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Hypanatoi Konostinos
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Il ne s’était jamais autant questionné sur la nature des mortels et des immortels que depuis qu’il s’était incarné sur Portalia. Cette terre inutile, oubliée des divins, l’aurait presque transformé en philosophe, lui qui avait toujours professé n’avoir que peu d’intérêt pour cette discipline abstraite. Non pas qu’il la méprisât, certainement pas, mais il lui avait toujours préféré d’autres domaines plus directement applicables. Il était un homme de guerre. La stratégie. Le discours. L’organisation des troupes et des convois. Tout cela était de son fait. Et puis, les choses sur son monde étaient plus simples. Son rôle était parfaitement défini, la latitude qu’il possédait parfaitement circonscrite. Il savait comment agir en toute circonstance, et dans les rares cas qui pouvaient le surprendre, une brève méditation révélait immanquablement le chemin rectiligne qui devait le mener à l’accomplissement.

Ici, tout était tortueux. Personne ne parlait franchement. Il comprenait la nécessité d’intriguer ; là encore, ce n’était pas une discipline qui lui convenait. Mais quand même le plus ignare des roturiers de cette cité se prenait immanquablement pour un parangon d’esprit et de sagesse, dispensant allègrement ses enseignements, que ce soit en matière de politique ou pour commenter les problèmes du jour, le paragoï devait avouer que tout cela l’amenait à se questionner. Principalement sur l’écart majeur qui existait entre ce qui était professé et ce que les gens étaient. Car c’était là une autre constante.

Il suffisant pour s’en convaincre de percevoir l’individu qui s’échinait devant lui. Misérable et couvert d’une odeur de transpiration et de pisse, le gamin devait avoir vingt à peine. Peut-être moins. Il avait parfois du mal à estimer précisément l’âge des autochtones. Il était jeune, en tout cas. Une voix débarrassée des trémolos embarrassants de l’adolescence, mais qui n’avait pas encore été érodée par l’âge, qui gardait de sa clarté résonnante. Il avait essayé de lui insuffler une note d’orgueil, quand Hypanatoi s’était porté à sa rencontre. De lui imprimer un mouvement de bravoure, aussi mal à propos que rapidement effacé. Hypanatoi le savait coupable. Il le savait faire partie d’un groupe criminel appartenant au réseau plus large responsable du calvaire de Kemat. Et par conséquent, l’honneur aurait normalement voulu qu’il meurt. L’affaire était simple, le verdict évident. Mais le jeune homme avait exprimé qu’il était rentré récemment dans le groupe. Qu’il n’était pas responsable. Et qu’il connaissait malgré cela quelque chose d’intéressant, qu’il avait les faveurs d’une personne haut-placé.

Le paragoï avait au début douté de ses dires ; il ne voyait pas quel intérêt une femme responsable d’un réseau criminel aussi important pouvait bien concevoir pour ce genre d’insecte pleurnichard. Et puis, le jeune homme lui avait décrit leurs escapades nocturnes. Hypanatoi ne savait s’il devait le croire. Si ce n’était pas là une tentative désespérée de prolonger sa misérable existence. Mais toute cette affaire avait démarré parce qu’un portalien s’était révélé incapable de contrôler ses pulsions primaires. Qu’une faille existe dans leurs défenses pour la même raison était loin d’être impossible. Dans le pire des cas, le jeune garçon le ménerait dans une embuscade. Et donc, vers d’autres de ses complices.

Il pouvait donc vivre, pour l’heure.

Mais ce n’était pas cela qui le perturbait réellement. Il posa brutalement sa main entre ses omoplates, le poussant en avant pour lui faire accélérer le pas. Le gamin manqua de s’écraser sur le sol crasseux de la rue borgne, mais ne protesta pas, le message visiblement clair.

Ce qui le perturbait, c’était comment tout cela pouvait tenir. Comment chaque personne vivant sur ce monde acceptait la supercherie des autres dans l’espoir qu’ils acceptent la leur. Comment tout cet édifice ressemblait plus à un travail impossible d’équilibriste qu’à des fondations solides. Comment, parce que chaque personne comprenait en le vivant l’enjeu fondamental de la chose, cela ne devenait tout simplement pas intenable.

