Dame de coeur [PV Yvana]

Ce matin était comme tout les matins. Un lever en baillant, les volets s’ouvrant dans la ruelle, un mince rayon de soleil venant filtrer à travers les bâtiments. Le plancher qui grince à chacun de ses pas pour rejoindre ce qui fait office de cuisine et attraper une pomme qu’elle mange de bon appétit. Céleste n’avait pas le luxe de pouvoir manger tout et n’importe quoi, son régime s’étant porté sur les fruits peu cher et faciles à avoir, histoire d’économiser le moindre gils…..pour le Rex.

Un énième baillement et elle finit le fruit défendu, vient mettre ses bottes et vérifie que sa bourse est bien accrochée et hors de portée de mains baladeuses. Une fois cela suffit. Elle sort ensuite de son lieu de vie pour rejoindre les rues de Portalia, profitant du matin pour une petite balade, rejoignant lentement mais sûrement la périphérie de la ville.

-Yvana T. Sturdlewe, herboriste, périphérie…

Tout en marchant vers la périphérie, Céleste murmure ces mots griffonnés sur un pauvre bout de parchemin. Depuis le temps qu’elle était là, les blessures reçues, soignées puis sans compter le nom qu’elle s’était choisi….elle n’avait pas encore mit un seul pied dans une herboristerie.

Un comble qu’elle comptait bien rectifier maintenant.

La voilà donc à déambuler, cherchant le lieu convoité jusqu'à le trouver et à pousser la porte de la boutique. Elle s’arrête sur le pas de la porte puis finit par y entrer, posant un regard des plus curieux partout, observant les plantes, les pots, tout ce qui se trouvait en ces lieux, fascinée. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres puis elle range le parchemin. Elle penche par moment sa tête, cherchant une âme.

-Excusez moi…il y a quelqu’un ? J’aurais besoin de quelques conseils……

A peine dans l’herboristerie que Celeste se demandait si elle pouvait trouver des huiles florales pour le bain.

Sait-on jamais….

Ce matin, le jour se lève gentiment. J’éloigne de moi la sensation désagréable qui continue de me réveiller, malgré cette mission impromptue – bienvenue ? – avec Elim, juste après ma conversation à son sujet avec Elizabeth. Les choses semblaient avoir avancé… Non ?
Tu te prends vraiment tout le temps la tête pour rien.
En réalité, je suis un peu stressée de savoir qu’il passera plus régulièrement à la boutique maintenant, même si c’est principalement pour m’apporter les plantes de son jardin en friche.
Son jardin est un trésor.
Son jardin, c’est tout ?
Hum, hum.

Je ne me laisse pas m’alanguir dans le lit : il faut que je m’attelle, la boutique doit rouvrir aujourd’hui. Je m’étais autorisé seulement deux jours après ma dernière mission, et l’écriteau sur ma devanture continue d’indiquer « fermé occasionnellement », c’est pas très professionnel.
Je me lève donc sous les protestations d’un Gustave à moitié endormi – quelle marmotte.

Je suis contente d’enlever enfin cet écriteau. Je ne sais pas si qui que ce soit a vraiment remarqué mes trois jours d’absence, mais ça me fait du bien de pouvoir retourner derrière mon comptoir, à préparer mes onguents. J’ai l’impression que c’est ma place.
Je dépoussière un peu les bocaux, passe un petit coup de vaporisateur sur mes plantes, remets en place quelques poufs et me sens prête : c’est comme si la boutique n’avait jamais cessé de tourner !

Je retourne quelques instants dans l’arrière-boutique pour ressortir ce que j’avais laisser reposer, en préparation. Je me dis distraitement que je devrais penser à changer mon matériel d’alchimie un peu vétuste lorsque j’entends la petite cloche tinter. Un client, déjà !
Je ne peux pas vraiment me dégager, certaines synthétisations nécessitent une minutie particulière, mais lorsqu’on me demande, je réponds du tac au tac :
Oui, j’arrive dans quelques instants !
J’essaie de faire porter ma voix au maximum, mais je sais bien que malgré tous mes efforts, on a toujours la sensation qu’une fillette de douze ans timide essaie de crier, et ça rend toujours ridicule.
Ah, commence pas à te dévaloriser dès ton premier client de la journée !

Pour éviter une attente trop longue, je demande alors à Gustave d’aller accueillir celle qui a passé ma porte, tandis que je réduis le feu de mon réchaud à gaz – une invention extraordinaire pour l’alchimie, il faudrait l’étendre aux autres disciplines – et visse le bouchon en verre sur l’extrémité du bec, afin d’empêcher à la substance en train de chauffer de sauter. J’irai voir de temps en temps s’il faut évacuer la pression.

J’arrive alors, les mains et les joues légèrement rougies, derrière mon comptoir, tandis que Gustave fait un numéro de charme à la cliente. Je roule des yeux, amusée, puis ose enfin me présenter.
Enchantée, je suis Yvana, l’herboriste. Que… Que puis-je pour vous ?

Je n’ai pas parlé très fort, cependant, je ne sais pas si elle m’a vraiment entendue.

Dernière édition par Yvana T. Sturdlewe le Sam 26 Nov - 17:52, édité 1 fois

La blanche fait donc le tour des étagère, un oeil curieux sur tout ce qu'elle pouvait voir, témoin de sa totale ignorance sur le sujet des plantes. Assez ironique en fait. Elle tourne un peu la tête et tente de voir d'où provenait la voix lui ayant répondue mais ne trouve rien. Elle reprend donc sa petite déambulation quand quelque chose attire son attention.

