Lion d'or et dragon d'emeraude [PV Timoléon] (Terminé)

Plusieurs jours étaient passés depuis la mission dans les abysses, depuis son réveil. Des jours qui avaient vu un soleil ordinaire se lever pour certains mais des aubes nouvelles pour la Dame. Beaucoup de choses avaient en effet bousculé le quotidien de la Neptunienne et pas des moindres. Némésis au repos, Magdalena avait profité de ce temps pour enfin rejoindre les rangs de l'Ordre, poser les bases d'un accord diplomatique entre Neptunia et l'Eglise. Un accord qui permettrait d'apporter de nouvelles forces de frappes aux soldats de la papesse, des Pieds Lourds étant en jeux tout en permettant aux siens d'avoir un allié de poids et des vivres. La rousse avait donc rejoint les émissaires, les diplomates. Peu portée sur le rapport de force brut, c'est le dialogue qu'elle avait privilégié et elle s'était emparée des dossiers pour rallier les communautés de l'Oasis des Réfugiés ainsi que celles des Plaines du Loups.

A ses yeux, il fallait s'unir pour défaire le chaos et seule une armée des peuples libres de Portal pourraient faire pencher la balance. L'ingénieure prenait donc le temps d'étudier chaque ligne des dossiers et elle profitait également pour donner quelques informations qu'elle pouvait juger utile aux gardes des sceaux. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle prenait ses nouvelles fonction à coeur et que la quête revêtait à ses yeux plus qu'un devoir à accomplir. Un honneur complet.

Le second changement n'était pas en reste puisqu'il concernait sa vie privée directement. Tout cela à cause de Trompe Deuil. Des années à croire à une vie réglée comme une horloge, que rien ne viendrait changer. Des années à croire qu'elle vivrait seule avec Némésis en seul compagnon et que son coeur ne pourrait jamais accueillir autre chose que le Pied Lourd.

Belle erreur.

Des invoqués elle en avait recueillit certains. Quelques-uns avaient gardés contact, d'autres avaient prit des chemins méprisables à ses yeux, aucun n'avaient pu obtenir une confiance assez haute pour qu'elle les place en tant que proches. Tous étaient partis.

Sauf un.

Une seule âme qui avait balayé toutes ces années bien rôdées. Un seul homme pour briser ses croyances sur elle-même et redéfinir entièrement le schéma de vie qu'elle s'était fait.

La situation avait été posée après son réveil et si la discussion lui avait semblé un peu étrange, il n'avait fallut qu'une visite chez Monsieur Grelin, un essayage, la musique d'un gramophone et les danses pour que tout ce qui fut son passé se retrouve chassé par un nouveau visage. Magdalena s'était oublié dans les danses, dans le regard de son cavalier. Elle s'était laissée aller à ce nouveau sentiment, découvrant par la même occasion qu'elle était capable d'aimer sincèrement. Ou tout du moins, assumant enfin ce qu'elle cachait depuis quelques temps.

Malgré de tels changements, le quotidien de l'horlogère n'avait pas connu de trop grands changements si ce n'est d'avoir cette fois osé demander de la compagnie pour son bain à la suite de la sortie chez le couturier. Quand à la chambre, la rousse avait laissé le choix à Timoléon de faire son propre premier pas à ce sujet, sachant qu'elle ne comptait pas prendre sous son toit de nouvel invoqué tant qu'ils seraient dans cette maison. Magdalena lui avait précisé que cette seconde chambre restait la sienne chaque fois qu'il aurait besoin d'être seul.

Son propre cocon de solitude en sois.

Les jours qui suivirent furent tout aussi riches en évènements. Magdalena avait prit ses quartiers dans son nouveau bureau, venant l'agencer, le meubler à son goût. Prenant soin de toujours emmener de quoi manger, dont des scones mais aussi une théière et du café que ce soit pour Timoléon, Aidôneus ou d'autres collègues qui passaient pour discuter dossiers, tout ou rien. Elle avait eu vent de l'histoire du contrat mais avait laissé faire le lion. La Dame restait de son côté très méfiante et peu encline au pardon. Le garde des sceaux comme le croisés le savaient.

Si elle était sociable, souriante, la Dame était d'une rancune très tenace voir impitoyable en plus d'être sournoise pour tout ce qui pouvait entacher de près ou de loin l'intégrité de l'Ordre et surtout de ses proches. Au milieu donc de ses dossiers, elle cherchait donc des parades pour faire tomber les fauteurs de troubles si besoin. Et au milieu de l'éducation d'une nouvelle boule de poils qui avait rejoint le couple il y a peu.

C'est d'ailleurs à son bureau que se trouve Magdalena cet après-midi, la dite boule de poil en train de mâchouiller un jouet sur le tapis pendant...et bien que la Dame dort, la plume tombée sur un parchemin. La tête en travers de son bras. Elle n'avait pas vraiment quitté son bureau depuis le matin, travaillant d'arrache pied à monter une expédition à l'oasis des réfugiés pour tenter de faire quelques premiers liens.

Autant dire qu'à l'heure actuelle, Magdalena avait complétement oublié le bal masqué le soir même et qu'elle était sensée rentrer avant 15h pour prendre le temps de se reposer, s'habiller puis y aller. L'heure était passée et pour la Dame qui était toujours ponctuelle ce n'était en rien normal.....

Dernière édition par Magdalena Dragonstone le Sam 26 Oct - 17:09, édité 1 fois

La Dame dormait, le visage posée sur son bras et ne bouge pas lorsque Timoléon vient entrer dans le bureau. Elle ne réagit pas tout de suite lorsqu'il parle mais le contact de la main sur son épaule finit par lui faire bouger une main. Lentement mais sûrement, les mots du croisés viennent se frayer un chemin dans les songes de l'horlogere et elle finit par redresser la tête, le regard encore un peu ensommeille. Elle parcours la pièce du regard et tilt enfin la présence du croisé, venant se redresser d'un bond avant de se rasseoir rapidement prise d'un vertige. Elle regarde son bureau et laisse un léger soupire s'échapper.

- Timoléon....? je me suis endormie et l'heure du rendez vous est un peu passée ?

Si l'ancien général n'avait pas passé le pas du prénom, Magdalena n'avait de son côté pas pu garder le messire Némée. Le fait d'avoir déjà quelques rares proches devant aider en plus des petites aventures qu'elle avait pu avoir autrefois même si ce temps là semblait être révolu pour elle. Elle se masse les tempes puis vient remettre de l'ordre dans ses papiers, tout ranger et mettre dans son coffre, laissant Timoléon gérer Orion. Magdalena capte à ce moment qu'il y a aussi de la bave sur ses chaussures et esquisse un sourire amusé avant de rejoindre le blond et l'embrasser doucement.

