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Morrigan
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"Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois."






&
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Contrairement au reste du monde qui se pressait dans les rues de la capitale, le quartier administratif était immuable. Le temps semblait s’écouler différemment, fatalement influencé par le rythme lent et lancinant de ses agents. C’était vrai pour la plupart des départements, qui ne brillaient pas pas leur efficacité. Suzy, la petite pile électrique et babillante qui s’occupait de la gestion des missions et des archives administratives, échappait pourtant à la règle. Elle maîtrisait un art subtil et occulte aux yeux de Morrigan : celui de pouvoir converser et d’obtenir la coopération de n’importe qui. Même l’indécrottable râleur qu’il était avait fini par céder à sa sympathie, en acceptant de l’aider dans des tâches qu’ils jugeaient indignes de lui-même. Mais Suzy n’utilisait pas toujours ses compétences à bon escient, plus curieuse et enthousiasme encore qu’un nouveau né, les ragots étaient une source d’intérêt inépuisable pour la jeune femme.

Aujourd’hui, elle devait justement en vérifier un fait particulièrement croustillant. Profitant du peu de monde qui venait les consulter dans ces temps creux de début d’après-midi, la jeune femme apostropha le grand brun qui attendait patiemment quelqu’un sur le côté.

« Derek, pssssiiiit, viens voir ! » dit-elle en gloussant sur le ton de la connivence. « Tu attends Morri ? Je suis justement en train d’archiver son rapport pour sa mission d’passage de rang. Il t’en as parlé ? » demanda t-elle dans la foulée avec ses pupilles pétillantes de curiosité.

Elle ménageait le suspense en s’amusant à faire danser les feuilles du rapport entre ses doigts sans se défaire de son petit sourire malicieux. Sa bouche s’arrondit dans une petite moue chafouine en évoquant la suite.

« Les absents ont toujours tort, non  ? Ça lui apprendra à te faire poireauter comme ça ~ » dit-elle pour justifier ce qu’elle s’apprêtait à lui partager.

En réalité, Morrigan n’avait pas été avisé de la venue du grand brun, sans quoi il aurait écourté son sacro-saint planning. A cause de ce fichu avis de recherche, il était difficile de s’organiser sans attirer l’attention des mercenaires les plus zélés de la guilde et il n’était même pas sûr de pouvoir revoir sa moitié de sitôt.

« Aloooors. » dit-elle en prenant une grande inspiration, ravie de ses petites manigances. « Déjà, tu sauras qu’il a été convoqué pour la même mission que toi : du jardinage dans un parc à restaurer. La coïncidence est folle, tu trouves pas ? Oh et puis ça a été folklorique hein ! Le type sur place, Roger, nous a dit que c’était la première fois qu’un agent se pointait avec des bouquins pour faire du travail manuel. Tu imagines ? Il est venu avec sa pile de livres sous le bras, comme ça ! » lâcha t-elle en singeant le geste et en se laissant gagner par l’hilarité dans la foulée.

De peur d’oublier encore quelques anecdotes distrayantes, Suzy tempéra son rire le temps de relire quelques pages en diagonale avant de s’esclaffer de manière triomphante.

« Ah oui ! Roger nous a dit que c’était pas gagné parce qu’il n’a pas arrêté de se plaindre au début et qu’il ne savait même pas… Hmmphh… ce qu’était une brouette. » finit-elle par réussir à avouer en pouffant avant de se bidonner à nouveau.

Maintenant que l’essentiel était dit, le plan machiavélique de la jeune femme se serra comme un étau. Malgré ses faux airs innocents, Suzy n’avait pas perdu de vu son objectif : vérifier une information croustillante, l’air de rien.

« Mais tu sais ce qui est le plus drôle ? Et là, je suis là pour l’avoir vécu et le confirmer. Il est revenu complètement imbibé en faisant comme si de rien n’était. Roger l’a un peu retenu ce soir-là pour le remercier, rien de bien méchant, mais il fallait le voir ! Et la seule chose qu’il m’a demandé avant de partir, c’est ton adresse. » conclut-elle avec un petit sourire narquois.

Elle gomma rapidement son expression pour se racler la gorge et se lancer dans sa meilleure imitation de l’érudit.

« Tu ne peux pas comprendre, Suzy. Je dois le voir. J’ai besoin de le voir. » dit-elle d’une voix trop sérieuse en essayant de froncer les sourcils comme lui.

« Du coup, je me demandais depuis combien de temps vous sortiez ensemble ? » demanda t-elle à nouveau totalement dans son personnage d’une voix mélodieuse.

Malheureusement pour elle, son timing avait été mal choisi. Alors qu’elle attendait une réponse avec convoitise, le télépathe fit enfin son apparition en sortant de son bureau. Il interrompit progressivement sa course en lançant un regard étonné à ce drôle de duo. Derek était finalement venu, en dépit de sa situation. Le grand brun venait sans douter honorer sa promesse en allant au centre d’entraînement avec lui. Il regardait son beau profil qui occultait le reste du décor mais les connexions logiques se firent bien rapidement. C’était eux qui pouffaient depuis tout ce temps ? Qu’est-ce qu’elle avait à rire comme une pintade et pourquoi est-ce qu’il lui donnait le change ? Aurait-il finalement mieux fait de les laisser tranquilles, eux qui semblaient si bien s’entendre ? Morrigan du déployer des trésors de self-control pour ne pas se montrer ostensiblement jaloux et contrarié. Au lieu de quoi, il s’adressa à eux d’un ton pince-sans-rire.

« Je peux savoir ce qu’il y a d’aussi hilarant.. ? »

« Toi ~ Je racontais justement à Derek comment tu avais triomphé des ronces et... »

L’information percuta rapidement jusqu’à le faire violemment rougir quand il réalisa de quoi il en retournait.

« Suzy ! » vociféra t-il dans la foulée, alors que cette idiote papillonnait des yeux d’un air faussement stupide. « Je te croyais intègre et professionnelle mais finalement, ton avidité pour les potins prend le meilleur de toi ! »

« Moui, à d’autres, j’ai compris comment ça marchait avec toi : Roger est formidable… Derek est incroyable… Il suffit qu’on parte en mission avec toi pour être bien considérés ~ »

« Ça n’a absolument rien à voir avec le fait de partir en mission... » répondit-il en ne cachant pas son exaspération.

« Donc Derek est bien spécial ~ ? » rebondit-elle en revenant à la charge avec un regain d’énergie triomphant.



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Dernière édition par Morrigan le Ven 16 Juin - 13:03, édité 1 fois
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Comme promis je m’étais rendu à la guilde ce jour afin d’aller avec Morrigan au centre d’entraînement. Cela permettait de se voir et par la même occasion qu’il entraîne son pouvoir. Cela faisait donc une pierre deux coups, non ? J’avais envie de le voir de toute manière donc toute excuse était bonne à prendre, mais honnêtement avec ou sans excuse je serais tout de même venu. Mais je devais avouer que je commençais à m’ennuyer ferme en l’attendant. J’aurais dû le prévenir de ma venue. Il devait une fois de plus avoir un emploi du temps de ministre et comme il ne me savait pas là, il ne faisait rien pour changer d’emploi du temps. Et je ne voulais pas non plus le perturbé dans son programme le sachant un peu psychorigide sur sujet…Il allait falloir qu’il me case dans son emploi du temps de manière régulière, parce que je ne me contenterais pas de si peu de temps avec lui…

Je commençais un peu à soupirer sans m’en rendre compte tandis que Karter papillonnait de-ci de-là sans rencontrer le moindre succès comme à son habitude. Les gens avaient fini par s’habituer à sa présence et à ses gestes évocateurs autant qu’exaspérant. On me regardait différemment à présent, moins effrayés et plus des regards de pitié. Autant dire que j’aurais préférés les regards de peur que de pitié…

Enfin bon, je fus tiré de mes pensées par une voix que je reconnus sans mal. Suzy était pas mal connue pour être une bonne indic et une excellente commère également. Du coup, je ne savais pas vraiment dire ce qu’elle me voulait, mais en tout cas, elle demandait que je m’approche. Cela ne mangeait pas de pain et ça aurait le mérite de m’occuper un temps après tout, donc je ne refusais pas et m’approchais avec lenteur du comptoir de la réceptionniste aussi enjouée qu’à son habitude. Elle avait cette lueur chafouine au fond des yeux qui ne trompait pas sur son désir de commérage.

Qu’y a-t-il ? Oui j’attends Morrigan, mais comment le sais-tu au juste ? Tu as des yeux dans le dos ? Des oreilles partout ? Attends tu as bien dit passage de rang de Morrigan ? Il ne m’en a parlé que de manière succincte. Tu as des détails ? Quoique…Pas sûr qu’il ne m’en veuille pas de ne pas lui demander directement…

C’était une fouine et vu tous les papiers qui lui passait entre les miens je n’avais aucun doute qu’elle devait avoir des dossiers compromettants sur à peu de chose près tous les membres de la guilde voir de tous les aventuriers également…Elle était tout aussi adorable qu’elle était dangereuse pour votre santé mentale je pense. J’esquissais un fin sourire quand même bien curieux de savoir ce que Morrigan avait fait lors de passage de rang. Comment il s’était débrouillé et tout.

Elle justifia rapidement le fait que c’était la faute de Morrigan à me faire attendre de la sorte. Je rigolais et haussais les épaules.

Vas-y balance les infos. Je m’ennuie de toute façon, et je suis trop curieux, tu as attisé ma curiosité à présent donc prend tes responsabilités et dis-moi tout ce que tu sais sans omettre le moindre détail évidemment dis-je d’un sourire de connivence.

Elle commença donc à me raconter les mésaventures de Morrigan, et j’avais beaucoup de mal à me retenir de rire de bon cœur face au récit. Karter le remarqua d’ailleurs et choisit ce moment pour écouter la conversation se foutant allègrement de la gueule de Morrigan au passage.

[color=green]Du jardinage avec des bouquins vraiment ? Il comptait les planter et les arroser pour faire de nouveaux arbres ?[/colo] dit-il hilare.

C’est sûr que cela ne doit pas être évident de se retrouver face à Morrigan en tant que Roger. Il est facile de se trouver désemparé avec ses manières distinguées quand on passe son temps à travailler la terre je pense…

Suzy semblait bien s’amuser et pouffait beaucoup de rire. Moi-même je n’en menais pas large en la voyant refaire la scène. Mais elle reprit tout de même contenance afin de permettre à ses pensées de se rassembler et de ne pas perdre le fil de son histoire. Elle n’avait semble-t-il pas encore fini de tout me raconter.

Karter continuait de rire en cœur avec Suzy face à la suite des péripéties. Apparemment, Morrigan ne savait pas ce qu’était une brouette. Cela ne m’étonnait qu’à moitié personnellement.

On voit qu’il a jamais eu à transporter un pote bourré après une soirée bien arrosée lui.

Je regardais Karter et me pinçais l’arête du nez exaspéré. Vu les dires de Karter, pas sûr qu’il connaisse vraiment l’utilité standard d’une brouette…

Cela ne m’étonnes pas vraiment venant de Morrigan. Il est érudit sur beaucoup de chose, mais les travaux manuels n’ont pas l’air d’être son fort…

Je l’imaginais cependant se démener durant ce passage de rang. Montrer à tous qu’il ne se laissait pas abattre. Je le voyais aussi très bien râler et bouder sans pour autant demander de l’aide à cause de sa fierté. C’était rigolo d’imaginer tout cela. Sûrement qu’il n’aurait pas été contre de l’aide si ça avait été moi qui l’avait aidé. Mais encore aurait-il fallu que je sois au courant plus en détail de la chose. Mais il n’avait pas moufté plus que de raison sachant certainement que je me moquerais un peu de ses talents de ménagères limités concernant le jardin ~

Enfin ce qui me fit rester le plus sur le cul était la suite et fin de ses propos concernant Morrigan. Il avait fini bourré lors de sa mission de passage de rang. Je me sentais d’un coup jaloux de Suzy qu’elle ait pu assister à cela et moi non. J’aurais voulu voir cet aspect de lui qu’il n’avait pas cru bon de me montrer. Et qu’avait-il bu pour finir dans cet état d’ailleurs ? Appartement, c’était Roger la cause de cet état d’ébriété avancé. Il devait en avoir de la bonne pour que cela fasse un tel effet à l’érudit, ou bien alors c’était l’effet doublé d’un alcool fort et d’une personne qui n’est pas habituée à boire…Le coup de demander mon adresse pour le final était tout de même le plus adorable. Cela dit, je me demandais pourquoi il avait voulu me voir ? Pour me raconter ses mésaventures et me dire qu’il aurait voulu que je sois à ses côtés pour l’aider ? Ou bien se faire dorloter après une journée des plus exténuantes de son point de vue ? Qu’est ce qu’il l’avait empêché de venir ce soir-là ? Suzy ne lui avait donc pas donné mon adresse en définitive ?

Elle se racla la gorge pour imiter une voix plus masculine, et je détournais le regard face à ses paroles. Je rougissais sur le coup, trop heureux de savoir qu’il voulait me voir et en avait besoin. C’était beaucoup trop mignon…

Zut ça repart dans les mièvreries écœurantes…

Sa phrase suivante me fit comprendre pourquoi elle m’avait raconté tout cela. Elle prêchait le faux pour savoir le vrai. Elle ne savait pas si elle avait raison ou non et elle comptait sur moi pour lui confirmer les choses. Pas que j’avais quoique ce soit à cacher et que je ne voulais pas lui dire, mais Morrigan était plus proche d’elle que moi, ce serait plutôt à lui de lui dire, non ? Le connaissant et la connaissant, sûrement qu’il voulait éviter que tout le monde le sache parce que cela ne regardait que nous. Mais bon, les rumeurs allant bon train sûrement qu’elle n’y était pas pour rien à celles-ci…

C’est donc toi l'instigatrice des rumeurs…Je comprends mieux vu ce que Morrigan t’as demandé.

Je n'affirme ni ne réfute sa question me contentant simplement de la contourner. Morrigan arriva d’ailleurs sur ces entrefaites et je soupirais doucement soulagé de le voir et de me dire que Suzy n’aurait pas l’occasion de me faire griller à la broche pour en savoir plus. Il était toujours aussi beau et mon regard n’était plus qu’attiré par son profil fin et délicat. Si je m'écoutais je l’aurais embrassé, mais il n’y avait rien de mieux pour relancer de plus bel les rumeurs voir les confirmer pour de bons et pas sûr que ce soit vraiment ce que Morrigan désirait, il était bien plus pudique que moi…

Suzy finit par lui raconter ce qui était drôle et donc ce qu’elle m’avait raconté et il rougit violemment en entendant le peu de choses qu’elle mentionna. Il se rappela rapidement de l'événement en question et parut des plus honteux sur le coup. Je rigolais face aux paroles indignées de Morrigan d’ailleurs.

Ce n’est pas la mer à boire non plus ce qu’il s’est passé. Mais c’est sûr que n’étant pas manuel tu as du en baver. dis-je un sourire en coin.

Suzy n’en démordait pas en tout cas et semblait vraiment vouloir savoir ce qu’il y avait entre moi et Morrigan. Karter croisait les bras et souriait de manière goguenarde.

Moi je peux lui dire ce qu’il y a entre vous si vous voulez. Je pourrais même lui montrer et lui apprendre ~ C’est pas si compliqué Papa dans Maman. Bon là c’est Papa dans Papa mais ça marche aussi. Juste pas mon kiffe quoi… dit-il en haussant les épaules.

J'écarquille les yeux avant de m’étouffer avec ma salive sous les paroles de Karter. Pour une fois j’avais compris les sous-entendus graveleux et c’était franchement pas terrible. Il n’avait vraiment honte de rien. Qui plus est, Suzy pourrait limite être sa fille…Quel vieux vicelard…J’esquivais donc les dires de Karter et me recentrer sur Suzy pour répondre à la place de Morrigan. Je pris doucement sa main dans la mienne entrelaçant mes doigts aux siens.

Nous sommes spéciaux l’un pour l’autre. Doit-on forcément faire l’objet d’un interrogatoire ou d’une rubrique dans les faits divers ? Je croyais que cette cité était ouverte d’esprit aux dernières nouvelles. Vous apprécierez que l’on vous expose de la sorte sur la place publique comme une bête de foire Suzy ?
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Difficile de ne pas constater que Derek faisait le pied de grue, avec ses bras croisés et sa mine contrariée. Cet homme était un vrai livre ouvert. Son attitude si sérieuse contrastait avec les pitreries de Karter auxquelles les endroits les plus fréquentés de la guilde étaient habitués. Certains lui jetaient encore des regards interdits, tandis que d’autres faisaient ostensiblement un grand pas de côté devant lui et ses singeries. Suzy, quant à elle, observait le mercenaire avec des yeux rieurs quand ce dernier s’étonna d’être ainsi convoqué et percé à jour par la même occasion. Sa piste était bonne et Derek ne s’amusaient même pas à tarir ses soupçons.

« C’est mon petit doigt qui me l’a dit ~ » dit-elle en réfutant la thèse des yeux et des oreilles, préférant agiter son auriculaire de façon espiègle devant son interlocuteur curieux.

Autrement dit, la fouine avait encore fait son office. Suzy ne faisait que vérifier des évidences, profitant de l’honnêteté de ce mercenaire à qui elle s’était suffisamment adressée pour en connaître son franc-parler. Son appât avait en tout cas fait mouche, intéressant grandement le grand brun qui brûlait d’en savoir plus sur les mésaventures du télépathe. Mieux encore, il en redemandait, souhaitant connaître tous les détails croustillants de ses déboires de jardinage. La jeune femme lui en donnait donc pour son argent, partageant les anecdotes les plus cocasses et le contexte du passage de rang de Morrigan. En riant de concert avec lui et son spectre de compagnie, la commère ne lésinait pas sur les détails. A la mention de la brouette, le mercenaire reconnut une fois de plus sa complicité avec l’érudit, en s’avouant à moitié étonné. Bingo, son instinct ne l’avait pas trompé, ces deux-là étaient bien proches.

« Je te juuure. Franchement, tout le monde s’attendait à pire, mais il a quand même fait le taf, on peut lui reconnaître ! »

Elle pouvait bien continuer à le fustiger mais il n’y avait pas de raison de parler aussi de ses accomplissements. Même s’il était clairement plus amusant d’embarrasser un collègue aussi strict et maniaque du contrôle que Morrigan. La pipelette baissa alors d’un ton, comme si elle s’apprêtait à délivrer une ultime information sensible et secrète.

« Quand il est bourré, il dit n’importe quoi, mais toujours avec le même sérieux. Il nous a même remercié de le supporter, tu te rends compte ? C’est ça qui l’a trahit auprès des autres. » lâcha t-elle en gloussant.

Morrigan n’était franchement pas du genre à s’étendre sur les remerciements et les compliments. Il passait pour pudique, pour ne pas dire coincé, auprès de ses collègues et collaborateurs. Suzy prenait un malin plaisir à donner au grand brun un aperçu de la situation, sachant pertinemment que cette fuite d’informations resterait innocente et dans le cadre d’un jeu puéril. Elle avait après tout catégoriquement refusé de donner l’adresse de Derek à Morrigan, malgré le lien qui les unissait d’après elle. La commère n’était pas du genre à partager des renseignements confidentiels, en dehors des ragots qu’elle savait recevoir et colporter.

« Tu connais la politique de la maison. Je ne donne pas d’infos persos. J’aurais dû ? » demanda t-elle avec convoitise, toujours dans l’esprit de prêcher le vrai avec le faux.

Malheureusement pour elle, Derek était tenace en terme de rétention d’information. Avec une petite moue amusée, elle répondit sur le même mode que lui en haussant innocemment les épaules face à son accusation. Peut-être qu’elle avait mis le feu aux poudres, ou alors, quelqu’un l’avait déjà devancée. Ça ne faisait rien, l’essentiel était de toujours vérifier ses sources et le mercenaire ne la décevait pas sur ce point.

C’est ce moment là qu’avait choisi le principal intéressé pour enfin se montrer, sous l’hilarité des deux causeurs. Avec une pointe d’irritation qui lui était propre, Morrigan était intervenu, peu content d’être exclu d’une conversation vraisemblablement aussi drôle. Quand il réalisa qu’il était le sujet de cette risée soudaine, le sang afflua rapidement à son visage avant de darder le mercenaire d’un regard plus honteux qu’agacé. Il savait. Quoi exactement, il ne pouvait en être sûr mais suffisamment pour commencer à le railler à demi-mots.

« Quoi ? Et toi, tu la défends, bien entendu. » dit-il en fixant d’un air boudeur la commissure de ses lèvres qui tremblotait sous l’effet d’une moquerie contenue.

Ils se liguaient donc contre lui. Autant donc ne pas leur faire le plaisir de s’enfoncer en se débattant inutilement. Même Karter semblait vouloir ajouter sa pierre à l’édifice, à en juger l’outrage sur le visage de son mercenaire, qui était le seul à avoir le déplaisir de l’entendre. Que diable cet énergumène avait-il encore bien pu formuler ? Non, le mage ne préférait sans doute pas le savoir, préférant pour une fois dans sa vie la douceur de l’ignorance. Il était déjà bienheureux que Karter se fonde suffisamment dans la masse pour être ignoré du plus grand nombre. Avec un peu de chance, il finirait à force par disparaître pour de vrai dans le décor, pour finir dans un rôle qui lui siérait à merveille : recyclé en tapisserie ou carpette.

Sa curiosité et ses fantasmes furent rapidement balayés par une nouvelle joute avec Suzy, qui était bien déterminée à mettre le doigt sur leur relation. Rien d’étonnant de la part de cette jacasseuse, qui aimait cuisiner son monde afin de nourrir sa réserve à ragots. Alors qu’il s’apprêtait à lui répondre d’une énième remarque cinglante, Derek prit les devants, en se rapprochant et en saisissant sa main à la vue de tous. Son cœur s’emballa rapidement sous l’effet de son geste tendre non anticipé et du contexte public dans lequel ils se trouvaient. Le télépathe resta alors sans voix, le temps d’entendre son discours et de réaliser sa prise de position assumée et ostensible.

« Non, je..! » entama Suzy, prise de cours, avec un mélange d’embarras et d’enthousiasme mal réfrénés en constatant la révélation. « Ce n’est pas pour montrer du doigt qui que ce soit, juste le plaisir d’avoir raison, héhé ~ » conclut-elle en retombant facilement sur ses pattes, ravie de la conclusion de son enquête personnelle.

Il aurait du lui en tenir rigueur, lui témoigner un minimum de remontrances mais sa réaction s’était faite trop attendre. L’érudit était interdit devant le panache de son homme. Il devait se rendre à l’évidence, sa superbe occultait bien son manque de bienséance. Impossible donc de lui en vouloir dans ce cadre présent. La seule réponse possible était maintenant de se rendre digne de ses paroles et d’assumer la réciprocité de son affection. Morrigan commença par serrer plus fort sa main en guise de soutien, à défaut de pouvoir l’étreindre lui. Ils feraient fronts unis face à cette amende ridicule. Le mage releva la tête en toisant la jeune femme de son air le plus hautain en se parant d’un sourire narquois.

« Que d’énergie dépensée inutilement. Tu as au moins trois trains de retards là-dessus ! » avoua t-il en évoquant les nombreuses rumeurs qui planaient déjà sur cette liaison.

Trop content de laisser la commère bouche bée, le télépathe ne se fit pas prier pour quitter l’assemblée avec son mercenaire, afin de vaquer à leurs occupations. Le centre d’entraînement n’était pas bien loin mais nécessitait tout de même une petite trotte. L’opportunité n’était pas désagréable pour autant, en si charmante compagnie.

« Bonjour, toi. » dit-il une fois à l’extérieur en se pressant un peu plus contre le bras qu’il tenait.

Il réalisait qu’il n’avait même pas eu l’occasion de le saluer comme il se doit avec toutes ces déconvenues. Le mage répara rapidement son tort en appuyant affectueusement son visage contre son bras , ponctué d’un petit sourire et d’un regard admiratif. Un état de grâce qui ne dura pas longtemps, face au naturel de son caractère.

« Tu as de la chance que je sois trop heureux de te voir pour chambouler mon emploi du temps et te laisser te pavaner ainsi. » lâcha t-il en évoquant son coup de théâtre et sa main encore dans la sienne.

N’était-ce pas plutôt lui qui l’avait fait attendre suffisamment longtemps pour que Suzy face son office ? Non, il ne l’avait pas prévenu, donc ils étaient quittes. Une belle façon de se dédouaner de toute responsabilité. Avant même de le laisser savourer les paroles odieuses de la commère, l’érudit s’élança en premier.

« D’accord. Je sais ce que tu vas dire. Je ne me moquerai plus jamais de tes prouesses de jardinage. Tu as gagné. En échange, ne parlons plus jamais de ça. » dit-il d’une traite en essayant de couper court à ses retours moqueurs qu’il jugeait imminents.

Derek n’avait même pas encore eu le temps d’articuler quoi que ce soit à ce sujet qu’il le taxait déjà de médisance. Mais ce n’était pas comme s’il avait prévu que cette pipelette de première vende la mèche auprès de son bien-aimé...  



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Je n’étais pas spécialement ami ou vraiment proche des gens de la guilde. Mais je devais bien admettre que la compagnie de Suzy ne me déplaisait pas. Et le fait qu’elle soit aussi informée de beaucoup de choses aidait souvent pour mes contrats. Loin de moi l’idée de l’utiliser un jour pour apprendre des ragots, mais de savoir qu’elle avait des choses dans son tiroir par rapport à Morrigan, forcément ça allait m’intéresser. J’étais presque déçu de ne pas l’apprendre de lui-même, mais cela devait être assez embarrassant. Mais Suzy ne s’embarrassait pas de savoir si les informations qu’elle avait, pouvait embarrasser Pierre, Paul ou Jacqueline.

J’étais l’amusement du moment on va dire. Mais bon cela m’apportait quelque chose aussi alors je me laissais entraîner. Cela avait le mérite de m’occuper pendant un moment. Et j’apprenais des choses sur ma moitié donc c’était d’autant mieux aussi. Karter était pour le moment sage mais le connaissant cela ne durerait pas longtemps surtout s’il pouvait se foutre de la tête de Morrigan, vu que celui-ci n’était pas tendre avec lui.

Ton petit doigt est bien informé. Je me demande quelle source il a pu avoir...

D’ailleurs celui-ci me fit part d’une réflexion qu’il avait.

Tu sais qu’elle se sert de toi pour confirmer ses soupçons, hein ? En tout cas connaissant la bête, c’est clairement ça. Vu les rumeurs sur toi et l’autre coincé elle veut savoir ce qu’il en est vraiment. Savoir si tu trempes le biscuit avec lui ou non, tu vois ?

Je soupirais et hochais la tête ne comprenant pas la fin de ses dires et selon moi c’était sûrement mieux ainsi...Je savais qu’elle profitait du fait que j’étais du genre honnête pour avoir des informations confirmées en plus, mais je n’avais absolument rien à cacher donc cela ne me dérangeait pas. Elle commença à me raconter et je m’imaginais la scène tellement facilement. Morrigan au soleil en train de râler ses grands morts face à tout ce travail manuel dont il n’a pas l’habitude et qu’il aurait clairement déléguer au premier paysan venu...

Il a bien assez de fierté pour ne pas se laisser abattre au premier obstacle, mais il a du maudire la guilde sur plusieurs générations durant la journée.

Il adore râler et dire du mal de celles et ceux qui le mette dans des situations qui ne lui plaise pas. C’était un fait, quand on le connaissait un minimum personne ne doutait de ce genre de réaction de sa part je pense. Il ne cachait pas son mauvais, caractère et n’en avais pas honte non plus. Mais du coup, on savait sans mal à quoi s’attendre de sa part. Pour finir, on était tous deux honnête l’un comme l’autre à des niveaux différents.

Pas étonnant non plus. Il ne dit jamais facilement merci, c’est comme être vulnérable pour lui, et il ne se montre jamais vulnérable. Il ne veut pas que l’on profite de ses faiblesses et c’est normal. Encore plus dans un monde qui nous est inconnu.

J’imagine bien que c’était compliqué avec lui et que les gens ne devaient pas forcément l’avoir à la bonne. Mais on s’en fichait pour moi, après tout, si les gens n’essayaient pas et s’arrêtait au premier obstacle c’était eux qui y perdaient. Morrigan était vraiment quelqu’un de bien. Il fallait juste passer la carapace.

Pas facile de savoir ce que tu vas donner ou non aux gens, après tout tu es la reine des ragots, tout le monde le sait aussi ça ~

Cela me permettait de ne pas répondre au fait qu’elle aurait dû ou non donner mon adresse à Morrigan. J’avais envie, mais en même temps autant que ce soit moi qui lui donne. Elle n’avait pas à s’immiscer dans notre relation. Cela ne regardait que nous. D’ailleurs le principal intéressé de cette conversation finit par montrer le bout de son nez surpris de nous voir rigoler et parler ensemble. Cela dit, il aurait bien aimé participer au sujet. D’ailleurs quand il comprit le sujet il passe violement à une teinte bien plus rouge et je trouvais cela adorable. Si mignon quand il ne savait plus où se mettre. Je savais maintenant oui ~ Tu n’y couperais clairement pas. Je voulais encore plus de détail et à présent qu’il savait que j’étais au courant je pourrais en avoir auprès de la source elle-même. D’ailleurs, je lui fis savoir que ce n’était pas la pire expérience non plus et qu’il pouvait se détendre. Il se sentait quand même offensé quoique je dise...

[color:efd6=#008080 ]Je ne la défens pas plus qu’un autre. Mais tu ne me l’aurais certainement jamais dit si elle ne l’avait pas fait. Ai-je tort ?