La chasseuse cesse de flâner entre les étagères et s'approche du drôle de champignon.

-Un....champignon.....C'est vous qui...m'avez parlé ?

Entre les lapins parlants, les hybrides animaux, les elfes puants qui se baladent avec des brindilles d'arbre vivantes et elle en passe et des meilleures...Pourquoi pas un champignon parlant ? Céleste se baisse un peu pour se mettre à hauteur et le regarde, plutôt intriguée. Un sourire amusé se dessine sur son visage sans comprendre le jeu de charme de Gustave.

-Tu as l'air tout mignon toi.

La curiosité étant trop forte, Céleste viens avance une main pour "caresser" Gustave comme s'il sagissait d'un chat qui ronronnait en manque de câlins. Elle lève la tête à ce moment en voyant Yvana sortir, les joues légèrement rougies. Plutôt mignonne et adorable, ce sont les premières pensées de Céleste. Elle sourit.

- Enchantée, Céleste, aventurière et nouvelle arrivante, enfin depuis quelques semaines mais je n'ai pas encore prit le temps de faire le tour de Portalia....et encore moins les herboristes....Ce fut une erreur avec les sorties.

Un rire léger s'échappe de ses lèvres.

- Je venais voir ce que vous pouviez avoir comme plantes, voir décoction pour les soins rapides et puis si vous aviez des idées pour rendre un bain parfumé

Un sourire un peu polisson se dessine sur le visage de Céleste, ne laissant pas beaucoup de place au doute sur pourquoi des bains parfumés.

Gustave fait des siennes, comme d’habitude. Je hausse al voix quand je remarque que la cliente est à deux doigts de caresser mon petit champignon de compagnie. Il ne manquerait plus qu’il explose de joie ! Bon, en toute objectivité, il ne peut pas exploser dans meilleur endroit que ma boutique… Puisque c’est là que j’y prépare mes potions. J’en ai toujours quelques-unes en réserve ici, s’agissant de Gustave, on est jamais trop prudent.
Non… Euh… Faites attention, il aime trop être caressé, vous… Vous risquiez d’avoir de mauvaises surprises.
Je n’ai pas envie d’expliquer exactement de quoi il en retourne, mais ça ne coûte rien de prévenir la cliente… Je ne veux pas la faire fuir alors qu’elle a à peine passé le pas de ma porte pour la première fois.
Gus se met à bouder. Il se retourne vers moi, ses petits poings sur les hanches, la mine râleuse. Je ne peux m’empêcher de retenir un petit sourire en coin, amusée.
Bah oui, Gus, tu sais bien pourquoi je dis ça.
Zou, zou, zou… fit-il en hochant la tête de droite à gauche.
Je hausse les épaules sans me départir de mon air amusé, puis je me retourne enfin vers ma cliente, qui m’exprime qu’elle est nouvelle, ou en tout cas, qu’elle n’a jamais fait le tour des boutiques.

Vous… Vous savez, tout le monde va à son rythme… Ce n’est pas moi qui vais dire le contraire, vu comme je laisse mon travail d’aventurière de côté pour le bien de la boutique, en ce moment.
J’essaie de paraître avenante, mais ma voix dépasse à peine le chuchotement.
Allez, Yva, un peu de nerf, tout le monde ne sera pas aussi conciliant que Ryu !
En tout cas, ça me fait plaisir que votre curiosité vous ait fait venir dans mon herboristerie !
Je m’époussetai la joue, puis replaçai une mèche de cheveux en arrière, en écoutant sa requête.

Je vois… Mmh, je ne suis pas médecin, si vous avez besoin de soins approfondis je vous conseille d’aller en voir un plutôt, mes décoctions pourront apaiser, mais ne soigneront jamais aussi bien que la magie de certains docteurs. Je n’ai pas une essence bleue… Mais ce n’est pas très grave, puisque les plantes sont plutôt un terrain fertile pour nous aider…
Te perds pas en circonvolutions et reste concentrée sur la demande de ta cliente.
Euh, tout ça pour dire, si vous avez des blessures profondes, je vous conseille d’aller voir… Heu, quelqu’un comme Elim.
Yvana !! Fais ton taff, et arrête de tergiverser !!! En plus, tu vas la faire fuir, commence par donner ce que t’as, plutôt que dire ce que t’es incapable de faire !!!
Gênée, je me mets à toussoter. En plus, l’image d’Elim me provoque chaque fois de petits bonds de mon cœur dans ma poitrine. C’est instantané. Et très dérangeant, pour essayer de vendre quelque chose.
Enfin… Enfin bref ! Je peux vous proposer des distillats d’hamamélis, si vous le souhaitez : c’est une plante qui a des vertus antiseptiques, ça peut éviter les infections sur le terrain. Si vous souhaitez plutôt quelque chose pour calmer des brûlures, de froid, de chaleur ou même des brûlures chimiques, je crois qu’il me reste un flacon de millepertuis… Oh ! Et si vous voulez de quoi aider à la cicatrisation, j’ai découpé de fines bandes de vanudalis, c’est une plante endémique d’ici, et j’ai découvert qu’elle avait un effet proche du raccommodage comme on le ferait avec un fil et une aiguille !
Je m’emballe peut-être un peu trop, non ? Si peu, tu crois ?

