La taille de l'univers est finalement très subjectif. Il suffit d'un vieux chêne pour un petit insecte, un petit étang pour un têtard, une forêt complète pour ce singe quand il faut un océan pour cette famille de cachalot. Et pour un bébé dragon alors ? Un œuf. Voilà l'univers tout entier d'un dragonnet pas encore né. Je me souviens qu'il me semblait immense mon œuf, je m'y sentais bien... Mon éclosion fut banale, comme tout les autres, j'ai brisé ma coquille (un peu par accident) et je me suis retrouvé museau à museau avec un être colossal : ma mère. Puis un autre encore plus immense encore : mon père. C'est ainsi qu'est né la première question de l'usine d'interrogations qu'est mon cerveau : comment est-ce possible d'être aussi grand ?

Pourtant, et bien que je sois encore jeune, ma vie n'a rien de banale. Tout d'abord je suis né au sein d'une grotte non domestiqué au cœur d'une région sauvage, non dans une pouponnière spécialisée au sein d'une « Grotte-maison ». Dans la semaine qui a suivie ma naissance, mes parents ont commencés à m'apprendre à chasser. J'ai attrapé mon premier rat à dix jour, ma première chauve souris à quatorze et mon premier lapin à vingt. À chaque jour ses leçons : apprendre à se nettoyer les écailles, apprendre à reconnaître l'eau potable, apprendre les plantes médicinales, apprendre à chasser, apprendre, apprendre, apprendre... Mes parents m'ont apprit non pas à survivre mais à vivre seul en pleine nature, sans l'aide de personne. Ils m'ont apprit l'indépendance, ce que la plupart des dragons vivants dans une Grotte-maison ne savent plus, un savoir perdu avec la civilisation. Naturellement, un dragonnet est nidifuge : nous devons être capable de nous débrouiller seuls très rapidement. Mais la civilisation a fait de notre espèce des créatures nidicoles : les dragonnets aujourd'hui sous pouponnés, chouchoutés, surprotégés. La plupart des dragons sont devenus des créatures sensibles, surtout les nobles, certains allant jusqu'à craindre de s’abîmer les griffes. La majorité n'ont jamais chassé de leur vie.

Ce n'est qu'à l'âge de cinq ans, alors que j'étais déjà autonome, que mes parents m'ont présentés à d'autres dragons. Ce fut un véritable choc des cultures pour moi habitué à la soit disant difficile vie sauvage, à devoir faire l'effort de trouver ce dont j'ai besoin de me retrouver soudain dans un environnement où tout est à portée de patte. J'ai rejoins une école où je suis vite devenu une star à la fois admiré et craint : à cinq ans, je ne savais pas encore cracher mes flammes mais je savais déjà utiliser ma poche à feu pour faire jaillir quelques crachats acides contrairement à tous les autres. J'ai dégoutté à la fois les femelles et les professeurs dès mon premier jour en gobant un pigeon pour le goûter. À la fois en avance et en retard sur les autres, avec une manière de penser différente, j'avais à la fois des facilités et des difficultés. Il y avait des tensions avec les autres, surtout les mâles qui ne m'aimaient pas jusqu'au jour où, deux ans plus tard, une vraie bagarre éclata. Oh ce n'était qu'une histoire de dragonnet mais lorsqu'il se  jeta sur moi avec ses manières maladroites d'un jeune à la vie facile, je ne compris pas et me sentis en danger : je ripostais et j'eus facilement le dessus. Le problème ? Ce fut à la fois la « sauvagerie » de ma riposte et la boule de feu qui s'échappa lorsque j'ouvris la gueule pour envoyer un crachat de ma poche à feu à ses pattes. L'explosion blessa mon adversaire, la force du souffle le projetant à plusieurs mètres. Je fus renvoyé de l'école naturellement mais la chance voulut qu'un érudit de l'académie passe au bord de la cours de récréation au même moment : il me déclara aussitôt comme son élève, affirmant qu'il était de la sécurité publique que j'apprenne à  découvrir et contrôler ma poche à feu.

J'ai passé les dix années suivantes sous son aile, celle de Krogan à devenir un érudit à mon tour, trop heureux d'avoir enfin rencontré quelqu'un capable de répondre à toutes mes questions. Néanmoins je gênais à l'académie : j'étais bien trop « sauvage » pour tout ces rats de bibliothèque (je déclenchais un scandale dès le premier jour en attrapant l'un de ces rongeurs évoluant justement dans la salle d'étude (j'ai mis du sang sur le parquet, mon dieu ce fut grave!)). Un dragonnet est capable de voleter à partir de 10 ans (mon père mit un point d'honneur à ce que je devienne un virtuose du vol) et est considéré comme adulte à 20 ans, âge autour duquel sa poche à feu est suffisamment mature pour commencer à cracher ses premières flammes. Et puis il y eut la révolution puis la guerre...