« Tu sais que tu vas tout de même mourir ? questionna-t-il distraitement. »

Son guide improvisé s’immobilisa, le cuir usé de ses bottes clapotant dans une flaque avec un bruit hésitant. Il eut un mouvement avorté, et Hypanatoi crut un moment qu’il avait eu la mauvaise idée de faire de la résistance. Puis, il fondit en larmes, des sanglots irréguliers et baveux secouant son tronc, son bras réussissant finalement à s’appuyer contre le mur. Hypanatoi grogna. Visiblement, il ne savait pas. Ou alors, il faisait exprès de l’ignorer. Mais l’enchantement qui suspendait leur situation, en tout cas, était rompu. Sa main se posa de nouveau sur l’épaule du jeune homme, doucement mais fermement, et le secoua.

« Pas de ça. Affronte la conséquence de tes choix avec un peu de fierté. Ca sera plus digne. »

Ses paroles n’eurent pas l’effet escompté, et il hésita un bref moment, avant de reprendre :

« C’est quoi ton nom ?

- Hein ?

- Ton nom.

- Janksen.

- Bien. Tu veux bien avancer, Janksen ? J’aimerais en finir rapidement, et ce serait mieux pour toi aussi. »

Là encore, son intervention ne fut pas couronnée de succès. Malgré le fait qu’il eut tenté d’ériger un rapport entre lui et son interlocuteur, et qu’il lui ait offert un bénéfice évident, ce dernier semblait trop tétanisé pour réagir favorablement. Agacé, Hypanatoi raffermit sa prise sur son épaule, jusqu’à sentir s’échapper d’entre les lèvres du garçon des bruits peinés et laborieux.

« Avance, avant que la pitié que tu m’inspires ne soit surpassée par mon irritation. »

Le résultat fut immédiat, et ils se remirent en chemin. Au moins certaines méthodes restaient-elles fonctionnelles. Eloignant de gestes répétés de la main les quelques badauds qui n’avaient pas la présence d’esprit de s’écarter immédiatement de son passage, il se remit à progresser à bon rythme. L’homme devait les mener à une taverne, dans laquelle il avait apparemment rendez-vous avec sa protectrice. De là, les choses progresseraient simplement. Il poussa la porte de l’établissement miteux, tentant de ne pas manifester de manière audible le dégoût que lui inspirait son atmosphère. Au moins l’extérieur était-il aéré. Puis, il gagna une table, accompagné de son nouveau camarade. Il doutait que la supercherie dure longtemps. Il n’en avait de toute façon pas besoin. Une fois que la patronne du gamin serait identifiée, fuir ou lutter ou se rendre ne changerait rien à l’issue finale de leur confrontation.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Jeu 28 Mar - 5:27, édité 1 fois
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descriptionLes quatre coins de la Maison des problèmes (Loreley) EmptyRe: Les quatre coins de la Maison des problèmes (Loreley)

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Portalia était décidément une ville pleine de surprise. Il semblait étonnant que l’on m’ait omis la situation du quartier Nord lorsque l’on m’avait présenté cette cité. Il y avait certes – notablement – un orphelinat, apparemment dirigé par une doyenne plutôt puissante, mais c’était surtout le lieu des vices et de la pauvreté. Tout portait à croire que les autorités avaient laissé tombé cet endroit – ou tout du moins, fermé les yeux sur ce qui se passait sur le terrain. C’était bien étrange ; Hetacta avait peut-être ses quartiers moins bien fréquentés, mais nous étions tous solidaires. Peut-être était-ce le climat rude, ou la présence des dragons qui nous poussait à nous entraider. Là où il n’y avait pas le besoin de compter les uns sur les autres, l’individualisme à son paroxisme primait sur tout le reste. J’aurais pu croire que l’attaque de Portalia, ayant eu lieu peu de temps avant mon arrivée, aurait éveillé les consciences et pousser les gens à compter les uns sur les autres, il n’en était rien. Oh bien sûr, je ne jugeais guère. Portalia avait tout de même ses qualités, dont le fait de jouir d’une plus grande liberté que dans mon monde d’origine, et ce n’était certainement pas pour me déplaire.

