La pauvreté de la vie du corps, entraîne celle de l'esprit.(Emilia) (Terminé)

La journée de repos qu'avait accordé Kamélia à son élève n'avait pas été de tout repos... À peine les deux femmes s'étaient-elles séparés qu'Émilia était retournée faire joujou sous la cascade, commençant une partie de bras de fer mentale avec son double ainsi qu'une remise en question dans les règles.

Contre toute attente, au bout de plus de deux heures, elles étaient parvenu à un compromis : Émilia restait aux commandes, l'Autre l'aidait à canaliser et contrôler son énergie et elles avaient le droit à une bonne collation digne de ce nom une fois par semaine en échange.

L'équilibre était fragile, mais il y avait un début de quelque chose et cela enthousiasma grandement Émilia ! Suite à ça, la belle était partie surveiller les alentours de la clinique, adressant un salut muet au petit loup, à Blue ainsi qu'à Alicia qu'elle parvint à voir de loin.

Un sourire sur les lèvres et le cœur serré, elle était alors repartit profiter de la ville, faire un peu les boutiques en prévision des entraînements à venir, faire le plein de collation alchimique et enfin... Dormir !

Le soleil s'annonçait chaud, une odeur d'herbe sèche planait au-dessus de la ville alors que l'astre pointait tout juste le bout de son petit nez lumineux. Habillée d'un débardeur noir ample, d'un short de toile légère et de son brassard de métal sur l'avant-bras droit, la jeune femme s'approchait de cette partie de la ville qu'elle n'avait jamais vraiment prit le temps de visiter jusqu'alors : le centre d'entraînement.

C'était donc le grand jour... Déglutissant sa salive tiède, elle entreprit d'attacher sa chevelure ivoire en une queue-de-cheval simple en terminant sa route. Sa tenue simple épousant bien ses formes, les regards des apprenties avaient tendance à se tourner sur son passage avant d'être lourdement réprimandé.

Kamélia lui avait donné rendez-vous à l'aube, près de la forêt qui entourait le camp. Elle remarquait facilement sa silhouette et elle s'approchait d'elle d'un pas assuré. Se postant dans son ombre, une main sur la hanche, elle lui adressa avec un sourire sur les lèvres, le regard brûlant et le ton un chouille trop haut :

-Professeure ! Je suis contente de vous voir en forme !

La forme, elle aussi l'avait. Armée de sa lame dissimulée, elle était curieuse de voir ce qu'elle avait prévu pour la suite. Un entrainement physique... Elle rêvait qu'elle apprene à manier l'arme... Sa lame était pratique pour les attaques surprises, mais sortit de celle-ci elle perdait énormément en utilité... Émilia, c'était justement dis qu'elle apprendrait bien à manier l'épée, comme son frère avant elle. Elle l'avait souvent observé, elle l'avait souvent repoussé quand il lui proposait de lui donner des leçons.

Aujourd'hui, elle regrettait. Aujourd'hui, elle voulait lui faire honneur.

La jeune femme dis être heureuse de voir Emilia encore vivante. Une remarque étonnante car, elle, était heureuse de n'avoir pas recroisé Hypanatoi depuis cette super journée découverte qu'elle avait passé avec lui... Bien qu'elle haïssait toujours l'homme, elle le comprenait davantage maintenant... Mais toujours pas assez pour avoir envie de le voir tous les jours. Ceci étant passé, Kamélia détacha l'une des armes qu'elle portait à sa taille et l'offrit à notre amie qui l’accueillis avec des étoiles plein les yeux.

Et finalement elle l'avait enfin dans ses mains ! Cette arme qui la faisait tant rêver ! Et elle était un peu déçu... Elle comprenait bien les explications de sa professeur, une arme plus simple et légère était bien plus sûr pour un gabarie comme le leur, mais elle perdait ainsi en force de frappe pure ainsi qu'en pénétration de la lame. Notre amie ne comprenait pas tout, mais elle regarda l'arme sous tous les angles d'un oeil curieux.

Emilia soupesa son arme d'un air dubitatif après l'avoir dégainé de son fourreau. Malgré se que pouvait dire sa professeur, elle la trouvait étrangement lourde, impression qu'elle n'avait pas à l'époque ou elle observait les entraînements de son frère...

-Vous la trouvez légère vous... ?

Notre amie n'était pas bien convaincu, mais elle finit par attacher sa nouvelle amie à sa ceinture avant de rattraper sa professeur qui commençait à s'enfoncer dans les bois. Cet endroit était un grand inconnu pour elle et bien qu'elle savait que c'était loin d'être une région dangereuse pour elle au vu de son niveau, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de stresse lui serrer l'estomac. Hésitante, elle fut abandonner dans les bois, Kamélia restant à distance avec la ferme intention de ne pas intervenir, Emilia se retrouvait seule.

Sa main crispé sur le fourreau de son arme et l'autre sur son pommeau, tremblante, elle avançait à tâtons, un pas après l'autre avec tous ses sens en éveil maximum. A l’affue du moindre bruit, elle sursauta en tirant son arme en toute hâte lorsqu'une branche craqua derrière elle.

Aussi effrayé que notre amie, l'effrayable biche qui venait de s'approcher, curieuse du duo qui venait d'arriver, ne se priva pas pour rapidement filé devant Emilia et son arme qui lui avait échappé des mains, tronant sur le sol de manière l'amantable. Lançant un regard honteux à sa professeur, elle se dépêcha de récupérer le bout de métal en soupirant devant son incompétence... Bizarrement, tous ça lui avait semblé vachement plus simple lorsque c'était Adel qui était en train de pratiquer. En même temps, tous semblait vachement plus simple quand c'était lui qui le faisait.

Le bras hésitant, la présence de créature étant en train d'approcher recentra l'attention de la Prédatrice qui déglutie difficilement. Devant elle, faisant bouger le feuillage des buissons, une ou plusieurs créatures du chaos allaient réellement venir mesurer sa force. Etait-elle prête ? Certainement pas... Mais elle allait essayer. Non, elle devait réussir !

La posture de la belle était un grand n'importe quoi, une véritable passoire ridicule que le plus néophite des combattants pouvait facilement briser.

Sortant de la pénombre, une petite créature à l'air débile s'approchait, attiré par la viande fraîche qui venait se jeter dans la gueule du loup. La créature ressemblait à une sorte de crapaud à la peau couverte de pustule suintant. Émilia grimaça devant cette vision d'horreur, bien qu'elle soit rassuré qu'elle ne se retrouve pas devant un revenant, elle ne se sentait pas en confiance alors que la bête devant elle était tout juste bonne pour lui servir de ballon au vu de la différence de niveau.

