Voir ne suffit pas (Derek) (Terminé)

Hypanatoi se voulait un homme respectueux, et un homme pieux. Le problème était ici que sa définition du respect était souvent très mal comprise par les créatures qui hantaient la surface de ce monde, et que ses rites étaient vus au mieux comme inquiétants, au pire comme particulièrement néfastes. Il n’était pourtant de ce qu’il savait le seul personnage à être issu d’une culture qui pratiquait les sacrifices, et en vérité son peuple avait depuis longtemps régulé les sacrifices humains, les réservant aux occasions les plus importantes. Lui-même n’avait encore pas eu l’occasion d’en pratiquer un, et il peinait donc à voir comment il pouvait gêner les gens. Malgré cela, il ne se pensait pas superstitieux. Les dieux donnaient régulièrement la preuve autant de leur existence que de leur puissance, et nombre de phénomènes a priori incompréhensibles trouvaient leur explication lorsque l’on étudiait leur environnement. La magie était une force capricieuse, plus encore à l’état sauvage, mais même le chaos le plus primordial était régi par des règles immuables. Lui n’avait en revanche jamais accordé beaucoup de crédit aux racontars des prophètes et des haruspices, des oracles et des astrologues. Outre le fait que leurs prédictions cryptiques se révélaient la plupart du temps totalement erronées, il ne pensait pas que le destin soit écrit. Cette pensée lui semblait en vérité relever de l’hérésie, et si la plupart des cultes ne partageaient pas son point de vue, il restait malgré cela assez borné. Il était pourtant, pensait-il, quelqu’un d’assez coulant et flexible sur un certain nombre d’autres points, même capitaux.

La pratique de son culte, pour y revenir.

C’était sans doute pour cela qu’il n’était pas certain de la marche à suivre. On lui avait parlé lorsqu’il s’était adressé à la guilde d’un aventurier venu d’un autre monde, capable de communiquer avec les fantômes. Il se serrait normalement contenté de se rire de cette information : les fantômes n’étaient que les restes fous et privés de consciences des âmes des défunts rejetés par les divinités chtoniennes, et communiquer avec eux était aussi productif que de débattre avec un bœuf. Mais l’individu ne venait pas de sa planète, et peut-être même pas de son cosmos, et eux deux étaient les invités d’une terre nouvelle. Les règles étaient sans doute différentes, ici. Alors il avait demandé à le rencontrer, après avoir réfléchi quelques jours aux possibilités offertes par ce pouvoir curieux. Il y avait fort à parier qu’il était loin d’être le premier ressortissant de son monde à être happé et rejeté sur ce dernier, et l’idée de pouvoir converser avec un possible compatriote était bien trop tentante pour être ignorée. La possibilité d’un discours l’emplissait d’espoir, sans parler des possibles informations qu’il pourrait éventuellement en retirer. Il devait le faire. Il s’était donc chargé d’une bourse alourdie par une somme généreuse de pièces d’or, et malgré les conseils de la réceptionniste, d’un présent supplémentaire. S’il était peut-être possible de résumer leur transaction à un simple échange pécunier, c’était là un procédé bassement mercantile, et il préférait ne pas entamer quelque chose d’aussi important sous de mauvais auspices.

Il s’était donc rendu dans la petite salle dans laquelle il devait retrouver le dénommé Derek Ravencross. C’était un endroit peu éclairé, et peu fréquenté, a fortiori au vu de l’heure encore relativement matinale. Il s’était assis, tentant de se rappeler avec précision des paroles rituelles adressées aux augures. Là encore, il était peu probable que son partenaire improvisé se soucie de ce genre de détail, ou en comprenne tout le sens. Ce n’était pas là le plus important. Il avait brûlé de l’encens, et répandu de son propre sang sur son autel. Il était venu habillé d’une toge verte, couleur des voyants capables de dissiper les brumes du futur. Sur la table, en face de lui, trônaient des offrandes de cire et de miel, de vin et de thym. Il ferait les choses comme elles devaient être faites, non pas parce qu’on allait jugeait positivement ses actions, mais parce que c’était ainsi que tout cela devait se passer. Il se leva finalement, voyant arriver un homme correspondant vaguement à la description qu’on lui avait faite de son rendez-vous du jour. Grand, au physique guerrier, au visage austère. Il n'était pas capable de ressentir précisément les contours de ce dernier, mais voulait bien pour une fois croire sur parole les dires de la personne qui le lui avait dit. Plaçant une main sur sa poitrine, il leva l’autre tout en le hélant d’une voix ferme :

« Derek Ravencross ! Je suis Hypanatoi Konostinos, et j’ai à vous parler ! »

Restant ensuite immobile, il attendit une réaction de ce dernier, cachant difficilement son impatience. Un ancêtre. Il allait peut-être le privilège insigne de converser avec un ancêtre, de bénéficier de sa sagesse. C’était un exploit jamais réalisé auparavant, et qui justifiait presque à lui seul qu’il doive supporter cet environnement incompréhensible et les fous qui le peuplaient.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 9 Fév - 7:36, édité 1 fois

Il était à présent temps pour moi de me mettre véritablement au travail dans ce monde. J’allais effectuer ma première mission à l’extérieur. J’étais très enthousiaste je dois bien l’admettre. J’étais impatient de me frotter à ce qu’il se trouvait à l’extérieur. J’avais besoin de voir de mes propres yeux et pas juste dans les bouquins ce sur quoi on pourrait bien tomber. Enfin j’allais faire ma première mission. Je n’en savais rien pour le moment encore fallait-il qu’une mission pour moi ou de mon niveau soit disponible là maintenant. Je ne savais pas encore bien le fonctionnement de tout ça et du coup je ne savais pas s’il fallait réserver celles-ci ou non.

Quand j’arrivais à l’accueil pour voir pour une mission on me fit savoir qu’un autre aventurier avait demandé à me voir. J’haussais un sourcil perplexe. J’étais déjà aussi connu que ça ? Bon apparemment, c’était le cas. La fille de l’accueil me fit savoir que j’étais assez connu car j’étais le premier à pouvoir parler aux fantômes. Mais…comment c’était possible qu’on sache ça ? On ne prenait pas pour un fou ? J’en parlais à la réceptionniste et celle-ci me fit savoir qu’en effet il y en avait qui y croyait et d’autres non, mais qu’au final ça avait fini par se savoir. Ok bon, soit, ça ne changerait pas grand-chose à ma vie honnêtement. Je me fichais de l’avis des autres.

Du coup, j’imaginais que c’était cet aspect là qui intéressait ce fameux aventurier qui voulait me voir. On nous avait apparemment préparé une salle pour notre entrevue en plus. Je ne savais pas vraiment quoi en penser. Etais-ce un piège ?

Il semblerait que ce monde te convienne mieux que l’ancien. Ici plusieurs gens croient au fait que tu parles aux fantômes…

Hum… dis-je en pleine réflexion sur cet entretient des plus insolites.

Je n’avais jamais eu ce genre de rencontre, de quelqu’un qui voulait me voir sans savoir le pourquoi de la chose. Généralement, j’étais mis au courant que c’était pour telle ou telle quête. J’allais finalement à cette salle. On verrait bien. Je restais simplement sur mes gardes le temps de voir s’il y avait vraiment un possible danger ou non.