- merci pour le réveil et navrée pour le retard. J'ose espérer que mon retard nous permette quand même un bain avant de nous y rendre.

Elle passe son manteau, son chapeau et va pour sortir avant de froncer les sourcils, se remémorant la partie sur laquelle elle travaillait actuellement.

- il y a des choses qui me turlupinent dans le dossier de l'oasis. J'ai l'impression que des messages ne parviennent pas à destination.....

Elle croise le regard du lion puis prend le chemin delà sortie pour rejoindre le quartier ouest. Moins forte que son compagnon, elle le laisse gérer le portage d'Orion sur le trajet, Némésis étant encore en repos. Une fois chez eux, la rousse initie le bain directement, ayant grand besoin de se prélasser avant de passer à l'habillage, demandant au passage l'aide du blond pour fermer la robe. La rousse met un certain d'ailleurs à se préparer, le temps de se coiffer, maquiller même légèrement et mettre le masque. Pour l'occasion, elle avait fait demander une voiture pour rallier le domaine où se trouvait le bal masqué. Toujours est il qu'elle n'avait pu cacher une lueur des plus admirative et fière, admirant l'ancien général une fois paré.

Il y avait un peu de monde sur la route et Magdalena en profite pour rappeler à Timoléon qu'il n'y avait pas une vraie noblesses de cours, faute de roi, ici mais plutôt un rassemblement des personnes les plus aisées. Certains tenaient à porter quelques titres mais tout n'était que poudre aux yeux et étalage de richesses. Toujours est il que c'est le coeur un peu battant qu'elle descend de la voiture, regardant les lieux comme s'il s'agissait de la première fois.

Ça ne l'était pas mais pourtant, avancer aux bras du croisé, avec ces derniers jours donnait un autre visage au lieu et à ces festivités. Une fois les marches passées et la grande porte franchie, c'est un majordome qui vient les débarrasser des manteaux s'il y avait et Magdalena entraîne Timoléon au coeur de la soirée.

Une myriades de tenues aussi différentes les unes que les autres se mélangeaient en une valse de couleurs et de coupes rappelant le choc des cultures, des époques de la cité. C'est un homme au masque de caméléon qui vient les accueillir. Venant poser un baiser sur la main de la Dame.

- Dame Dragonstone. Quel plaisir de vous voir et de pouvoir voir enfin de près cet inconnu qui vous a accompagné lors de l'opéra. Petite coquine, vous avez l'art de travailler la surprise !
- Bonsoir messire De Montségur. Point de surprise si tout est dévoilé si vite voyons.
- vous avez grandement raison. Aussi, monsieur,  aurions nous un nom à vous donner ? Et vous en avez rendu curieux plus d'un et d'une aussi ~

Le sourire offert à Timoléon était de ceux que l'on savait faux. Magdalena avait d'ailleurs mis son masque de politesse pour y répondre. Quand à la suite de la phrase ? Elle n'était guère étonnée. Si lors de l'opéra, elle avait prit soin d'éviter tout contact pour partir si tôt le spectacle terminé, elle n'était pas passée dans les ombres et elle n'irait certainement pas nier que Timoléon était bel homme. Même en toute objectivité. En tout cas l'effet de leur tenue tenait ses promesses sur les regards même si elle en voyait d'autres tout aussi majestueuses.

Pour l'heure, la Dame gardait le silence sur la nature réelle de son lien avec le croisé, préférant lui laisser les rênes à ce sujet voir laisser le silence demeurer pour le bien de l'enquête.

La Dame avait signifié que d'après ce qu'elle avait lu, les messages perdus semblaient l'être pour les trois raisons cités. Ce qui ne lui simplifiait pas la tâche. Elle était consciente de la difficulté de son travail mais cela lui donnait encore plus de motivation pour y arriver. Restait que si certains contacts disparaissaient de manière volontaire, ce n'était en rien normal et Magdalena espérait que ce ne soit pas des fanatiques derrière tout cela. De son côté elle voyait mal pourquoi elle serait ciblée elle-même alors qu'elle avait rejoint l'Ordre qu'il y a quelques jours hors ces disparitions remontaient à plus loin. Toujours est-il qu'elle remisa dans un coin de son esprit ces problèmes pour se concentrer sur le bal approchant et les préparatifs à faire.

Une fois sur place, autant dire que leur arrivée fut loin d'être discrète, et ce n'était pas le but de toute manière. Une connaissance de la Dame s'était dirigée vers eux pour les saluer et Magdalena laisse donc Timoléon se présenter lui-même. Si la rousse reste cachée derrière le masque du sourire polie, voir celui du blond la préoccupe plus qu'elle ne le pensait.

Elle avait beau savoir qu'il était faux, elle le voyait bien ça restait perturbant quand il restait neutre face à elle. Sur le coup elle en vient à se demander si elle ne préfère pas le voir sans sourire qu'avec. Qu'est qu'un vrai sourire donnerait ? Arriverait-elle à se défaire de cette image là si ça arrivait ? Et si ça n'arrive pas ? Si ce visage reste figé dans la neutralité, est-ce qu'elle ne finirait pas vexée ?

- voilà des noms très rugissant monsieur Némée ! Je comprend mieux l'image de votre masque. Oh mais je vous accapare et vous n'avez pas encore salué la comtesse Angevin. Dame Dragonstone, je vous réserve une danse, vous me devez bien cela pour ce petit secret ~
- ce sera avec grand plaisir monsieur De Monségur.
- la première danse ? à moins qu'elle ne soit réservée ~

Le regard tourné sur Timoléon laissait entrevoir que la dernière demande était faite exprès, laissant une forme de "provocation" s'ouvrir. Magdalena n'a guère le temps de répliquer qu'une dame se présente, un masque de colombe blanche sur le visage, la robe emplumée laissant croire qu'elle prendrait son envol.

- vous importunez déjà nos invités monsieur de Monségur ?
- Comtesse Angevin, au grand dieu jamais.

Il s'incline et disparait dans la foule non sans garder un oeil sur le lion. La comtesse offre un sourire plus frais mais pas moins faux, comme beaucoup ici. Magdalena incline la tête en tout cas.

- je vous souhaite la bienvenu, Dame Dragonstone et donc messire Némée. Ravie de vous compter parmi nous ce soir. J'ose espérer que ces festivités vous plairont. Je vous laisse vous rafraichir et prendre vos marques et ma foi, messire Némée, je compte bien vous accaparer une partie de la soirée, vous ne m'en voudrez pas madame.
- je vous en prie comtesse.

Toujours restant polie et souriante, elle incline la tête, sachant qu'elle ne pouvait se dérober à une demande de la maitresse de soirée. La comtesse Angevin offre en tout cas un grand sourire "faux" et les laisse pour saluer d'autres invités. Magdalena tourne la tête vers Timoléon, ayant aussi remarqué la présence d'Aidôneus.

