précieux était en revanche particulièrement précieux. Ils n’avaient tout simplement pas réellement les moyens d’inspecter chaque navire un par un dans des délais raisonnables. C’était là une opération massue, et ils avaient entre les mains la pointe acérée d’un carreau d’arbalète. Ils devaient se faire incisifs, rapides et décisifs. Inventorier des cargos et écumer des journaux de bord à la recherche d’irrégularités n’était pas la bonne voie.

Aussi suspecte que soit la silhouette pointée par son compagnon, le fait restait qu’elle venait de rentrer dans l’entrepôt que leur avait désigné l’homme qu’il avait interrogé. Et il avait écouté sa voix, s’était penché tout contre lui après s’être assuré qu’il ne puisse pas lui mentir. Il avait une totale confiance en ce renseignement.

« Si c’est un piège, il aura été orchestré à la hâte. Nous marchons. »

Si c’était un piège, il voulait s’y jeter. Il voulait voir ce qu’une défense organisée de ses adversaires pouvait signifier. Si c’était un piège, cela voulait dire que leurs ennemis y avaient jeté leurs ressources, et que surpasser leurs efforts les plongerait dans la crainte et l’appréhension. Et il voulait les voir réduit à cet état de bêtes apeurées. Il voulait qu’ils comprennent petit à petit ce qui s’approchait d’eux, et tout ce que son arrivée comportait d’inéluctable. Moins plaisant mais plus pragmatique sans doute, il savait aussi qu’il n’avait pas affaire à des gens qui avaient l’habitude qu’on puisse leur résister. Leur faire comprendre qu’ils avaient été tirés jusqu’à ce terrain inconnu leur ferait faire des erreurs. Et ces erreurs les rendraient visibles. Derek et lui avaient remonté la majeure partie de la piste, et ils ne leur restaient plus que quelques éléments pour la compléter et enfin dévoiler les noms des véritables coupables.

L’entrepôt n’était pas gardé, du moins pas à l’extérieur. Poster une sentinelle aurait sans doute attiré l’attention des autorités légitimes. Ironie du sort, l’alarme qu’elle aurait pu lever aurait sans doute été pour eux salvatrice, en leur laissant le temps de s’enfuir. Arrivant devant la porte d’un pas rapide, il ne s’arrêta presque pas, se contentant de lever devant lui la jambe pour l’enfoncer. Elle ne s’ouvrit pas tant qu’elle gicla hors de ses gonds, et son œil intérieur prit rapidement la mesure de ce qui se dressait maintenant devant lui. Une dizaine seulement d’individus, qui formaient devant eux des rangs serrés, et derrière eux une silhouette encapuchonnée. Derek avait bien eu raison : ils avaient en ce moment le privilège délicieux d’être tombé dans un piège.

« Vous auriez dû convoquer plus de monde, remarqua-t-il simplement alors que le bruit des débris qui retombaient au sol finissait de résonner. »

Il n’attendit pas de réponse de leur part. Le temps des paroles n’était pas encore revenu, et le labeur de sa justice demandait à être accompli. Il se jeta sur l’individu le plus proche de lui, le croissant acéré qui surplombait son arme dessinant dans la direction de ses jambes un arc-de-cercle vrombissant.
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