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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLa Soif (Allys) (Terminé) EmptyLa Soif (Allys) (Terminé)

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Une journée de plus à Portalia. Une journée simple, qui devait s’ajouter à la pile amorphe de toutes les journées de cet acabit. Il s’était levé. Avait passé contre ses paupières les huiles du matin. Avait procédé à ses ablutions. L’eau froid, puis le reste des huiles avaient purgé son corps des lambeaux de la nuit, de ses odeurs et de sa fatigue, avant qu’il ne racle sa peau épaisse avec la lame émoussée qui lui servait sur ce monde de strigile. Il avait médité, ensuite, devant l’autel lissé par le sang des multiples sacrifices, les herbes sacrées dans leur brûloir purifiant l’air de ses poumons. Il avait procédé à ses exercices matinaux, alors qu’enfin le soleil réchauffait la cour intérieure de son logis. Puis, il avait passé son armure, et équipé son arme, et était sorti. Il avait eu, aujourd’hui, à accomplir une énième mission pour la guilde, accompagnant un personnage subalterne dans une aventure à l’enjeu limité. La chose s’était passée sans encombre : tous avaient rapidement compris que l’esprit du jour ne serait pas à la conversation joyeuse et au tissage de nouvelles amitiés déjà indéfectibles.

Enfin, il avait passé en sens inverse le portail, les particules de son corps s’anéantissant pour se matérialiser de nouveau sur la place centrale de Portalia. Il avait rendu son rapport, et avait brièvement contemplé son existence.

Ses anciens compagnons d’armes, ses précepteurs et ses parents se seraient ris de lui, s’ils avaient pu le voir. Ou bien ils lui auraient craché au visage. Ce monde avait de ces façons de l’éroder, lentement, insidieusement, sans oser faire trop de bruit. Grognant doucement, il posa une main ganté sur son casque, détachant les attaches qui le fixaient au reste de son armure, et l’accrocha à sa taille, avant de faire de même avec ses gants, puis de passer vigoureusement sur sa face des mains moites de sueur, une fois, puis deux. Ne trouvant pas dans ce geste la satisfaction attendue, il recommença, plus fort, la peau épaisses de ses paumes brûlant sur son passage la sueur collée sur sa face. Se contentant finalement d’un résultat mitigé, il se dirigea loin de la place, fendant en ligne droite la foule épaisse qui encombrait celle-ci. Il aurait pu se diriger chez lui, mais même cet endroit était une illusion.

Il l’avait organisé comme une demeure respectable de son monde. En son sein trônait un autel consacré selon les rites ancestraux aux divins. Les tables et les chaises de la salle à manger demandaient que l’on mangeasse allongé. Il y possédait un bassin peu profond, et un plus grand, pour y ses rites d’hygiène. Maints autres détails correspondaient à ce qui lui avait interdit quand le dieu bicéphale de cette terre maudite l’avait arraché à la sienne. Mais sa demeure était une coque vide. Un moyen de ne pas se retrouver entièrement immergé dans la fange locale.

Il n’avait pas ce soir particulièrement hâte d’y retourner, et n’avait pas non plus de raison de poursuivre immédiatement sa quête de vengeance. Les indices qu’il avait rassemblé sur les gens responsables des sévices endurés par Kemat l’approchaient si près de son but, mais l’enjoignaient aussi à la plus grande prudence. Il devait attendre. Faire preuve de patience. Il avait mis en oeuvre les moyens nécessaires, et agir aurait été contre-productif.

Il était, somme toute, entièrement désœuvré. Optant après quelques minutes de marche et de contemplation pour l’étal d’un vendeur qui haranguait le chaland, promettant une nourriture copieuse et appétissante, il s’assit sur l’un des tabourets hauts qui lui faisait face.

« Bonne soirée, lui fit ce dernier. J’vous sers quelque chose ? »

Hypanatoi se retint d’aboyer une répartie mordante, se contentant brièvement de pointer ses yeux aveugles d’un geste rapide du doigt.

« En bonne quantité, et d’aussi bonne qualité que tu peux me fournir. »

Posant ses coudes sur le comptoir qui lui faisait face, il appuya son menton sur ses deux pouces joints, et forma une pyramide de ses doigts restants, enfonçant sa bouche et son nez à l’intérieur.

« Portalia, Portalia, Portalia... grogna-t-il à demi-voix, l’invocation du nom tant honni teintant la voix qui sortait inconsciemment de lui d’un reproche franc et entier.»

Sans prêter attention aux clients qui se trouvaient à côté de lui, il s’abandonna à ses pensées. Il essayait en temps de s’en tirer : son esprit avait trop souvent tendance à le noyer sous le rythme effréné de son dialogue intérieur. Mais ce soir, il n’avait pas mieux à faire, et il avait besoin de trouver une mesure de réconfort. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ses ruminations habituelles pourraient sans doute produire cet effet.

Car de la même qu’il se connaissait une tendance à la mélancolie et aux humeurs maussades, il savait aussi que rien n’insufflait le même plaisir mauvais que les vision familières qu’il se faisait du futur de la cité.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 7 Fév - 11:02, édité 1 fois
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descriptionLa Soif (Allys) (Terminé) EmptyRe: La Soif (Allys) (Terminé)

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Elle en était à son combientième jour sur ce monde-là ? Huit ? Plus le temps passait et pourtant moins elle ne trouvait de sens à son existence. C'est qu'elle avait beaucoup d'informations dérangeantes à assimiler et l'ombre de sa propre personne planait de plus en plus lourdement sur sa tête. Se comparer à soi-même, à une version de son être que l'on n'a pas - ou ne se rappelle pas - avoir vécu, c'est étrange, rageant et angoissant. Qu'avait-elle fait pour mériter une situation pareille, ce n'était pas déjà suffisant de la catapulter dans un autre monde ?!

Au moins, sa seule consolation avait été de tomber dès le deuxième jour sur la seule personne capable de lui apporter des réponses sur les visions qui embrument son esprit par moment. Ça et le fait de pouvoir exercer son art en étant grassement rémunérée et avoir la chance d'être logée. Franchement, si on lui avait dit qu'elle tomberait sur un fantôme du passé riche comme Crésus, elle n'y aurait pas cru. Et pourtant… Allys vivait littéralement dans un manoir immense pourvu d'un personnel long comme le bras. Le luxe d'une princesse en échange de s'occuper d'objets mécaniques, insensé n'est-ce-pas ?

La cendrée se trouvait pourtant en plein centre-ville ce jour-là. Dans l'idée, elle était partie s'acheter du matériel mais il s'agissait surtout de s'enfuir quelques heures. La jeune femme ne se sentait pas à sa place. Elle avait ce sentiment horrible d'être une imposture. Toutes ces choses que Hex avait gardées, ces objets que cette Allys du passé avait créés, ces robes qu'elle avait portées et ce regard qu'il lui adressait parfois… L'ingénieure n'était pas vraiment Elle. A chaque fois la jeune blonde faisait comme si ça ne lui faisait rien mais pourtant ça lui retournait les entrailles.