Parfois Morrigan était trop têtue et surtout trop à se faire des aprioris sur les choses. Vouloir savoir des choses sur lui ne voulais pas forcément dire que j’allais profiter de la situation pour autant. C’était certes tentant surtout quand il boudait comme un gamin de cinq ans, mais je voulais juste en savoir plus sur lui. Serait-ce si mal que cela ? Déjà il n’entendait pas Karter donc ça devait l’aider à se rassurer. Mais sûrement qu’il devait se poser la question de qu’est ce que je pouvais bien savoir. Qu’est ce que Suzy avait bien pu me dire en sachant qu’elle avait assisté à pas mal de choses de son côté concernant ce fameux passage de rang. Je devais avouer que c’était un final assez épique auquel je ne me serais jamais attendu venant de lui...

Je ne savais même pas qu’il buvait de l’alcool en vérité...Suzy profita de notre rapprochement pour demander notre relation et je finis par sortir de mes gonds parlant d’une voix forte, et glaciale tout en la regardant durement afin qu’elle comprenne qu’elle avait intérêt d’avoir une réponse satisfaisante. Morrigan ne dit rien sur ma réaction et je ne savais quoi en penser. Je ne voulais pas l’afficher de la sorte, mais en même temps je voulais également montrer que j’étais fier d’être avec lui et que je n’en avais pas honte. Cependant, on n’avait pas vraiment eu le temps d’en discuter à mon grand damne.

Cette fille était gentille mais elle avait trop tendance à s’immiscer dans tous et je voulais la remettre un peu à sa place même si elle trouva une manière de se remettre d’aplomb assez vite malgré sa surprise face à ma réaction.

Je redoutais un peu la réaction de Morrigan à présent. Est-ce qu’il allait montrer la réprocité de notre affection et renvoyer Suzy dans ses vingt deux ou bien alors pour me montrer son désaccord allait démentir mes dires ? Quand il referma sa main un peu plus sur la mienne une chape de plomb s’ôta de mon ventre et je me sentais un peu plus léger. Je rigolais en le voyant fier comme un pain d’avoir laisser la jeune femme bouche bée. Mais à la suite de cela, il nous fit quitter rapidement la guilde et je sentais la tempête venir...

A mon grand soulagement, cela fut bien moins violent que je ne m’y attendais. C’était surtout beaucoup d’anticipation de sa part alors que je n’avais encore guère eu le temps de dire ne serait-ce qu’un seul mot. Il enchaînait si bien que je n’avais pas la capacité d’en placer une. Je prenais le temps de l’écouter sur le chemin attendant qu’il finisse avant de dire quoique ce soit vu que pour le moment je ne semblais pas avoir le droit à la parole.

Eh ben...il a pas sa langue dans sa poche. Faudra voir s’il est aussi doué de sa langue pour d’autres choses que de parler... dit-il sans se rendre compte qu’on était encore en contact moi et Morrigan.

Il allait clairement se faire allumer au moment venu du coup.

Bonjour. Difficile d’en placer une quand tu es lancé toi... dis-je amusé.

Malgré qu’il ne m’ait pas laissé parler il avait semblé surtout contente de me voir et plus affectueux qu’à son habitude. C’était agréable comme situation.

Pour ce qui est de ton emploi du temps, tu ne m’avais pas spécialement dit quand tu voulais passer au centre d’entraînement. Cela dit il me semblait que cela devait se faire assez rapidement pour éviter des déconvenues. Me pavaner ? Vraiment ? C’est comme ça que tu le vois ?

Je ne savais vraiment pas comment le prendre. A aucun moment, je n’avais dit ou fais quoique ce soit par fierté mal placé ou pour me vanter. Je voulais simplement faire comprendre qu’on n’était pas des monstres de foires et qu’on avait le droit d’être heureux comme n’importe qui.

Je peux comprendre que cela ne t’ai pas plus parce qu’on en a pas discuter avant, mais ne vois pas mon intervention comme un simple jeu de ma part ou autre chose irréfléchie. J’étais très sérieux. Parce que pour moi notre relation est très sérieuse. J’aimerais que tu ne rabaisses pas mes actions à un acte de cirque.

Je soupirais par la suite.

Pour ce qui est de ton passage de rang, j’aurais juste aimer que tu m’en parles de toi-même. Tu sais très bien que je ne te jugerais pas. J’ai juste envie d’en savoir plus sur toi, il n’a jamais été question d’autres choses. Arrête de voir le mal partout. Et puis, tu es gonflé de ne pas vouloir que j’ai des dossiers sur toi alors que je suis persuadé que tu n’en ferais pas autant cas si c’était l’inverse et que si c’était toi qui avais des dossiers sur moi.

Je le regardais et haussais les sourcils attendant sa réponse.

Y a de l’eau dans me gaz on dirait ~ Oui tu as raison gamin vaque moi ce gringalet qui ne tiens pas assez compte de tes sentiments. Je suis sûr que tu peux trouver une grosse poitrine dans laquelle noyer ton chagrin ~

Je doutais fort que ce soit le cas. Surtout qu’il fallait communier avec un fantôme en plus de moi. Mais il n’y avait même pas de sujet ici, car je comptais bien rester avec Morrigan. Juste je voulais que l’on communique plus et je ne me gênerais pas pour lui dire les choses vu qu’il n’était pas du genre à rester silencieux non plus.
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Morrigan
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"Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois."






&
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Les cancans se succédaient au fur et à mesure des souvenirs de l’événement. Suzy était tellement convaincue de son intuition, que son sourire opportuniste ne quittait jamais son visage. Elle ne ratait pas une miette des réactions du mercenaire, ménageant son effet à chaque nouvelle surenchère. Il fallait dire que Derek était friand de ses anecdotes, et ce simple fait confirmait déjà en théorie ses soupçons. Il n’était pas spécialement intéressé par les ragots pour ce qu’ils étaient mais parce qu’ils concernaient le télépathe. Morrigan lui importait, suffisamment pour se monter plus curieux qu’à l’accoutumée.

La jeune femme fit mine de zipper une fermeture invisible au niveau de ses commissures d’un air mutin, faisant miroiter un secret qui n’avait pas lieu d’être. Qui avait besoin de sources dans ces circonstances ? Le mage passait pour quelqu’un de solitaire et d’intransigeant. S’il avait du mal à exprimer sa sympathie à l’égard des autres, il ne tarissait pourtant pas d’éloges sur le grand brun. Plus surprenant encore, l’érudit ne s’était nullement fâché de sa visite impromptue, l’accueillant avec plus de chaleur qu’escompté. Lui qui faisait pourtant des scènes quand on demandait à le voir expressément sans demande formelle écrite au préalable… Suzy en avait suffisamment vu et entendu pour se faire son propre avis sur la question.

Tous ces indices corroboraient ses hypothèses. Derek continuait sur la même lancée en opinant et interprétant les agissements du télépathe tels que Suzy lui dépeignait. Il ne lui donnait que des occasions de rebondir sur ses propos, à croire qu’il se fichait bien des rumeurs en préférant rester fidèle à lui-même et sa constante honnêteté. Avec ses méthodes actuelles, le mercenaire était plus difficile à décontenancer que le mage qui s’embarrassait bien plus facilement de ce genre d’enquête intrusive. Ils étaient peut-être faits du même bois, mais leur mode de communication s’articulait bien différemment. A ses yeux, ils faisaient un drôle de duo, à la fois complémentaire et antithétique.

« Tu as l’air de bien le connaître ~ C’est moi qui devrait gratter des informations à son sujet auprès de toi, tout compte fait. » dit-elle en plissant les yeux d’un air malicieux.

Morrigan n’était pas du genre à se livrer, pas même à ses collègues de confiance. Le fait qu’il se montre volontiers transparent à Derek ne faisait qu’affirmer le traitement particulier dont le grand brun profitait. Le mage était difficile à apprivoiser. Il était donc tout naturel de se questionner sur les prouesses du mercenaire face à la réserve de l’érudit et son caractère retors. S’ajoutait à ça la curiosité de la commère qui prenait rapidement le pas sur le reste, et on obtenait un cocktail savant pour tirer les vers du nez de son interlocuteur. Quand ce dernier l’accusa de commérages, elle se fendit d’un rire coupable en finissant par lui tirer la langue.

« Gnagnagna, ça ne m’empêche pas de bien faire mon boulot alors, pas grave ! » lâcha t-elle en balayant immédiatement sa remarque, en faisant glisser le propos sur son professionnalisme.

La cible principale de sa raillerie était venue s’ajouter à la scène. Morrigan bouillonnait de savoir que cette pipelette n’avait pas su tenir sa langue tout en cherchant à s’immiscer dans ses affaires privées. Alors qu’il la fustigeait à propos, Derek chercha à le tempérer en mettant par la même occasion les deux pieds dans le plat. Sa question, qui sonnait davantage comme un reproche, le fit maugréer et souffler dans sa barbe.

« Tsss... »

Est-ce qu’il avait tort ? Non. Si l’érudit mettait un point d’honneur à ne pas lui mentir, rien n’indiquait néanmoins qu’il ne devait pas monter sa contrariété quand il le perçait à jour.

« Je pense que les grandes lignes sont largement suffisantes... » se justifia t-il finalement.

Même Suzy ne put se retenir de pouffer à cette mention. Morrigan n’était pas un menteur, en effet. Mais il était doué pour ne présenter qu’une partie de la vérité, de façon à mettre en valeur ce qui l’arrangeait pour passer le reste sous silence. Se présenter sous un mauvais jour lui était insupportable, encore plus aux yeux d’une personne qu’il estimait. Il ne comprenait pas pourquoi il se fâchait de ne pas avoir entendu de sa bouche l’étalage de sa médiocrité. Qui voudrait connaître le récit de ses échecs, de ses comportements indignes alors qu’ils étaient odieux même aux yeux du principal concerné ? Ça n’avait pas de sens. Derek ne pouvait prendre sérieusement ombrage d’une telle incohérence.

D’une façon certaine, son discours l’avait touché en ayant raison de son silence. Sans lui faire défaut, le télépathe était allé dans son sens en confirmant ses dires et en acceptant un geste d’affection de sa part en public. Finalement, le mercenaire avait renvoyé la commère dans son sillage, en se montrant à la fois protecteur et agacé. Satisfait de leur office, Morrigan quitta les lieux en compagnie de son grand brun, toujours main dans la main. Ce qui ne devait être qu’un moment de paix et de douceur, tourna finalement au vinaigre.

Le mage avait débité ses paroles de manière légère, en pensant se débarrasser rapidement du sentiment du gêne pour ne se concentrer que sur des réjouissances. Au lieu de quoi, le vague reproche de Derek se mua en réel ressentiment qui le prit de court. Interdit, il écouta l’amertume du grand brun en tâchant de ne pas se laisser décontenancer par l’insupportable spectre qui profitait allégrement du spectacle en ajoutant de l’huile sur le feu. A la dernière remarque de l’odieux personnage, il ne tint plus et lui assena un regard assassin et courroucé.

« Je ne veux rien entendre de la part de la personne la moins bien placée du multivers en termes de relations et contacts physiques… Quand on sait que ta langue répugnante est condamnée à polluer inlassablement l’espace sonore, on se garde bien de penser à l’usage qu’en font les autres. » siffla t-il avec irritation et mépris à l’intention de l’insupportable entité.

De quoi se mêlait-il ? Si seulement il pouvait se noyer véritablement dans un océan de chair, le mage serait prêt à payer une coquette somme pour se débarrasser de ses remarques non sollicitées...  Il avait déjà bien assez à faire des réactions épidermiques du grand brun à ses paroles pour s’occuper plus en détails de son cas. Karter était semblable à une mouche charognarde, qui troublait en permanence sa concentration de ses bruitages agaçants, et qui se repaissait de toutes les indignités les plus nauséabondes.

« Je ne comprends pas. » entama t-il plus posément en réponse aux remarques de Derek.

Il s’agissait de son constat de départ et d’arrivée. Une réalité bien frustrante pour l’érudit qu’il était. L’incompréhension s’était faite un chemin dans son esprit et dans sa gorge serrée. Son pas s’était fait plus lent, sa main dans la sienne apathique, et ses gestes mécaniques, à l’image de son abattement et de l’énergie qu’il concentrait toute entière à la résolution de ce problème.

« Dans les faits, j’ai contrecarré le reste de mes plans sans discuter et je me suis calqué sur la démonstration de ton discours... »

Des faits, toujours des faits. Parce qu’il ne pouvait s’expliquer des choses autrement que par le prisme de la logique et du tangible. C’était ça ou abandonner toute tentative de résolution. N’envisager que l’aspect émotionnel d’un problème n’était pas dans son champ d’expertise. Il n’y comprenait rien à rien. Franchement, qu’est-ce qu’il devait faire de plus ? Il avait l’impression de s’être bien conduit en acceptant ce changement de programme imprévu, en validant publiquement l’affection qui les liaient et en laissant sa tendresse prendre le pas sur ses principes et son caractère colérique. Malgré tout, ça ne suffisait pas. Pire encore, Derek semblait nourrir une rancune soudaine face à la situation.

« Que dis-tu.. ? Tu me penses si mesquin, au point de me moquer sérieusement de tes initiatives ? Je t’ai toujours soutenu, Derek. Peut-être pas avec les mots que tu souhaiterais entendre, ni aussi explicitement que tu le voudrais, mais à ma façon quand même. » dit-il toujours sidéré et sonné par ses accusations. « Même si mes méthodes sont imparfaites et insuffisantes, de toute évidence... » maugréa t-il davantage pour lui-même.

Tout ce qui touchait à leur relation avait été traité de manière réfléchie. N’avait-il pris gravement la mesure auprès de Freya concernant les faits qui lui étaient reprochés ? N’était-il pas allé entendre attentivement ses explications et retardé les mercenaires opportunistes qui le menaçaient ? N’avait-il pas transgressé ses propres règles en interrogeant Gilda pour espérer le laver de toute culpabilité malvenue ? N’était-ce pas sa main qu’il avait serré sans trembler et son éloquence qu’il regardait avec fierté ? Et malgré tout, il lui reprochait de mettre trop de légèreté dans leurs échanges. Sa déception s’abattait sur lui avec un sentiment d’injustice qu’il n’était même pas capable d’exprimer, en dehors de son ton émotif qu’il détestait.

Mais c’est la conclusion de son blâme qui acheva de le dépiter. D’après Derek, le constat sonnait comme une évidence, de façon actée et universelle. On le taxait d’une méfiance anormale, d’une vision trop négative des intentions d’autrui. Et pourtant, cette prétendue flagrante vérité lui échappait encore une fois, le poussant une fois de plus dans ses retranchements limités. Pourquoi est-ce qu’il voudrait décemment en apprendre plus sur ses échecs ou ses hontes les plus cuisantes ? Ca n’avait aucun sens, pas dans sa réalité. Il devait se montrer digne pour être aimé, c’est toujours ainsi que ça s’était passé. Plus il enfouissait ses émotions et plus il était récompensé. Quand il échouait ou cédait aux limites de son savoir-faire, il fallait sauver la face car un déshonneur personnel ternissait la réputation de son entourage. En théorie, s’il poursuivait sur cette logique enseignée, il ne causerait jamais du tort à sa moitié et entretiendrait sa fierté en ne lui faisant part que de ses succès. Voilà comment s’articulait l’ordre des choses. En pratique, il lui demandait l’inverse de ce pourquoi on l’avait conditionné.

« Pourquoi... » s’interrompit-il en essayant de retrouver un voix moins étranglée par l’émotion, tant il haïssait ces aveux de faiblesse. « ...Est-ce que tu voudrais connaître absolument des précisions aussi avilissantes ? Je t’ai dit qu’on m’avait confié une tâche ingrate que j’ai mené tant bien que mal. Mais si je rentre dans les détails, je prends le risque de me ridiculiser et de t’humilier par la même occasion. Et… je ne veux pas baisser dans ton estime. » reconnut-il un peu peiné et honteux.

Pas simple d’encaisser et de se faire comprendre par la même occasion. Morrigan pouvait avoir toutes les théories possibles et inimaginables, plaquer sa logique impitoyable sur chaque conversation, rien de tout ça ne l’aidait concrètement à être moins perdu qu’il ne l’était déjà dans l’art des relations.



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Ahlala cette Suzy était vraiment des plus friandes quand il s’agissait de commérages. C’était même trop curieux d’elle pour être honnête. Cela se comprend assez vite quand on avait déjà eu affaire à elle. J’espérais juste que ça ne finirait pas par mal tourné et qu’elle n'oserait pas de ce genre de chose contre les gens. Elle avait l’air gentille et j’avais de l’espoir pour elle, j’espérais juste qu’elle ne prendrait pas un mauvais chemin. Les gens changent parfois du tout au tout si vite qu’on a du mal à y croire et que ça nous blesse quand on s’attache à eux. C’était une connaissance, mais je la voyais de plus en plus alors forcément je commençais quand même à bien l’apprécier…En espérant donc qu’elle ne me donnerait aucune raison que cela ne change.

J’avais hâte de voir le visage de mon homme ravi en me voyant là. On se voyait bien plus vite qu’escompté, mais en même temps, je voulais le voir et ne serait-ce que simplement le serrer dans mes bras. Je n’avais pas besoin de contact humain avant bien au contraire, plus les gens m'évitent et mieux c’était. Mais je ne supportais pas d’être si loin de lui. Avoir du le laisser sans nouvelles durant si longtemps avait été très difficile et j’avais merdé pour le protéger, mais il n’était pas un fragile. Loin de là, et il n’était clairement pas homme à rester sans rien faire qui plus est. J’avais donc de la chance qu’il n’ait pas rameuté la moitié de la ville pour me retrouver…

Pour le coup, Suzy devait être davantage décontenancée de tomber sur moi plutôt que Morrigan. J’étais certes sûrement plus honnête que lui, mais j’étais aussi bien moins gêné que lui. Je n’avais même aucune pudeur. Si ça ne tenait qu’à moi, je pourrais me trimballer nu dans les rues de Portalia sans que cela ne me fasse ni chaud ni froid, mais je doutais qu’une certaine personne, un mage capricieux, soit du même avis sur la question. Surtout qu’il ne m’avait pas encore vu nu donc certainement qu’il voudrait déjà la primeur de la chose et ensuite probablement l’exclusivité ce que je pouvais très bien comprendre.

Comme si ce n’était pas déjà ce que tu essayais de faire Suzy. Tu es bien trop curieuse sur tout et tout le monde. Ne peux-tu pas te contenter de ce que l’on te donne où de ce que les gens te proposent de voir ? Tu n’as pas à en apprendre plus si les gens ne le veulent pas et je doute que Morrigan veuille que tu apprennes trop de choses sur son compte. Je ne suis pas spécialement friand de donner des détails non plus. Surtout que tu n’es pas le genre à rester discrète et garder les choses pour toi, tu le crierais sur tous les toits. Le coup de l’adresse c’est seulement dû à une clause dans ton contrat avec la guilde, n’est ce pas ?

Il était vrai que Morrigan se révélait de plus en plus à mes côtés. Mais c’était normal de se montrer tel que l’on ait à un être cher. Il pouvait être lui-même face à moi, il savait que je ne fuirais pas. On était un peu dans le même moule, lui et moi avec nos deux caractères bien trempés et têtus comme des mules. Mais on s’était trouvé. On se canalise l’un et l’autre même si parfois la logique de Morrigan était bien trop présente, prenait trop de place, parce qu’il n’avait pas l’habitude de jauger les situations autrement que par la réflexion et par la logique. Et ce serait bien que dans certains cas il comprenne que parfois la logique et l’intellect ne font pas tout et que le cœur peut répondre à leur place.

Je n’en serais pas si persuadé à ta place. Un jour ça pourrait prendre le pas sur ton travail et même te mettre en danger car tu te seras intéressée d’un peu trop près à ce qui ne te regarde pas. Colporter des rumeurs qu’elles soient fausses ou réelles, ce n’est pas non plus forcément bénéfique. Dans mon monde des gens tuaient pour bien moins que ça. Mais sans aller aussi loin, tu aimerais qu’on te pointe sur la place publique toi ? Qu’on découvre quelque chose de toi que tu n’as pas envie de mettre au jour ? Et que du jour au lendemain la forteresse entière soit au courant ?

Après tout, c’était si rapide les rumeurs à circuler. Je pense qu’elle ne se rendait pas bien compte de l’implication que cela pouvait avoir sur une vie. Morrigan arrive sur ces entrefaites et il ronchonne rapidement en comprenant ce qui est en train de se passer et ce que je suis en train d’apprendre à son sujet qu’il aurait bien omis de me dire dans les moindres détails. Chose qu’il ne comprenait pas que je veuille savoir là encore. Il n’était pas du genre à mentir, mais faire style d'oublier de dire des choses ça par contre c’était une toute autre histoire. Ne pas dire qu’il avait fait tel ou tel truc sous prétexte que c’était embarrassant, cela ne me semblait pas être une raison acceptable d’omettre des détails. Surtout que ce qui était gênant à ses yeux ne l’était pas forcément aux yeux des autres. Il trouvait gênant des choses qui me semblaient juste ordinaires par moment. J’avais bien compris qu’il était un peu en mode on a pas les même valeurs mais par moment ça me faisait sentir comme une merde plus qu’autre chose parce que j’avais beau être noble de naissance je ne faisais pas de tâche spécialement noble je pense par rapport à ce qu’il entrevoyait lui de noble.

Je ne me contente des grandes lignes que quand les gens ne m’intéressent pas et encore, tu devrais le savoir depuis le temps. La seule exception à cette règle étant Karter car plus on en saura sur lui et plus j’aurais de chance de m’en débarrasser.

HEY ! Y a quand même des manières plus sympa de le dire gamin.

Je soupire.

On pourra être libre chacun de son côté et il pourra aller palucher les gens sans que cela ne me retombe sur le coin du nez par inadvertance.

En tout cas, je voyais bien le visage confus de Morrigan par rapport au fait que je voulais en savoir plus et qu’il n’y tenait pas. Pour lui cela devait rester dans le silence et ne jamais revenir à la lumière du jour. Mais dommage, c’était trop tard en ce qui concernait son passage de rang. Mais clairement une discussion s’imposait entre nous afin de mettre les choses à plat et que je m’expliquer sur ce point noir pour Morrigan.

On quitte finalement Suzy par la suite, il est temps de passer du temps rien que tous les deux. Enfin trois vu que Karter ne me lâchait pas d’une semelle mais on arrivait généralement à l’ignorer la plupart du temps. Là, Morrigan s’énerva bien vite contre lui après que je lui ai fais comprendre qu’il m’accusait à tort de vouloir le taquiner ou que sais-je encore sur ce qui avait été son passage de rang. Je ne comptais pas spécialement le faire. Mais surtout le mot pavaner eut raison de ma patience. Il faisait passer mon honnêteté et mon affection pour un vulgaire acte de m’as tu vu et ça avait eu le don de m’énerver. Karter en prit pour son grade tandis que Morrigan essayait tant bien que mal d’analyser mes mots ne me comprenant toujours pas.

Quel sale caractère, je préfère encore que ce soit toi gamin que lui. Il m’aurait tellement gaver ce sale mioche capricieux et colérique. En plus, il passe son temps à vouloir que les choses soient logiques c’est d’un ennui monstrueux. Il n’y a pas forcément à avoir de raisonnement logique pour toute chose existant dans ce monde stupide érudit ! Vos sentiments envers l’autre non rien de logique ! c’est du ressenti bon sang enlève toi ton balais dans le cul ! dit-il allant bouder plus loin, énervé lui aussi de devoir expliquer des choses qui lui semble pourtant simple à lui.

Je vois bien que tu ne comprends pas. Karter n’a pas tort.

Je soupire pinçant l’arête de mon nez afin de voir comment je pourrais reformuler pour être plus clair et synthétique. Un scientifique c’est ça, ça a besoin d’être concis d'aller dans le vif du sujet sans pour autant prendre des plombes à tourner autour, non ?

Il devait se sentir frustré. Je doutais qu’il aimait beaucoup ce sentiment d’incompréhension. Après tout, un érudit, c’est loin d’être stupide et ça comprend les choses vite et bien. Mais là il était paumé. Je n’en menais pas large non plus cela dit. Mais, je n’étais pas érudit,et c’était aussi pour cela que la logique ne prévalait pas sur tout le reste comme lui. Sûrement que ce n’était pas dû qu'à son érudition et que son éducation devait avoir aider aussi dans ce sens. Faudrait que je lui en demande plus à ce sujet plus tard quand cette discussion sera un peu plus apaisée. On avait tendance à toujours commencer nos discussions par un crêpage de chignons…

Ce n’est pas une histoire de fait Morrigan ! Je ne suis pas juste un énième dossier sur lequel tu viens étayer les preuves bon sang !

Je lâchais sa main tandis qu’on était vers l’entrée du centre d’entraînement. Je me mis à faire les cent pas afin de réfléchir à comment dire les choses sans être agressif. Chose que je commençais à avoir du mal à faire vu qu’il ne m’aidait pas beaucoup.

Stop arrête tout de suite de faire ta victime. Tu n’en es pas une, on le sait tous deux très bien ! Et oui tu es mesquin et tu le sais parfaitement. Dans ton monde, tu as participé à des choses qui n’était pas spécialement remplies de bonnes intentions. Mais on s’en fiche de ça. Je suis loin d’être tout blanc tout noir. J’ai tué des gens, je ne suis pas mère Theresa. Ne fais juste pas comme si tu étais innocent non plus veux tu ? Je ne suis pas en train de faire ton procès et je sais que tu me soutiens, je le fais aussi. Et non tu n’es clairement pas parfait et je ne le suis pas non plus, mais tes dires sont parfois blessant, tu t’en rends compte ou pas ?

Je ne savais pas tout ce qu’il avait fait pour moi, mais j’en étais persuadé. Je savais qu’il était capable de beaucoup de choses pour protéger mon intégrité. Mais là n’était pas la question. La situation ne demandait pas spécialement de logique ou de raison, elle demandait quelque chose de plus profond et de plus sentimental. Parfois il me faisait juste l’effet d’un robot qui disait les choses de manière nonchalante sans se rendre compte de ses dires. C’était froid et glaçant.

Je voyais que cette discussion le poussait dans ses retranchements. Qu’il ne comprenait toujours pas ce qu’il avait fait de mal. J’avais envie de céder et de dire que ce n’était pas grave mais ces dernières paroles ne pouvaient pas m’aider à faire cela au contraire.

Avilissantes ? Ingrate ? Te ridiculiser ? M’humilier ? Tu te rends compte que tu parles de la simple activité de jardinage ? Que c’est l’une des choses que j’aime le plus dans ce monde ? Tu en parles comme d’un acte des plus dégradant. Je sais que tu n'aimes pas les choses qui salissent mais ce n’est pas pour autant que tu dois traîner dans la boue une activité que j’adore. C’est comme ça que tu me vois ? Comme un vulgaire péquenaud ? Que travailler la terre pour rendre un endroit plus naturel et plus beau est dégradant et une tâche ingrate ? A aucun moment je ne trouve ça dégradant de jardiner alors que toi si. Et tu n’as jamais baissé dans mon estime jusqu’à maintenant. Là de suite tu baisses dans mon estime en condamnant quelque chose qui m’est cher et tu connais pertinemment cette passion que j’ai. Je ne suis pas comme toi et je ne le serais jamais. Si vraiment je suis dégradant pour toi, que je te souille avec mes mains pleines de boue et de sang alors dis le moi tout de suite et sois clair cette fois ! Je ne veux pas de ta pitié ! dis-je plein de colère.

Le jardinage était vraiment quelque chose qui me tenait à cœur. Qu’il n’aime pas c’était une chose que j’acceptais, qu’il dise que c’était de la merde et pour les cul terreux, là par contre c’était non. Mon oncle m’avait permis de vivre d’une meilleure manière en m’apprenant à jardiner, je ne permettrais pas que quiconque même lui souille sa mémoire et ce qu’il m’avait laissé de lui. Sûrement que j’étais allé trop loin, mais c’était trop tard pour revenir en arrière.
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"Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois."






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Rares étaient ceux qui lui donnaient le change parmi ses collègues. Entre ceux qui l’ignoraient délibérément et ceux qui se muraient dans le silence, Derek et Morrigan étaient une exception rafraîchissante pour la commère de service. Il y avait d’une part le mercenaire trop honnête pour son propre bien et d’autre part le mage pudique à la répartie cinglante. Suzy pouvait affirmer qu’on ne s’ennuyait pas avec eux, malgré leur caractère bien trempé qui semblait en faire fuir plus d’un. Derek était maintenant en train de la sermonner sur ses vilaines habitudes et sa tendance à drainer la moindre bribe d’information compromettante. Si elle se contentait effectivement de ce que les gens voulaient bien lui donner, elle n’aurait pas grand-chose à se mettre sous la dent… La mention de la clause de la guilde la fit sourire d’un air coupable.

« C’est si mal de vouloir connaître un peu plus ses collègues et les embêter à ce sujet ? Ce n’est pas aussi grave que tu le penses, faut pas dramatiser ~ Ça reste bon enfant et je ne répète que ce qui est inoffensif. Bien sûr que je ne m’amuse pas à répandre des secrets importants ou des rumeurs préjudiciables, sinon ça ne serait pas drôle mais méchant. » rétorqua t-elle en faisant la moue.