Une fois arrivé je vis que la salle était vraiment peu éclairée. Ce n’était pas plus mal quand on y pense vu l’heure de la matinée. Une lumière faible aide davantage à se réveiller qu’avoir les mirettes aveuglées par trop de lumières. Je regardais un peu partout et finit par voir une personne en face de moi. Ils semblaient avoir faits des rituels ou un truc dans le style en tout cas. Celui-ci venait déjà vers moi et vu sa voix cet homme semblait des plus déterminé.

Hypanaquoi ? J’ai rien pané ! dit Karter mort de rire comme la quiche qu’il était.

Je me contentais pour le moment de détailler mon interlocuteur. Celui-ci était drôlement habillé. Je me demandais vraiment ce qu’il était en train de faire, s’il s’agissait vraiment de rituel ou non. Il y a tant de mondes différents rassemblés ici avec tous des coutumes différentes. J’étais assez curieux d’en savoir plus sur ce drôle de personnage fallait l’avouer. Il s’habillait bizarrement après tout et il s’adressait à moi avec tant d’entrain mêler à du respect. Il semblait vraiment agréable comme ça. Mais je savais d’ores et déjà qu’il attendait quelque chose de moi. Après tout, il avait demandé à me voir car je parlais aux fantômes, non ?

Enchanté j’imagines. En quoi puis-je aider ? En sachant que je ne fais rien de manière gratuite je préviens d’avance. Mes services sont payants peut importe en quoi ils consistent.

Je fis savoir qu’il allait falloir allonger l’oseille surtout si ça avait un rapport avec parler aux fantômes. Ce n’était pas foncièrement agréable pour moi.

Tu dramatises trop gamin. C’est cool de pouvoir parler aux fantômes.

Dis plutôt que ça t’arranges que je puisses parler aux fantômes car au moins t’as quelqu’un qui peut t’entendre en ma personne.

Je ne faisais plus attention au mode qui m’entourait à présent. Je parlais à Karter comme je le ferais avec n’importe qui parce que j’en avais marre. Après tout, cela ne servait à rien à cacher un fait. Cela s’était bien vite ébruiter en plus donc même si j’avais voulu garder le secret c’était déjà mort.

Ouais pas faux, j’aurais préféré d’ailleurs un mec plus dans mon style plutôt qu’un rabat-joie comme toi…

Crois moi si j’avais su tu serais rester dans cet anneau pour toujours et caché dans ce coffre sans pouvoir en sortir. Mais comme je n’ai pas eu toutes les informations au bon moment on en est là et je dois te supporter toi et tes potes qui se ramènent de temps à autres.

Tout dépend d’où tu te trouves. Mes amis comme tu dis sente ta présence car je te hante. Si tu ne t’approches pas des lieux où l’on enterre les morts généralement tu peux éviter la majorité des fantômes. Mais ici enterrer c’est pas forcément évident tu risques d’avoir plus de mal à être tranquille.

Je soupirais me disant que j’étais vraiment mal barré. Ce monde avait ses avantages comme ses inconvénients quoi…

C’est pour une histoire de fantôme j’imagines ?

Sûrement t’as vu tous les trucs qu’il se trimballe ? On dirait une sorte de bric à brac pour rituel vaudou. Pas sûr que ce mec ait vraiment besoin de toi pour appeler les fantômes. Il fait du Ouija et c’est bon il aura son quota ! dit-il hilare.

Tu vas la fermer Karter ?! J’aimerais avoir une discussion avec notre interlocuteur sans que tu ne pompes H24 mon air, est-ce trop te demander ?

Ouais gamin c’est trop demander ! Je me suis fait chier durant mille ans. Je compte bien profiter de tout ce que la vie me donne !

Tu veux dire ce que la non-mort te donnes ? Car on peut pas vraiment dire que t’es en vie vu que t’es un fantôme.

Tu joues sur les mots gamin, tu m’as compris…

J’hausses les épaules l’ignorant et me reconcentrant sur mon camarade aventurier.

Dernière édition par Derek Ravencross le Lun 3 Jan - 15:33, édité 1 fois

Il observa le curieux personnage. Les gens qu’ils avaient croisé sur ce monde, et ce quelque soit leur origine, avaient tendance lorsqu’il leur parlait à insister sur l’importance de ne pas juger quelqu’un à son apparence. Il pouvait comprendre la logique de cette idée : un monde aussi cosmopolite que celui-ci risquait après tout d’emprisonner en son sein des gens issus de races et de cultures étranges, dont les apparences en question pouvaient s’avérer trompeuses. Il restait malgré cela convaincu du contraire. L’apparence révélait rapidement à l’œil avisée la plupart des traits qui composaient l’individu. Sa carrure, haute et solide, et sa manière de bouger. Un combattant expérimenté, qui avait déjà pris son lot de vies. Les plis de son front et de son visage, qui témoignaient de ses expressions les plus récurrentes. Quelqu’un de soucieux, qui avait souvent à composer avec des éléments extérieurs gênants. Son armure. Bien entretenue. Quelques indentations, çà et là. Son œil vif et sévère, le pli de ses lèvres, l’épaisseur de ses doigts, la manière qu’il avait de respirer. Lui-même était depuis longtemps aveugle, et nombre de ces précieux détails lui étaient inaccessibles. Mais il avait appris à s’en passer, et à pallier cette déficience. Et si cela s’avérait insuffisant, il lui suffisait d’écouter la manière de parler du thaumaturge. Il s’exprimait comme un soldat de bas étage, avec cette manière rude et directe que l’on acquérait souvent après les combats, lorsque l’on se partageaient les rapines obtenues sur les dépouilles adverses.

Il n’avait de toute façon pas besoin de tout son art pour comprendre la manière dont fonctionnait son nouvel interlocuteur. Ce dernier semblait importuné par un certain Karter, personnage invisible mais dont il était a priori aisé de deviner l’emplacement. Il suffisait de suivre le regard de Derek. Un sourcil levé, Hypanatoi le laissa converser avec son ami invisible, tentant de suivre la conversation malgré le fait que la moitié de cette dernière lui soit inaudible. Ce ne fut pas chose aisé, le thaumaturge se révélant particulièrement loquace et expressif. La retenue ne faisait visiblement pas partie de ses qualités, ce qui somme toute pouvait se révéler un avantage pour lui. Il n’aurait ainsi pas à tenter de déchiffrer ses instructions mystérieuses et ses tournures de phrases alambiquées, exercice pénible qui avait généralement tendance à rapidement épuiser sa patience, pourtant connue pour sa grande longévité. Ce dernier finit cependant par revenir vers lui, lui demandant de confirmer la raison de sa présence. L’aventurier ne jugea pas utile de préciser l’évidence, et n’en eut de toute façon pas le temps. La conversation reprit rapidement, et il se prit l’espace d’un instant à plaindre le nécromant. Lui qui trouvait souvent que les babillages de ses congénères se faisaient comme des bourdonnements de mouches à ses oreilles, imaginait sans peine l’horreur indicible que devait représenter l’un d’entre eux qui nous suivrait comme un insecte particulièrement dévoué.

« C’est bien cela, Derek Ravencross, fit-il à la fin de l’échange présumé des deux tristes compères, profitant d’une pause dans leur dialogue. Et pour mon nom, vous pouvez simplement m’appeler Hypanatoi. »

Il se rassit, et invita le jeune mage à en faire autant, lui désignant une chaise en face de lui.