Je me souvenais des paroles de l’un des premiers aventuriers que j’avais pu croiser. Celui qui avait eu le temps et la patience de m’expliquer le fonctionnement de ce monde. Il m’avait dit que la cité-forteresse serait en proie à un grand changement. Je me demandais toujours ce qu’il voulait dire par là, et je le suspectais d’en savoir plus que ce qu’il affirmait. Préparait-il un coup d’état ? Qu’importe de toute façon, et je n’avais aucun intérêt à le dénoncer. J’étais une mercenaire, et je serais contente, peu importe qui s’assayait sur un trône, tant que les affaires et opportunités étaient présentes. Je n’avais nulle intention de m’ériger en justicière de la situation, tout comme je n’avais nulle intention de sombrer du côté du Chaos. Cette guère – probablement éternelle – ne m’intéressait guère. Et grâce à mon statut de mercenaire, je jouissais d’une certaine tolérance dans le quartier Nord, là où les autorités n’étaient point les bienvenues. Après tout, un guerrier errant était toujours utile, non ? Et j’avais le droit de prendre des contrats hors des Nine Head. De toute manière, ce n’était pas comme si j’allais le crier sur tous les toits.

C’était ainsi que j’avais rencontré une femme capuchée nommée Georja, aux détours d’une taverne. J’avais été hésitante, l’affaire ne m’ayant pas semblé très nette, mais l’appel de l’argent m’avait vite fait changer d’avis. Elle m’avait promis une belle bourse en échange de la surveillance et la protection de l’un de ses hommes, Janksen. Je n’avais pas posé plus de questions, n’ayant pas besoin d’en savoir plus. Car les affaires étaient les affaires. J’imaginais qu’il devait – dans le pire de cas – s’agir d’un trafic de substances illicites. Qu’importe, j’étais bien payée et c’était tout ce qui comptait. J’étais même étonnée qu’il pusse y avoir des personnes possédant argent et influence au sein de quartier Nord, mais cette zone ne semblait pas être régie par les mêmes règles que le reste de la cité-forteresse. Les avertissements d’Hypanatoi sur les Dark Souls et la Secte du Chaos me revenaient en tête, mais je les balayais mentalement. En cet instant, peu m’importait qui était le client tant que la récompense était à la hauteur. Et après tout, que pouvait-il m’arriver de bien dangereux au sein d’une mission aussi triviale ?

J’étais loin de me douter que ce Janksen possédait un ennemi mortel, encore moins parmi les personnes que je connaissais. Peut-être aurais-je dû pourtant me douter d’un piège au vu de la somme promise pour une opération aussi simple. J’avais suivi Janksen, de loin. Jusqu’à ce que je le visse en compagnie d’Hypanatoi Konostinos, ce même grand guerrier qui m’avait donné de précieux conseils. Leur discussion semblait animée. Et je voyais Janksen céder à la peur. Je me sentis à mon tour parcourue d’une sueur froide, tandis que je frissonnais. Normalement, j’aurais dû intervenir, j’en étais consciente. Janksen était en danger avec Hypanatoi, je le sentais. Pourtant, je savais que ce serait du suicide que de me risquer à affronter un si grand guerrier alors que je n’étais que rang bronze ; ma vie était tout de même plus importante que ma prétendue fierté de guerrière. Goerja savait-elle que Janksen avait Hypanatoi à ses trousses ? Si oui, pourquoi aurait-elle laissé une personne si inexpérimentée en charge d’une telle mission ?

Les suivant dans un établissement miteux, je déglutis. Que fallait-il faire ? Hypanatoi risquait de me trouver, car Janksen cracherait sans doute le morceau, ce gars avait l’air aussi froussard que moi. Le mieux pour apaiser la colère du grand guerrier était sans doute de me révéler tout de suite. M’avançant à contre-coeur et dévisageant tour à tout chacun des hommes, je commençai à prendre la parole.

« Je… Il y a-t-il un problème ? » demandai-je innocemment.