Et… C’était quoi, son autre idée ? Parfumer son bain ? C’est… C’est une étonnante pratique, peut-être que ça doit l’aider à se détendre, j’imagine. Je n’ai jamais entendu quiconque faire ça, mais, si c’est une demande, peut-être qu’elle n’est pas la seule à le pratiquer. Ça peut me donner des idées de préparations.
Concernant… Concernant votre bain, euh… J’avoue que je n’y avais pas pensé. Mais j’ai beaucoup de fleurs parfumées. Vous voulez une odeur plutôt douce ou plutôt entêtante ?
Je pouvais bien lui proposer un bain à la lavande, mais je connais la lavande : il suffit d’en mettre deux brins pour que ça embaume la pièce pendant trois jours. Non, je pense que si son but est de se détendre, il faut jouer avec partimonie. Quelle fleur serait bien pour cela ? Le jasmin peut-être.

Alors que je réfléchis, j’entends mon montage d’alchimie siffler très fort. Ça, ça sent pas bon. Je me précipite vers l’arrière-boutique, au moment où j’entends un gros « BOUM !!! »
Ça, ça sent la surpression qui vient de faire éclater le verre, Yva, t’es partie trop longtemps.

La voix de l'herboriste fait légèrement sursauter Céleste et elle regarde sa main, puis le champignon puis les deux en haussant un sourcil, intriguée par cette étrange conversation qu'elle ne comprenait pas. En posant un regard sur Gustav...elle fond mais ne dit rien et se retient pour le moment. C'est que c'était tentant......Céleste pose ensuite un regard étonné sur l'elfe.

-vous êtes aussi une aventurière ?

Elle lève aussitôt les mains.

-Ah pardon......c'est une question déplacée.....

Elle garde le sourire et écoute les paroles d'Yvana avant de laisser un rire léger sortir lorsqu'elle lui conseille d'aller voir Elim. Elle ne savait pas que la chasseuse le connaissait déjà, qu'il l'avait déjà soignée, que c'était même lui qui s'était occupé d'elle quand elle était arrivée, le visage fraichement balafré. Céleste restait discrète sur ses relations, surtout lorsqu'elles allaient au delà d'un simple bonjour/au revoir.

- je connais très bien Elim oui, il vit un peu avec moi.

Sans trop faire gaffe que sa phrase pouvait porter à quiproquo. Elle était dite avec un tel naturel. Elim était son frère de coeur, cela lui semblait si normal qu'à aucun moment elle ne pouvait imaginer qu'une telle annonce pourrait laisser entendre autre chose. Elle ne prend pas garde d'ailleurs à l'attitude d'Yvana lorsqu'elle mentionne son prénom étant de toute manière absolument nulle pour tout ce qui touchait aux affaires de coeur. Céleste n'était jamais tombée amoureuse ou peut-être serait-il plus juste de dire qu'elle se l'interdisait pour continuer à profiter des plaisirs de la vie sans avoir un regard jaloux constant sur elle. En tout cas, Céleste ne cache pas son approbation de voir une telle passion chez la jeune femme, à l'entendre énumérer tout ce qu'elle pouvait avoir besoin.

- vous êtes une vraie passionnée. J'ai bien fait d'écouter ce conseil de venir vous voir !

Elle lui sourit et la laisse terminer avec sa demande concernant une huile pour le bain. Céleste ouvre la bouche pour répondre quand un étrange sifflement se faite entendre. Elle voit Yvana courir vers l'arrière boutique quand un boum se fait entendre.

- Yvana ???

Paniquée, Céleste attrape Gustav et le met sur son épaule pour rejoindre rapidement Yvana dans l'arrière boutique, se moquant bien sur le coup de savoir si c'était une zone interdite ou non.

- Yvana tout va bien ?

Sur le coup, son but était d'aller aider la jeune femme, vérifier qu'au moins elle n'avait rien, pas de blessures graves et voir s'il ne fallait pas la faire évacuer si elle jugeait les lieux trop dangereux. Céleste se dirige rapidement vers Yvana.

Je souris quand la cliente répond à mon évocation sur mon travail d’aventurière, de façon à ne pas rentrer dans le débat. Après tout, je ne suis pas là pour ça. J’aurais bien aimé lui demandé si c’était son cas mais ça aurait pu paraître… Ah, eh bien, elle l’avait dit avant moi : déplacé.

Minute, minute… quoi ???
Je lâchai le tube que j’avais dans les mains, qui rebondit sur le bord du comptoir avant que je n’arrive à l’immobiliser. C’est malin, il est ébréché, maintenant.
Mais ce n’était pas là ce qui m’intéressait.
Vous… Vous vivez chez Elim ?
Je ne pus empêcher la panique de monter depuis le creux de mon estomac vers ma poitrine.
Yva, fais pas de connerie, je t’en supplie…
Vous… euh… vous le connaissez depuis… Depuis longtemps… ?
Mais YVANA ! C’est ta cliente, ta CLIENTE, elle a aucun compte à te rendre ! Et Elim non plus d’ailleurs…
J’essayai tant bien que mal de me ressaisir, mais le nouvel aveu de ma cliente ne cessait de tourner dans ma tête. J’essayai tant bien que mal de la renseigner sur ses demandes, mais il était évident que mon esprit était ailleurs…
Et si… Et si je m’étais fait des films ? Non, non, les évènements dans la sylve de Pandora avaient été éloquents, nous… Euh… Aurions-nous pu nous qualifier nous-mêmes ?
Yva, si tu veux vraiment avoir cette discussion, ta cliente n’a pas à en subir les frais. C’est à Elim que tu devrais parler. Cesse donc d’être jalouse…
Je découvrais ce sentiment, et il ne m’était pas agréable. Il pouvait y avoir pourtant mille raisons qui incitaient quelqu’un à vivre avec quelqu’un d’autre, non ?
Mais si, mais si. Allez, occupe-toi de ton travail.

