Hypanatoi Konostinos
Manticore - Aventurier
Bronze
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- Date d'inscription :
- 17/11/2021
- Gils :
- 27992
- Disponibilité Rp :
- Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
- Messages :
- 883
- Métier :
- Aventurier
- Couleur d'Essence :
- Rouge
- Familia :
- /
- Style d'Arme :
- Lance longue
- Rang :
- Obsidienne @@@@@
- Puissance d'Essence :
- 45627
Il se connaissait bien. Il connaissait sa propension à la morosité, et sa propension à la mélancolie : si Portalia avait clairement accru ces tendances chez lui, elle n’était pas responsable de leur existence. Son frère, quand leur relation était encore suffisamment bonne pour qu’ils puissent se parler franchement et échanger sans crainte du jugement, lui avait souvent demandé de sourire. De se dérider. D’abandonner ce qu’il appelait grossièrement sa gueule de pierre tombale. Ce n’était pas qu’Hypanatoi détournait doctement le nez dès lors qu’on lui présentait une opportunité de se réjouir, préférant les froides inclinaisons qui menaient à la sagesse et à l’austérité martiale. C’était simplement qu’il trouvait naturellement peu de joie dans ce qui amusait ses pairs, et que ce qui l’amusait lui ne provoquait que rarement chez eux des courants d’enthousiasme et d’hilarité. Malgré cela, il lui arrivait parfois de se joindre à la foule, de laisser un rire franc et large secouer son poitrail. Souvent, ses réactions étaient plus mesurées. Mais tout de même. Il n’était pas qu’un monolithe froid aux arrêtes tranchantes. Aujourd’hui, donc, il était, et plus important encore, se voulait de bonne humeur.
Devant lui s’étendait de manière indolente un spectacle unique et fascinant : Un homme prétendait soumettre une créature du chaos. On avait d’abord cru que son pouvoir unique lui permettait d’accomplir cet exploit, mais il avait rapidement dissipé cette notion. Selon lui, le sharkhound qui s’agitait en ce moment dans sa cage pouvait être rendu aussi docile qu’un chien bien dressé, et ce sans recourir à un quelconque artifice arcane. Hypanatoi doutait sincèrement de ses chances de réussite. Il s’était frotté plusieurs fois à ces bêtes, et savait pertinemment qu’elles étaient régies par un nombre limité d’instincts, et des émotions moins nombreuses encore. La rage permanente qui pourrissait leur crâne, la fureur à l’idée de partager leur espace avec une autre espèce, la faim permanente qui les étreignait, cela permettait facilement de les comprendre. Il n’y avait rien en elle qui permette de les rendre utile. Rien de l’instinct docile du bœuf devant la bride, rien de la joie servile du chien quand son maître le l’étrennait. Rien tout simplement de la relation mercantile de certains animaux dotés d’une forme primaire d’intelligence. Ces bêtes étaient des monstres, et ne vivaient que dans les limites imposées par leur condition. Ils détruisaient, et le cas échéant, ils dévoraient.
Cette démonstration serait merveilleuse, et le paragoï avait hâte de voir le verrou de la cage sauter. Certes, l’homme semblait à peu près capable de contrôler le monstre affamé et affaibli qui jetait sa peau squameuse contre les barreaux branlants de sa prison. Il ne fallait pas espérer mieux qu’une simple déconfiture, mais tout de même. C’était un plaisir qui ne se voulait pas autre que bas et facile, mais le paragoï savait, encore une fois, qu’il fallait parfois accepter de simplement décompresser, et de laisser même temporairement de côté les grands idéaux qui animaient son quotidien.
Finalement, et après avoir harangué la foule et vanté les mérites de son savoir-faire, l’homme ouvrit la cage. Il était équipé d’une armure en cuir relativement légère, qui ne se révèlerait une fois mise sur le chemin des crocs de l’hybride loup-requin que très insuffisante. Sa main tenait un fouet, mal assurée, et sa voix, bien que travaillée, tremblait un peu. Sans doute était-ce là l’ouïe surhumaine du paragoï qui captait un signal révélateur. Et ce dernier se sentait comme un enfin lors d’un grand festival, quand venait enfin le temps après de longs discours ennuyeux des représentations festives.
La cage s’ouvrit, le verrou métallique tombant sur la pierre battue de la grand place avec un bruit d’apocalypse. Et l’enfer se déchaina. La porte de la cage vola en éclat sitôt que l’animal stupide comprit qu’elle était déverrouillée, et il chargea droit devant lui, avant de pivoter sur ses appuis et de se retourner contre son tortionnaire.