Alors voilà où elle en était. Avançant à pas lents, sa jambe gauche la faisant boiter à chaque foulée. Elle avait le nez en l'air, observant sans vraiment y prêter attention les étals marchands. Il faisait encore beau et l'air était sec malgré l'heure tardive. Allys avait attaché ses cheveux en une longue natte et portait un chemisier à col bardot aux teintes claires. La tenue restait légère mais le soleil persistant gardait sa peau réchauffée. Elle pourrait flâner encore un moment avant de rentrer.

C'est au détour des étales de nourriture que l'ingénieure s'anime finalement. Les odeurs de nourriture titillant son nez et faisant gronder son ventre vide. Soudainement intéressée, la cendrée avait donc observé avec plus d'attention les mets alléchants et avait fini par s'arrêter à l'un d'eux pour commander boisson et plat. Elle était d'ailleurs en train de siroter un excellent jus de cranberry, citron vert et rehaussé d'une pointe de rhum ambré lorsqu'un homme vêtu d'une lourde armure s'était posé à côté d'elle, l'air abattu et surtout marmonnant le nom de la ville avec une animosité palpable. Amusée et curieuse, elle décida de participer au monologue de l'inconnu.

« Attention, au bout de sept fois ça porte la poisse, vous risquez d'invoquer le démon. » plaisanta-elle, les yeux rieurs, son ton se faisant plus amical ensuite : « Rude journée ? »
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descriptionLa Soif (Allys) (Terminé) EmptyRe: La Soif (Allys) (Terminé)

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Evidemment. Il était impossible, dans cet endroit fou, de pouvoir simplement prétendre à un repas tranquille. S’il voulait bénéficier d’une once de paix ou de sérénité, il convenait qu’il se replie derrière les murs de son foyer, et qu’il se barricade derrière la porte épaisse qui le séparait de l’agitation insensée de l’extérieur. Son front se plissa légèrement, quelques rides d’expressions resurgissant pour déformer les cicatrices qui décoraient sa peau, et il tenta de comprendre ce qu’on venait de lui dire. L’engeance portalienne, visiblement, tentait de le mettre en garde, prêtait à ses paroles un pouvoir mystique quelconque. Il était à peu près certain qu’elles en étaient dépourvues. Laissant un silence pesant s’installer, il continua donc sa tentative de décryptage. On essayait de lui parler, et si son instinct premier était de congédier l’impudente roturière, il savait aussi que ce n’était pas là quelque chose d’utile. Il entendait comprendre ces gens. Leurs manières exotiques, leurs schémas de pensées incohérents, leurs infinies contradictions. Pour cela, il devait accepter de s’exposer à leur présence, supporter la crasse ambiante, voire pire, s’y plonger.

Sans enthousiasme - il avait tout de même le droit à cet ersatz de dignité - mais tout de même.

Et puis, il comprit.

C’était une tentative d’humour. Une forme de luminescence comique au caractère rigoureusement paysan, qu’il n’était pas formé pour comprendre. Une sorte de conjuration verbale de l’ironie, qui fonctionnait parce que le fond de la plaisanterie devait s’accorder au fond, comme le reflet d’un miroir de bronze s’accordait à la personne qui s’y mirait, sans réellement la représenter. La langue du paragoï fit un grand bruit dans sa bouche, se détendant comme un ressort pour aller claquer contre l’arrière de ses dents. Le portalien ne cessait décidément jamais de le surprendre. Se rendant compte qu’il avait mis une bonne dizaine de seconde avant de répondre, il s’en accorda une ou deux de plus, avant d’enfin reprendre la parole :

« C’est lui qui nous invoque, fit-il en esquissant son sourire le plus amical.»

Il avait souvent l’air, lui disait-on souvent, d’un requin balafré, quand il montrait ses dents. Aussi fit-il attention à ne pas le faire, son rictus refusant de dévoiler l’émail luisant de ses crocs, se contentant d’étirer la minceur de ses lèvres jusqu’à ce qu’elles semblent disparaître presque totalement dans sa bouche.

« Et non. Ma journée ne fut pas rude. C’est simplement que j’ai parfois l’impression que mes efforts doivent à jamais rester insuffisants. Qu’il me manque pour les imprimer dans la chair de ce monde une clé de compréhension. Plus que cela, que je suis tout proche de pouvoir m’en saisir, et si loin pourtant. Mais n’y prête pas attention, portalienne. Cela ne doit pour l’heure n’être rien pour toi. Je suis Hypanatoi Paragoï Konostinos. Hypanatoi suffira.»

Il avait répété ces deux dernières phrases des dizaines de fois maintenant. Au moins la célébrité qu’il commençait à acquérir lui permettait-elle souvent de ne pas avoir à le faire. Les gens, dans cette cité, connaissaient souvent son nom. C’était une bonne chose, malgré le fait que leurs esprits malhabiles soient encore incapables d’y associer les bonnes idées. Mais cela aussi était de sa faute, le fruit de son incapacité à réellement faire changer ce lieu. Et cela aussi changerait, en temps et en heure, d’une façon ou d’une autre. Pour l’heure, il avait mieux à faire.

« Que puis-je pour toi ? »

La question était simple. Il avait l’habitude d’être abordé : les gens craignaient l’ombre de son nom, mais savaient aussi ce qu’il pouvait accomplir. Il était rare qu’on l’aborde, donc, sans avoir au prélable formulé une requête. Il tendit une main en avant, ses doigts longs et épais s’enroulant autour du plat qu’on venait de lui tendre. L’assiette, chargé de viande et de légumes farcis, sentait fort. C’était, comme il l’avait demandé, un plat conséquent, et il ne doutait aucunement que ce soit également le meilleur produit que le chef pouvait lui présenter. Plantant distraitement sa fourchette dans un morceau de viande, il l’amena à sa bouche.

Trop salé, pas assez épicé, et légèrement trop cuit. Selon les standards de l’endroit, un véritable chef-d’œuvre. Se fendant d’un grognement approbateur, il désigna son assiette d’un index rapide, avant de lever en l’air, accompagné de son majeur, signalant au tenancier de la bicoque qu’il allait avoir besoin d’une double ration.

« Du vin, cracha-t-il sommairement, avant de continuer à manger. »

Le fromage qui rembourrait l’espèce de poivron avait un goût acide.
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Est-ce qu'il avait compris ? Difficile à dire. L'homme en armure fixait la cendrée, le visage indéchiffrable. Dans un sens, c’était plus logique que la portée des mots de l’ingénieure ne l'atteignent pas que cette magie étrange traduisant des langages venants de mondes éloignés. Cela dit, il y eut un silence étrange d'une bonne dizaine de secondes avant que le visage de l’homme amer ne s'anime. Il répondit au trait d’humour par un fait bien terre à terre. Effectivement, les invoqués c’était eux. Lui aussi devait avoir vécu la même chose. Cela expliquerait la haine palpable à l’évocation de la ville mais également le sentiment qu’il avoua sans détour de ne parvenir à saisir les clés de compréhension de ce monde. Malgré tout… Venait-il de la traiter de portalienne ? Hilarant. Allys ne put empêcher un rictus d’étirer ses lèvres. Ca expliquait l’attitude étrange qu’il avait envers elle.