Je répondis à son compliment avec un sourire timide, mes pensées toujours à vagabonder sur d'autres terrains. Je n’eus même pas le temps de la remercier qu’il me fallut filer en direction de l’arrière-boutique : mon alambic avait explosé.
Mon distillat d’hamamélis s’était répendu partout au sol, et le feu de mon appareil chauffant avait sauté vers la fenêtre : je pris une grande serviette pour l’étouffer, puis éteignis l’appareil. Ensuite, j’entrepris de jeter tous les morceaux de verre à la poubelle et de récupérer ce qui était récupérable pour rafistoler mon alambic. J’allais devoir faire un tour chez le verrier…
Je vis alors arriver ma cliente, qui avait empoigné Gus au niveau de la taille. Mon champignon se laissait faire, guilleret, mais un peu déboussolé. Heureusement : il aurait explosé sans autre forme de procès, sinon.
Euh… Euh, oui, oui, ça… ça va. Je crois par contre que vous devrez faire une croix sur l’hamamélis…
Mes cheveux étaient roussis du feu que je venais d’éteindre, et j’avais réussi à me couper les doigts dans mon entreprise de nettoyage.
Décidément… t’es bien adroite, ma fille.
Je me relevai, époussetai du mieux que je le pus ma tunique, et m’adressai à ma cliente.
Je… Je suis vraiment désolée de vous avoir fait peur, j’ai fait une erreur de débutante : j’ai oublié un produit sur le feu.
J’adressai un petit sourire à mon champignon.
Tu… Tu veux bien laisser la cliente tranquille, mini-Gus ? T’es un peu spongieux pour elle, je pense.
Ma petite raillerie avait pour but de le faire bouder un peu, histoire d’éviter des soucis supplémentaires avec ses spores. C’était un peu sadique, mais je savais bien qu’il ne m’en tiendrait pas rigueur.
J’espère que mon Mougni ne vous a pas importunée.

Quel timing des plus étonnant au moment. Au moment où la blanche laisse échapper qu'elle vit un peu avec Elim voilà que la jeune elfe laisse échapper une fiole. Le bruit du verre contre le comptoir ne laisse peu de place au doute quand à la blessure du fragile accessoire. Un sourire amusé suit un haussement de sourcil à la question bégayée.

- depuis que je suis arrivée ici à vrai dire. C'est lui qui a soigné mon visage.

Puis la chasseuse vient croiser ses bras, le regard fixé sur Yvanae, toujours un sourire amusé sur les lèvres.

- Non, je ne vis pas chez lui, c'est lui qui vient de temps à autre chez moi.

L'idée de jouer un peu dessus est tentante mais la mercenaire vait trop Elim à coeur pour aller mettre la pagaille dans sa vie privée. Céleste allait ouvrir la bouche pour parler un peu plus quand l'explosion coupe court à tout le reste. Elle attrape en quatrième vitesse Gustav, le pose sur son épaule et vient s'enquérir de la santé d'Yvana. La chasseuse remarque de suite les cheveux roussis et les coupures.

- je peux faire une croix sur l'hamamélis, ne vous inquiétez pas pour cela, en revanche il va falloir soigner ces coupures rapidement.

Puis elle tourne la tête pour regarder le champignon et sourire en faisant non de la tête.

- il ne m'importune pas au contraire. Il est plutôt sage et mignon en fait.

Un léger rire s'échappe et la jeune femme vient sortir de sa sacoche des bandages et de quoi soigner.

- si vous avez des plantes pour vous aider à panser ses plaies. Aux mains cela va être un peu difficile seule, je vais vous aider. Déjà sortons de là.

Céleste lui montre le devant de la boutique pour la faire sortir, pas très en joie devant la fumée. Elle va ensuite poser sur le comptoir ses possessions pour soigner de petites plaies.

- je n'ai pas eu le temps de vous préciser qu'Elim est plutôt un frère pour moi et je l'héberge de temps en temps. Je vis seule la majorité du temps ce qui me convient parfaitement vue mes penchants d'activité nocturne.

Céleste gardait son sourire tout en prenant les mains d'Yvana pour les regarder et voir comment panser les plaies.

Quelle gourde je fais, les fioles en verre ne sont pas données ici, et voilà que j’en laisse échapper une… Je me retiens de me frapper le front, je ne veux pas paraître encore plus incompétente et stupide devant ma cliente.

J’écoute attentivement ce qu’elle me dit pendant que je ramasse les débris de verre le plus précautionneusement possible. Alors elle n’habite pas chez lui… Je ne saurais dire exactement pourquoi, mais ça me rassure.
Menteuse, tu saurais dire exactement pourquoi.
J’allais répondre lorsque l’explosion dans l’arrière-boutique nous surprend.
On a dit, donc, faire attention aux objets en verre. Bravo.

Après avoir terminé de tout nettoyer, je me retourne à nouveau vers ma cliente, qui m’affirme pouvoir se passer d’hamamélis. Ça tombe plutôt bien, et quant à moi, il va falloir que je retourne en cueillir.
Évidemment, elle m’assure que Gus ne l’a dérange pas. Je fais une grimace, j’avoue avoir un peu peur qu’il prenne la confiance et qu’il importune ma cliente. Mais pour l’heure, c’est plutôt moi qui me sens stupide, à avoir besoin de son aide pour panser mes blessures.
Je suis confuse, vraiment m, je suis désolée de vous imposer ça. Je suis vraiment maladroite…