Mais aujourd'hui, la belle jouait avec un bout de métal qu'elle ne parvenait pas à dompter et la créature sentait son hésitation. Heureusement, elle restait méfiante, son instinct lui intimant d'attendre que des renforts n'arrive pour être sûr de ne pas louper se quatre heure tombée du ciel.

La main tenant l'arme tremblait, la sueur coulant le long de la joue de la jeune femme lorsque son professeur s'approcha pour corriger sa posture et lui indiquer quelques conseils. Cette scène réveilla ses vieux souvenirs d'Adel et de son maître d'armes qu'elle avait tellement observé, elle revoyait clairement ses gestes et sa façon de fendre l'air avec son arme avec grâce et assurance... Tout ce qu'il lui manquait en sommes.

Acquiesçant les conseilles de Kamélia d'un hochement de tête, elle s'approcha de la créature qui tourna l'un de ses yeux globuleux dans sa direction. Ce n'était pas compliqué après tout, une extension de son propre corps, un peu comme sa lame caché ou sa main de monstre. Ce n'était pas compliqué !

Alors que l'Autre était en train de lui réexpliquer tout ça dans son esprit déjà hésitant, Emilia finit par partir à l'attaque de la créature, tranchant la créature par le flan eeeeeeet... Et bah non en fait. Comme Kamélia l'avait prévenu, la fine lame se coinça dans la chaire de la créature qui paniqua en poussant de petits cris aiguë en entraînant notre amie derrière elle, incapable de récupérer son arme malgré tous les efforts et toute la force qu'elle pouvait déployer.

-Mais lâche moi saloperie !!

Fini par crier la belle, la voix tremblante, au bord des larmes... Puis soudainement, la main monstrueuse apparue, écrasant la pauvre créature comme si c'était une mouche contre un mur. La lame sortant enfin de la chaire en bouillie du petit corps sans vie, Émilia se tournait sur la droite, s'adressant à un fantôme en haussant le ton et laissant sa professeur apercevoir que ses yeux avaient virés au rouge vermeil.

-T'es chiante à la fin ! Écoute-moi un peu, merdeuse !!
-Nan mais t'es marrante toi ! Laisse ta main de monstre de côté, c'est sérieux là ! Et reste de côté tout court même, tu me saoul à me hurler dessus !

Les yeux d'Émilia passant du bleu au rouge, une scène de ménage incompréhensible et risible de l'extérieur venait de commencer à se jouer entre notre amie et elle-même... Évidemment, le brouhaha débile qui était en train de se jouer avait fini par attirer un groupe de trois têtards mutants bizarres qui renifla la bouillie de chair avant de regarder Émilia en grognant, n'appréciant pas trop que leur copain se sois fait aplatir de la sorte.

Émilia recula de deux pas, jetant un regard à Kamélia avant de revenir au souci immédiat. Elle avait honte d'elle-même, mais sa colère envers l'Autre ne redescendait pas, même son essence était instable à cause de cette dispute débile. Soupirant de rage, Émilia repartit à l'assaut, son arme en avant et sa main démesurée de l'autre côté qui lui cachait la moitié de la vue. Et ça ne loupa pas, l'une des créatures profita de cet angle mort pour lui donner un méchant coup de crâne directement dans les côtes.

Sans aucune protection, un craque se fit entendre à l'impact et Émilia fut stoppée net dans son élan, finissant sa course un genou à terre, reprenant en haussant de plus belle le ton, crachant sa rage au vent...

-Merci du "coup de main" ! Sérieusement, tu m'aide pas là !
-Tu me rejette sérieusement la faute dessus là ?!

En plein combat, les créatures n'allaient pas attendre que leur proie daigne finir ses petites discussions internes et elles repartirent à l'assaut aussitôt. L'Autre au commande, son regard vermeil brillant de haine, elle évita les assauts facilement avant de rejoindre Kamélia d'un bond, lui lançant un regard noir en plantant l'épée dans le sol d'un mouvement haineux en grommelant dans sa barbe.

-On a trop de poids du côté droit et on manque de force, il faut équilibrer... Si tu m'écoutais un peu au lieu de te plaindre...

Alliant le geste à la parole, la jeune femme détachée son gantelet de métal pour le faire passer sur son avant-bras gauche avant de récupérer son arme et de se retourner vers les trois bestioles qui s'approchaient lentement. Le regard d'Emilia reprit une teinte océan, la laissant constater qu'elle avait moins de difficulté à bouger son arme avec une demi dizaine de kilo en moins sur son bras fort. Poussant un petit soupire, son essence se stabilisait enfin alors qu'elle prenait une garde annonçant une prise de vitesse avant l'impact, lame en arrière suivant l'alignement de son bras, genoux fléchis, elle prit une longue respiration avant de filer droit sur le monstre qui se présentait juste devant elle.

Une fois encore, manquant d'élan de force physique, la lame s'arrêta à mis parcours. Mais alors que le regard de la belle s'illuminait d'une teinte vairon, bleu d'un côté et rouge de l'autre, elle abattit son avant-bras de métal sur la pauvre épée pour lui donner la force qui lui manquait pour couper la créature en deux. Profitant de l'action, la bête sur sa droite lui sautait dessus toute dent dehors. Ajustant son pouvoir, l'Autre fit apparaître une muraille d'écailles cristaline sur le bras de son hôte. Pas de façon aussi grossière qu'avec la main monstrueuse, la couche de cristal donnait plutôt une apparence de gant de protection au bras fort de la belle qui éclata les dents de la petite créature rang bronze lorsqu'elle essaya de mordre dedans.

Un sourire mauvais sur les lèvres, Émilia enfonça la lame cachée dans son gantelet d'acier dans la tête de la petite bête avant de la balancer sur la dernière encore debout qui fut stoppé dans son élan en rencontrant le corps sans vie de son camarade.

Essouffler, Emilia regarda l'armure de cristal légère qui scintillé sur son avant-bras droit avant d'éliminer le surplus de sang sur son arme d'un geste ample.

-Tu vois quand tu veux...

Épongeant la sueur, elle regardait le dernier survivant qui hésitait sur la marche à suivre avant de finalement repartir dans les buissons, la queue entre les jambes. Poussant un râle, Émilia se laissa tomber sur le sol, peinant à reprendre son souffle, son bras cristallisé se brisant pour laisser sa peau pâle prendre un peu le soleil.

Une main sur sa poitrine, Émilia regardait sa lame en constatant le fossé qui lui restait à franchir pour réussir à s'en servir correctement... Sans compter sur sa force et son endurance qui laissait vraiment à désirer. Cependant elle comprenait mieux ce que Kamélia avait essayé de lui dire plus tôt, ce dernier point elle pourrait le compenser avec sa vitesse.

