Fly Away ~ PV Gryphon (Terminé)

Oh il se sentait particulièrement chanceux oui. Chanceux d'être né avec des ailes. Chanceux d'être fait pour s'élever en direction du ciel. Chanceux de pouvoir avoir l'impression d'aller toucher les nuages, même s'il n'avait jamais réellement su aller aussi haut. Mais ça n'avait pas d'importance pour lui non. Il pouvait prendre de l'altitude, sentir le vent glisser dans ses plumes, voir le monde depuis les hauteurs malgré sa petite taille, et c'était bien tout ce qui l'importait, en vérité.
Le Moineau prenait donc souvent le temps, le matin, pour profiter des airs, du monde qui se réveillait au rythme du soleil. Il prenait le temps pour écouter la nature, pour écouter les autres oiseaux commencer à chanter en l'honneur de l'astre du jour. Et puis aussi pour voir la ville alors qu'elle ne commence qu'à peine à sortir de sa torpeur. C'était aussi un de ces petits plaisirs, ça. Voir la vie reprendre son cours au milieu des rues, des marchés matinaux... ça lui connait l'impression de vivre un moment en dehors du temps.

Piou profitait de la vie. Et avec son passage par le portail, il avait l'impression de pouvoir profiter bien plus encore qu'il ne l'avait fait auparavant, sans s'inquiéter de ce que pourrait être le lendemain. Il ne manquait de rien. Ni d'eau, ni de nourriture. Il avait un abris où passer ses nuits en toute sécurité, et c'était fait des amis qui lui étaient devenue chère à son cœur.
Et puis il y avait eut ce don que l'Ordre lui avait offert. Le pouvoir de faire pleuvoir ou de faire souffler le vent. Pouvoir qui lui donnait encore plus l'impression que le ciel était devenue son domaine. Et qui lui faisait croire que plus tard, il pourrait peut-être avoir la main mise -ou plutôt l'aile mise- sur la météo dans sa globalité. Que peut-être plus tard, ce serait sur les vrais nuages, la vrai pluie, et le vrai vent qu'il aurait tout pouvoir. Que peut-être plus tard, il serait celui qui permettrait de garantir le beau temps pour les fêtes, de garantir la bonne quantité d'eau pour les cultures. Voir à souffler les intrus qui souhaiteraient faire du mal aux populations civils qui tentaient de vivre dans cet étrange monde.

Et pour ce Don, Piou était plus que reconnaissant envers l'Ordre.

La seule véritable conséquence de tout ça, c'était son appétit qui avait augmenté. Chose que le Moineau n'avait pas spécialement capté. Mais probablement que les gens qui le connaissaient c'étaient bien rendu compte qu'il mangeait deux fois plus qu'un autre membre de son espèce. Il faut dire que l'utilisation de son essence était énergivore. Couplé au fait que le vol était une caractéristique tout aussi énergivore.... Mais bon. Le Moineau était loin de s'en plaindre, et malgré tout, ça ne faisait pas non plus de lui un ogre.
Enfin. Ce jour là donc, il avait prit les airs comme chaque jours. Pour profiter du vent matinal, pour profiter de ce moment hors du temps. Pour s'amuser à voir parfois, d'autres créatures ailés qui profitaient de cet instant. Puis, lorsque la matinée fut bien entamé, il finit par revenir aux niveaux de la campagne. Il savait qu'il avait encore du temps devant lui, avant de rentrer vers Midi pour embêter Mary lors de son repas.

Alors prit dans son élan, dans sa motivation du jour, le Moineau prit la décision de s'entrainer un peu avec son pouvoir. La pluie, il savait faire. Il la faisait tomber pour les plantes de Mary d'ailleurs, parfois pour d'autres agriculteurs s'il le fallait. A la limite de son stock d'essence. Mais le vent lui.... Il restait compliqué pour le volatile. Il n'arrivait pas à bien gérer son intensité. Ni même à se rendre compte de ses limites. Et il savait que c'était en soit, un problème. Alors il voulait continuer de s'entrainer. Le seul soucis qu'il ne prit pas en compte, c'est que s'il s'épuisait trop, il n'y avait personne pour l'aider.
Piou prit donc de l'altitude. Se disant qu'en étant en haut, il n'embêterait personne. Il tenta de souffler une première bourrasque face à lui. Un peu trop puissante à son gout d'ailleurs. Mais soit. Alors il retenta pour descendre la puissance mais laissa échapper qu'une toute petite brise.
Bien loin de se découragé, le volatile continua sur sa lancé, créant d'autre courant d'air en tentant d'en contrôler la force. Et ce.... Jusqu'à ce qu'un vent naturel ne vienne le secouer un peu.