« Quant à votre paiement, ne craignez rien, il sera tout à fait honnête. J’ai également amené quelques présents afin de vous honorer. Je ne sais pas si la tradition dont vous vous réclamez le requiert. Sentez-vous libre de les refuser si ce n’est pas le cas. »

Il marqua une courte pause, cherchant l’espace d’une demi-seconde la suite de ces mots. Il fallait maintenant formuler précautionneusement sa requête. Son idée était, il en avait parfaitement conscience, pour le moins fantaisiste. Il n’avait aucune idée de la manière au juste dont les pouvoirs de son vis-à-vis fonctionnaient, et si même l’ancien héros qu’il cherchait avait jamais existé.

« Je souhaiterais louer vos services pour savoir si un de mes anciens compatriotes ne s’est jamais présenté sur ce monde, et si, le cas échéant, il serait possible de communiquer avec lui. Je dois avouer ne pas être sûr de la manière dont s’agencent vos dons, et donc si ma requête est réalisable. »

Il ne jugea pas utile d’en dire plus. Il doutait que l’attention durement sollicitée de son interlocuteur puisse suivre très longtemps une conversation normale, et il voulait de toute façon en prendre la mesure plus avancée. L’examen initial avait été révélateur, sinon concluant, et il devait s’assurer s’il devait entreprendre aux côtés de cet inconnu une quête de cette titanesque importance qu’il serait fiable. L’idée de déranger, voire pire, d’offenser un ancien était suffisamment terrible pour que même Hypanatoi pâlisse à sa simple évocation.

Le déshonneur serait aussi grand qu’éternel.

Cet homme était vraiment intriguant. Je ne saurais dire ce qu’il pensait je me sentais comme analysé et quelque part c’était assez perturbant. Pour autant il n’avait l’air à aucun moment irrespectueux ou autre. Il semblait tout comme moi intrigué par ma personne. J’en avais rencontré des gens depuis mon indépendance. Et je dois avouer qu’il était le premier à me donner une telle impression. Mais là encore je ne saurais dire exactement ce dont il retournait vraiment.

Pour le moment je le laissais approcher. Après tout, il n’était pas là pour me tuer. Il voulait quelque chose de moi donc la violence ne rimerait à rien. En tout cas, ce n’était pas quelque chose qui marchait bien avec moi. Je rendais coup pour coup et si je dois mourir avec mes secrets ou autre, je n’hésiterais aucunement.

Je comptais en savoir plus mais Karter n’arrêtait pas de m’importuner. Du coup, pas très évident pour entamer une conversation avec mon homologue. J’avais vraiment du mal à me concentrer sur d’autres gens avec Karter qui disait de la merde la majorité du temps. Des commentaires lourd, lubrique ou incisif qui m’irritait prodigieusement. J’avais compris que la majorité des gens si ce n’était pas des femmes aux gros attributs n’avait que peu d’intérêt à ses yeux. L’interlocuteur du jour étant un homme ça devait d’autant plus l’ennuyer mais je n’avais que faire de ses envies. C’était moi le maître de ce corps. Lui ne faisait que de me coller comme une moule à son rocher, donc il ferait avec et c’est tout.

Je finis par m’avancer davantage et à m’asseoir devant mon hôte. Après tout ne sachant pas exactement les détails, assis je serais plus confortable.

Vous pouvez juste m’appeler Derek. Pas obliger de prononcer le nom à chaque fois. Je ne suis pas de la haute ou quoi ou qu’est ce je ne suis qu’un simple mercenaire. Enchanté Hypanatoï. Votre nom est bien singulier, j’imagines que vous êtes un nouvel invoqué vous aussi ?

Je me demandais ses motivations et ce qu’il attendait exactement de moi.

S’il est honnête on verra cela. Cela dépendra aussi de ce que vous me demanderez en échange de celui-ci. Des présents ?

Ces trucs-là ? Il veut t’engraisser pour te manger au prochain banquet du coin ?

Karter soit respectueux ! Chacun ses croyances. Quels sont ses présents ? Je crois sentir du miel et du thym, c’est pour moi également ?

Cela partait d’un bon sentiment et si c’était vraiment pour moi je ne cracherais pas dessus le miel comme le thym était de bons ingrédients pour cuisiner. Et je sentais du vin aussi potentiellement ? En tout cas, il semblait rassembler ses pensées pour manifester sa requête. Après tout, quand j’y penses il était vrai que demander à quelqu’un de voir un fantôme pour lui était une demande des plus bizarres après tout. En tout cas, les gens étaient souvent incertains sur ce genre de choses. Après tout cela dépasse la normalité, on rentre dans un autre monde, un monde qui laisse une place au paranormal et tout le monde n’était pas friand de ce genre de chose.

Il finit par s’exprimer et j’haussais les sourcils, perplexe. Cela était loin d’être aussi simple que ça n’en avait l’air selon sa demande. Un de ses anciens compatriotes potentiellement ici ? S’il n’était pas sûr qu’il avait foulé ce monde ce serait vraiment chercher une aiguille dans une botte de foin...Il précisa cependant, qu’il ne savait pas comment mon ‘don’ s’agençait et si c’était facilement faisable. Un don ? On voit bien qu’il n’était pas celui impacté sinon il ne parlerait pas de ça comme d’un don mais d’une malédiction tout comme moi.

Ce n’est malheureusement pas un don de détection à la base. Je ne peux pas savoir si l’un de vos camarades est ici ou non. Les fantômes sont nombreux à venir à moi mais il faut que je sois à une certaine distance d’eux afin qu’ils ne viennent jusqu’à moi. Il me faut les interroger. Je peux potentiellement faire le tour du cimetière de Portalia déjà et sinon cela veut dire qu’il n’ait jamais venu ici où qu’il n’a pas été enterré dignement car boulotter par un monstre ou corps disparus dans la nature. Si c’est ce dernier point, il pourrait m’apparaître n’importe quand durant une mission à l’extérieur si l’on est non loin de la zone où se trouve son corps.

Je soupire. Ce n’était sûrement pas ce qu’il voulait entendre.

Je peux tout de même demander comme je vous ai dis aux fantômes du coin s’ils auraient vu vos compatriotes. Il me suffirait d’avoir une description physique. Ou un uniforme que vous portiez habituellement pour pouvoir les reconnaître facilement quoi. Après certaines fantômes ne sont pas forcément toujours très fiables je vous préviens. C’est à prendre avec des pincettes.