Je sors de l’arrière-boutique et dispose tout ce qui peut être nécessaire à une cicatrisation rapide et lui indique dans quel ordre m’aider à mettre les produits, avant de plaquer tout ça à l’aide d’un large bandage… ou en tout cas, d’indiquer à Céleste si elle veut bien le faire pour moi.
Avec beaucoup de douceur, elle prend mes mains dans les siennes pour observer où et comment sont disposées les plaies.
Elim serait content de voir comme tu fais attention à toi… Mmmh, en tout cas, il se ferait un vrai plaisir à soigner cette main. Et lui aussi, ses mains sont douces…
Je chasse mes pensées pour ne pas me laisser divaguer. Je dois rester professionnelle, si tant est que ça soit possible dans pareille situation.
Quand Céleste reprend la parole, c’est, semble-t-il, pour me rassurer quant à la nature de sa relation avec le loup guérisseur.
Je… merci de votre prévenance, je n’ai pas à interférer dans votre vie privée, et je suis désolée que vous ayez eu à m’en parler à cause de ma réaction.
Je me sens rougir de ce que je m’apprête à dire, mais je ne peux pas m’en empêcher. C’est comme si j’avais besoin de me justifier, peut être par fierté, ou par crainte, ou un peu des deux.
C’est que… je… Je crois pouvoir dire qu’on vient… Euh… Qu’on a entamé une relation très récemment, et j’avoue… ne pas savoir exactement comment me comporter face à des révélations comme les vôtres. Oui, tenez, vous pouvez prendre ce baume pour l’appliquer ici je pense, ajouté-je. Bien sûr, Elim peut bien se lier d’amitié avec qui il le souhaite, il ne me doit rien.
Je souris à ma cliente, pendant qu’elle suit mes instructions et panse mon bras. J’espère qu’aucune de mes paroles ne puisse être mal interprétée.
Je suis contente de savoir qu’Elim se soit lié à des gens comme vous, vous m’avez l’air très sympathique.
Yva, fais gaffe à pas être déplacée, c’est ta cliente, quand même…
Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça. Mon attitude n’est pas très professionnelle, je m’en excuse.
Ce serait bien que tu te rendes compte de ton manque de professionnalisme AVANT de faire des stupidités devant les clients, quand même.

Céleste écoute les conseils d'Yvana et s'applique à la soigner, souriant légèrement à ses confessions au sujet d'Elim. La blanche ne connaissait pas vraiment les tourments de l'amour comme on dit. Oh, elle aurait pu se moquer, tourner en dérision les craintes de l'elfe mais ce n'était pas son genre. Tout en pensant une des coupures, elle lève le nez, gardant un sourire doux.

- c'est plutôt touchant au contraire. Vous êtes plutôt jolie, un visage doux et vous m'avez l'air d'une grande douceur et d'une grande bonté. Je comprend sans mal qu'Elim puisse beaucoup vous apprécier.

Elle reprend ses soins avec attention.

- ne vous excusez pas. Je peux comprendre que ce genre de révélations puissent être déroutantes. Je n'ai pas connu l'amour, ou pas encore. Mes aventures sont plutôt du genre éphémères et j'apprécie trop ma liberté et la possibilité de changer de partenaire, homme ou femme, pour me laisser couler dans ce sentiment si particulier. A moins de me trouver un gars qui serait dans cette veine là....

Elle se laisse légèrement rire et secoue négativement la tête. Si pour une nuit elle n'avait pas de préférence entre les hommes et les femmes, pour une vie à deux, étrangement la blanche penchait chez les hommes.

- je crains de ne pas connaitre autre chose que le célibat..mais cela ne m'empêche pas de comprendre la surprise.

Elle tourne un dernier bandage pour terminer les soins puis se lève, s'étant assise pour avoir une meilleure stabilité. Elle sourit à Yvana.

- je vous dirais que tout dépend de la personne qui vous sors ce genre de phrase. En ce qui me concerne, je suis plutôt ravie d'apprendre qu'une aussi jolie jeune femme s'intéresse à mon petit frère et que ce soit réciproque. Vous pourriez en revanche tomber sur des âmes moins aimables et tenter de vous blesser en vous faisant miroiter tout et n'importe quoi. Si je peux me permettre, ayez confiance en Elim, aussi naïf soit-il avec les autres, s'il vous aime, ce sera sincère et je pense pouvoir m'avancer en vous disant que vous ne trouverez jamais d'âme plus fidèle que lui.

Céleste vient gratouiller Gustav, appréciant beaucoup le champignon.

- vous accepteriez de me dire comment vous vous êtes rencontré ? Si vous ne voulez pas je comprendrais, cela reste une question très personnelle.

La nine Head offre un doux sourire à l'herboriste.

Ma cliente a décidément quelque chose de très doux, tant dans le timbre de sa voix que dans ses gestes, ses attitudes, ses sourires envers moi. Mon angoisse chronique s’en ressent, pour une fois, apaisée. Je me sens en confiance.
Oui, enfin, Yva, tu la connais pas. Si ça se trouve, c’est un genre de pouvoir chez elle, pour mieux retourner la tête des gens, on ne sait jamais.
Je balaye cette pensée d’un signe de tête. Non, je suis d’un naturel confiant, je crois dans la bonté des gens. Céleste me paraît douce : je préfère me fier à mon instinct et croire qu’elle le soit pour de vrai.

