Bon je vois que je n’ai pas le choix de raconter mon histoire. Je n’en vois pas l’intérêt… Je déteste ça, c’est montrer ses points forts mais également ses points faibles. Si j’aurais pu m’en passer…

Je suis née dans une famille aisée de Greyhawk. J’avais une sœur cadette qui a 3 ans de moins que moi. Mes parents sont des personnes respectées de tous. Il faut comprendre que notre famille était un exemple dans mon quartier. Nous avions la façade d’une famille parfaite qui réussissait tout ce qu’elle entreprenait : la composition familiale idéale, un bel appartement avec des dernières technologies magiques à la mode, l’argent, la connaissance... Mais la réalité était tout autre. Une fois rentrée, la recherche de la perfection interférait nos relations qui étaient loin de la famille idéale. Je m’explique, ma mère nous mettait une pression énorme pour réussir à l’école et socialement. Elle souhaitait des enfants dociles et intelligents. Et oui, si vous réussissez dans la vie vous pourrez vous occuper dignement de vos parents ensuite. Alors forcément au début de notre vie, vu qu’on connait que ce modèle on le suit et on pense que c’est le meilleur, mais à 12 ans autant vous dire qu’on comprend que ce n’est pas cela que l’on veut.

Scolairement je n’étais pas aussi douée que ma sœur. La théorie ça va bien un temps mais la pratique c’est beaucoup mieux. Alors forcément ma mère me mettait encore plus la pression en me comparant à ma sœur. Déjà que j’étais jalouse de ses résultats alors avec ma mère par-dessus… bref je devais trouver un moyen de contrer et prouver ce que je valais au détriment de ma sœur. Mon père revenait certains soirs avec des pièces d’or pour les achats courants. Celles-ci étaient dans un coffre-fort à l’intérieur de la chambre parentale car ma mère était très méfiante. Durant plusieurs soirs, je partais me cacher sous le lit de mes parents pour observer le jour où mon père déposerait l’argent dans le coffre. Le jour J, sous ce lit mon cœur battait la chamade…  c’était ma première bêtise. Je contrôlais tellement ma respiration que j’ai eu du mal à voir la combinaison de chiffre. Mon père sortit de la chambre et je sortis de ma cachette. Devant le coffre, je me suis retrouvée complètement bête car les chiffres s’emmêlaient…. Soudain ma mère nous appelait alors que d’habitude elle nous laissait dans notre chambre pour travailler. Prise de panique je sortis sans faire attention à si l’on pouvait me voir. Ma sœur m’a vu mais elle ne dit rien et se rendit dans le salon en baissant la tête. Je lui emboitai le pas. Une fois dans le salon, ma mère pris une voix suave :

« Le directeur m’a appelé et je pense qu’un point s’impose, ma petite Karen c’est parfait. Je suis tellement fière de toi, j’ai au moins réussi une chose dans ma vie. Par contre toi Kalhan approche… »
Je m’avançai.
«Montre-moi tes mains, dit-elle d’une voix perfide"

Je sentis alors la règle sur mes mains et les larmes sur mon visage. La haine m’envahit de tout mon être. Le soir même j’attendis que mes parents s’endorment pour me remettre devant le coffre. Je passai plusieurs heures devant à écouter les bruits lorsque je tournais le bouton. Je réussis mon coup puis je planquai le butin dans le bureau de ma sœur.

Le lendemain, nous partîmes à l’école comme tous les matins. Cependant le retour à la maison fut différent des autres, ma mère nous attendait sur le pas de la porte. Son regard noir me fit déglutir et je ne pus soutenir le regard. Je sentis ma sœur tremblait et un frisson me parcouru. Une fois rentrée à l’intérieur, ma marâtre changea en monstre apocalyptique, ce n’était plus des mots qui sortaient de sa bouche mais des maux terribles. Elle prit ma sœur par l’oreille et la tira avec force dans le salon. Je la voyais gigoter et hurler. Elle ne comprenait pas ce qui se passait, elle était terrifiée et elle me cherchait du regard. Mes sentiments furent confus, la joie de ne pas être le souffre-douleur, la fierté d’avoir réussi mon coup, la peur d’être allée trop loin. Je restai tétanisé par la scène et je vis ma sœur se faire battre sans vergogne. Une fois la rage passée, j’aidai ma sœur pour rentrer dans sa chambre. Elle me lança un regard rempli de haine, elle avait compris ce que j’avais fait. Je partis vite dans ma chambre avec une fierté et du remord. Les jours suivants furent glacials, la « sainte Karen » fut redescendue plus bas que terre et au moins nous étions au même niveau. Cependant je n’avais pas mesuré l’impact que cela pouvait avoir sur ma sœur. Alors que ma génitrice nous avait encore rabaissé ce soir-là, je vis Karen être complétement abattue. Les remords furent plus présents et je voulus m’excuser en me rendant dans sa chambre. A l’instant où j’entrai, j’ai compris le mal que j’avais fait. Ma sœur était sur le rebord de la fenêtre, elle pleurait et regardait en bas.