Trop concentré sur son entrainement qu'il venait de s'imposer, le Moineau perdit un instant sa portance avant de se récupérer, venant se poser sur les branches d'un arbre. Un peu essoufflé, il tâcha de se reprendre alors qu'il laissait son regard observer le ciel....

- .......... Mais..... Mais oui, peut-être que je peux accélérer mon vol avec mon propre vent ???

Dans sa tête, c'était une bonne idée. Une très bonne idée même. Oubliant un instant que sa maitrise de la puissance de l'élément était encore loin d'être ça. Ce fut donc à ce moment précis, après avoir déjà prit une décision pas particulièrement raisonnable, qu'il en prit une autre qui l'était encore moins....Alors, après avoir récupéré son souffle et s'être reposé un peu, il quitta son perchoir pour reprendre de l'altitude, sans vraiment vérifier ce qu'il y avait autour de lui. Puis, lorsqu'il se senti prêt, il regarda derrière lui pour venir créer une bourrasque qui se voulait "correcte" pour tenter d'accélérer son vol.

Sauf que.... La puissance qu'il y mit était bien supérieur à ce qu'il avait prévue, venant se mélanger à une bourrasque qui n'était clairement pas de son fait. Et n'étant pas prêt pour une bourrasque de cet acabit, il se fit clairement soufflé. Piou laissa échapper un Piaillement de surprise alors qu'il valdinguait il ne savait où. Situation qui eut tôt fait de couper la bourrasque qu'il avait envoyé évidement... Mais alors qu'il tentait de récupérer son équilibre et stabiliser son vol.... Son petit corps vint percuter quelque chose d'autres. "Chose" qu'il finit par rapidement identifier comme étant un être vivant...

- Oh.... AH ! DESOLE ! C'ETAIT PAS VOULUT ! - S'il avait commencé à paniquer sur le coup, à l'idée d'avoir embêté quelqu'un malgré les précautions qu'il avait tenté de prendre, il parvint à se calmer rapidement - Je t'ai pas fait mal quand même ???

Dernière édition par Piou le Jeu 5 Sep - 14:17, édité 1 fois

Le vieil homme voguait sur les chemins des Alentours. Il se rendait bien souvent en ces régions éloignées du faste urbaines de Portalia. C’était un endroit où il pouvait embrasser sa forme originale, celle d’une créature hybride que l’on appelait griffon.
Sous cette forme, le massif vétéran prenait bien de la place, et la majorité des infrastructures portaliennes se retrouvait bien souvent trop petite pour son gabarit.
Il profitait de ces courtes escapades pour se faire plaisir. Il se baignait dans les lacs, car là où sa peau humaine était devenue frileuse, ses épaisses plumes lui permettaient de conserver sa chaleur. Sa forme de griffon avait cependant quelques inconvénients, d’abord, le nombre dos et de muscle plus important sous cette forme rappelait au vieil homme qu’il avait de nombreux rhumatismes après ces années de retraite.
De plus, cette forme n’était vraiment pas pratique pour dormir, même à l’extérieur. Ce fut après un long bâillement que Gryphon reprit sa forme humanoïde de semi-géant. Le changeforme fit tourner les muscles pour vérifier que tout était en place avant de reprendre la marche.  
Il comptait alors reprendre le chemin de sa maison. Faire une sieste, râler sur cette jeunesse qui se relâche, faire des mots croisés, puis soulever une demi-tonnes de fonte pour garder la forme… ce genre de chose que font les pluri-centenaires à la retraite.  

C’est alors qu’il ressentit comme un picotement dans son dos. Quelque chose l’avait percuté à grande vitesse. Quelque chose de petit, mais de suffisamment rapide pour échapper à la vigilance du vétéran. Ça, où alors son sens du danger avait rendu l’âme avant lui. C’était une possibilité qu’on ne pouvait guère écarter.

Une petite voix se fit alors entendre. Le vieil homme regarda autour de lui. Sa première pensée était qu’il avait affaire à un enfant ayant mal jaugé son lancer de caillou. Chose qui arrive plus souvent qu’on ne le pense.
Mais rien du tout. Un spectre ? Se questionna le vétéran. Mais il aperçut un petit moineau parler lorsque ce dernier s’enquit de son état.

« Oh, oh, oh, oh… » Rit le vieil homme.