Je rougis lorsqu’elle accentue pour la deuxième fois que je suis jolie. Ce n’est pas un compliment que j’ai l’habitude d’entendre, excepté de la part d’Elim, bien évidemment. Je ne suis pas un modèle… disons… de blancheur elfique. Les métisses ne sont jamais très appréciés.
Je lui rends son sourire lorsqu’elle parle de Elim comme de son petit frère. J’ai l’impression que mon loup a trouvé une grande sœur attachante, et attentionnée, et ça me rassure, dans un sens.
Mais je sens pointer en moi autre chose.
Je crois que c’est ça qu’on appelle la jalousie.
Je ne me sens pas très bien, comme si j’avais un peu la nausée, mais en même temps, que je ne pouvais m’empêcher d’admirer la jeune femme qui se tenait face à moi. Et puis, il s’agissait de l’une de mes clientes, je devais donc faire bonne figure face à elle.
Oui, vous… Vous n’êtes pas la première à me faire remarquer ma… naïveté.
A qui le dis-tu !
Mais… Mais oui, il me semble que vous avez raison. Je n’ai aucun doute sur les sentiments d’Elim… Enfin, en tout cas, je ne pense pas en avoir, pas pour l’instant en tout cas. J’ai la sensation qu’il est… Oui, que c’est quelqu’un de bien, profondément. Vous aussi, n’est-ce pas ?
Je soupire. Elle a beau m’avoir dit que je ne craignais rien de sa part – ou tout du moins me l’avoir sous-entendu – je ne peux empêcher cette petite boule acide qui remonte dans mon estomac.
Avec peut-être un peu trop de brusquerie, je retire ma main, parfaitement bandée, de celle de Céleste, alors qu’elle approche ses doigts de mon Mougni pour le caresser. Gustave se laisse faire, bien trop heureux qu’une telle occasion ne se présente.
Je jette un coup d’œil à mon compagnon, mais il n’a pas l’air de sur-réagir pour l’instant. Tant mieux.
Euh… Faites… Faites attention, comme je vous ai dit… il est un peu… sensible, lâché-je avec un sourire contrit.

La question de ma cliente me surprend, mais ne me paraît étonnamment pas déplacée outre mesure. Je réponds à son sourire en me dirigeant vers l’une des tables de mon café et en lui faisant signe de prendre place avec moi, si elle le souhaite.
Eh bien… Comme vous, il a pris soin de mes blessures.
Je marque un petit temps d’arrêt pour me souvenir de la scène avec la plus prompte exactitude possible.
J’étais en mission, dans l’Oasis des Réfugiés, avec… Enfin, je ne sais pas pourquoi je vous raconte ces détails-là, mais j’étais accompagnée de Hypanatoï Konostinos. Je ne sais pas si vous le connaissez, il me semble que tout Portalia a déjà entendu parler de lui. Sa réputation n’est plus à faire.
Je lève les yeux au plafond. Je cherche mes mots.
Disons que ça ne s’est pas très bien passé. Je me suis fait une vilaine blessure à l’épaule, et j’ai voulu chercher un médecin. N’en connaissant aucun à Portalia, car trop fraîchement arrivée depuis le Portail, je me suis dirigée vers le registre tenu par la Guilde, et j’ai donc trouvé le cabinet de Elim, qui rentrait dans mes moyens. Je m’y suis donc présentée.
À l’évocation de ce souvenir, je sens le rouge me monter aux joues. La première entrevue avec Elim fut si… Si… Si douce, presque… Romantique.
Oui, bon, vous bouffez tous les deux des papillons, on a compris.
Il m’a soignée, donc. Et puis… Je ne sais pas, le courant est passé. Comme si… Vous voyez, tout était si simple. Nous avons discuté, et puis il m’a montré son jardin alors… Alors j’ai fait un peu de cueillette, et puis le soir est arrivé, et nous avons dîné ensemble, et puis…
Au souvenir de la catastrophe de Gustave qui me fait perdre tous mes moyens et qui lance un quiproquo insoluble entre Elim et moi, je baisse la tête. Quelle honte… Une honte qu’il m’aura pris plusieurs semaines à dépasser, accompagnée d’un bon coup de pied au derrière par Elizabeth, il faut tout de même le mentionner.
Je chasse les mauvaises pensées, sans imaginer un seul instant que mes mots puissent être mal interprétés.
Enfin… Vous voyez, quoi.
Mon regard se perd dans les branchages qui courent au plafond.

La jeune elfe avait le don de faire sourire Céleste à la moindre parole. Peut-être sa timide naïveté qui la rendait si touchante en tout cas elle finit par acquiescer et se laisser rire.

- pour être tout à fait franche je ne me qualifierais pas de foncièrement gentille au même point qu'Elim. Je ne met pas tout le monde dans le même panier de gentillesse et je suis tout à fait capable de détester et haïr des êtres vivants. Tout comme tuer des ennemis ne me pose strictement aucun problèmes. Je suis autant capable d'être gentille avec les personnes que j'apprécie ou en qui je pense avoir confiance que l'inverse.

La blanche note le retrait vif de la main d'Yvana mais ne relève pas, se demandant si elle avait fait ou dit quelque chose de mal. Etait-ce le fait d'avoir joué franc jeu sur qui elle était ? La chasseuse n'aimait pas mentir de base alors dire qu'elle était un ange incarné comme Elim aurait été entièrement faux. Elle fixe alors Yvana après avoir retiré sa main de Gustav et demandé un peu comment elle avait rencontré le jeune médecin. Autant dire que l'histoire tire un sourire amusée à Céleste qui vient s'asseoir quand même pour suivre avec attention.

- je vois sans voir. Mon histoire n'est pas si rocambolesque vous savez. Elim m'a chopé en sortie de portail, soigné et je suis partie ensuite pour découvrir cet endroit, me trouver un logement, tout ça. Après il a été très gentil, je l'ai revu quelques fois, je suis du genre à revenir souvent blessée et puis il a prit le temps de suivre l'évolution des soins de ma blessure.

Elle vient alors croiser ses jambes.