« Portalienne ? Ola, non, très loin de là. Sans offense, ils ont tous l’air bizarres, manquerait plus que je leur ressemble. Je m’appelle Allys au fait. »

Bien loin de s’intéresser à la présence féminine ayant eu l’amabilité d’ouvrir le dialogue, l’homme avait tendu la main vers le plat tant désiré, qu’il entreprit de manger avec peu d’entrain après avoir posé une question étrange du point de vu de la jeune femme. Interagir par sympathie ou pour combler l’ennui n’était de toute évidence pas ce qu’il attendait d’une inconnue. Le fait est, pourtant, que la cendrée n’avait pas réfléchi davantage. Le simple besoin de s’évader avait été plus fort que la raison. Allys n’était pas spécialement sociale en règle générale. Ce n’était pas son fort et elle n’en avait pas l’habitude. Mais elle n’avait pas pu résister face à cette expression familière de dédain.

« Ce que vous pouvez pour moi ?... Vous êtes quoi, une célébrité, c’est ça ? » Elle secoue la tête, amusée. « A moins que vous n’ayez des “pouvoirs magiques” pour réparer la tête d’une amnésique, honnêtement pas grand chose. »

Un plat de pâtes surmonté de boules de viandes légerement aplaties et badigeonnées de sauce verdâtre se posa à son tour devant la jeune femme. Elle plissait déjà les yeux, suspicieuse concernant la qualité proposée. Ca avait l’air un peu cher pour ce que c’était, m’enfin, tant que c’était mangeable, elle n’irait pas faire la fine bouche. Dans les déserts de sa contrée natale, Allys avait vu et goûté à bien pire que des aliments simplement mal préparés.

« Du vin. » cracha son voisin de table en redemandant une double portion. Vu les prix exorbitants dans cette ville de dingues, le fait d’avoir réclamé le meilleur plat et en grande quantité en disait long sur les moyens financiers du voisin de table de la jeune femme. Allys, elle, faisait juste avec les moyens du bord. Hex lui avait délivré une bonne rémunération pour son travail, et même s’il avait tendance à en faire même un peu trop, l’ingénieure tenait à n’utiliser que de l’argent mérité pour ses propres dépenses. Ce repas décidé à la dernière minute était une fantaisie qu’elle ne risquait pas de refaire souvent.

« Ca fait longtemps que vous êtes là ? » demande-t-elle en guise d’ouverture à la discussion. « On s’y fait ? »

La jeune femme n’était pas bien douée pour converser et elle risquait rapidement de froisser l’inconnu à cause de sa franchise maladroite mais elle restait un esprit curieux, inventif et désespérément dans l’ennui dans cette grande boite que représentait la ville Portalia. Hypanatoi avait l’air d’être un voyageur venu d’ailleurs tout comme elle. Connaître l’avis d’une personne non native de ce monde - et différente de son passé - devrait être intéressant. D’autant plus qu’il semblait être ici depuis longtemps.
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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLa Soif (Allys) (Terminé) EmptyRe: La Soif (Allys) (Terminé)

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Il était commun, lorsque le paragoï qualifiait quelqu’un de portalien, que la personne s’en défende. Dans sa bouche, le mot prenait des accents acres, et il n’était pas nécessaire pour qui l’entendait d’en comprendre le sens réel pour savoir qu’il ne voulait pas se voir affublé d’un pareil surnom. Qu’il ne voulait pas être considéré au même titre que des gens capables de susciter un tel mépris. Un tel dégout. Il était rare, en revanche, qu’Hypanatoi accorde une once de crédibilité aux démentis qui s’ensuivaient souvent. Le portalien, par essence, se définissait en premier par son aveuglement. Il ne savait pas ce qu’il était. Il ne se voyait pas clairement. En somme, il était un enfant en manque de guidance. Le fait qu’elle ne connaissait pas son nom, en revanche, accordait au moins un peu de crédibilité à ses paroles. Elle était nouvelle sur ces terres, ou vivait loin de la ville et des rumeurs fiévreuses qui bouillonnaient dans ses vieilles artères. Peu de gens, maintenant, pouvaient honnêtement prétendre ignorer son nom.

Ce n’était pas important, décida-t-il en continuant son repas, saisissant d’une main rapide le flacon de vin déposé par le restaurateur, le reniflant rapidement avant de le porter à ses lèvres. C’était un de ces seuls regrets véritables : la perte de la vue l’empêchait d’apprécier la robe des vins qu’il buvait. Il imaginait celui-ci d’un rouge profond et sale, tirant sur le violet. Il était, là encore, passable. Il était surprenant qu’un restaurant de la sorte serve du vin, et plus encore que ce dernier ne brûle pas son palais. Les barbaroï de ce monde, souvent, semblaient redoubler d’efforts dans leur quête perpétuelle d’offenser le restant de ses sens.

« Je suis là depuis deux ans, lâcha-t-il finalement. Je ne m’y fais pas. Cette cité est une absurdité.»

Une bouchée de plus. Elle parlait de son amnésie, et c’était là quelque chose qu’il connaissait. Kiana, elle aussi, avait subi ce mal, et s’il doutait que l’origine de leurs afflictions - et plus que cela les façons de les traiter - soient similaires, il savait ce que cela provoquait chez quelqu’un. C’était une tare insidieuse, un poison qui s’attaquait à l’identité même d’une personne. La mémoire était le fondement du temple de l’identité, la base sur laquelle tout reposait. Sans elle, l’édifice ne pouvait pas tenir.

Ironie du sort, cela condamnait la jeune femme à devenir ce qu’elle rejetait en paroles. Sans un noyau solide autour duquel se centrer, elle se ferait rapidement le reflet de ce monde et de ses habitants. C’était là l’écueil que trop peu d’invoqués parvenaient à éviter, quand bien même ils étaient mieux armés qu’elle. Il éprouva pour elle un vague sentiment de pitié, chose assez rare pour qu’il la remarque lui-même, mais continua sur le même ton placide :

« Tu n’es pas Alys. Si ce nom se rattache à l’identité que tu possédais avant de perdre ces souvenirs, il est vide de sens et tu le brandis sans le comprendre. S’il se rattache à celle qui s’est construite pour combler ce néant, il est un piège dont tu dois t’extraire. Je connais une personne qui comme toi a vu ses souvenirs arrachés. Les retrouver a été pour elle une métamorphose. Une renaissance. Et ce qu’elle était a disparu, comme de l’herbe sèche devant l’incendie. »

C’était là l’aide qu’il pouvait lui apporter. Lui faire comprendre ce que sa situation voulait réellement dire. L’aider à comprendre ce qu’il fallait réellement faire, ou en tout cas l’état d’esprit qu’il convenait de cultiver pour y parvenir. Les portaliens appréciaient rarement ses conseils, là encore. Ils appréciaient rarement ses interventions, de façon plus générale. Trop abruptes à leur goût, manquant de la délicatesse lénifiante qu’ils semblaient tant apprécier. Il continua à mastiquer, se demandant si c’était pour cela que la viande était trop cuite : coupée trop épaisse, elle réclamait un passage prolongé sur le feu. Le manque de précision qui caractérisait ces gens, leur incapacité à s’absorber entièrement dans leur tache les séparaient à jamais de toute forme d’excellence véritable. Il resterait toujours dans leurs travaux une part d’inachevé, quelque chose de trop brouillon, de trop mal fait. Il déglutit, avalant précautionneusement.

