Fly Away ~ PV Gryphon

Oh il se sentait particulièrement chanceux oui. Chanceux d'être né avec des ailes. Chanceux d'être fait pour s'élever en direction du ciel. Chanceux de pouvoir avoir l'impression d'aller toucher les nuages, même s'il n'avait jamais réellement su aller aussi haut. Mais ça n'avait pas d'importance pour lui non. Il pouvait prendre de l'altitude, sentir le vent glisser dans ses plumes, voir le monde depuis les hauteurs malgré sa petite taille, et c'était bien tout ce qui l'importait, en vérité.
Le Moineau prenait donc souvent le temps, le matin, pour profiter des airs, du monde qui se réveillait au rythme du soleil. Il prenait le temps pour écouter la nature, pour écouter les autres oiseaux commencer à chanter en l'honneur de l'astre du jour. Et puis aussi pour voir la ville alors qu'elle ne commence qu'à peine à sortir de sa torpeur. C'était aussi un de ces petits plaisirs, ça. Voir la vie reprendre son cours au milieu des rues, des marchés matinaux... ça lui connait l'impression de vivre un moment en dehors du temps.

Piou profitait de la vie. Et avec son passage par le portail, il avait l'impression de pouvoir profiter bien plus encore qu'il ne l'avait fait auparavant, sans s'inquiéter de ce que pourrait être le lendemain. Il ne manquait de rien. Ni d'eau, ni de nourriture. Il avait un abris où passer ses nuits en toute sécurité, et c'était fait des amis qui lui étaient devenue chère à son cœur.
Et puis il y avait eut ce don que l'Ordre lui avait offert. Le pouvoir de faire pleuvoir ou de faire souffler le vent. Pouvoir qui lui donnait encore plus l'impression que le ciel était devenue son domaine. Et qui lui faisait croire que plus tard, il pourrait peut-être avoir la main mise -ou plutôt l'aile mise- sur la météo dans sa globalité. Que peut-être plus tard, ce serait sur les vrais nuages, la vrai pluie, et le vrai vent qu'il aurait tout pouvoir. Que peut-être plus tard, il serait celui qui permettrait de garantir le beau temps pour les fêtes, de garantir la bonne quantité d'eau pour les cultures. Voir à souffler les intrus qui souhaiteraient faire du mal aux populations civils qui tentaient de vivre dans cet étrange monde.

Et pour ce Don, Piou était plus que reconnaissant envers l'Ordre.

La seule véritable conséquence de tout ça, c'était son appétit qui avait augmenté. Chose que le Moineau n'avait pas spécialement capté. Mais probablement que les gens qui le connaissaient c'étaient bien rendu compte qu'il mangeait deux fois plus qu'un autre membre de son espèce. Il faut dire que l'utilisation de son essence était énergivore. Couplé au fait que le vol était une caractéristique tout aussi énergivore.... Mais bon. Le Moineau était loin de s'en plaindre, et malgré tout, ça ne faisait pas non plus de lui un ogre.
Enfin. Ce jour là donc, il avait prit les airs comme chaque jours. Pour profiter du vent matinal, pour profiter de ce moment hors du temps. Pour s'amuser à voir parfois, d'autres créatures ailés qui profitaient de cet instant. Puis, lorsque la matinée fut bien entamé, il finit par revenir aux niveaux de la campagne. Il savait qu'il avait encore du temps devant lui, avant de rentrer vers Midi pour embêter Mary lors de son repas.

Alors prit dans son élan, dans sa motivation du jour, le Moineau prit la décision de s'entrainer un peu avec son pouvoir. La pluie, il savait faire. Il la faisait tomber pour les plantes de Mary d'ailleurs, parfois pour d'autres agriculteurs s'il le fallait. A la limite de son stock d'essence. Mais le vent lui.... Il restait compliqué pour le volatile. Il n'arrivait pas à bien gérer son intensité. Ni même à se rendre compte de ses limites. Et il savait que c'était en soit, un problème. Alors il voulait continuer de s'entrainer. Le seul soucis qu'il ne prit pas en compte, c'est que s'il s'épuisait trop, il n'y avait personne pour l'aider.
Piou prit donc de l'altitude. Se disant qu'en étant en haut, il n'embêterait personne. Il tenta de souffler une première bourrasque face à lui. Un peu trop puissante à son gout d'ailleurs. Mais soit. Alors il retenta pour descendre la puissance mais laissa échapper qu'une toute petite brise.
Bien loin de se découragé, le volatile continua sur sa lancé, créant d'autre courant d'air en tentant d'en contrôler la force. Et ce.... Jusqu'à ce qu'un vent naturel ne vienne le secouer un peu.