- et je connais Hypanatoi. Nous avons traqué un voleur il y a peu. J'imagine sans mal que votre sortie a été éprouvante, c'est un guerrier, un très bon guerrier mais peut-être un peu rustre pour une jeune femme comme vous, voir violent. Pour ma part je le respecte autant que je m'en méfie.

Et sans trop se cacher elle avait du mal à imaginer cette jolie elfe en compagnie de Konostinos.

- en tout cas c'est une jolie histoire et je crains que mon lien avec Elim ne vous cause de la jalousie. C'est pas très bien, il va falloir que j'y remédie.

Elle finit par sourire à Yvana.

- et je suis curieuse à propos de Gustav. Mon petit doigt me dit qu'il est tout sauf ordinaire et que ce n'est pas le fait d'être "sensible" qui rend le contact déconseillé

J'acquiesce à ses mots, ils me font réfléchir. Alors, cette jeune femme est capable de se montrer... Brutale ? Envers les gens qu'elle n'apprécie pas ? Si seulement je pouvais me sentir autant en confiance que ça...
Vous... Vous voulez dire que... Que vous êtes capable de dire à quelqu'un quand quelque chose vous dérange ?
C'est quelque chose qui me paraît si incongru que je dois avoir l'air proprement stupéfaite.

Je l'écoute me parler d'Elim avec un petit pincement au coeur, je l'avoue. Jalouse, Yva ?
Moi ? Quelle drôle d'idée... Non ?
Oui, il est clair que je n'imagine pas Elim... Ignorer ses patients. Alors, il vous a proposé un logement, donc ? Vous habitez réellement chez lui ? Vous revenez souvent ?
La curiosité est un vilain défaut, petite elfe...
Ah... Oui, vous connaissez Hypanatoi... C'est vrai, qui, en ville, ne le connaît pas, en fait ?
Je me gratte machinalement la tête et pose ma joue sur ma main.
Effectivement, disons que ça n'a pas été une... partie de plaisir. Le travail avec Hypanatoi est efficace... Mais... Je ne pense pas que sa... personnalité fonctionne bien avec la mienne, comme vous dites.

Au moment où Céleste prononce le nom de Gustave, je n'ai pas le temps de réagir : il explose d'un coup, sur moi, ENCORE. Je m'efforce de fermer les yeux pour ne pas regarder ma cliente et lui répondre sans sentir les effets du charme...
Je soupire et garde les yeux bien scellés pour lui répondre.
Non... En effet. Vous voyez ce qu'il fait... Si je... hum. Si je lève les yeux, la première personne dont je croise le regard... Disons que Gus est un animal féérique qui ne vit que pour répandre l'amour, vous voyez ? Si je ferme les yeux c'est parce qu'un... Un charme très puissant vient de s'abattre sur moi. J'aimerais... Si vous voulez bien m'aider à me préparer le remède, ce serait bien pratique, sans mes yeux je risque d'y avoir du mal.
Je tâtonne sur la table, me lève de ma chaise, puis je m'éloigne en plaçant les mains devant moi pour trouver une fiole sur mon atelier. J'attrape Gustave et le secoue au dessus, pour que ses spores tombent dedans. J'imagine bien que j'en mets partout, mais... Je ne peux pas faire autrement.[/color]
Si... Je m'y suis prise correctement, je devrais avoir récupéré... De quoi créer l'antidote. Il va falloir mettre cette fiole à feu doux et... Et y mélanger ceci, et ceci, et ceci.
Je sors les trois herbes incontournables de ma saccoche. A force, je connais leur rugosité et leur texture par coeur.
Vous... Voulez bien m'aider pour faire la mixture ?

La réflexion de l'elfe tire un sourcil haussé à Céleste avant qu'un léger sourire vienne étirer ses lèvres.

- oui et je n'ai jamais compris l'intérêt de ne jamais rien dire que ce soit quand quelque chose te dérange ou quand quelque chose va bien. Si tu ne dis rien, personne ne pourra le deviner à ta place et c'est comme ça qu'il arrive des bricoles ou qu'on se retrouve dans des situations inconfortables voir désagréables.

C'était une évidence pour la mercenaire d'ailleurs et à l'inverse, l'idée de ne jamais parler de ce qui n'allait pas lui semblait des plus incongru. Peut-être une méthode d'éducation différente de la sienne, ou un peuple qui raisonnait autrement ou encore d'autres raisons. Elle l'ignorait. En tout cas la suite lui tire un léger rire à la simple image de vivre avec Elim. Céleste vient secouer négativement la tête.

- oulah non, je me suis débrouillée moi-même pour trouver mon logement. Je ne suis pas trop loin des quartiers marchands, un petit appartement avec une pièce de vie et une chambre à l'étage. Je n'aime pas la notion de "vivre" avec quelqu'un, je veux ma liberté, enfin c'est ma façon de vivre. Je vais juste à la clinique pour me faire soigner et il est hors de question que je vive avec lui, avec personne d'ailleurs.

La situation commençait à amuser un peu la blanche et elle se demandait si sa proximité avec le lupin n'aiguisait pas une sorte de jalousie chez Yvana. Cela avait un côté touchant et en d'autres temps, si l'histoire ne concernait pas son frère de coeur, elle aurait sûrement tenté de jouer sur les sentiments et faire tourner en bourrique la prétendante. Mais voilà, c'était Elim et il était hors de question de venir poser des problèmes.