Hypanatoi hésita un très bref instant, se demandant s’il devait intervenir. Il décida finalement que non. Tout cela était fort distrayant, et il ne voulait pas gâcher la représentation visiblement très travaillée de ce brave chaland. Il mourrait en vérité de voir comment ce dernier, épaulé de ses deux assistants, allait bien pouvoir retourner la situation. Il en mourrait en vérité d’impatience. Il n’était visiblement pas le seul : le reste de l’assistance était parcouru à son tour de tremblements discrets, cette fois plus anticipatifs qu’autre chose. Braves portaliens, toujours si prompts à accorder leur confiance ; un peuple réellement remarquable. Finalement, l’animal renversa le dresseur improvisé, ses larges mâchoires claquant dans le vide, alors que les deux alliés de ce dernier tentaient tant bien que mal le bestiau écumant.
« Magnifique spectacle ! ponctua le paragoï, essayant de couvrir de sa voix les quelques murmures qui se faisaient craintifs. »
Il ne voulait pas que cela cesse. Pas encore.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 21 Avr - 12:10, édité 4 fois
Devant lui s’étendait de manière indolente un spectacle unique et fascinant : Un homme prétendait soumettre une créature du chaos. On avait d’abord cru que son pouvoir unique lui permettait d’accomplir cet exploit, mais il avait rapidement dissipé cette notion. Selon lui, le sharkhound qui s’agitait en ce moment dans sa cage pouvait être rendu aussi docile qu’un chien bien dressé, et ce sans recourir à un quelconque artifice arcane. Hypanatoi doutait sincèrement de ses chances de réussite. Il s’était frotté plusieurs fois à ces bêtes, et savait pertinemment qu’elles étaient régies par un nombre limité d’instincts, et des émotions moins nombreuses encore. La rage permanente qui pourrissait leur crâne, la fureur à l’idée de partager leur espace avec une autre espèce, la faim permanente qui les étreignait, cela permettait facilement de les comprendre. Il n’y avait rien en elle qui permette de les rendre utile. Rien de l’instinct docile du bœuf devant la bride, rien de la joie servile du chien quand son maître le l’étrennait. Rien tout simplement de la relation mercantile de certains animaux dotés d’une forme primaire d’intelligence. Ces bêtes étaient des monstres, et ne vivaient que dans les limites imposées par leur condition. Ils détruisaient, et le cas échéant, ils dévoraient.
Cette démonstration serait merveilleuse, et le paragoï avait hâte de voir le verrou de la cage sauter. Certes, l’homme semblait à peu près capable de contrôler le monstre affamé et affaibli qui jetait sa peau squameuse contre les barreaux branlants de sa prison. Il ne fallait pas espérer mieux qu’une simple déconfiture, mais tout de même. C’était un plaisir qui ne se voulait pas autre que bas et facile, mais le paragoï savait, encore une fois, qu’il fallait parfois accepter de simplement décompresser, et de laisser même temporairement de côté les grands idéaux qui animaient son quotidien.
Finalement, et après avoir harangué la foule et vanté les mérites de son savoir-faire, l’homme ouvrit la cage. Il était équipé d’une armure en cuir relativement légère, qui ne se révèlerait une fois mise sur le chemin des crocs de l’hybride loup-requin que très insuffisante. Sa main tenait un fouet, mal assurée, et sa voix, bien que travaillée, tremblait un peu. Sans doute était-ce là l’ouïe surhumaine du paragoï qui captait un signal révélateur. Et ce dernier se sentait comme un enfin lors d’un grand festival, quand venait enfin le temps après de longs discours ennuyeux des représentations festives.
La cage s’ouvrit, le verrou métallique tombant sur la pierre battue de la grand place avec un bruit d’apocalypse. Et l’enfer se déchaina. La porte de la cage vola en éclat sitôt que l’animal stupide comprit qu’elle était déverrouillée, et il chargea droit devant lui, avant de pivoter sur ses appuis et de se retourner contre son tortionnaire.
Hypanatoi hésita un très bref instant, se demandant s’il devait intervenir. Il décida finalement que non. Tout cela était fort distrayant, et il ne voulait pas gâcher la représentation visiblement très travaillée de ce brave chaland. Il mourrait en vérité de voir comment ce dernier, épaulé de ses deux assistants, allait bien pouvoir retourner la situation. Il en mourrait en vérité d’impatience. Il n’était visiblement pas le seul : le reste de l’assistance était parcouru à son tour de tremblements discrets, cette fois plus anticipatifs qu’autre chose. Braves portaliens, toujours si prompts à accorder leur confiance ; un peuple réellement remarquable. Finalement, l’animal renversa le dresseur improvisé, ses larges mâchoires claquant dans le vide, alors que les deux alliés de ce dernier tentaient tant bien que mal le bestiau écumant.
« Magnifique spectacle ! ponctua le paragoï, essayant de couvrir de sa voix les quelques murmures qui se faisaient craintifs. »
Il ne voulait pas que cela cesse. Pas encore.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 21 Avr - 12:10, édité 4 fois
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Mar 29 Nov - 11:51