Mon enfance ressemblait à beaucoup d’autres, elle n’était pas terrible mais pas extraordinaire non plus. J’habitais dans une petite maison, juste assez grande pour mes parents et mes frères, inutile de mentionner le nom de la ville tellement elle était méconnue et éloignée. Le centre du village avait quelques commerces, une épicerie, une pizzeria et quelques cabinets de soins. Un joli petit endroit dans lequel il était plaisant de se balader mais le bâtiment le plus formidable était sans aucun doute la bibliothèque. Il s’agissait d’un lieu magique où les heures pouvaient s’écouler rapidement, tellement vite qu’il était même possible de ne pas voir la lumière du jour.

Chaque livre lu correspondait à une nouvelle aventure, j’aimais penser que j’étais un aventurier, prêt à découvrir de nouvelles choses chaque jour. Le gérant était mon ami, j’avais le droit de rester autant de temps que je voulais et je n’hésitais pas à en profiter. Du haut de mes quinze ans je n’avais qu’un mot à la bouche, Héro. C’était précieux pour moi, un symbole d’espoir, de justice et d’envie. Je me représentais ce type de personne comme un Homme ayant mis de côté ses besoins pour aider autrui et parfois au détriment de son propre bien être. Ce n’est pas accessible pour tout le monde, bien au contraire, très peu en seraient capable. L’idée de laisser un être malfaisant en liberté leur serait insupportable, il n’est pas question de tuer car l’éventualité d’un crime n’est même pas une situation envisageable pour eux.

Le soir venu, au moment de rentrer chez moi, je me prenais pour l’un d’entre eux. Je guettais la moindre occasion de faire mes preuves. Je n’avais personne à impressionner, personne à convaincre mais je sentais au plus profond de moi que je devais le faire. Je voulais être comme ces personnages principaux qui après avoir passé une vie à aider les autres sont transportés dans un autre monde parallèle pour en devenir le Héros, le sauveur. Peut-être qu’à cette période je cherchais sans le savoir la moindre petite utilité. J’étais très bien traité dans ma famille, ils disaient souvent que j’étais le plus intelligent ou le plus astucieux, ce qui n’était pas vrai mais l’intention était plaisante. Il n’y avait pas de grande différence avec mes frères, nous avions les mêmes capacités intellectuelles, dans la moyenne. Je n’étais pas la premier dans ma classe mais pas le dernier non plus, j’avais la moyenne et tout le monde s’en contentait.

Je n’avais malheureusement pas eu la chance de trouver une personne à aider, d’un côté ça voulait dire que notre ville était sure, mais de l’autre j’avais cette terrible envie qui ne pouvait être assouvie. C’est à mes seize ans que j’ai participé à mon premier combat et c’est aussi à cet âge-là que j’ai perdu ma première bagarre. Un groupe de garçons qui voulait s’en prendre à une fille, rien de plus cliché mais c’était mon moment. Je me suis interposé tel le héros que j’imaginais et je me suis fait frapper tel le faible que j’étais. Je suis rentré chez moi avec le visage gonflé, après le moment d’inquiétude arriva la joie et avec toute ma petite famille nous avons ri de cette situation. J’ai eu le droit à une morale de mes parents mais c’était avant tout pour que je fasse plus attention à moi. Cette nuit-là je me suis couché le cœur léger, j’avais pour la première fois aider quelqu’un, ou du moins essayer. J’étais convaincu que c’était mon destin et que je devais continuer dans cette direction.

Quelques temps passèrent, je continuais mes escapades nocturnes et j’avais aidé plusieurs personnes. Ça allait de trouver un endroit pour dormir à éloigner un groupe un peu trop insistant. Je n’étais pas plus doué en combat, je perdais systématiquement mais je ne perdais pas espoir, jamais. Le jour de mes dix-sept ans, alors que je revenais de la bibliothèque, un portail apparu devant moi. J’avais suffisamment lu d’histoire fantasy pour savoir de quoi il s’agissait, j’avais attendu ça toute ma vie. Sans la moindre once d’hésitation je pénétrai à l’intérieur. Les sensations que j’ai ressenti à ce moment-là étaient étrange, ce n’était pas spécialement agréable et même plutôt douloureux. J’entendis une voix, comme si on me donnait un objectif à accomplir. Moi, Keito, j’étais prêt à terrasser les sept rois ! J’étais prêt à devenir un héros pour ce monde.

J’ouvris les yeux et je fus submergé par la beauté de cet endroit. Je me trouvais dans une place immense où je pouvais deviner que le cercle que je voyais était celui qui m’avait invoqué dans ce monde. Une personne, se présentant comme appartenir à la guilde, vint m’accueillir et répondre à toutes mes questions. J’étais excité, ce destin que j’attendais depuis tout ce temps était enfin arrivé.

Après exploration de la ville et ma première nuit dans une taverne, une personne s’est présentée à moi. Il se nommait Nao, charismatique, gentil et toutes les caractéristiques qui m’ont poussé à lui faire confiance. Il disait faire partie de l’église et recherchait des invoqués pour l’aider à accomplir la quête de l’ordre. Je buvais ses paroles et c’est à ce moment-là que je pris la pire décision de toute ma vie en le suivant. L’idée était simple, il fallait de la main d’œuvre pour aider les aventuriers à monter de niveau pour tuer les rois. Notre mission était de préparer des crèmes de soin pour les combattants, c’était un travail utile et qui pouvait également me servir quand mon heure de partir serait venu. J’aimais beaucoup apprendre, j’allais cueillir les plantes avec soin et les transformais en crème en suivant méticuleusement les instructions que j’avais.