Je n’aurais peut-être pas dû accepter cette mission, finalement. Ce n’était pas une si bonne idée.
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descriptionLes quatre coins de la Maison des problèmes (Loreley) EmptyRe: Les quatre coins de la Maison des problèmes (Loreley)

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Il avait beau ne pas croire au destin, il devait avouer que ce monde semblait privilégier les coincidences étranges. Croiser une personne connue dans cet établissement miteux n’était pas quelque chose d’attendu. Ce n’était pas le genre d’endroit fréquentait sans être un local, ou sans avoir une bonne raison. Et Loreley n’était pas une locale. Peut-être était-ce simplement que sa vie était différente, maintenant. Qu’il ne remplissait plus comme avant ses fonctions de paragoï, qui sur son monde originel l’avaient envoyé dans les recoins les plus sombres du monde, loin de toute possibilité de croiser un visage familier. Il balaya d’un geste mental de la main la considération oisive, et prit soin d’étudier l’endroit. La jeune femme, en lui parlant, avait définitivement cristallisé la tension que sa propre venue avait fait émerger. Si sa cible principale entendait prendre la fuite, elle profiterait sans doute du premier moment inattention venu. Il suffisait de ne pas lui en donner un.

Si le guerrier savait que Loreley n’était pas le contact du pauvre Janksen - elle était trop récemment venue sur ce monde, et n’avait de toute façon pas le caractère requis pour un tel poste - sa présence ici était tout de même suspecte. Il serra les dents, réfléchissant à la marche à suivre, avant de tirer son compagnon du moment dans la direction de la combattante, marchant vers elle d’un pas rapide, battant la cadence du cul de sa lance. C’était un bon rappel fait à l’assistance. Tous ici connaissaient sa réputation, pour avoir vu la transformation qu’il commençait à imposer aux quartiers nord. Personne ne prendrait de décision trop rapide, mais il refusait de laisser à un fou trop ambitieux la possibilité de s’imaginer un moment de bravoure et d’éclat.

« Loreley, lâcha-t-il, les trois syllabes de son nom claquant sèchement dans sa bouche. Je viens chercher quelqu’un. »

Il était mauvais de se montrer trop agressif devant une personne comme elle. Il la connaissait. Il la savait être une guerrière, et s’il n’avait pas pu estimer personnellement sa valeur et sa bravoure, cela comptait tout de même pour quelque chose. Insulter directement l’honneur d’un combattant était un acte lourd, qu’Hypanatoi considérait avec soin. Et si souvent Portalia lui en donnait l’occasion. Ce n’était pas le cas ici. Pas encore. Il tira une chaise vers lui, et fit s’asseoir Janksen en face de la jeune femme, sa main appuyant sur son épaule jusqu’à ce qu’il comprit le message. Ce fut rapide, et avec un petit bruit sourd, son fessier s’écrasa contre le bois. Hypanatoi repoussa ensuite la chaise, lentement, coinçant le garçon entre le bois du dossier et celui de la table, le serrant suffisamment pour qu’il puisse sentir l’arrête de cette dernière rentrer dans son ventre. Lui resta debout, retirant enfin sa main après avoir tapoté une fois ou deux la joue de son captif.

« Quelqu’un d’important, précisa-t-il. Et toi, que fais-tu ici ? »

Il avait besoin de savoir. C’était important. Essentiel, même. Selon sa réponse, il saurait quoi faire. Autour d’eux, un grand silence avait calfeutré la pièce, les activités bruyantes de l’établissement interrompues en faveur de l’étude tendue des nouveaux-venus. Personne ne comprenait vraiment ce qui était en train de se jouer. Mais tous se savait à la fois spectateurs et otages d’un théâtre qui ne s’embarrasserait pas longtemps de précautions délicates. Les divins, après tout, exigeaient que toute tragédie se termine par exécution d’un bouc vigoureux. Quelqu’un, à défaut de l’émissaire normalement désigné, aurait à remplir cette fonction.