Elle n’était pas stupide au point de se mettre dans des situations impossibles ou qui donneraient des pulsions de meurtre à ses détracteurs. Pourtant, le mercenaire continuait de la réprimander en l’invitant à se mettre à la place de ses collègues. Elle grimaçait au fur et à mesure de sa démonstration, parce que sa prophétie était tout de même inquiétante. Bien sûr que la situation pouvait dégénérer mais il s’agissait là d’un scénario catastrophe peu crédible. Se faire tuer pour sa langue qu’elle ne savait pas tenir ? Ça lui semblait un peu disproportionné.

« Non… Je comprends que ça te cause du tracas mais tu n’as pas à imaginer le pire, je t’assure ! » eut-elle à peine le temps d’articuler avant que le télépathe ne fasse son apparition.

Morrigan était abasourdi de voir que son grand brun lui reprochait son silence nécessaire. Il comprenait qu’il veuille en savoir plus sur lui et sa façon d’appréhender la vie, mais lui exposer des faits humiliants ne rentrait pas pour lui dans cette catégorie. Plongé dans la réflexion, comme à son habitude lorsque qu’il était face à un problème à résoudre, l’érudit ne releva même pas la mention licencieuse aux habitudes regrettables du fantôme. Sa pique n’avait même pas eu le mérite de lui clouer le bec, lui donnant au contraire une occasion de se mêler de leur différent qui ne le regardait aucunement. Critiquer son caractère de manière aussi virulente, c’était l’hôpital qui se foutait de la charité. Le télépathe voyait rouge et s’apprêtait à lui sauter à la gorge avec ses explications non sollicitées. Ses arguments n’avaient aucun sens. Son attirance envers Derek était certes du domaine de l’émotivité, mais même ça, il pouvait l’expliquer de manière scientifique. Ce qui l’en empêcha presque immédiatement, c’est l’acquiescement de Derek à ce discours nauséabond.

Comment ça, Karter n’avait pas tort ? Il sentit une boule lui nouer la gorge dans un mélange de frustration et de tourment. C’était cruel de ne pas lui préciser avec quelle partie il était d’accord, laissant planer le doute sur ce qu’il pensait de lui. Ennuyeux, puéril, capricieux, colérique, stupide et coincé. Dans la bouche de Karter ça n’avait presque aucun effet, mais de la sienne, c’était une toute autre chose. Morrigan déployait des trésors de bon sens pour ne pas imaginer que Derek était d’accord avec l’intégralité des faits. Parce qu’il était loin d’être au bout de ses peines.

C’est impuissant qu’il assista à une nouvelle vague de colère du mercenaire, en regardant sa main se détacher irrémédiablement de la sienne. Comment les choses s’étaient aussi rapidement envenimées ? Voilà qu’il faisait maintenant les cent pas à quelques mètres de leur destination. Le problème était donc suffisamment important pour prendre le pas sur le reste. Mais si ce n’était pas des faits qui lui étaient reprochés, de quoi diable s’agissait-il ? Mesquin, victimisation, imparfait et blessant. La liste désagréable continuait de s’agrandir tandis que son cœur continuait à se serrer. Ça commençait à faire beaucoup de la part d’une personne dont on cherchait au contraire l’admiration. Mais il tenait bon, bien qu’il n’en menait pas large en son for intérieur. En aucun cas le mage ne souhaitait le couper dans ses explications, surtout quand il voyait à quel point ça lui coûtait. Tout ce qu’il avait à faire, c’était d’encaisser encore un peu pour le laisser se décharger de sa colère.

Dans les faits, c’est ainsi que ça devait se dérouler. Mais Morrigan était bien forcé de constater que ce n’était effectivement pas une question de faits. Jamais donner raison à un autre homme ne l’avait autant tourmenté et pour cause, sa nouvelle salve d’interrogations incisives l’avait mis hors de lui. Pas de façon à laisser les commandes à sa colère explosive comme à son habitude, mais en se déconnectant complètement de cette réalité insoutenable. Ce n’était pourtant pas le moment de dissocier, fichu cerveau cassé ! S’il se fermait complètement en se désolidarisant de ses émotions, il donnerait raison au portrait infâme qu’il faisait de lui. Un cercle infernal d’angoisse se profilait dans son esprit désarticulé. L’érudit devait se raccrocher à n’importe quelle branche pour sortir de sa catatonie. Heureusement, des bribes de colère subsistaient. Si le constat était cynique, il devait s’accrocher à la moindre émotion émergente, et n’importe laquelle était la bienvenue dans le cas présent. Son ressentiment était donc le seul moyen de s’ancrer à nouveau dans la réalité immédiate.

« D’accord, Derek. Si mes mots sont les seuls coupables, tu m’en vois navré. » reconnut-il avec une amertume évidente.

S’il n’avait été question de que paroles blessantes, il aurait pu l’entendre. Mais l’ensemble des reproches annexes s’étaient greffés à un unique fait, transformant un simple reproche mérité en boulet de canon qui emportait tout sur son passage. D’une façon bien différente, il était aussi dur et blessant que lui. Ses paroles pouvaient être modulées et sa vision pouvait changer mais faire l’étalage de ses défauts en espérant qu’ils disparaissent un jour n’était clairement pas productif.

« Tu es fort, humble et riche de tes expériences là où je suis intellectuel, capricieux et avec peu de souvenirs dont on peut s’enorgueillir. On a compris, qu’est-ce que tu veux que j’ajoute à ça ? » dit-il franchement démoralisé.

Dans un cas comme dans l’autre, les faits parlaient pour eux. Devaient-ils pour autant rougir respectivement des limites de leur caractère ? Probablement pas. Un procès ne pouvait se dérouler, parce qu’il n’avait pas lieu d’être et que la comparaison n’était pas équitable. Ils étaient différents, c’est indéniable. Mais aucun n’était à blâmer pour cela. Son constat était maladroit, un peu mesquin comme il aimait lui rappeler, mais tant pis. Le ressentiment qu’il avait enterré jusqu’à la fin de son discours était sa bouée de sauvetage pour se tirer de sa torpeur. Même si sa réponse avait eu un train de retard, elle lui permettait de rebondir sur ce qui importait le plus.

En revanche, l’image qu’il projetait de lui était détestable. Ça faisait un mal de chien. Plus le mage y pensait, et plus il se rendait à l’évidence : l’amour était mal fichu. La personne avec qui on était le plus vulnérable était celle qui pouvait faire le plus de mal. A aucun moment il ne l’avait insulté lui ou ses centres d’intérêt. Ce qui détonait, c’était lui-même et ses piètres tentatives. Son mercenaire pouvait lui reprocher bien des choses, mais pas de le dédaigner. Le seul mépris qu’il ressentait était dirigé vers sa propre personne, quand il échouait dans ses entreprises.

« Mais enfin Derek… il n’y a rien que tu puisses faire qui soit honteux ou méprisable ! » objecta t-il d’un air indigné.

Ses yeux s’arrondirent pendant un bref instant de stupéfaction après avoir prononcé ses paroles. L’inverse était aussi vrai, il le réalisait enfin. Rien de ce qu’il lui dirait ne serait interprété comme quelque chose d’avilissant. C’était aussi simple que ça, finalement.

« Oh… C’est donc ça. Je comprends mieux. » lâcha t-il à demi-mots au milieu de la querelle.

Mais ça ne changeait rien à son affirmation. Derek pouvait bien être passionnée de jardinerie, de broderie, de jeux, peu lui importait. Il fallait déplacer le problème ailleurs pour comprendre car tout convergeait vers le même point : les tentatives du télépathes étaient insuffisantes. Si pour certains ce bilan était une source de motivation, d’appel au progrès, il représentait au contraire pour lui une infamie, la preuve irréfutable que par analogie, c’était lui qui devenait insuffisant.

« Ta passion n’est pas à blâmer. C’est le prisme de mon inaptitude qui déforme mon jugement. Dans ma mémoire, mes entreprises et même mes relations, si je ne fais pas les choses parfaitement, elles deviennent ridicules. Qu’on parle de mes recherches ou de simple jardinage n’y change rien, chaque degré d’échec amène à la même conclusion : l’étalage de ma faiblesse. »

Morrigan lui devait des explications, parce qu’il ne pouvait le laisser penser des choses aussi affreuses. Il n’était pas non plus envisageable qu’il continue à le taxer d’exagération à l’avenir. Ce qui était évident pour le mercenaire ne l’était pas forcément pour le télépathe. Il ne dramatisait pas ses insuccès, on l’avait élevé de sorte à ce qu’il en mesure toute leur gravité. Tout était sérieux et une question d’honneur chez lui, là où les autres avaient la liberté de s’amuser. Le luxe du divertissement ne lui avait pas appartenu dans le passé et même dans un nouveau monde plus permissif, l’érudit était bien incapable de savoir comment l’appliquer dans cette autre vie.

« Si tu y tiens, je peux te montrer le résultat. C’est sur notre route de toute façon. » dit-il laconiquement en désignant le portail en fer couvert de lichen.

L’emmener dans ce jardin serait une belle conclusion pour lui montrer qu’il avait compris son désarroi initial. Il l’emmena sans un mot à quelques pas de l’entrée du centre d’entraînement pour déboucher sur le fameux parc qui lui avait causé bien des soucis. Si son grand brun lui parlait durant ce laps de temps, il restait complètement hermétique à ses mots. Dans le fond, il était toujours sonné qu’il l’ait dépeint comme un tel monstre. En restant dans sa tête, au moins, il ne pourrait pas davantage être blessé tout en gardant le contrôle de ses émotions.

A l’image de ce jardin, le mage voyait le miroir déformant de son quotidien. Un lieu propre, ordonné mais sans vie. Il s’installa sur un banc qu’il avait lui même rafraîchi en observant distraitement les éventuels changements depuis son passage. Après quelques secondes d’hésitation, il se résolut à prendre la parole. Morrigan était celui qui avait instauré ce silence déplorable, c’était donc à lui de le conjurer.

« Je sais que je n’ai pas grand-chose à t’offrir. » amorça t-il avec ce qui sonnait pour lui comme une évidence, surtout face au panorama de ce paysage désolé. « Mais je pense quand même que je suis capable de t’aimer, si c’est suffisant pour toi. »

C’était bien une des seules promesses qu’il pouvait lui adresser. Le reste était incertain. Encore fallait-il savoir si ça ferait l’affaire. Maintenant qu’il l’avait exposé au vide et à l’enfer de ses auto-exigences, Derek pourrait agir en toute connaissance de cause.



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Derek Ravencross
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Suzy était vraiment un bout de femme différent de ce qu’on pouvait croiser dans mon monde. Je n’avais jamais vu quelqu’un aussi passionné de ragot en tout genre. Mais les gens semblaient ne pas toujours savoir comment la gérer et du coup j’en voyais beaucoup juste l’ignorer. Il lui donnait leur rapport et basta. Ni plus ni moins, pas de papotage inutile. Donc je pouvais comprendre que de parler avec moi ou Morrigan qui lui donnions le change avait de quoi l’intéresser et piquer d’autant plus sa curiosité. Au final, je m’en fichais pas mal de mon côté, mais je savais que Morrigan n’était pas aussi friand de ce genre de chose.

Je lui rappelais d’ailleurs qu’il lui fallait quand même ne pas oublier les clauses de la guilde quant à son métier. Je lui fis également comprendre que ce n’était pas forcément pris de manière agréable par tout le monde. Certains en rigolent, d’autres ignore et d’autres ne sont pas très fervent du truc voir se mettent en colère. Donc il serait bon ton qu’elle fasse tout de même attention à elle. Surtout que tout le monde ne venait pas de ce monde, donc tout le monde n’avait pas la même façon de réagir face aux ragots.

Vouloir connaître ses collègues n’est pas mauvais. Mais tu t’es déjà demander si cette envie était réciproque ? Tu es limite intrusive. Le terme de consentement ça te parle un peu ou bien ? Et le souci des rumeurs c’est que ce sont justement des rumeurs et quelles traversent de nombreuses bouches, tu ne peux pas savoir si elles ne seront pas par être déformées et devenir méchantes sur leur cible. Tu es bien naïve si tu n’as jamais pris cela en compte.

Elle ne semblait pas d’accord avec mes propos, pourtant à la vue de sa tête, elle semblait de plus en plus incertaine. Je voyais certes toujours le pire car je me prenais souvent le pire dans la face. Mais elle ne devrait pas négliger ses hypothèses seulement parce que ce ne sont que des hypothèses. Ce sont très clairement des situations qui pourraient arrivés. On est à l’abri de rien. Il faut savoir appréhender toutes les situations, pour ne pas être surpris et savoir y réagir rapidement.

Fais comme tu veux. Tu ne viendras pas pleurer que je ne t’avais pas prévenue dis-je tandis que Morrigan faisait son entrée.

On prit bien vite congé de Suzy pour se concentrer sur nous et me connaissant j’avais besoin qu’on parle de nous. Surtout quand je l’écoutais dire certaines choses. Il était parfois trop logique et utilisait des mots qui pouvaient être des plus blessants sans se rendre compte justement que cela pouvait l’être. Parfois j’oubliais que j’avais été un noble moi aussi comme il l’était. Nous étions si différents dans la noblesse. Je passais très clairement pour un bouseux à côté de lui et il me le faisait ressentir sans même le savoir et ça faisait mal quelque part. Comme si je n’étais pas à ma place pour finir, et qu’il méritait mieux que moi. Pourtant, vu comment il réagissait à mon contact, je pense que je n’étais pas si mal pour lui. Je le faisais réagir, je le faisais réfléchir à des choses dont il n’avait pas l’habitude, et c’était un premier pas pour l’aider.

Il avait vécu des choses pour finir certainement pires que moi. Et je voulais l’aider, qu’il arrête de penser parfois des choses humiliantes qui ne l’était pas mais que l’on avait conditionné pour lui. Il n’y avait aucune chose plus humiliante qu’une autre ou non digne par rapport à une autre. On avait le droit de faire ce que l’on voulait sans être jugé. Mais il semblait en définitive avoir toujours vécu avec comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête qui est là et qui attend le moindre faux pas de sa part. Tout ça selon un code de conduite dans lequel il avait été conditionné à tort. Encore fallait il qu’il arrive à le comprendre.

Quand Karter craqua, son visage passa de la colère à blanc comme un linge face à mon acceptation des dires de Karter. J’étais surtout d’accord avec la partie nos sentiments n’ont pas à avoir une logique. Il n’existe pas de raison spécifique à toute chose encore moins à l’amour. On ne décidait pas de qui on tombait amoureux. Cela nous tombait bien souvent plus dessus sans crier gare, et c’était ce qui m’était arrivé à son contact. Je ne pensais pas du tout ressentir cela que ce soit un homme ou une femme en face ne changeait rien à cet état de fait. Je me pensais incapable d’éprouver de l’amour car je n’avais jamais vraiment appris à le ressentir, on ne m’avait jamais expliqué de quoi il s’agissait. Ce que l’on était censé ressentir.

Ma colère augmentait et je balançais des choses pas évidentes et cela me faisait mal au cœur de les lui dire car je savais que ça le blesserait. Quand une personne que vous aimez vous dit des choses blessantes ça fait mal, c’est ce que je ressentais quand il disait certaines choses et c’était aussi ce que j’étais en train de lui faire ressentir. Mais là n’était pas la question. Il essayait encore une fois de faire la victime. Mais il ne s’agissait pas de faire la victime, le bon, le brute ou le truand. On s’en fichait de ça, ce que je voulais c’était qu’il comprenne les choses. Qu’il comprenne que je n’étais pas là pour le crucifier sur le pilori, mais que je voulais qu’il ressente davantage les choses sans les relier à un fait divers ou à une raison car tout n’était pas obliger d’avoir un sens. Je voulais aussi qu’il comprenne que des tâches qu’il disait non digne de lui ou humiliante ce n’était rien d’humiliant pour autant car c’étaient des choses que je faisais avec plaisir de mon côté. Le fait de dénigrer ses choses me faisait du mal à moi.

Quand il répondit avec une amertume que je lui connaissais bien je soupirais excédé par son comportement.

Il n’y a pas de d’accord qui tienne Morrigan. On n’est pas là pour définir qui de nous deux à la plus grosse, bon sang ! Il n’y a pas non plus de coupable ou d’accusé, ce n’est pas un procès. Et tes mots ne sont pas le souci, c’est la façon dont tu les emploi, la définition même que tu leurs donnes parfois.

J’étais dur et blessant, je m’en rendais bien compte. Mais je n’étais pas comme lui. Je n’étais pas du genre subtil à emballer je ne sais pas quel reproche dans un imbroglio de compliment. Je ne savais pas faire ça.  Il me connaissait et savait que j’étais quelqu‘un d’honnête. C’était ce qui faisait que cela devait faire encore plus mal, mais je ne pouvais pas vivre cette histoire avec lui sans qu’on parle de tout ça. Cela me turlupinerait sans cesse et ça finirait par exploser d’une manière encore pire que celle-ci.

Raah tu m’énerves quand tu agis comme ça. Tu ne comprends pas alors tu es d’autant plus cynique et acerbe.

Je ne savais pas comment faire pour qu’il comprenne et qu’il soit un peu plus sympa dans sa façon d’être. Je savais bien que ce qu’il entendait n’était pas agréable, mais en aucun cas ça ne le rendait moins charmant à mes yeux. J’aimais son côté capricieux, tout comme son côté cynique me faisait rire. Son côté mesquin quant à lui était tout aussi drôle quand il me racontait ce qu’il faisait subir à certains collègues. ? C’étaient des parties de lui que je n’avais pas spécialement envie de voir disparaître parce que cela le rendait d’autant plus intéressant à mes yeux. J’avais besoin d’un caractère tout aussi fort que le mien en face de moi pour que j’ai envie de m’impliquer dans la relation.

Ne penses pas que tout ce qui fait partie de toi et que j’ai dit, je ne les aime pas. Je tiens à ce que tu saches que j’aime tout ce qui fait que tu es toi. Tes qualités comme tes défauts. Je suis loin d’être parfait de mon côté, j’ai toujours vécu comme un soldat alors que pourtant moi aussi je suis noble tout comme toi. Mais tu n’as jamais pensé une seule seconde que je pouvais l’être n’est-ce pas ?

Quand il dédaigna le jardinage je lui demandais s’il trouvait cela humiliant et si pour finir je n’étais qu’un pauvre paysan à ses yeux parce que moi j’aimais cette activité. Je devais avouer avoir souris face à son indignation face à mes paroles. Mais c’était surtout le fait qu’il dise cela et semble enfin comprendre là où je voulais en venir qui me fit le plus plaisir. Je ne voulais pas qu’il se dédaigne parce qu’il avait jardiner. C’était une activité comme une autre on s’en fichait pas mal. L’avoir menée à bien était le plus glorifiant en définitive. Il avait réussi à se surpasser pour arriver au résultat escompté et c’était pour le mieux.

J’allais le prendre dans mes bras pour essaye de me faire pardonner toutes ses vilaines choses que je lui avais dites afin qu’il ouvre les yeux, mais il entama un discours qui me laissa sur le flanc. Pour lui, son éducation avait toujours été l’excellence dans tout ce qu’il entreprenait et l’inverse impliquait implicitement sa faiblesse...Bon sang, je comprenais mieux à mon tour. Je soupirais ne sachant pas vraiment comment faire pour le consoler au mieux.

Par la suite, il me disait qu’on était sur le chemin du parc qu’il avait rénové si cela me tentait d’aller voir de plus près le résultat. Je me contentais de hocher la tête tout en réfléchissant à comment réagir par la suite avec Morrigan. Je voulais vraiment lui faire comprendre qu’il me plaisait comme il était et que je n’avais pas besoin de la perfection, que lui seul me suffisait.

On arrivait dans le jardin et je souris reconnaissant bien là Morrigan dans toute sa splendeur. Pas une feuille qui dépassait, c’était carré et bien ordonné, mais c’était aussi froid. Cela manquait clairement de chaleur, mais je suis sûr qu’à nous deux on réussirait à faire en sorte de changer cela et que ce parc serait bientôt l’un des plus beaux et des plus visités de tout Portalia.

Je vins me mettre un genou à terre face à Morrigan tandis qu’il m’avait dit qu’il n’avait rien à m’offrir si ce n’est son amour. Quel dramaqueen celui-ci...Je lui pris la main et de mon autre main je relevais son menton pour que ses yeux arrivent à hauteur des miens.

Ce que je veux c’est toi, et ce sera toujours le cas. Ton amour est la chose la plus belle que tu puisses m’offrir vu que je t’aime aussi bel érudit. En revanche, je ne veux pas Que tu restes dans cette spirale de perfection qui t’a conditionné. Parce que tu n’as pas besoin d’être parfait à mes yeux, tu as juste besoin d’être toi. Je t’aime comme tu es avec tes casseroles et ta mémoire défectueuse. Moi je me trimballe mon fantôme mal dégrossi chacun son lot de casserole. Ce que je ne veux pas c’est que tu te dénigres ou te dévalorises face à une activité, car peu importe ce que tu fais tout ne te qualifie pas ou ne te correspond pas. Mais parfois on est amené à faire des choses qu’on n’apprécie pas pour autant. Je sais que tu n’aimes pas le jardinage, mais je vois à travers ce parc que tu as vraiment fait au mieux pour le rendre agréable aux gens. Il te ressemble beaucoup. Si tu le permet on reviendra ici tout les deux, et on rajoutera quelques commodités et on montrera à tous que tu es l’un des meilleurs paysagistes de Portalia quand dis-tu ? Cela rabattra le caquet à certains et surtout certaines si tu vois de qui je parles ? dis-je en souriant et en embrassant son front peu de temps après.

Je caresse sa joue tendrement.

Excuse moi de m’être énervé contre toi et d’avoir dit tout cela. Je ne voulais pas te faire du mal, mais cela semblait tout de même nécessaire pour que tu comprennes certaines choses...J’espères vraiment que tu me pardonneras.

Bon c'est pas bientôt fini les niaiseries ? Rouler vous une galoche qu'on y retourne. On devait pas aller au centre d'entraînement à la base ?
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La situation avait de quoi faire sourire, malgré la gravité des propos échangés. C’est qu’ils allaient bien ensemble, ces deux donneurs de leçons un peu trop sérieux. Suzy écoutait le grand brun proférer son sermon avec une grimace entendue. C’est sûrement à ça qu’aurait ressemblé une conversation avec son grand frère, si l’Ordre ne l’avait pas convoqué à la capitale ces dernières années. Sa famille lui manquait, même dans les scènes pénibles du quotidien. L’intendante ne pouvait pas donner tort à Derek sur le fond, même si l’exagération catastrophée de son imagination la poussait à croire qu’il grossissait le trait. A l’entendre, lui et Morrigan, le pire était toujours à envisager, afin d’appréhender tout le champ des possibles. Mais voilà, aucune apocalypse n’était imminente et l’inquiétude qu’ils partageaient en devenait presque risible.

Jusqu’ici, les choses se passaient bien pour la commère de service et elle entendait bien continuer sur sa lancée. Mais pour l’heure, elle n’allait pas provoquer sa chance en balayant une fois de plus les remontrances de son interlocuteur. Sauvée par le gong, ou plutôt par le mage taciturne et surpris, Suzy se saisit de l’opportunité pour échapper à sa leçon du jour. Dans tous les cas, maintenant que ses soupçons étaient fondés, l’intendante savait que l’attention de Derek serait davantage accaparée par le télépathe que par elle et ce qu’il jugeait être de mauvaises habitudes. Elle ne s’était pas trompée en les voyant quitter les lieux main dans la main dans un gloussement faussement scandalisé.

Ce qui devait être une promenade récréative se transforma rapidement en cauchemar. L’homme à ses côtés avait toutes les clés en main pour le mettre dans tous ses états. S’il était capable du meilleur, en convoquant chez lui des élans de tendresse insoupçonnés, le mercenaire ne tarda pas à se montrer plus impitoyable. Morrigan encaissait péniblement ses remarques odieuses et peinées. C’était trop tard pour ne pas s’en émouvoir, il lui avait laissé trop de place et d’importance pour ne pas être blessé par ses mots. Derek avait le pouvoir de l’élever ou de le heurter, parce qu’il n’avait jamais été question d’un attachement modéré, de mécanismes de préservation à son égard. Le télépathe avait simplement sauté dans le vide avec lui, sans filet de sécurité. Voilà encore une chose qui ne lui ressemblait pas, pour laquelle il s’était bêtement laissé porter. Était-ce la faute de la contagion de son fichu caractère ou de son sourire désarmant ? Difficile de savoir, quand son cœur transi ne demandait en boucle qu’une chose incohérente : encore.

Encore, oui, mais dans quelle direction ? L’intensité du sentiment était là mais sa noblesse s’atrophiait au milieu d’une pagaille d’émotions contradictoires. Au lieu de s’apaiser, ils s’attelaient plutôt à se déchirer sous les impulsions de leur colère respective. Derek était comme lui, du genre à attiser le feu qui brûlait à peine. Mais ce déchaînement était aussi la preuve de leur profond attachement. On ne se fâchait que des choses qui pouvaient nous blesser. Un rictus amère déforma un instant le visage de l’érudit, dans l’ombre de l’éclat de ses yeux furibonds. Le mercenaire était aussi emporté que lui, laissant les émotions odieuses rouler sur le bout de sa langue. S’il pensait qu’en étant vulgaire, ça lui couperait la chique… Il se mettait le doigt dans l’œil. C’est que le mage commençait à avoir de l’entraînement avec les grossièretés habituelles de Karter.

« Ça n’a aucun sens ! La définition des mots est figée, ce n’est pas moi qui m’amuse à leur donner un sens particulier. Je t’ai dit que j’étais navré, alors qu’est-ce qui ne va pas dans ma manière de l’employer ? » rétorqua t-il en ayant conscience de son comportement haïssable.

Mais il ne pouvait pas s’empêcher de s’indigner, de se montrer incisif à son tour comme un animal blessé. A croire qu’il devait se taire afin de ménager le moindre problème. Finalement, le grand brun parvint à mettre le doigt sur ce qui alimentait cette colère : son incompréhension.

« Enfin quelque chose de censé ! » dit-il avec un triomphe insupportable en reconnaissant ses agissements détestables derrière la confusion.

Il n’y avait pourtant pas de quoi être fier. Personne ne méritait d’être poussé à bout par les limites de son caractère, et encore moins l’être aimé. Mais Morrigan avait tenu bon pour ne pas en rajouter, suffisamment de mal avait été fait. Il pouvait se contenter du cynisme. Au moins, Derek le comprenait, c’était une maigre consolation au milieu du grabuge. L’érudit eut enfin l’impression de pouvoir reprendre sa respiration. Le déchaînement était passé, ne laissant que des ruines moroses dans son sillage. Seul un demi-sourire attristé daigna répondre aux mots réconfortants du grand brun dans un premier temps. Il ne doutait ni de son affection, ni de ses paroles. Mais était-ce une situation envisageable pour autant ? Aimer son caractère ce n’était peut-être pas suffisant, pour se préserver de son aura délétère. Le blesser était la dernière chose qu’il voulait faire et pourtant, ce n’était pas la première fois que ce présage se réalisait. Encore une fois, le mage se laissait miner par la désagréable sensation de ne pas être à la hauteur. Prendre soin de quelqu’un d’autre était une tâche plus ardue qu’escompté.

La deuxième partie de son discours l’avait pris de court, le ramenant à une digression plutôt bienvenue au milieu de la désolation. Jamais Morrigan n’aurait pu deviner l’ascendance noble de sa moitié. Sincèrement surpris, son regard jusqu’ici dans le vide sous le poids de ses pensées, papillonna à deux reprises sous l’effet de l’étonnement. Comme son grand brun ne connaissait ni l’étiquette ni même les codes de sa bienséance stricte, Morrigan était prêt à parier que sa famille n’avait même jamais envisagé de parfaire son éducation dans ce sens. C’était à croire qu’ils n’avaient délibérément pas investi dans leur fils, comme s’ils avaient baissé les bras en le confiant plutôt à l’armée.

« Non… Je l’ignorais. » reconnut-il avant de reprendre d’une voix plus douce. « Mais ça ne change rien à l’homme exceptionnel que tu es à mes yeux. Qu’ils l’aient vu ou non en choisissant ta destinée n’a plus d’importance, car moi, je le vois. »

Voilà que c’était maintenant à son tour de le consoler, alors même qu’il était toujours vidé par les propos violents de leur dispute. Entre sa situation et la sienne, le télépathe ignorait laquelle était la plus consternante. Il ne pouvait s’empêcher de croire que Derek avait été abandonné, là où lui avait été retenu captif par les obligations de sa lignée. Sa vie d’errance et sa fugue l’avaient heureusement détaché du conservatisme figé de ses pairs. Morrigan n’était plus attaché à ces traditions de prestige social. La seule chose qui l’amusait était d’imaginer que le mercenaire et lui appartenaient au même monde, et qu’un coup du sort aurait pu l’amener à le rencontrer naturellement dans son cercle. C’est sûr qu’il l’aurait complètement décontenancé, même dans un autre monde.

Leurs paroles respectives avaient au moins réussi à apaiser la situation, encore explosive quelques temps auparavant. L’érudit était de toute façon bien incapable de rester longtemps en colère contre son grand brun, tout épris qu’il était de lui. L’affliction en revanche était toujours présente. Même en l’ayant emmené dans le fameux jardin qui avait eu raison de leur dispute, Morrigan restait en retrait, dans ses pensées et son silence réservé. Il n’était toujours pas certain de la marche à suivre pour s’approcher encore de son idéal de perfection. Derek méritait bien ça, plutôt que ses remarques cinglantes et sa mauvaise foi à toute épreuve. Il se laissa finalement tirer de ses songes par son mercenaire qui le ramena à la réalité à la seule force de sa main effleurée. L’érudit y entremêla la sienne en l’étreignant désespéramment, faute de pouvoir lui exprimer par les mots sa volonté d’être assez bien pour lui.