« Mais tu fais quoi ? lui demandai-je
-A ton avis ? ça n’a pas suffit d’avoir une mère sadique, il fallait que j’ai une sœur malfaisante.
-Je suis désolé, je ne voulais pas te faire du mal. Mais tu comprends tu étais toujours la fille acclamée et moi celle qui reste sur le bas-côté.
-Et tu crois quoi ? que ça me plaisait d’être comparé à toi ? de ne jamais jouer avec toi car tu ne voyais en moi que l’objet du dégoût.
-Désolé je pensais que tu ne voulais pas de moi
-J’ai tout essayé pour me rapprocher de toi. J’ai tout fait pour exister dans ce monde mais je suis juste une marionnette. »
Et j’entendis un bruit sourd, je n’eus même pas le temps de la rattraper, tout était si rapide. J’aurais pu hurler, pleurer, mais tout ce que je réussis à faire c’est partir en catimini de l’appartement. Et quel meilleur endroit pour se cacher de ce monde superficiel : Ombreterre.


A ce moment-là, j’avais 12 ans, je mesurais 1m30 et 30kg. En arrivant dans ces baffons, j’étais perdue, pleine de rage, triste.  Je ressemblais à un Yorkshire prête à mordre. Malgré tout, je ne savais pas comment survivre à ce monde hostile. Après plusieurs jours, la faim au ventre, je commençai à voler des vivres. J’étais plutôt douée, enfin c’est ce que je croyais jusqu’à ce que je me fasse prendre. Le marchand m’attrapa par le poignet et me frappa au visage. Il vociférait des insultes et menaçait de me couper la main la prochaine fois. C’est alors qu’un homme d’une trentaine d’année intercéda, paya la marchandise volée et me sortit de ce pétrin. Un peu plus loin je voulus entreprendre la conversation, mais ma mâchoire était bloquée, plus aucun mot ne voulait sortir. Finalement, c’est lui qui engagea celle-ci :

« Tu es bien sale et tu sembles avoir les crocs, depuis quand n’as-tu pas mangé et pris un bain ?
-Je ne sais pas, dis-je avec peine les yeux fuyants
-Viens avec moi, je vais te préparer un bon repas. »
Cet homme vivait dans une petite maison en tôle froissée, il prit le temps de faire un repas. L’odeur de celui-ci me faisait saliver. En attendant, je regardais l’environnement avec une sorte de dégoût, rien de ressembler à mon foyer d’avant et pourtant rien ne me donner envie d’y retourner. Il tenta d’en savoir plus sur moi mais je n’arrivais pas à répondre. Une fois le repas servi, je me jetai dessus et l’engloutit en quelques minutes.

« Tu sais petite, si tu continues à rester de ton côté tu risques de mourir rapidement. Rejoins notre clan et je te promets de manger à ta faim, me suggéra-t-il
-Vraiment ? et que dois-je faire ?
-On va t’apprendre à voler de manière plus subtile pour ne pas te faire prendre, dit-il avec un clin d’œil.
-Qui vous dit que j’ai envie de faire ça ? répondis-je sur le ton de la désinvolture
-Tu as besoin de combler tes besoins primaires, donc tu n’as pas le choix répliqua-t-il
Je réfléchis à deux cent milles à l’heure, effectivement je n’avais pas le choix et au fond je me sentais redevable de m’avoir sorti du mauvais pas. J’accepta en rechignant pour montrer que je n’étais pas totalement en accord avec ses mots. Un long apprentissage de plusieurs mois a été nécessaire avec des autres enfants de mon âge avant de commencer mes premiers délits. Pendant plusieurs années, je volais principalement des gens riches sur la surface dans des grandes foules. Mes exploits faisaient la fierté de l’homme qui m’avait recueilli. Un jour, on me proposa de faire un cambriolage, la technique était plus complexe mais j’étais prête et j’avais hâte. On était un groupe de trois personnes.

L’appartement à voler appartenait à un conseiller du gouvernement. En apparence, le plan était simple. Lors d’un gala mondain, nous nous introduirions pour voler des bijoux et objets magiques de grandes valeurs. Cependant rien ne s’est passé comme prévu… Alors que nous étions en train de rechercher les biens, la porte d’entrée s’ouvrit et on entendait des personnes parler. Alors que mes camarades me siffler de partir, j’écoutais une voix familière. En la reconnaissant, tous mes muscles se raidissent, mon corps était comme bloqué dans un monde parallèle et elle apparut devant moi. Ma mère était là devant moi et je ne pouvais rien faire. J’ai senti ses yeux se poser sur moi et je senti comme un éclair me foudroyer. Un de mes camarades me sortis de ma léthargie et en sautant de la fenêtre, mes jambes n’ont pas réussi à prendre l’élan qu’il fallait pour rejoindre l’autre partie du toit. Je me suis vue tomber dans le vide sans rien pouvoir faire. Quand tout un coup, je me suis retrouvée ici, à Portalia.
Le fameux de l’histoire, la famille c’est de la merde ! La vraie famille c’est les camarades !

Kalhan est plutôt petite et fine, elle passe la plupart du temps inaperçue. Blonde avec les yeux noisette, elle décoche difficilement un sourire. Le sarcasme et l’autodérision sont ses armes pour feindre l’ignorance. Elle a trop peur de boire une bière au cas où quelqu’un démasquerait sa grande fragilité.
Elle a le sang de la roublardise dans les veines, elle aime chaparder, détourner l’attention et crocheter. Elle pense qu’elle ne sait rien faire d’autre, alors elle y met tout son cœur.

Après des années d’absence (hum 10 ans…) , je recommence petit à petit à écrire quoi de mieux qu’un forum surtout que celui-ci donne envie !