La jeune femme aussi était dans cet état de transition permanente. Elle partait d’une idée nébuleuse, obscurcie par l’oubli, et allait à l’aveuglette vers une destination qu’elle ne connaissait pas, mais invoquait comme une prière.

Les portaliens étaient tous pareils, conclut-il intérieurement.

« Veux-tu retrouver la mémoire ? Réellement ? »

Une chose, cependant, le perturbait encore dans cette situation. Un élément qui lui échappait, une clé pour déverrouiller quelque chose dans cette scène. Lui aussi se livrait à ses invocations. Un jour, il comprendrait la cause première de l’aliénation lunaire qui allégeait les pensées de ces êtres. Un jour.
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Deux ans donc. Vu son allure, l’inconnu devait faire partie des volontaires prêts à affronter ces fameuses créatures dont lui avait parlé Magdalena. Tout ce temps passé à brasser du vent, de toute évidence, pas étonnant qu’il ait l’air aussi maussade. En tout cas les deux interlocuteurs s’entendaient sur un point : la cité est une absurdité.

« Mouais, je vois. » avait marmonné Allys avant de prendre en bouche une portion de pâtes.

Elle était en train de mastiquer tranquillement lorsque l’homme reprit à nouveau la parole pour lui expliquer avec une lyrique bien étrange qu’elle ne serait pas celle qu’elle disait être. Haussant un sourcil, la cendrée interrompit son repas, l’écoutant jusqu’au bout sans l’interrompre. Pour lui se rattacher à un nom n’aurait pas de sens tout autant que retrouver sa partie arrachée pourrait être une erreur. Du moins, c’est ce qu’elle en comprenait.

« Drôle de manière de penser. »
« Veux-tu retrouver la mémoire ? Réellement ? » reprit-il malgré la remarque.
« Ce n’est pas aussi simple. » soupira-t-elle. « Je n’ai pas oublié mon identité. Mes souvenirs ont, certes, quelques bugs mais je me souviens de mon existence jusqu’à mes dix-neuf ans. »

Tournant méticuleusement la fourchette, la jeune femme prépara une nouvelle portion de son plat fade et sans saveur. A vrai dire, depuis qu’elle avait compris que quelque chose clochait en elle, Allys se trouvait aussi fade que l’aliment insipide qu’elle fourra dans sa bouche et mastiqua par pur réflexe avant de poursuivre son explication.

« Le problème c’est que… J’ai oublié les quinze années qui ont suivi. Ce n’est pas mon identité que je cherche. Ce qui m’intéresse c’est de comprendre ce qu’il m’est arrivé, parce que ça éclairera les zones d’ombres que je suis forcée de subir. »

Ça ne rimait pas à grand chose de raconter son problème à un parfait inconnu mais la cendrée avait du temps à tuer et malgré l’air impassible de l’homme en armure, il restait l’écouter, donc autant aller jusqu’au bout de la démarche.

« La situation actuelle ne me convient pas. Je n’ai aucune maîtrise sur la situation, tout ce que l’on me raconte n’a aucun sens logique et… J’ai le sentiment d’usurper une place qui pourtant est censée être la mienne. »

Un long soupir glisse des lèvres pincées de frustration.

« On vous a déjà envisagé en miracle tout en se retenant à grand peine de venir pour embrasser, l’espoir et l’envie de vous aimer tellement palpable qu’on pourrait la toucher ? Cette gentille mais pourtant cruelle attention qui vous étouffe… Moi, si. Mes souvenirs manquants, quelqu’un les a déjà. Donc, soit je décide de le nier et je m’en vais pour ne pas avoir à m’y confronter, mais soyons honnêtes, un monde avec une seule ville, je ne vais pas aller bien loin hein. Soit je vais devoir affronter cette réalité, et donc il faut que je me rappelle. »

Sur cette conclusion, l’ingénieur se saisit de sa boisson, buvant de longues gorgées. Au final, elle était encore plus agacée par la situation maintenant qu’elle l’avait formulée à voix haute. Quelle plaie…
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Elle voyait, disait-elle. Il en doutait. Le portalien, de façon général, se caractérisait par la cécité qui le condamnait à avancer à tâtons dans son existence, et la jeune femme en face de lui ne lui paraissait pas particulièrement plus alerte que le spécimen de base auquel il était quotidiennement confronté. Ce n’était, en soi, particulièrement important : il avait partagé sa sagesse, et le moyen pour elle de comprendre sa situation. C’était un acte généreux, et rien ne l’y obligeait. Il appartenait cette dernière, donc, de se montrer à la hauteur de cette largesse, et avant cela de la reconnaître pour ce qu’elle était. Il continua son repas, la laissant réponse, suivant au gré de ses paroles le chemin hésitant de son esprit. Elle lui parla du fait qu’elle comprenait encore qui elle était, puis elle lui expliqua avoir oublié les quinze dernières années de sa vie. Hypanatoi ne commenta pas, pas plus sur le fait qu’elle fasse une différence entre les zones d’ombres qui la hantaient selon ses dires et le besoin de comprendre qui elle avait été.

Puis, elle parla de son sentiment de dissociation, et de l’idée qu’elle se faisait. Elle avait l’impression d’être une imposteuse, que la place qu’elle occupait était la sienne sans qu’elle le soit réellement.

Il interrompit brièvement son mouvement de mastication, légèrement étonné : que l’on puisse arriver à prononcer cette phrase sans arriver à la conclusion qu’il venait d’énoncer était plus que surprenant. Mais sans doute était-ce à cela qu’il devait s’attendre en conversant avec ces gens. Il reprit son lent travail de mastication : le plus gros de sa faim avait déjà été apaisé, et alors qu’il attaquait la deuxième portion de son repas, il se prit à presque trouver la nourriture qu’on lui servait bonne. Puis, il fut questionné, et là encore cela demanda qu’il interrompe ses activités. Il n’était pas certain de parvenir à déchiffrer le discours de son interlocutrice, et doutait là encore qu’elle-même parvienne réellement à comprendre ce qu’elle venait de dire. Il semblait plus, en fait, qu’elle formulait pour elle-même ses propres théories, qu’elle leur donnait du poids et de la consistance en les prononçant à voix haute.

« Tu parles de tes souvenirs comme d’une possession. Quelqu’un te les a volé ? Comment ? Et penses-tu pouvoir les récupérer ? »

C’était peut-être cela, qui lui manquait, pour la comprendre réellement. D’une façon amusante, le fait d’avoir en face de lui une personne fragmentée rendait peut-être son éternelle tentative de comprendre l’âme profonde des portaliens plus facile. S’il voulait parvenir à voir en face l’origine du mal qui gangrenait l’âme d’une si terrible portion des prisonniers de la Cité, il lui fallait chercher des points d’entrées nouveaux : ses précédentes tentatives ne donnaient que des résultats partiels et décevants. Peut-être aurait-il malgré tout pour persévérer sans jamais dévier de sa méthode initiale, s’il avait eu le temps et la patience de se consacrer à de telle recherche pendant encore quelques années. Mais ce n’était pas le cas, et s’il voulait déchiffrer le code infernal qui le frustrait temps, il devait accepter de faire preuve d’une certaine... Flexibilité.

