Hypanatoi Konostinos
Behemoth - Aventurier
Bronze
0 Pts
- Date d'inscription :
- 17/11/2021
- Gils :
- 30375
- Disponibilité Rp :
- Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
- Messages :
- 883
- Métier :
- Aventurier
- Couleur d'Essence :
- Rouge
- Familia :
- /
- Style d'Arme :
- Lance longue
- Rang :
- Obsidienne @@@@@
- Puissance d'Essence :
- 46408
(Essence rouge, 42746 points, rang A)
La bête n’en finissait pas de révéler les reliefs de son ventre. Grasse, huileuse et indolente, elle se retournait sans la moindre pudeur pour offrir à l’explorateur répugné le spectacle monstrueux de ses angles. Hypanatoi, tournant autour d’elle, cherchant dans les plaies suintantes et les bubons qui perçaient son cuir épais des moyens de la retourner encore, de lui faire révéler son cœur ou sa gorge ou même ses yeux, était au lieu de cela soumis, encore et encore, à ces démonstrations ahurissantes. Et malgré cela, il continuait. Il continuait, parce que, comme toujours, c’était ce qu’il devait faire. Il pataugeait dans le sillage boueux du monstre, ses bottes s’enfonçant indistinctement dans ses déjections, les excrétions de son corps mutilé ou les cadavres subalternes de ses serviteurs, et il continuait. Il sentait sa puanteur, les effluves âcres de son corps putride et les relents de son haleine, et il continuait. Sa présence l’offensait. Son existence l’offensait. Le simple fait qu’il soit possible pour cette chose de s’incarner de la sorte l’offensait.
Plus que cela, il ne pouvait pas percevoir en entier la créature. Les ombres cannibales qu’elle projetait encombraient même son regard divin, et les plis et les replis de son corps occultaient ses parties précieuses. Il fallait les écarter, exciser les tumeurs, encore et encore, et ne pas faire attention au pus qui salissait ses mains.
Aujourd’hui, la trace de son ennemi le menait dans la jungle, et cela, il le devait à ses alliés. A Freya, d’abord : la femme-drakon s’était chargée de lui livrer sur un plateau les noms de ses ennemis. Leurs têtes avaient suivi. A Derek, ensuite. Son précieux phyleï, brillant de loyauté, savait étioler les frontières qui séparaient la vie et la mort. Pour leurs ennemis, la mort même n’était pas un refuge, et le thaumaturge pouvait les faire parler par-delà la tombe. Puis, Morrigan. Le fonctionnaire de la guilde était une personne qu’il ne pourrait sans doute jamais apprécier de la même façon que ses deux autres compagnons. Il n’était pas un guerrier. Ses mains n’étaient faites pour prendre des vies. Son regard n’avait pas l’austérité dure des gens pour qui l’existence était conditionnée par la violence. Malgré cela, il se démarquait de la masse amorphe de ses pairs ; son envie de rectifier la situation de la cité l’honorait ; il y avait quelque chose, en lui, qu’il convenait d’exhumer. Il se greffait à leur groupe de manière plus opportuniste, sans doute, mais il le faisait tout de même, et ce faisant, il criait aux gens à portée d’oreille qu’il avait choisi son camp.
Le bon.
Le sien.
Le paragoï émergea de sa demeure. Les rites usuels avaient été accomplis. Sous ses yeux coulaient deux trainées de sang épais, et les épaules de son armure luisaient sous l’effet des huiles sacrées. Son esprit était pur, son esprit était atrophié, son esprit était comme son corps et son âme et son existence : une direction simple. Une bissectrice, qui allait séparer d’un trait sans équivoque le bon du déshonorant.
Sa main se resserra sur sa lance, et il avança, fendant la foule matinale. Il devait retrouver ses alliés sur la place des portails, et de là, ils se mettraient en chasse. La trace était fraiche encore : l’homme, avant de donner à son visage son sang, avait donné à leurs esprits ses informations. Le chemin était clair, et il suffisait simplement d’accepter de l’emprunter. Il ne mit pas longtemps avant de rejoindre la place des portails, son logement ayant été sélectionné en premier lieu pour sa proximité avec cette dernière. Se campant au milieu de cette dernière, il attendit, calmement, l’arrivée de ses camarades. Il doutait que ces derniers mettent bien longtemps à venir.