Il comprit qu’il s’agissait probablement d’un de ces animaux conscients. Et une petite bête bien aimable.  

« Ne t’en fais pas, p’tit. Il en faudra bien plus pour m’envoyer dans l’cercueil. »

Bon, après, un autre petit vieux aurait sans doute canner vu la vitesse de l’oiseau, pensa Gryphon.

« Mais toi, mon p’tio, ça va ? J’t’ai pas entendu arriver, tu as dû faire une sacrée descente pour t’prendre mon dos. »

Le vieil homme contempla le ciel. Bleu et vaste, comme un océan infini. Le domaine âprement disputé des griffons et des dragons en Gandéron.  Ici, à Portalia, c’était plutôt une route comme une autre pour de nombreux aventuriers.
Quoiqu’il en soit, le vieil homme se prit d’une envie singulière de conversation. Ce petit être amical semblait être un bon partenaire de papote. Il enfonça la main dans sa besace (car il est toujours bon de sortir avec une besace), pour en jaillir un cookie.

« Tient, prend ça. » ne sachant si la créature picorait comme ces semblables ou s’il usait d’autre manière pour manger, il se contenta d’attendre, le cookie dans la main, en direction de l’étrange individu.

C'est donc après avoir posé la question et reprit ses esprits qu'il se rendit compte à qui il avait à faire. Il avait face à lui, ce qui semblait être un vieil homme de grande taille. Très grande taille d'ailleurs. Le petit Moineau fut d'abord impressionné par l'inconnu avant d'oublier rapidement tout ça lorsque celui-ci le questionna sur son propre état. Est-ce qu'il allait bien ?
Piou se remit rapidement sur ses petites pattes et vérifia chacune de ses articulations. Bon, il avait un peu de douleur dans les ailes mais ça... Ce n'était rien de bien grave, il connaissait, il avait probablement trop tiré sur ses muscles. Mais ça passerait. Le plus important là tout de suite, c'était qu'il était conscient et capable de réagir. Alors tout allait bien non ?

- Je vais bien, je vais bien ! J'ai déjà connu pire dans mon monde. Je me suis prit une vitre une fois, j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillé, j'étais dans un carton. Heureusement, les gens m'ont relâché quand j'allais mieux. Mais bon, du coup je suis ici, je parle, je bouge, j'ai rien de cassé, je ne suis pas dans un carton, alors tout va bien !

Et il lâcha un petit piaillement de contentement.

Ceci dit, c'était vrai qu'il avait fait une sacrée chute l'air de rien. Lui-même n'arrivait pas bien à comprendre comment il pouvait encore être entier. Enfin il fallait bien dire qu'il n'avait pas non plus bien comprit comment il avait put se relever après le vol plané à l'orphelinat.... D'ailleurs, si sur le coup il n'y avait pas vraiment réfléchit, mettant ça sur la chance, ça commençait quand même à faire bizarre qu'il ait put s'en sortir aussi bien une deuxième fois...

- Oui... J'étais haut. Enfin, haut... Les grands oiseaux volent plus haut que moi, mais j'étais quand même haut. J'ai voulu essayer un truc avec le vent mais ça a un peu mal tourné. Hm. Il va falloir que retente ça. Enfin. Je sais pas. J'ai de la chance d'être encore en un morceau. Mais c'est la deuxième fois que je vole comme ça, alors... Je suis peut-être plus solide qu'avant ?

Sur le coup, il eut des étoiles plein les yeux en se disant qu'il pourrait essayer d'autre truc, avant de secouer la tête. C'était peut-être pas une bonne idée finalement... Quoi qu'il en soit il pensait qu'il allait pouvoir accélérer ses mouvements s'il jouait  bien avec tout, oubliant un instant qu'à la base... Sa météo n'avait aucun effet sur lui. La situation actuelle avait au final été causé par cette rafale naturelle qu'il n'avait absolument pas anticipé....

Son regard brilla de mille feux lorsque l'étranger lui tendit un cookie en tout cas. Après tout ces exercices, c'était là un petit repas bien mérité. Sans attendre, il s'envole donc pour se poser sur la main du géant.

