Après la bataille [Elim] (Terminé)

Vous avez vaincu, mais à quel prix ?

L’opération du bosquet de Solgrid a pris une tournure inattendue. Non seulement vous avez été pris de court par un monstre qui s’est attaqué à toi sur votre chemin, mais en plus avez-vous été pris en chasse par un monstre inconnu, vraisemblablement de rang légende. L’entité qui habite ces lieux avait déjà affaibli la créature avant que vous ne l’acheviez. Tu repasses en boucle les évènements des dernières heures. Tout d'abord, l'alarme a été sonnée : celle de l’attaque de la cité-forteresse par les créatures du chaos. Tu as ensuite été appelée au bosquet où tu as rejoint un groupe constitué à l’improviste et dont le membre le plus fort était Hypanatoi. Tu as naturellement pris la tête de l’expédition. Et quand bien même tu estimes que l’escouade ne s’en serait sans doute pas sortie sans leader, tu estimes que ta performance n’a pas été à la hauteur. Que dirait donc ton père en te voyant ? Cette simple idée suffit à te faire frémir de honte. Peut-être as-tu fait de ton mieux compte tenu de la composition de l’équipe. Tu n’avais pas des Drakenmayers avec toi, mais un groupe dissipé. Malgré cela, ils se sont battus et ont risqué leurs vies à tes côtés. Et pour ça, ils méritent le respect.

Tu n’es pas sûre de comment réagir. Dois-tu être fière parce que vous avez mené votre mission à bien et que vous avez terrassé une créature plus forte que vous ? Ou dois-tu t’inquiéter du bilan de blessés ? Hypanatoi l’a dit lui-même et tout ceci prouve une chose : Portalia n’est pas prête. Malgré les invocations, malgré la présence d’organisations puissantes à l’image de la Guilde et de l’Eglise, tout le monde a été pris de court. Cela ne fait que conforter ton opinion, votre opinion à tous deux ; Portalia doit changer si elle ne veut pas disparaître. Tu as été invoquée malgré toi pour accomplir la quête de l’Ordre, tu mettras donc tout le zèle possible pour parvenir à tes fins. Pour le moment, tu ne connais pas le bilan des autres groupes ni l’ampleur de la destruction de la cité. Néanmoins, tu guetteras la tournure des évènements avec attention.

S’il y a bien une personne que tu reconnais volontiers avoir sous-estimé dans cette escouade, c’est Elim. Le loup n’était peut-être pas un combattant, n’avait peut-être pas un esprit militaire similaire au tien, mais il avait sauvé des vies. Sans son aide, tu sais pertinemment que Meï-Ren et toi auriez succombé face à vos blessures. La magie curative de l’hybride a pansé vos plaies avec une efficacité redoutable. Il vous a ensuite demandé de venir chez lui pour un examen plus approfondi. Tu as chargé Blue de donner le cadavre du monstre à la Guilde et de faire le rapport. Tu aurais aimé le faire, tout comme tu aurais aimé continuer à aider. Néanmoins, au vu de ta grave blessure et de ton état de fatigue, il ne te serait pas venu à l’esprit de contester les recommandations du médecin de l’escouade.

Tu t’es ainsi rendue au quartier Nord – non sans regarder autour de toi pour constater les dégâts de tes propres yeux. Nul doute que la reconstruction prendrait du temps dans cet endroit déjà délaissé par les autorités, mais pour le moment telle n’est pas la question. Connaissant le chemin vers la maison de ton ami, tu t’es rendue chez lui. Tu attends désormais dans la chambre où tu étais la dernière fois qu’il t’a soignée. C’est la deuxième fois qu’Elim te sauve la vie, il a tout ton respect et ta reconnaissance. Quant à toi, assise, la mine sombre, tu es toujours dans tes pensées.

« Ce n’est pas assez. » affirmes-tu à voix haute, « Je ne suis pas suffisamment forte. »

Levant la tête, tu remarques ton ami au pied de la porte. A-t-il entendu ce que tu viens de dire ?