Enfin, pour le moment, elle se laissa tomber complètement sur le sol, essayant de reprendre son souffle...

Le souffle saccadé, Émilia reprenait lentement son souffle alors que le ciel au dessus d'elle était comme en train de tourner, tourner, tourner... Devant cette vision de ce manège invisible, elle décida de fermer les yeux, juste un instant, histoire de faire le point. Le point avec la peste avec qui elle venait de faire une scène devant sa professeure.

Malgré leurs discussions de la veille sous l'eau fraîche de la cascade, notre amie n'avait pas réussi à balayer une demi-année de mésentente et de rejet de son alter ego... Cela était normal quelque part, se genre d'ardoise ne s'efface pas aussi facilement, d'un geste de la main avec un joli sourire... Néanmoins, malgré ça, une lumière au bout du tunnel était visible.

Émilia avait une bonne analyse de son environnement et des personnes qui lui faisait face, elle réfléchissait vite et avait des idées imprévisibles. L'Autre maîtrisé leur pouvoir aisément, elle était rapide, avec un bon instinct et de bons réflexe tout en étant agressive et bestial.

Un juste-milieu. Un équilibre. Voilà ce qu'elle devait viser dans un premier temps, en couplant ça avec son perfectionnement du maniement de l'épée. L'épée à une main était une bonne arme, avec une portée moyenne, un poids raisonnable et une polyvalence utile en duel. Certes, elle n'avait pas la portée d'une lance, mais Émilia devait rester proche de sa cible pour que son pouvoir soit utile. C'était un bon compromis, elle le sentait dans son bidou... Ça et le fait que c'était un lien avec sa fratrie disparu.

Une branche craqua, Kamélia s'approcha pour donner son verdict. Elle sembla sèche sur ses premières paroles, évidemment la scène qu'elle avait aperçu était un avant-goût d'une mort prématurée... Une chance qu'elles étaient dans le centre d'entraînement face à des bestioles d'un niveau très bas, sinon cette petite sortie aurait facilement put tourner au drame. Observant son Reflet d'un oeil mi clot, elle répondu par un sourire alors que sa Professeure se m'était à rire en tendant sa main pour aider son élève à se relever.

Refusant poliment cette main tendue d'un hochement de tête accompagné d'un sourire, Émilia se releva d'elle-même d'un bond. Son endurance avait pris un coup avec l'utilisation de cet équipement nouveau, mais elle avait toujours de l'énergie à revendre une fois son souffle récupéré. Travailler sur sa respiration traversa également l'esprit de notre amie à cet instant... Un aspect de plus à améliorer... Joie.

Reprenant la direction du bâtiment principal de la zone, Émilia massant son bras droit endolorie, elle écouta Kamélia lui annoncer qu'elles iraient prendre commande d'une lame pour elle auprès d'un forgeron (ce qui fit sursauter son cœur de joie -oui il ne lui en faut pas beaucoup-) et qu'elle utiliserait une épée d'entraînement émoussé en attendant. Elle acquiesça, elle allait devoir prendre cet entraînement particulièrement au sérieux si elle voulait combler ses lacunes et elle allait devoir y mettre le temps ainsi que l'effort.

-Je n'ai pas l'intention d'abandonner mes points fort, Professeure. Si je vous ai suivi, c'est justement pour trouver et éliminer mes défauts.

Joignant ses mains dans son dos, elle rattrapa la jeune femme en accélérant le pas pour se mettre à ses côtés alors qu'elle lui répétait de venir jusqu'ici pour observer les autres. Émilia étouffa un petit rire avec sa main avant de lancer un regard taquin à son amie, la petite flamme rougeâtre au fond de ses yeux montrant que les deux Émilia étant d'accord sur la taquinerie qui suivrait.

-Oooh ? Si je vous écoute, je vais devoir me trimballer aux quatre coins de la ville quand je ne serais pas quoi faire... Entre chez vous, la cascade et ici, je vais passer plus de temps sur la route qu'à m'exercer à cette vitesse.

Évidemment, notre amie voyait bien où son mentor voulait en venir avec sa tirade, mais elle ne put s'empêcher de relever l'accumulation de lieu recommandé depuis la veille. Bientôt, qu'importe où elle sera en ville, elle pourrait profiter de l'endroit pour faire un truc et l'idée l'amusait. Alors qu'elles poursuivaient leur chemin, une montagne de muscles brillants vint à leur rencontre, un sourire mitigé sur les lèvres, il leur adressa un signe de la main.

-Salut vous deux ! Salut... Kamélia.

Relevant un œil vers l'arrivant qui bloquait à présent le chemin, Émilia le dévisagea de la tête au pied d'un air dubitatif. L'homme qui se présentait ne lui était pas inconnu, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt sur le souvenir qu'il éveillait en elle. Finalement, les yeux océan de la jeune femme reprirent une teinte sanguine lorsqu'elle pointa Mathias du doigt, faisant en sorte qu'il entende bien sa voix alors qu'un sourire mauvais se dessinait sur son visage.

-Madame ! Je crois qu'il reste l'un de ces crapauds pas beau bizarre ! Je dois le tuer lui aussi ?

Le pauvre homme ne comprit évidemment pas le tacle gratuit qu'il venait de recevoir. L'Autre était par contre très amusé de revoir le bonhomme qui avait joué les princes charmants lors de son affrontement contre Hypanatoi. C'était un peu sa façon à elle de le remercier pour son geste...

Ouais, j'ai arrêté d'essayer de comprendre le script moi aussi.

Mathias était un homme fort et bien battis, son regard à la fois doux et perçant bien qu'il ne brillait pas d'une intelligence particulièrement avancé. Surpris par la remarque qu'avait sifflé l'Autre avec sa langue de vipère, voir celle qui était chère à son cœur rire de ses paroles ne fit que souffler sur les braises de la colère qu'il pouvait éprouver depuis leur dernière entrevu dans les jardins, quelques jours auparavant. Malgré le petit "Uhm" soupiré et déçu de notre devant le refus de sa professeure d'ôter la vie du garçon, Emilia sentait malgré tout une certaine proximité avec celui-ci... Sûrement la rencoeur qu'ils pouvaient éprouver envers le paragoi les rapprochaient d'une certaine manière.

Ses mains sur ses hanches, l'apprentie écouta l'échange un peu sec des deux compagnons d'un œil intrigué et amusé jusqu'à ce qu'elle comprenne l'idée qui germait dans l'esprit de son Reflet. Un deux contre un contre l'homme entraîné qui avait fait un match contre le colosse... Certes, sa prestation était pitoyable, mais le pauvre était tombé sur une plume peu clémente à vouloir le mettre en avant.