- nous pouvons aller saluer Aidôneus si vous voulez.

Un serveur passe près d'eux et vient leur proposer des coupes de champagne et petits fours.

La Dame avait prit une coupe de champagne en tout cas, remerciant d'un signe de tête le serveur et avait posé l'option de rejoindre le garde des Sceaux. Proposition que le lion préféra remettre à plus tard pour en apprendre un peu plus sur les invités présents et notamment les deux premiers. Magdalena avait tourné la tête et donc bien remarqué ce faux sourire disparu pour reprendre la neutralité qu'elle connaissait bien maintenant.

Ce qui, il faut avouer lui laisse un blanc perturbé par ce revirement et la remet dans cette étrange position de ne pas savoir ce qu'elle préférait. Elle profite du passage d'un autre couple d'invités pour les saluer poliment, levant son verre pour trinquer dans le vide et fait quelques pas aux bras de Timoléon, n'ayant pas encore répondue. Elle vient s'arrêter au bord de la piste de danse encore vide pour l'heure, observant à travers son masque les invités dont monsieur de Monségur qui batifolait en face d'eux, de l'autre côté de la piste.

- monsieur de Monségur est un homme d'affaires qui possède quelques bâtiments en ville. Maisons, appartements, quelques échoppes. Ce n'est pas un empire mais cela lui rapporte une petite fortune. Il cherche sans arrêt à étendre ses activités et change d'épouse comme de chemise pour nouer toutes les alliances qui lui sont profitables. Les gens sont des outils pour lui, rien de plus et comme bien des hommes et femmes d'affaires ici il n'apprécie pas les obstacles sur son chemin. Inutile de vous préciser que...vous représentez un obstacle au moins pour avoir accaparé mon..attention.

Les lèvres de la rousse bougeaient à peine et venaient par moment se cacher dans les bulles du breuvage pour mieux noyer la conversation. Combien parmi les présents verraient le blond comme un obstacle ? Quelques-uns. Après tout, qui ne tentait pas d'avoir une alliance avec la Ligue, ne serait-ce que cela.

- il se promène dans la cité, un peu partout et sous différents déguisements. Il est particulièrement difficile de savoir où il va, qui il rencontre et quelle est sa réelle allégeance. J'ignore si c'est un pouvoir qui lui est propre ou s'il excelle juste dans le déguisement, toujours est-il que..le masque du caméléon est loin d'être anodin.

Son regard se tourne vers l'orchestre qui semblait se préparer puis elle trouve rapidement la comtesse Angevin, en train de compter fleurette.

- quand à la comtesse Angevin, ce titre elle se l'est octroyée elle-même. Un reste de son passé dans un autre monde. Elle tient un casino et quelques établissements de loisirs et de bains publics. C'est aussi une grande parieuse au Colisée. Veuve, on ne sait toujours pas comment est mort son époux d'ailleurs, elle cherche je ne sais quel prince charmant, papillonne à droite et à gauche et cherche à prendre les pions de Monségur. Il y a une forte rivalité entre eux. Elle aime se faire passer pour une vierge effarouchée mais les rideaux de sa demeure son tombés plus souvent que les plumes d'un paon lors de sa mue. Bien évidemment par effet ricochet de Monségur, elle va vous tomber dessus, certes pas uniquement pour cela mais ce sera dans la balance. Soit pour me faire payer d'avoir refusé leurs demandes soit par jeu, soit pour vous faire tomber ou vous rallier à eux. Ou tout cela à la fois.

Le pire dans tout cela c'est qu'elle était bien incapable de dire de quel bords ils étaient. En tout cas, voilà que les premières notes de musique viennent à retentir annonçant le début des danses et Magdalena vient regarder Timoléon.

- Quand à la danse, je n'ai eu le temps de lui répondre mais j'aurais refusé. Outre la promesse que je vous ait faite, c'est à votre bras et seulement le vôtre que je souhaite avoir la première danse.

L'étincelle dans son regard était des plus sincère, des plus sérieuse même si ce problème de sourire menaçait de venir gripper le sien et la déstabiliser un peu plus.

La Dame avait posé les portraits des deux premiers convives. Des portraits peu flatteurs en sois mais Magdalena ne comptait pas masquer les vrais visages des personnes qu'ils croisaient. Mieux le lion serait prévenus mieux il pourrait se prémunir de manigances qui ne manqueront pas de fleurir autour de lui. Par la suite, l'horlogère avait fait parler son cœur au sujet de la danse, cette première danse officielle qui allait revêtir bien plus de sens que l'apparence ne le laissait présager.

Si la rousse s'était trouvée perturbée par ce jeu de faux sourire/neutralité posé par le blond, l'étincelle qu'elle peut percevoir au fond de son regard se pose comme un baume venant apaiser ses questions et venant souffler les prémices de craintes qu'elle avait pu avoir. Un doux sourire lumineux vient d'ailleurs se poser sur les lèvres de la pilote à la demande de Timoléon.

- du fond du coeur

Elle vient poser sa main dans la sienne et se laisse entrainer sur la piste de danse, laissant les premières notes de musique venir donner le tempo de cette ouverture de bal. La rousse avait profité du temps chez elle pour initier le croisé aux multiples danses qui pouvaient être données à ce bal, tout en profitant de moments privilégiés qui la ravissait. Elle vient en tout cas profiter de la danse pour continuer à présenter quelques convives remarqués.

- l'homme en tenue de paon blanc qui discute avec Aidôneus est un homme qui a été grandement perturbé à son arrivée ici mais il possède un esprit vif, de bonnes oreilles et s'il apparait comme original parmi les autres, vous pouvez le mettre dans les rares personnes à écouter et en qui vous pourriez avoir confiance. Je l'apprécie beaucoup pour ma part. Sachez qu'il se dit conseiller de la reine et vous dira qu'elle est là, dans cette assemblée ou assise à coté de lui. Vous n'y verrez qu'un siège vide mais ne mettez pas en doute ce qu'il peut dire.

Tout en dansant, elle gardait soin de parler bas et bouger les lèvres le moins possible profitant des pas qui la rapprochait du croisé pour lui murmurer ces mots. Outre la danse, le couple pouvait sentir les regards posés sur l'ensemble des danseurs, dont eux. L'effet des tenues se montrait diablement efficace pour attirer des regards et lancer des murmures voir des rumeurs. En cela, la Dame n'était pas dupe. Au milieu de ces regards, Timoléon pourra sentir un autre beaucoup moins amical.

De Monségur avait dû se rabattre sur une autre demoiselle pour cette première danse mais ne semblait pas quitter des yeux le lion, visiblement peu ravi de s'être fait prendre la place de premier de danse par un total inconnu.