L’hybride semble content de te revoir. Tu n’auras cesse d’être surprise par un accueil aussi chaleureux tant tu n’y es pas habituée. Il n’a pas l’air de t’en vouloir ; est-ce une marque de naïveté ou de bon sens ? Tu ne saurais le dire avec certitude, et tu ne réagis pas lorsque le loup te prend dans ses bras. Cette rencontre avec la créature te fait beaucoup douter, et réfléchir. Tu as demandé à ta camarade, Blue, de ramener le corps du monstre à la Guilde où il pourra être examiné. Avec un peu de chance, vous obtiendrez plus de renseignements sur ce dernier afin de mieux y faire face au cas où vous recroiserez la route d’un tel spécimen. La victoire a encore un goût amer dans ta bouche quand tu as pris connaissance du bilan. Tu savais quel était le risque en allant en première ligne avec Meï-Ren, et vous l’avez pris. N’est-ce pas la définition même du courage ? Quelle aurait été l’autre option, fuir, comme Patrick ? Ce n’était pas envisageable, tu le sais. Vous vous deviez de sécuriser le bosquet de cette menace, et c’est ce que vous avez fait.

« Il est vrai que nous avons vaincu notre adversaire et que tout le monde s’en est sorti. En un sens, la mission a été un succès. » tu marques une pause, « Je me sens responsable de ce qui est arrivé à Meï-Ren et Patrick, même s’il a fini par prendre la fuite. Je dois tirer leçon de cette expérience pour mieux faire à l’avenir. »

Bien sûr, tu es fière, tu es forte. Une telle aventure ne saurait avoir raison de ta volonté. Même si tu es déçue de ta performance en ce jour, tu ne comptes guère t’arrêter là. Sans doute n’as-tu pas eu la plus disciplinée des troupes, peut-être manquait-elle de coordination. Néanmoins, n’est-ce pas le rôle d’un chef de faire face à tous ces imprévus ? Tel est la lourde responsabilité du pouvoir. En tant qu’alpha, on te surveillait de près à Drakenmarg, autant pour tes victoires que tes défaites, devais-tu à tout moment te montrer digne de ton rang. Si tu dois prendre du recul, tu es forcée d’admettre que cette expédition n’était pas aussi désastreuse que tu le laisses entendre. Toutefois, tu te dois de t’améliorer, de mieux faire pour la prochaine fois. Si tu veux que les autres comptent sur toi, tu dois une fois de plus t’en montrer digne. L’écart de puissance entre Drakenmarg et ici n’aidant en rien, tu sais pertinemment que tu dois redoubler d’efforts si tu souhaites un jour parvenir à tes fins.

« Personne n’était assez fort et personne n’était prêt, c’est bien le problème. Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers face à cette victoire car le pire est peut-être à venir. Nous ne savons rien sur cet assaut. A-t-il été initié par un roi du chaos ? Il y en aura-t-il d’autres ? »

L’annonce de l’attaque a été sonnée à la grande surprise générale. Tu as été envoyée au bosquet où tu as rapidement rejoint les autres. Les mots d’Hypanatoi te hantent encore, et tu penses qu’il a raison. Portalia devra se préparer pour l’avenir, et pour cela elle doit changer si elle ne souhaite pas disparaître. L’avancée du chaos jusqu’à la cité-forteresse est un fait effrayant pour plus d’une personne. Tu as quant à toi un mauvais pressentiment. Si le chaos est venu jusqu’ici, c’est que vous avez été jugé faibles. Et peut-être à raison lorsque tu vois à quel point la pagaille a régné dans la cité. Peut-être es-tu pessimiste, mais tu estimes que l’avenir sera bien sombre pour Portalia si personne n’agit vite. D’ailleurs, où étaient ces héros de légende dans la bataille, lorsque vous aviez besoin d’eux ?

