Hypanatoi Konostinos
Manticore - Aventurier
Bronze
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- Date d'inscription :
- 17/11/2021
- Gils :
- 27976
- Disponibilité Rp :
- Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
- Messages :
- 883
- Métier :
- Aventurier
- Couleur d'Essence :
- Rouge
- Familia :
- /
- Style d'Arme :
- Lance longue
- Rang :
- Obsidienne @@@@@
- Puissance d'Essence :
- 45627
Une journée de plus à Portalia. Une journée simple, qui devait s’ajouter à la pile amorphe de toutes les journées de cet acabit. Il s’était levé. Avait passé contre ses paupières les huiles du matin. Avait procédé à ses ablutions. L’eau froid, puis le reste des huiles avaient purgé son corps des lambeaux de la nuit, de ses odeurs et de sa fatigue, avant qu’il ne racle sa peau épaisse avec la lame émoussée qui lui servait sur ce monde de strigile. Il avait médité, ensuite, devant l’autel lissé par le sang des multiples sacrifices, les herbes sacrées dans leur brûloir purifiant l’air de ses poumons. Il avait procédé à ses exercices matinaux, alors qu’enfin le soleil réchauffait la cour intérieure de son logis. Puis, il avait passé son armure, et équipé son arme, et était sorti. Il avait eu, aujourd’hui, à accomplir une énième mission pour la guilde, accompagnant un personnage subalterne dans une aventure à l’enjeu limité. La chose s’était passée sans encombre : tous avaient rapidement compris que l’esprit du jour ne serait pas à la conversation joyeuse et au tissage de nouvelles amitiés déjà indéfectibles.
Enfin, il avait passé en sens inverse le portail, les particules de son corps s’anéantissant pour se matérialiser de nouveau sur la place centrale de Portalia. Il avait rendu son rapport, et avait brièvement contemplé son existence.
Ses anciens compagnons d’armes, ses précepteurs et ses parents se seraient ris de lui, s’ils avaient pu le voir. Ou bien ils lui auraient craché au visage. Ce monde avait de ces façons de l’éroder, lentement, insidieusement, sans oser faire trop de bruit. Grognant doucement, il posa une main ganté sur son casque, détachant les attaches qui le fixaient au reste de son armure, et l’accrocha à sa taille, avant de faire de même avec ses gants, puis de passer vigoureusement sur sa face des mains moites de sueur, une fois, puis deux. Ne trouvant pas dans ce geste la satisfaction attendue, il recommença, plus fort, la peau épaisses de ses paumes brûlant sur son passage la sueur collée sur sa face. Se contentant finalement d’un résultat mitigé, il se dirigea loin de la place, fendant en ligne droite la foule épaisse qui encombrait celle-ci. Il aurait pu se diriger chez lui, mais même cet endroit était une illusion.
Il l’avait organisé comme une demeure respectable de son monde. En son sein trônait un autel consacré selon les rites ancestraux aux divins. Les tables et les chaises de la salle à manger demandaient que l’on mangeasse allongé. Il y possédait un bassin peu profond, et un plus grand, pour y ses rites d’hygiène. Maints autres détails correspondaient à ce qui lui avait interdit quand le dieu bicéphale de cette terre maudite l’avait arraché à la sienne. Mais sa demeure était une coque vide. Un moyen de ne pas se retrouver entièrement immergé dans la fange locale.
Il n’avait pas ce soir particulièrement hâte d’y retourner, et n’avait pas non plus de raison de poursuivre immédiatement sa quête de vengeance. Les indices qu’il avait rassemblé sur les gens responsables des sévices endurés par Kemat l’approchaient si près de son but, mais l’enjoignaient aussi à la plus grande prudence. Il devait attendre. Faire preuve de patience. Il avait mis en oeuvre les moyens nécessaires, et agir aurait été contre-productif.
Il était, somme toute, entièrement désœuvré. Optant après quelques minutes de marche et de contemplation pour l’étal d’un vendeur qui haranguait le chaland, promettant une nourriture copieuse et appétissante, il s’assit sur l’un des tabourets hauts qui lui faisait face.
« Bonne soirée, lui fit ce dernier. J’vous sers quelque chose ? »
Hypanatoi se retint d’aboyer une répartie mordante, se contentant brièvement de pointer ses yeux aveugles d’un geste rapide du doigt.
« En bonne quantité, et d’aussi bonne qualité que tu peux me fournir. »
Posant ses coudes sur le comptoir qui lui faisait face, il appuya son menton sur ses deux pouces joints, et forma une pyramide de ses doigts restants, enfonçant sa bouche et son nez à l’intérieur.