Magdalena fait fi du regard sur eux et se laisse en tout cas porter par cette première danse, laissant dans ses gestes, son regard, traverser ce qui était réservé à Timoléon et lui seul. Elle n'écoute pas les chuchotement lorsqu'ils passent près des spectateurs, concentrées uniquement sur son cavalier. C'est lorsque les notes d'une nouvelle danse viennent remplacer la première musique que les partenaires changent, emportés par le mouvement de la fin des pas. Magdalena se trouve aux prises avec Monségur pendant que la comtesse Angevin s'accapare de suite Timoléon, l'entrainant dans la seconde danse. Son sourire faussement angélique sur le visage.

- comme on se retrouve monsieur Némée ~

Magdalena garde de son côté un sourire poli envers ce nouveau cavalier à la prise un peu trop raide à son goût mais difficile d'échapper à la danse, ne serait-ce que par politesse.

- auriez-vous donc oubliée ma demande ?
- nullement monsieur de Monségur, je n'ai simplement pas eu le temps de décliner votre invitation. Mes excuses pour ce contretemps.
- je vous prendrais donc les prochaines danses en gage de ce manquement madame. N'en déplaise à votre...cavalier....La comtesse Angevin semble de surcroit avoir jetée son dévolu sur lui. Je serais curieux de voir s'il succombe à ses avances.

Un simple sourire poli vient répondre à ce qui ne ressemblait pas à une demande. De son côté, la Dame commençait déjà à réfléchir aux méthodes pour se débarrasser du caméléon.

Le temps du rêve semblait être terminé à peine les notes de la première danse éteintes et celles de la seconde venir emplir les lieux. Un temps doux que la Dame ne voulait pas voir prendre fin mais dont le glas fut sonné par le Caméléon et la Comtesse, chacun venant accaparer d'un côté la rousse, de l'autre le lion. Si la rousse n'avait pu se soustraire à ce nouveau cavalier, elle ne se cacha pas du refus qu'elle lui aurait posé si elle avait eu le temps de répondre à son invitation.

Refus que de Monségur ne semblait pas accepter à vouloir ainsi faire "payer" Magdalena. Cette dernière garde son sourire poli en tout cas, dansant sans y mettre beaucoup de coeur et cherchant une échappatoire.

- Etes vous conscient monsieur que votre attitude ne fait que pousser quelques soupçons à un sentiment de jalousie mal placée ?
- vous me voyez navré d'avoir de telles pensées ma Dame. Depuis le temps que nous nous fréquentons, voilà une idée bien étrange ~
- je n'irais pas jusqu'à parler de fréquentations De Monségur. De mémoire je n'ai jamais accepté autre chose que simplement discuter autour d'un verre de champagne en votre compagnie. Rien de plus et il me semble vous avoir fait comprendre que je ne comptais pas rejoindre le rang de vos ex-épouses.
- tout comme vous semblez avoir oublié le soutien financier et la place que je pourrais vous octroyer à vous et les Neptuniens. En plus de ma protection contre d'éventuels ennemis qui ne voient pas d'un bon oeil votre propre ascension. Il m'est parvenu que vous avez rejoint l'Ordre Ma Dame. Voilà une alliance fort peu discrète et la porte ouvertes aux coups de couteaux dans le dos.

Puis il vient s'approcher de l'oreille de l'horlogère pour murmurer à elle seule quelques mots.

- et frayer avec un croisé risque de vous coûter plus cher qu'accepter une alliance plus discrète.

A ces mots les sourcils de la dame viennent à se froncer mais la danse venait prendre fin et à peine voulut-elle répliquer qu'une paire de bras viennent la sortir des griffes du caméléon. Surprise, elle vient tourner son visage vers ce nouveau cavalier, d'abord méfiante avant de laisser un sourire soulagé se dessiner.

- Sieur Redford

Tout à cette nouvelle danse et ce nouveau partenaire, la rousse ne put s'empêcher de se demander comment il pouvait savoir que Timoléon était un croisé avant de se rappeler que ledit caméléon se baladait partout dans la cité et que peu de choses pouvaient lui échapper. Ce dernier se trouvait d'ailleurs aux prises avec Aidôneus et la dame ne put réprimer un sourire amusé, sachant à quel point l'homme ne supportait pas de danser avec d'autres hommes et à quel point il méprisait d'ailleurs ces intérêts là.

- Aidôneus....encore à trainer où vous ne devriez pas.

D'un geste assez brusque, il vient mettre fin rapidement à la danse, fusillant du regard le garde des sceaux avant de rejoindre le côté des spectateurs, fulminant d'avoir perdu sa cible. Du côté de la comtesse, cette dernière ne comptait pas lâcher Timoléon non plus et offrit un sourire de plus en plus faux au croisé.

- difficile de trouver une danse plus agréable que celle-ci à vos bras mon cher. J'espère que cette soirée vous plait, vous ne sembliez guère enthousiaste aux côté de Dame Dragonstone à ne pas sourire. J'ose espérer qu'elle ne vous a fait aucune misère, je serais fort navrée de devoir corriger son attitude si cela s'avérait le cas ~ Dans tout les cas comptez sur moi pour vous faire vivre la plus belle soirée de votre vie ~

Les intentions cachées n'étaient cependant pas difficiles à deviner et elle offre un clin do'eil malicieux à Timoléon à la fin de sa phrase. Oh, elle n'était pas dupe et voyait donc que son cavalier du moment semblait avoir été rôdé aux coutumes du milieu mais elle s'en moquait éperduement. En tout cas elle lui offre un sourire mielleux, jouant également de sa place de maîtresse de soirée pour vite éloigner d'autres invitées d'un simple regard.

- alors monsieur Némée, dite moi tout. J'ai ouïe dire que certains semblaient avoir reconnu en vous un croisé de l'Ordre. Vous auriez donc vraiment rejoint les chevaliers de notre belle cité ? D'où venez-vous d'ailleurs ?

Elle posait de temps à autres quelques regards fortement amusés à voir la rousse aux prises avec de Monségur, semblant savourer le moment bien qu'il soit difficile de savoir ce qui la ravissait le plus. D'avoir volé le cavalier de la rousse ou de savoir que de Monségur se cassait encore une fois le nez avec ses demandes. Toujours est-il que lorsque la troisième danse commence, c'est toujours sans lâcher le lion qu'elle l'entraine.

Magdalena se retrouve donc aux bras d'Oracio, ce qui lui permet de souffler et de retrouver un visage plus souriant et sincère face à ce nouveau cavalier qu'elle appréciait. Une bouffée d'air frais dans ce monde vicié. En tout cas elle laisse un léger rire cristallin se faire entendre à la question concernant Timoléon.