Retenant un énième bruit de colère sans cible et de frustration, il s’occupa maintenant que ses questions étaient posées et que son interlocutrice disposait d’un champ d’action suffisant pour exprimer ce qu’elle pouvait exprimer d’achever son repas. Ce fut une affaire rapide, et il hésita un instant à commander une troisième portion, son estomac et son palais se disputant à ce sujet. Finalement, il se retint, et, lavant son gosier avec le reste de vin qui subsistait dans son gobelet, finit par se pencher en avant pour s’appuyer un peu plus sur la planche de bois qui servait de table, se consacrant entièrement à l’écoute de la jeune femme.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Dim 29 Oct - 4:41, édité 1 fois
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« Tu parles de tes souvenirs comme d’une possession. Quelqu’un te les a volé ? Comment ? Et penses-tu pouvoir les récupérer »

Merde alors, l'inconnu l'avait vraiment écoutée avec intérêt ? Enfin, oui, il semblait y prêter attention mais de là à poser une réflexion sur les divagations de la jeune femme, elle ne s'y attendait pas. Le pire c'est qu'il mettait le doigt sur la hantise étreignant son être depuis plusieurs jours. Allys n'avait aucune preuve pourtant elle était persuadée qu'on lui avait dérobé ses souvenirs, que cela n'aurait jamais dû se produire, que quelque chose n'allait pas.

« Bien sûr que mes souvenirs m'appartiennent. Ils font partie de mon histoire, c'est moi qui les ai forgés. Et j'y tiens. » dit-elle, tendue. « Vous pouvez me prendre pour une folle mais je suis persuadée que cette entité, cet "Ordre" est responsable du bazar dans ma tête. D'où je venais, je ne portais déjà pas les Architectes dans mon cœur car je les trouvais bien trop égocentrés mais celui-ci… Forcer des gens à venir ? Les arracher à leur famille, leurs amis, leur… monde ? Tout ça pour une bataille qui de toute évidence n'avance même pas ? Regardez-vous, deux ans vous m'avez dit. Et toujours Une Putain de Ville Unique. Baste. Pourtant il en faut de la puissance pour un tel tour de force. Ça pue l'arnaque cette histoire. En tout cas, c'est depuis que j'ai mis les pieds ici que je me sens comme une étrangère dans mon propre corps. Les deux sont liés. Et d'une manière où d'une autre je finirai par savoir ce qu'il s'est "exactement" passé. »

D'un geste rageur, l'ingénieure s'était saisie de son verre pour en engloutir le reste d'une longue gorgée.

« Mais je pense pas que l'Ordre avait prévu que deux personnes d'un même monde se croisent et se connaissent. Une chance. J'ai quelques souvenirs qui remontent à son contact alors… ça prendra des jours, des semaines ou des années, mais j'escompte bien tout récupérer. Et puis si mon idée folle se confirme, le trouverai bien le moyen de casser la figure à cet enfoiré "d'Ordre". »

Allys eu un rire à cette déclaration. Évidemment qu'elle ne pourrait pas toucher à une divinité mais l'idée était plaisante.

« Je vous l'avais dis que je passerai pour une folle. Mais au moins j'ai mon propre but, je suis pas une marionnette, et j'assume. »
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« Le propre d’un pantin utile est de ne pas se rendre compte de sa condition d’asservi, commenta-t-il sur un ton distrait. »

Repoussant l’assiette enfin terminée devant lui, il hésita un instant. Un troisième service était une possibilité sérieuse. Le plat qu’on lui servait n’avait rien d’incroyable, mais il remplissait au moins sa fonction première sans offenser complètement ses papilles. Il se décida finalement à la retenue, joignant sur l’espace maintenant libérée ses doigts épais, avant de reprendre d’une voix plus concentrée :

« Tu as raison de fustiger l’état de cet endroit, et les plans inconnaissables de son maître divin. Mais pense à ceci : un être capable d’un tel tour de force, apte à tirer hors de toi la part de ton esprit qui l’intéresse n’aurait-il pas prévu que ce qu’il subsisterait de toi après son passage n’adopterait pas un tel comportement ? Penses-tu réellement te révolter en agissant de la sorte ? Ce que tu qualifies de révolte n’est-il pas tout simplement un mouvement qu’il a voulu ? »

Marquant une brève pause dans son discours, il leva une main qu’il voulut apaisante, l’arrachant au bois fatigué du petit restaurant. Les questions posées étaient purement rhétoriques, et n’appelaient pas de réponse. Devant lui, le serveur, que la teneur de leur conversation (qui fleurait sans doute à ses narines grossière l’hérésie et avait des relents de Dark Souls) s’abîmait obstinément dans le nettoyage de ses assiettes et de ses couverts, la tête baissée et le regard aussi éloigné d’eux que possible.

« Comprends que je ne te dis pas d’abandonner, bien au contraire. Mais si tes pérégrinations doivent te mener quelque part, il te faudra sans doute plus encore d’efforts et de sacrifices que tu ne le penses. C’est toujours le cas, pour les choses réellement importantes. »

Ce monde, après tout, avait été conçu comme un jeu par les divinités jumelles qui le régissaient. Elles plaçaient en son sein aussi bien les monstres corrompus par l’énergie de Chaos que les être appelés par Ordre, les organisaient comme un enfant organiserait des figurines d’argile en rangs serrés. La seule différence était qu’ici, les petits soldats étaient faits de chair. Qu’ils possédaient leurs propres souvenirs. Leurs propres attaches. Il ne savait pas si ceux de son interlocutrices avaient été sciemment sectionnés par les dieux. Si son cas lui semblait pareil à celui de Kiana, il ne savait ce qui pouvait ainsi la relier à son amante. Quelle élément de similarité pouvait bien exister entre la mortelle qu’il avait devant lui, pleine de colère impuissante et d’incompréhension, et la fille des divins, première de sa race et Calice divin. Il ne voyait pas quelle raison pouvait justifier une pareille intervention. L’une d’entre elle avait eu ses souvenirs scellés, et l’autre prétendait qu’ils avaient été dérobés. Le paragoï, malgré toutes ses réflexions, ne parvenait à mettre sur pied la moindre théorie un tant soit peu solide. Il se trouvait face à une situation qu’il ne comprenait pas, mais qui revêtait soudainement pour lui une importance capitale.

Au-delà de l’impérieuse nécessité de pouvoir apporter son soutien à Kiana, c’était également là un moyen de comprendre un peu plus l’esprit des deux dieux responsables de son bannissement sur cette terre. Encore fallait-il qu’il n’ait pas sous les yeux un amas de fumée de confusion, mais lui-même venait de le dire : les sacrifices et les efforts prévus pour arriver au bout d’une tâche s’avéraient toujours plus grands que ce que l’on pensait initialement. Reprenant la parole, il conclut une fois de plus par une question, cette fois-ci plus tangible :

« Tu ne passeras pas pour une folle. Tu passeras pour une chienne à la gueule écumante, et qu'on voudra abattre, ou museler. Mais là n’est pas l’important. Un dieu, quand il fait la preuve de son inutilité ou de son indignité, doit être saigné, et drainé de son Ichor. Son pouvoir, lui, doit être remis à ceux qui sauront en faire bon usage. Jusqu’où, dis-moi, es-tu prête à aller, pour tes souvenirs ? »

Qu’était-elle prête à donner ? Trop souvent, les gens d’ici parlaient et parlaient et parlaient encore, et s’emplissaient du bruit de leurs propres paroles. Et trop souvent, ils n’avançaient pas. Ils ne faisaient rien. Là aussi, ce ne serait que des paroles, quelles qu’elles soient. Mais il voulait voir ce qu’elle comprenait de ce qu’il disait. Ce qui la rapprochait et l’éloignait de Kiana. Et si jamais il voyait en elle certaines choses, si elle se montrait dans le futur capable de donner un poids à ses paroles, alors il pourrait peut-être quelque chose pour elle.