Les humains, fâchés que les dragons consomment autant de leurs ressources pour si peu de rémunération, fâchés que les dragons se considèrent comme une race supérieure, se révoltèrent. La famine frappa les grottes-maisons dès les premières semaines, une panique ridicule s'empara des citadins. Puis les humains attaquèrent... Ce fut un véritable massacre des deux côtés, des morts par dizaines de milliers des deux côtés. Krogan fut tué au cours de l'assaut de l'académie, quelques jours après mes parents furent tués par d'autres dragons exigeant d'eux qu'ils donnent leurs proies. Moi ? À la mort de mes parents j'ai fuis dans le monde sauvage. En colère contre les miens, honteux de faire parti de cette race si majestueuse devenue aussi ridicule, je suis devenu un véritable mercenaire, mettant mes compétences au service du plus offrant. Ce sont principalement les guildes marchandes naines qui firent appel à mes services pour identifier des objets grâce à mes connaissances, m'envoyer livrer des messages (le plus souvent des avertissements de facture impayée) ou pour protéger des caravanes, ma simple présence suffisant la plupart du temps à faire changer d'avis les bandits et autres brigands. J'y ai fais la connaissance de Gornak, un nain mercenaire tout comme moi. Nous sommes devenu partenaires et d'excellents amis, très proches l'un de l'autre. Il est mort douze ans plus tard lors d'une attaque de caravane particulièrement violente, assaut durant lequel j'ai été moi même grièvement blessé et laissé pour mort. Je suis resté convalescent durant des mois, je venais tous juste de reprendre l'entraînement et puis...

...Et puis il y eut l'invocation... Je n'ai rien compris aux quatre phrases. Entre nous je m'en fiche un peu. Premières priorités : où suis-je et comment survivre ici ?... Je me suis trouvé un logement au hasard des rues : j'ai fais la connaissance de Kayan et Sue, un couple âgé venus d'un autre monde avec un fort accent. Tous les deux tiennent un salon de thé juste en périphérie de la ville, salon adjacent à leur petite ferme. Ils m'ont invités à venir loger chez eux, je suis installé dans une grange inutile. En échange je leur prête ma force et je chasse les quelques prédateurs qui dérangent leur basse court. Je me suis trouvé quelques petits boulots aussi mais rien de bien glorieux. En bref je suis un petit nouveau qui a la chance d'avoir trouvé une grange confortable pour s'installer. Cela me convient très bien : mes parents m'ont apprit à me débrouiller seul mais pas à vivre seul.

De base, Soka est un dragon sauvage. Dans son monde il est le roi des prédateurs, sa domination de la chaîne alimentaire est absolue. Du haut de son mètre cinquante au garrot, il mesure 3m50 de long et pèse dans les 800kg, son physique lui assure une prestance suffisante pour imposer un certains respect. Ses écailles, aussi noires que les ténèbres d'une nuit sans lune, lui assure un certain camouflage de nuit. Enfin ses yeux ambres brille de la calme intelligence du prédateur.

Bien qu'il n'ait pas reçu de formation militaire, il sait parfaitement se débrouiller seul : chasser, trouver de l'eau, se soigner avec des plantes... Il n'a besoin de rien d'autres que son corps pour vivre. Il a apprit à vivre dans le monde civilisé et connaît les bonnes manières des milieux nobles mais oublier qu'il est avant toute chose une créature sauvage serait une grave erreur. S'allier à la civilisation n'est pour lui qu'une manière de survivre de manière plus confortable et de répondre à son besoin de trouver des réponses. Ainsi il ne supporte pas le manque de respect... mais n'aime pas non plus la solitude !

Le savoir est un outil, une arme. Les connaissances permettent d'améliorer la survie, l'ignorance peut être fatale. Voilà pourquoi Soka aime apprendre et passe beaucoup de temps le museau dans les livres. Malgré son jeune âge, il a de solides connaissances dans beaucoup de domaines. C'est un passionné de la compréhension et sa curiosité peut parfois être pénible.

Comme dit, Soka n'a pas reçu de formation militaire. Ses connaissances en matière de combat il les a obtenu dans les livres et sur le tas : en devant défendre une caravane lorsqu'il était mercenaire dans son monde ou en chassant de grosses proies. Il n'a pas peur de tenir tête à des brigands et n'a aucun problème à croquer un humain qui lui pourrit un peu trop la vie.

Jeune adulte Soka aime rigoler et s'amuser. Il ne lui faut pas grand chose pour ça d'ailleurs et il adore blaguer, faire des farces. Quand il aime bien quelqu'un il se moque et embête la personne, pouvant devenir pénible. Il met l'ambiance dans le salon de thé ! Oh nous noterons que Soka n'aime pas les chats (sauf peut être le goût) et qu'il déteste les courgettes et les bureaucrates. Il a un peu de mal aussi avec l'autorité.

Nous noterons qu'il s'agit de quelqu'un de très bienveillant mais que cette bienveillance est contrée par le côté prédateur et sauvage de sa race.

Patrick, prépare les tonneaux d'hydromel et renégocie l'assurance de ta taverne.