- je crains que la jalousie de ce cher monsieur ne soit piquée au vif. Je vais bien mieux depuis qu'un magnifique paon blanc est venu me sauver des griffes d'un terrible caméléon.

Elle lui sourit franchement puis reprend après quelques pas.

- il s'agit en effet de cet homme qui m'a accompagné à l'opéra. Mes excuses pour être partie si vite, je ne tenais pas à le mettre dès ce premier soir dans la foule et je voulais aussi offrir de quoi piquer la curiosité de ces messieurs dames. Je pense pouvoir dire avoir réussi mon coup. En tout cas je suis toute ouïe pour vos questions, je verrais celles auxquelles je peux répondre.

Elle appréciait en tout cas cette nouvelle danse. Magdalena ne mentionne pas Aïdôneus en tout cas, si Oracio ne savait pas qui était le lion, elle se doutait que le garde des sceaux n'avait rien dit alors autant garder le silence sur leur lien pour l'heure. Tout venait à point à qui savait attendre n'est ce pas ?

- Et vous, comment allez vous ? Comment se porte la reine ?

Certains poseraient peut-être cette question par moquerie, la rousse restait sincère. Elle savait les dégâts laissés par les invocations et jamais elle n'avait remit en cause les visions du paon blanc, les prenant pour réelles. Elle prenait donc très au sérieux la présence de cette reine, aussi fantomatique soit-elle.

De Monségur de son côté fusille du regard le garde des sceaux.

- vous n'êtes en rien désolé Aidôneus. Personne n'est dupe de votre petit jeu. Et vous avez fait exprès de vous interposer avec votre bouffon blanc. Je ne serais pas non plus étonné que vous connaissiez ce petit imposteur au masque de lion.

Puis il plisse le regard avant de lui offrir un grand sourire.

- évitez de vous mettre à dos n'importe qui.

Puis il fausse compagnie au garde des sceaux, attrapé par d'autres nobles pour discuter affaires.

Du côté de Timoléon, la comtesse ne l'avait donc pas lâché, le retenant prisonnier d'une certaine manière, comme si elle se jouait de la situation. Elle notait qu'il dansait plutôt bien et vient esquisser un grand sourire à l'ombre mauvaise sur son visage

- lorsque l'on est heureux monsieur, cela se voit hors vous ne dégagez rien de cela en étant à ses côtés. Ce qui est fort regrettable. Vous ressembliez plus à un captif qu'à un invité. Vous avez pourtant un magnifique sourire.

Et elle se jouait de lui, pas dupe sur la fausseté de ce masque. Mais elle piquait, tentant de trouver la faille sur ce terrain là. La réponse à sa question ne fut pas non plus une surprise. Elle avait évidemment enquêté sur cet étranger, comme d'autres dont le caméléon. La troisième danse allait bon train, le lion toujours entre ses griffes.

- Astua ? Quel étrange nom et quelle triste place que simple croisé de lumière pour quelqu'un qui a dirigé des armées. L'ordre semble s'enfoncer de plus en plus c'est fort regrettable. Pas autant que la Guilde certes mais tout de même. Je pourrais vous aider vous savez ~

Tout à la danse elle laisse un doigt glisser sur la veste du lion, un sourire en coin et le regard voulant tout dire, laissant 2 opportunités au croisé et pas du tout dupe non plus à l'idée de l'insulte envers l'horlogère. Elle ne laisse ceci dit pas de temps à Timoléon pour lui répondre qu'un majordome vient la voir pour lui glisser deux trois mots discrets à l'oreille. Elle offre un sourire navré au blond, interrompant la danse en même temps.

- des affaires urgentes me réclament hélas. Je compte sur vous pour donner rapidement une réponse positive. Notre amitié serait fort sage ~

Pour ne pas dire que l'inverse serait plus dangereux. D'ailleurs à ces derniers mots elle vient poser un regard venimeux sur la rousse toujours à danser avec Oracio. La comtesse s'éclipse donc ensuite avec son majordome, plantant Timoléon sur le bord de la piste de danse. La dernière danse s'arrête d'ailleurs et Magdalena vient entrainer le paon blanc près du buffet, voulant profiter d'un temps de pause après avoir autant dansé.

Sans compter une légère faim.

La comtesse ne s'était pas laissé émouvoir par le sourire et le regard de Timoléon. Elle s'était par la suite laissée entraîner pour des affaires, devant laisser à contrecoeur son captif. Magdalena avait de son côté bien profité de la bulle d'air offerte par Oracio. Les questions du conseiller l'avait fait rire d'ailleurs mais de ce rire léger. Elle n'avait ceci dit pas répondu de suite à la curiosité du paon blanc, préférant attendre une pause pour discuter autour d'un verre et d'un petit four. C'est donc près du buffet qu'elle se prend un verre et sourit à Oracio.

- avant de répondre à vos questions, j'ose espérer que vous viendrez prendre un thé chez moi avec la reine.

La lueur dans son regard était sincère et sous l'invitation se cachait la proposition de passer un temps loi d'yeux et d'oreilles indiscrètes. Un temps pour lui, pour se détendre,parler de tout de rien et de ce qui pouvait tracasser également. Magdalena savait écouter et poser une atmosphère sereine pour ses proches, leur permettre d'avoir une oreille attentive autour d'un thé et de quelques douceurs préparées par ses soins. Tout en parlant elle vient boire une gorgée de champagne et en profite pour manger un peu, ayant faim mine de rien avant de reprendre.

- pour répondre à quelques interrogations, oui il s'agit bien de l'une de ces âmes que j'héberge et aide le temps de l'adaptation et c'est bien un croisé de l'Ordre oui.

Puis un sourire amusé vient glisser sur ses lèvres.

- ceci dit, il se peut que le destin ait décidé qu'il était temps que je rencontre un homme bien différent pour avancer sur d'autres chemins.

Et en cela, Oracio pouvait facilement deviner que Timoléon avait prit plus d'importance que d'autres. Jamais la Dame n'avait invité par deux fois le même cavalier et jamais elle n'avait invité l'un de ses protégé aux opéras, encore moins aux soirées. Deux aspects sur lesquels elle avait joué pour faire planer le mystère et elle était aussi consciente de la convoitise qui naissait entre les bourgeois.

- pour ce qui est du lion et bien........

Elle vient se tourner lorsque Timoléon arrive et lui sourit.

- Il pourra vous expliquer de lui même pourquoi un tel masque. Timoléon, voici Oracio Redford, le conseiller de la reine.

Aidoneus et Oracio étaient à ce jour les seuls qu'elle appelait par leur prénoms. Et cela fut long, la Dame n'ayant pas coutume de passer à la familiarité si facilement. Un indice de plus offert au conseiller, un indice discret que la place du lion n'était pas celle d'un simple aventurier de passage, s'il ajoutait à cela le toit commun, il pouvait commencer à poser des hypothèses. Elle regarde un peu autour d'elle avant de reprendre.