Peut-être.

Dans le futur.

Ce monde n’avait pas pour habitude de faire le commerce des certitudes.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Jeu 2 Nov - 10:53, édité 2 fois
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descriptionLa Soif (Allys) (Terminé) EmptyRe: La Soif (Allys) (Terminé)

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Un sourire franc se dessina lentement sur les lèvres de la cendrée. Partager ses doutes et ses convictions à cet inconnu n'avait pas été, contre toute attente, une mauvaise idée. L'homme l'avait écoutée, pas seulement parce qu'il n'avait rien de mieux à faire, mais avec un intérêt visible. Ils partageaient des idées similaires. Le même dégoût de ce lieu étrange, la même antipathie envers cette entité toute puissante si injustement égoïste, le même esprit de contradiction envers leur soi-disant mission sacrée.

Malgré tout, la situation n'était pas en leur faveur et ne le serait probablement jamais. Son interlocuteur le savait bien. Il la mettait en garde contre l'entité supérieure, bien qu'il ne semble pas juger son but idiot, et venait appuyer sur une vérité grinçante. Et si tout cela était prévu d'avance ? La défiance de certains invoqués, les souvenirs arrachés… Tout cela pouvait avoir une raison, être dicté par la volonté de l'Ordre, tracé à l'avance comme un chemin invisible aux yeux de tous mais lumineux pour son créateur. Oui. Peut-être que tout ceci était logique pour un Architecte. Quoi qu'il en soit ce n'était pas acceptable aux yeux de la blonde : On ne joue pas avec les gens.

Hypanatoi avait l'air d'accord avec la cendrée. Ses paroles n'étaient que des mises en garde. Prendre un tel chemin c'était risquer de s'attirer les foudres de nombreuses personnes, devoir craindre de se brûler les ailes, faire des sacrifices. Jusqu'où serait-elle prête à aller ? S'il savait… Allys était une femme qui avait déjà tant perdu, même si elle n'en gardait pour l'heure aucun souvenir, et elle ne changerait pas pour autant sa manière de vivre. Peut importe son ancienne vie ou sa nouvelle, l'ingénieure avait des principes et resterait la même tête brûlée quoi qu'il advienne. Surtout dans celle-ci.

« Tu sais quoi Hypanatoi ? Je t'aime bien. T'es du genre à poser les bonnes questions, affirmer ce que tu penses sans te préoccuper des réactions d'autrui, tu sais où tu vas. »

Elle jeta un regard par-dessus le comptoir. Le gérant, lui, esquiva le contact avec une nervosité palpable. Amusant comme les gens d'ici étaient étriqués d'esprit. On aime l'Ordre ou on est des personnes mauvaises. L'entre deux n'avait pas l'air d'exister. Peu importe, l'attention de la jeune femme revint rapidement sur celui qui l'aidait à remettre ses réflexions en ordre.

« Ce que je suis prête à faire ? Mh, presque tout j'imagine. Dans ce monde-là, je n'ai rien à perdre. Pas de famille, pas d'amis… enfin presque, mais je ne crains rien le concernant. »

Hex, l'immortel. Il ne devait pas craindre grand chose. Pourrait-elle perdre la relation d'amitié en retrouvant ses souvenirs ? C'était possible. Malgré tout, il valait le risque. Elle devait se rappeler.

« Un peu, en vérité. Mais même si je devais perdre le peu qu'il me reste ça ne m'empêchera pas de vouloir me rappeler de tout. Si je m'entête à rester dans le déni je n'irai nulle part. L'inconnu m'effraie davantage que la perte… Vivre seule, je sais le faire. Être un monstre aux yeux des autres, je connais déjà. Penser différemment, je le fais toujours. Ce qui m'importe c'est de savoir où je vais. Je ne suis pas du genre à me fier à des croyances, à suivre sagement le troupeau parce que "quelqu'un" a dit que c'était la bonne chose à faire. Je ne vis pas dans un monde de croyance mais de logique et de savoir. Ce qui est difficile ici. »
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La déclaration inattendue lui fit marquer une brève pause, pendant laquelle sa respiration s’interrompit brièvement. Il se força à la reprendre sur un rythme calme, et empêcha sa tête de se tourner dans la direction de la créature. C’était probablement la première fois de son existence qu’on lui faisait une telle déclaration. Son ancien monde l’avait habitué aux serments solennels de ses anciens camarades. Ici, il gardait jalousement dans son cœur les déclarations précieuses de Derek et de Kiana. Mais cette façon facile de manifester une appréciation légère, une forme oisive et irréfléchie d’appréciation était pour lui entièrement inconnue. En tout cas, quand elles lui étaient adressées. Il connaissait les façons de faire des gens d’ici, et cela ne l’aurait pas tant étonné, si quelqu’un d’autre que lui en avait été la cible. Il n’était pas certain de savoir comment recevoir une telle parole. Il en comprenait l’attrait, cependant : elles possédaient une légèreté confortable, une façon facile d’être, simplement.

Il hocha de la tête, une fois, d’une façon qu’il espéra ne pas être trop sèche.

Puis, il se contenta d’écouter la suite. Elle déclarait sa détermination, et il se surprit à la croire, l’espace d’un instant. Il écrasa rapidement cette pensée parasite : elle n’avait pas fait la démonstration de ses capacités, ou de sa détermination. Il n’y avait rien à croire. Les mots, ici, n’avaient pas de poids, et s’en rappeler une seule fois n’était visiblement pas suffisant. Il verrait la solidité de ses paroles quand viendrait le temps des épreuves. Pas avant. Pas après. Le reste de ses paroles suivit le même chemin, et elle déclara ce qu’elle avait déjà perdu. Ce qu’elle était prête à perdre de nouveau, parlant autant pour elle que pour lui. Il ne commenta pas. Laissa quelques secondes passer, autant pour s’assurer qu’elle en avait terminé que pour trouver quoi lui dire. Puis, il reprit.