« La situation actuelle ne peut plus durer, surtout au quartier Nord. La Guilde doit se débarrasser de la corruption qui la ronge, et l’Eglise n’est pas en reste. »

Plus que jamais, tu suivras tes idéaux. Plus que jamais, tu poursuivras tes objectifs. Tu es convaincue que tu as beaucoup de choses à apporter à la cité-forteresse avec tes idées différentes. Tu es bien loin de persister dans la lamentation, tu cherches d’ores et déjà des solutions aux problématiques soulevées. Tu remarques que tu t’es à nouveau perdue dans tes pensées et tes grands discours ; tu te rappelles qu’Elim n’est pas là pour ça. Cela ne l’intéressera sans doute guère.

« Pardonne-moi, je m’égare. »

Céder à la psychose ? La remarque te fait hausser un sourcil. Tes déductions sont pourtant réalistes, et ton instinct guerrier te pousse à imaginer le pire pour te préparer à l’avenir. Sur certains aspects, tu reconnais bien Elim comme étant un natif de ce monde. Tu n’entrevois aucune ambition chez l’hybride, tout comme il ne t’inspire pas le même respect que des hommes comme Derek ou Hypanatoi. En temps normal, c’est une chose que tu méprises. Pourtant, Elim ne t’inspire aucune aversion particulière. Serait-ce l’exception confirmant la règle ? Que tu sois d’accord ou non avec ses pensées, tu apprécies la compagnie de l’hybride, et tu le considères comme un ami. Peut-être te serais-tu lancée dans de grands discours guerriers avec une autre personne. En l’occurrence, tu préfères garder le silence. Le loup a la bonté de soigner tes blessures, tu ne souhaites guère le contrarier d’une quelconque manière ; après tout, il t’a sauvé la vie. Et quoi qu’il en dise, un alpha sait reconnaître ses dettes. Un jour, tu devras être suffisamment forte pour le protéger, tu le sais. Tu devines qu’Elim est de ceux qui aident la veuve et l’orphelin, de ceux qui aident les faibles. Tu te poses en outre des questions. Qu’est-ce qui l’anime donc ?

La conclusion du loup te paraît bien trop facile. Patrick et Meï-Ren avaient peut-être été ici de leur propre gré. Toujours est-il que c’est toi qui t’es retrouvée implicitement à la tête du groupe. D’un accord tactique, c’est donc sur toi que l’on a compté pour ramener l’escouade en un seul morceau. Tu t’estimes heureuse que les choses n’aient pas si mal tournées, que vous avez pu accomplir votre mission et vaincre une créature inconnue jusqu’à présent. S’il y avait eu des pertes, tu ne te serais certainement pas pardonnée.

« Un chef porte le fardeau du pouvoir. » expliques-tu, « C’est à lui qu’on fait des éloges quand tout se passe bien, tout comme c’est à lui que l’on demande des comptes lorsque les choses tournent mal. »

C’est comme ça que les choses fonctionnent à Drakenmarg. Et, c’est comme ça qu’elles doivent fonctionner dans tout peuple guerrier à tes yeux. Alpha, tu as toujours eu une grande pression sur les épaules dès le plus jeune âge. Tu ne t’en es pourtant jamais plainte et il ne te viendrait pas à l’esprit de le faire. Pour toi, chaque chose a sa place dans ce monde, de l’alpha à l’oméga. Chacun possède des responsabilités innées et se doit de les respecter. C’est ainsi que tu justifies la hiérarchie dans ton monde. Pour toi, il est évident que tout le monde n’est pas né pour diriger. Les omégas servent ainsi les alphas, qui leur offrent en échange protection et abri. Les dirigeants doivent se montrer dignes de l’être. Dans leurs manières, leurs stratégies et leur attitude. Les alphas qui abusent de leur pouvoir récoltent autant ton mépris que les omégas qui se dérogent à leur devoir comme Ryuusei l’a fait par le passé. Tu as beau avoir atterri dans un nouveau monde, tu ne changeras pas de mentalité aussi facilement, portes-tu toujours la fierté d’être l’héritière de Khorn.