Trop concentré sur son entrainement qu'il venait de s'imposer, le Moineau perdit un instant sa portance avant de se récupérer, venant se poser sur les branches d'un arbre. Un peu essoufflé, il tâcha de se reprendre alors qu'il laissait son regard observer le ciel....

- .......... Mais..... Mais oui, peut-être que je peux accélérer mon vol avec mon propre vent ???

Dans sa tête, c'était une bonne idée. Une très bonne idée même. Oubliant un instant que sa maitrise de la puissance de l'élément était encore loin d'être ça. Ce fut donc à ce moment précis, après avoir déjà prit une décision pas particulièrement raisonnable, qu'il en prit une autre qui l'était encore moins....Alors, après avoir récupéré son souffle et s'être reposé un peu, il quitta son perchoir pour reprendre de l'altitude, sans vraiment vérifier ce qu'il y avait autour de lui. Puis, lorsqu'il se senti prêt, il regarda derrière lui pour venir créer une bourrasque qui se voulait "correcte" pour tenter d'accélérer son vol.

Sauf que.... La puissance qu'il y mit était bien supérieur à ce qu'il avait prévue, venant se mélanger à une bourrasque qui n'était clairement pas de son fait. Et n'étant pas prêt pour une bourrasque de cet acabit, il se fit clairement soufflé. Piou laissa échapper un Piaillement de surprise alors qu'il valdinguait il ne savait où. Situation qui eut tôt fait de couper la bourrasque qu'il avait envoyé évidement... Mais alors qu'il tentait de récupérer son équilibre et stabiliser son vol.... Son petit corps vint percuter quelque chose d'autres. "Chose" qu'il finit par rapidement identifier comme étant un être vivant...

- Oh.... AH ! DESOLE ! C'ETAIT PAS VOULUT ! - S'il avait commencé à paniquer sur le coup, à l'idée d'avoir embêté quelqu'un malgré les précautions qu'il avait tenté de prendre, il parvint à se calmer rapidement - Je t'ai pas fait mal quand même ???

Le vieil homme voguait sur les chemins des Alentours. Il se rendait bien souvent en ces régions éloignées du faste urbaines de Portalia. C’était un endroit où il pouvait embrasser sa forme originale, celle d’une créature hybride que l’on appelait griffon.
Sous cette forme, le massif vétéran prenait bien de la place, et la majorité des infrastructures portaliennes se retrouvait bien souvent trop petite pour son gabarit.
Il profitait de ces courtes escapades pour se faire plaisir. Il se baignait dans les lacs, car là où sa peau humaine était devenue frileuse, ses épaisses plumes lui permettaient de conserver sa chaleur. Sa forme de griffon avait cependant quelques inconvénients, d’abord, le nombre dos et de muscle plus important sous cette forme rappelait au vieil homme qu’il avait de nombreux rhumatismes après ces années de retraite.
De plus, cette forme n’était vraiment pas pratique pour dormir, même à l’extérieur. Ce fut après un long bâillement que Gryphon reprit sa forme humanoïde de semi-géant. Le changeforme fit tourner les muscles pour vérifier que tout était en place avant de reprendre la marche.  
Il comptait alors reprendre le chemin de sa maison. Faire une sieste, râler sur cette jeunesse qui se relâche, faire des mots croisés, puis soulever une demi-tonnes de fonte pour garder la forme… ce genre de chose que font les pluri-centenaires à la retraite.  

C’est alors qu’il ressentit comme un picotement dans son dos. Quelque chose l’avait percuté à grande vitesse. Quelque chose de petit, mais de suffisamment rapide pour échapper à la vigilance du vétéran. Ça, où alors son sens du danger avait rendu l’âme avant lui. C’était une possibilité qu’on ne pouvait guère écarter.

Une petite voix se fit alors entendre. Le vieil homme regarda autour de lui. Sa première pensée était qu’il avait affaire à un enfant ayant mal jaugé son lancer de caillou. Chose qui arrive plus souvent qu’on ne le pense.
Mais rien du tout. Un spectre ? Se questionna le vétéran. Mais il aperçut un petit moineau parler lorsque ce dernier s’enquit de son état.

« Oh, oh, oh, oh… » Rit le vieil homme.

Il comprit qu’il s’agissait probablement d’un de ces animaux conscients. Et une petite bête bien aimable.  

« Ne t’en fais pas, p’tit. Il en faudra bien plus pour m’envoyer dans l’cercueil. »

Bon, après, un autre petit vieux aurait sans doute canner vu la vitesse de l’oiseau, pensa Gryphon.