« Portalia approche du temps des métamorphoses. La ville sera éprouvée, et peut-être brisera-t-elle. Peut-être pas. Mais elle sortira changée de cette ordalie. Si tu survis, peut-être auras-tu l’occasion de retrouver tes mémoires. Si tu survis. »

Dans son état actuel, il doutait que ce soit le cas. Elle était une masse de potentiel, sans réelle direction. Son but était vague. Ses méthodes imprécises. Il avait vu, ici nombre de personnes nouvellement invoquées, comme elle. Peu d’entre elles avaient la décence de mourir en cherchant à atteindre leurs objectifs. La plupart, simplement, dérivaient lentement, se laissaient absorber par la masse amorphe de la cité, et en ressortaient modelés par elle. Impuissants. Incapables de se mouvoir par eux-mêmes. Les déclarations pétulantes de la jeune femme pouvaient sembler amusante à l’oreille, mais elles allaient à l’encontre de ce que demandait la cité. De ce qu’elle demandait réellement. L’allégeance, ici, n’était pas due à un souverain, ni même à l’Eglise, ou à la Guilde. Elle n’était pas due à la Quête, ou à une quelconque idéologie, ou en tout cas, pas à une qui se voulait active. La loyauté réclamée était dirigée vers le statu quo. On demandait à l’individu de remettre son pouvoir dans les instances politiques nébuleuses de la cité, de les y dissoudre sans conviction.

« Tu auras à payer, pour cela. A donner, encore et encore, plus que tu ne le penses possible. Puisses-tu y parvenir, Allys. Quand le temps sera venu, si tu t’en sens digne, cherche mon nom. Si tu n’as pas fait la preuve de ton indignité, une place t’attendra au sein d’un groupe comprenant ces nécessités. »

Il ne précisa pas que cela dépendait aussi de lui. Le paragoï aussi allait être mis à l’épreuve. Lui aussi pourrait échouer. Il n’était d’affrontement qui ne se perdait, après tout. Renvoyant son siège en arrière, il tendit sa main à la jeune femme, attendant qu’elle lui retourne son geste. Le destin, parfois, était une chose curieuse, et il ne savait toujours pas s’il croyait en cette force mystérieuse. S’il existait réellement une force prédestinant tout individu avant même sa conception, ou si c’était le hasard et la chance qui régissaient réellement ce genre de rencontre. Il était facile de condamner cette cité comme étant le fruit du désordre et de l’imprévoyance. Mais il lui semblait parfois percevoir autre chose. Parfois. Peu importait.

Peu de choses importaient, et ici, moins encore. Il ne pouvait subsister que le plus essentiel.
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De quoi parlait-il au juste ? Que la ville serait éprouvée, brisée… Par qui, par quoi ? L’ingénieure allait devoir se préparer à quelque chose dont les risques pourraient la tuer ? Il suffisait de jeter un regard circulaire dans la rue pour se rendre compte de sa bienheureuse tranquillité. Magdalena avait dit que le danger se trouvait par-delà la ville et que tous ici étaient censés se battre contre le Chaos mais ça n’avait rien de tangible entre ces murs solides et supposés protégés par cet Ordre tout puissant. De quoi Hypanatoi était-il au courant au juste ?

« Des métamorphoses ? » repris la jeune femme, froncant les sourcils. « De quoi parles-tu exactement ? Qu’est-ce qui va arriver ? A quoi dois-je m’attendre ? »

Les sacrifices dont il avait fait référence avaient soudainement une profondeur plus angoissante encore. Allys sentit un long frisson parcourir son être, dérangée par des visions d’un futur sombre. Instinct ou pressentiment glaçant, quoi que ce soit, son corps la mettait en garde, la poussant à prendre en considération les propos sinistres de son interlocuteur. La cendrée était une survivaliste. Elle écoutait toujours son instinct. Cette fois-ci n’en serait pas différente mais elle n’avait pas toutes les cartes en mains et quelque chose en elle lui disait que cet énigmatique personnage les avait comme on garde un coup d’avance. Et il ne serait pas contre lui en donner gracieusement si elle réussit son test, sa main tendue ainsi que la proposition en attestent sans équivoque.

« Une promesse énigmatique. Ce n’est pas la première que l’on m’adresse. Bien. Il ne me reste donc qu’à trouver les clés de ma mémoire et de décider quoi en faire. » A son tour elle tendit son bras. Sa paume se déplia prestement, venant rencontrer son homologue dans une poignée de main riche en promesses. « Le temps nous dira comment nos chemins se recroiseront à l’avenir. J’espère que le vent me sera favorable à ce moment-là. »

Bien que cet homme semble pétri d'intentions louables, ses propos et ses attitudes laissaient tout autant entendre qu’il était un homme qu’il valait mieux impressionner dans le bon sens du terme. Si Allys avait un désir le concernant ce serait de ne pas s’en faire un ennemi. Elle ne savait rien de lui si ce n’est qu’il connaissait le sens du sacrifice et de l’adversité. Sa carrure impressionnante le ferait écraser avec une facilité déconcertante ce qui oserait lui barrer le chemin. L’ingénieure ne tenait pas à s’y trouver, même par hasard.

« Je suis tout de même intriguée. Tu parles de dignité, de sacrifice et d’épreuves comme si c’était un poids que tu portes sur tes propres épaules. Tu as ta propre quête en ce monde, n’est-ce pas ? »

Et laquelle au juste ?
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Parfois, il se demandait s’il était fou. C’était souvent la malédiction qui pesait sur l’esprit des oracles : mis face à la nudité du destin, aucun esprit ne pouvait prétendre rester entier. Pourtant, il ne s’était jamais trouvé, avant de venir ici, des dons de prophète. Et en vérité, il ne pensait que la situation avait changée. Il se contentait d’appliquer l’éternelle méthode. Il voyait, tout simplement, ce qui s’étalait sous ses yeux avec la plus candide impudeur. Il avait prévu l’inutilité des murailles de Portalia, et la catastrophe de l’attaque des créatures du chaos. Il avait anticipé la résurgence des Orcs de la sylve et des hommes-lézards de la jungle. D’Elim à Emilia, de Derek à Kiana, il avait montré qu’il pouvait aussi bien déchiffrer les courants qui affectaient les populations dans leur ensemble que les individus dans leur individualité. Pour eux, ses paroles avaient été des a avertissements prophétiques ou des prévisions immuables. Parfois, ils avaient été entendus, plus parce qu’on lui faisait confiance que parce qu’on comprenait réellement la cause de son raisonnement. La plupart du temps, on s’était contenté de l’ignorer. Et toujours, cette ignorance avait été payée à prix coûtant.

C’était pour cela qu’il s’interrogeait. Qu’il se demandait s’il n’était pas sorti du domaine du raisonnement pour passer dans celui de la clairvoyance surnaturelle : si ce qu’il voyait clairement était pour le reste de ces gens une tourbe indéchiffrable, était-ce parce qu’ils étaient à ce point aveugles, ou était-ce parce que lui était doté d’il-ne-savait-quelle-capacité supérieure ?

Il ne savait pas. Les deux alternatives étaient aussi inquiétantes l’une que l’autre, pour des raisons différentes. Et la jeune femme, devant lui, avait déjà balayé une première parole avec une désinvolte facilité. Il ne doutait aucunement que le reste serait traité avec la même légèreté. Mais elle questionnait avec - il le pensait - sincérité. Il se devait donc de répondre de la même façon.