T’allongeant pour laisser l’hybride t’examiner, tu te raidis à sa dernière question tant elle te paraît absurde. Te laisser aller ? Ne rien faire, ne pas avoir d’ambitions et vivre au jour le jour ? C’est bien une chose que tu tiens en horreur. Tu n’imagines pas ta vie sans constamment chercher plus, sans constamment aller de l’avant. Ton ambition a-t-elle seulement des limites ? Si non, Portalia doit-elle s’inquiéter ? C’est pourtant en partie ce qui te définit : tu as toujours un objectif en tête, quelque chose à accomplir. Si ce n’est pas aujourd’hui, un jour tu prouveras à ce monde ta valeur et tu récupéreras ta puissance d’antan. La réplique à la question d’Elim est ainsi toute trouvée.

« Jamais. » réponds-tu avec un léger sourire.

L’esprit en ébullition, tu penses d’ores-et-déjà à l’avenir de Portalia, à ce que tu dois accomplir. Nul doute que l’attaque aura de lourdes conséquences sur la cité. Et qu’en étaient-ils de ces héros rang légende ? Ils avaient sans doute participé à la bataille eux aussi, s’en étaient-ils aussi bien sortis ? La militarisation de la cité-forteresse doit commencer et vite. À tes yeux, la situation ne peut plus durer alors qu’elle devient aussi critique. Il vous faut plus de rigueur, plus d’organisation. Il n’est pas question d’envoyer des rangs bronze à la mort, mais bien de mettre les bonnes personnes au bon endroit. Au vu de la diversité des talents, il y a largement de quoi faire selon toi.

Tu perçois quelque chose chez Elim, de l’inquiétude à ton égard. Quelqu’un s’est-il déjà inquiété pour toi ici ? Hormis tes parents, as-tu déjà compté pour quelqu’un ? C’est une sensation à la fois troublante et agréable. Peut-être certains alphas considéreraient cela comme une faiblesse, mais tu ne te sens pas de repousser cette affection. Tu comprends en outre que le loup tient suffisamment à toi pour ne pas vouloir te voir prendre des risques inutiles. Pourtant, vos routes ne se sont croisées qu’à trois reprises. Il est avenant, peut-être trop. Sans doute aurais-tu considéré cela comme de la naïveté dans d’autres circonstances. Tu te surprends à te promettre de garder un œil sur Elim pour éviter qu’il ne se fasse avoir par une quelconque personne malveillante. Il est difficile de croire que tant de bonté puisse exister dans le quartier Nord. Le guérisseur est telle une fleur au milieu des mauvaises herbes. Cela ne fait que renforcer ta détermination et, une fois de plus, tes convictions. Pour toi, il ne devient que plus nécessaire que tu te battes, pour des gens comme lui.

« Ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention de mourir de sitôt, et je n’ignorerai pas les conseils d’un médecin. » réponds-tu d’un air amusé, « Je ne ferai rien de trop physique aujourd’hui. »

Tu le gratifies de l’un de tes rares sourires. Tu entends ses craintes, mais la voie dans laquelle tu t’es engagée fourmille de dangers, et tu seras obligée de prendre des risques. Ta détermination de survivre et de vaincre tes adversaires est pourtant intacte. Parfois, le guérisseur te surprend par sa perspicacité – chose rare pour un portalien. Il a deviné que tu ne comptes pas rester sur des constatations et des mots, tout comme il a deviné que tu as des plans pour l’avenir. Quant à toi, tu guettes l’opportunité pour briller et te démarquer. En un sens, ta participation à cette escouade est peut-être un bon début qui t’a permise de te remettre dans le bain. Tu regarderas les réactions futures de l’Eglise et de la Guilde avec attention suite à cette attaque. Au vu du désordre et du chaos provoqué par toute cette impréparation, tu devines sans mal que le bataillon de défense interne risque de prendre cher pour son grade. Tu sais en outre qu’il est temps de redresser les choses, avant qu’il ne soit trop tard.