- Merci ! Il est super grand ton cookie ! Il y a le fermier avec qui je travail d'habitude qui en fait parfois. Mais ils sont plus petit. Enfin, ça reste toujours grand pour moi de toute façon. - Il piaille de rire et vient picorer un peu du coup, histoire de calmer son estomac qui c'était rappelé à lui, à la vision de la friandise - Au faites, moi c'est Piou ! Désolé de t'avoir percuter encore hein. J'essaie de pas déranger quand je m'entraine, mais c'est un peu compliqué des fois. j'ai du mal à bien doser les choses. Même si, je dose déjà mieux qu'avant. La dernière fois j'ai fait pleuvoir tellement fort que Mary était trempée jusqu'aux os ! Bon au moins, ça a retiré les fientes des autres oiseaux de ces cheveux. Il faudrait peut-être que je vois pour les empêcher de recommencer, parce que c'est un peu agaçant d'en avoir plein les pattes après..... - Il fut particulièrement pensif pendant quelques secondes, avant de regarder de nouveau son vis à vis - Enfin, ça va, comme je suis tout petit, et tout léger, j'imagine que ça doit pas être... enfin, peut-être à cause du bec remarque, mais j'imagine que je dois pas faire trop mal, si ?

Et il finit par pencher la tête sur le côté, en attendant la réponse....

Gryphon écouta tranquillement la petite histoire sur le monde d’origine du moineau. Les gens semblaient être plutôt civilisés. Même avec les animaux. Il avait bien de la chance. Gryphon venait d’un monde où la civilisation était à son balbutiement. Si la paix c’était installé entre les grands royaumes, ce n’était pas le cas avec les diverses tribus et pseudo-royaumes. A Gandéron, la petite bête aurait fini dans un estomac, pas dans un carton. Portalia était aussi comme ça, au début. Heureusement, ça avait évolué dans le bon sens.  

« Oh ? T’es donc né hors de Portalia ? Ton monde a l’air sympa. Tu t'y plaisais ? »

En apprenant que ce n’était pas la première fois qu’il avait tenté ce genre de chose, Gryphon réfléchit. Lorsqu’il volait lui-même, il comptait bien plus sur la force de ses ailes que le soutien du vent. Ce n’était pas toujours une bonne chose, mais il avait survécu jusque-là, donc il n’avait pas de raison de changer…

« Probablement qu’t’es plus solide, p’tit gars. Tu devrais retenter, quelques fois… J’te conseille d’être accompagné par contre, histoire de pas prendre des risques tous seul. Prends quelqu’un qui peut s’prendre tes coups de boule, en revanche. Ah, ah, ah, ah… »

S’entraîner. Échouer. Recommencer. Réussir. La dernière étape n’était pas toujours nécessaire, selon Gryphon. Le petit être s’interrogea alors de nouveau sur sa capacité de destruction.  

« Barwf… si je pouvais pas m’prendre un p’tit bonhomme comme toi, mes vieux copains se foutraient de moi, même d’puis la Grande Nécropole. »

Répondit Gryphon, avant de rire de nouveau. Ce coup-ci, cependant, il ressentit une légère douleur au dos. Foutue vieillesse.
Il concentra ses capacités de régénération sur son dos. Il alla rapidement mieux. Une aubaine qu'il ait ce genre de capacité. Il n'avait pas envie de finir avec le reste des vétérans, dans une vieille maison, attendant que son corps cesse de supporter le poids la vie. C'était pas son genre. Gryphon voulait être libre, et ça, jusqu'à la Grande Nécropole et même après !
Il se leva, et commença à faire quelque étirement. Il avait une soudaine envie de faire quelque kilomètre vol. Mais d’abord, il devait préparer sa vieille carcasse à prendre la forme d’un griffon.

« D’ailleurs, on m’appelle l’Gryphon. Comment que tu t’appelles p’tit ? »

Oh ? Son monde semblait sympa ? C'était vrai que le Moineau ne c'était jamais posé la question dans les faits. Il avait vécu dans un autre monde, il se souvenait de ce qu'il y avait put voir et faire. Mais dans les faits, ça s'arrêtait là. Il ne le connaissait pas aussi bien qu'il connaissait Portal. Et encore, il ne connaissait pas ce nouveau monde énormément pour autant. Alors à la question, de savoir si il s'y plaisait, il resta quelques peu silencieux. Un instant. Essayant de réfléchir, savoir s'il s'y plaisait vraiment....