Contre toute attente, Derek ne lui proposait aucune piste d’amélioration. A l’inverse, il lui demandait de rester perfectible sans se triturer l’esprit plus que de raison. Trop tard, il s’était déjà torturé depuis de longues minutes. Mais la chose la plus importante demeurait dans des mots simples. Il l’aimait. Morrigan n’avait pas besoin de retrouver la mémoire pour savoir que c’était l’affirmation la plus douce qu’on lui avait dite. Il ne pouvait s’empêcher de sourire bêtement, les yeux plongés dans ses prunelles dorées. Le télépathe l’avait laissé poursuivre sans jamais l’interrompre, encore chamboulé par ce dernier retournement de situation. Décidément, il était doué pour le faire taire, cet homme imprévisible. Il l’admirait pour la facilité avec laquelle il lui confiait toute son affection.

« Merci... » dit-il simplement, incapable d’ajouter quoi que ce soit d’autre pour le moment.

C’était effarant, la manière dont il le rendait si vulnérable et émotif. Il profita de son embrassade sur le front pour l’interrompre dans sa course et presser sa tête contre son épaule pour l’enlacer. Il avait besoin de lui, de toute évidence. Sa vie ne serait plus jamais la même maintenant qu’il avait croisé sa route. Il réalisait combien il tenait à lui, tout en caressant distraitement ses cheveux parfumés du bout de son nez. Ils avaient l’odeur du savon et du soleil qui avait reflété sur eux.

« C’est entendu, je ferai en sorte de m’en souvenir, la prochaine fois. » conclut-il avec sincérité. « Je me fiche de l’avis des autres quant à mes ouvrages, et puis, tu te doutes que jamais je ne m’attribuerais ton mérite. » dit-il en ayant retrouvé un peu de son autodérision naturelle.

Il était en effet bien trop fier et consciencieux pour s’attribuer le travail de quelqu’un d’autre.

« Mais j’ai hâte de te voir à l’œuvre. Je veux te voir faire des choses que tu aimes. » avoua t-il pour accepter sa proposition.

Entre ses missions de mercenariat et les dernières déconvenues liées à son avis de recherche, Derek n’avait pas vraiment profité d’interludes récréatives. Son rôle était aussi de l’aider à se ménager et de s’assurer qu’il prenait soin de passer des moments qualitatifs. Le mage le libéra de son étreinte pour sentir bientôt sa main se loger naturellement sur sa joue, lui arrachant un petit sourire attendri.

« Je n’y suis pas allé de main morte non plus… Alors disons que nous sommes quittes. » abdiqua t-il devant son petit air contrit.

En parlant de fantôme mal dégrossi, ce dernier ne se gêna pas pour interrompre leur échange délicat. Puisqu’il avait explosé son quota d’énervement pour la journée, le télépathe le darda d’une mimique à la fois espiègle et hautaine. Autant faire de ses pitreries une prophétie. S’il pouvait ravir son beau brun et ennuyer son fantôme de compagnie par la même occasion, c’était d’une pierre deux coups. Sans demander son reste, Morrigan scella son pardon d’un baiser que les règles de la bienséance lui interdisait de donner dans un lieu public. Mais ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait se féliciter d’avoir le plus bel homme du multivers à ses pieds.

Après quoi, il adressa un bref regard à l’insupportable ectoplasme, avec un sourcil arqué d’arrogance qui semblait lui demander Satisfait?. Ça lui apprendrait à toujours dire des âneries visant à les embarrasser… Le centre d’entraînement se trouvait à proximité du parc, la route pour le rejoindre était même adjacente. Ils s’y rendirent enfin, comme convenu, sans difficulté. Morrigan n’avait pas remis les pieds ici depuis l’incident. Le bâtiment portait encore les traces de leur affrontement contre le chaos. Il ignora délibérément les dégâts pour aller de l’avant et ne pas convoquer de nouveaux souvenirs pénibles pour Derek. Leur pas les menèrent naturellement vers une étendue légèrement ombragée par les hauts murs qui encerclaient le centre.

« Avant de commencer, j’ai besoin de savoir certaines choses. D’abord, cette histoire d’essence. Comment sais-tu quand c’est trop ? Comment se définissent les limites, exactement ? » demanda t-il très sérieusement.

Contrairement à Derek qui était entré dans ce monde avec son essence, le processus était étranger à Morrigan qui peinait encore à l’utiliser de manière raisonnable. Sa surconsommation lui avait fait défaut à chaque fois qu’il avait tenté le voyage par lui-même. Si la question pouvait faire sourire, elle était tout à fait sérieuse pour l’érudit. Morrigan était un homme de sciences, qui avait besoin de quantifier numériquement même ce qui relevait de l’instinct ou de la physiologie. Voilà pourquoi il n’était pas très créatif, cantonné qu’il était à la précision et aux quantités. Avec lui, les recettes de cuisine avaient intérêt à être carrées au gramme près, autrement le plat serait immangeable, faute d’instructions rigoureuses.

« Ensuite… J’aimerais me fixer un objectif de recherche, pour donner du sens à cet entraînement. Est-ce qu’il y a un souvenir que tu voudrais particulièrement partager avec moi ? » questionna t-il avec intérêt.

Si cela pouvait sembler anodin, ça ne l’était pas pour lui. L’idée de garder précieusement avec lui l’un de ses souvenirs estimé le ravissait. Peut-être que ce n’était pas jugé comme assez romantique par le commun des mortels, mais il ne s’agissait que des lubies d’un télépathe rarement fantaisiste.



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descriptionCancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois. [Feat. Derek Ravencross] EmptyRe: Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois. [Feat. Derek Ravencross]

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Je me fichais bien de ce que les autres pouvaient dire sur notre compte à moi et Morrigan. On était fier d’être ensemble. En tout cas, Morri l’avait montré comme tel et cela m’avait fait plaisir. Mais la suite avait engager sur une dispute plus grande que prévue. En vérité, cela me travaillait depuis un moment et j’avais besoin d’extérioriser, mais j’avais sûrement gardé ça trop longtemps en moi car Morrigan prenait très cher...Au moins, il savait ce que j’avais pu ressentir quand on s’était retrouvé à cette auberge et qu’il m’avait incendié comme si j’étais le dernier des derniers...

Pourtant ce n’était pas comme ça que je voulais amener les choses, mais je n’étais pas très doué avec les mots alors ça partait dans tous les sens avec un semblant de logique, sans plus. Morrigan qui s’était pourtant engagé avec moi à l’aveuglette, il en avait pour son argent le bougre...Autant handicapés des sentiments l’un que l’autre, c’était vraiment n’importe quoi. On s’exprimait de manière anarchique plus qu’autre chose.

Je ne m’étais jamais emporté de la sorte avec quiconque, cela prouvait sans mal à quel point je tenais à Morrigan et à quel point il pouvait faire clairement du petit pâté de mon cœur s’il le voulait. Il me faisait passer par tant d’émotions que je n’avais jamais ressenti par le passé. Je soupirais me disant que de toute façon fallait que cela sorte à présent et qu’on s’explique vraiment, qu’on réussisse à se comprendre mieux pour mieux avancer.

Le ton que tu emploies en les maniant, tu vas dire certains mots de manière normal, et les autres tu vas parfois plus les cracher qu’autre chose, comme si tu prenais de haut ceux qui étaient caractérisés par ce mot.

Il savait répondre tout le temps avec sa meilleur arme le sarcasme et quand ce n’était pas ça c’était de la mauvaise foi. Lui qui était si intelligent m’était parfois tellement de temps à comprendre des choses simples...C’était vraiment compliqué. Et il savait que je n’étais pas le meilleur pour ce genre de chose.

Quelque chose de censé ? Le fait que tu sois un enquiquineur de première catégorie quand tu boudes ? dis-je d’un sourire en coin.

Je voyais qu’il broyait maintenant du noir. Qu’il eût des idées sombres, son visage le transcrivait pour lui en tout cas. Je ne savais pas exactement, ce à quoi il pensait, mais le connaissant, sûrement quelque chose comme quoi il n’était pas suffisant. Mais à aucun moment je n’avais pensé cela, bien au contraire il était plus que suffisant pour moi. Je n’aurais jamais pensé être amoureux comme je pouvais l’être de lui. Je ne pensais pas non plus pouvoir me sentir meilleur que je ne l’avais jamais été auprès de quelqu’un. Pourtant, à ses côtés, j’avais déjà commencé à changer, étant de plus en plus abordable, même s’il ne fallait pas pousser non plus, mais vous avez compris. J’étais devenu plus humain.

J’avais maintenant quelqu’un à protéger en plus de moi-même et cela m’avait ouvert d’innombrables possibles. J’avais toujours pensé que je resterais seul, que c’était mieux ainsi et que vu mon caractère et le boulet que je traînais du nom de Karter, personne ne s’intéresserait à moi. Pourtant, lui le faisait, et chaque jour il me prouvait un peu plus son attachement réel envers moi. Il ne jouait pas, il ne voulait pas me blesser intentionnellement non plus, j’avais bien compris qu’au final, il lui manquait à lui aussi des paramètres. Qu’on avait, tous deux, été éduqués avec des manques qu’il nous fallait à présent prendre en compte et essayer de doucement combler pour d’autant plus s’apprécier et se choyer.

Je vis clairement sa surprise quand je lui fis part de ma noblesse. Bien que je ne fusse pas du tout noble comme lui le définirait, je l’étais bel et bien. Juste que ma famille avait cru bon d’axer sa pédagogie sur autre chose que les boniments qu’il avait bouffés lui. Pas sûr que cela soit une bonne chose, mais de toute façon qu’est ce que cela pouvait faire à présent ? Ici, ma noblesse ne valait rien, donc autant qu’elle disparaisse, ce n’est pas ça qui m’aiderait à me nourrir et à me loger de toute manière.

Exceptionnel ? Rien que ça ? Tu me vois bien plus grand que je ne le suis vraiment, mais c’est adorable bel érudit. Tu mérites bien plus ta noblesse que moi de toute façon. Tu es bien plus éblouissant que n’importe lequel gratte papier de la guilde. Ils devraient tous s’en rendre compte et faire en sorte que tu sois plus haut placé. Ce sont tous des ignares, on se demande après pourquoi il y a des incidents comme celui perpétrer avec Hypanatoï et moi. Quelle bande d’incapables...

Je me demande si ça aurait été possible avec ce statut de noble de rencontrer Morrigan si on avait fait partie du même monde. Sûrement que sur le coup il m’aurait pris pour un soldat sans cervelle. Avant que je prenne finalement la parole et lui cloue le bec ce qui l’aurait surpris puis potentiellement intriguer. Peut-être aurait-il été un peu outré sur le coup, mais il aurait trouvé à ce moment-là un camarade dans les soirées chic et bien trop ennuyeuses à son goût et au mien. Rien que d’y penser j’avais envie de m’enfuir... Ce genre de soirée n’était vraiment pas pour moi, trop de mondes, trop de boniments pour rien et trop de simagrées hypocrites.

On finit par arriver au parc dont Morrigan avait pris soin. Je souriais trouvant que celui-ci lui ressemblait bien. Il avait été bien entretenu, de manière froide et sans vie cela dit. Il faudrait remédier à cela. Comme ce n’était pas une activité qu’il appréciait il l’avait fait sans forcément le cœur dans l’ouvrage malgré sa ténacité à vouloir faire ça bien cela dit. Il suffisait à présent d’un petit peu d’huile de coude pour, amener à un parc totalement épanoui et je l’y aiderais s’il voulait bien que l’on partage cela ensemble. Après s’il préférait rester sur un banc lire tandis que je m’attelais à la tâche ce serait possible du moment qu’on restait ensemble.

Je m’agenouillais face à lui et prenais sa main. Je souriais quand il prit la mienne et s’y accrocha comme à sa propre vie. Il n’avait pas à avoir peur tout se passerait bien. Je ne sais pas si c’était une belle déclaration qui suivit, mais je laissais simplement parler mon cœur. Je ne voulais pas qu’il essaye d’atteindre la perfection dans chaque chose qu’il entreprenait parce que la perfection n’existait pas. Et puis, s’il était parfait ce ne serait pas aussi explosif entre nous, et ça aussi cela me plaisait finalement. On était caractériel tous les deux, et on avait du répondant en face, c’était bien plus intéressant qu’une personne terne qui dirait amen à toutes nos envies et tous nos caprices, non ?

Je voyais en tout cas son sourire éblouissant sur ses lèvres signe que ce que j’avais dit lui avait bien plus. Je ne sais pas s’il n’avait retenu que certaines choses s’il avait bien tout écouter, mais d’un moment qu’il était content c’était l’essentiel à cet instant. Il était bien trop adorable pour mon petit cœur...Il me remercia et je souris. Cet homme pouvait vraiment me faire faire n’importe quoi. Il était si beau quand il souriait et était heureux. Je souris quand il me garda tête sur son épaule dans un câlin improvisé. Je l’enlaçais tendrement venant embrasser son cou puis le chatouiller avec le bout de mon nez.

Même si tu t’attribuais mon mérite je n’y verrais aucun inconvénient. Je sais que tu peux faire aussi bien que moi si tu es motivé.

Je viens mordiller son oreille avant de chuchoter.

On sait tout deux que si j’étais impliqué comme récompense tu serais très motivé à la tâche ~

Je souris à la suite de ses mots quand il dit vouloir me voir faire des choses que j’aime.

Hum hum et j’imagines que de me voir suant et torse nu n’a rien à voir là-dedans ? ~

J’avoue que j’étais plus en train de le charrier qu’autre chose. Après tout, il n’avait pas forcément l’esprit aussi pervers que cela. Cependant, parfois Karter, avait mauvaise influence sur moi. Surtout qu’il devait penser en grande majorité au fait que je n’avais pas vraiment pu prendre de temps pour moi ces derniers temps avec tout ce qui s’était passé. L’étreinte prend finalement fin et ma main va sur sa joue, tandis que je m’excuse d’avoir été aussi cash dans mes propos. L’avoir blessé n’était pas vraiment quelque chose de bien peu importe de quel point de vue on le regardait.

Oui disons cela nous sommes quittes.

Karter vint nous interrompre, mais pour le coup Morrigan ne dit rien se contentant de le regarder puis de m’embrasser sans demander son reste. Il mit même la langue...Je fermais les yeux appréciant le moment l’enlaçant au niveau du bas du dos. Bon sang, il fallait que je me contrôle fort...il m’allumait effrontément ici...Je viens de nouveau mordiller l’une de ses oreilles pour murmurer une chose que lui seul pouvait entendre une fois de plus.

Tu as de la chance que nous ayons des choses à faire, parce que sinon je t’aurais bien vite emmener dans un endroit tranquille. Tu me provoques vilain ~ dis je en soufflant sur son oreille avant de me détacher de lui.

On partit au centre, celui-ci étant proche du parc on y fut assez vite. Je soupirais me disant qu’il s’en était passé des choses ici aussi. De là à ce que je fusse posséder par une autre entité de Karter. Je n’aurais jamais cru cela possible...En tout cas, nous n’étions pas là pour cela. Je balayais donc mes idées noires pour me concentrer sur Morrigan qui était de toute façon plus intéressant en tout point. Il commença à poser des questions et je me grattais le haut de la tête, incertain sur comment répondre. Moi et les chiffres...Je ne voyais pas à quoi ça l’avancerait de savoir ce genre de chose...

Ben quand tes forces te quittent c’est que c’est trop ? Les limites ? Cela dépend des personnes je pense. Tu puisses l’essence dans tes ressources, sûrement qu’il y a une cause à effet selon laquelle plus tu es endurant et plus tu pourras utiliser ton essence, j’imagine. On fera de l’exercice ensemble pour te maintenir en forme ne t’en fais pas ~

Je rigolais doucement à ma boutade tandis que je réfléchissais au reste. Un objectif à atteindre...Un souvenir que je voudrais partager ? Hum j’avais beaucoup apprécié apprendre le langage des signes avec mon oncle et le jardinage, cela pourrait être une bonne idée. Peut-être que ce n’était pas nécessaire d’avoir mes souvenirs d’enfance où je ne faisais que m’entraîner et où mon père me frappait à coup de bâton quand je n’avais pas fait assez bien. Là encore c’est bien souvent mon oncle qui me ramassait à la petite cuillère et qui mettait du baume sur mes blessures. Ma mère quant à elle m’ignorait la plupart du temps comme si depuis ma naissance je n’avais jamais vraiment été digne d’elle. Ouais...faut vraiment qu’il pioche dans des souvenirs liés à mon oncle, le reste ce n’est pas glorieux. Je ne veux pas qu’il me prenne en pitié...

Cherche des souvenirs liés à mon oncle. J’en ai plusieurs des sympas. Cela te permettra de voir si tu arrives à faire le tri et à prendre que ceux-là. Je te préviens y a aussi beaucoup de bordel autre...n’y fait pas attention...Cela ne vaut pas le coup que l’on s’y attarde.

Je ne voulais rien lui cacher, mais bon il n’avait pas forcément besoin de savoir en détail ce qu’il m’était arrivé, je le lui avais déjà plus ou moins expliqué grossièrement le truc c’était bien suffisant.

Dès que tu es prêt tu peux y aller Karter fera le guet au cas où qu’il y ait des monstres.

C’est pas moi le gay c’est vous deux dit-il hilare.

Dernière édition par Derek Ravencross le Mer 30 Aoû - 8:49, édité 1 fois
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"Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois."






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La logique voulait qu’on ne se dispute qu’avec les gens qu’on aime. Alors Derek devait beaucoup l’aimer, si on prenait l’expression au pied de la lettre. C’était une maigre consolation, quand Morrigan songeait à la façon dont chaque rencontre se soldait par une querelle d’anthologie. C’était un spectacle à la fois épuisant et grandiose, de passer par autant d’ascenseurs émotionnels quand ils étaient tous les deux prisonniers de leurs émotions la plupart du temps. Malgré tout, son mercenaire avait plus de patience qu’il ne voulait bien l’admettre. Il encaissait ses remarques sarcastiques, la mauvaise foi déguisée en traits d’esprit, avec son pragmatisme habituel. Plutôt que de lui répondre sur le même mode, Derek prenait souvent le parti du premier degré, sans mettre en gage le niveau de sérieux et de provocation de ses propos. Le télépathe ne savait jamais s’il devait en rire ou en pleurer, de se comporter ainsi avec un être qui le déroutait tant par son honnêteté que sa naïveté. A moins qu’il ne s’agisse d’une méthode particulièrement efficace pour le faire regretter instantanément sa répartie cinglante ?

Il accueillit alors sa réponse terre à terre avec un rictus nerveux. Ce serait mentir que d’oser prétendre qu’il n’agissait pas de la sorte. Morrigan se voyait sans mal, même sans miroir, vociférer certains mots avec un mépris tout ostentatoire. Mais voilà, il n’était pas non plus en mesure d’assumer pleinement une habitude aussi désagréable. Ce n’était après tout pas quelque chose dont on pouvait être fier et avouer les yeux dans les yeux d’un simple aveu du type oui, Derek, je suis le mépris incarné, je le reconnais. Finalement, son reproche un peu moqueur et le semblant de sourire qu’il voyait poindre en fossette sur son visage, achevèrent de le faire sourire pour de bon. C’était de bonne guerre et l’érudit appréciait toujours la façon avec laquelle le grand brun mettait un terme aux situations les plus explosives avec dérision et tendresse.

« Quelque chose de cet ordre là. » reconnut-il, cédant à sa proposition d’apaisement avec un petit haussement d’épaule.

C’est vrai qu’il était pénible lorsqu’il était contrarié, et il était désormais inutile d’essayer de le persuader du contraire. Les prémices d’une réconciliations ne suffisaient néanmoins pas à faire taire ses introspections pessimistes. Le mage n’était pas sûr d’être un jour à la hauteur des exigences du mercenaire. Bien sûr, il avait conscience de ses lacunes. Comment l’ignorer quand la plupart des réponses émotionnelles manquaient à l’appel ? Aucune promesse ne pouvait être faite en conséquence. Comment savoir ce qui lui reviendrait au détour d’un souvenir retrouvé ou à son contact ? Tout restait donc incertain et le télépathe n’était pas sûr d’avoir grand-chose à lui offrir. Pourtant, les doutes ne l’empêchaient pas de le rassurer et de l’encenser. Il lui montra d’abord l’exemple en l’écoutant et en le gratifiant d’un sourire reconnaissant lorsqu’il le complimenta. L’entendre râler de la sorte pour le défendre était toujours aussi plaisant.

« Qu’est-ce que je t’ai déjà dit au sujet de la dévalorisation.. ? Prend tes compliments et tais-toi ~ sauf si c’est pour me renvoyer l’ascenseur. » dit-il en croisant les bras et en relevant le menton d’un air faussement impérieux.

Son discours sur la noblesse avait de toute façon peu de cohérence à ses yeux. La noblesse était héréditaire, et ne dépendait pas d’un quelconque mérite. L’image et la réputation pouvaient se raffiner mais pas la naissance. Et pour preuve, il suffisait de considérer les agissements et le comportement abjects de nombreux nobles qui jouissaient de leur ascendance pour se prévaloir des conséquences. Derek serait probablement surpris, de savoir qu’il se liait plus volontiers aux gens simples qu’à ceux de sa caste, dans ce passé qui lui semblait maintenant bien lointain.

La visite au parc, bien que morne et aseptisé, avait eut le mérite d’apaiser les tensions. C’est du moins ce que l’érudit pensait, avant que son grand brun ne le comble de mots doux, de gestes tendres et de quelques bravades qui lui firent rapidement monter le rouge aux joues. Derek était déroutant de par son imprévisibilité et ses initiatives. Malgré tout, le télépathe le laissait poursuivre son manège, en laissant les frissons qui parcouraient sa peau compenser son manque d’éloquence. Il ne put s’empêcher de rire lorsque le mercenaire mentionna une scène qui s’était déjà promenée dans son esprit, ne se sentant guère plus digne que les ménagères fictives autrefois décriées.

« Rien qui ne puisse pas allier l’utile à l’agréable en définitive ~ » dit-il en esquivant habilement le fait que cette pensée éhontée lui ait parfois traversé l’esprit.

La paix définitivement actée, le mage ne s’était pas fait prier pour respecter l’anticipation de Karter, en embrassant avidement l’objet de toutes ses pensées. Mais il s’était lui-même condamné à l’attraction, en initiant un baiser qui traduisait tous les non-dits et auquel son beau brun était réceptif. Quand Derek le libéra enfin de l’enchantement de ses lèvres, Morrigan se fit violence pour ne pas fléchir davantage le cou sous ses audaces. Même sans l’intégralité de ses souvenirs, la mémoire du corps demeurait. Un geste un peu osé, un baiser qui s’attarde, et on se laisse porter par l’inertie. C’est bien parce qu’il connaissait la chanson que le mage se ravisa sagement, en savourant simplement son effet. Il savait que les provocations du mercenaire n’étaient probablement pas sérieuses. Il l’avait déjà dupé une fois tout en étant conscient de ses projets idéaux qui ne coïncidaient pas avec la situation actuelle. Faute de renchérir, le télépathe lui adressa un sourire victorieux et resplendissant, gardant les indices de cette confidence pour lui seul. Le simple fait de lui donner des idées aussi suggestives et fantasques était déjà source de réjouissance.

« Je me sens effectivement chanceux. » rétorqua t-il finalement en se levant pour gagner leur destination, laissant volontairement planer le doute sur les causes de son ressenti.

Fier de son effet, Morrigan était repartit de meilleure humeur qu’en arrivant dans le parc. Une fois sur place, il cuisina son cobaye préféré dans l’espoir de ne plus subir les effets secondaires déjà expérimentés. Il fit une moue dubitative face à la réponse moins pointue que ce que l’homme de science qu’il était attendait. Tout n’était donc qu’une histoire de force et de puissance brute ? Impossible. Il n’avait pas traversé un portail, subit les pires humiliations, avoir failli perdre sa conscience face à Sybille pour finalement devoir faire… de l’exercice. Ou Derek était un peu trop hypothétique, ou les dieux de ce monde avaient un humour encore plus corrosif que le sien. Le mage plissa un court instant les yeux, cherchant à démêler le vrai du faux et le sous-entendu de l’ingénuité de son homme. Pas facile de trancher, quand il savait que son sport préféré était de le charrier.

« Vraiment ? Tu es en train de me dire que je suis condamné à subir des effets secondaires si mon essence n’est pas aussi concentrée que ma cible ? Alors qu’on ne peut pas précisément le quantifier avant de s’y essayer ? » dit-il, franchement atterré.

Voilà pourquoi les gens de cette cité s’évertuaient à développer leur rang. C’était à marcher sur la tête… et terriblement frustrant. De là où il venait, il pouvait tout calculer afin de ne prendre le moindre risque là où ce monde n’était que pari et probabilités. Morrigan prit quelques instants pour digérer l’information avant de revenir sur un point encore plus révoltant.

« Ensuite, tu affirmes qu’il existe des essences bleues, portées sur la magie et l’intellect et qu’elles sont malgré tout liées à… l’injonction de l’activité ? »

Le silence étonné qui suivit sa remarque était éloquent. Si son opinion n’était pas encore figée, il pouvait maintenant l’affirmer : le système de rang et de magie était bien inégalitaire et dégénéré. Une fois de plus, de telles révélations expliquaient pourquoi même des types comme lui étaient conviés à de stupides entraînement militaires orchestrés par la guilde… Mais même en toute connaissance de cause, il était certain que jamais l’érudit ne s’adonnerait à l’exercice avec plaisir. A moins d’y impliquer une récompense comme suggéré par le mercenaire… Non, il ne rentrerait pas dans son jeu idiot en se laissant berner par ses émotions.

« Je dirais bien que je compte sur toi, mais on ne peut pas en dire autant me concernant... » conclut-il en lui avouant à demi-mots ce qu’il devait déjà savoir de son aversion pour l’exercice, au sens purement sportif du terme.

Le télépathe s’attarda ensuite sur la nature des souvenirs qu’il allait consulter et plus particulièrement sur celui qu’il souhaitant copier, par pure lubie sentimentale. Contre toute attente, Derek exprima pour la première fois des craintes au sujet du fait qu’on sonde sa mémoire. Hors de question d’ignorer ses propos et de partir dans ces conditions. Morrigan voulait qu’il soit serein et que rien ne vienne troubler cet esprit qu’il admirait tant.

« Allons, rien te concernant n’est indigne de mon attention. Tout ce que tu as vécu t’as mené à moi en contribuant à te faire devenir l’homme présentement à mes côtés. » dit-il en lui caressant doucement la joue. « Je suis déjà bien assez occupé à juger de tes actes présents et futurs pour m’attarder sur des faits qu’on ne peut plus changer, tu ne crois pas ? » ajouta t-il avec une pointe d’humour pour détendre l’atmosphère.

Il lui laissa le temps de se tranquilliser un peu, avant de l’inviter à s’asseoir confortablement, tout comme lui. Un gros soupir d’exaspération se fit entendre quand il remarqua l’insupportable spectre se gausser pour une raison qu’il préférait sans doute ne pas connaître. Morrigan avait sondé de nombreux esprits avant celui-ci, et il ne voyait chez Derek aucune raison particulière d’appréhender sa mémoire. Après une grande inspiration, et un rapide balayage des pensées parasites qui s’agitaient encore à la surface de sa conscience, le télépathe parvint à établir une connexion simple entre leurs deux esprits. C’était déjà plus rapide qu’avec Emilia, mais leur relation privilégiée y était probablement pour quelque chose. Derek ne lui était clairement pas hostile en dépit des doutes qu’il avait soudain émis. Sans avoir à déployer des trésors de concentration, l’érudit projeta naturellement ses propres pensées dans l’esprit obtus mais adoré de son partenaire.

**Tout va bien ?** s’assura t-il d’abord avant toute chose. **Je sais que ça peut paraître inhabituel comme façon de communiquer, mais on s’y fait rapidement. La voix que tu entends n’est même pas la mienne en théorie, mais celle que ton esprit associe naturellement à mes paroles.** ajouta t-il de manière informative.

Il n’y avait que Derek avec qui le mage pouvait partager les arcanes de cet art particulier, le rendant plus rationnel et moins impressionnant qu’il ne pouvait l’être d’un point de vue extérieur. Après ces quelques explications sommaires mais capitales, le télépathe s’adonna à un autre test de concentration. Si lui était confiant quant à sa connexion, on ne pouvait pas toujours en dire autant de sa cible. La situation s’était d’ailleurs retournée contre lui à plusieurs reprises, et Morrigan devait maintenant s’assurer de certaines choses. Et qui de mieux placé que Derek pour expérimenter ses théories ? Son prochain objectif était de le perturber légèrement, afin de voir si le lien mental menaçait de se briser face à leur différence édifiante de puissance d’essence. Le mercenaire était peut-être consentant et réceptif mais qu’advenait-il en cas de perturbation émotionnelle mineure ? Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir.

**A ce stade encore superficiel, je n’ai accès qu’au fil de tes pensées immédiat. Si tu veux communiquer directement avec moi, il te suffit donc d’imaginer les paroles que tu souhaiterais m’adresser. En revanche, sache que je connaîtrai également les associations d’idées et tes ressentis autour de ces paroles.** Il fit une courte pause pour reprendre de plus belle, rebondissant ainsi sur leurs derniers échanges. **Peut-être que comme ça, tu ne pourras plus jamais faire l’innocent à propos de tous tes sous-entendus.**

Tout l’intérêt de cette première expérience se jouait donc ici. Néanmoins, le télépathe serait de mauvaise foi s’il affirmait que son intérêt pour le sujet était purement scientifique. Mais qui a dit que la curiosité devait se borner uniquement aux sciences dures ?