Mathias n'avait pas le niveau du Titan, il était bien plus à la porté du duo de demoiselle, surtout dans un match déséquilibré comme celui-ci, mais il se prépara au combat sans trembler, sans essayer de se défiler, sortant seulement son épée en étant sûrement déçu de ne pas pouvoir avoir une conversation avec son élue.

Grognant dans sa barbe, il eut à peine le temps de cracher sa dernière phrase qu'il remarquait la Prédatrice en train de fondre dans sa direction, sa lame de poignet sortit. La belle cherchait à montrer ses points forts à sa professeur en attaquant sa attendre de coup d'envoi, histoire de palier se qu'il s'était passé dans la foret... Mais où était l'attaque surprise quand l'adversaire savait qu'un assaut se préparait ?

L'homme attrapa la fillette en plein vol par le poignet armée, la tirant vers lui d'un coup sec pour lui enfoncer son genou dans l'estomac ce qui la renvoyé auprès de Kamélia. Cette fois-ci, ses côtes qui avaient déjà mangés face aux monstres venaient de lâcher. Peinant à se relever, elle vomis ses tripes sur le sol tandis que Mathias lancé plus loin l'arme d'Emilia qui était resté dans sa main.

-C'est tout, Kamélia ?! Si je m'occupe de ta protégé, on pourra discuter ? Cracha haineusement l'homme en faisant des moulinets avec son arme, confiant.

Emilia regarda sa main couverte de sang, ne comprenant pas ou voulait en venir son alter ego, mais elle décida de lui faire confiance alors qu'elle se relevait difficilement en essuyant le vomi qui resté sur ses lèvres et en tenant son bassin endolorie.

Contournant Kamélia par derrière, elle passa sa main sur sa taille afin de récupérer l'épée qu'elle avait utilisé plus tôt sur la ceinture de celle-ci avant de se mettre en garde au côté de sa professeur. Calmant son souffle, elle regarda ses pieds afin de corriger sa posture pour la rapprocher de celle que lui avait montré son Reflet un peu plus tôt, tandis que son avant bras gauche se recouvrait de cristal, lui offrant un gant de protection scintillant et tranchant.

-Désolé Professeure... Restait dans mon ombre, je vous ouvre le chemin.


Emilia murmura ses mots en ce mettant doucement en position, sa lame contre son flan. Son regard se mettant à briller, elle laissa courir son essence émeraude dans ses membres qui laissèrent échapper des petits arcs électrique avant de partir droit en direction  du mur de muscles, laissant un crépitement électrique sur son chemin. Son essence verte lui donnait un avantage de vitesse par rapport à sa partenaire de combat, elle comptait sur elle, son intelligence et son expérience pour palier ses lacunes à elle, il lui fallait juste une ouverture.

Arrivant à porté de Mathias, elle lui assenât trois coups d'estoc, mais son bras avait toujours du mal avec sa nouvelle arme, ses attaques manquaient de précision malgré le gain de vitesse par rapport à la première fois. Pour un guerrier entraîné, il fut aisé d'éviter les deux premières attaques et parer la dernière. Cependant il sous estima la petite demoiselle aux cheveux d'ivoire qui profita du fait qu'il lève son arme pour envoyer son poing cristallisé dans les abdos de l'homme.

Celui-ci retenu un rire moqueur en croisant le regard de notre amie qui eut l'impression de taper dans un mur. Levant le bras, il dégagea la jeune femme, l'envoyant voler d'une claque dans le museau... Mais en expulsant ainsi l'intruse, la couche de cristal de son poing tranchant comme des lames de rasoir ne se priva pas pour lui lacérer la chaire.

De nouveau face au sol, Emilia secoua son visage vivement pour remettre son esprit dans le bon sens. La blessure qu'elle avait laissé était superficiel, mais de petite veines noir étaient déjà en train de se propager de celle-ci. Surprise, la demoiselle se redressa en voyant l'homme poser sa main sur son visage, comme si il était pris de légers vertiges.

-Tu veux le faire devenir comme moi ?!
-Tu tombe malade... ?

Comprenant subitement ou l'Autre voulait en venir, elle reporta son attention sur le combat. Ne sachant pas trop ce qu'il était en train de se passer, voyant un léger maux de tête pointer le bout de son nez et son corps tituber, Mathias se ressaisie néanmoins rapidement, tous ceci n'était pas suffisant pour l'inquiéter, mais il ne fallait qu'il oublie que dans l'ombre dans son élève...

Sortant de l'ombre de son élève, la guerrière à la chevelure d'argent engagea immédiatement le combat contre son camarade. Ne faisant preuve d'aucun signe de pitié, elle profitait de l'ouverture offerte par Émilia pour assiégé l'homme d'attaques vives et mortel. Malgré la différence entre la couleur de leur essence, Kamélia révélait là une assurance et une vitesse incroyable qui surpris notre amie. Celle-ci se doutait que sa professeure avait un niveau supérieur au sien, mais son regard pétillait en constatant du fossé qui la séparait d'elle, à la foi admiratrice et jalouse.

Mathias parvenait cependant à contenir les attaques de l'élue de son cœur, la mâchoire serrée en voyant que les assauts de la petite demoiselle qui avait précédé lui causait finalement bien plus de tracas que ce qu'il avait imaginé en premier lieu. Une bonne chose pouvait cependant être relevée : l'élève pouvait là admirer la technique qu'elle allait devoir viser pour espérer pouvoir suivre le rythme de ses prochains entraînements. Déglutissant en observant le combat, une goutte de sueur couleur le long de sa joue, la Prédatrice voyait leur adversaire reprendre doucement du poil de la bête, décidé à arrêter de suivre le rythme dicté par la belle pour imposer le sien.

Ce remettant en selle, Émilia fit une roulade en arrière pour se caler contre un arbre, dans l'optique d'utiliser celui-ci comme rampe de lancement pour la suite. Prenant son arme à l'envers, la lame contre son bras, elle attendit une fenêtre adéquate pour s'élancer. Le combat commençait à durer, elle avait pris plusieurs coups et sa vitesse augmentée ainsi de manière significative. Ce faisant, notre amie filait comme le vent dans le dos de la montagne de muscles, droit dans son angle mort. Ses yeux bleu et rouge luisait dans l'ombre qui recouvrait son visage qui affichait des traits froid et déterminé, aucune émotion ne se reflétant dans son regard lorsque Mathias se retournait pour parer l'assaut de l'apprentie qui lacha son arme pour pouvoir la reprendre dans le bon sens et enchaîner trois attaques.