- Hm. J'ai pas souvenir d'y avoir été malheureux. Mais c'est pas pareil qu'ici. Je le connais pas vraiment mon monde d'origine en faites. Quand j'y vivais, je ne cherchais pas vraiment à comprendre. Enfin, il y avait trois choses importantes à retenir sur ce que je découvrais. Savoir si c'était dangereux, si c'était amical, ou si c'était comestible. Rien de plus. Je me souviens m'être amusé avec mes semblables, j'y ai eut plusieurs familles aussi. Je me souviens avoir dut faire face aux prédateurs, chasser moi-même aussi pour nourrir mes nichés. Je me souviens de la petite ferme où je vivais, de ces bipèdes âgées qui semblaient faire attention à ce que l'on soit bien. De leur vieux chat aussi, des corneilles qui voulaient nos oeufs et nos petits, parfois même nous tout simplement. Les rapaces, les mésanges qui s'imposaient un peu trop. Je me souviens des champs où on pouvait trouver des graines et des insectes, de la rivière qui passait non loin. De ces monstres de fer qui parcouraient les champs aussi. Je crois qu'ils récoltaient comme ça... - Il pencha la tête, en essayant de se remémorer tout ça - Je crois que j'y étais bien. Mais c'est différent. Ici je crois que je réalise plus de chose. Comme si je voyais avec d'autres yeux. Comme si j'étais un autre moi ? Bon, j'arrive plus trop à parler avec les autres Moineaux, ils sont... Un peu bête. J'étais comme ça avant, j'imagine, mais c'est plus le cas. Mais c'est pas grave. Je peux parler avec plein de gens ! Et puis, si j'étais pas ici, je n'aurais jamais put rencontrer Mary. Ni Elizabeth. Ni Marguerite. Ni Hypanatoï non plus. Je ne pourrais pas non plus faire pleuvoir et faire souffler le vent, ni même aider les agriculteurs avec leurs champs. Ni même discuter avec toi non plus ! Même si bon, ça aurait quand même été mieux que je ne te fonce pas dessus.

En tout cas, une chose était sûre. C'est qu'il se plaisait bien dans sa nouvelle vie. Il avait même l'impression d'être plus heureux en découvrant plus de chose. En parvenant à comprendre différemment d'autrefois.

- Et toi ? Tu viens d'un autre monde aussi ?

En tout cas, même si celui en face de lui ressemblait à un "Humain", il n'avait pas souvenir d'en avoir déjà vue aussi grand.

Enfin. Il expliqua donc rapidement derrière ce qu'il essayait de faire avant de perdre le contrôle de son vol. Il écouta ensuite Gryphon qui lui conseillait donc de faire en sorte d'être accompagné au cas où. Et que ce soit quelqu'un qui peut supporter ses coups de boule. Le Moineau ne put s'empêcher de piailler de rire avec lui d'ailleurs, avant de réfléchir. Qui donc pouvait l'accompagner ?

- Je pourrais demander à Mary. Elle m'a déjà accompagné pour que je m'entraine a souffler le vent et à faire pleuvoir. On a dut se battre contre quelques bestioles pas contente qu'on soit là, dans le Bosquet d'ailleurs. Mais Mary elle vole pas. Mais elle sait faire pousser des plantes.

D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait. Peut-être qu'elle pourrait faire pousser de grande feuille pour voler ? Hm... Voila une chose qu'il devrait songer à lui proposer à l'occasion....

En tout cas, le Moineau retourna se poser sur une petite branche d'un buisson, qui était juste à côté d'eux pendant que Gryphon commençait à faire quelques exercices. Il avait donc acquiescé, rassuré sur le fait qu'il ne lui avait donc pas fait mal, puis piailla tout content.

- C'est un jolie nom, L'Gryphon ! Moi c'est Piou. C'est jolie aussi hein ? Normalement j'ai pas de nom, enfin, chez les Moineaux on se donne pas de nom. Mais c'est quand même plus simple d'avoir un nom, si jamais quelqu'un veut nous interpeller. Parce que bon, des Moineaux, y'en a un tas. Bon, je suis pas comme tout les Moineaux, mais si je parle pas, je ressemble, alors c'est mieux de pouvoir dire "Hé ! Piou !" histoire de voir si c'est bien moi quand même. Ce serait bête de parler à un Moineau qui comprendrait même pas ce qu'on lui dit....

Et il parut particulièrement pensif, alors qu'il se frottait le bec avec l'une de ses ailes....

Le vieillard écouta la jeune créature parler de son monde, de ses ennemis, de sa philosophie simple et pourtant si suffisante, puis sur sa soudaine prise de conscience en arrivant à Portalia. L’Ordre avait eu le plaisir d’offrir cela aux créatures qui en était dénué. Gryphon se demandait encore aujourd’hui s’il s’agissait d’un don ou d’une malédiction.  
La petite bête demanda alors à en savoir plus sur l’origine du vétéran.