« Je vais commencer par améliorer les choses à mon échelle, et j’ai déjà mené des actions dans ce sens. » tu marques une pause, « Les gens souffrent, invoqués ou natifs. Des gens qui n’ont rien demandé subissent, surtout au quartier Nord. » tu le regardes droit dans les yeux, « Les gens comme toi méritent sérénité et protection de la part des autorités. »

Tu n’as pas répondu entièrement à sa question, et tu en es parfaitement consciente. Tu ne lui as pas fait part de tes ambitions démesurées, comme tu l’as fait par le passé avec Hypanatoi et Derek. As-tu suffisamment confiance en l’hybride pour cela ? Il t’a pourtant témoigné affection et amitié, il t’a pourtant sauvée à deux reprises. Pourtant, il ne t’inspire pas le même respect que les deux hommes. Tu n’oublies pas qu’Elim n’est pas un guerrier, qu’il n’a pas reçu d’entraînement militaire. Comment réagirait-il face à tes envies de justice à Portalia ? Lorsque tu as abordé le sujet avec Elizabeth, elle s’est éperdument moquée de toi, et tu crains que l’hybride prenne tout ceci bien mal. Tu ignores s’il est de ceux suffisamment courageux pour non seulement vouloir faire changer les choses, mais également agir. A-t-il entendu parler de ton rapprochement avec Hypanatoi ? De l’affaire et de l’enquête autour d’Aster ? Tu l’ignores et cela te pousse à la prudence.

« Je… Te remercie pour la proposition, mais tu as en effet raison. Je dois suivre mon propre chemin, et j’ai de nombreux projets pour l’avenir. »

Tu as secoué négativement la tête, presque à regret. Tu ne te satisferas jamais de vivre ta vie avec insouciance, avec tes amis. Peut-être en sais-tu trop pour ça, ou peut-être est-ce tout simplement inhérent à ton caractère. Tu as d’autres arguments, mais plutôt des prétextes pour refuser l’offre bien touchante du loup. Au vu des affaires dont tu te mêles et des tentatives d’intimidation que tu as déjà reçues, tu sais que tu mettras Elim et ses amis en danger si tu t’approches trop de lui. De plus, tu doutes qu’une personne de la Guilde soit la bienvenue au quartier Nord. Tu es restée une fois de plus évasive dans tes propos, et tu espères que le médecin ne prendra pas ton refus trop à cœur. La voie dans laquelle tu t'es engagée est marquée par le sang, mais pas la sienne.

Après une note d’humour et de bonne humeur malgré la situation, la conversation redevient rapidement sérieuse. Laissant la magie de l’hybride faire effet, tu jettes un coup d’œil à ta blessure pour constater qu’elle s’est bel et bien refermée. Tu es une fois de plus admirative du travail du guérisseur. Un tel médecin sauverait de nombreuses vies en temps de guerre. Heureusement pour toi, le monstre a loupé le cœur. Si tu étais morte, même Elim n’aurait rien pu faire, et tu en es bien consciente. Tu as pris des risques ; tout le monde a pris des risques, mais vous saviez ce qui était en jeu. Vous n’étiez animés par rien d’autre que la volonté de repousser le chaos ayant pénétré l’enceinte de la cité. Lorsque l’hybride te demande si tu as prévu des choses pour le futur, tu ne sais exactement comment répondre. Dois-tu rester discrète sur tes ambitions ? Toujours est-il que tu lui dois une réponse honnête. C’est la moindre des choses après tout ce qu’il a fait pour toi.

« J’ai mes projets. » réponds-tu, évasive, « Je vais combattre le crime et traquer le mal qui gangrène la cité. » tu marques une pause, « À vrai dire, j’ai même déjà commencé. »