L’expédition du jour avait de quoi faire tressaillir les sangs même les plus léthargiques. La promesse d’explorer les chemins détournés de la jungle, et de percer les rangs des tribus des hommes-lézards pour mettre la main sur les créatures responsables d’une large partie des esclaves qui affluaient dans la cité était empreinte de gloire. La possibilité d’apprendre par leur biais l’identité de leurs commanditaires l’était plus encore. Qu’il soit envisageable de trouver le point faible de ces derniers était inconcevable de grandeur.
Enfin.
Enfin, la bête allait révéler ses points faibles. Enfin, après une traque longue de plusieurs mois, après avoir enduré les humiliations de la cité et avoir côtoyé ce qu’elle produisait de plus immonde, enfin, le paragoï se rapprochait du but. C’était pour lui quelque chose de difficile à expliquer : il avait l’habitude de devoir parfois faire preuve de patience. Souvent, même, c’était là qu’il se révélait le plus à l’aise, principalement parce que beaucoup pensaient voir ici son point faible. Mais ce qu’il accomplissait ici ne le servait en aucune manière de façon personnel, et c’était là une chose très rare. Obtenir rétribution pour Kemat et son monde était nécessaire, mais ne lui apporterait rien, bien au contraire. Aucun peuple reconnaissant n’étalerait à ses pieds les hommages serviles, et aucun seigneur ébahi ne ceindrait son front de lumière. Aucun auditoire captivé n’entendrait le récit terrible et merveilleux de ses exploits, et les odes qu’il allait lui-même composer ne verrait pas sur ce monde la lumière du jour. Au contraire, il allait se trouver de nouveaux ennemis. Car quand le béhémoth choierait, son corps en tombant dérangerait les habitants des antres souterrains, et d’autres, qui vivaient dans son ombre indolente, se trouveraient offensé de sa disparation. On verrait son œuvre de violence, et on aurait peur. La peur définissait les gens d’ici, et rien ne se faisait qui n’était pas profondément motivé par elle. La peur de la mort et la peur du manque, la peur de la liberté et la peur du joug. Des peurs qui paralysaient leurs esprits et les empêchaient de vivre debout ou d’aller loin. Des peurs qui les rendaient aveugles à leurs contradictions.
Il les ferait voir. Il le savait, maintenant, et il l’acceptait. Et lui voyait déjà : il serait haï pour leur avoir ôter leur si chère cécité.
Mais pour l’heure, il fallait encore terrasser l’animal, et c’était une chose difficile et laborieuse, et ils allaient devoir peiner et souffrir. Il avait hâte, et seul l'état second qu'imposait la méditation retenait les tremblements impatients de ses doigts et de son échine.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 30 Aoû - 14:03, édité 2 fois
La bête n’en finissait pas de révéler les reliefs de son ventre. Grasse, huileuse et indolente, elle se retournait sans la moindre pudeur pour offrir à l’explorateur répugné le spectacle monstrueux de ses angles. Hypanatoi, tournant autour d’elle, cherchant dans les plaies suintantes et les bubons qui perçaient son cuir épais des moyens de la retourner encore, de lui faire révéler son cœur ou sa gorge ou même ses yeux, était au lieu de cela soumis, encore et encore, à ces démonstrations ahurissantes. Et malgré cela, il continuait. Il continuait, parce que, comme toujours, c’était ce qu’il devait faire. Il pataugeait dans le sillage boueux du monstre, ses bottes s’enfonçant indistinctement dans ses déjections, les excrétions de son corps mutilé ou les cadavres subalternes de ses serviteurs, et il continuait. Il sentait sa puanteur, les effluves âcres de son corps putride et les relents de son haleine, et il continuait. Sa présence l’offensait. Son existence l’offensait. Le simple fait qu’il soit possible pour cette chose de s’incarner de la sorte l’offensait.
Plus que cela, il ne pouvait pas percevoir en entier la créature. Les ombres cannibales qu’elle projetait encombraient même son regard divin, et les plis et les replis de son corps occultaient ses parties précieuses. Il fallait les écarter, exciser les tumeurs, encore et encore, et ne pas faire attention au pus qui salissait ses mains.