« J’viens d’un monde un peu primitif. Bien plus que celui-ci. Pas l’genre à avoir la paix, même dans un coin calme comme s’lui-ci. Là-bas, les démons gagnaient la guerre, ici, j’ai un peu plus d’espoir. »

Informa Gryphon. Gandéron. Avant d’arriver à Portalia, la Guerre de l’Éclipse était ses heures les plus sombres. Les légions elfes étaient en déroute, les armées naines était éparpiller dans les souterrains, et les humains n’arrivaient pas à lever la moindre force militaire nécessaire pour affronter les Cohortes de la Fin.
Gryphon avait cherché à en apprendre plus, il avait même rencontré des personnes originaires de son monde, ici, sur Portalia. Ils l’informèrent que la guerre, cela c’était fini en faveur des mortels. Les démons avaient été repoussés, pour cette fois.

Pour la personne qui aiderait le moineau, un nom fut donné : Mary. Une femme qui semblait commandée à la flore. Elle semblait être une personne de confiance.

« Hum… si c’te Mary est une druide comme j’les connais, elle pourrait ptet faire une zone remplit de mousse. Ou une autre forme de plante qui peut retenir ta chute. »

La petite bête finie alors par se présenter : Piou. Un nom simple. Mais adorable.

« Toi aussi on t’as donné un nom ici ? Eh beh, j’espère qu’ta pu le choisir. Piou, tu dis ? Ouais, c’t’un joli nom. J’suis d’accord, c’est plutôt pratique les noms. Enfin, après, faut aimer les noms. Parce que j’en connais un qui s’faisait appeler Xaksfjaska. Pas des plus pratiques en situation critique. »

Répondit Gryphon, avec un petit rire. Il réfléchit alors un temps, avant de continuer.

« T’sais, si tu veux, je pourrais t’accompagner dans ton vol. Laisse-moi une petite seconde. »

L’humain se changea alors. Son corps se brisa sans causer la moindre douleur à Gryphon. La magie sauvage qui coulait dans ses veines le protégeait. La partie inférieure de son corps prit la forme d’un tigre, tandis que la supérieure devient celle d’un hibou.
Gryphon avait pris sa forme originelle, pas celle qu’on lui avait offert pour communiqué avec les nains et les elfes.

« Je n’ai pas vraiment la même morphologie que toi, jeune Piou, mais j’aimerais t’aider si tu l’acceptes ». Proposa le vieil homme à l'apparence chimérique.

Le vieil homme réfléchit sérieusement. C’est vrai que dans son monde, les griffons ne s’appelaient pas vraiment. Ils ne vivaient pas vraiment dans des communautés assez grandes pour avoir besoin de se donner des noms personnels. Les éphémères avaient donné des noms à la plupart de ceux qui, comme Gryphon, s’étaient battus à leur côté.
Celui que les éphémères lui avaient assigné ne lui avait jamais convenu, au point qu’aujourd’hui, il l’avait oublié.

« On utilisait des formules impersonnelles, comme ‘‘toi là’’, ‘‘mon ami’’, ce genre de chose. »

Les griffons étaient une espèce avec une construction sociale particulière. Ils restaient en solitaire ou en couple, et ne se réunissaient en clan, uniquement aux solstices.
Enfin, c’était avant la guerre. Durant cette dernière, les habitudes culturelles des griffons avaient été chamboulées par l’arrivée massive des démons et un interventionnisme presque total chez les éphémères de la part des espèces gardiennes…  

C’est son arrivé à Portalia et sa quasi-intégration chez ces différentes espèces qui avait forcé le vétéran à faire des concessions : prendre un nom par exemple, mais aussi ne pas décapiter le moindre individu qui se qualifiait de démon…

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Le moineau semblait impressionné par la métamorphose du Gryphon. Par chance, Piou n’avait pas fui, le vieil homme aurait été bien embêté (bien qu’un peu amuser) de faire peur à cette petite créature. Elle semblait notamment surprise par la taille du vieil homme. La petite bête s’installa alors sur la tête de hiboux du griffon.

« J’suis persuadé qu’un jour, tu m’dépasseras en taille ! »

Assura Gryphon sans y croire réellement une seconde. Enfin, si, un doute apparu en se rappelant où ils se trouvaient : à Portalia. Il y avait une chance que Piou grandisse jusqu’à ce qu’il dépasse Gryphon.

« J’peux tenter d’aller au-dessus des nuages si t’veux p’tit gars ! »  

Proposa Gryphon, tout en agissant sans attendre la réponse.