Dernière édition par Derek Ravencross le Lun 3 Jan - 15:35, édité 1 fois

Il sentit l’oracle s’assoir en face de lui, considérant sa manière de faire. Il se tenait correctement, c’était un point positif, et il l’écouta parler, le laissant finir autant sa question initiale que poursuivre son échange avec l’esprit visiblement insistant qui l’accompagnait. La présence de ce dernier semblait pesante, et arriver rapidement à briser le maintien et le langage autrement poli de l’individu. Il semblait donc que ce dernier n’ait aucun pouvoir sur les esprits, sinon celui de les voir et de communiquer avec eux. Ce fut là la première chose qui l’inquiéta, bien avant que son interlocuteur ne vienne confirmer ses craintes. Il lui expliqua que son pouvoir se bornait à pouvoir communiquer avec les esprits environnants, et qu’il avait besoin pour cela de se trouver proche de leur cadavre. Moins important, et bien plus habituel, il remarqua l’étrange consonnance de son nom, phénomène étonnement régulier chez les habitants de cette cité pourtant plus que cosmopolite. Il devait bien avouer que malgré leurs divers mondes d’origines, ils étaient souvent liés par des cultures et des patronymes bien similaires. Cela impliquait un certain nombre de choses d’un point de vue métaphysique, mais il ne jugea pas utile de s’y attarder pour le moment. Sa situation était déjà bien assez difficile, sans qu’il ne permette à son esprit de s’effriter sous le poids insidieux d’une crise de foi. Ses projets étaient effectivement compliqués par la révélation des limites de Derek, mais au moins avait-il maintenant une idée précise de ce qu’il devait faire pour lui simplifier les choses. Il eut au final une idée des plus pertinentes, et lui demanda de lui fournir une description physique soit de l’uniforme de la personne qu’il recherchait. Aussi utile que puisse être cette information, c’était bien là son problème. Il ne cherchait pas un individu en particulier, mais simplement quelqu’un partageant son monde d’origine, et si possible un compatriote. Il hésita un instant, cherchant soigneusement ses mots, avant de formuler une réponse sur un ton respectueux :

« Vous avez le nez fin. Du miel, du thym, de la cire et du vin. Faites attention, ce dernier n’est pas préparé comme on le fait habituellement ici. Il est plus fort, et contient de la résine. J’imagine sans peine que ces cadeaux puissent sembler… Désuets. Mais il convient dans ma patrie de présenter des aspects de certains divins lorsque l’on souhaite parler à un mystique. Et oui, je viens effectivement de m’incarner sur ces terres. »

Il se tut ensuite quelques secondes : il allait maintenant devoir se livrer, et c’était une perspective des plus déplaisantes. Outre le fait que cela soit hautement impudique et en temps normal un gage de faiblesse et d’une volonté déficiente, il n’était pas réellement sûr de savoir exactement quelle information se révélerait utile et laquelle serait excédentaire. Se résignant à l’imperfection du discours qu’il allait devoir tenir, il se lança :

« Je ne cherche pas une personne en particulier, Derek. Simplement quelqu’un venant de mon monde, si possible de mon pays. J’ai beaucoup à lui dire, et plus encore à lui demander. En ce qui concerne leur apparence physique, eh bien… L’endroit d’où je viens est principalement peuplé d’humains, bien que certains d’entres arborent quelques particularités physiques. Il y existe également une très petite population de ce que vous appelez des elfes, et d’autres esprits liés au monde naturels. Des sylphes et des hommes-bêtes, principalement. Quant à l’uniforme, c’est là aussi compliqué. Je ne suis pas totalement au fait de toutes les variations des pays étrangers, mais ceux de ma nation sont restés assez similaires depuis assez longtemps. Une cuirasse métallique sur le torse, des gants, un casque et des protections au niveau des tibias, dans le même matériau. Un casque, souvent surmonté d’un panache. S’ils sont habillés en civil, ils porteront un vêtement similaire au mien. Plus pudique pour les femmes, évidemment. Le seul problème vient des paragoï. Des gens comme moi. Notre équipement diffère souvent grandement de celui des soldats communs, en ce qu’il est souvent d’origine surnaturelle et reflète notre personnalité. Je ne saurais à ce niveau pas vous dire grand-chose. Un dernier point cependant. Il y a de grande chose qu’il parle comme moi. Notre manière de nous exprimer et d’être est régie par de nombreuses règles, et cela conduit naturellement à une certaine… Rigidité de l’expression, aussi bien orale que corporelle. Mais j’imagine qu’après ce monologue, vous comprenez aisément ce à quoi je fais référence. Quant à la manière de procéder, je vous laisse le champ libre. Vous me semblez compétent, et je me tiens à votre entière disposition. »

Ne voulant pas surcharger l’esprit de son vis-à-vis, il s’arrêta là, et joignit sur la table ses mains, entremêlant ses phalanges épaisses. Il n’était de toute façon pas certain de ce qu’il pouvait ajouter d’utile, et sans doute le thaumaturge aurait-il l’occasion de lui présenter d’autres demandes s’il les jugeait utiles. Il espérait maintenant simplement que ce dernier accepterait, et qu’ils pourraient rapidement démarrer leur enquête. Aussi maigre soit-il, ce rayon d’espoir qu’il venait d’entrevoir l’aiguillonnait maintenant cruellement, et il souhaitait ardemment trouver un moyen d’en apaiser l’impatiente morsure.

Ce n’était vraiment pas le genre de demande que l’on me faisait souvent. Je n’avais même jamais eu ce genre de proposition. D’habitude les gens me croyaient simplement fous, c’était bien plus simple pour tout le monde. Mais il semblait qu’ici, dans ce nouveau monde, la tolérance était bien plus présente, et que ça ne paraissait pas totalement impossible de parler aux fantômes. Et il est vrai que j’avais vu pas mal de races dans ce monde et certaines paraissaient en elle-même bien plus bizarres que moi parlant aux fantômes…Après j’aimais beaucoup ce fait de voir autant de diversité et de gens qui se côtoyait et à quel point cela semblait naturel. Il n’y avait pas de faux semblants ou autre, les gens interagissaient avec plaisir, en étant agréables les uns avec les autres et sans juger la personne qu’ils avaient en face. Après il devaient certainement y avoir des personnes moins tolérantes que d’autres, c’était partout pareil après tout, mais par rapport à mon monde par exemple c’était le jour et la nuit déjà.

Le fait qu’il cherche quelqu’un de manière assez vague selon ses dires n’allait pas vraiment m’aider en tout cas. Après je ne savais même pas si j’allais accepter pour être honnête. Cet homme avait l’air bien sous tout rapport, mais ce qu’il me demandait n’était peut-être pas totalement dans mon domaine de compétence. Je ne savais pas vraiment encore. Je préférais attendre encore un peu pour avoir plus de détails savoir s’il y avait moyen ou non que je puisse l’aider finalement. Après tout on était là pour discuter.

Il commença d’ailleurs à me répondre de nouveau face à mes dires pour avoir potentiellement plus de détail. Je souris quand il m’indiqua que j’avais un bon flaire. Bon après je n’avais pas tout repéré.

Plus fort avec de la résine ? Intéressant. Je serais intéressé de savoir tous les détails sur sa conception. Pourquoi de la résine par exemple ? Non ce n’est pas désuets ne vous en faites pas. C’est même trop si vous avez également une bourse de gils avec vous. Des aspects de certains divins donc ? C’est-à-dire ? Chacun de ses quatre cadeaux représente l’un de vos dieux ?

J’hochais la tête n’étant pas surpris qu’il soit arrivé ici il y a peu. Je n’étais guère vieux sur ces terres, mais je pense que j’avais quand même quelques jours de plus vu qu’on me connaissait déjà comme le loup blanc avec mon histoire de fantôme…

Bienvenue à Portalia alors.

Il semblait assez réservé par la suite. Comme s’il ne savait pas vraiment formuler ce qu’il voulait dire.

Tu crois qu’il a envie de démouler un cake ?