Malgré son manque de technique, Émilia commençait doucement à réussir à faire danser son arme dans ses mains, ses assauts gagnant progressivement en précision et en force, le tout étant en plus aidé par le pique de vitesse qui venait d'être franchie. L'essence rouge du rang Or commençait à peiner à réussir à suivre le rythme, surtout après les coups qu'il venait d'encaisser.

Serrant les dents, l'homme n'affichait plus son sourire satisfait et suffisant et voir un rictus mauvais apparaître sur les lèvres de son adversaire l'agaçait. Il se savait plus fort qu'elle, il se sentait supérieur à elle, alors la voir sourire comme ça alors qu'il l'avait déjà repoussé comme un enfant par deux fois lui fit bouillir le sang.

Sa vision brouillée, il ne remarquait pas la gauche de la jeune femme qui venait de doubler de volume alors qu'elle faisant une rotation sur elle-même, lui donnant un petit coup de lame émoussé dans la cheville dans le mouvement pour lui faire perdre l'équilibre, la main de cristal l'attrapait alors à la volée pour l'envoyer droit dans la forêt. Un craquement sourd se fit entendre lorsque qu'un arbre s'effondra au contact d'un Mathias le percutant, son dos encaissant le choc et le laissant retomber sur le sol.

Le bras d'Émilia quitta sa forme de monstre pour redevenir une simple protection de cristal alors qu'elle reprenait place au côté de sa professeure, ses yeux restant rivés sur l'homme alors qu'elle reprenait son souffle en se mettant en garde de nouveau.

L'homme prit une ou deux bonnes minutes avant de se relever en s'aidant de son arme, l'air farouche et contrarié, il foudroyait le duo du regard. Un sourire aux lèvres, Émilia eut l'agréable impression d'être enfin prise au sérieux par le rang Or, bien qu'elle craignait qu'un véritable combat sérieux ne finisse par se déclarer entre les deux camarades qui semblait avoir un ou plusieurs différends non réglé entre eux...

L'homme avança d'un pas. Émilia hésita subitement sur la suite que devait prendre cette histoire. L'homme était un camarade de sa partenaire de combat, ils avaient reçu un entraînement similaire logiquement... Et à la différence de son Reflet, lui avait des atouts et un style de combat qu'elle ne possédait pas...

*Adel! Ne reste pas planté comme un arbre à attendre que je sois disponible ! Entraîne-toi avec des gens différents, perfectionne toi, apprend de tous ! Ainsi, tu ne seras pas formaté à affronter qu'un seul type d'adversaire !*

Ces paroles qui résonnèrent dans l'esprit de la belle était celles du maître d'armes de son frère, de l'époque où elle observait ses entraînements sous l'ombre de son arbre. Émilia regarda son arme qui brillait sous le soleil avant de relever les yeux vers l'homme. Brisant sa garde, elle s'approcha de Mathias qui continuait d'avancer. Lui, comme Derek, était des hommes dont le style de combat et la carrure se rapprochait de l'autre monolithe. Si elle voulait avoir un jour une chance de pouvoir lui faire face sans rougir, elle allait devoir ravaler sa fierté. Plantant son arme sur le sol et posa ses mains sur la garde, elle se plaça face à Mathias qui stoppa son avancé, sans comprendre pourquoi son adversaire avait quitté sa posture pour le regarder avec un air résigné.

-Mathias, c'est ça ? Fini par dire Émilia en bombant le torse. J'aimerais que vous m'aidiez à mettre en place un entraînement physique ainsi que vous m'apprenez à me battre sans arme ! Kamélia ne sera pas toujours présente et je refuse de prendre de mauvaises habitudes en risquant de m'entraîner toute seule, alors... !

Les mains jointent sur le pommeau de son épée empruntée, le regard dur de la belle aux cheveux d'argent était également plein d'attente. Elle n'aimait pas le sourire que lui lançait Mathias, ses yeux lubriques elle ne les connaissait que trop bien... Ce regard envieux et plein de luxure, elle l'avait déjà vu et revu à de nombreuses reprises et elle savait bien comment en profiter maintenant. Rien ne l'empêchera de s'élever et ce n'est pas s'allier avec un dégénéré ou faire les yeux doux à un idiot qui la retiendra, si cela lui permet d'atteindre son but dans le délai accordé par l'épée d'Hypanatoi qui planait au dessus de sa tête aujourd'hui.

L'homme accepta à demi-mot, mais cela serait suffisant pour l'instant. Elle reviendrait vers lui plus tard. Les entraînements à l'épée seront avec son Reflet, leur style se rapprochant. Mais le corps-à-corps serait plus intéressant avec un gabarit comme celui de Mathias, celui-ci l'aidera à apprendre à maîtriser la surpuissance du paragoi tel un cours d'eau qui fracasse des arbres ou erodes des pierres avec douceur et patience.

-Ne prenez pas vos grands airs, ça n'ira pas plus vite avec vous. Ce sera différent, et c'est ce que je cherche.

Poussant un soupir, elle sortit sa lame de terre et la regarda avec un petit sourire. Le maniement de sa nouvelle amie commençait à venir, elle se sentait plus à l'aise lorsqu'elle la tenait et cela lui réchauffa le cœur. Prenant l'épée par sa lame émoussée, elle retourna le pommeau vers sa Professeure pour la lui rendre, elle lui avait emprunté sans autorisation après tout, alors elle lui tendit avec un sourire désolé sur les lèvres.

La suite des réjouissances serait donc une bonne pause repas bien méritée et notre amie n'allait pas cracher dessus... Évidemment, le compagnon de Kamélia ne se voyait point inviter à la petite fête. La mine de l'homme trahissait son combat intérieur contre l'intrusion sanguine de la Prédatrice, mais l'Autre se voulait rassurante en soufflant à son hôte que l'effet ne durera qu'une dizaine de minutes grand maximum et qu'il serait rapidement rétablie et près à faire des courbettes à toutes les donzelles qui se présenteraient à lui. Écœurée, Émilia se contenta de grimacer en regardant l'homme avant de tourner les talons en passant sa main dans ses cheveux afin de détacher sa queue-de-cheval et de laisser respirer sa crinière.

Récupérant son brassard dans l'herbe, elle vit tristement que les sangles n'avaient pas apprécié le dernier affrontement et qu'elle allait devoir le laisser de côté le temps que les réparations soient effective... Un peu triste de ce constat, elle rejoignit Kamélia en ignorant complètement l'autre pnj, offrant un petit sourire à la demoiselle pour lui indiquer qu'elle était prête à partir si elle l'était également.