« Mais toi, mon p’tio, ça va ? J’t’ai pas entendu arriver, tu as dû faire une sacrée descente pour t’prendre mon dos. »

Le vieil homme contempla le ciel. Bleu et vaste, comme un océan infini. Le domaine âprement disputé des griffons et des dragons en Gandéron.  Ici, à Portalia, c’était plutôt une route comme une autre pour de nombreux aventuriers.
Quoiqu’il en soit, le vieil homme se prit d’une envie singulière de conversation. Ce petit être amical semblait être un bon partenaire de papote. Il enfonça la main dans sa besace (car il est toujours bon de sortir avec une besace), pour en jaillir un cookie.

« Tient, prend ça. » ne sachant si la créature picorait comme ces semblables ou s’il usait d’autre manière pour manger, il se contenta d’attendre, le cookie dans la main, en direction de l’étrange individu.

C'est donc après avoir posé la question et reprit ses esprits qu'il se rendit compte à qui il avait à faire. Il avait face à lui, ce qui semblait être un vieil homme de grande taille. Très grande taille d'ailleurs. Le petit Moineau fut d'abord impressionné par l'inconnu avant d'oublier rapidement tout ça lorsque celui-ci le questionna sur son propre état. Est-ce qu'il allait bien ?
Piou se remit rapidement sur ses petites pattes et vérifia chacune de ses articulations. Bon, il avait un peu de douleur dans les ailes mais ça... Ce n'était rien de bien grave, il connaissait, il avait probablement trop tiré sur ses muscles. Mais ça passerait. Le plus important là tout de suite, c'était qu'il était conscient et capable de réagir. Alors tout allait bien non ?

- Je vais bien, je vais bien ! J'ai déjà connu pire dans mon monde. Je me suis prit une vitre une fois, j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillé, j'étais dans un carton. Heureusement, les gens m'ont relâché quand j'allais mieux. Mais bon, du coup je suis ici, je parle, je bouge, j'ai rien de cassé, je ne suis pas dans un carton, alors tout va bien !

Et il lâcha un petit piaillement de contentement.

Ceci dit, c'était vrai qu'il avait fait une sacrée chute l'air de rien. Lui-même n'arrivait pas bien à comprendre comment il pouvait encore être entier. Enfin il fallait bien dire qu'il n'avait pas non plus bien comprit comment il avait put se relever après le vol plané à l'orphelinat.... D'ailleurs, si sur le coup il n'y avait pas vraiment réfléchit, mettant ça sur la chance, ça commençait quand même à faire bizarre qu'il ait put s'en sortir aussi bien une deuxième fois...

- Oui... J'étais haut. Enfin, haut... Les grands oiseaux volent plus haut que moi, mais j'étais quand même haut. J'ai voulu essayer un truc avec le vent mais ça a un peu mal tourné. Hm. Il va falloir que retente ça. Enfin. Je sais pas. J'ai de la chance d'être encore en un morceau. Mais c'est la deuxième fois que je vole comme ça, alors... Je suis peut-être plus solide qu'avant ?

Sur le coup, il eut des étoiles plein les yeux en se disant qu'il pourrait essayer d'autre truc, avant de secouer la tête. C'était peut-être pas une bonne idée finalement... Quoi qu'il en soit il pensait qu'il allait pouvoir accélérer ses mouvements s'il jouait  bien avec tout, oubliant un instant qu'à la base... Sa météo n'avait aucun effet sur lui. La situation actuelle avait au final été causé par cette rafale naturelle qu'il n'avait absolument pas anticipé....

Son regard brilla de mille feux lorsque l'étranger lui tendit un cookie en tout cas. Après tout ces exercices, c'était là un petit repas bien mérité. Sans attendre, il s'envole donc pour se poser sur la main du géant.

- Merci ! Il est super grand ton cookie ! Il y a le fermier avec qui je travail d'habitude qui en fait parfois. Mais ils sont plus petit. Enfin, ça reste toujours grand pour moi de toute façon. - Il piaille de rire et vient picorer un peu du coup, histoire de calmer son estomac qui c'était rappelé à lui, à la vision de la friandise - Au faites, moi c'est Piou ! Désolé de t'avoir percuter encore hein. J'essaie de pas déranger quand je m'entraine, mais c'est un peu compliqué des fois. j'ai du mal à bien doser les choses. Même si, je dose déjà mieux qu'avant. La dernière fois j'ai fait pleuvoir tellement fort que Mary était trempée jusqu'aux os ! Bon au moins, ça a retiré les fientes des autres oiseaux de ces cheveux. Il faudrait peut-être que je vois pour les empêcher de recommencer, parce que c'est un peu agaçant d'en avoir plein les pattes après..... - Il fut particulièrement pensif pendant quelques secondes, avant de regarder de nouveau son vis à vis - Enfin, ça va, comme je suis tout petit, et tout léger, j'imagine que ça doit pas être... enfin, peut-être à cause du bec remarque, mais j'imagine que je dois pas faire trop mal, si ?

Et il finit par pencher la tête sur le côté, en attendant la réponse....