Je me tournais vers Karter lui lança un regard noir à sa remarque totalement déplacée et irrespectueuse. J’étais bien content que les gens ne puissent pas l’entendre. La majorité du temps il ne disait rien de bien mature en plus du fait que c’était parfois des plus blessant. Cela avait été le cas pour Yvana et honnêtement, je ne savais pas comment elle aurait réagi si elle avait entendu tout ce qu’il avait dit sur elle…

Finalement, Hypanatoï finit par s’exprimer. Les gens de sont mondes étaient donc en majorité des humains même s’il y avait quelques elfes, donc des êtres similaires à Yvana, et d’autres trucs. Il me décrit ensuite ce qu’ils portaient selon si les siens étaient en civils ou non. S’ils étaient en civils ça pouvait être facile car sa tunique était assez flagrante, cependant armure casque tout ça, c’était assez commun dans le coin donc ça ne m’aidait pas des masses… Il me fit savoir qu’il y aurait une certaine rigidité d’expression commune vu qu’ils avaient de nombreuses règles à prendre en compte dans leur monde. Ce monde semblait bien mystérieux d’ailleurs.

Il finit son discours sur le fait que je lui semblais compétent et qu’il était à ma disposition si besoin d’aide je nécessitais. Il avait l’air d’attendre beaucoup de cette demande qu’il m’avait faite. Je réfléchissais et finit par être en accord avec mi même sur ce que j’allais faire.

Tu ne vas tout de même pas accepter ?!

Je t’ai déjà dit que tu n’avais pas ton mot à dire Karter. Tu peux parler autant que tu veux mais c’est mon corps et ma volonté. JE décide de ce qu’il se passes.

Je me recentre sur mon interlocuteur.

J’acceptes. Comme c’est la première fois que je vais user de mon don pour ce genre de requête, j’accepterais vos divers paiements si on obtient des résultats. Vous n’avez pas à vous ruiner si pour finir je ne trouve rien. Je me sentirai comme un vaurien qui vous aura floué.

Je lui tends ma main face à lui en souriant.

Marché conclu ?

Après, c’était assez honnête. Il n’avait rien à perdre et ça me permettrait de connaître peut-être un peu plus les limites de ce « don ». Après tout il était peut-être temps de s’y intéresser davantage si ça pouvait être une énième source de revenue.

Il avait craint que son vis-à-vis refuse sa requête. Cette dernière semblait hautement inhabituelle, et même lui, en en expliquant plus profondément les tenants et les aboutissants, se rendit bien compte de son caractère difficile. Il demandait peu ou prou au thaumaturge de se lancer dans une chasse au trésor fantasque, sans lui donner le moindre renseignement concret qui pourrait le mettre sur la bonne piste. Il n’avait de plus pas besoin de posséder les dons surnaturels de son interlocuteur pour se rendre compte que son compagnon spectral ne semblait pas réellement l’apprécier, et qu’il l’enjoignait de toute évidence fermement à refuser sa requête. Peut-être cela joua-t-il au final en sa faveur, puisque de la moitié de dialogue qu’il put écouta, il en déduisit que les braiements incessants de l’esprit n’étaient pas agréables à Derek. Il espérait simplement que ce n’était pas là l’un des effets de son pouvoir, que ce dernier ne rendait pas les morts irritables. Il prenait déjà un risque inconsidéré en voulant s’allier à lui, et s’ils réussissaient à entrer en communication avec un mort honoré pour au final se faire les profanateurs de son repos éternel, Hypanatoi n’avait aucune idée de la manière dont il pourrait réparer l’offense. Simplement penser qu’elle serait réparable était déjà en soi proche du plus intolérable blasphème, et il craignait que seule l’ouverture rituelle de ses artères puisse alors effacer une part de l’offense. Malgré cela, il ne pouvait reculer. Plus maintenant, alors qu’il s’était engagé, et que Derek s’occupait de lui tendre son bras en signe d’acquiescement. Ce dernier lui avait dit qu’il n’accepterait de paiement que lorsqu’il se serait montré digne de la mission qui lui avait été confié, et cela au moins rassura le paragoï sur son caractère. Un homme de cette droiture serait sans doute plaisant pour une vieille âme.

Il attrapa son avant-bras, le serrant brièvement dans sa main pour sceller l’accord, avant de la retirer, et d’adresser, peut-être pour la première fois depuis sa réincarnation, un sourire franc et appréciatif à son interlocuteur :

« Vous m’honorez en acceptant, Derek, et je vous en sais gré. Je comprends que cela ne soit pas votre seule occupation, et que d’autres affaires requièrent votre attention. »

Replaçant devant lui ses mains, il se demanda ce qu’il pouvait maintenant dire. Il se serait bien proposé d’accompagner Derek dans son exploration, mais il n’était pas certain de pouvoir en vérité lui être d’une grande aide. Ce dernier lui avait expliqué avoir besoin de se trouver à proximité des morts pour pouvoir leur parler, et avait mentionné le cimetière. Hypanatoi n’était pas certain des procédures mortuaires pratiquées ici. Les dépouilles des héros de son monde étaient souvent abandonnées sur le lieu de leur mort, les monstres capables de les vaincre n’étant pas connu pour leur propension à partager leur repas. Le cas échéant, ils étaient recouverts d’huile rituelle et incinérés. Mais le traitement réservé à la dépouille était somme toute pour ses compatriotes et lui-même très secondaire, et le rituel existait plus pour permettre au vivant d’honorer la mémoire des morts que pour assurer le confort de l’âme de ces derniers. Une fois mort, il était connu que cette dernière abandonnait le corps, laissant derrière elle une coquille inutile pour rejoindre la résidence que les puissances chtoniennes jugeaient bon de lui attribuer. Ce ne serait évidemment pas le cas ici, mais si quelqu’un de son monde s’était réincarné ici, il était mort au combat. Les dieux de cet endroit choisissaient visiblement des combattants pour les arracher à leur planète d’origine, et aucun guerrier de son monde ne se serait dérobé à sa mission. C’était absolument impensable. Cela voulait donc dire que son corps risquait fort d’avoir été dévore par il ne savait quel monstre difforme.

Serrant les dents, il se demanda s’ils avaient la moindre chance de voir leur enquête couronnée de succès, avant de se reprendre. Ce n’était pas la bonne manière de voir les choses. Il existait une possibilité de réussir, aussi improbable soit-elle, et il fallait donc la saisir. Ce ne serait pas la première que son audace lui permettrait de se jouer du bon sens et de la prudence, et de triompher avec audace des défis qui lui étaient imposés. C’était même là tout ce pour quoi il vivait. Retrouvant là un peu de courage, il attendit donc de voir ce que Derek avait à lui proposer. Il ne voulait encore une fois pas se faire trop pesant, et ignorait si ce dernier avait besoin de préparer un quelconque rituel. Il mit tout de même un point d’honneur à ne pas récupérer les tributs qu’il avait déposé sur la table. Ce dernier avait expliqué ne pas vouloir accepter de paiement, mais il ne s’agissait pas là d’un paiement, mais bien d’un présent.

