Le petit matin est arrivé… les oiseaux commencent à chanter… il est l’heure de vous réveiller… levez-vous, espèce d’empotés…
« DEBOUT ESPÈCE D’EMPOTÉ ! »
Le hurlement me vrille les tympans. Mais je suis où là ? J'ouvre doucement les yeux pour ne pas trouver la personne responsable de la sortie de ma torpeur matinale… presque méridionale, au vu de la position de la grosse boule de feu dans la toile céruléenne. Attends une seconde… Pourquoi je vois le ciel depuis mon lit moi ?
« QU'EST-CE QUE VOUS FOUTEZ À DORMIR SUR LA TENTURE DE MON ÉTABLISSEMENT ?! »
Ah oui, effectivement, je remarque promptement que je suis sur une sorte de toile en tissu brun accroché à un mur de pierre par des crochets métalliques et retenu à deux solides poteaux de bois de l'autre côté. Au rapide panorama, j'estime que je suis manifestement dans le quartier marchand.
« DESCENDEZ IMMÉDIATEMENT VOUS FAITE PEUR AUX CLIENTS ! »
Je décide donc d'écouter les conseils avisés de la voix inconnue et redescends d'un bon sur le sol, les bras écartés.
« TA DA ! »
C'est sur cette réception magnifique que je sens une grosse main poilue tomber sur mon épaule.
« C'est maintenant que vous me dites ce que vous faisiez là-haut, cet établissement, c'est aussi ma demeure ainsi que celle de ma femme et de ma fille. Alors vous vous expliquer où j'appelle les gardes ?! »
Le petit monsieur moustachu et fortement en surpoids n'avait pas l'air content du tout, je n'arrive pas à savoir pourquoi d'ailleurs. Ce n'est pas comme si j'avais abimé sa toile. C'est peut-être parce qu'il porte une toge blanche avec une ceinture noire épaisse avec un bandeau rouge et que l'ensemble est très moche, moi aussi je serais énervé si j'étais fringué comme un sac à patate.
« Écouter mon bon monsieur, la situation est simple, je dois avouer avoir pas mal bu hier soir et en toute honnêteté, je ne me souviens plus exactement de comment je me suis retrouvé là. »
Effectivement, je ne me souvenais plus comment j'avais atterri là, mais je ne me souviens pas d'avoir bu non plus, alors dans le doute… autant dire un truc crédible qui ne va pas trop me défavoriser. Le petit monsieur se calme un peu avant de reprendre avec un air plus malicieux qu'énerver.
« Vous comprenez bien sûr que la toile va surement avoir besoin de réparation, une compensation pécuniaire ne serait sûrement pas de trop, ça me gênerait de devoir appeler les gardes pour une affaire réglable entre gentilshommes, disons dix gils. »
Hmm, je ne suis pas spécialement chaud pour lui rembourser un truc dont je ne me souviens pas et en plus je n'ai pas du tout endommagé la toile. Mais avant d'ouvrir la bouche pour protester contre le prix, une magnifique elfe aux cheveux dorés passe le pas de la porte pour sortir et nous rejoindre dehors.
« Tout va bien chéri, tu connais ce jeune homme ? », dit-elle à son mari, d'un ton imperceptiblement soucieux.
Mais le regard azuré plein de luxu… d'expressions qu'elle me lance, quand son époux se retourne vers moi, ne laisse aucun doute quant à ses intentions pour moi, passées, présentes et futures. Oh non, ça me revient… ce magasin, cette femme elfe, le lit, la toile… au là, là…
« Vous savez quoi monsieur, vous avez raison. Toute cette histoire de TOILE est totalement ma faute, pour l'ensemble des réparations tenez, prenez ses vingt gi...", dis-je d'un ton légèrement nerveux avant d'être coupé par une voix plus aigüe.
« Maman, papa, que faites-vous dehors ? »
Une tout aussi magnifique demi-elfe d'une vingtaine d'années d'apparence nous rejoint par la même porte que sa mère quelques secondes plus tôt.