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Quand j’y pense, a chaque fois que l’on se voyait, on finissait toujours par se fritter à un moment ou à un autre. La première fois, on s’était pris le bec car j’avais pété un câble pour absolument rien. Morrigan avait simplement effectué un rapprochement envers moi qui m’avait déstabilisé complètement et j’étais parti en live. Cela s’était arrangé par la suite, vu que c’était à la suite de cette première rencontre qu’on avait noué un lien fort et puissant entre nous. Un lien dépassant de loin la simple amitié. La seconde fois, c’était parce que j’avais dû faire face à des contraintes étant maintenant hors la loi. J’avais voulu protéger Morrigan, étant habitué à être seul dans mes problèmes et je n’ai pas pensé un seul instant qu’il pourrait m’en vouloir car là encore j’étais indépendant et lui aussi. Mais il m’avait incendié quand je l’avais finalement rencontré de nouveau pour lui donner des explications.

Et maintenant, j’essayais de lui faire comprendre que je ne voulais pas quelqu’un de parfait et que je le voulais juste lui et que j’acceptais toutes ses qualités comme ses imperfections. Il avait beau être sarcastique et de mauvaise foi, cela ne me ferait pas reculer pour autant. Mais ce genre de conversation avait besoin d’exister. Le souci c’est que comme on était fait dans des moules bien différents on avait parfois du mal à s’expliquer sans s’engueuler…

Il n'assumait pas le fait que j’avais raison ou en tout cas, ne le disait pas haut et fort. Mais il savait pertinemment que j’avais raison. Il était comme ça et moi ça m’allait encore une fois. D’ailleurs je finis par faire un peu d’humour en répondant à sa question suivante sur dire quelque chose de censé. Pour être un enquiquineur, ça oui il en était un clairement. D’ailleurs je fus surpris qu’il acquiesce cette fois. Il reconnaissait son côté emmerdeur. Mais bon en même temps, on l’avait accepté tous deux en mettant notre couple en branle. On s’était dit tous deux que notre caractère était merdique et qu’on n’était pas facile à vivre. Forcément, les disputes étaient explosives. Mais celle-ci se tarit à présent que les choses étaient dites et expliquées.

Tu vois quand tu veux, tu sais me donner raison ~ C’est un sentiment fort agréable dis-je dans un clin d'œil moqueur.

Je voyais bien qu’il était incertain. Qu’il avait peur de ne pas me suffire. Mais c’était tout sauf le cas. Cet homme n’avait rien à me prouver. Je connaissais son intelligence, son caractère fort, ses défauts, sa mémoire défaillante ainsi que ces nombreuses casseroles. Mais jamais je ne le laisserais tomber pour tout cela. C’est ce qui faisait son être qui me plaisait, pas juste ses qualités. Et pour ne rien arranger il était beau gosse alors forcément, j’étais totalement conquis à sa cause quelle qu’elle soit.

En gros tu es en train de me dire sois beau et tais toi, c’est ça ? Si tu veux des compliments tu n’as qu’à demander tu sais ? Je suis sûr que je peux en trouver vite avec un peu de motivation ~ dis-je amusé.

Maintenant il savait que j’étais noble. Mais clairement notre noblesse était différente. Je n’avais jamais eu d’éducation noble. Mes parents se concentrent sur mon côté soldat. L’étiquette et toutes ses conneries étaient incompréhensible pour moi. Je ne voyais pas l’intérêt des courbettes. Peut-être étais ce pour cela qu’ils n’avaient pas cru bon de m’apprendre les boniments liés à mon rang et mon sang. Pas une grosse perte. J’aurais certainement trouver ça chiant. Cela ne me correspondait pas, j’étais bien trop franc pour ce monde hypocrite qu’est la noblesse. Surtout qu’ils sont loin d’être tout droit dans leur botte. C’est parfois une raison suffisante pour tout se permettre.

Après la dispute vient souvent la réconciliation. Je ne lui avais pas fait de mal pour le plaisir. Je voulais simplement qu’il comprenne certaines choses et que parfois son ton pouvait très clairement le faire paraître parfois plus connard qu’il ne l’était vraiment…Je prenais le temps de lui prendre la main et de le réconforter tendrement. Au final quand on y pense, c’était assez risible de se dire que j’étais le plus romantique des deux. Rien dans mon attitude habituelle pouvait le laisser penser. Pourtant, ce trait était ressorti de manière inattendue face à lui. Je voulais prendre soin de lui.

Je n’étais pas là pour lui dire de changer, simplement de se rendre compte que parfois il pouvait être méprisant sur certaines choses parce qu’ils ne les aimaient pas. Et ce n’était pas pour autant que ce n’était pas quelque chose de respectable pour autant. Mais je voulais aussi et surtout qu’il ne se prenne pas à vouloir la perfection parce que je ne la désirais pas moi-même. Je l’aimais simplement comme il n’était rien de plus. Et j’adorais savoir que j’étais assez doué pour le rendre muet comme une carpe dans ses moments romantiques. Son regard parlait généralement pour lui. Brillant de contentement, tandis qu’un sourire se profilait sur son visage tout content de mes dires comme si je lui avais offert le plus beau des cadeaux de Noël. C’était beaucoup trop adorable.

Derien. J’aime bien être l’auteur de tes sourires. Mais je vois que Karter t’as perverti ~

J’avoue que j’aimais bien l’embêter et je n’avais aucun doute sur le fait qu’être comparer à Karter le ferait aussitôt réagir. J’avais hâte de voir sa réaction à ma petite ménagère sexy rien qu’à moi ~. En tout cas, son baiser des plus brûlants par la suite ne faisait que m’allumer d’autant plus. Il n’était pas très gentil de faire cela car lui comme moi on pouvait s’emporter vite. Il savait bien que je n’étais pas des plus patients de manière générale. Il était parfois si taquin. C’était adorable de le voir comme ça tout en étant excitant. J’aimais quand il se lâchait comme cela avec moi, rien qu’avec moi. Je voulais être le seul à savoir ce côté si badin qu’il pouvait avoir parfois. Pour le moment, il mit fin au moment en se relevant totalement et en commençant à se diriger vers le centre d’entraînement.

Très chanceux même je dirais. Un beau gosse comme moi tout à ton service et prêt à faire tout ce que princesse veut. Ce n’est pas donné à tout le monde ~ dis-je un brin moqueur.

Je savais qu’il adorait secrètement ce surnom ~ Non en vrai il le détestait, mais j’aimais bien le taquiner avec, surtout qu’il savait très bien que son côté guindé faisait très princesse donc je n’étais pas vraiment dans le faux...Il faisait aussi beaucoup de caprices pour ne rien arranger à sa situation.

Une fois au centre, Morrigan partait trop dans des questions théoriques plutôt que de commencer à pratiquer. Je ne voyais clairement pas l’intérêt surtout que je n’avais pas du tout la même passion que lui de tout quantifier alors ses questions étaient plus des colles qu’autre chose.

Tu utilises des mots trop compliqués le benêt que je suis ne comprends pas. Sinon pratique au lieu de parler, tu auras peut-être tes réponses plus vite par toi-même... dis-je en haussant les épaules .

Non clairement, je ne lui ferais pas le plaisir de quantifier des choses que je ne trouvais pas spécialement quantifiable. Je n’en savais rien je m’en fichais, je marchais à l’instinct et il le savait pertinemment, se faire des nœuds au cerveau et m’en faire en plus ne résoudrait rien de plus. Comme la meilleure défense est l’attaque, la meilleure façon d’apprendre est la pratique et non la théorie.

Morrigan, je n’en sais foutre rien et je m’en fiche éperdument. Je pense que le mieux se serait que tu pratiques et tu finiras par comprendre et quantifier toi-même le truc sans avoir à m’embarquer là-dedans. Je suis un soldat pas un érudit.

T’es en train de lui dire que tu es débile ?

Je regardais Karter et finit par acquiescer. Après tout, j’étais loin d’être super intelligent, j’avais surtout l’intelligence du champ de bataille. Je savais quoi faire pour m’en sortir. Je n’étais cependant pas très cultivé, ni très intelligent socialement parlant. Pas que cela me dérange cela dit. J’étais très bien comme j’étais et je n’aspirais pas à changer.

Que cela s’appuie sur l’endurance ou non, tu aurais besoin d’améliorer celle-ci. En cas de problème, tu dois pouvoir t’enfuir. Si tu ne peux pas utiliser ton pouvoir ou que tu es seul ce sera le seul moyen. Surtout que ton pouvoir n’est pas un pouvoir de baston. Triturer les souvenirs des créatures démoniaques ne serviront clairement pas à grand-chose. C’est leurs instincts primaires qu’elles suivent la majorité du temps, donc l’envie de manger.

Oui généralement, on n’était rien de plus que de la nourriture pour celles-ci. Comme ils étaient des matériaux ambulants pour nos armes.

Fais comme tu veux. Mais si c’est pour faire le gamin capricieux parce que tu abandonnes avant la fin de chaque exercice très peu pour moi. Je n’aurais pas la patience, je ne suis pas un enseignant né.

Par la suite, je lui fis savoir qu’il pouvait y aller à tous moments. Je ne voulais pas spécialement qu’il finisse dans mes souvenirs plus sombres, mais cela ne me dérangerait pas pour autant. Je ne voulais juste pas que son regard sur moi change, mais j’avais peu de doute que ce fut le cas. Il était déjà tout aussi rallier à ma cause que je l’étais à la sienne. Ses dires me confirmèrent encore plus que je n’avais aucune inquiétude à avoir. Il caressa ma joue et j’appuyais davantage cette même joue contre sa main profitant allégrement de tout contact qu’il voulait bien me donner et initier.

Tu veux me garder tel que je suis vraiment ? Tu ne changerais vraiment rien de tout ce qui fais que je suis moi ? dis-je hésitant mais voulant autant connaître la réponse que j’avais peur de celle-ci.

Après tout il avait raison je n’avais pas à me fustiger de la sorte pour des évènements passés. Je ne pourrais rien y changer. Le mieux à faire était de regarder vers l’avant et mon avenir me semblait de plus en plus prometteur depuis notre rencontre. Finalement, on s’asseyait afin de faire le vide enfin surtout pour moi. J’avais besoin d’être calme et posé pour qu’il puisse officier. Je respirais sagement ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre. Mais je sentis tout de même quand cela se passait. Notre relation privilégiée ? Ou peut-être le fait que je parlais aux fantômes me rendaient plus sensibles à ce genre de fluctuations spirituelles ? En tout cas, ce n’était clairement pas impossible.

J’essayais à mon tour de lui parler quand je l’entendis dans mes pensées.

Tout va bien, ce n’est pas désagréable. Tu as une toute aussi belle voix qu’à l’accoutumée chaton ~

Je souris content d’avoir ce lien si spécial avec lui. Je ne voyais pas pourquoi certaines personnes craignaient ce genre de choses comme la télépathie et autre. Ce n’était pas forcément horrible, cela dépendait vraiment de quelle personne s’en servait en définitive. N’importe quelle pouvoir n’était pas plus bien que mal. La seule chose qui faisait le changement c’était la personne qui l’utilisait, si elle était de mauvaise nature, ça deviendrait mauvais et inversement. Les humains d’ordre général attribuaient bien trop les défauts de la nature humaine à tout alors qu’ils étaient les seuls en cause généralement.

Je souriais quand il m’expliquait un peu plus de choses. Associations d’idées et ressenti...Hum intéressant me dis-je tandis que je souriais bêtement. Je penchais la tête toujours les yeux fermés face à ses dires tandis que j’imaginais ma silhouette nue, afin de voir s’il serait déstabilisé comme il essayait de le faire avec moi. On allait voir qui de nous deux allait rougir en premier. Ce petit jeu s’annonçait fort excitant.

Je ne suis plus innocent. J’en suis conscient, et je n’ai plus envie de l’être. Tu me fais ressentir des choses que je n’ai jamais ressenties auparavant. Je dois même dire que j’avais des idées tout sauf innocentes cette fois-là dans l’auberge. Si l’on n’avait pas été interrompu je ne sais ce qui se serait passé.

Mon esprit rejouait la scène et je me rappelais encore la réaction que j’avais eu à cet instant. Quand j’étais à l’extérieur et que j’étais resté le temps de savoir si Morrigan avait des ennuis aussi. J’avais eu très chaud à cet instant et j’avais regardé mon corps. La bosse dans mon pantalon ne pouvait être plus équivoque. Première fois que cela m’arrivait j’avais été à la fois décontenancé et frustré. C’était quand même Karter qui avait dû me dire comment faire pour me libérer de ce bordel... D’ailleurs vu que j’étais en train de penser à tout ça, il était certainement en train d’en profiter aussi le bougre...~

Quand je pense que j'ai du t'apprendre ça à un âge déjà si avancé. Pas très précoce le garçon...
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"Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois."






&
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Que serait un désaccord avec Morrigan sans mauvaise foi ? On pouvait bien lui pointer du doigt ce vilain défaut, il n’y avait au fond rien de tel pour justifier ses causes. Même les plus mauvaises. En cas de détracteur déloyal, elle lui permettait de combattre à armes égales, ou de clôturer tout débat avec une personne intègre dans le pire des cas. Ainsi, la mauvaise foi lui apparaissait plutôt comme un outil à double tranchant, capable de toujours servir ses objectifs. Derek ne le voyait pas non plus d’un mauvais œil, préférant se retrancher derrière une dérision moqueuse que lui reprocher franchement ses pirouettes fallacieuses. Le mage s’en contentait amplement, tout mauvais joueur qu’il était pourtant. Les conséquences étaient loin d’être aussi désastreuses qu’avec ses prédécesseurs.

« Profite. Ça ne durera pas. » dit-il encore un peu boudeur avec un demi-sourire qui trahissait son amusement décrédibilisant.

Alors que le télépathe était l’instigateur de tout ce scandale, c’était finalement le mercenaire qui le consolait. Un retournement de situation inédit et du Morrigan tout craché. Il y avait quelque chose de plaisant dans le fait d’être ainsi choyé et courtisé par son bien-aimé. Car il pouvait en déduire qu’il l’aimait bel et bien, en s’accommodant même des pires bassesses de son caractère. Il n’était pas non plus avare en compliments mais semblait souffrir de la comparaison avec ses pairs. Mais le hasard faisait bien les choses, puisque Morrigan était maintenant là pour l’estimer plus qu’il ne le ferait jamais pour lui-même.

« Je dis que je n’ai rien contre le fait que tu me places sur un piédestal. » dit-il en s’enorgueillissant encore de ses flatteries. « A condition de ne pas te diminuer en retour. Si seulement tu pouvais toi aussi consulter ma mémoire, tu verrais, l’homme fascinant que tu es. »

Il ne saurait vraiment se réjouir d’un tel pouvoir chez lui, compte tenu du prix à payer. Mais une partie de lui imaginait une telle fantaisie comme un moyen de l’amener à comprendre ce que les mots ne pouvaient expliciter. L’érudit n’était pas un beau parleur, et ses visites dans l’inconscient ne l’avaient pas rendu plus capable d’exprimer plus justement ses émotions. Il voyait son mercenaire, aussi grand qu’il devait l’être, sans être capable de lui communiquer. Un comble pour un télépathe… Derek n’avait de toute façon nul besoin de se taire, son visage parlait généralement pour lui, quand son langage corporel prenait le pas sur ses paroles. Les provocations portées par ses lèvres avaient effectivement fait leur effet. Le mage y répondait par des sourires lourds de sens qui se transformèrent en petite moue désapprobatrice. Quelques minutes avant, son grand brun le plaçait au dessus du soleil, pour finalement le comparer à Karter. Pouvait-on faire une dégringolade plus spectaculaire ?

« Cet amateur ? » objecta t-il alors que ses mains autour de son cou dénonçait son envie de l’embrasser. « On ne peut pas dire que ses paroles soient franchement inspirantes, alors laisse ses arrières-pensées où elles sont. » conclut-il dans un petit geste de dédain de la main, histoire de lui rendre ses invectives précédentes.

La bête était rancunière et n’oubliait pas le savon que le spectre lui avait passé. Ça lui apprendrait à se moquer de lui et de ses gaucheries, quand lui-même n’avait aucune expérience à mettre en valeur pour se donner de la légitimité. Le mage se faisait un malin plaisir à dérouter son grand brun, en lui donnant un aperçu de l’ivresse qu’il provoquait chez lui, avant de s’en remettre à son rôle d’érudit studieux et coincé qu’on lui prêtait bien souvent. Une image qui lui revint immédiatement en pleine face avec ce surnom détestable que le mercenaire adorait employer. Princesse. Il le mettait mentalement au défi de trouver n’importe quelle princesse susceptible de l’embrasser de manière aussi indécente… Il ne payait rien pour attendre.

« C’est trop d’honneur, mon prince, mais soyez heureux que je sois-là pour vous donner le change et redorer le blason de votre noblesse ~ » répondit-il de son ton le plus mielleux pour lui renvoyer sa moquerie, mettant en surbrillance son manque de raffinement.

Il pouvait bien se gausser autant qu’il voulait, Derek était aussi princier que lui était romantique. La preuve en était, puisque l’érudit le cuisinait maintenant sur des questions scientifiques, bien loin pour l’heure des considérations amoureuses face à ses révélations. Le mercenaire s’exaspérait de ses analyses interminables, au point d’y couper court en jouant au sot.

« N’importe quoi ! Jamais je ne me serais entiché d’un crétin. » rétorqua t-il en roulant des yeux.

Le passé lui donnait tort mais seul comptait le présent et ce qui restait à venir, non ? Il n’en existait de toute manière aucune preuve dans cette cité. Alors l’argument était valable et canonique. Il faisait maintenant la grimace en entendant ses conclusions sur l’exercice physique, incapable de trouver une faille pour lui donner tort. Quand le mercenaire s’agaça par anticipation de son impotence, le mage objecta.

« Eh, sois gentil, veux-tu ? Si tu es un benêt, pars du principe que je suis manchot. On évitera ainsi les mauvaises surprises tout en restant raccords sur nos attentes. » dit-il en prenant lui-même le pli de désamorcer la situation avec humour, pour lui rendre son heureuse initiative.

C’est sur le même mode qu’il poursuivit en tentant de le rassurer. Le télépathe s’attendrissait de sentir le visage de son grand brun s’appuyer fortement contre sa joue. Depuis le début, il n’avait cherché que son contact, avant de comprendre qu’il ne s’agissait que d’une manifestation de son attirance pour lui. Alors pourquoi voudrait-il changer quoi que ce soit, quand il contemplait un si beau résultat dans ses yeux d’ambre ?

« Hmmm… Laisse-moi réfléchir. Peut-être Karter. » dit-il malicieusement en faisant exprès de ne faire aucune pause pour marquer une prétendue réflexion. « Bien sûr que non, Derek. Si je changeais quoi que ce soit, même l’existence de cet idiot, je ne suis pas sûr que j’aurais pu te rencontrer et t’estimer de cette façon. » conclut-il beaucoup plus sérieusement.

Les choses étaient de toute façon immuables. Modifier n’importe quel événement ou détail pouvait fausser la réalité. Le télépathe le savait mieux que quiconque, avec le tissage de ses illusions qui demandait une justesse pointilleuse, sans quoi la mémoire dégageait le faux souvenir comme un organisme se débarrassait d’un virus. La connexion mentale avec Derek s’était opérée facilement, ne trouvant aucune résistance à l’intérieur de cet esprit adoré. Il aimait sa voix. C’était un constat qui le faisait sottement sourire. Derek était loin de s’agacer de son maniérisme, contrairement à la plupart de ces prédécesseurs.

Il réussit néanmoins à le surprendre, avec une projection visuelle que l’érudit ne pouvait ignorer, et pas sous prétexte d’une curiosité scientifique. Le télépathe étouffa un rire à la fois amusé et nerveux. Quel enfant, à s’imaginer nu pour le déstabiliser… Ignorait-il qu’une telle image ne saurait que l’aider à rendre ses élucubrations plus réalistes ? Il pouvait au moins se réjouir de lui avoir coupé la chique en lui proposant une image aussi vivifiante. Derek n’était pourtant pas une gravure de beauté dans son pays d’origine. Il en était même l’exact opposé. Des cheveux trop noirs, d’une finesse rare et négligemment attachés, une complexion naturellement hâlée par une vie de mercenariat qui s’étendait sur une carrure robuste et une peau constellée de marques. On n’était loin de la figure pâle, séraphique et délicate, aux yeux et cheveux les plus clairs possibles, portée au nues dans les hautes sphères de son monde. Et c’était précisément pour cela que Morrigan n’arrivait pas à détacher ses yeux de lui. Derek était différent de tous ces hommes qu’il avait longtemps maudit et sa beauté surpassait de loin la leur.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le mercenaire avait une bonne mémoire photographique. Tout son talent était présentement mis au service d’un reflet fidèle de sa personne dans son plus simple appareil. Le voir user ainsi de ce don était à la fois affligeant et merveilleux. C’est donc là que se trouvait cette marque ? Il la pensait du côté opposé, après comparaison de son seul et unique aperçu lorsque le mage avait dû lui bander le dos. Oh, et cette cicatrice, légèrement oblique, c’est donc jusqu’ici qu’elle descendait, en venant mourir bien en dessous des reins ? Ça n’allait pas. Il devait se ressaisir. Et ce n’était pas ses aveux qui allaient régler son cas. Derek s’amusait clairement de la situation, en liant l’image à la parole. Ainsi, il ignorait ce qu’il se serait passé entre eux deux sans une fâcheuse distraction ? Oh misère, lui en avait bien une idée…

Il lui faisait complètement tourner la tête, entre son affection grisante et sa fièvre contagieuse. L’expérience se retournait clairement contre lui. Morrigan déglutit péniblement et vint chercher un peu de fraîcheur en dégageant ses cheveux de sa nuque. C’est du vide qu’il lui fallait pour se connecter pleinement à son esprit, et pas un musée mémoriel rempli de son corps sculptural. Quelle idée de lui faire ce genre d’aveux dans le pire lieu et moment possible… Il n’était qu’un être de chair et de sang, tout son sérieux ne suffisait pas à faire taire son esprit, qui lui disait insidieusement d’oublier cette histoire d’entraînement pour aller s’abandonner plutôt dans ses bras persuasifs.

La scène suivante acheva de le dérouter. En temps normal, le télépathe se moquait bien de ce genre de révélations. Il avait vu bien pire dans les esprits décadents des nobles que l’évocation d’un simple désir. Mais voilà, Derek n’était pas n’importe qui, et cette scène intimiste le concernait également. Il ne voulait vraiment rien lui laisser, pas même l’exclusivité de ses pensées impudiques. Quel homme effronté et avide… Si seulement il pouvait lui faire goûter de son propre poison mais non, quelqu’un se devait de jouer les gardes-fous. Morrigan n’imaginait pas être son propre rabat-joie, pour une fois.

**Si tu veux que je mène l’expérience à bien, par pitié, laisse-moi penser normalement et pas avec autre chose que mon cerveau.** lui envoya t-il en sentant le rouge irradier jusqu’à ses oreilles.

Sérieusement, il n’en loupait pas une. Encore un peu et le mage sortait de sa transe télépathique.

**Même si tu ne mérites pas de t’en sortir à si bon compte, tu vas avoir le luxe d’errer dans un sommeil léger, le temps que je fasse le vide. Alors sois sage et pense… à un mur. Voilà.** ajouta t-il en cherchant désespérément un élément du décor terre à terre auquel se raccrocher.

Par miracle ou par prouesse méditative, Morrigan parvint tant bien que mal à se plonger dans son rituel télépathique. Il n’atteindrait pas son objectif en moins de six temps, voire neuf, à cause des frivolités du provocateur de première. Malgré tout, il était impatient de découvrir le palais mental de son précieux mercenaire. Le télépathe reprit alors pleinement conscience dans une vaste étendue, à l’horizon coupé de reliefs sur lesquels se dressaient d’imposantes murailles. Si la vue d’ensemble était saisissante, un rapide coup d’œil suffisait à démontrer que les remparts n’étaient plus que des ruines, comme l’étaient les châteaux après des années de siège. Son attention fut dès lors portée sur le seul bastion qui l’intéressait, celui qui consignait la mémoire de son bien-aimé. En s’approchant de son objectif, le mage hésita un instant devant des silhouettes inquiétantes qui trônaient de part et d’autre une gigantesque porte. A sa grande surprise, la menace se révéla passivement à lui : il ne s’agissait que de vulgaires mannequins, affublés comme les soldats de plomb de son enfance. Pour une raison qui lui échappait, les gardes fictifs de cet empire, ne servaient que de décoration à l’imposante entrée. En cherchant à passer par la voie royale, Morrigan se vit dans l’incapacité de faire bouger ces lourdes portes immuables. Il contourna alors l’entrée principale, afin de trouver la faille dans ces forteresses qu’il savait inaccessibles que de nom. Sa découverte lui arracha une parole pour lui-même.

« Vraiment ? » ricana t-il, aussi stupéfait que tendrement indulgent devant ce spectacle improbable.

Pire encore que ses gardes, la prétendue porte n’était d’aucune utilité. Là où il s’attendait à quelques remparts, Morrigan ne trouva que du vide et un accès complet à la zone mémorielle. C’était bien un palais à l’image de Derek, d’apparence infranchissable mais qui ne prenait en réalité même pas le soin de cacher quoi que ce soit. Rares étaient ceux qui disposaient leurs souvenirs dans un espace ouvert, préférant confiner leurs réminiscences dans la confidence des murs. Le cœur de l’endroit était un vaste jardin foisonnant, qu’on devinait sans mal luxuriant mais labyrinthique. L’érudit n’eut pourtant aucune appréhension à franchir la petite haie qui séparait l’espace de la plaine en prenant soin de ne pas abîmer son feuillage.

Les souvenirs qui se trouvaient à portée semblaient être les plus récents, car Morrigan reconnaissait en chacun d’eux des visages familiers et des rues Portaliennes. Il s’attarda un instant de façon nostalgique sur un regroupement de souvenirs le concernant. L’érudit était touché de la place de choix qu’il occupait dans son esprit, en se contenant d’effleurer l’arche végétale qui menait à ce pan de mémoire, sans oser la franchir. Tout ça lui appartenait et n’avait rien d’inédit, et il était toujours embarrassant de se voir agir d’un point de vue extérieur. Le mage se para d’un sourire affectueux avant de tourner les talons, ravi de se savoir aussi important.

Son exploration déboucha sur un splendide éden, dont les rayons filtraient à travers une verdure fastueuse qui donnait des impressions de natures mortes aux couleurs éclatantes. Mais si le lieu était engageant, le regard du télépathe se porta plutôt sur ce qui ne devait pas attirer l’attention. C’était souvent derrière les plus belles fleurs que se cachaient les serpents embusqués. Un minuscule portillon, rongé par la rouille et la mousse obstruait maladroitement un chemin malingre, rendu sauvage par les herbes grimpantes et les ronces.

Navré, Derek. songea t-il pour lui-même en sachant pertinemment qu’il ne respecterait pas sa consigne.

Le chemin qui menait aux souvenirs heureux, les seuls qu’il voulait bien montrer, était évident. Un chercheur digne de ce nom s’attelait plutôt aux zones d’ombre et à la recherche de la vérité.



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descriptionCancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois. [Feat. Derek Ravencross] EmptyRe: Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois. [Feat. Derek Ravencross]

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J’étais assez admiratif de Morrigan quand je le voyais faire preuve d’autant de mauvaise foi en toute circonstance. Je ne savais pas si c’était le sarcasme ou cette dernière qu’il préférait employer. Mais pour l’un comme pour l’autre il avait la palme. Il savait en jouer comme personne et je pouvais comprendre que certaines personnes soient du genre énervées à son contact ou qu’ils se sentent rabaisser. Cela le rendait méprisant mais c’était une partie de lui que je trouvais tout à fait charmante. Pas tout le temps bien sûr mais j’aimais bien le voir être lui-même tout de même. Son côté boudeur était mignon en plus de ça.

Tu ne veux pas me faire ce plaisir trop de fois ? Si vilain de ta part ~ Je saurais en profiter crois moi.

En tout cas, il semblait vraiment content de voir que je n’attendais pas la perfection de lui et que rester comme il était me convenait parfaitement. Je le chérissais déjà beaucoup trop malgré notre peu de temps ensemble, preuve de mon attachement puissant envers sa personne. Je ne savais pas toujours ce qu’il pensait de cela mais il me connaissait assez pour savoir que j’étais très méfiant de manière générale envers les autres, et que m’attacher de cette façon, n’était pas chose commune.

En vérité, je n’ai pas besoin de consulté ta mémoire. Tes yeux et ton sourire parle pour toi chaton. Tu es adorable quand tu es heureux et tu es radieux quand je te chéris. C’est assez parlant selon moi dis-je tout sourire.

Pas souvent non plus de mon côté que je souriais et rigolais aussi ouvertement. Il n’y avait qu’avec lui que je me permettais de le faire car je savais qu’il ne me jugerait pas. D’ailleurs, lui qui jugeait beaucoup de choses et de gens, il ne me jugeait plus depuis notre mise en couple si je puis dire. Il ne se contentait pas non plus de rumeurs à mon égard, voulant toujours écouter ma version et me croyant sur parole sur la moindre chose que je pouvais lui dire. Mais en même temps, c’était la preuve qu’il me connaissait bien. J’étais honnête en toute circonstances et il m’était impossible de mentir. A la limite ne pas dire toute la vérité peut-être, mais mentir n’était pas quelque chose que je comprenais et donc faisait.