« Portalia, Portalia, Portalia... grogna-t-il à demi-voix, l’invocation du nom tant honni teintant la voix qui sortait inconsciemment de lui d’un reproche franc et entier.»
Sans prêter attention aux clients qui se trouvaient à côté de lui, il s’abandonna à ses pensées. Il essayait en temps de s’en tirer : son esprit avait trop souvent tendance à le noyer sous le rythme effréné de son dialogue intérieur. Mais ce soir, il n’avait pas mieux à faire, et il avait besoin de trouver une mesure de réconfort. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ses ruminations habituelles pourraient sans doute produire cet effet.
Car de la même qu’il se connaissait une tendance à la mélancolie et aux humeurs maussades, il savait aussi que rien n’insufflait le même plaisir mauvais que les vision familières qu’il se faisait du futur de la cité.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 7 Fév - 11:02, édité 1 fois
Enfin, il avait passé en sens inverse le portail, les particules de son corps s’anéantissant pour se matérialiser de nouveau sur la place centrale de Portalia. Il avait rendu son rapport, et avait brièvement contemplé son existence.
Ses anciens compagnons d’armes, ses précepteurs et ses parents se seraient ris de lui, s’ils avaient pu le voir. Ou bien ils lui auraient craché au visage. Ce monde avait de ces façons de l’éroder, lentement, insidieusement, sans oser faire trop de bruit. Grognant doucement, il posa une main ganté sur son casque, détachant les attaches qui le fixaient au reste de son armure, et l’accrocha à sa taille, avant de faire de même avec ses gants, puis de passer vigoureusement sur sa face des mains moites de sueur, une fois, puis deux. Ne trouvant pas dans ce geste la satisfaction attendue, il recommença, plus fort, la peau épaisses de ses paumes brûlant sur son passage la sueur collée sur sa face. Se contentant finalement d’un résultat mitigé, il se dirigea loin de la place, fendant en ligne droite la foule épaisse qui encombrait celle-ci. Il aurait pu se diriger chez lui, mais même cet endroit était une illusion.
Il l’avait organisé comme une demeure respectable de son monde. En son sein trônait un autel consacré selon les rites ancestraux aux divins. Les tables et les chaises de la salle à manger demandaient que l’on mangeasse allongé. Il y possédait un bassin peu profond, et un plus grand, pour y ses rites d’hygiène. Maints autres détails correspondaient à ce qui lui avait interdit quand le dieu bicéphale de cette terre maudite l’avait arraché à la sienne. Mais sa demeure était une coque vide. Un moyen de ne pas se retrouver entièrement immergé dans la fange locale.
Il n’avait pas ce soir particulièrement hâte d’y retourner, et n’avait pas non plus de raison de poursuivre immédiatement sa quête de vengeance. Les indices qu’il avait rassemblé sur les gens responsables des sévices endurés par Kemat l’approchaient si près de son but, mais l’enjoignaient aussi à la plus grande prudence. Il devait attendre. Faire preuve de patience. Il avait mis en oeuvre les moyens nécessaires, et agir aurait été contre-productif.
Il était, somme toute, entièrement désœuvré. Optant après quelques minutes de marche et de contemplation pour l’étal d’un vendeur qui haranguait le chaland, promettant une nourriture copieuse et appétissante, il s’assit sur l’un des tabourets hauts qui lui faisait face.
« Bonne soirée, lui fit ce dernier. J’vous sers quelque chose ? »
Hypanatoi se retint d’aboyer une répartie mordante, se contentant brièvement de pointer ses yeux aveugles d’un geste rapide du doigt.
« En bonne quantité, et d’aussi bonne qualité que tu peux me fournir. »
Posant ses coudes sur le comptoir qui lui faisait face, il appuya son menton sur ses deux pouces joints, et forma une pyramide de ses doigts restants, enfonçant sa bouche et son nez à l’intérieur.
« Portalia, Portalia, Portalia... grogna-t-il à demi-voix, l’invocation du nom tant honni teintant la voix qui sortait inconsciemment de lui d’un reproche franc et entier.»
Sans prêter attention aux clients qui se trouvaient à côté de lui, il s’abandonna à ses pensées. Il essayait en temps de s’en tirer : son esprit avait trop souvent tendance à le noyer sous le rythme effréné de son dialogue intérieur. Mais ce soir, il n’avait pas mieux à faire, et il avait besoin de trouver une mesure de réconfort. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ses ruminations habituelles pourraient sans doute produire cet effet.
Car de la même qu’il se connaissait une tendance à la mélancolie et aux humeurs maussades, il savait aussi que rien n’insufflait le même plaisir mauvais que les vision familières qu’il se faisait du futur de la cité.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 7 Fév - 11:02, édité 1 fois
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Mar 3 Oct - 12:57