« Il y a toujours un arbre plus grand, jeune Piou. »

Tenta de rassurer Gryphon.
On retrouve toujours quelque chose de plus grand que soit, ou que les autres. Que ce soit littéralement ou même métaphoriquement.
Cette terre, cet univers, il est large. Grand, bien trop vaste pour qu’une vie, même une vie immortelle, puisse tout découvrir.

Les lois de ce monde étaient aussi des obstacles infranchissables, le temps notamment. Impossible pour un être de rencontrer les civilisations antérieures. De voir les champions d’une époque révolue. De se mesurer à eux.

À Portalia, Rex est une légende. Un modèle que suivent les jeunes générations d’aventuriers. Mais cette légende avait aussi des figures à suivre, des personnes disparus depuis longtemps. Des gens qui l’ont poussé à viser plus hauts, des gens glorifiés ou honnis par les années.

Gryphon aurait aimé être de ces gens-là. Il aimerait toujours en faire partie. Mais il avait fait son temps, et il avait laissé un héritage qu’il considérait comme suffisant sur cette terre : ses enfants.

En pensant à cela, il eut une image de Lili. Le corps sans vie de la jeune fille lui revint en mémoire et une grande colère gronda en lui. Une colère qui, mêlé à la tristesse, se mua en haine viscérale…

Il avait encore quelque chose à accomplir ici. Un dernier coup d’éclat avant de pouvoir quitter ce monde sans regret.

Mais ces questions devraient attendre. L’adorable créature qui lui servait désormais de compagnon de vol accapara à nouveau ses réflexions.

« Je pense qu’ils nous voient de la même manière ! Comme de petits insectes loin dans le ciel ! »

S’amusa à rétorquer le vieil homme.

Ayant fini son ascension depuis déjà quelques minutes, le vétéran décida de prendre l’initiative.

« Bon, on est assez haut. Vas-y, tente d’utiliser t’pouvoirs pour t’envoler ! T’en fait pas, j’te rattrape si tu tombes. »

Assura Gryphon… avant de se retourner, le dos vers le sol.

« Hum… » réfléchit Gryphon. Apparemment, son analogie n’a guère été comprise par la petite créature.
Le vieil homme ne savait pas s’il devait continuer dans le premier degré ou expliquer son point de vue.
Après un temps de réflexion, il finit par prendre sa décision.

« Eh bien, Portalia, étant l’frontière entre différents mondes, certains mondes, peuvent avoir de grands’arbres. Il suffit d’avoir un nouveau monde avec un plus grand arbre… j’crois… »

Gryphon n’était pas vraiment sûr de ses propos.

« Euh… ouais, une bactérie… »  
Bon, faut être honnête, malgré son expérience, Gryphon n’a JAMAIS été intéressé par la science ou ces domaines scientifiques. Il avait entendu parler des bactéries, mais ne savait que peu de chose à leur propos, à part qu’il ne pouvait pas les voir…

Le petit oiseau alla se percher sur les serres du vieux griffon. Le vétéran attendait alors le vent puissant de son petit compagnon.

Au début, il ne ressentit que des changements mineurs, presque naturels. Mais cela augmentait peu à peu…

Jusqu’à ce que Piou s’écriât sur une… information, qu’il découvrait à l’instant : son incapacité a utilisé les dons de l’Ordre sur sa propre personne.  

« Comment ? »

Piou serait donc incapable d’utiliser sa magie sur lui-même ? Étrange, il n’avait pas réussi à augmenter sa vitesse précédemment ? Ce n'était pas ainsi qu'il avait cogné Gryphon ?

« Ptet’être que l’essence n’fonctionne que si tu n’t’rends pas compte que t’vas l’subir ? » proposa Gryphon.

Cela rendait probablement le pouvoir particulièrement dangereux, de fait, car si Piou ne devait pas contrôler son pouvoir pour l’utiliser ainsi, il allait se mettre en danger. Lui, ainsi que ses compagnons.

« Exactement. Le vieux Earl doit avoir raison. »

Le vieux Gryphon ne savait pas qui était son compère dans l’âge, mais il remerciait Crigneros, le Dieu-Cerf, pour cela.