Je devais avouer que par la suite je le comparais à Karter ne serait-ce que pour retrouver la verve qui le caractérisait tant. Et puis cela faisait un moment qu’il n’avait rien dit de méchant à Karter. Cela commençait à me manquer leur joute habituelle.

Amateur, moi ? De toute façon, je n’aime pas non plus être comparé à un gamin capricieux coincé du cul donc comme ça on est deux. Pauvre petit qui a besoin d’être consolé à tout bout de champ parce que c’est une serpillère. Pff c’est juste une fiotte ouais...

Karter ne pousse pas le bouchon trop loin... le menaçais je.

Pff ! toujours pareil, vous passez votre temps à vous liguer contre moi. Vous savez pourtant bien vous servir de moi quand ça vous arrange bandes d’ingrats. Vivement qu’on se désolidarise ne serait-ce qu’un peu que je n’ai plus à assister à vos mièvreries dégoulinantes de gosse prépubères...

On s’embrassait par la suite ignorant l’air boudeur de Karter tandis que j’affublais Morrigan de son surnom préféré détesté...Princesse. Je trouvais que cela ne lui allait pas si mal que ça, mais apparemment il n’aimait pas du tout. En tout cas, il rentra dans mon jeu pour le cou et m’appela son prince. Je souris jusqu’aux oreilles agréablement surpris qu’il se laisse entraîner dans mes bêtises. Je pris sa main et lui fis un baise-main des plus gracieux.

Trop d’honneur que vous me faites Princesse, loin de moi l’idée d’être plus heureux ailleurs qu’à votre bras. Je fais bien pâle figure et ressemble guère plus qu’à un gueux quand je ne suis pas en votre compagnie ~

Le centre d’entraînement enfin atteint on continuait de discuter et surtout Morrigan essayait de comprendre par A + B comment son essence marchait alors que pour ma part je marchais à l’instinct. Donc je faisais clairement l’abruti pour qu’il se lance et arrête de me pomper l’air avec ses formules inutiles et incompréhensibles.

Du coup tu es en train de dire que je suis assez intelligent pour que tu t’intéresses à moi ? Trop d’honneur princesse ~

Je soupirais quand il ne trouva aucun argument contre les miens. Pour une foi que je lui coupais le sifflet. Incroyable...Un jour a marqué d’une pierre blanche, d’ici à ce que ça arrive de nouveau.

Un bien joli manchot si tu veux mon avis. Mais un manchot qui cherche trop la logique là où il faut agir alors passe à l’action plutôt que de me prendre la tête avec des questions auxquelles je n’ai pas les réponses. Je marche à l’instinct et tu le sais donc pas la peine de me demander des truc d’érudit.

Par la suite, on rentra dans un mood de nouveau des plus tendres. Il me cajolait de caresses sur la joue et je ne faisais rien pour me reculer de ce geste bienvenu à mon égard. J’aimais qu’il soit initiateur lui aussi. Quand cela lui arrivait loin de moi l’idée de ne pas être enthousiaste. Je rigolais à ses dires sur le fait qu’il changerait bien Karter. Mais il finit par se résoudre et dire qu’il ne changerait bien évidemment rien car sans cela il n’était pas sûr que l’on serait arrivé à aujourd’hui. J’embrassais sa main.

Je ne changerais rien non plus. C’est plus intéressant comme ça. J’aime nos échanges tendres comme explosifs quand nos deux mauvaises têtes se rencontre. C’était vivifiant. Et cela ne remet pas en cause notre attachement l’un à l’autre bien au contraire.

Avec ce qu’il avait vécu et sa perte de mémoire il était le mieux placé pour savoir que changer ne serait-ce qu’un détail pouvait tout faire basculer. Il était d’un pragmatisme à tout épreuve. Mais il savait aussi se montrer tendre et amoureux. Comme dit, son regard parlait beaucoup pour lui et il me disait souvent beaucoup de choses rien qu’avec ses yeux. Le fait qu’il m’aimait aussi et qu’il remuerait ciel et terre pour moi alors que je n’en demandais moi-même pas tant de sa part. C’était toujours adorable.

Le fait que je m’imagine nu par la suite eu tôt fait d’avoir un effet sur ma moitié. Il étouffa un rire. Cela semblait un minimum le perturbé. Il prenait d’ailleurs bien son temps pour mater parce qu’il ne me demanda pas instantanément d’arrêter. Je trouvais ça rigolo de voir sa réaction et de savoir s’il appréciait ce qu’il voyait, et vu le temps qu’il y passait cela devait lui plaire sans nul doute. Pour finir, je savais très bien ne plus être innocent, mais c’était grandement de sa propre faute vue qu’il était la personne m’ayant ouvert à ses possibilités sexy et sensuelles. C’est lui qui me donnait ses idées nouvelles et le fait qu’il était le seul avec qui je voulais les partager. Karter lui-même n’avait pas accès à ce petit compartiment de secret qui était le mien. Je le gardais précieusement dans un coin de ma tête que moi seul avait accès et que je laissais aujourd’hui à Morrigan. J’assumais pleinement cette nouvelle partie de moi. Après tout, n’étais ce pas flatteur de désirer son ou sa partenaire et de ne pas toujours avoir que des pensées sobres à son propos ?

En tout cas, je ne me contentais pas de ma vision de moi tout nu, pensant ensuite à notre rencontre dans l’auberge des ménagères qui aurait pu finir autrement sans une interruption malvenue. Tant de déception ce jour-là, mais en même temps de soulagement, car j’étais encore novice. Je n’aurais peut-être pas su comment m’y prendre...Mais en même temps, je marchais à l’instinct comme je disais, certainement qu’il aurait su me guide.

Je rigolais en sentant mon chaton déstabilisé et commençant à avoir plus chaud que de raison. Intéressant de le voir perdre pied comme cela...Je partis dans un éclat de rire mental face à ses paroles.

De base c’est toi qui voulais me déstabiliser. Maintenant que tu es pris à ton propre jeu, tu fais les gardes fous ? C’est mignon. Très bien j’arrête monsieur le rabat joie. Je garde mes envies pour plus tard, pour un instant plus propice encore au rapprochement, même si être dans mon cerveau me semblait déjà très proche...~

Je respirais doucement et fis en sorte de ne plus penser à rien de coquin, restant dans un mood apaisé et repensant à mon monde tandis qu’il faisait son petit marché dans mes neurones.

Oui oui si tu veux. Aller arrête de parler et agis. Je vais changer ton surnom de princesse pour mou du genou ou mollusque si tu mets encore quinze ans. Heureusement que je ne suis pas en situation de mort...

Je m’endormis comme il l’avait si bien dit. Rêvant de mon passé, mais surtout de mon oncle et du château que j’avais toujours trouver incroyable dans le paysage si beau de mon monde. Quand je pense qu’après la chute de celui-ci j’avais découvert à quel point mon monde était loin d’être reluisant...Être élevé dans une cage dorée, ou entre des murailles, finalement il n’y avait aucune différence notable.

D’ailleurs mon rêve finit rapidement par se succéder en cauchemars, ou plutôt devrais je dire en souvenirs désagréables. Mon père m’entraînant jusqu’à bout de souffle et me battant jusqu’au sang quand je ne progressais pas assez vite à ses yeux. Ma mère qui me regardait et semblait me mépriser, n’ayant aucun remord à me laisser sous les coups de mon père. Mon oncle était le seul à me retrouver par la suite et à me ramasser à la petite cuillère sur le terrain d’entraînement. Il prenait ensuite le temps d’apaiser mes blessures en mettant un baume apaisant sur celles-ci. Lui seul s’occupait de moi et semblait concerné par mon sort. Il s’excusait bien souvent de ne pas être assez fort pour me sortir de ce cercle vicieux.

Et mon frère lui, il était plus jeune mais pour finir il passait son temps à me dédaigner et me regarder de haut. Me prenant pour un imbécile. Un homme qui ne pouvait prétendre qu’au titre de soldat car je n’avais pas la capacité d’être plus que ça. Je ne faisais pas assez noble à ses yeux ni aux yeux de ma mère. Donc je n’avais pas le droit à l’éducation sur l’étiquette des nobles que devait normalement avoir toute la famille. J’étais clairement exclu de ma propre famille et traité comme le dernier des derniers bon qu’à apprendre les arts de l’épée pour faire bonne figure en tant que combattant. Et là encore quel combattant. Garder une porte toute la journée ce n’était pas vraiment du combat. Quand la cité avait été attaquée je n’avais rien pu faire en plus, assommé bien rapidement par un éclat sur la tête. Finalement, ce n’était pas plus mal, j’avais gagné ma liberté. Seule chose qui m’attristait c’était de ne pas savoir ce que mon oncle était devenu.

Je ne comprenais pas pourquoi j’avais vécu tout ça. Cela ne semblait pas être la norme dans une famille. Qu’avais-je donc fait ou dis pour vivre tout ça ? Pour être dénigrer de la sorte ? Que l’on m’exile ? Mon oncle avait été bien vite exclu aussi à cause de sa surdité. Mais je n’avais jamais compris en quoi c’était un problème. Il m’avait appris à lui parler par les signes si bien que je trouvais cela aberrant de l’avoir mis de côté comme cela. Il avait eu un accident qui l’avais fait devenir sourd, rien qu’il ne puisse vraiment contrôler en définitive...Je trouvais que tout ces comportements envers nous avaient été bien injustes. Peut-être pour cela que je combattais l’injustice et que cela m’horripilait car cela me rappelait ma propre existence.

Mais du coup, si je rêvais de tout ça, cela voulait dire que Morrigan l’avait aussi vu ou non ?
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Morrigan
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"Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois."






&
© Never-Utopia
Comme à leur habitude, les taquineries allaient bon train entre les deux hommes. Bien sûr que le mage ne donnerait pas raison à son grand brun aussi facilement. Il avait certes une place de choix et un certain nombre de privilèges, mais Morrigan n’oubliait pas qu’il excellait dans l’art d’avoir toujours raison, en temps normal. Il lui adressa un sourire amusé de connivence, qui ne tarda pas à être l’objet de nouveaux mots doux. Son expression s’amplifia jusqu’à y dévoiler les dents, corroborant au passage les dires de son bien-aimé. C’est qu’il lui faisait ressentir un tas de choses, parfois contradictoires, mais suffisamment précieuses pour le ravir. Si son visage parlait une fois de plus pour lui, sa pudeur verbale était là pour tempérer ces moments d’allégresse.

« Tant mieux… Nous n’avions pas assez d’un livre ouvert. » dit-il en faisant évidemment référence à l’impulsivité émotive et expressive de son grand brun.

Sa main était naturellement retournée contre son visage, sur lequel ses doigts cartographiaient les endroits où le bonheur se manifestait furtivement. Il y avait ses lèvres bien sûr, et leurs commissures qui s’incurvaient vers le haut, mais aussi ces fossettes sur la joue encore ces petits plis qui bordaient ses yeux. L’érudit aimait savoir que ces expressions si particulières lui étaient bien souvent exclusives et qu’il était capable de dérider ce grand brun taciturne. Manifestement, il était fou de lui. Le constat était aussi accablant qu’évident. Morrigan n’était pas convaincu du bien fondé de cette réalité, lui qui était habituellement méfiant et solitaire. Quelle idée absurde de s’attacher autant à un seul homme et de prendre le risque terrifiant de tout perdre.

La magie fut rapidement interrompue par le trouble-fête le plus agaçant de Portalia. Karter avait pris la mouche, comme toujours, en se fâchant d’une pique pourtant pleine de vérité. Face au ton menaçant de son grand brun, le mage mit une main sur l’épaule de Derek, pour l’inviter à faire fi de ces paroles creuses et insignifiantes. Morrigan poussa un gros soupir, se demandant l’espace d’un instant pourquoi l’énergumène lui tendait toujours le bâton pour se faire battre.

« Parce que tu préfères ton rôle de vieux schnock libidineux ? Arrête ton char, Karter… la serpillière que je suis n’aurait même pas la capacité d’éponger toutes les larmes de crocodile que tu nous verses actuellement. » dit-il en le gratifiant de son dédain usuel.

Puisque l’ectoplasme ne cessait ses jérémiades, le télépathe le singea de plus belle avec une exaspération évidente.

« Personne ne m’aime, bouh bouh bouh. » l’imita t-il d’un ton pince sans rire avant de reprendre. « Arrête voir ce misérabilisme qui ne te sied guère. Je t’ai déjà remercié en temps et en heure, si c’est de la reconnaissance éternelle que tu veux, commence par toujours bien te comporter au lieu d’attendre une médaille à chaque sursaut d’héroïsme. »

Maintenant qu’il avait remis les point sur les i, le mage pouvait se consacrer pleinement à la partie la plus intéressante de leur duo : Derek. Son mercenaire n’était pas le dernier à le chambrer, mais c’est un luxe qui lui appartenait naturellement, contrairement à son fantôme de compagnie. Le grand sourire qu’il lui rendit eut tôt fait d’occulter toute trace d’agacement quant à sa prétendue condition de princesse. L’érudit riait doucement en voyant son grand brun pousser le vice jusqu’à un baisemain. D’autres se seraient indignés mais Morrigan était capable de faire la distinction entre un jeu et ce qui relevait d’une vraie attaque contre sa virilité.

« Alors restez près de moi et soyez un prince digne de votre titre. Rassurez-vous, je n’irai pas embrasser d’autres crapauds que celui-ci... » lâcha t-il en lui pressant les joues d’un air ridicule avant de venir déposer un chaste baiser sur ses lèvres tordues en grimace par le geste.

S’il était une princesse, il en ferait volontiers le crapaud des légendes, ne serait-ce que pour partager la charge d’humiliation et de grotesque. C’est d’ailleurs à cette bêtise que Derek se raccrochait pour échapper à des explications pénibles et à un cours théorique sur l’essence. Il préférait faire l’idiot plutôt que d’avoir à passer par des élucubrations scientifiques. Qu’est-ce qu’il pouvait être agaçant derrière ses beaux sourires...

« En effet… Tu n’es pas un benêt. Juste un impulsif qui manque cruellement de patience. » objecta t-il après ses nouvelles provocations nonchalantes.

L’ascenseur émotionnel poursuivait sa route, avec un redoux presque inespéré et une tendresse salvatrice. Il avait beau l’exaspérer parfois, l’érudit ne changerait pas un cheveux de sa personne. Parce qu’il s’était épris de ce caractère effroyable, du feu qui couvait en permanence dans ses prunelles ambrées, et de sa douceur un peu gauche qu’il essayait d’apprivoiser à ses côtés.

« Oublie ce que j’ai dit. Tu es un idiot. Mais un idiot irrésistible. » conclut-il en décidant finalement d’accepter leurs chamailleries plutôt que de chercher à arrondir les angles, puisqu’il était assez pénible pour s’en accommoder.

Derek n’arrangeait de toute façon pas son cas, avec les images mentales qu’il lui offrait, confirmant ses aspects les plus… séduisants. Il était beau comme un dieu, ce qu’il n’était pas sans savoir, à la façon dont il ménageait son effet. Son mercenaire ne lui exhibait pas seulement la confirmation de son désir, mais une vraie scène d’intimité qui avait fait rougir le mage jusqu’aux oreilles. Comment ne pas s’imaginer lui, au milieu de tout ça, dans de pareilles circonstances ? Et puis, il y avait ses doutes d’appréhension, tout à fait charmants. Morrigan voulait lui dire de ne pas se tourmenter, qu’il prendrait soin de lui et de ses maladresses, qu’il n’y avait pas qu’une unique et bonne façon de procéder mais voilà… l’heure n’était pas à l’érotisme.

Presqu’à contrecœur, l’érudit avait dû réfréner les ardeurs de son beau brun, afin de se concentrer sur sa mission du jour. Après l’avoir prié de penser à un mur, faute d’imagination, Derek se moquait de lui avec sa verve habituelle. Un idiot irrésistible. On en venait toujours à la même chose.

**J’aimerais bien t’y voir… Toi tu n’as qu’à rêvasser et t’endormir, pendant que d’autres doivent se concentrer. J’apprécie tes tentatives de sabotage, crois-moi, mais je reste un homme et la méditation a ses limites.** le sermonna t-il, encore perturbé par ses visions.

Heureusement, Derek n’avait pas poussé le caprice au point de ne pas céder à sa requête. Assez pour qu’il puisse retrouver une contenance et ne pas briser la connexion mentale que le mage cherchait à consolider. Morrigan se contenta de tiquer d’un air excédé à ses nouvelles remontrances. Pourquoi diable était-il toujours aussi pressé à piaffer comme une bête indocile ? Malgré tout, l’insolent avait fini par s’assoupir, comme convenu.

Le paysage mental de Derek était foisonnant et bigarré, tantôt chatoyant pour devenir sinistre à bien des égards. Après le splendide jardin, Morrigan avait suivi un chemin de traverse dans les herbes denses et ombragées. Bientôt, le télépathe vit l’envers du décor : un portrait familial peu reluisant. D’abord son père, qui lui rappelait le sien, à cause de la brutalité de ses méthodes éducatives. Dans certaines famille de la noblesse, les enfants n’étaient pas mieux traités que des bêtes. Élevés pour leur pedigree, prêts à l’emploi pour ingurgiter leurs valeurs et endosser leur blason, sans jamais avoir leur mot à dire. Parler était interdit, voire inutile. Plutôt mourir que d’entendre sa progéniture déshonorer les siens, tel était leur intarissable mantra. Sa mère apparaissait par intermittence comme une figure pâle et furibonde, avec son regard stygien et son indifférence glaciale. La figure fraternelle était quant à elle plus vivace, pétrie de l’arrogance de ceux qui baignaient dans la coupole de leurs privilèges. Pour une raison que le télépathe ignorait, Derek était haï par les siens à l’exception de son oncle qui était là pour réparer les pots cassés.

Ce n’était pas un rôle qui seyait à l’aîné d’une prestigieuse famille. Pour quelle raison un garçon silencieux et obéissant serait ainsi exclu ? Morrigan observait cette triste pantomime au milieu des uns et des autres, en voyant défiler les scènes surréalistes. Tiens, voilà que le spectre maternel nous refaisait grâce à de sa présence en professant des litanies incompréhensibles. Le mage coula machinalement son regard sur elle avant de voir les flaques d’eau qu’elle laissait comme une traînée derrière son passage. Son apparence était pourtant ordinaire et la femme ne semblait pas avoir pris la pluie. Intrigué, l’érudit se mit en tête de la suivre pour ce qui lui sembla durer une éternité. Plus il avançait, et plus le décor se transfigurait, comme si le souvenir devenait de plus en plus enfoui et incertain. Enfin, la matriarche pénétra dans ce qui ressemblait à une salle de bains familiale, où les objets changeaient d’emplacement à chaque détournement du regard, dénotant une certaine amnésie mémorielle. Le sol était jonché d’eau, tandis que la pièce menaçait de s’effondrer sous sa propre incohérence. Un traumatisme siégeait ici. Quelque chose de suffisamment grave pour être dissimulé dans une case aussi ridicule et fragmentée que cette salle mutante.

L’acteur principal était un tout jeune garçon qu’il reconnaîtrait entre mille avec ses cheveux noirs d’encre et ses yeux mordorés. Au moment où sa mère claqua la porte d’un coup sec derrière elle, un frisson d’appréhension le parcourut. Le télépathe n’avait rien à faire là et pour la première fois depuis un certain temps, il comprenait l’expression qui condamnait la curiosité apparentée à un vilain défaut. Le point de départ était une question anodine, que tout enfant dans sa situation se serait risquée à poser, des mots auxquels le télépathe ne prêta aucune attention, contrairement à la face de la matriarche qui s’était voilée d’abomination. Tout se passa très vite, au gré des connexions synaptiques d’un esprit malade et rongé par les regrets. Avant même que le garçon ne puisse constater le silence, sa propre mère empoigna ses cheveux pour lui plonger la tête dans l’eau de la baignoire avec une férocité qui le laissa sans voix. Morrigan assistait impuissant à la tentative d’infanticide, sidéré par l’expression de crise qui se lisait sur le visage de la meurtrière. Elle hurlait, pleurait et riait en même temps tout en maintenant fermement la tête de l’enfant sous l’eau.

« J’ai prié pour que tu ne voies jamais le jour, pour que tu meures en couche ! J’ai bu tous les philtres, tous les poisons, alors… pourquoi… pourquoi est-ce qu’il a fallu que tu viennes tout gâcher ?! Mon honneur, le respect de ton père ça ne tu suffisait pas… ahah, non, il fallait que tu me déchires les entrailles pour me rappeler ce qu’il en coûte d’aimer pour une femme.. ! » vociféra t-elle, en plein délire. « Tu... m’as tout pris, même ses yeux, tu as les siens... Aaaah, je le revois, à chaque fois que tu me regardes, et ton père aussi et... » poursuivit-elle avant de s’étouffer dans un sanglot. « ...Si seulement tu n’étais jamais né ! »

L’explication tenait donc en quelque mots, autour d’une réalité vieille comme le monde. Sa mère lui en voulait d’exister en montrant sa faute aux yeux du monde, là où son père tentait d’oublier sous les coups qu’il n’était pas le sien. Derek était une enfant illégitime, qui, comme beaucoup avant lui, subissait malgré lui la rancune de sa conception. Ce soir-là, elle laissa l’enfant pour mort avant se relever comme un automate, paradoxalement abattue et soulagée. Derek finit par se réveiller d’un coma de quelques jours et le traumatisme amnésique eut le mérite de lui faire croire qu’il avait eu un accident en s’évanouissant dans son bain. Et pourtant la vérité était là, enfouie dans un compartiment du déni que personne ne pouvait lui en vouloir de laisser enterré.

Morrigan n’avait pu la moindre envie de rester dans les parages. Il se sentait déjà coupable d’avoir déterré un secret que même Derek ignorait par confort et survie de son esprit. Ses prédécesseurs lui avaient mentis, il n’était pas un bon chercheur, juste un oiseau de mauvaise augure qui savait comment mettre en lumière ce que les hommes cherchaient désespéramment à cacher ou oublier. Voilà pourquoi on l’avait consigné à des taches aussi immorales. Il était doué pour mettre le doigt là où ça faisait mal, rien de plus.

Avant de partir, l’érudit respecta sa promesse de partager un souvenir réjouissant avec son bien-aimé. La lumière du soleil estival près des souvenirs de son oncle étaient réconfortantes, mais le mage n’oubliait pas la multitude d’atrocité qui se jouaient dans l’ombre. Satisfait de sa trouvaille, Morrigan prit le parti de quitter les lieux non sans un dernier regard désabusé. C’était la première fois qu’il quittait un palais mental de son plein gré, sans être contraint par une force extérieure ou les limites de son essence. Quand il émergea enfin dans le monde réel, il attendit que son partenaire en fasse de même avant de lui adresser un signe de victoire. Son poing se ferma, à l’exception de son auriculaire et de son index qui se relevèrent puis de son pouce qui se replia sur ses doigts encore baissés, exécutant le signe avec fluidité sans même l’avoir appris par lui-même. Dans le souvenir qu’ils partageaient désormais, son oncle lui avait appris cette déclaration muette, pour lui apprendre à exprimer son amour et lui témoigner le sien par la même occasion. Morrigan avait inévitablement choisi ce signe au milieu des autres, car quoi de mieux qu’un geste qui disait ce que sa bouche se refusait obstinément à dire ?



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J’aimais ce côté de lui qui ne voulait pas me donner raison trop souvent. C’était en effet bien plus drôle comme ça. J’adorais l’embêter de toute manière et c’était réciproque. Il fallait bien qu’on se taquine. C’était même une des bases les plus solides de notre couple selon moi. On aimait se taquiner et on se faisait confiance. Dis comme ça, cela semblait être de bonnes bases pour commencer, non ? De toute façon, l’essentiel c’est que cela nous convienne en définitive, on avait besoin de l’aval de personne par la suite. Lui comme moi on se fichait bien de ce que les autres pouvaient penser et cela ne datait pas d’aujourd’hui.

Je rigolais quand il me dit que nous n’avions pas assez d’un livre ouvert. Oui que voulez-vous ? J’étais quelqu’un de direct et encore plus quand j’étais avec lui, n’importe laquelle de mes émotions se lisaient sur mon visage parce que c’était lui en face. Face aux autres je gardais bien souvent un visage impassible d’émotions ne sachant vraiment si je pouvais leur faire confiance ou non. J’ai toujours été méfiant, ayant bien souvent été déçu par le comportement des autres personnes face à moi. Parfois je me disais à moi-même que l’être humain faisait tout pour être une déception pour les autres. Mais parfois ça arrivait que ce ne soit pas le cas.

Morrigan n’était pas une déception et j’étais clairement heureux de l’avoir rencontré parce qu’il m’aidait à faire ressortir le meilleur de moi-même.

Tu es un livre ouvert seulement face à moi, ne t’en fais pas. Et je suis content d’être aussi transparent à tes yeux. Je veux vraiment que tu saches tout de moi et être honnête en toute circonstance. Je sais que parfois je vais te blesser comme ce fut le cas tantôt, mais ce n’est dans un but maléfique. C’est simplement pour qu’on arrive à se comprendre d’autant mieux.

Je le laissais me toucher le visage le regardant comme s’il était la huitième merveille de Portalia ce qu’il était à mes yeux sans aucun doute. Je le chérissais énormément et si je devais le perdre je ne savais clairement pas de quoi je pourrais être capable. J’étais devenu si accroché à lui...Il était devenu ma faiblesse et en même temps une nouvelle fore qui me poussait à me surpasser encore et encore pour toujours pouvoir le protéger de tous les dangers. Je n’étais pas infaillible évidemment, mais j’étais prêt à tout pour lui et si je devais un jour faire passer sa vie avant la mienne je n’hésiterais pas un seul instant, après tout, on ne pouvait pas mourir ici du moment qu’on avait le désir de vivre et de continuer cette foutue quête...Au pire de ce que j’avais compris, je perdrais en puissance, mais ce n’était pas cher payé.

Karter s’immisça de nouveau dans notre bonheur et j’allais lui répliquer quelque chose tandis que Morrigan me fit comprendre de l’ignorer. Je le faisais bien d’habitude alors pourquoi ne pas continuer après tout ? Il fallait toujours qu’il se plaigne en plus alors que je n’étais pas mieux loti que lui. D’ailleurs l’ectoplasme se renfrogna et assassina du regard Morrigan quand il lui fit savoir que son être de serpillère ne serait pas suffisant pour ses pleurs de bambins. Je pouffais de rire face à cette tirade. Décidément, Morrigan était le meilleur pour vexer Karter et le mouché. Cela avait l’air si facile pour lui, et en vérité je pense que ça lui faisait un bien fou de le renvoyer dans ses cages de temps à autre. Un vrai défouloir digne de ce nom. Il s’apitoyais toujours sur son sort, mais s’il avait fini maudit dans un anneau runique ce n’était pas pour rien, c’était une sentence et il devait l’expier, c’était moi le dommage collatéral dans l’histoire et il avait tendance à l’oublier.

Morrigan en vint même à imiter Karter et j’éclatais franchement de rire face à ses gestes et ses dires.

Tu l’imites drôlement bien dis donc. On dirait que c’est toi qu’il a hantée durant les trois dernières années. Karter, il a raison, la reconnaissance éternelle ça n’existe pas. A un moment donné, on ne va pas s’agenouiller toutes les cinq minutes parce que tu as été utile de temps à autre. Tu n’es pas le seul à faire des choses et à, faire des efforts ne l’oublie pas.

Karter haussa les épaules et ne dit plus rien. Il soupirait étant une fois de plus indigné et trouvant cela injuste. Ne sachant pas vraiment les crimes qu’il avait commis pour finir dans cet anneau, je ne le prenais pas non plus trop en pitié. Il avait peut-être mérité tout ce qui lui arrivait voir plus.

Par la suite, un jeu de Prince et princesse se joua entre moi et Morrigan et se fut plutôt drôle vu qu’on se prenait tout deux au jeu. Morrigan en princesse...En vérité, je pense que s’il finissait en princesse en détresse il finirait probablement par être libérer par ses kidnappeurs parce qu’ils les auraient abrutis avec divers discours de logiques et de chiffres...Ou alors il ferait en sorte que l’un d’eux se retourne contre les autres en bidouillant son cerveau et s’échapperait entre temps. Bref, pour moi, la princesse était plus une boutade qu’autre chose parce qu’il n’était pas aussi inutile qu’une princesse pouvait l’être ou du moins ce que je me faisais de l’image d’une princesse. Mais ce qu’on pouvait dire c’était qu’il avait au moins le côté nobliau ce qui n’était pas mon cas, je ressemblais encore moins à une princesse qu’il ne ressemblait à une princesse. Vive le conte des plus folichons entre nous deux. J’ai de gros doutes que l’on puisse vraiment faire honneur à cette relation entre nous sur papier. Ce ne serait certainement rien de plus qu’un torchon... Si j’apprenais l’existence de ce genre de chose autant dire que je poursuivrais l’auteur jusqu’en enfer pour le ou la maudire.

Outch...dur quand même...Je suis loin de faire prince, mais crapaud ce n’est pas très gentil tout de même...mes baisers ne sont pas si baveux que cela sinon tu ne viendrais pas en quémander plus ~

Une fois que « l’entraînement » commença je fus exaspéré. Et je pense qu’on l’était tout autant l’un que l’autre à différentes échelles et pas pour les mêmes raisons. Lui parce que je préférais faire celui qui ne comprend rien à ses dires. Et moi parce qu’il me saoulait à toujours vouloir une raison logique à toute chose. Pour ça on marchait vraiment très différemment lui et moi.