Prenant la direction de la villa, notre amie insista pour acheter quelques trucs au marché en chemin pour le repas qui se profilait. Des fruits, légumes frais et surtout de la viande qu'elle voulait voir être mariné comme elle aimait bien, elle pouvait alors reprendre la route, les bras chargés de provisions.

- Dites-moi Professeure, c'est quoi le souci avec l'autre... Avec votre "ami" ? Il n'as pas l'air très futé, mais il m'a l'air de tenir à vous quand même, non ?

Vouloir s'entraîner avec lui était une chose, voir même une évidence d'une certaine manière. Mais notre protagoniste souhaitait tout de même savoir dans quel bourbier elle était en train de mettre les pieds. Histoire de savoir si elle allait avoir un cadavre à jeter dans la rivière à un moment ou pas... et si cela chagrinerais sa nouvelle amie ou non.

Les quartiers de l'Église se profilaient à l'horizon. Ce coin de la ville n'était pas le plus apprécié de notre protagoniste, la vue de ces habitants aveuglés par la religion lui occasionnant des hauts le cœur, elle ne ressentait néanmoins plus cette haine viscérale qui pouvait la caractérisée lors de son arrivé.

Ce constat la surprenait à chaque fois qu'elle croisait un membre de l'Ordre, le fait qu'elle ne ressente plus cet envie de répandre leurs trippes sur le sol de manière maladive, mais se contentant de les regarder avec un désintérêt hautain était une belle avancée qui la rassuré mine de rien, surtout après les dernières remontrance du gorille en armure aimant s'écouter parler en faisant l'hélicoptère avec sa lance... En parlant du paragoi, la réponse que lui donnait son Reflet à sa dernière interrogation aida Émilia à imiter ce dernier, la belle parvenant alors à sortir de ses entrailles un magnifique grognement avant de rétorquer, non pas sans une magnifique pointe d'ironie :

-Mise à part cette histoire de chercher la gloire, votre amant correspond beaucoup à cette description, vous savez...

Hypanatoi, Rémy, Mathias... Notre amie ne parvenait plus à les différencier et plus les années passaient, moins elle parvenait à comprendre comment de belle pousses comme elles finissaient par s'enticher de ce genre d’énergumènes. Quant à côté de ça, des hommes trop doux et gentils tels qu'Elim semblait résolu au second rôle peu flatteur. Une histoire de confiance en soi et de capacité de savoir jouer des mécaniques sûrement. De nouveau, un bien triste constat... Il y avait une drôle de logique chez les personnes de son genre, elle avait fini par le voir, celui de privilégier les êtres voyant et explosif, sous tous les sens du terme, plutôt que les côtés plus chaleureux et rassurant. Étrange choix de l'évolution ou des dieux, difficiles de trancher.

En-tout-cas, nos deux amies venaient de rentrer dans la petite villa de Kamélia. L'endroit était calme, rythmé par les cloches du lieu de culte voisin et la vie des habitants locaux. Suivant son Reflet, elle déposa ses affaires dans un coin avant de pénétrer dans le jardin central, immitant la belle quand elle passait près de l'autel, Emilia s'agenouilla devant en posant le bout de ses doigts dessus, accordant une prière muette à ses proches avant de se relever. Ce geste n'avait aucun sens, cet autel n'avait aucune signification particulière pour elle et surtout pas religieuse. Mais ce mimique, ce pincement au cœur qu'elle ressentait en faisant cela, la rassuré et lui rappelait pourquoi elle s'infligeait tout ça... Pourquoi elle ne voulait plus que ce genre de drame ne se reproduise et ce qu'elle devait faire pour ça.

Arrivant près du bassin, l'infirmière rougie en voyant Kamélia se dévêtir pour rentrer dans l'eau, détournant le regard mécaniquement comme un voyeur venant d'avoir peur de se faire attraper les mains dans le sac. Cette réaction lui semblait particulièrement absurde, même si cette impression de voir son reflet dans un miroir effectuer une action alors que son corps n'en faisait rien était assez déroutante par moment, le fait de "se voir" réussi à la déstabiliser. La faute à la fatigue, se dit-elle, en imitant la jeune femme de nouveau, sans la regarder et en prenant soin de cacher ses atouts en se hâtant de la rejoindre dans l'eau chaude.

Elle n'était pas habituée à prendre des bains à plusieurs, même si dans son monde cela était courant, son peuple ne connaissant pas le principe pudeur, elle -en bonne paria- ne s'était montré hein qu'à sa famille... Ou à l'autre connard, mais les circonstances étaient bien différentes pour celui-ci, malheureusement.

La chaleur de l'eau la fit frissonner, la laissant pousser un soupir de soulagement alors qu'elle plongeait sa tête dans le bassin, trempant sa longue chevelure afin de la nettoyer des impuretés qu'elle avait attraper ses derniers jours. Remontant à la surface, elle laissa le bain détendre ses muscles et ses nerfs, portant enfin un regard vers sa professeure qui ne la quittait pas des yeux. Hésitant un instant, des mots d'Hypanatoi venait de lui revenir en mémoire, datant de leur journée interminable, mais elle ne savait pas trop comment aborder le sujet pour le coup.

-En faite Professeure, j'ai promis à votre dégénéré compagnon que je devais vous entretenir de certaines choses. Finit-elle par dire, l'air grave, en plongeant ses yeux océan dans ceux de son Reflet. Je fais, en quelque sorte, partis des Dark Souls... Je n'approuve pas beaucoup de leurs aspects, mais eux essayent au moins de faire quelque chose contre les dieux cupides de ce monde et en ça, ils me sont utiles.

Le regard de la belle était devenu glacial et méfiant en prononçant ses mots, ses ongles rubis grattant la pierre du bassin, elle attendait de voir comment la demoiselle devant-elle, membre de l'Église au vu de ce qu'elle avait pus voir, allait réagir à la bombe qu'elle venait de lâcher.

Leurs regards plongés l'un dans l'autre, les deux jeunes femmes se faisaient face dans la brume tiède de leur bain. Puis un petit rire vint briser le silence et la sentence de la professeure tomba tel le marteau impartial d'un juge. Plusieurs choses furent dites, sans méchanceté aucune, mais avec honnêteté, le Reflet annonça que l'affiliation partielle de son élève avec les amis de la liberté ne changeait presque rien... Presque, car quelque part, les mots qu'elle avait pu avoir la veille venaient de perdre de leur solidité quand elle annonça ne pas lui faire entièrement confiance.