Il prit distraitement note des personnages féminins de l’endroit. A peu près la moitié de l’endroit. Portalia, à l’inverse de nombre de mondes qu’il avait découvert au travers de ses travaux de recherche, était relativement égalitaire à ce niveau. La vermine ne se souciait que peu de sujets de genre et de sexe. C’était normalement une bonne chose - un mortel devait se battre, et ces données subalternes n’entraient pas dans l’équation - mais aujourd’hui, cela lui compliquerait la tâche. Il lécha l’arrière de ses dents. Retint le geste machinal qui faillit lui faire poser la main sur le haut du crâne de Janksen. Et il attendit, immobile, vigilant, soit la réponse satisfaisante de Loreley, soit que sa cible se dévoile.
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Bien sûr que je me souvenais d’Hypanatoi comme étant un féroce guerrier, bien plus grand que je n’aurais pu l’être. Il avait eu la patience de m’expliquer les rudiments de la vie à Portalia, lorsque j’étais arrivée, m’avait conseillée avant que je ne pusse partir en mission. Pourtant, alors qu’il prononçait sèchement mon nom, je ne pus m’empêcher de penser que je me trouvais au mauvais endroit, au mauvais moment. Une fois de plus, je n’avais pas vu plus loin qu’une bourse pleine avant de m’élancer au-devant du danger. Je savais que c’était mon principal défaut ; je n’étais pas de ces preux chevaliers qui défendaient la veuve et l’orphelin. Tout ceci n’étaient que des contes de fée dans un monde aussi cruel. Et peut-être le fait d’avoir grandi dans la pauvreté m’attirait tant vers l’argent. Aujourd’hui pourtant, je devinais que ma cupidité pourrait être fatale. Regardant tour à tour Janksen et Hypanatoi, je me doutais que quelque chose de très sérieux se tramait, et que l’homme que j’étais supposée protéger s’était attiré les foudres du paragoï. Comment allais-je me sortir de cette situation à présent ? Je n’allais pas me battre contre quelqu’un de bien plus fort que moi ; même si je ne pouvais encore sentir sa puissance d’essence, je savais qu’Hypanatoi avait atteint le rang obsidienne, j’étais loin de faire le poids face à lui. Prendre la fuite ? Non, ce serait tout aussi idiot et un moyen de m’attirer ses foudres ; il me retrouverait. Mentir et inventer quelque chose ? Non plus, surtout que Janksen pouvait me contredire à tout moment. Me passant la main dans la nuque, me sentant légèrement fébrile, je choisis de jouer franc jeu.

« On m’a payée pour surveiller ce gars. » affirmai-je à voix basse, « Mais j’ignorais que cela allait interférer… Dans tes affaires, quelles qu’elles soient. »

La pièce était silencieuse, et je sentais les regards se poser sur nous, comme si tout le monde avait été calmé par la simple aura du puissant guerrier. Je ne pus m’empêcher de me maudire mentalement ; dans quel pétrin m’étais-je encore fourrée ? Je savais très bien que ce que je faisais ne serait pas considéré comme honorable pour beaucoup, mais c’était plus fort que moi. J’essayais d’imaginer ce que penserait ma mère si elle me voyait, ou même Timoléon. Ils auraient honte, ils m’auraient tiré les oreilles, c’est certain. Je ne sentais pourtant aucune culpabilité monter, car j’essayais simplement de survivre en ces mondes hostiles. J’avais eu la jugeote de fuir face au dragon, dans le cas contraire je ne serais plus là. Il fallait que je m’en tirasse, cela n’allait pas se finir comme ça, non plus. Aussi devais-je prendre soin à ne pas énerver le paragoï, déjà qu’il n’avait pas l’air très commode, et était sans doute à bout de patience. J’ignorais ce qu’il cherchait, ce qu’il voulait. J’étais curieuse, mais je devinais que ce n’était pas le bon moment pour l’interroger. J’étais sur des charbons ardents, réfléchissant à toute vitesse. J’ignorais si cela allait adoucir le comportement du paragoï à mon égard, mais jouer la carte de l’ignorance était sans doute mon meilleur atout.

« Si j’avais su, crois bien que je n’aurais pas accepté. » fis-je en baissant les yeux malgré moi.

Allait-il être déçu de mon comportement ? Me prendre pour une lâche ? M’en souciais-je seulement ? Ma dignité était bien moins importante que ma vie en cet instant. Je voulais finir la journée, en un seul morceau, et sans nouvel ennemi mortel de préférence. Pour le moment, je n'en menais pas large.
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C’était ce à quoi il s’était attendu. Pas ce qu’il aurait souhaité, mais ce à quoi il s’était attendu. Il avait parlé à la jeune femme, lors de son arrivée sur ce monde, ou peu après. Le détail chronologique était secondaire ; ce qui comptait était simple : il lui avait indiqué le chemin à suivre. La façon de procéder. Il avait employé des termes simples et clairs. Il avait exprimé son désaveu de pratiques déshonorantes. Et s’il comprenait qu’il n’avait eu ni à ce moment, ni à présent une roturière que la basse extraction forçait à l’obéissance, il avait tout de même pensé avoir été entendu. Il avait après tout consacré de son temps infiniment précieux à dispenser sa sagesse et son expérience, et avait supporté d’aborder un sujet qui l’irritait toujours. Mais en la voyant ici, avant même qu’elle n’ouvre la bouche, il avait compris. On ne se tenait pas comme elle, le front honteux et la lèvre tremblante quand l’honneur était sauf, quand le confort offert par les actes justes n’était entaché d’aucun écart. En vérité, il n’avait posé la question que pour obtenir confirmation.