J’aurais peut-être dû refuser cette requête. C’était tellement inhabituelle pour moi qu’on me mandate pour quelque chose qui n’avait rien à voir avec du combat ou mes faits d’armes. Il était le premier à s’intéresser autant à mon don et à penser que cela pouvait être une bénédiction des dieux. Après ça pouvait avoir son utilité clairement. Et j’aimerais vraiment l’aider pour ça. Si on peut vraiment trouver l’un de ses congénères de son monde ça l’aidera peut-être à mieux s’adapter à celui-ci ?

C’était vraiment compliqué comme requête, mais cela pourrait m’aider à connaître d’autant plus les limites de mon don. Je n’avais pas de détails précis sur celui-ci. En revanche, j’aimais bien l’idée qu’il puisse me servir à retrouver des gens décédés dans ce monde et qui aimerait retransmettre un message. Cela pourrait aider à me faire une réputation d’autant plus et j’aurais d’autres requêtes de ce style et donc encore plus de travail et de contrats. Finalement, ça peut vraiment beaucoup m’apporter cette mission totalement hasardeuse.

Et puis rien que pour emmerder Karter et le faire chier car il n’aimait pas mon interlocuteur ça valait le coup d’essayer...Ouais je suis sûrement méchant ou un véritable connard, mais je m’en fous. Il m’emmerde H24 alors je peux bien moi aussi le faire chier quand je le peux. Je lui tendais donc la main afin de lui faire signe que j’acceptais le marché. Je voulais l’aider ou du moins essayer en sachant qu’il ne serait pas perdant car je ne prendrais pas son argent si ça ne fonctionnait pas. Je préférais prendre l’argent quand j’étais sûr de la réussite de la mission. Il serra bon bras et me sourit apparemment content que je veuille bien prendre du temps pour sa mission malgré le fait qu’elle serait compliquée vu le peu de détail que j’avais.

Ne vous en faites pas Hypanatoï, vous avez piqué mon intérêt. Etant mercenaire, oui j’ai plusieurs contrats auxquels accorder de l’intérêt mais clairement le vôtre est spécifique et des plus intéressants. Je pense qu’on peut réussir à faire quelque chose. A voir par où commencer quoi. Avez-vous des informations sur des potentielle venue d’un des vôtres dans ce monde ? Il me faudrait aussi le nom de votre monde afin que j’aille trouver dans les archives s’il n’y a pas de traces de combattants de chez vous et si on en sait plus sur ce qu’il a pu leur arriver si jamais ils ont disparu.

Ce serait déjà pas mal de s’informer s’il y a eu la moindre trace d’une de ses semblables documentés. Et si ce n’était pas le cas eh bien j’irais chercher une aiguille dans une botte de foin gigantesque ?

Vos semblables sont plutôt des combattants. J’imagines qu’il y aura plus de chances qu’ils soient morts au combat si on en retrouve, non ? Je doute fort que quelque chose d’autres ait pu avoir raison d’eux, à part une maladie incurable peut-être ?

J’avoue que j’ai du mal à me faire à l’idée que ce blanc bec soit un combattant. Il fait pitié dans sa toge, là...

La ferme Karter. Notre interlocuteur à des principes et des coutumes. Chacun à les siennes, être habillé d’une toge ne veut pas dire que ce n’est pas un guerrier aguerri dis-je en me tournant vers mon acolyte invisible.

Je retournais ensuite mon regard son Hypanatoï et sur les présents qu’il m’avait légué.

Vous ne les reprenez pas, j’imagines donc qu’ils ne font pas partis de ma récompense si jamais de réussis votre contrat ? Merci pour ses présents si c’est le cas. Je ne connais pas encore bien vos coutumes mais je serais vraiment intéressé d’en savoir plus par rapport à vous et votre monde, vos congénères, cela pourrait grandement m’aider dans ma quête, si bien sûr vous vous sentez de m’en dire plus sinon je ferais avec ce que j’ai déjà.

Je sais pas si j’aimerais en savoir plus sur lui. Il me parait quand même bien louche et à une mission des plus louche à te donner. Je ne suis pas pour que tu lui fasses confiance.

Encore une fois Karter je me moque de ton avis.

Après tout, là ce n’était pas une histoire de confiance mais de respect déjà. Et pour le moment nous étions respectueux l’un envers l’autre. La confiance viendrait par la suite sur comment nous réagirions l’un par rapport à l’autre. Comment il réagissait à mes questions et comment il prendrait l’issu de son contrat. Mais il ne semblait pas persuadé que cette quête arrive à une fin pertinente. Du coup, je doutais qu’il me crée le moindre problème. Déjà je voulais bien essayer c’était donc une bonne chose pour lui je pense. J’espérais ne pas lui donner de faux espoir d’ailleurs car il semblait pouvoir bien me le rendre par la suite avec une bourse pleine de gils. Qu’il y ait une issue ou non à cette quête j’allais me donner à fond. Chaque client méritait que je m’investisse d’autant plus qu’and on m’accueillait avec des présents et qu’on me promettait une belle récompense également.

Le combattant pensait sincèrement être quelqu’un d’extrêmement patient. Il avait après tout été capable d’endurer presque sans rechigner les multiples affronts qui lui avaient été faits depuis son arrivée ici, et n’avait pour l’instant étranglé personne. Il n’avait pas éventré la réceptionniste qui l’avait insulté en lui demandant de se reposer, il n’avait pas rompu les os de l’aventurière qui avait remis en question sa connaissance du champ de bataille, il n’avait énucléé celle qui l’avait empêché de corriger l’éducation des enfants dont il avait brièvement eu à s’occuper. Il aurait pu continuer cette liste très longtemps, et ainsi s’assurer de sa propre clémence. Il savait que c’était un défaut assez important, mais pour une raison qu’il n’était toujours pas certain de bien saisir, la pitié était vue ici comme quelque chose de très noble. Lui-même était donc très noble, selon leurs standards, bien que tous ne soient visiblement pas capables d’arriver aux même conclusions – pourtant évidentes – que lui. Mais il devait avouer que malgré le fait qu’il ne puisse pas entendre l’esprit qui donnait la réplique à son nouvel allié, ce dernier commençait à tragiquement entamer les réserves susmentionnées de patience. Hypanatoi considérait avec le plus grand sérieux la question de son honneur, et il n’avait pas besoin de beaucoup d’efforts de déduction pour comprendre que ce dernier avait plusieurs fois été piétiné. Il se força à rester calme, et à écouter, et à noter mentalement tout ce qui était dit à son sujet. On avait visiblement mentionné successivement sa manière de parler, son caractère hésitant et guindé, ses vêtements et ses talents de combattant. Cela aurait été en temps normal plus que trois fois suffisant pour une mise à mort en bonne et due forme. Le châtiment risquait simplement de s’avérer dans ce cas-là un peu redondant, mais cela ne voulait pas dire qu’Hypanatoi ne pouvait pas prendre ça comme un défi exaltant, et un moyen d’exercer sa créativité. Pour l’heure, il fallait rester calme et concentré.