*Est-ce que tu penses qu'on pourrait être amie?*

Émilia étouffa un petit rire triste... Elle ne pouvait pas lui en vouloir pour ça, elle se doutait que les choses allaient tourner comme ça de toute façon, mais elle sentais néanmoins son cœur se serrer en entendant ses mots. La belle afficha un léger rictus en baissant les yeux, ce n'était pas un sourire de joie ou de sarcasme, mais le genre d'expression que pouvait avoir une personne qui se réveillait d'un rêve trop doux pour être réel. Elle laissa un instant les paroles de Kamélia s'effacer dans le jardin, notre amie lavant ses bras marqués par la vie avec l'eau chaude du bassin sans dire un mot avant de finalement relever ses yeux carmin vers son Reflet, lui lançant un regard noir en reprenant la parole froidement.

-Kamélia. Commença-t-elle en mettant volontairement de côté le surnom qu'elle lui avait offert, afin de marquer par les mots la cassure qui se profilait. Je n'ai pas besoin de vos excuses ou de votre confiance, contentez-vous de remplir votre part du marché. Mais que les choses soit clair, je me fiche de l'étiquette fantôme d'un groupe que l'on colle arbitrairement sur le front des gens. Je n'ai rien contre vous, qu'importe la couleur de votre nom, mais votre dégénéré d'ami m'a humilié, insulté et menacé à trop nombreuse reprise, car il est trop aveuglé par sa puissance et ses certitudes pour voir autre chose que son petit nombril ou je sais quelle autre raison stupide, qu'importe. Il en veut à ma vie, il me la suffisamment dis quand vous aviez le dos tourné et par ces simples faits, je ferais rouler sa tête à mes pieds un jour.

L'atmosphère était devenue plus lourde. Notre amie s'était murée dans le silence suite à ses paroles, son coeur s'étant de nouveau réfugier dans sa carapace, elle n'accorda plus un regard à sa professeure, se contentant de poursuivre sa toilette, l'esprit plongé dans ses pensés. Après une poignée de minutes, Émilia finit cependant par se lever, essorant sa chevelure avant de quitter le bassin.

-Je vais préparer le repas. Prenez votre temps.

La voix de la jeune femme restait froide. Toujours aucun regard. Elle quitta les lieux sans marquer la moindre pause, la mâchoire crispée et le visage triste, elle allait enfiler des vêtements légers dans la chambre qui lui avait été attribué. Elle ressortit rapidement de la pièce, un élastique entre les doigts, elle attacha ses cheveux en une longue queue de cheval qu'elle laissa tomber sur son épaule avant de commencer à fouiller dans les placards. C'est dans ses moments-là qu'Alicia lui manquait le plus... Avant qu'elle n'arrive à la clinique, la préparation du dîner était assez simple, Elim étant un petit mangeur, elle devait se concentrer sur elle et sa colocataire. Émilia ayant un régime très spécial, tout comme Blue, celui-ci était vite expédié. Mais l'arrivé de la barde entre les murs de la demeure avait changé la donne et obligeait notre amie à retravailler ses menus.

Ainsi, ce soir là, elle put préparer une salade composé, plusieurs bolles de légumes et fruits divers, mais ce fut la cuisson de la viande marinée qui lui demanda le plus d'effort. Ses doigts sur ses lèvres, elle réfléchit un moment avant de mettre, de mémoire, les ingrédients qu'elle imaginait nécessaire pour la préparation... Il était peu probable que le résultat soit satisfaisant, mais elle n'avait pas le cœur à se prendre davantage la tête.

Les victuailles prêtent, elle s'attela à la mise en place de la table, marquant une pause lorsqu'elle eut les verres dans les mains. Toujours pensif, son regard se perdit dans le matériau transparent... Elle était fatiguée de ses derniers jours, la marée montait dans ses yeux océan et elle avait mal. Ce mordant la lèvre inférieure, ce fut l'éclatement du verre entre ses doigts qui la fit sortir de sa torpeur. Lâchant un sec "Et merde...", elle allait plonger sa main ensanglantée dans l'eau et commença à retirer les petits bouts de verre qui s'étaient glissés dans sa chaire.

J'aimerais dire que cela faisait longtemps que la jeune femme ne c'était pas senti aussi mal, mais cela serait un mensonge... Émilia était comme ça, à fleurs de peau, démarrant au quart de tour à la moindre émotion un peu forte. On pourrait blâmer sa Corruption pour ça, mais en vérité elle traînait ce tard depuis son enfance. Elle est une personne impulsive, c'est malheureusement un fait et Kamelia ainsi que son colosse d'ami le lui avait déjà fait remarqué.

Mais que voulez vous, Rome ne sait pas construit en un jour et il faudrait bien plus de temps pour qu'elle apprenne à contenir ses émotions et ses sentiments afin d'en puiser de la force et non plus une source d'ennuis. Les mains sanguinolentes plongées dans l'eau, le regard brillant (et vermeille) de la jeune femme contenait les larmes de ses émotions. Beaucoup de choses se bousculaient dans sa tête : de la tristesse, un sentiment d'abandon, un manque sentimental et toujours cette colère envers elle-même.

Émilia se rendait bien compte qu'elle venait là encore d'exploser pour rien. Le barrage avait été construit trop bas dans son coeur et il penait rapidement à maintenir une constance dans ses sentiments. Retirant les petits bouts de verre dans sa peau à l'aide de ses ongles, elle ne remarquait la présence de Kamélia qu'au tout dernier moment, lorsque celle-ci la retourna de force pour empoigner son visage. La colère étant maîtresse à ce moment-là, cela épargna à notre amie une nouvelle montée de sang dans ses pommelles, mais elle foudroyait son Reflet du regard, d'un œil noir et triste.

Elle l'écouta, sa professeure avait bien évidemment raison, ses paroles avaient été surinterprétées et Émilia serrait les dents en détournant le regard. Quoi dire ? Quoi répondre à de tels aveux...? Relâchant son emprise, la belle laissa ses larmes couler tandis que les yeux de la Prédatrice reprenaient leurs teintes océan, tenant son bras en baissant les yeux d'un air honteux, laissant également les larmes couler sur ses joues.

-Je n'ai jamais eut d'ami... Finit-elle par dire d'une voix tremblante. Je ne sais pas... C'est nouveau pour moi, tout ça.

Relevant un œil timide, elle regarda la femme qui lui faisait face en ce mordant la lèvre inférieure. La voir dans cet état, par sa faute, lui serrait le cœur. Essuyant sa joue humide d'un revers de la main, elle quittait l'évier contre lequel elle s'était réfugiée et elle vint prendre sa professeure dans ses bras. Telle deux sœurs, deux amies, Émilia venait d'encaisser sa première dispute et le mal que celles-ci pouvaient faire. Étouffant un petit rire nerveux et plein de sanglot, la belle finit par reprendre la parole d'une voix étouffée par la chevelure de Kamélia qui lui chatouillait les narines.