« Un groupe ne peut exister sans but commun. Sans quelque chose qui les lie. Ici, il n’y a pas d’identité commune. Toi et moi n’avons rien de similaire, et sans la magie de ce monde, nous ne pourrions même pas communiquer. Le destin du groupe n’est donc pas suffisant, et Portalia a choisi à la place la préservation de l’immobilité. La quête est un prétexte : on tente de la résoudre comme un prêtre sans conviction pratique des rituels. Il reste la forme, une coquille vide de sens. Pour préserver un tel état, la cité a beaucoup fait pour que rien ne soit fait. Mais cette accumulation porte en elle-même les prémices de son propre effritement. Il y a quelques temps, une jeune femme est morte en prouvant l’incapacité de la justice de ce monde. Plus récemment, les rejetons du Chaos se sont matérialisés au cœur même de la cité, sous la forme d’une créature suffisamment puissante pour tenir tête à ses plus grands guerriers. La Guilde et l’Eglise sont sur le point de voir la corruption qui les gangrène mise à jour. J’y veillerai personnellement. Portalia ne saurait se remettre, elle qui n’a rien fait pendant deux millénaires, d’une telle cascade de catastrophes. »

Il marqua une pause. Comme souvent, il avait laissé son discours s’embraser sous l’effet de la passion qui l’animait. Peu de choses, sur ce monde, étaient à même de le réjouir réellement. L’idée que ce système inique et lénifiant puisse enfin être brisé en faisait indéniablement partie. Il reprit, retirant la main qu’il avait tendu pour balayer l’espace devant lui, comme pour séparer en deux ses paroles. Comme pour trancher dans les chairs des personnes que ciblaient les innombrables serments de vengeance qui alourdissaient son esprit :

« Mais entends ceci. Il n’y a rien d’énigmatique à ce que je te dis. Tu auras dans le futur besoin d’aide, et je t’apporterai mon concours, si à ce moment tu le veux, et que tu n’as pas montré que tes paroles cachent une personne vide et faible. Trop de fois, j’ai été déçu. Quant à moi, je n’ai sur ce monde qu’une seule chose que mon honneur m’impose de résoudre. Une ressortissante du mien a été réduite en esclavage. Violée. Torturée. Traquée comme un bête folle, quand elle a eu l’audace de se libérer de ses chaînes injustes. Je vais trouver les coupables, et ils mourront. Du reste, un seul objectif au-delà de cette nécessité m’importe : retourner d’où je viens. C’est sur ma terre que se trouvent mes responsabilités. C’est sur celle-ci que j’entends mourir. A défaut, je périrai en tentant de la rejoindre. »

Il n’existait pas d’autre alternative. La proposition était entièrement binaire, et toute forme de compromis aurait été salissante. Et si son sang doré brûlait dans ses veines épaisses à l’idée d’enfin pouvoir accomplir ce qu’il s’était promis il y avait de cela déjà trop longtemps, c’était une bonne chose ; son ardeur endurait ; la colère, soigneusement canalisée, chauffait à blanc son esprit, comme un métal docile et prêt à prendre la forme voulue. Il faudrait voir, alors, s’il avait en face de lui un énième reptile tranquille, se contentant de tirer son feu d’un soleil paresseux, ou si la jeune femme avancerait réellement. Si elle était capable de produire quelque chose de bon. Quelque chose de mieux. Il verrait.

Il finissait toujours par voir.

Il supposait que c’était cela, qui le séparait encore des prophètes accablés.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 26 Jan - 9:53, édité 1 fois
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D’autres mots apposés pour une même pensée. Allys ne comprenait pas toutes les subtilités du langage de son interlocuteur ni même comment il pouvait affirmer des faits futurs mais elle partageait cette même vision terre-à-terre, réaliste et quelque peu pessimiste de ce monde qui l’a si injustement arrachée à ses proches. A cause de cet Ordre elle avait oublié une grande part de sa vie et le compagnon qui l’avait aimée. A cause de Lui, son monde entier s'était écroulé par la fureur vengeresse de cette même personne qu’elle venait de retrouver, métamorphosée et abîmée par la douleur d’une existence bien trop longue et amer.

Mais là n'était pas le sujet.

« La quête… C’est vrai qu'ils n'arrêtent pas d’en parler et pourtant on dirait que c'est aussi efficace que de se tortiller dans du sable mouvant. Ils s'agitent mais ne font rien au final. C'est ce que je me disais aussi. Sinon comment ça se fait qu’on est repliés sur une ville alors qu'il y a tout un monde autour de nous ? Après, je viens d'arriver alors peut-être que je ne peux pas imaginer l’ampleur des dégâts et la force de cet ennemi que tout le monde craint.. »

Ça lui paraissait absurde en vérité. Ce qu’elle pensait c'était surtout que les habitants étaient devenus défaitistes, ils avaient perdu leur ardeur devant la fatalité du destin. C'était triste, quand on y pense.

« Moi, je viens d’un monde où pour avoir des terres on s’est tiré les doigts du cul, on a combattu même ceux qu’hier encore étaient nos voisins et on est parvenus à s’en sortir, à trouver un moyen de survivre autrement que tout ce qu'on avait toujours connu et rejeté. On ne voulait plus subir le diktat de dieux et prouver qu’on pouvait s’en sortir seuls. Le temps nous a donné raison. »

Elle resta un instant pensive. Cependant sa réflexion n'impose qu'un court moment de silence.

« Ouais… ça doit être ça. L’Ordre ici veut  nous donner un but commun mais en fait ce n'est pas le cas parce que ça ne découle pas de notre volonté. Donc, forcément, ça ne risque pas de fonctionner. C’est nous, en tant qu'individus qui devrions avoir un objectif en tête et à l’Ordre nous offrir une aide, pourquoi pas, mais pas l’inverse.

Pourquoi une déité aurait-elle si peur de ce qu'il se passe sur terre pour faire venir, de force, des étrangers de mondes éloignés ? Si un dieu a peur, en quoi nous, en tant qu'être de chair fragile, on pourrait y faire quelque chose ? Et en quoi, nous qui venons d’ailleurs, ça nous regarde que ce monde-ci parte en fumée ? C’est sûr que si tout le monde se pose cette question personne ne fera rien à part “faire comme si” histoire de faire bonne figure mais… de ce fait personne ne peut agir par ses propres convictions. Si on doit se sauver de ce Chaos, on doit le faire nous-même et avec conviction. Se sortir les doigts du cul, en fait.

Après, je suis mal placée pour juger. Je ne sais même pas qui je suis vraiment alors montrer l’exemple ? Vl'a la crédibilité.

Quoi qu'il en soit, si ce que tu dis arrive vraiment, c’est clair que je ne resterai pas les bras croisés. Sache deux choses sur moi : Je déteste l’injustice et être redevable envers quelqu'un. Je saurai te renvoyer l'ascenseur si tu viens à mon aide. Ce qui est arrivé à ton amie est intolérable. S'il faut traquer ces sales merdes, compte sur moi, et, si j’arrive à percer les mystères de ce portail, j'aimerais t’aider à revenir sur ton monde.
»

Une prophétie et une promesse relèvent de l’impossible, en voilà un duo bien étrange. Peu importe, il ne restait plus qu'à laisser le temps faire son office à présent. Pour l’heure, il était surtout question de se remettre à ses obligations.

« Bien, il se fait tard et j'ai encore à faire. »

Sur ces paroles, la jeune femme repoussa son bol avant de s'étirer les bras. Elle se redressa, quitta son siège puis reparti à pas léger vers les quartiers résidentiels.
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