Nao me disait qu’en faisant du bon travail j’avais plus de chance d’être appelé. Ceux qui l’étaient se voyaient confier un équipement de première qualité et pouvaient partir à l’aventure avec tout le soutien qu’il était possible d’avoir. Je rêvais de ce moment avec impatience, je ne visais qu’une chose, tuer les sept rois. Mes camarades partirent les uns après les autres, malheureusement une fois appelé il était impossible de revenir et faire ses adieux. Je me sentais très rapidement seul, je travaillais plus que les autres, je produisais plus de crèmes et j’aidais même les nouveaux mais je n’étais toujours pas appelé. Je brûlais d’impatience, ma résolution à devenir un héros et à aider les autres se transforma au fil du temps par de la jalousie.

J’étais jaloux des adeptes comme moi qui étaient appelé pour combattre, j’ai pensé plus d’une fois à arrêter mais la peur de ne jamais connaître la moindre aventure balaya cette idée. Les repas étaient de plus en plus petits et les nouveaux de moins en moins nombreux. Je n’avais aucun contact avec l’extérieur, le temps me manquait pour ne serait-ce que penser à me balader. J’étais enfermé dans un bâtiment de plusieurs étages, ma seule sortie se résumait à aller chercher les plantes médicinales. Je ne devais pas trop traîner, plus je mettais de temps et moins je pourrai fabriquer de crèmes et dans ce cas-là moins de chance pour me faire remarquer.

Après quelques temps, Nao me convoqua et me donna la chance de partir à l’aventure. Il me demanda si j’étais prêt à devenir utile à l’ordre et à l’église. Aveuglé par ses mots j’affirmais mon envie, j’allais enfin devenir le héros que j’ai toujours voulu être, enfin c’est ce que j’espérais.

Deux ans ont passé depuis, beaucoup de changement ont eu lieu et mon monde s’est écroulé. J’ai découvert que mes camarades n’ont pas été envoyé à l’aventure comme je le pensais mais ont été transformé en cobaye. Le groupe de Nao qui se revendiquait appartenir à l’église faisaient des expériences humaines pour créer des combattants capables d’anéantir les sept rois. Il y avait de nombreux morts, les expériences se faisaient dans la douleur, la torture et la peur. Pendant deux longues années j’ai pu survivre par je ne sais quel miracle, mais tout idée d’héros a disparu de mon esprit. Il n’y a aucun sauveur, aucun héro, juste des enfoirés et des très gros enfoirés qui commandent. Ces gens ne méritent pas d’accomplir la quête de l’ordre, l’église n’est pas bonne et un nouveau désir est né en moi. Empêcher l’église d’atteindre son but.

L’expérimentation qu’ils ont tentée sur moi était nouvelle et n’avait pas encore été testé dans ce pseudo laboratoire. Nao, qui était le chef ce petit groupe, voulait expérimenter la fusion entre un humain et une bête démoniaque. Chose qui normalement ne devrait pas être possible. La bête choisie pour ne faire qu’un avec moi était un Raikiri. Une créature majestueuse qui n’avait qu’une idée en tête, me tuer par tous les moyens possibles. Je compris à ce moment-là que la crème de soin que je fabriquais avec autant d’énergie n’était pas utilisée par les aventuriers, mais ici pour continuer les expériences.

Je n’avais plus aucune notion de temps, je n’avais pas réalisé que ces deux ans s’était écoulé. Je recevais ma dose quotidienne d’électricité pour que mon corps s’habitue aux pouvoirs de la créature et micro bout par micro bout, l’essence de monstre pénétra en moi. Une simple petite poussière pouvait me faire souffrir au point de me faire perdre connaissance.
Je ne ressentais aucune force étrangère en moi, simplement des idées que je n’aurai jamais eues avant. J’avais une terrible envie de tuer toutes les personnes présentes dans ce laboratoire. Je n’étais pas plus fort, pas plus dangereux, juste plus réaliste sur les valeurs humaines.

Alors que tout espoir était perdu, une grosse explosion se fit sentir. Tout se passa rapidement mais je compris qu’on venait me sauver. Une femme me libéra et m’emmena à l’extérieur. Mon envie de tuer s’estompa devant ma sauveuse, après un échange qui dura plusieurs heures, elle me proposa de rejoindre un groupe qui, semblait-il, allait me convenir. Il était temps pour moi de commencer une nouvelle vie. Plusieurs questions me vinrent à l’esprit, est-ce que l’expérience à fonctionner ? Est-ce qu’elle a échoué ? Nao appartenait-il vraiment à l’église ? Seul l’avenir nous le dira et je ferai tout pour le découvrir.
 

Je mesure dans les un mètre quatre-vingt, ma silhouette fine laisse deviner une certaine agilité au détriment de la force physique. J’ai vécu enfant dans un environnement où j’étais poussé à faire ce que je voulais sans jamais baisser les bras, l’abandon est difficilement envisageable. Il existe des moments où je peux perdre espoir mais je continue de croire en moi et en mon jugement.
Mon visage imberbe me rajeuni de quelques années mais mes yeux bleus emplis de colère montrent que je ne suis pas un enfant pur et innocent. Je peux avoir en première impression un visage froid et peu sympathique. J’ai sur mon corps diverses cicatrices provenant de mon expérimentation, je ne considère pas ces marques comme une honte mais je ne suis à l’aise quand je dois les rendre visible.
Je ne suis pas comme tout le monde, je ressens en moi une voix étrange. Elle me pousse à faire des choses que je ne voudrais pas. C’est à cause d’elle que je suis souvent énervé et que je ne supporte pas d’être avec beaucoup de personnes. Dans la plupart des cas, j’arrive à résister à cette voix mais il m’arrive de me laisser submerger. J’ai conscience que je dois m’améliorer sur ce point et je fais tout mon possible pour ça.  

Reprise du rp après un petit moment sans écrire