« Mon monde n’a pas réellement de nom unique : chaque culture l’appelle à sa manière. L’Empire du Basileus, d’où je viens, l’appelait Haellas, mais j’ai également entendu Saekna, Amenratel, Illiu-Illae, ou encore Ipsoae, fit-il en haussant un peu les épaules. Il y a beaucoup à en dire. J’ai appris depuis que je me suis réincarné ici que nombre de mondes se ressemblaient. Presque tous contiennent des humains, par exemple, et c’est assez semblable au niveau des cultures, fit-il en prenant un air désapprobateur. Le mien, bien que se démarquant visiblement sur nombre de points, n’échappe pas totalement à cette règle. La civilisation s’y organise autour d’une mer chaude et calme, et plus on s’éloigne de ce point central, plus les forces du désordre et la barbarie se font prévalentes. Mon propre Empire, d’abord, est assez cosmopolite, vous y croiserez des gens de tous les horizons, et de toutes les apparences. Nous avons simplement tendance à être assez bronzés, à cause du climat chaud qui y règne. Plusieurs autres royaumes se partagent le pourtour de la mer, comme vous vous en doutez. Je ne pense qu’une leçon de géographie vous intéresse, ou même vous soit utile. »

Il plissa les lèvres, et se lécha l’arrière des dents, réfléchissant un court instant, avant de reprendre.

« Phylei. Appelez un ressortissant de mon monde phylei, et il réagira. Cela désigne dans ma langue un ami cher à votre cœur, et c’est un mot qui s’est exporté un peu partout. S’il ne vient pas d’un endroit trop barbare, il comprendra. Et s’il ne comprend pas, je crains qu’il ne me soit d’aucune utilité. »

Il balaya ensuite de son œil intérieur l’espace autour du thaumaturge, cherchant à repérer la présence de son énigmatique mais pesant compagnon. N’y parvenant pas, il se décida tout simplement à continuer sans quitter Derek du regard.

« Veuillez me pardonner si je prends certaines libertés, mais cela doit être dit. Karter, fit-il en expulsant hors de lui le mot dégoutant. Je ne peux vous voir, et je remercie tous les divins de ne pouvoir vous entendre. Mais je sais que vous m’insultez, et que vous profitez de votre état en vous pensant inatteignable. C’est sans doute le cas, pour le moment. Mais je veux vous en avertir solennellement : si j’ai de nouveau l’impression, même hésitante, que vous me crachez au visage, je fais le serment sur ma vie, ma lignée, les divins et sur tout ce que je peux imaginer de noble et de sacré que je trouverai un moyen de vous châtier, et de vous faire regretter amèrement de ne pas avoir eu la sagesse de vous taire. Croyez-moi, je ne prends à la légère ce genre de chose. »

Son interlocuteur semblait être une personne patiente, et dévouée. Si ce n’était pas là des traits de caractère qu’il voulait voir fleurir chez lui, il pouvait cependant les estimer chez autrui. Cela voulait sans doute dire que ce dernier pouvait tolérer, même difficilement, les bourdonnements apparemment incessants de l’esprit impudent, mais Hypanatoi n’avait pas la même tolérance pour ce genre de chose. C’était certes un détail dans le grand ordre des choses, mais un détail qui se devait d’être mentionné. Considérant la parenthèse comme close, il attendit une réponse de son interlocuteur principal, se demandant si ce dernier aurait encore une question à lui poser. Il était tout disposé à lui répondre, il l’avait dit : faciliter sa tâche était pour l’heure sa priorité première.

Je ne supportais pas Karter là maintenant. J’avais horreur de me prendre la tête avec lui surtout devant un client comme ça. Mais ses dires étaient si déplacés que je ne pouvais juste pas faire comme si de rien n’était. Il ne méritait pas que Karter le traite de la sorte. J’aimais bien ce client pour ma part, il avait des valeurs et des principes. Il était fier de ses us et coutumes. Je trouvais ça vraiment bien. J’étais d’ailleurs très intrigué par son monde. Cet homme plein de fierté devait être une figure importante dans celui-ci. Je me demandais bien comment ce qu’il ressentait d’avoir fini dans ce monde et d’être sûrement diminué. Enfin, peut-être pas tant que ça ? Quelquefois certains le sont sur le coup, et leur force resurgit après un certain temps de latence. D’autres c’est parce qu’ils sont présents depuis des décennies à Portal alors forcément ils ont déjà un certain niveau quoi…

Moi qui venais d’arriver j’étais encore bien inférieur à tout ce joli petit monde. Mais hors de question que je me laisse aller. Je n’étais pas du genre à rechigner à la tâche. Il fallait que je gagne ma vie, c’était important déjà pour m’éviter l’ennui et aussi parce qu’il fallait bien que je mange et dormes. Je ne voulais pas dépendre de la guilde jusqu’à ad vitam aeternam pour ça. Je voulais pourvoir à mes propres besoins et m’acheter un petit lopin de terre et tout comme je voulais. Que je sois ici ou ailleurs peu m’importait. Cela ne changeait pas grand-chose pour moi, du moment que mes compétences martiales pouvaient me servir je m’adapterais sans mal à ce nouveau monde. Et ce qui était de la quête je m’en fichais. Je ne suis pas fana d’aider une entité qui veut m’utiliser comme un vulgaire pion. S’il me payait encore, mais ce n’était pas le cas et il ne m’avait même pas demandé mon avis en plus.

En tout cas, je comprenais sans mal que l’honneur de cet homme était quelque chose qui lui importait beaucoup et à sa place je n’aimerais pas qu’il soit bafoué à plusieurs reprises devant moi. Il n’avait encore rien dit à ce propos mais je sentais que ça ne tarderait plus. Aussi courtois qu’il fût il allait mettre les points sur les i à Karter même s’il ne le voyait pas ni ne l’entendait. Pour le moment il prenait le temps de me communiquer des informations sur lui et son monde. Et je buvais ses paroles. Son monde avait l’air vraiment d’un monde dans lequel je pourrais me sentir à mon aise. Je ne sais pas pourquoi mais le charisme de mon interlocuteur doit certainement y être pour quelque chose.

J’avais un carnet et notait des notes au fur et à mesure de ses réponses. Je notais chaque nom de monde qu’il me donnait. C’était bien ça me donnait plusieurs pistes avec tous ces noms. Il devrait bien y avoir mention d’au moins l’un de ses mondes dans les archives de l’Eglise, de la guilde ou même à la librairie d’Harmonie.

Ok, donc plutôt bronzé en caractéristiques. Cela doit être bien sympa de vivre proche de la mer comme ça. Vous aviez des monstres comme ici chez vous d’ailleurs ? Vous avez parler des forces du désordre et de la barbarie ça m’interpelle assez. Qu’entendez-vous par là ?

Il parlait vraiment d’une manière qui me plaisait bien. Comme je disais le charisme devait transparaître quelque part. C’était fou ça. Je le laissais continuer mais je devais avouer que quand j’avais des questions je n’hésitais pas à les poser quand il faisait des pauses dans ses dires.

Phylei ? Oh un ami cher à votre cœur donc. Si on trouve des gens ce sera facile de savoir s’ils sont dans ceux qu’on recherche ou nom avec ce mot. C’est parfait ça va grandement m’aider. Merci Hypanatoï. J’apprécies votre aide.

Après tout c’était vrai, c’était l’un des rares qui essayait vraiment de me donner le plus de détails possibles pour que son contrat réussisse. Et c’était un bon point pour m’aider à en faire un succès. Si un mot permettait de faire réagir ses semblables c’était ce qu’il me fallait en priorité. Il continua de me regarder par la suite, mais ses mots ne furent pas pour moi cette fois mais pour Karter. Ces mots étaient tranchants et assurés. Il croyait clairement en ce qu’il disait et sa détermination ne trompait pas. Si Karter faisait mine d’être encore irrespectueux il ferait ce qu’il faut pour l’avoir par la peau du cou.