« En effet, si tu possèdes ce genre de pouvoir, il vaut mieux compter sur une bonne protection. Ton pouvoir m’a l’air terrible à haut rang. »

Probablement un des pouvoirs les plus destructeurs qu’il connaissait, s’il était exploité à son maximum. Piou deviendrait une petite bombe climatique ! Néanmoins, il pensait aussi à son utilité sur un champ de bataille. La défense d’une colline boueuse, alors que le vent et la pluie étaient de face à l’adversaire. Si cela ne faisait pas gagner la bataille, elle offrirait un avantage absolu. Mais il fallait aussi penser aux utilités civiles d’un tel contrôle météorologique.

« En plus de cela, avec un tel contrôle de la météo, tu seras particulièrement convoité. Tant par les armées de l’Guilde, d’l’Église, et même les agriculteurs ! Plus de mauvaise saison des pluies, ou de canicule sur les champs avec ton pouvoir. Ça permettrait probablement de réduire considérablement les risques de famine. »

Il avait plein de choix qui s’offrait au jeune Piou. Gryphon était intrigué par la méthode qu’utilisera le jeune Piou pour se forger un futur.

Puis vient sa demande. Il sous-entendait probablement qu’il voulait tester sa théorie sur lui.
Ouais, non, pas chaud. Les risques étaient élevés, un peu trop de vent, et c’était la chute et la blessure. Il avait suffisamment de problème avec ses rhumatismes et… non… pas ces yeux-là. On dirait les yeux des petits-petits-enfants de Gryphon lorsqu’ils demandent des cookies.

« Hum… Bon d’accord. »

Céda le vieil homme devant le regard innocent et plein d’espoir de Piou. Il n’arrivait pas à lutter contre ce regard plein d’étoiles. Par les huit éléments, heureusement que Luna, sa femme, en était capable, sinon, ce serait le règne des gosses à la maison.
Il se remit alors dans le bon sens. Les pattes vers le sol. Le vétéran activa son sort de Murailles de Bronze.  
Il ressentit son essence le recouvrir et lui servir d’armure, cela le protégerait bien plus en cas d’accident.

Le vent était calme. Une légère brise dans un premier temps qui se renforça peu à peu. Le vétéran commençait à prendre de la vitesse.
Pour mieux prendre le vent, le vieil homme commença à se mettre en position pour planer plutôt que voler.

Le vent s’intensifiait. Gryphon ressentait qu’il atteignait une vitesse qui se rapprochait de sa vitesse de croisière. Enfin, sa vitesse de croisière actuelle. Il y a mille ans, il aurait totalement pu aller deux à trois fois plus vite.  
Gryphon se décida de faire confiance au vent du jeune oiseau et commença à se laisser guider.

Le vent était fort. Gryphon réussissait à conserver un certain contrôle, mais… merde, un vent de face.

Le choc entre le Gryphon et la résistance de l’air fut impressionnant. Bien que sa tête de pioche soit la première à être touché, ce vieux hibou parvient à ne pas être assommé. Cependant, la collision et la perte rapide de vitesse qui en résultat provoqua des turbulences et une chute rapide de 20 m de haut avec une vitesse un peu trop importante pour le vieux cœur du vieux griffon.

Heureusement qu’ils s’étaient rendus si haut, dans le cas contraire, il aurait pu s’écraser sur les sommets d’un grand arbre.  

« Eh, gamin, ça va ? Rien de cassé ? »

Demanda le vieil homme. On pouvait ressentir une certaine panique, bien que particulièrement maîtriser, dans sa voix.
Après s’être assuré que le petit oiseau n’avait pas subi le moindre problème, et après un long soupire, le vieil homme décida que c’était assez. Il n’avait pas vraiment peur pour lui, mais les risques que subissait Piou était bien trop grands, aux yeux de papy, quelque peu, gâteux.

Se dirigeant vers le sol, le grand Gryphon se posa bien rapidement. Avant de reprendre doucement forme humaine. Ses vêtements, bénis par de vieilles runes, étaient magiquement présents après sa transformation.  

« Dis-moi, ptit’Piou, ça te dirait d’aller boire un verre ? J’ai bien envie d’passer par le Rex avant d’rentrer à l’maison ! Tient, s’tu veux, j’te propose même le r’pas de s’soir ! T’manges des graines ? On doit en avoir plein chez moi ! »

Melicia, une des petites-filles de Gryphon adorait les oiseaux. Elle avait elle même plusieurs faucons de compagnie. Probablement allait-elle être ravis de conversé avec un représenant de son espèce favorite, elle serait même prête a offrir pas mal de graine à cet invité prestigieux !

« T'en fait pas, on va pas t'bouffer, enfin, pas moi en tout cas ! Ah, ah, ah... »