Et pour cela, tu n’es heureusement pas seule. Tu as des alliés, des alliés puissants. Tu ne veux pas que le quartier Nord devienne un lieu de non-droit ; il vous faut le reconquérir. Et pour cela, il vous faut à la fois vous attaquer aux racines du mal qu’à la corruption qui règne dans les grandes organisations. À trop laisser des organisations criminelles faire ce qu’elles veulent à l’image des Dark Souls, vous les laissez monter en puissance. L’affaire autour de Kemat n’est qu’un début, et tu comptes bien t’en servir pour mener la Guilde vers le chemin de la rédemption. Tu es à la fois convaincue d’agir au mieux pour Portalia et pour toi-même. Ton ambition et le bien commun n’ont de toute évidence aucune frontière pour toi. Tu penses que tu as beaucoup à apporter à la cité-forteresse, et tu comptes prouver ta valeur en te faisant un nom afin de pouvoir gravir les échelons. Il y a-t-il seulement une limite à ton ambition ? Tu ne te contenteras jamais de ce que tu as. La question est donc la suivante : jusqu’où comptes-tu aller avant d’être enfin satisfaite ?

« Ce n’est pas normal, tu le sais. Tu dois pouvoir compter sur nous, mais l’inaction et la corruption de la Guilde continuent de progresser. Je ne veux pas que la situation du quartier Nord devienne le demain de Portalia, je ferai tout pour combattre ces maux. » tu marques une pause, « Tu es un grand médecin et un aventurier méritant. Je vois tout ce que tu fais et à quel point tu te rends utile, les autorités doivent te reconnaître à ta juste valeur, c’est la moindre des choses au vu de tous les services que du rends. »

Non, rien de tout ceci n’est normal à tes yeux. Elim fait partie de ceux qui subissent la situation. Depuis le temps qu’il vit au quartier Nord, il a sans doute développé des stratagèmes pour survivre et ne pas s’attirer d’ennuis au sein de cet environnement hostile. Le fait que certains vivent dans la peur et n’osent pas sortir de nuit entre les murs même de la cité-forteresse est une idée qui te semble insupportable. Tu veux faire changer les choses. Et plus que vouloir, tu fais. Tu es en outre écœurée du traitement que subit ton ami alors qu’il a prouvé plus de fois sa valeur que de nombreux portaliens. Tu dois pourtant te retenir de te lancer dans de grands discours ; c’est un sujet qui t’intéresse tout particulièrement tant tu te sens désormais impliquée.

« Pour ce qui est de m’aider… Je me suis fait des ennemis, ai déjà eu des tentatives d’intimidations, et je pense que cela va poursuivre. Je ne veux pas t’impliquer là-dedans, cela reviendrait à vous mettre en danger, toi et tes proches. » tu marques une pause, « La meilleure chose que tu puisses faire pour m’aider est de poursuivre ton œuvre ici, et d’améliorer les choses à ton échelle. En revanche, si un brigand venait à te causer du tort… Tu sais où me trouver. »

Un travail sale pour des mains sales. Une part inconsciente de toi souhaite préserver Elim de tout ceci. Il est tendre et candide alors que tu es revancharde et cruelle. Oui, tu t’en voudrais de lui attirer des ennuis tout comme tu t’en voudrais si malheur devait arriver. Tu préfères qu’il reste en sécurité ici, à la clinique, plutôt que de suivre ton chemin rougi par le sang. Car ce ne sera pas beau, tu le sais.

« Ton aide en mission me sera précieuse. Pour répondre à ta question, oui, je sors souvent de Portalia. »

Retour sur un sujet plus léger. Tu ne vois aucune objection à ce qu’Elim t’accompagne en mission. S’il peut sembler frêle au premier regard, il a selon toi largement prouvé sa valeur lors de votre expédition au bosquet.