Ok je dois avouer qu’il a mon respect à présent. Il est peut-être intéressant.

Il semblerait que vos paroles ont trouvés leur interlocuteur. Il semble vous regardez d’un nouvel œil. Et vous n’avez pas à vous excusez d’avoir dit tout cela. Vous avez tout à fait raison de défendre votre honneur. Cela à l’air d’être une valeur fondamentale pour vous. Il faut toujours protéger ce à quoi on tient.

Je réfléchis et me dit que j’avais tout ce qu’il me fallait de mon côté.

Bon je penses que j’ai tout ce qu’il me faut pour commencer mes recherches. Je pense que vous n’avez pas à vous embêter à me suivre pour le moment. Je vais voir ce que je trouve au niveau des archives. Je vous propose de fixer une nouvelle rencontre en fin de cette semaine pour vous faire un compte rendu de mes recherches. Et si je trouve quelque chose je vous proposerais à ce moment de venir avec moi pour voir si ce que j’ai appris est fondé ou non, qu’en dites-vous ? Vous m’avez l’air d’être un homme d’action et s’il faut aller à l’extérieur nous ne serons pas trop de deux.

Je devais avouer aussi que ses talents de combattants m’intriguait. J’aimais bien voir le style de combat d’autres gens et parfois voir si je ne pourrais pas adapter le mien avec quelques techniques d’autres. Peut-être une botte pas secrète mais spécifique ou autre. Après tout dépend avec quelle arme il se bat quoi. Ce serait mort s’il se battait à la lance ou la hache. Après peut-être qu’il me donnerait des astuces ailleurs ? Quand on a un grand combattant comme partenaire de mission il y a toujours une leçon à en tirer selon moi.

Il était bon de savoir que l’esprit insolent allait dorénavant se comporter de manière plus digne. L’idée de se retrouver forcé d’engloutir ses ressources, précieuses et limitées, dans l’acquisition d’un sortilège ou la découverte d’un rituel capable de lui permettre d’interagir avec le fantôme n’était pas alléchante. Cela aurait été nécessaire, certes, mais il fallait bien l’avouer peu productif sur le long terme. Il hocha donc la tête d’un air satisfait quand Derek lui expliqua qu’il n’aurait sans doute pas à le faire, bien qu’il restât tout de même méfiant. S’il lui faisait confiance, ce n’était pas le cas de son compagnon. Il ne pouvait pas le voir, ni l’entendre, et de ce qu’il avait vu doutait que ce dernier soit capable de tenir sa parole. C’était pour l’heure secondaire, et il serait bien obligé de se contenter de ce qu’il venait d’obtenir. Il se demanda comment répondre aux questions de son interlocuteur. Ce dernier, au-delà de ce qu’exigeait de lui la mission qu’il venait de lui confier, semblait sincèrement curieux d’en apprendre plus sur son monde. C’était bien entendu très plaisant, et ce serait peut-être là l’occasion de conjurer au moins en partie le mal du pays qui l’affligeait. Le cas échéant, cela lui permettrait de savoir comment réagir s’il se trouvait confronté à quelqu’un de peu recommandable lors de ses recherches.

« Mon monde est divisé en deux camps très nettement séparés. Les corrompus, et ceux qui baignent encore dans le halo des dieux et des divins. C’est ainsi depuis maintenant des siècles, et il se trouve que ce sont les royaumes rassemblés autour de la mer dont je vous ai parlé qui bénéficient de cette protection. C’est pour cela que s’en éloigner n’est pas quelque chose que l’on entreprend à la légère. Je doute de toute façon qu’un dieu ayant choisi comme sobriquet Ordre voudrait invoquer ces créatures dégénérées, et donc que vous y soyez confronté mais je ne prétends pas connaître son esprit. »

Il aurait d’ailleurs sans doute à aller s’entretenir avec ce dieu, un jour. Ses ancêtres avaient été capables de le faire avec leurs propres dieux, et il ne voyait pas de raison de ne pas réitérer l’exploit, lorsqu’il serait à nouveau couronné de sa puissance légitime. Mais c’était encore une fois quelque chose de lointain, pour le moment.

« Je vous remercie de vous occuper de mon cas si rapidement, continua-t-il en inclinant la tête. Nous procéderons comme vous l’entendez, et sachez encore une fois que je me tiens à votre entière disposition. Convoquez-moi, et je répondrai à l’appel, que votre requête concerne ou non l’affaire qui nous occupe maintenant. Vous êtes une personne honorable, Derek Ravencross, pour ainsi accepter d’aider un étranger sans être certain de votre réussite. »

Lui-même n’aurait sans le moindre doute pas pris ce risque. Sa conception de l’honneur, bien qu’au-dessus de tout soupçon, était bien plus tournée vers lui-même et l’accumulation de ses propres mérites et de sa gloire que vers l’aide qu’il pouvait apporter à autrui. De fait, ces deux axes coïncidaient souvent, mais c’était plus par hasard et par convenance que par réelle volonté. Derek lui rappelait en vérité un héros de son monde qu’il avait bien connu, et qu’il avait longtemps tenu en très haute estime. Sans doute était-il bien moins rusé, mais ce n’était là pas forcément un inconvénient. La ruse et l’ambition étaient des outils puissants, mais hélas excessivement dangereux. Il suffisait d’un seul faux pas pour gâcher une danse de mille mouvements. La conversation semblant être arrivée à sa fin, il ne jugea pas utile de retenir plus longtemps sa nouvelle connaissance. Ils étaient tous deux des hommes occupés ; il tendit son bras, attrapant une dernière fois le sien, et le salua rapidement, avant de sortir de la taverne, et d’inspirer profondément l’air extérieur. Il avait une chance de converser avec un de ses ancêtres, maintenant. Une chance rare et précieuse, et il lui fallait soigneusement préparer ce qu’il allait lui demander, s’il ne voulait pas passer pour un jeune homme timide et effaré, incapable de formuler quoi que ce soit d’utile et de pertinent. Le problème n'était en fait pas tant de trouver quoi dire, mais plutôt de trier ce qu’il avait à demander. Tant de questions se bousculaient dans son esprit, et cela ne faisait qu’aller crescendo depuis qu’il s’était rendu compte qu’il avait une chance, une chance réelle et réaliste, de réaliser ce souhait. Il voulait savoir comment était les premiers dieux, et quelle bruit faisait leur tonnerre et le fracas de leurs armes. Il voulait connaître les rites anciens, ceux que l’on pratiquait à l’ombre des statues aux visages sévères, autrefois. Il voulait savoir si son prédécesseur avait comme lui été privé de son lien avec sa puissance divine. Il voulait connaître les moyens de la récupérer, si c’était possible.

Il voulait qu’on lui dise s’il été possible de s’abreuver de l’ichor des deux divinités capricieuses qui régnaient sur cette terre, et comment ouvrir leur veine pour accéder à ce précieux liquide. Mais toutes ces questions ne trouveraient sans doute pas réponse. Il lui faudrait, comme toujours, être patient.

Il savait l’être.