« Bonjour, comment allez-vous jeune homme, il y a quelque chose qui vous intéresse ici ? », dit-elle d'un ton des plus malicieux, tout en se mettant physiquement bien en avant par rapport à sa mère.
Oh non, ça me revient… ce magasin, cette femme elfe, le lit, cette femme demi-elfe, le lit, la toile… au là, là… L'ensemble des souvenirs ressurgissent, en outre la perte de mémoire en elle-même. Qui est dû au fracas de mon crâne contre le haut de la fenêtre du dessus, dans ma fuite précipitée avant de tomber comme un Khélos sur la fameuse toile.
« Vous savez quoi monsieur, vous avez raison. Toute cette histoire de TOILE est totalement ma faute, pour l'ensemble des réparations tenez, prenez ses… trente gils. Allez, faut que j'y aille, je suis sûr qu'on se reverra.», dis-je d'un ton bien trop ensorcelant pour le risque de la situation.
Pff, bon bah j'm’en suis sorti, comme toujours après tout. J'avais un truc à faire il me semble, j'avais un truc à faire…
DONG
Ah oui ! La librairie, je n'ai pas vu ma sœur depuis presque une semaine, à coup sûr elle a du trouvé un sujet captivant et elle n'en démord plus. Le savoir et là bouffe, et elle est quasiment résumée cette petite lapine. Sur le chemin, je décide de prendre deux cafés, bien fermer hermétiquement bien sûr, ainsi qu'un croissant pour moi et une grosse pâtisserie pour elle, gâteau triple chocolats avec extra glaçage et hyper fondant. Ce coup-ci, vu que j'ai plutôt envie qu'ils arrivent en un seul morceau, le tout à peine acheté, à peine absorbé. Je suis le meilleur coursier ou je ne suis pas le meilleur coursier ?
J'arrive devant la devanture de la librairie avec un grand sourire et sans faire attention. D'un geste assuré, que j'ai fait mille fois, j'ouvre la porte et… m'écrase de plein fouet le visage contre l'entrée, comme un Polenchat sur un parquet. Bizarre, on est en pleine journée et ce n'est pas ouvert, même quand elle est prise par un sujet, elle ouvre la boutique d'habitude. Je fais alors apparaitre le double de la clé de la librairie qu’elle m'a confié, et je déverrouille la porte avant d'entrer. Une légère odeur de renfermer pour seul accueil, enfin non, un bazar ambiant aussi, des livres un peu partout, des notes presque illisibles. Ces manuscrits semblent montés les escaliers vers son appartement. Je suis surpris, inquiet et intrigué. Je parierais un duel avec le vieux qu'il lui arrive quelque chose en ce moment à cette vielle hase paumée. Je suis la piste des cadavres d'atlas, de registres et autres grimoires qui s'étendent au sol, victimes innocente d'une guerre de recherche qu'aucun d'eux ne désirait.
En arrivant en haut, dans le terrier de la lapine, je suis déconcerté de trouver ladite fourrure au sol entourée, quasiment ensevelit sous les ouvrages. Bon, c'est rare que ce soit moi qui puisse la réveiller, donc je vais en profiter, hé hé… Je fais apparaitre deux cymbales que je garde depuis bien trop longtemps pour cette occasion. Je m'élance pour faire un grand coup entre les deux instruments, les deux cuivres se rapprochent, à quelques centimètres l'une de l'autre j'arrête mon mouvement. Je soupire légèrement, la voir comme ça me fend le cœur, si elle est dans cet état, c'est qu'il y a une chance qu'il lui soit arriver quelque chose de grave. Je réabsorbe mes cymbales faiblement à contre-cœur, et m'approche d'elle calmement. Je m'assieds à côté d'elle et commence à lui chatouiller les oreilles pour la réveiller paisiblement.
« Allez, on se réveille la belle au bois dormant ! Il est largement l'heure de se lever et de manger ! » Dis-je sur un ton très taquin, en sortant le gâteau de l'autre main pour que l'odeur arrive à ses narines.
(Puissance d'Essence : 3551 , rang argent )
Dernière édition par Aleksander Rex le Jeu 6 Jan - 14:27, édité 1 fois