Tu trouves la réaction du loup à la fois surprenante et intéressante. Lui qui t’a toujours semblé relativement passif vis-à-vis de la situation de Portalia, montre enfin ce que tu interprètes comme étant un signe de révolte. Le pire dans tout ça, c’est qu’il a raison à tes yeux. Les invoqués continuent d’affluer arrachés à leur monde d’origine afin de participer à une guerre qui n’est pas la leur. Vous n’êtes que des pions aux yeux des plus grands, des pions à sacrifier. Le fait est que la Guilde, tout comme l’Eglise, ne possède aucun plan. Envoyer des nouveaux venus à la mort ne les dérange pas, quand bien même certains ont la chance de se battre et ne subissent pas le même sort que Kemat. Pour toi, les autorités doivent devenir une armée digne de ce nom si elles souhaitent un jour parvenir à leur fin. Elles doivent mettre en œuvre les moyens pour exploiter le potentiel de chacun, et envoyer les bonnes personnes au bon endroit, plutôt que de céder à ce chaos désorganisé qu’il y a eu pendant l’attaque. Elim est un natif. Tout comme tu aimes Drakenmarg, il aime son monde et souhaite le protéger. C’est un sentiment que tu peux comprendre, et auquel tu es même capable de t’identifier.

« Cela veut simplement dire qu’il est temps de redorer notre blason avant qu’il ne soit trop tard ; la Guilde n’est plus ce qu’elle était. » affirmes-tu calmement, « Heureusement, nous ne sommes pas tous comme ça. »

De ton côté, tu as encore l’espoir. L’espoir que tout n’est pas perdu. Mais pour survivre, tu sais que Portalia devra subir des changements drastiques. Le Chaos a attaqué parce qu’il vous a pensé faibles, et peut-être était-ce à raison quand tu repenses à l’organisation autour de la défense de la ville. Pourtant, tu y crois encore, et tu es prête à relever tous les défis qui se dresseront devant toi pour arranger la situation. Tu ne trouves – une fois de plus – guère anodin qu’un médecin aidant son prochain ait déjà eu à faire à des bandits, ait déjà eu sa sécurité menacée. Ton regard s’assombrit d’ailleurs à la mention de tout ceci. Elim, est un aventurier méritant, particulièrement méritant. Quoi qu’il en dise, tu sais qu’il mérite de la reconnaissance de la part des autorités. Au lieu de quoi, il se trouve traité comme un citoyen bas de gamme et est exposé aux dangers au sein même de son quartier. Tu comptes bien remédier un jour à cette injustice révoltante, c’est la moindre des choses que tu lui dois.

« Je n’ai pas de cornes, mais je possède des écailles sur les bras notamment. Les légendes disent que nous avons vaincu nos ennemis dragons par le passé et que c’est en les mangeant que nous avons développé nos attributs. J’ignore si c’est vrai, mais chaque Drakenmayer a des particularités de dragon. L’un de mes lieutenants, Hakkon, possède même des ailes. » réponds-tu d’un ton plus léger.

Si tu aimes parler de ton monde, ton cœur se serre à chaque fois. Tu as beau t’être habituée à Portalia tout comme tu as parfois l’impression que cela fait une éternité que tu es ici, Drakenmarg te manquera toujours. Ryuusei avait été en un sens une marque familière au milieu de ce paysage inconnu, avant qu’il ne te trahisse. Tu garderas toujours de la rancœur envers cet homme, sans qui tu ne te serais jamais retrouvée ici. Tu te demandes comment vont les autres ; ceux qui sont restés là-bas. Ton père, Hakkon, ta troupe… Tu donnerais n’importe-quoi pour te réveiller un jour à Drakenmarg, voir tous ces visages familiers. Tu crains également de laisser Khorn en proie à une guerre de succession si tu tardes trop à rentrer. Oui, rien ne serait arrivé sans Ryuusei. Tu n’es sans doute pas objective, mais tu as besoin d’un coupable sur qui rejeter la faute et c’est bien lui.

« Je te remercie, mais je ne vais pas trop traîner. Je vais me rendre à la tour de la Guilde. J’aimerais prendre des nouvelles de Blue et de Meï-Ren. » tu es un instant pensive, « Et puis… J’imagine que les patients vont affluer dans ta clinique après l’attaque. » ajoutes-tu avec gravité, « Tu vas avoir du pain sur la planche. »

Tu es touchée par ses petites attentions et tu n’as pas oublié ses conseils de te reposer, mais tu souhaites au moins t’enquérir de la situation. Et puis, tu ne fais rien de bien physique en allant prendre des nouvelles.