- la comtesse vous abandonné ? Vu comme elle était parti j'aurais parié qu'elle vous aurait emprisonné toute la soirée voir dans une tour..

Elle finit par laisser un rire léger s'échapper, ne faisant pas attention aux regards des convives. Timoléon en tout cas était surveillé, par le majordome de la comtesse bien que de loin. De Monségur avait lui disparu avec une invitée un peu trop pompette.

- vous êtes une de ces très rares personnes que je qualifie d'amis monsieur Redford, c'est tout naturel.

Magdalena lui offre un doux sourire et n'avait jamais rien dit sur l'absence de la reine à chacune de ses visites, estimant que ce serait à Oracio de parler s'il voulait. Toujours est-il que le duo finit par se faire rejoindre par Timoléon et elle ne cache pas un rire cristallin à la question du lion posée de but en blanc par le paon. Elle suit en tout cas avec intérêt l'échange, toujours curieuse de découvrir les différences entre les mondes de chacun. Ainsi donc si chez l'un le lion était mythique, pour l'autre c'était un titre.

- je veillerais à ce qu'il ne finisse pas comme ce lion monsieur Redford.

Sous son sourire, la lueur dans son regard montrait bien un attachement bien différent envers le blond et sous ses paroles se devinait qu'elle ne permettrait pas une telle chose. Toutefois il n'y avait rien de dirigé contre Oracio, elle avait une grande confiance en lui. Elle s'était par la suite interrogée sur l'absence de la comtesse et avait bien noté le regard.

- je n'en suis guère étonnée...

Puis elle laisse glisser un sourire amusée à l'évocation de De Monségur et secoue négativement la tête.

- ni plus ni moins que d'habitude. Il tente encore et toujours de m'épouser. Le "non" ne semble pas bien rentrer. Je vais finir par croire que je vais devoir lui couper l'herbe sous le pied à ce sujet aussi.

Elle se laisse rire puis vient prendre le bras de Timoléon, posant ensuite son regard sur Oracio.

- et si nous allions prendre un peu l'air dans les jardins.

L'invitation incluant donc Oracio avec un regard signifiant qu'ils pourraient discuter plus tranquillement dehors. Elle prend la direction des extérieurs, non sans préparer une assiette remplie après avoir posé son verre vide. Les jardins étaient illuminés de lampions et lampes à essence. De quoi voir où on marchait tout en gardant les lieux sombre par la nuit. Parfait pour discuter sans que d'autres ne viennent lire sur les lèvres. Le majordome de la comtesse ne les avait pas quitté du regard en tout cas jusqu'à leur sortie.

Des buissons, des fontaines, des parterres de fleurs venaient égayer les lieux et les haies de plantes formaient des sortes de labyrinthe dans le quel s'engouffre la rousse pour trouver une tonnelle avec une table et des chaises pour l'heure vide d'occupants. Des rires avaient pu se faire entendre au détour de quelques chemins mais la Dame n'y avait pas prêtée attention, habituée à ce genre de frivolité lors de ce genre de soirée. C'est une fois sous la tonnelle qu'elle pose l'assiette et vient prendre place sur une chaise.

- une alliance avec la Ligue a de nombreux avantages notamment financiers et militaires. Je vous en ait déjà parlé, vous avez donc pu constater que chaque obstacle sur leur chemin doit être éliminé. De surcroit, ils savent aussi, et monsieur Redford pourra vous le confirmer, j'accorde ma confiance et mon amitié à de trop rares personnes ce qui attise nombre de jalousies. De Monségur en est de ces jaloux et il y a donc fort à parier qu'il mobilise son réseau secret pour vous mettre des bâtons dans les roues...comme il le fait déjà avec Aidôneus et je ne doute pas envers Oracio aussi. Quand à la comtesse, elle joue le jeu inverse du caméléon et va donc tenter de vous accaparer pour me faire plier si elle ne cherche pas un autre moyen de vous avoir.

Elle prend une pause le temps de manger un peu.

- jouer le jeu de la comtesse pourrait se révéler dangereux mais c'est aussi dans son intimité que l'on peut glaner le plus d'informations.

Elle posait un simple fait. Dans le fond, la rousse avait une confiance totale envers Timoléon, n'étant pas jalouse pour un sous et estimant que la solidité d'une relation ne se basait pas sur des histoires de fidélité. Dans tout les cas, elle laisse le soin à Timoléon de parler de son affaire.

Magdalena avait donc emmené tout ce petit monde dans les jardins histoire de trouvé un lieu à l'écart où ils pourraient discuter en toute quiétude. Elle était loin d'imaginer ce qui se tramait en coulisse, dans les couloirs non éclairés de la demeure de la Comtesse.

Un rire léger se fait entendre lorsqu'Oracio rebondit sur l'histoire du mariage et Magdalena finit par lui sourire.

- je ne peux que vous approuver même si en toute honnêteté, je préfèrerais laisser le temps faire son œuvre.

Elle se tourne vers Timoléon, une infinie tendresse dans le regard. Non, elle ne comptait pas bousculer plus que cela leur quotidien, elle avait à son sens encore trop de choses à apprendre, à apprivoiser dans ce domaine pour se précipiter comme bons nombres étaient capable de le faire. Elle avait fait part de ses inquiétudes concernant le paon blanc tout en posant cartes sur table concernant la comtesse. Elle hoche simplement la tête aux paroles de Timoléon puis suit tranquillement l'échange entre les deux hommes à propos du jeux de cartes. Elle se laisse rire à la mention d'Aidôneus.

- ce filou a bien tenu secret qu'ils se connaissaient

Elle vient manger puis regarde Oracio.

- ce genre de réseau a souvent un pied dans notre milieu, si ce n'est les deux et j'ai noté des regards un peu plus insistants sur lui. Il est évident  que plusieurs ont menés leur enquête, la comtesse et De Monségur en tête mais pas que. Je serais prête à parier que certains se cachent.

Puis elle pose son verre et vient croiser ses mains.

- je pense que le caméléon peut être mis hors d'état de cause. Son réseau se confronte de temps en temps aux espions d'Aidôneus mais c'est plus des histoires de commerces qu'autre chose. La Comtesse je suis plus sceptique à son sujet. Son majordome ne vous a pas quitté des yeux mais je ne peux rien affirmer, simplement poser un soupçon. Certains peuvent tout aussi bien ne pas être des fanatiques mais être en passe de le devenir et vous surveiller peut être une mission.

Elle posait là toutes ses suppositions concernant ce qu'elle avait pu observer le temps où ils étaient dans la salle de bal.

- j'ignore ce qu'Aidôneus peut avoir glané en tout cas, il est de toute manière évident qu'il fouine de son côté aussi.