-Jamais je ne pourrais souhaiter votre mort. Vous ne m'avez rien fait, bien au contraire ! Et techniquement, je viens justement de vous parler à cœur ouvert... Peut-être un peu trop même. Je suis désolé...

Une enfance sans ami. Un frère protecteur et souriant. Des sœurs douces et aimantes. Le ton avait rarement monté autour de notre amie jusqu'au drame et à son arrivé à Portalia. Elim l'avait déjà grondé, Hypanatoi nous n'en parlons même pas. Mais c'était différent ici... Émilia le vivait différemment. Ce n'était pas seulement un proche qui lui faisait voir sa connerie, c'était quelqu'un qui souhaitait sincèrement lui offrir son aide et qu'elle avait peur de décevoir.

Kamélia était décidément bien différente de son compatriote. D'après ce qu'elle avait compris, la professeur et Hypanatoi venait d'époque séparée par plusieurs centaines d'années. Bien des choses peuvent évoluer en une période aussi longue et il était aisé de penser que de bien nombreuses épreuves avaient dû détruire, endurcir et forgé l'homme à la lance pour qu'il devienne aussi... Aussi "Hypanatesque".

L'homme semblait avoir des plans bien précis pour l'avenir de ce monde et de ses habitants qu'il déteste tant. Si il se refusait à la femme qui s'occupait d'Émilia, elle ne pouvait pas croire qu'il pouvait rester totalement de marbre face à elle. Elle l'avait senti lorsqu'elle les avait croisés tous les deux et bien qu'Émilia soit persuadée que rien ne bon ne puisse naître d'une relation entre eux, elle osait espérer que la compagnie de son Reflet n'arrive à humaniser l'homme qui pouvait, de par son statut et sa puissance, réellement bousculer les fondations de la citée.

Cependant, alors que la blonde aidait son élève à retirer les derniers débris de verre, notre protagoniste ne voulait pas que sa nouvelle amie ne fasse les mêmes erreurs qu'elle en offrant son cœur à un homme tel que lui. Elle avait bien trop peur qu'il ne le lui brise un jour prochain, après avoir profité de cette faiblesse que lui impose ses sentiments contradictoires.

Une idée semblait avoir germé dans l'esprit de la stratège alors qu'elle finissait d'appliquer les premiers soins à son élève dont ses légères blessures avaient déjà commencé à se refermer : aller trouver un objet, unique, juste pour elle. Une sorte de totem, une relique qui l'aiderait dans les moments où la lumière se voudrait plus faible.

Kamélia parla d'un souvenir de sa mère pour illustrer ses propos. Émilia n'avait rien de tel sous la main... Aucun souvenir matériel de sa vie d'avant à part les cicatrices qui couvraient sa peau.

-Je... J'essayerai de trouver quelque chose qui convienne...

Dit-elle simplement en baissant le regard, observant les gestes un peu imprécis de la demoiselle lui rappelant forcément ses propres débuts à la clinique. Elle hésita à la reprendre, mais elle préféra la laisser faire, un léger sourire sur ses lèvres rosées.

S'installant à la table, curieuse de tous ses mouvements que faisait son Refet autour d'elle, Émilia regardait la petite boite de métal que la jeune femme déposa devant elle. Relevant un air enfantin vers Kamélia, elle fixa le regard azuré de la demoiselle en penchant légèrement son visage sur le côté.

-Qu'est-ce que c'est ?

Prise par surprise, Émilia ne savait pas comment réagir lorsque sa professeure lui glissa le souvenir de sa mère dans le creux de sa main en refusant le moindre refus. Profondément gênée, la demoiselle regarda son Reflet sans trop savoir quoi dire en réalité, se contentant alors d'écouter son histoire.

Fermant le poing, la belle emmena le petit bijou près de son cœur en acceptant finalement le présent d'un hochement de tête gênée, sans dire le moindre mot. Les joues rosées, elle regarda le petit pendentif quelques instants alors que Kamélia commençait finalement à expliquer la suite de la suite du programme. Une nouvelle série d'exercice avec différentes armes se profilait et bien que l'épée qu'elle avait pu manipuler jusqu'à présent lui suffisait, Émilia accepta la proposition avec détermination en glissant le pendentif dans un petit linge de soie qu'elle rangea soigneusement dans le pli de ses vêtements.

Apprendre à utiliser des armes différentes était une bonne idée, qui lui permettait d'être polyvalente en toute circonstance et avec tout ce qu'elle pourrait trouver au hasard d'un champ de bataille. Elle voyait là lucidité d'esprit de la stratège qui, derrière ses sourires doux, n'avait pas perdu de vu son objectif premier.

D'ailleurs, en parlant d'objectif premier, alors que son apprentie finissait de servir le repas avec un enthousiasme plus léger et souriant qu'au tout début de cet aparté, Kamélia finit par demander comment notre amie se voyait sur un champ de bataille. Émilia stoppa ses mouvements quelques secondes avant de reprendre ses préparatifs, pensifs.

Son Reflet devra attendre qu'elle finisse de poser la table ainsi que ses plats, s'asseyant en face d'elle pour avoir une réponse. Notre protagoniste eut d'ailleurs bien du mal à savoir quoi dire, comme d'habitude en fait quand elle échangeait avec le duo de paragoi. Mais cette fois, elle savait où diriger ses pensés grâce aux aventures qu'elle avait vécu, notamment avec le lancier éponymes.

Émilia n'était pas à l'aise avec les affrontements contre plusieurs adversaires, son efficacité, elle la trouve dans les ombres. Son entrée au service d'Elim, sa petite aventure dans la jungle ou dans la taverne... Certes, elle avait besoin de savoir ce défendre lors de duel ou d'affrontement plus classique, et c'est pour ça qu'elle avait accepté cette proposition d'entraînement, mais...

-Hmm... Sur un champ de bataille, je ne sais pas trop, mais je suis plus efficace quand je peux rester dans l'ombre. Je passe facilement inaperçu auprès d'inconnus et je sais frapper là où ça fait mal. Mais mon manque de force et d'endurance est handicapant contre plusieurs adversaires en combat direct, comme vous avez pus le constater... Désolé, Professeure, je ne sais pas si ça vous aide...

La tête baissé sur sa viande marinée maison, le cou fade de celle-ci n'aida pas à faire passer l'amertume qu'elle sentait dans sa gorge en cet instant...