Ah ! Je reconnais ! C’est l’auspice qui se fout de la charité ça. J’assume totalement être impatient, mais tu n’es guère plus patient que moi. Je ne vois pas en quoi c’est un défaut de manquer de patience cela dit. Je suis un homme d’action et tu le sais aussi bien que moi, la parlotte ce n’est pas mon truc, si tu voulais discuter et prendre le thé ce n’était pas à moi qu’il fallait demander de t’aider à t’entraîner.

Je souriais quand il me dit être un idiot irrésistible. J’avais gagné cette manche dirait on. Mais en même temps qui s’en soucie vraiment ? Le but est qu’on prenne notre temps et qu’on soit content tout en réussissant l’objectif qu’on s’était fixé qui était d’entrainer cette tête de cochon de Morrigan. Une mignonne et irrésistible tête de lard lui aussi...

Je devais avouer que j’avais compris son manège de vouloir me déstabiliser et que du coup, j’avais fait en sorte que ça se retourne contre lui. Et ça marchait à merveille. Mais il fut la voix de la raison et me stoppa dans mon manège. Je fus un peu déçu, j’aurais très clairement changé d’activité sur une seule de ses paroles. Pour autant comme dit avant nous n’étions pas là pour ça. Après cela ne voulait pas dire que ça ne serait pas possible plus tard ~ Je finis par me laisser endormir tandis qu’il fouillait dans ma tête. Je rêvais de souvenirs plus que de choses non réelles puis finit par me réveiller après je n’aurais su dire combien de temps. Je n’avais ressenti aucune douleur spécifique et Morrigan semblait extrêmement perturbé. Son visage mêlait tristesse et mal être. Je ne savais pas ce qu’il avait trouver dans mon cerveau de torturé, mais il semblait que cela lui avait laissé un goût bien amer. On avait pourtant parler de regarder les souvenirs heureux. Avait-il été plus loin ? Cela ne m’étonnerait guère en vérité, il était si curieux...

Il me fit un premier signe de victoire pour dire que son entraînement avait été un succès. C’était déjà ça. Le signe suivant je ne m’y attendais pas. Je sentis mon cœur enveloppé d’une douce chaleur tandis qu’une larme coula de mon œil droit. Il semblerait que depuis que j’étais devenu aveugle et qu’Elim avait réparé tout ça, les glandes lacrymales de mon œil gauche étaient déréglées. Mais on s’en fout de ça, le geste qu’il venait de faire était si beau et si symbolique. Mon oncle me l’avais appris et il me faisait bien plus d’effet que les mots eux-mêmes. Durant mon enfance, j’avais davantage parler en langue des signes qu’avec ma propre voix. Peut-être était ce parce qu’il avait découvert cela aussi qu’il signait. Mais c’était la plus belle déclaration du monde pour moi. Je la lui rendis avec un regard reconnaissant et brillant d’enthousiasme et de quelques larmes pour l’œil droit. Je me relevais de ma position en tailleur et me rapprochais de lui avant de me mettre à genou et de prendre son visage en coupe pour un baiser doux et tendre.

Je posais ensuite mon front contre le sien tout en gardant ses mains dans les miennes.

Il semble que tu sois bouleversé Morrigan. Qu’as-tu vu ? Je vois dans ton regard à quel point tu es chamboulé. Tu sembles si triste et si mal à l’aise à la foi. Est-ce que c’était si horrible que ça d’être dans ma tête ? dis-je en rigolant doucement.

Je n’avais pas spécialement peur du fait qu’il pourrait me quitter. Après sa déclaration ce n’était même pas à l’ordre du jour. Cela dit, je craignais qu’il garde quelque chose pour lui. Je ne voulais pas que ça le ronge de peur de me blesser. Je ne savais même pas tout de ma propre vie. Je savais pertinemment que j’avais enfouis en moi certaines réponses que j’avais eut et que je ne voulais plus me souvenir car je n’étais pas prêt à les endurer. Mais quoi que ce soit, à présent j’étais assez fort pour les entendre. Je voulais que ce soit avec lui. Qu’il me permette de me libérer de ces chaînes de mon passé qui me retenait depuis trop longtemps.

Dis moi Morrigan. Il est temps que je sache. Laisse moi affronter quoique ce soit avec toi. Tu as été bien curieux, mais je m’y attendais. Je te connais et je sais qu’en tant qu’érudit tu aimes les mystères plus que tout autre. C’est une partie de toi qui a permis de te façonner comme tu es aujourd’hui. Je suis fier de toi et de ce que tu as accompli aujourd’hui avec ton pouvoir. Tu es incroyable et peu importe ce qui se passera à l’avenir je ne changerais jamais d’avis sur ce point.
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Morrigan
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"Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois."






&
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Avec lui, le naturel revenait toujours au galop. Devant Derek, toute tentative de réserve s’évanouissait rapidement. Que cela soit ses sourires ou ses excès de colère, rien ne lui survivait bien longtemps. Et pour cause, le mercenaire se montrait toujours honnête, avec sa propension à le mettre dans tous les états. Certes, il était doué pour l’agacer et déclencher les rouages de son irritabilité mais pas seulement. Il savait aussi le rassurer, l’attendrir et le décontenancer. En définitive, l’érudit aimait tous les aspects les plus clivants de sa personnalité. Derek n’était pas seulement un livre ouvert mais aussi un partenaire sur lequel il pouvait volontiers se reposer sans compromission. Pour la première fois depuis bien longtemps, l’avis d’une autre personne lui importait.

C’était un drôle de pouvoir qu’il exerçait sur lui. Derek était capable de l’énerver avec une rapidité stupéfiante tout en faisant aussitôt s’annihiler tout ressentiment. Seule comptait à présent l’expression de ses sentiments qui transparaissait dans ses mots doux et son regard pénétrant. Le télépathe se laissait séduire une fois de plus par l’intensité de ses prunelles dorées, à l’image d’un point de lumière qui venait éclairer l’ensemble de la toile.

« Je le sais. » souffla t-il en suivant de son pouce la trajectoire de sa joue. « Je serais de toute façon bien incapable de t’en vouloir durablement… J’aimerais pouvoir en dire autant. Mais ça ne serait pas honnête de ma part. Ce que je suis censé tirer des bribes de souvenirs ou encore ce que je suis supposé ressentir parfois, je ne sais pas le traduire. » avoua t-il péniblement car il lui coûtait toujours d’avouer son impuissance et son ignorance, qu’importe la matière.

A lui, il pouvait le confier. Morrigan se sentait bien souvent comme détaché de lui-même et de ses obligations émotionnelles. Il le remarquait quand ses interlocuteurs étaient plus tristes que lui après un aveu du passé, ou quand son instinct de survie ne succédait jamais au mécanisme de la peur. Il y avait pourtant des choses qui se passaient physiologiquement, il sentait ses émotions dans ses entrailles, dans son cerveau à l’affût, parfois dans ses insomnies comme des parasites étrangers. Mais le télépathe n’était pas en mesure de les nommer, de les appréhender pour les laisser atteindre le stade d’expression et d’exutoire. Il réalisait que quelque chose s’était cassé, probablement au même moment que sa mémoire, et que ses interactions sociales en pâtissaient irrémédiablement. C’était d’autant plus vrai au contact du grand brun qui était le plus grand catalyseur d’émotions jamais rencontré à Portalia.  

Alors que la conversation tournait enfin vers de tendres résolutions, Karter était là, comme toujours, pour jouer les troubles-fêtes. Ne pouvait-il pas les laisser appréhender leur affection ? Non, de toute évidence. Le spectre souffrait d’un mal de reconnaissance puéril, à l’image de ces enfants qui cherchaient l’attention parentale en cumulant les sottises. Mais à l’instar de ces potentiels géniteurs, Morrigan n’avait pas un tiers de leur patience à l’égard du maudit. Karter n’était pas seulement prédisposé à lui casser les pieds, mais aussi à essuyer ses remarques les plus cinglantes. A croire qu’une partie de lui aimait ça, à force de chercher une adversité avec laquelle lui-même n’était pas en mesure de rivaliser. Au moins, son imitation avait eu le mérite de faire rire son hôte hanté par ce grossier personnage. C’est qu’il commençait à bien le connaître, lui et ses jérémiades, à défaut de le vouloir vraiment.

« Pitié, non. Je n’ai pas ta résilience. » lança t-il à l’encontre de Derek qui dressait un scénario cauchemardesque au cours des trois dernières années. « Mais rassure-toi Karter, nous voulons tous sensiblement la même chose : ton indépendance. Alors estime-toi heureux. » conclut-il, légèrement mesquin.

Maintenant qu’il pouvait à nouveau se concentrer sur l’objet de toutes ses pensées, le mage ne lésinait pas sur les boutades. Son prince du jour était particulièrement irrévérencieux avec ses trop nombreuses apostrophes de princesse. La comparaison le poursuivait depuis leur première rencontre. Si le télépathe en prenait parfois ombrage, ça n’était plus franchement le cas de la part du grand brun qui commençait à s’arroger un certain nombre de privilèges. L’amour rendait idiot. Et conciliant. Alors que pouvait faire Morrigan contre les réalités de ce monde ? Pas grand-chose, d’autant plus devant des sourires aussi désarmants. Assez cependant pour répliquer et l’enquiquiner à son tour avec des références qui lui échappaient visiblement.

« Tu sais que les crapauds des contes sont toujours des princes en proie à une malédiction ? Alors oui, tu ne coches pas toutes les cases puisque le baiser d’une princesse n’a malheureusement pas suffit à te débarrasser de la tienne. » dit-il en glissant un regard en biais vers l’insupportable ectoplasme. « Nous pouvons en déduire plusieurs hypothèses. Soit tu n’es pas un prince, soit je ne suis pas une princesse. Ou alors tu es le plus beau crapaud qui n’ait jamais existé ~ J’ai personnellement ma petite idée. » poursuivit-il en riant et se délectant de la tête indisposée de son grand brun, c’était si facile de l’embêter.

Que le mercenaire connaisse ou non ces vieux contes n’y changeait rien. Morrigan était déjà vendu à lui donner raison sur ses baisers en picorant ses lèvres, preuve qu’elles n’étaient clairement pas si baveuse que l’odieuse comparaison batracienne qu’il en faisait. Il n’en pensait pas un traître mot, tout comme son interlocuteur qui ne le considérait probablement pas non plus comme une princesse digne de ce nom. Même les premières tentatives télépathiques se soldèrent par de nouvelles provocations, comme s’ils étaient incapables d’entreprendre quoi que ce soi sans se chamailler au préalable. Morrigan roula rapidement des yeux face à cet homme d’action qui déroulait pourtant un dialogue de sourd. C’était du Derek tout craché, à se contredire lui-même avec ses maladresses. Respecte mon espace vital, ne me touche pas. Mais aide-moi à bander mes blessures tandis que je suis à moitié nu. J’imagine bien des premières fois avec toi. Mais que tu es audacieux ! Je n’ai jamais précisé lesquelles. La liste était encore longue puisqu’il ne cessait de la rallonger. L’érudit s’étonnait de convoquer ces souvenirs précis en guise d’exemple, à croire que ses images mentales l’avaient vraiment perturbé. L’esprit humain était parfois d’une simplicité et d’un hédonisme déconcertant…

« Moi je trouve que tu râles beaucoup pour un homme d’action qui n’aime pas la parlotte... » maugréa t-il sans véritable volonté de rétorquer.

Toute tentative argumentaire s’était après tout vite essoufflée devant ses beaux yeux. Sans oublier le reste, qui n’était pas à négliger après ces visions enchanteresses. Et dire que c’était lui qui avait du jouer les rabat-joie en tempérant les ardeurs du mercenaire… quel rôle ingrat. Entre partir à la conquête de son esprit ou de son corps, le choix était plus difficile qu’on le croyait mais pourtant rapidement effectué en son for intérieur.

Malgré tout, le télépathe s’était résolu à suivre le programme du jour, plus fidèle à la parole qu’à ses impulsions. Tout du moins au départ. Les bonnes résolutions n’avaient pas survécu aux aléas et à la curiosité au sein du palais mental de son bien aimé. Et pour cause Morrigan voulait tout savoir, en plus de pouvoir s’enorgueillir de trouver ce que l’esprit s’évertuait sans cesse à dissimuler. Son Derek n’y faisait d’autant plus pas exception, puisque ses sentiments le poussaient à vouloir en apprendre le plus possible sur l’homme qui le fascinait. Mais le voyage s’était révélé en réalité plus pénible qu’escompté. Maintenant, le mage devait faire face aux conséquences et sa mine déconfite témoignait de son hésitation quant à la marche à suivre.

C’était la première fois que l’érudit parvenait à sortir lui-même de ses escapades mentales à Portalia, sans qu’un facteur extérieur ne s’en charge pour lui. Pourtant, il ne semblait pour l’heure en tirer aucune fierté. Si bien, que la beauté de sa déclaration fut bien vite éclipsée par son trouble. Pourtant, le signe avait fait son effet auprès du grand brun. Docilement, le télépathe s’était laissé cueillir entre ses mains, profitant une fois encore du réconfort de sa proximité. D’un mouvement délicat, il recueillit du pouce la précieuse larme qui s’esquivait sur sa joue droite. Oh, pour sûr qu’il aimait l’émouvoir et se perdre dans ses yeux réjouis mais l’anticipation de devoir les assombrir à nouveau lui volait sa félicité. Que devait-il lui dire ?

Derek se chargea de lui donner des instructions, en l’intimant à partager son désarroi. Seule la dernière question parmi la première salve d’interrogations trouva immédiatement une réponse.

« Non ! » objecta t-il pour rendre justice à son palais mental. « Tout y est à ton image. Vaste, simple et complexe à la fois, à couper le souffle... » dit-il en admirant son visage à quelques centimètres du sien et les souvenirs des paysages de son esprit.

Il devait savoir que rien dans sa mémoire n’était horrible de prime abord et qu’il se félicitait de connaître un esprit aussi transparent et éclatant que le sien. Lui laisser croire l’inverse serait injuste. Le mercenaire acheva de l’encourager en le dédouanant de sa curiosité malapprise. Un petit sourire triste et entendu se dessina sur les lèvres de l’érudit. Même à cet instant, c’était lui qui le consolait alors qu’il n’était pas l’homme à réconforter. Les choses de ce monde étaient parfois faites de vide et de silence, parce que la matière et les faits n’étaient pas toujours bons à prendre. L’esprit humain est bien fait. Il n’occultait que ce qui était néfaste. Et cette pensée torturait le télépathe. Cette sordide réalité faisait écho à son histoire. Et si sa mémoire avait été effacée pour une bonne raison ? Non, il ne pouvait pas flancher, sa résolution devait demeurer. Morrigan poursuivrait toujours la vérité et la voie de l’érudition. Si Derek était capable de l’entendre, lui aussi le pourrait, le moment venu.

« D’accord, si c’est ce que tu souhaites. » amorça t-il d’une voix douce et posée. « Comme tu t’en doutes, les souvenirs de ton oncle n’étaient pas bien difficiles à trouver puisque ce sont ceux que tu chéries le plus. Avec les nôtres. » ajouta t-il brièvement avec la pudeur qui lui était propre, ne voulant s’attarder sur le sentimentalisme que cela lui inspirait. « Par envie d’en connaître plus mais aussi pour éprouver l’exercice, je me suis aventuré en dehors des sentiers battus. » admit-il sans rougir de ses mauvaises manies. « Je voulais savoir, moi aussi, ce qui les poussait à te mépriser de la sorte, toi et ton indéfectible loyauté. » dit-il avec une pointe de reproche à l’égard des concernés.

Il partageait son sentiment d’injustice et bientôt, le mage déglutit péniblement, faute de transition appropriée.

« Tu te souviens d’un accident de baignoire ? » lui demanda t-il directement en cherchant son approbation avant de poursuivre. « J’ignore ce qu’on a pu te raconter dans le détail pour t’en persuader mais cet acte n’avait rien d’accidentel. »

On y était. Mais Morrigan ne lui ferait pas l’offense de tourner autour du pot, ni d’occulter une partie du souvenir qu’il aurait pu retrouver tôt ou tard.

« Ce n’est pas parce que tu n’étais plus sous la surveillance de ta mère que tu t’es noyé ce jour-là mais parce qu’elle a entrepris délibérément de te le faire subir. Dans son délire, elle a laissé échappé des informations cruciales, qui ont probablement échappé à l’enfant que tu étais, en plus du choc amnésique. » lâcha t-il sans en venir tout de suite à la conclusion non pas pour laisser planer le suspense mais pour laisser son temps à l’esprit endolori de dérouler lui-même le fil du souvenir traumatique avant de reprendre. « Elle n’a pas supporté d’avoir fauté et d’avoir mis au monde un enfant illégitime qui lui rappelait son écart. Voilà pourquoi tu n’as jamais vraiment été accepté parmi les tiens et plus particulièrement aux yeux de ton père. »

Après s’être assuré grâce à un moment de silence que le principal concerné avait bien encaissé la nouvelle tout en reconstruisant le puzzle de son souvenir enfoui, le télépathe délivra sa conclusion.

« Tu comprendras donc qu’il n’a jamais été question de comment tu étais mais de qui tu étais. Personne n’est responsable de ses origines, tu aurais pu faire n’importe quoi, être encore meilleur que tu ne l’es déjà, ils t’auraient toujours rejeté. Tu n’as rien à te reprocher, Derek. Alors j’espère que tu pourras tirer de la paix de cette vérité. » déclara t-il en disciplinant sous de multiples caresses les mèches rebelles qui encadraient son visage à proximité.

Lui-même était bien capable de réaliser à quel point il était précieux en dépit de son ascendance alors pourquoi pas eux ? Parce que la noblesse était malade et pleine de contradictions. Morrigan en était plus que persuadé après leur vécu en société. Même à plusieurs mondes de distance, les pressions autour de la lignée et la destinée se faisaient ressentir dans les familles privilégiées. Ils s’étaient de toute façon bien trouvés, en voyant chez l’un et chez l’autre, une essence plus rare et captivante que leur hérédité. Ses mains furent récupérées pour être prises en étau entre les siennes et ses lèvres qui les couvraient de baisers. Non, Morrigan n’était pas prêt à lâcher Derek pour des scandales qui ne pouvaient le diminuer à ses yeux épris.

« Tu n’as plus à tout porter sur tes épaules désormais. C’est vrai pour aujourd’hui et pour toutes les charges à venir. » dit-il pour couper court à toute tentative de dénigrement ou compromission.

Il s’était lié à lui pour le meilleur et pour le pire même si aucun contrat ni rituel n’existait pour le sceller.



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J’étais fier de pouvoir faire passer Morrigan part tous les états. Etant Quelqu’un de franc et n’aimant pas tourner autour du pot, je pouvais le faire très rapidement passer de la colère, à l’agacement comme au bonheur et à la tendresse qu’il ne démontrait qu’à moi seul. En tout cas, je ne l’avais pas vu être tendre et doux avec d’autres gens que moi. Peut-être cela existait il mais il ne m’en avait pas encore parler si c’était le cas. Je me demandais s’il avait rencontré d’autres personnes à Portalia qui avait été dignes de ses bonnes grâces...J’avais quelques doutes mais peut-être était ce possible en vrai. J’avais réussi à avoir ces dernières après tout, il m’avait parlé d’un certain Elim remarque, avec lui ça avait l’air de bien se passer.

En tout cas, j’avais aussi remarqué qu’il avait du mal à m’en vouloir trop longtemps surtout qu’en je lui faisais mon plus beau sourire. Finalement, cela pouvait avoir du bon d’être une belle gueule parfois. Je n’aurais pas cru que je pouvais avoir autant d’emprise sur lui qu’il n’en avait sur moi. Comme quoi, finalement derrière sa carapace de caractère de cochon il était bien plus sensible qu’il ne voulait bien le faire croire. J’avais toujours un peu une certaine crainte au cas où qu’il ne veuille plus de moi après avoir retrouver sa mémoire, mais plus on passait du temps ensemble plus cette crainte s’éteignait doucement.

J’étais content qu’il me comprenne de mieux en mieux aussi. Qu’il n’essaye pas de me changer. Ce n’était pas ce que je voulais de lui non plus. Je voulais simplement qu’il se voit aussi incroyable que je le voyais et que la perfection on s’en fichait. Ce n’était pas intéressant d’être parfait. Il était bien plus sympa d’avoir en face de soi une personne avec un tant soit peu de défaut pour justement équilibrer les siens. Les qualités comme les défauts étaient ce qui faisaient ce que nous étions à présent. Je ne voulais en rien changer quoi que ce soit chez lui. Juste qu’il s’aperçoive de la personne géniale qu’il était et qu’il n’avait aucune raison de douter sur le fait qu’il me méritait aussi bien qu’un ou une autre.

Tu n’as pas à agir différemment. Reste toi-même c’est comme ça que je t’apprécie le plus. Tu n’as pas à chercher à être une personne différente en face de moi, je t’ai accepté dès le début comme tu étais. Je sais que tu n’es pas forcément démonstratif ou que tu vas totalement déconnecter quand tu ne sais pas vraiment ce qu’il se passe ou que tu ne comprends pas la situation et que tu ne sais pas quel comportement adopter. Mais rien de tout cela me fera fuir.

Je viens caresser sa joue tendrement pour appuyer mes dires tout en esquissant un fin sourire qui était lui-même plus démonstratif que ceux que je faisais au reste du « peuple »...

Sois fier tu peux te targuer d’avoir l’honneur de sourires aussi sublimes de ma part par rapport aux autres manants. Après tout, je suis un noble il me semble faut bien que je les regarde de haut de temps en temps, sinon on oublie que je ne suis pas l’un de ses malotrus mal élevés ~ dis-je amusé.

Karter vint briser le moment comme bien souvent et je vis sans mal l’agacement de Morrigan. Là-dessus je pense qu’il était un livre ouvert pour n’importe qui. L’agacement était quelque chose qu’il retranscrivait très bien et sans mal. C’est peut-être aussi pour ça que je voulais évoluer à ses côtés. Lui montrer que tout n’était pas agaçant et que ce monde pouvait avoir du bon dans les choses qu’il pouvait offrir.

J’éclate de rire par la suite quand je fais savoir à mon cher et tendre, que vivre avec Karter depuis trois ans n’était pas de tout repos. Sa réaction fut très directe et naturelle et totalement ce à quoi je m’attendais venant de lui. Je fus d’autant plus hilare quand il répondit à Karter sur le fait qu’on était tous d’accord pour qu’il devienne indépendant et vite parce qu’ils nous couraient tous les deux. En vrai, je n’aurais peut-être plus de pouvoir une fois séparé de lui, mais j’étais prêt à tenter le coup. Je voulais retrouver une certaine liberté et lui aussi. On était bien trop différents, on avait certes appris à vivre l’un avec l’autre, mais rester en contact nous suffirait certainement largement à l’un comme à l’autre.

De toute façon, il était quasiment hors de question d’avoir une quelconque intimité avec lui à côté...Si je voulais avoir un jour une vie sexuelle, il fallait qu’il dégage...Il était le premier à me dire que ce n’était pas normal d’être encore puceau à mon âge, mais sa présence n’arrangerait pas mon statut de sitôt...

Karter boudait d’ailleurs face aux dires de Morrigan ayant quand même hocher de la tête son assentiment. Il boudait plus pour la forme. Mais je pense que c’était aussi une forme de résilience pour dire faites vos trucs je ne vous embête pas. On reprit donc nos petites boutades entre amoureux et je devais avouer adorer le taquiner en l’appelant princesse. D’ailleurs il jouait le jeu allant jusqu’à continuer sur l’histoire des princes crapauds et tout.

Non je ne savais pas. Je n’ai pas vraiment eu le temps de lire des contes où quoi que ce soit d’autres que des manuels d’escrimes...Ah ça oui, tu n’es pas la princesse la plus douée pour enlever une malédiction d’un baiser.

J’éclate de rire face à ses hypothèses et fais mine de bouder. Je fais ensuite passer quelques minutes pour faire style de réfléchir à celles-ci avant de me prononcer.

Je pense que je suis le plus beau crapaud prince qui n’ait jamais existé ~ Toi en revanche tu manques de froufrous pour être une vraie princesse dis-je en rigolant.

Par la suite, on essayait de commencer l’exercice de Morrigan pour son pouvoir. Mais comme il me taquinait encore, je décidais de l’allumer à mon tour pour voir ce qu’il allait penser de mon audace. Vu sa tête totalement surprise et son teint qui avait rougis, je n’eus aucun mal à me dire qu’il aurait bien céder à la tentation. Mais sa raison avait été hélas plus forte pour cette fois, faisant en sorte de nous recentrer un peu sur le pourquoi nous étions là à la base.

Moi râler ? C’est dans ma nature voyons et puis aux côtés d’un râleur je ne peux que m’arranger encore plus ~ dis-je en haussant un sourcil l’air de dire c’est toi qui dit ça, vraiment ?

L’hôpital qui se fout de la charité selon moi. On était aussi râleur l’un que l’autre donc il avait un sacré toupet. Mais bon, c’était bien son genre de dire ce genre de chose sur des défauts que lui-même avait. L’exercice fut ensuite moins long que ce que j’aurais cru et il avait beau me faire une des plus magnifiques déclarations venant de lui, le voir aussi troublé parut en effet gâché un peu le moment. Je sentais qu’il avait vu quelque chose qui le troublait énormément. J’avais peur de ce qu’il ressentait et surtout du fait qu’il pouvait se sentir coupable de quelque chose. On avait dit qu’on se contentait des bons souvenirs. Mais je me doutais qu’il était aller plus loin, sa curiosité était sans limite, il n’était pas un érudit pour rien... J’attendais donc qu’il veuille bien me parler étant calme et tendre avec lui, lui laissant tout le temps, qu’il voudrait.

La dernière de mes premières questions eut été la première avec une réponse. Il répondit plus vite que son ombre me disant que c’était bien dans ma tête et à mon image. Il était mignon même sans s’en rendre compte. Je venais embrasser le bout de son nez.

Tranquillise toi chaton. Je me doute que c’est autre chose qui te préoccupe. Je me doute que si c’était horrible dans ma tête tu ne serais pas resté autant de temps dedans même si je n’ai pas trouvé ça si long. Je m’attendais à ce que ce soit beaucoup plus long. Mais j’imagines que tu as déjà pas mal repris le pli par rapport à ta vie d’avant. Tu savais déjà nager dans les esprits après tout, c’était plus une question de repratiquer un peu.

Je souris et hochais la tête à ses dires suivant. Oui je voulais savoir peu importe ce qu’il avait vu. Vu le trouble qui en ressortait chez lui, je préférais qu’il en parle. Garder des non-dits entre nous ne serait pas bon, et il s’agissait tout de même de mes souvenirs alors, je ne pouvais pas faire l’autruche si quelque chose clochait. Je prends sa main en souriant, tout en caressant le dos de celle-ci du pouce.

Bien sûr que nos souvenirs sont importants. C’est ceux que je chéris le plus. On avait vécu déjà pas mal de choses ensembles et c’est vivifiant comme je me sens plus vivant depuis notre rencontre. Je me doute que tu as fini par aller voir plus loin et dans le plus noir des coins. Je préférais que tu évites, mais je ne pouvais pas t’en empêcher et je ne veux rien te cacher donc si tu as ressenti le besoin d’aller voir alors soit. Je ne t’en veux aucunement ne t’en fais pas.

Je souriais sur le fait qu’il prenait soin de me dire le positif d’abord. Il aimait prendre soin de moi et ne pas me brusquer malgré qu’il me sût solide. Je comprenais mieux pourquoi il s’était « égaré » plus loin. On était tout deux contre l’injustice et que je sois traité de la sorte part ma famille ne lui plaisait pas et il avait voulu savoir le pourquoi du comment. C’était louable de sa part et d’autant plus mignon. Finalement, c’était peut-être lui mon prince finalement, ou tout du moins mon preux chevalier du cerveau ?

Un accident de baignoire ? Je fis mine de réfléchir me disant que ça me parlait en effet. Je me rappelle plus très bien d’ailleurs, c’est assez flou, juste que j’étais jeune et que j’avais failli me noyer car sans surveillance. Je continuais de l’écouter mes yeux dans les siens voyant bien qu’il ne voulait pas tourner autour du pot. Mais en tout cas, le fait que ce ne soit pas un accident ne me surprenait pas vraiment en soi.

Mais je ne m’attendais peut-être pas à cela pour autant. C’était ma mère qui avait tenté de me noyer. J’étais totalement sous sa surveillance et c’était même elle qui avait fini à l’origine du mal. Et c’est moi qui avais payé les pots cassés de ces erreurs ? Tu m’étonnes qu’ils me regardassent tous comme un paria. Je n’étais pas vraiment de cette famille en définitive. J’étais une pièce rapportée, parce que ma mère avait découché. Parce qu’elle avait commis une faute, elle avait voulu me punir pour ses méfaits et le reste de la famille avec. Seul mon oncle ne m’avait jamais mis à mal. Était il au courant ? Certainement, il était certes sourd mais pas aveugle et il avait dû comprendre la situation. Mais il m’en avait préservé. Se disant sûrement que ça remuerait le couteau dans la plaie plus qu’autre chose. Je comprenais maintenant quand je me plaignais de certains de mes camarades de l’école militaire et qu’il me disait toujours qu’une erreur ça arrivait à tout le monde et qu’il ne fallait pas faire de mal aux autres pour diminuer sa propre faute.