Oh, la Dame était consciente de l'affaire dangereuse dans laquelle le blond s'était engagé. Elle était tout aussi consciente qu'elle serait sûrement une cible de choix. Dans les faits, elle n'était pas une guerrière et ne possédait qu'une petite arme à essence de poche pour se défendre. Hors de son Pied Lourd, elle était très vulnérable et elle en était parfaitement consciente.

C'est quelques minutes plus tard qu'un cri de terreur vient briser l'ambiance festive des lieux.

Magdalena était en sois assez contente d'avoir pu présenter Oracio à Timoléon. Outre un ami précieux, elle était contente de voir que le blond pouvait obtenir quelques informations de plus pour son enquête. Elle les laisse échanger puis regarde Timoléon, faisant un non de la tête concernant la Comtesse. Oui ça tenue pouvait y faire penser mais elle était trop..voyante à son goût pour endosser ce genre de rôle. Elle songeait à quelqu'un de plus sournois sans trop savoir qui. Après tout, cela restait un défaut très courant dans ces sphères là. Toujours est-il que c'est un cri qui vient stopper la conversation. Magdalena se fige puis finit par se lever et emboiter le pas à Timoléon et Oracio.

Que se passait-il donc ?

Ils n'ont guère le temps d'arriver au niveau des marches de l'extérieur que le majordome de la Comtesse les rejoint et regarde la rousse, l'air assez grave.

- Madame, il va falloir me suivre.
- que se passe t-il ?
- vous comprendrez sur place.

Il avait royalement ignoré Oracio mais avait posé un regard glacial sur Timoélon. Ceci dit, même s'il prenait les devants, il n'avait pas interdit aux deux hommes de suivre la rousse et c'est assez intriguée autant qu'inquiète qu'elle suit leur guide. Il passe par la salle de bal où les danseurs et les convives avaient arrêtés leurs activités pour parler entre eux, posant milles et une théories. Le majordome les ramène dans le hall d'entrée et les fait grimper apr le grand escalier pour rejoindre le premier étage, bouclé par les gardes du manoir de la comtesse. C'est dans une salle un peu plus loin qu'il les fait entrer, non sans fusiller du regard Aidôneus dont l'action ne semblait pas beaucoup plaire.

La pièce était un petit salon avec un piano, un divan. Des verres étaient posés sur une table basse avec une assiette de petits fours. Les deux grandes fenêtres étaient fermées à clés, la comtesse ne voulant pas risquer d'avoir des suicide ou des accident avec des fenêtres ouvertes. Les carreaux n'étaient pas brisés non plus. Au sol, sur un vaste tapis gisait une invitée en tenue de poussin. Elle gisait tel un pantin désarticulé, noyée dans son sang. La cause de la mort semblait être l'égorgement mais la scène ne s'arrêtait pas là.

La victime, si elle était habillée façon poussin, portait un masque de dragon, une sorte de mauvaise copie de celui porté par Magdalena et un pion blanc, tâché de sang était posé sur la poitrine du cadavre. A côté de la tête de la victime, un dragon façon poupée vaudou gisait dans le sang, la tête arrachée.

Magdalena plisse le regard en voyant tout cela.

- il s'agissait de Dame Rudégonde. Une couturière de l'Ordre qui semblait nouer une relation avec un bureaucrate de la Guilde. Hormis quelques concurrents, quelques jaloux pour sa fortune et son choix de prétendant, il n'y a guère autre chose à redire à son sujet.
- A vous entendre, il y a quelque chose d'autre derrière et en voyant tout cela.......
- nous doutons en effet que ce ne soit une coïncidence d'avoir remplacé son masque de poussin par une grossière copie du vôtre, sans compter ce dragon de paille. Madame la Comtesse tenait à ce que vous voyez par vous-même la scène. Les lieux sont fermés, le tueur doit encore être dans les murs mais elle aimerait que vous quittiez tout de suite la soirée. Vous semblez être la cible et elle n'apprécie guère laisser une proie dans ses murs.

Il était resté froid et si Magdalena gardait son sourire et son calme, les paroles du majordome ne lui plaisait guère. La faire sortir ? Pourquoi donc ? Cela sentait le traquenard à plein nez mais qui était vraiment visé ? Elle ? Ou Timoléon. Elle se tourne ceci dit vers le majordome avec un grand sourire.

- et bien si le tueur est encore en ces murs, il n'est pas recommandable au contraire que quiconque quitte les lieux tant que le coupable n'est pas démasqué. Je crains devoir rester dans ce manoir même si l'idée de quitter cette soirée commence à me tenter. J'imagine que l'Ordre a été prévenu.
- Inutile madame. Des membres de l'ordre sont déjà comptés dans les convives. Ils feront leur rapport et ont commencé à fouiller les lieux.

La rousse vient se tourner vers Aidôneus et Timoléon s'il avait suivit.

Le majordome avait donc mené le petit groupe jusqu'à la scène de crime, les laissant observer les lieux et la victime ainsi que l'étrange mise en scène avant de demander à Magdalena de quitter les lieux, chose contre laquelle s'oppose la pilote, arguant que fuir les lieux ne résoudrait pas l'affaire et qu'elle serait plus en sécurité ici avec la vigilance relevée qu'autre chose. Elle ne mentionne pas qu'elle avait largement confiance en Timoléon à lui confier sa propre vie.

Le duo tourne la tête vers Aidôneus et le Majordome le fixe.

- Vous semblez bien renseigné sur la véritable cible de cette sinistre mise en scène monsieur. J'imagine que vous allez pouvoir nous éclairer plus amplement sur pourquoi c'est cet étranger qui est visé, un parfait inconnu dans cette sphère et non l'ambassadrice de la Ligue qui a plus d'une raison d'être ciblée par de telles mascarades.

Magdalena ne dit rien et garde un masque de neutralité pour autant, elle réfléchissait. Pour mettre en scène ce qui lui apparaissait comme sa propre mort et poser un pion blanc, oui c'était bien Timoléon de viser mais cela voulait dire qu'ils étaient espionné jusqu'aux quartiers ouest. Un réseau qui semblait donc bien plus vaste qu'elle ne le pensait. Cette Reine blanche ? La présence du pion blanc le laissait supposer. Etait-ce un "pion" qui avait donc agit ? Qui était-il ? Difficile avec les maigres indices présents de se faire une idée plus précise. Elle laisse en tout cas la discussion se poursuivre, le regard toujours rivé sur le cadavre. Le majordome n'avait pas quitté des yeux Aidôneus.

- vous n'avez guère besoin de le dire, la Comtesse s'occupe déjà de cela et n'a pas attendu votre propre activité.