Aujourd’hui, la trace de son ennemi le menait dans la jungle, et cela, il le devait à ses alliés. A Freya, d’abord : la femme-drakon s’était chargée de lui livrer sur un plateau les noms de ses ennemis. Leurs têtes avaient suivi. A Derek, ensuite. Son précieux phyleï, brillant de loyauté, savait étioler les frontières qui séparaient la vie et la mort. Pour leurs ennemis, la mort même n’était pas un refuge, et le thaumaturge pouvait les faire parler par-delà la tombe. Puis, Morrigan. Le fonctionnaire de la guilde était une personne qu’il ne pourrait sans doute jamais apprécier de la même façon que ses deux autres compagnons. Il n’était pas un guerrier. Ses mains n’étaient faites pour prendre des vies. Son regard n’avait pas l’austérité dure des gens pour qui l’existence était conditionnée par la violence. Malgré cela, il se démarquait de la masse amorphe de ses pairs ; son envie de rectifier la situation de la cité l’honorait ; il y avait quelque chose, en lui, qu’il convenait d’exhumer. Il se greffait à leur groupe de manière plus opportuniste, sans doute, mais il le faisait tout de même, et ce faisant, il criait aux gens à portée d’oreille qu’il avait choisi son camp.
Le bon.
Le sien.
Le paragoï émergea de sa demeure. Les rites usuels avaient été accomplis. Sous ses yeux coulaient deux trainées de sang épais, et les épaules de son armure luisaient sous l’effet des huiles sacrées. Son esprit était pur, son esprit était atrophié, son esprit était comme son corps et son âme et son existence : une direction simple. Une bissectrice, qui allait séparer d’un trait sans équivoque le bon du déshonorant.
Sa main se resserra sur sa lance, et il avança, fendant la foule matinale. Il devait retrouver ses alliés sur la place des portails, et de là, ils se mettraient en chasse. La trace était fraiche encore : l’homme, avant de donner à son visage son sang, avait donné à leurs esprits ses informations. Le chemin était clair, et il suffisait simplement d’accepter de l’emprunter. Il ne mit pas longtemps avant de rejoindre la place des portails, son logement ayant été sélectionné en premier lieu pour sa proximité avec cette dernière. Se campant au milieu de cette dernière, il attendit, calmement, l’arrivée de ses camarades. Il doutait que ces derniers mettent bien longtemps à venir.
L’expédition du jour avait de quoi faire tressaillir les sangs même les plus léthargiques. La promesse d’explorer les chemins détournés de la jungle, et de percer les rangs des tribus des hommes-lézards pour mettre la main sur les créatures responsables d’une large partie des esclaves qui affluaient dans la cité était empreinte de gloire. La possibilité d’apprendre par leur biais l’identité de leurs commanditaires l’était plus encore. Qu’il soit envisageable de trouver le point faible de ces derniers était inconcevable de grandeur.
Enfin.
Enfin, la bête allait révéler ses points faibles. Enfin, après une traque longue de plusieurs mois, après avoir enduré les humiliations de la cité et avoir côtoyé ce qu’elle produisait de plus immonde, enfin, le paragoï se rapprochait du but. C’était pour lui quelque chose de difficile à expliquer : il avait l’habitude de devoir parfois faire preuve de patience. Souvent, même, c’était là qu’il se révélait le plus à l’aise, principalement parce que beaucoup pensaient voir ici son point faible. Mais ce qu’il accomplissait ici ne le servait en aucune manière de façon personnel, et c’était là une chose très rare. Obtenir rétribution pour Kemat et son monde était nécessaire, mais ne lui apporterait rien, bien au contraire. Aucun peuple reconnaissant n’étalerait à ses pieds les hommages serviles, et aucun seigneur ébahi ne ceindrait son front de lumière. Aucun auditoire captivé n’entendrait le récit terrible et merveilleux de ses exploits, et les odes qu’il allait lui-même composer ne verrait pas sur ce monde la lumière du jour. Au contraire, il allait se trouver de nouveaux ennemis. Car quand le béhémoth choierait, son corps en tombant dérangerait les habitants des antres souterrains, et d’autres, qui vivaient dans son ombre indolente, se trouveraient offensé de sa disparation. On verrait son œuvre de violence, et on aurait peur. La peur définissait les gens d’ici, et rien ne se faisait qui n’était pas profondément motivé par elle. La peur de la mort et la peur du manque, la peur de la liberté et la peur du joug. Des peurs qui paralysaient leurs esprits et les empêchaient de vivre debout ou d’aller loin. Des peurs qui les rendaient aveugles à leurs contradictions.
Il les ferait voir. Il le savait, maintenant, et il l’acceptait. Et lui voyait déjà : il serait haï pour leur avoir ôter leur si chère cécité.
Mais pour l’heure, il fallait encore terrasser l’animal, et c’était une chose difficile et laborieuse, et ils allaient devoir peiner et souffrir. Il avait hâte, et seul l'état second qu'imposait la méditation retenait les tremblements impatients de ses doigts et de son échine.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 30 Aoû - 14:03, édité 2 fois
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Mer 16 Aoû - 12:59