Au moins ne lui avait-elle pas menti. Il sentit un peu de la tension qui tendait son bras se défaire, et il hocha lentement de la tête, ses lèvres pincées semblant presque disparaître dans sa bouche, figées en un trait maigre de désapprobation.

Il ne savait pas si c’était là sa nature première qui s’exprimait, ou si Portalia avait eu sur elle l’effet avilissant qu’il avait trop souvent constaté. Ce n’était pas, comme souvent, spécialement important. Nombre des choses qui le perturbaient ici, qui gâtaient son humeur et souillaient chaque jour de leurs petites attention mesquines son âme relevaient du domaine du secondaire. Du bourdonnement de mouche. De l’odeur de fosse mal lavée. Il pouvait l’ignorer, quand cela ne s’accumulait pas trop, quand la Cité ne faisait pas trop d’efforts pour déverser à ses pieds le contenu putride de ses entrailles. Hélas, elle faisait preuve à cet endroit, et à cet endroit seulement, d’un zèle fanatique.

Il se força à balayer cette idée mille fois ressassée d’un revers mental de la main, et se concentra sur la situation présente. L’ironie de la situation ne lui échappait pas : malgré son irritation, Loreley lui offrait une opportunité marquée. Si elle avait été engagée pour surveiller quelqu’un, il pouvait l’interroger. Tirer d’elle quelque chose d’utile. L’expérience serait comme souvent désagréable, mais il endurerait. Avant cela, cependant, il devait parer à l’essentiel. Le but premier de sa venue primait pour une raison simple : il connaissait Loreley. Il pouvait la retrouver, facilement en vérité. L’homme qu’il était venu chercher, en revanche, pouvait encore lui filer entre les doigts. Il se força à détendre un peu sa posture. A relâcher ses épaules, à dissiper un peu de la tension qui courbait les doigts de sa main libre. A respirer doucement, profondément. Sans faire de bruit. On lui avait souvent dit que le bruit de sa respiration n’était pas de nature à rassurer ses pairs. Il n’avait jamais compris pourquoi. Apparemment, son armure résonnait étrangement, et laissait s’échapper un bruit de saurien. C’était imagé, mais il trouvait la comparaison peu flatteuse. La langue frappa contre l’arrière de ses dents, et il reprit la parole, après quelques secondes d’un silence solennel :

« Soit. Sois rassurée, je n’en prends pas ombrage. Je comprends que naviguer le marasme qui sert de trame à cette Cité puisse se révéler difficile, surtout quand on a disposé de si peu de temps pour l’appréhender. »

Il marqua une pause supplémentaire, plus courte, pour s’assurer que la démonstration de sa mansuétude soit intégrée et produise les effets escomptés. En temps normal, il se serait contenté de traiter Loreley comme il traitait Janksen. Mais il la connaissait, et ne la pensait pas souillée par le déshonneur. Pas de façon irrémédiable en tout cas, et au-delà de ça, il la savait innocente des crimes qui avaient justifié la mort de la majeure partie de la vermine qui avait croisé son chemin ces derniers mois. Somme toute, la situation faisait partie de ces rares moments qui l’autorisaient à se faire doux et conciliant :

« Ce cafard, fit-il en désignant son captif d’un geste rapide de la main, est membre d’un groupe de crapules impliqués dans de nombreuses affaires sordides. Le vol, le meurtre, l’enlèvement et le viol son pour eux des événements quotidiens. Ils m’ont offensé. Ils vont mourir. Désigne-moi celui que tu devais surveiller. »

Il hésita un instant, avant de conclure en inclinant légèrement la tête :

« Je t’en serais gré. »