Difficile de ne pas voir qu'Aidôneus était loin d'être très accepté dans le coin et loin d'être dans les bonnes grâces de la comtesse. Toujours est-il que les limiers ne trouveront rien. Pas de traces de sang sur des vêtements ni rien. A vrai dire, la seule odeur et trace de sang visible se trouvait au niveau du cadavre et nul par ailleurs. Personne n'avait quitté le manoir que ce soit par les portes ou les fenêtres, ces dernières toujours fermées.

Magdalena vient poser une main sur l'épaule d'Oracio et lui offre un sourire chaleureux signifiant qu'elle restait près de lui avant de regarder le croisé commencer à fureter dans la pièce.

- La Comtesse a encore besoin de mes services je vous prierais de ne toucher à rien.

Sur ces mots, le majordome quitte la pièce en laissant le quatuor seuls. Magdalena rejoint ensuite Timoléon une fois le majordome sortit.

- il va être très difficile de remonter à l'auteur. Les invités sont nombreux, les haines de couloirs aussi pour plus d'une raison. La plus grande majorité possède son propre réseau d'espions qui vont dans toute la cité. On ne peut ni exclure le personnel employé ce soir ni les invités.

Qui pouvait dire qu'un assassin n'était pas non plus caché parmi le personnel engagé lors de la soirée. En tout cas, il y avait bien deux verres et les deux portaient des traces de rouges à lèvres. Bien maigre indice quand certains hommes s'en mettaient. Magdalena se retourne ensuite vers la scène de crime.

- et on en peut pas exclure l'utilisation d'un pouvoir. Si la personne est plus puissante que nous, logique que nous ne puissions rien deviner ni sentir.

Elle finit par regarder Timoléon puis Aidôneus.

- on peut tenter d'enquêter un peu mais je crains que l'on ait affaire à un premier maillon de la chaine plutôt puissant et retors.

A ce stade, il y avait plusieurs théories qui se bousculaient dans la tête de la Dame et elle allait en parler quand des soldats de l'Ordre se pointent pour encadrer la porte. Des soldats qui pour le coup n'inspiraient aucune confiance chez l'horlogère.

Magdalena avait laissé Aidôneus répliquer au majordome de la Comtesse, se concentrant simplement sur la scène et ses propres réflexions. Une fois ce dernier partit, elle avait fait part de ses premières pensées. Son regard passait du cadavre aux verres et au reste de la scène jusqu'à ce qu'il soit temps de partir, des gardes étant venus se poster devant l'encadrure de la porte. La Dame avait croisé le regard de Timoléon, le sentant bien pensif puis elle vient à prendre le bras d'Oracio, un sourire rassurant sur les lèvres envers le paon blanc. Elle le gardait ainsi près d'elle pour tenter de lui communiquer son propre calme et lui montrer qu'elle ne le lâchait pas.

Magdalena vient sortir de la pièce non sans un dernier regard sur les verres et salut les gardes en sortant pour rejoindre la salle de bal. Oh, elle ne loupe pas l'arrêt du soldat sur Timoléon mais elle ne dit rien pour l'heure, se contentant de redescendre. Elle ralentit en tout cas l'allure pour rejoindre Aidonêus et permettre au croisé de les rejoindre aussi. Son murmure se fait entendre que des trois hommes alors qu'elle rejoingait la salle.

- il va être très difficile de remonter à l'auteur. Les invités sont nombreux, les haines de couloirs aussi pour plus d'une raison. La plus grande majorité possède son propre réseau d'espions qui vont dans toute la cité. On ne peut ni exclure le personnel employé ce soir ni les invités.

- il y a deux détails, maigres mais qui peuvent être utiles. La noblesse a une manière particulière de boire aux verres et donc de laisser des marques de rouge à lèvres moins marquées que les autres. Le second verre porte une trace légèrement plus forte, signe qu'une personne non habituée était présente. Vu les convives je penche pour un domestique. Le masque de poussin n'était pas non plus sur les lieux, il se trouve forcément quelque part.

De minces détails par toujours évident à percer mais qui pouvaient en tout cas éliminer certains convives, à minima pour la main ayant commis le forfait. Pour ce qui concernait le pion blanc, l'horlogère ne se faisait pas d'illusions à son sujet. En tout cas, elle vient poser un regard vers une fenêtre à peine les pieds dans la salle de bal avec cette impression qu'elle avait bien fait de rester sur place.

Toujours est-il que leur entrée ne passe pas inaperçue et que les murmures se veulent plus présents, pas forcément de bons tons d'ailleurs, du moins surtout pour Aidôneus. Malheureusement, la Comtesse savait ne pas pouvoir l'exclure des listes d'invités, tout comme Magdalena d'ailleurs. Elle les rejoint, la mine soucieuse et regarde directement Timoléon, ignorant royalement les autres.

- Monsieur Némée, mon majordome m'a expliqué la situation. Laissez moi vous inviter à demeurer ici, je pourrais veiller à votre sécurité. Je vous présente également mes excuses s'il vous a froissé, il est quelque peu protecteur à mon encontre. En tout cas, je serrais ravie de vous avoir ici, nous pourrions discuter et faire plus ample connaissance ainsi. Et puis si vous souhaitez poursuivre l'enquête, vous allier à moi ne vous serait que bénéfique. Je pourrais vous partager mon propre réseau.

Venait-elle de demander à Timoléon de venir vivre avec elle ? Absolument, avec une forme de chantage en offrant ses informations s'il acceptait. Mais sous cette invitation sournoise se cachait aussi l'éloignement du croisé, laissant de ce fait Magdalena sans protection. Ce n'était pas vraiment un secret que la rousse était une cible très facile et vulnérable sortie de son pied lourd, conjugué à la demande du majordome qu'elle quitte les lieux, voilà de quoi faire tiquer l'horlogère même si elle ne montrait et ne disait rien. Magdalena coule un regard discret vers Aidôneus, pas dupe sur le dessous des paroles de la comtesse. Restait à savoir jusqu'où elle pouvait être de connivence avec la reine blanche, si toutefois elle était bien dans ce réseau là. Toujours est-il que sa subite focalisation sur le blond n'était pas des plus rassurante à ses yeux.

- Mes gardes prennent en main l'enquête, venez donc vous joindre à moi.

D'un signe de la main, elle invite les musiciens à reprendre leur musique, chose qui ne tarde pas et les notes viennent couvrir les paroles et étrangement remettre dans le bain des festivités les convives. Certains reprennent le chemin de la piste de danse, la comtesse elle offre un grand sourire à Timoléon et lui tend sa main pour l'emmener avec elle.

Magdalena restait silencieuse bien que gardant un sourire poli. Les serviteurs reprenaient leurs occupations et la rousse venait à glisser de discrets coup d'oeil pour tenter de trouver celui ou celle qui pouvait avoir laissé les traces sur le verre.