La discussion tourne ensuite sur Hypanatoi avec qui la jeune avait partagé une courte traque d'un voleur et finir par tomber sur un camp. Elle n'est guère étonnée des paroles de l'herboriste, imaginant sans mal pourquoi leurs deux personnalités n'étaient pas très compatibles. Céleste se battait, était un peu guerrière dans l'âme alors les hommes du genre de l'aventurier elle avait l'habitude. Yvana lui faisait à l'inverse penser à une fleur délicate qui s'accorderait mal avec la brutalité des champs de bataille. Céleste allait répondre quand Gustav explose ce qui la fait sursauter. Elle regarde ébahie le petit champignon puis Yvana, ouvrant la bouche interloquée.

- pardon ???

La chasseuse ne cache pas sa stupeur lorsque l'elfe vient lui expliquer un peu plus qui était Gus et pourquoi elle se retrouvait à fermer les yeux. Les yeux de la mercenaire se mettent à cligner de surprise puis elle finit par passer sa main sur sa bouche pour étouffer un rire en songeant à la situation plutôt cocasse.

- et bien, voilà qui est peu commun.....Gus distille l'amour alors, amusant. Enfin gênant aussi j'imagine suivant les circonstances.

Elle vient bouger pour se mettre en face d'Yvana et écouter tout en regardant la table et les gestes de l'elfe. Céleste vient vite prendre la fiole quand elle voit Yvana secouer Gus, jouant donc pour tenter de récupérer les spores. La blanche pouvait deviner aux gestes ce qu'elle tentait de faire.

- je pense pouvoir vous aider oui mais je suis une catastrophe en cuisine.....Il y a des spores dans la fioles mais je sais pas trop si vous en avez assez ou non.

La mercenaire vient prendre la main d'Yvana pour lui faire toucher la fiole là où se trouvait le niveau de spores tombées dedans. Puis après l'évaluation, elle prend l'objet et vient le poser sur ce qui devait servir à faire du feu avant de s'arrêter perplexe.

- heu..feu doux ? Comment ça feu doux ? Depuis quand c'est doux le feu ? ça ressemble à quoi et comment j'allume ?

Céleste montrait par la même occasion ses lacunes monstrueuses en terme de cuisine. Le feu ? Hormis dans une cheminée avec une grande flambée, elle ne connaissait rien de plus. Enfin sortie du feu de camp aussi.

Céleste m’étonne.
Elle est capable de dire ce qui la gêne quand ça la gêne ! Mais qui peut faire ça ? En tout cas pas moi.
Wow… Vous… Vous m’impressionnez.

Lorsque Céleste me dit qu’elle ne vit pas avec Elim, mon soupir est si puissant qu’il pourrait faire vibrer les murs. Je me sens plus sereine, tout à coup.
Merci de m’avoir rassurée, ça… j’avoue que ça me fait du bien de savoir que vus préférez vivre seule. Pas que ce soient mes affaires, non, bien sûr, mais… Enfin… En tout cas, que vous ne viviez pas chez Elim, cela me rassure, je vous l’avoue.
Non, mais Yva, ça va bien, la crise de jalousie, là ?

Je me rassure comme je peux, jusqu’à la catastrophe. J’avais oublier que je pouvais compter sur Gustave et sa magie.

Alors, Céleste commence à m’aider pour la préparation de l’onguent… Mais je vois bien que ce n’est pas son domaine. Elle m’aide à tâter les fioles, j’essaie de ne pas m’attarder à ses mains sur les miennes, puisqu’il suffit que j’ouvre les yeux pour que j’en tombe amoureuse, puis j’écoute attentivement les conseils de ma commis involontaire.

Euh… Feu doux ça veut dire… Il faut pas mettre le feu trop fort, vous comprenez ? Dans l’idée, je vais allumer mon alambic et il faut contrôler la flamme pour qu’elle ne lèche pas tout le tour du ballon, seulement le fond. On doit rester presque… presque sur des braises. Est-ce que vous savez allumer un feu ? Ici.
Je montre de loin mon plan de travail sur lequel mon montage est posé. Un support en métal permet de surélever le ballon de l’alambic, afin d’éviter que le verre n’éclate sous la chaleur.
Dans… Dans le troisième tiroir au-dessus de votre tête, vous devriez pouvoir trouver des allumettes. Ici, il y a un système pour que la flamme soit alimentée par du gaz, donc le piston que vous devriez voir… Juste là, il sert à contrôler la hauteur du feu.

Je vérifie la quantité de spores avec mes mains comme me guide Céleste, puis la quantité de feuilles dont j’ai besoin.
Là… Dans ce placard, il y a mon mortier. Vous pouvez, si vous avez peur de vous occuper du feu, y déposer les feuilles et les broyer. Je… Si vous voulez, je peux m’occuper de lancer la flamme, mais il ne faut pas que vous soyez dans mon champ de vision, sinon, le sort va s’activer.

Je m’active dans tous les sens, à l’aise dans mon atelier comme si j’y voyais en plein jour. Et puis arriva ce qui devait arriver : je commence à faire tomber des objets par terre. D’abord, rien de grave, juste quelques ingrédients en pochette. Puis un bol, qui s’ébrèche. Finalement, quand je manque de faire renverser mon alambic par terre, je considère en avoir assez fait.
Je crois que je vais devoir vous guider de loin, je ne m’en sors pas.

A tâtons, j’allume le feu, montre à Céleste comment fonctionne le piston, mais n’y touche plus pour éviter de me brûler. Je lui explique dans quel ordre mettre les ingrédients, où, combien de solvant – et pour ce cas-là, le solvant est de l’eau, classique – et m’éloigne du plan de travail.

Un peu honteuse, je laisse Céleste prendre les commandes de mon herboristerie.
Bienvenue chez la galère… !