Il doutait qu’elle refusât. Il avait clairement exprimé les deux chemins qui s’offraient à elle, et si le second n’avait pas été évoqué à l’oral, son absence dans la conversation ne faisait que souligner la place fatidique qu'il occupait, et l'importance tout aussi capitale d'éviter de s'y engager. Hypanatoi, en tout cas, ne le souhaitait pas.
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Quelque chose clochait dans cette situation. Ainsi donc Hypanatoi avait des ennemis ici ? Évidemment, on en avait tous. Toujours était-il que mon honneur venait de prendre cher face à ce fier guerrier aux causes justes. Il semblait conciliant, plus conciliant que ce à quoi je m’étais attendue au vu de ma faute. Il mettait cela sur le compte de Portalia, et mon arrivée encore fraiche en ce monde. Je doutais qu’il aurait été aussi aimable si je ne réunissais pas ces facteurs. Pourtant, c’était ainsi que j’avais toujours été, tentée par l’appât du gain. En l’occurrence, cela aurait pu m’attirer de graves ennuis. Quelque part, j’avais eu de la chance d’être tombée sur quelqu’un que je connaissais, à l’image d’Hypanatoi, et personne d’autre. Cette erreur aurait pu être fatale, je le retenais. Non que je comptasse résister à l’appel de l’argent, mais j’apprendrai de cette erreur pour mieux me renseigner sur les clients qui me proposaient des offres alléchantes. Il était effectivement hors de question de me mettre dans une telle situation de danger à nouveau ; la corruption avait ses limites.

« Je l’ignorais. » répétai-je, la mine sombre.

Alors que j’écoutais Hypanatoi parler de ses ennemis, je me retins de frémir. Je n’aimerais pour rien au monde devenir un jour sa cible d’une quelconque manière. C’était sans doute le genre de personne revancharde, à traquer ceux qui l’ont offensé. Le paragoï n’était pas de ceux qu’il fallait que je me misse à dos. Au moins, dire la vérité du premier coup semblait faire son effet. Il aurait été effectivement bien trop dangereux d’essayer de le berner, j’en étais bien consciente. Il parlait de meurtre, de viol. Il semblait en savoir bien plus que ce qu’il affirmait. Je ne pouvais m’empêcher de me demander si ces gens s’en étaient pris à l’un de ses amis pour se prendre son courroux en retour. Enfin, cela ne me regardait guère. Je n’agissais pour le moment que pour mes propres intérêts, ma dignité étant encore une fois bien moins importante que ma vie en l’instant. Je n’en menais pas large face à Hypanatoi, et au moins avais-je l’intelligence de ne pas faire ma maligne face à lui. Oui, autant tout lui dire pour lui faciliter la tâche. Peut-être oubliera-t-il mon égarement si je le conduisais directement à ses ennemis.

« Une femme du nom de Georja m’a demandé de surveiller ce Janksen contre une grosse somme d’argent, bien que j'ignore s'il s'agit de son vrai nom. » affirmai-je, « C’est tout ce qu’elle m’a dit ; je n’en savais pas plus sur leurs affaires. Je dois la retrouver ce soir dans une taverne du quartier Nord pour lui faire mon rapport. »

Je savais d’avance que je pouvais dire adieu à ma somme. De l’autre côté, si le paragoï disait vrai… Il me restait tout de même encore de l’honneur et une trace d’humanité au-delà de l’argent. Et je ne pouvais cautionner de travailler avec des criminels de la pire espèce. Dans quelle situation m’étais-je encore fourrée ? Je devinais sans mal la suite ; Hypanatoi allait vraisemblablement me demander de le conduire à Georja. Cette dernière savait-elle qu’elle avait face à elle un ennemi aussi fort, aussi dangereux ? Si tel était le cas, pourquoi m’aurait-elle payée pour cette mission si elle savait que j’allais être envoyée au casse-pipe ? Voulait-elle effacer les traces en se débarassant de Janksen et moi ? Cela me chiffonnait. Mais je savais que j’aurais dû me montrer plus prudente dans toute cette histoire. Au moins, je ne me dérogeais pas à ma responsabilité dans tout ceci. Redressant la tête et bombant légèrement le torse, je regardais tout de même Hypanatoi dans les yeux. Après tout, j'étais peut-être piètre, mais je restais une guerrière.
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