Morrigan finit son discours en me disant que peu importe ce que j’aurais pu faire ils ne m’auraient jamais vraiment accepté parce que j’étais illégitime. Et qu’ils n’auraient jamais su vivre avec. Que ce n’était pas ma faute et qu’à aucun moment je ne devais culpabiliser d’être né en sachant que ce n’était pas de mon fait. Que je n’avais jamais demandé de naître d’un adultère. Je respirais doucement essayant de garder mon calme et ma respiration tranquille. Des larmes ne purent s’empêcher de couler sur mes joues à cette révélation. Toute ma vie n’avait été que mensonges. Sûrement que bons nombres de gens me dirait que je suis un ingrat de ne pas avoir pleurer ma famille, mais sûrement que quelque part mon subconscient s’était lui-même dit, ils n’en valent pas la peine et il avait raison. Ces gens n’avaient jamais été ma famille, ça n’avait été que des étrangers au crochet desquels je vivais car on me l’avait imposé. Seul mon oncle méritait que je le pleure, mais seul son corps n’avait pas été retrouvé dans les décombres. Peut-être était il toujours en vie quelque part ? Et peut-être qui sait un jour il arriverait sur Portalia et que je pourrais le retrouver et l’étreindre comme il le méritait car c’était lui seul ma famille, de cœur en tout cas même si non lié par le sang.

Je posais mon front contre l’épaule de Morrigan sanglotant silencieusement. Je souriais content qu’il soit avec moi. Qu’il ne me repousse pas et qu’au contraire cela renforce encore davantage notre relation sans pour autant que je vois de la pitié dans son regard. Il était juste triste de cette injustice que j’avais subis durant toute ma vie.

Merci de me l’avoir dit. Je me suis toujours dit que j’étais un monstre quand leur mort ne m’a pas affecté plus que ça. Mais finalement, ce n’était pas pour rien en fait. Je me demande comment ils ont fait pour ne pas me tuer ou ne pas réussir à le faire. Peut-être ne le pouvait il pas, pas en termes de capacité, mais parce que mon vrai père était quelqu’un d’important. Tu imagines si ça se trouve je suis un bâtard du roi et c’est pour ça qu’au final, je ne suis pas mort dans cette baignoire et qu’on n’a pas pu me déshériter. En plus, j’ai été relégué à la surveillance de la porte plutôt qu’à la garde rapprochée du roi, si ça se trouve sachant que j’étais un bâtard il craignait les représailles et que je le bute dans son sommeil qui sait ? dis-je en riant jaune.

Je ne savais plus quoi penser de tout ça, mais dans tous les cas même fils bâtard d’un roi, il était mort en même temps que tout son royaume et ma famille de merde donc c’était une pierre deux coups.

Bon finis les malaises et les pleurnicheries. Dis-moi ce que tu as pensés de ton expérience d’aujourd’hui ? Tu as réussi à entrer dans ma tête sans mal ? C’était pas douloureux ?
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Morrigan
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descriptionCancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois. [Feat. Derek Ravencross] EmptyRe: Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois. [Feat. Derek Ravencross]

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"Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois."






&
© Never-Utopia
Quel beau parleur, celui-là. Derek était le premier à se targuer d’asocialité, d’une franchise qui prenait le pas sur ses bonnes intentions. Pourtant, ses mots savaient être rassurants, même dans les situations de crise. Sa douceur contrastait avec ses manières et la façon dont il prenait les armes. Il menait ses combats avec des stratégies différenciées, en bon tacticien qu’il était. Quoi qu’il en dise, son rôle d’amant lui allait à merveille. De ses sourires gauches à son ton enjôleur, le mercenaire semblait se découvrir un charme auquel lui même ne croyait pas. C’était un spectacle dont l’érudit ne se lasserait jamais. Qu’y avait-il après tout de plus fascinant que l’être aimé ? Tout sujet d’étude académique faisait pale figure à côté de ce grand brun taciturne. De manière insidieuse, les bons sentiments prenaient le pas sur les craintes que l’attachement nourrissait.

Quand bien même aurait-il voulu faire autrement, Morrigan était de toute façon incapable de gommer les plus rudes aspérités de son caractère. Il y avait fort à parier que Derek souffre des mêmes dispositions. Son mercenaire était un être de confrontation, là où lui ne connaissait que la sédition, doublée de résilience. Leurs deux esprits étaient en définitive trop fiers et abrasifs pour se cannibaliser. La fuite ne serait donc jamais une option envisageable. Le grand brun usait et abusait de ses sourires dont il avait le secret, s’encensant même de son effet. Il était trop tard pour ne pas se laisser décontenancer par ses viles tentatives. Pire encore, le télépathe en redemandait, avide de l’affection qu’il lui témoignait.

« Tu sais que je risque d’y prendre goût ? » dit-il le plus sérieusement du monde en abandonnant toute résistance sous l’effet de sa tendresse, les mouvements de son visage cherchant naturellement le contact de sa main dans un geste de réclame.

La question était certes rhétorique mais ce n’était pas comme s’il pouvait reconnaître explicitement l’enfant gâté qu’il était parfois.

« La noblesse a bon dos, l’orgueil te va comme un gant ~ » rétorqua t-il à son tour avec une expression entendue. « Alors nous voilà bien assortis. »

La conclusion s’imposait d’elle-même mais le mage n’eut pas le temps d’en goûter pleinement la saveur avec l’intervention de l’enquiquineur de première. Karter était toujours là où on l’attendait : c’est-à-dire partout à la fois, à l’image des mauvais antagonistes récurrents qui sabotaient toujours la progression de l’intrigue des romans de bas étage. Le spectre lui semblait prendre un malin plaisir à interrompre chaque effusion, comme pour saborder toute tentative de rapprochement physique et émotionnel. Son comportement méritait bien quelques piques cinglantes qu’il était de toute manière maintenant habitué à encaisser.

Morrigan souriait d’un air faussement compatissant devant celui qui se vantait d’être le plus beau des crapauds. Au moins étaient-il tombés rapidement d’accords sur la théorie la plus probable. Il ne fut pas surpris de sa méconnaissance du genre, connaissant son pragmatisme et la rudesse de son éducation.

« Tu ne loupes rien, crois-moi. Tu serais sans doute le premier à t’agacer des situations stéréotypées et de la platitude, pour ne pas dire l’ingérence, des personnages. » lui dit-il sans même essayer d’atténuer son point de vue incisif sur la question. « Les contes sont censés n’avoir qu’une valeur éducative. Mais leur format est tellement figé, qu’on peut rapidement en déduire que n’importe qui peut en écrire. »

Son regard coula, lourd de sens, vers la silhouette fantomatique. Même quelqu’un comme Karter pourrait écrire ces âneries. Bien que les siennes devraient sans doute s’adresser à un public averti… Derek n’était dans tous les cas pas la cible des contes. Lui qui aimait l’action et la justice ne saurait tolérer la contemplation et les leçons de morale bien-pensantes. La mention des froufrous, qu’il s’apprêtait à vivement réfuter, fit au contraire émerger un souvenir lointain. Pour des raisons qui lui échappaient encore, Morrigan avait du subir des essayages de maquettes de robes, comme pour servir de patrons à la couturière. Une réalité qui n’avait aucun sens à ses yeux, dans la mesure où sa mère lui apparaissait dans ses vagues souvenirs svelte mais dotée d’une silhouette féminine drastiquement différente de la sienne. Ce n’était pas comme s’il avait existé dans cette maison, n’importe quel garçon manqué à l’horizon qui justifiait le fait de lui faire essayer ce genre de vêtements à la place d’une jeune fille non disposée à le faire. Le mage en déduit qu’il s’agissait alors d’une humiliation pure et dure.

« Tu serais surpris. » lâcha t-il avec amusement en préférant tourner le souvenir en dérision plutôt que de l’intérioriser honteusement. « Les fanfreluches m’allaient si bien que je servais de modèle, enfant, aux tailleuses du royaume. » dit-il en grossissant volontairement le trait pour se moquer lui-même de la situation, volant ce luxe au mercenaire.

Quand il le qualifia de râleur modèle, le télépathe ne pu objecter. Aussi surprenant que cela puisse paraître, sa mauvaise foi avait des limites. Il s’était contenté d’un petit rictus, mi-fier, mi-rédempteur. Heureusement, il n’eut pas l’occasion de se justifier, préférant s’atteler rapidement à l’exercice mental.

A son retour, l’ambiance n’était plus à la rigolade. Et pour cause, sa curiosité avait une fois de plus pris le pas sur le motif de sa visite. Morrigan était troublé que son mercenaire prenne le parti de le rassurer, alors que c’était lui, qui méritait du réconfort après les horreurs qu’il s’apprêtait à lui révéler. Il ne résista aucunement quand sa main rassurante vint chercher la sienne, se faisant injustement cajoler après ses errances. D’autant plus qu’il ne pouvait s’empêcher de sourire un peu bêtement, devant la confirmation verbale de son degré d’affection. Derek lui paraissait si exaltant, prompt à être aimé que l’iniquité de la situation ne ressortait que davantage. L’érudit était en colère contre ceux qui avaient cherché à le briser, à l’arracher prématurément de ses bras.

Il voulait lui répondre avec la même intensité, lui dire à quel point leurs souvenirs communs étaient précieux et qu’aucun de ceux qui n’avaient pas encore resurgi des abysses amnésiques ne pourraient les supplanter. Mais les mots restaient coincés, comme toujours, entre les déclarations intangibles de son esprit et la physicalité de sa gorge nouée. Un jour, il arriverait à lui transmettre son inclination. Ne serait-ce que parce que Derek méritait de savoir que leurs souvenirs étaient peut-être les seuls à être dignes ne pas être enterrés dans les profondeurs de son esprit. Contrairement au drame qui s’était déroulé, aucune eau ne viendrait le noyer à l’intérieur de son palais mental. Mais pour l’heure, le télépathe se contenterait d’un regard médusé, dans lequel se lisait un mélange de reconnaissance et d’admiration.

Les vérités n’étaient pas toutes bonnes à entendre et Derek en était la parfaite illustration. L’érudit se fit le plus factuel et direct possible parce que le pansement devait être arraché. Dans un silence assourdissant, le mercenaire l’avait écouté dérouler les faits, jusqu’à sa conclusion à la fois amère et constructive. Bientôt, le principal intéressé se laissa étreindre par l’émotion. Toute l’eau qui ne l’avait pas noyé ce jour-là était désormais purgée par ses larmes. Doucement, Morrigan vint enlacer la tête qui s’épanchait sur son épaule en effleurant affectueusement sa nuque et la naissance de ses omoplates ainsi vulnérables et exposées. Voilà que le mage le faisait pleurer quand lui n’était que tendresse encore quelques minutes auparavant… Respectant le courage de ses émotions, le télépathe le laissa purger sa peine sans un mot, lui laissant tout le loisir de pleurer puis de recouvrir ses esprits. Sa peine était la sienne et nul n’était en droit de la moquer ou de la diminuer.

« C’est naturel. Je suis et serai toujours de ton côté pour défendre tes intérêts. Tu es en droit de savoir et tu ne démérites pas, là où d’autres préféreraient le déni voire l’ignorance. Tu es un homme fiable et courageux, contrairement à eux et leurs secrets. Et puis… nous savons maintenant que ton aversion pour l’injustice ne vient pas de nul part. » poursuivit-il tranquillement pour alléger son fardeau et reconnaître ses forces.

Il l’écouta ensuite lui partager ses théories qui n’avaient rien de farfelu. Les règles de la noblesse étaient très codifiées et l’usage servait bien souvent de garde-fou dans les situations les plus désespérées. Le mage prit le temps d’y songer un instant, cherchant à adopter le point de vue le plus rationnel sur la situation.

« La faute est en effet bien souvent pondérée en fonction du rang social. J’ignore les règles qui sont propres à ton monde mais je sais qu’il existe dans le mien un édit qui interdit de porter atteinte aux enfants illégitimes. En cas de succession, il faut parfois aller chercher plus loin que les embranchements principaux de l’arbre généalogique. » avoua t-il avec une pointe de cynisme qui ne lui échapperait probablement pas.

Morrigan avait déjà enquêté dans ce sens car les bâtards étaient monnaie courante dans le monde faussement doré des hautes sphères de la société. Bien que l’existence de Sybille ait fortement influencé l’équilibre de ce système, ce genre d’affaire passait rarement inaperçue. Si Derek était bel et bien le fils illégitime d’un homme influent, sa survie n’était pas due au hasard. Surtout pas dans un univers où tout n’était que conflits d’intérêts et rapports de force. Le pouvoir, qu’il prenne des formes pécuniaires ou politiques, était parent de l’indulgence.

« Une porte ? Je comprends mieux la présence de cette entrée de façade dans ton esprit. » répondit-il en souriant, repensant à l’inutilité de ce seuil à l’intérieur de ce jardin mémoriel grand ouvert. « Je pense au contraire qu’ils avaient tout intérêt à te garder à distance, si les circonstances de ta naissance l’exigent. En restant loin de la cour, la vérité ne pouvait éclater et se retourner contre toi et l’homme responsable de cette situation. T’affecter à une mission aussi négligeable est une façon comme une autre de ne pas t’envoyer au front et de te garder dans le cocon sécurisé de l’ignorance et de la proximité idéale. »

Le télépathe voyait dans la mission de son bien-aimé un privilège, là où lui se figurait une punition. Les surveillances royales ou citadines étaient souvent réservées à une élite. Si la chose paraissait logique pour Derek qui était d’ascendance noble, ils savaient désormais qu’un bâtard de basse extraction n’aurait jamais été affecté à un poste aussi confortable. Sa survie avait donc été calculée.

Maintenant qu’ils avaient pu échanger sur les circonstances de sa filiation, le mercenaire avait rapidement repris du poil de la bête. Face à ses interrogations, Morrigan secoua la tête d’un air serein.

« Non, l’expérience a été concluante. J’imagine que notre lien privilégié y a largement contribué mais c’est la première fois depuis le retour de mes capacités que je quitte par moi-même un plan mémoriel. Il faut dire aussi que tu n’as pas exprimé beaucoup de résistance ~ » ajouta t-il pour le taquiner d’un air provocateur.

Jusqu’ici, le télépathe avait traité avec des esprits farouches et plutôt hostiles à sa présence. Il pouvait donc maintenant confirmer avec un certain degré de certitude que le consentement de ses cibles influençait beaucoup l’efficacité de son pouvoir. Si quelqu’un avec la puissance d’essence de Derek lui refusait l’accès à ses pensées, il y avait fort à parier qu’il ne puisse même pas franchir le seuil de son palais mental. Il se sentait plus las qu’à l’accoutumée mais pas épuisé et vidé de son essence comme à l’issue de ses excursions précédentes. Pas de vertige, ni de nausées, mais une simple fatigue passagère. Afin de ne pas souffrir d’engourdissement, le télépathe se leva et entreprit de se dégourdir les jambes à la suite de son grand brun. Morrigan avait beau retourner la situation dans tous les sens, rien ne les retenait au centre d’entraînement maintenant que leur objectif avait été atteint. Alors pourquoi son cœur se serrait graduellement au fur et à mesure que ses pas le rapprochaient des portes de sortie ? Qu’est-ce que les sentiments rendaient les hommes faibles et déraisonnables…

Après un silence qui avait en réalité peu duré mais qui lui avait semblé une éternité, l’érudit, en proie à un trac qui ne lui ressemblait pas, prit la parole à quelques mètres du centre.

« Tu devrais rentrer avec moi. Je suis consterné que tu doives dormir dans des taudis et sans cesse fuir comme un voleur en changeant d’adresse. » lâcha t-il d’une traite en regardant son chemin droit devant lui pour ne pas se laisser désarçonner par sa réaction.

Vraiment ? En réalité, les logements de fonction prêtés par la guilde n’étaient guère plus enviables que les auberges de passage mais même les meilleurs orateurs n’avaient pas toujours un argumentaire solide. Morrigan essayait de se convaincre qu’il était tout à fait normal de chercher des explications rationnelles plutôt que de s’avouer qu’il ne voulait pas le quitter aussi vite. Et puis, ce n’était pas dans sa nature de supplier quelqu’un de rester alors ne faisait-il pas au mieux avec les armes à sa disposition ?

La gêne l’empêchait de confronter directement son regard et il se félicitait d’avoir l’excuse de la marche pour ne pas avoir à faire face à sa demande plutôt cavalière. Tout ceci était après tout contraire à sa ligne de bonne conduite. Son éducation, bien qu’il était capable d’en remettre les enseignements en cause, interdisait les jeunes gens non mariés de dormir dans le même lit. Morrigan ignorait si ce genre de considération s’était présentée dans le passé, mais les préoccupations présentes témoignaient de sa vision. Convaincu qu’il n’avait pas le temps ni le droit à ce genre d’exclusivité dans son ancienne vie, il avait souvent échoué d’attachement peu pérenne et de situations complexes qui condamnaient par avance ses relations à échouer. Mais dans une situation où il voulait que les choses fonctionnent, le télépathe se sentait bien emmanché. Au moins se rassurait-il en se disant que le sentiment de stupidité était le signe qu’il ne prenait pas cette histoire à la légère. Mais n’était-ce pas idiot de se torturer l’esprit pour des questions de sommeil et de bienséance quand il avait déjà envisagé plus d’une fois une intimité à ses côtés ? Il n’était décidément pas au bout de ses peines avec ce grand brun qui n’était né que pour le troubler.



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J’aimais cette façon que Morrigan avait de me regarder. C’était un peu comme la dernière merveille du monde. Il m’analysait sous toutes les coutures, curieux de voir si je pouvais encore le surprendre, bien souvent c’était le cas. J’arrivais à le prendre de court encore et encore. C’était quelqu’un de logique, et comme je marchais à l’instinct, il était loin de pouvoir tout prévoir concernant mon comportement. C’était d’autant plus intéressant du coup. Cela nous stimulait autant l’un que l’autre de diverses manières. En tout cas, notre attachement l’un pour l’autre n’était plus à prouver, même si Karter disait qu’il fallait consommer cet amour pour vraiment le parfaire. Je n’étais pas spécialement d’accord avec cela car Morrigan m’apportait déjà beaucoup rien que par sa présence, le sexe, ce ne serait qu’un plus très certainement plaisant mais non pas un besoin vital pour autant.

J’aimais lui rappeler qu’il n’avait pas à être une personne différente face à moi. Qu’il pût être lui-même car c’était ce qui me plaisait chez lui. Sa façon de s’agacer si vite. Qu’il soit sarcastique avec les gens et pas spécialement sociable. Enfin ça c’est surtout du au fait qu’il est franc et que les gens n’aiment pas souvent qu’on les mette face à leurs défauts. Pourtant parfois la critique ça peut aider à évoluer. J’aime aussi sa douceur et son enthousiasme quand il s’agit de moi. Le Tigre mal léché qu’il est se transforme en chaton adorable. Je ne peux rien lui refuser, mais il en est de même pour lui. On se ressemble beaucoup et en même temps on à diverses façons de réagir aux choses. Mais nos sentiments sont vrais et puissants. Notre affection mutuelle est vraiment très importante pour nous. Nous sommes comme le nouveau pilier de l’autre, dans cet océan d’incertitude qu’est cette nouvelle vie Portalienne.

Tu peux, je ne risques pas de changer de sitôt mes habitudes à ton égard et tu le sais dis-je dans un clin d’œil.

Parfois j’avais l’impression de lui rendre un peu cette innocence dont il n’avait pas vraiment pu profiter étant enfant. Malgré qu’il n’ait pas beaucoup de souvenirs de sa vie d’avant, j’avais du mal à croire qu’il ait pu à un moment donné s’éclater en tant qu’enfant vu ce qu’il était aujourd’hui. Certainement qu’il avait vécu des trucs similaires à moi qui l’avait empêcher de rester enfant trop longtemps, qui l’avait obligé à maturé bien trop vite.

Il faut bien que je fasse honneur à ma caste de noble que veux-tu ~ On me rirait au nez si je disais être noble sans avoir d’orgueil. C’est un trait bien trop caractéristique...

Bon le principal souci dans notre relation c’était Karter. Il mettait un point d’honneur à toujours ruiner nos moments donc, c’était un peu pour ça aussi que les rapprochements entre nous n’avait été guère loin. L’intimité avec Karter à mes basques H24 c’était un peu mort et je comprenais tout à fait que mon homme totalement pudique, puisse être dérangé de la présence de Karter. Et de se mettre nu face à lui. Ce n’était pas spécialement le genre de chose qui alimente la libido ce serait plutôt l’inverse. Y a que le genre de pervers comme Karter qui trouverait ça excitant....

J’aimais cela aussi chez Morrigan. Malgré son côté érudit élitiste, il n’était pas spécifiquement dérangé de mon côté ignorant. Que je n’aie pas lu de contes ne le dérangeait pas. Il restait patient avec moi et m’expliquait les choses que je ne connaissais pas. Jamais il ne me faisait ressentir le gap pourtant béant qu’il y avait entre nous que ce soit culturel ou intellectuel. Il me laissait la chance de me mettre à son niveau doucement sans précipitation.

Ah oui tu penses ? Il n’y en a vraiment aucun qui se détacherait un peu du lot et que tu me conseillerais afin de découvrir le genre et de me faire une idée précise ? Educative ? Tu veux dire que généralement il y a une sorte de moralité, leçon à en tirer ? Mais du coup si c’est bourré de stéréotype ça ne représente pas forcément bien la réalité, si ? A quoi sert donc cette valeur éducative, si ça ne met en lumière que des choses préjugées ? Je ne comprens pas l’intérêt...

Quand je parlais froufrou, Morri sembla se perdre dans ses pensées durant quelques secondes. Comme s’il revoyait quelque chose. Peut-être s’imaginait-il en princesse à froufrou ? J’avais des doutes vu son air à la fois perplexe et sérieux.

Vraiment ? Elles n’avaient que ça à faire de t’emmerder de la sorte ? Tu n’étais pas leur jouet. Je trouve cela vraiment irrespectueux envers toi. Pourquoi ne pas prendre ta mère comme modèle ? C’est complètement stupide de t’avoir infligé ça. Y a des claques qui se perdent...

Il n’objecta pas quand je lui dis être un râleur pro et en vrai, ce serait vraiment mentir que de réfuter cette affirmation et il le savait. C’était peut-être l’un de ses traits de caractères le plus emblématiques quand on parlait de lui. Mais c’était mignon de voir qu’il ne le faisait pas souvent ressortir à mon encontre, c’était envers tous les autres plus qu’envers moi. A part si je le taquinais un peu trop.

Quand Morrigan eut finit son entrainement il parut bien plus sombre qu’à son habitude. Comme je m’en doutais il avait été plus loin que les souvenirs de bonheur alors qu’on en avait parler avant de ne pas aller chercher le pire. Etais-ce mieux comme ça ? Peut-être, après tout je n’avais rien à cacher. Je craignais plus qu’il change de façon de penser à mon égard alors que c’était une pensée totalement stupide le connaissant lui et son affection pour moi. Il n’y avait aucune raison qu’il change d’avis peu importe mon passé. Mais il se pouvait clairement que des choses soient enfermées dans mon subconscient sans que je ne le sache. Après tout mes souvenirs étaient très peu nombreux sur mon enfance...

Sûrement que ce qu’il allait me dire me ferait mal. Mais peut-être comprendrais-je certains choses ? Dans tous les cas, mes souvenirs les plus précieux étaient ceux avec mon oncle et ceux avec Morrigan. Rien ne pourrait les altérer. Je me raccrocherais toujours à ceux là car c’était ceux que j’avais de plus chers et qui m’avait donné une sensation de bonheur et de bien être plus que tout autre.

Malgré ma force, la déclaration eut le don de remonter toute ma peine à la surface. Tout ce que j’avais pu vivre à l’époque, toutes les douleurs et les souffrances infligées, on me les avait fait porter alors que je n’avais jamais rien demander. Je n’avais pas décidé de vivre de cet adultère. On ne m’avait pas demandé mon avis. J’avais payé les pots cassés à cause de l’erreur de cette femme, qu’on prétendait être ma mère. Mais est ce qu’une mère est en droit de traiter son enfant de la sorte ? Est-ce qu’une mère devrait détester son enfant de la sorte parce qu’il lui rappelle sa propre erreur ? Cette injustice était affligeante. Je comprenais encore mieux ma verve face à l’injustice, ma vie, était construite sur un mensonge et une ultime injustice. J’aurais dû me douter de tout cela, mais j’avais toujours espéré qu’en fournissant des efforts ; toujours
Plus d’efforts, un jour ma famille m’accepterait. J’avais été un bel idiot. Jamais il ne m’aurait accepté, je n’étais pas de cette famille, je n’étais qu’un intrus, un étranger. Apparemment, j’étais bien le seul con non au courant, mais mon oncle avait tout de même pris le temps à chaque fois d’être là pour moi. C’était bien le seul qui était passé outre cette information délicate...

Je souris à ses dires tandis que je relevais doucement ma tête.

Je sais que tu es là pour moi. Je le sens. Tu me comprends mieux que quiconque et je me sens meilleur depuis que je suis à tes côtés. Oui mon aversion pour l’injustice est d’autant plus compréhensive à présent. Heureusement que je t’ai. Tu m’aides vraiment à avancer dans le bon sens et à ne pas me refermer sur moi-même. Je suis plus fort que ça, j’en ai beaucoup souffert, mais c’est de l’histoire ancienne. Je ne laisserais pas mon passé détruire mon avenir. Cet avenir avec toi quoiqu’il nous amène.

Mais plus ça allait plus je me disais que je devais être un bâtard d’une personne influente pour qu’on ne m’ait pas juste supprimé dans une ruelle. Je ne sais pas si ça aurait mieux, mais ce qui était sûr c’est que peu importe ce qui m’était arrivé par le passé, tout cela m’avait conduit à Morrigan. Si on avait possibilité de changer le passé, je ne changerais rien parce que je voudrais que cette rencontre ait lieu. C’est par cette rencontre que ma vie avait véritablement trouvé un sens.

Je n’ai aucune idée des lois régissant cette partie de mon monde. Enfants illégitimes tout ça, mais s’ils me l’ont caché c’est probablement pour que je n’aille pas fureter de ce côté-là. J’ai été si stupide de croire que j’ai pu faire à un moment de ma vie partie de cette famille. C’était du flan, toute mon enfance n’était que du flan. Certes mon oncle m’a accepté et à été le seul gentil pour moi, mais pourquoi ne me l’a-t-il pas dit quand j’ai été assez grand pour comprendre ? Pourquoi m’a-t-il laisser dans l’ignorance alors qu’il le savait très certainement ?

Je ne comprenais pas qu’on ait pu me cacher quelque chose comme cela. Si une personne est importante pour moi et qu’elle m’aime, j’aimerais qu’elle soit honnête avec moi. Les gens me connaissent après tout. Je suis déçu que mon oncle ne m’ait rien dit. Heureusement, Morrigan était différent et malgré le fait qu’il savait que ça me blesserait il me l’a dit parce qu’il sait pertinemment que garder ça pour lui me ferait encore plus de mal que de me le dire.

Ouais gardien de porte. C’est risible quand on y pense, je me faisais chier comme un rat mort devant celle-ci. Mais oui m’éloigner assez du trône tout en me laissant dans un confort de sécurité en allant pas au front. J’aurais pourtant préféré qu’on se serve de moi comme d’une arme contre ses ennemis plutôt que je pourrisse devant un bout de bâtisse désuet. C’est humiliant de s’entraîner toute sa vie d’être meilleur que les généraux et de finir devant une putain de porte...Parce que oui, aucune de mes supérieurs n’avaient le dessus sur moi à l’épée. Je n’ai donc jamais compris cet exil. La seule raison qui me venait c’était que leur gros égo de merde voulait m’humilier. Sûrement que ce n’était pas tout à fait faux en partie...

Heureusement, Morrigan était là pour voir le côté logique et pragmatique de la chose. Pour lui ce n’était pas une mauvaise position au contraire. Mais pour moi ça l’était car j’étais un guerrier, j’étais fait pour les armes, pas pour rester planter comme un piquet. Enfin bon, point positif, j’avais survécu à toute cette merde et j’en étais endurci. Peut-être trop, mais je commençais un tantinet à m’ouvrir aux autres grâce à ma moitié.

Je souris à ses accusations somme toute justifiée.

Je ne voyais pas l’intérêt de résister. Je te fais confiance, je n’ai rien à te cacher et ça t’aidait à te faire la main sur ton pouvoir nouvellement acquis. Il vaut mieux que tu l’utilises sur moi que tu blesses quelqu’un d’inconnu. Non pas que je n’ai pas confiance en toi, mais t’introduire dans l’esprit du premier venu déjà me déranges et si ça se passait mal vu que ton pouvoir ne fonctionne peut-être pas comme dans ton monde, ça pourrait entraîner des conséquences de merde. Hors de question qu’il t’arrive quoique ce soit de mal si je peux l’éviter.

Morrigan ne semblait pas vouloir partir du centre. Il semblait récalcitrant et traînait un peu le pas. J’haussais un sourcil ne comprenant pas trop son attitude sur le coup ? Que lui arrivait-il ? Ce n’était pas le genre d’endroit dans lequel il aimait s’adonner de base. Les monstres moins il en voyait mieux il se portait.

Le silence continua pendant quelques minutes avant qu’il ne me dépasse d’un pas déterminé en laissant échapper ce qui le préoccupait. Je souriais en comprenant enfin le sens de sa phrase. Il veut que je vienne vivre avec lui ? Ce n’était pas très clair comme dialogue. Il voulait que je dorme avec lui ce soir juste ? Bref, à mon sens ça manque de clarté dans les dires. Je sais qu’il n’ait pas à l’aise avec ce genre de communication, mais maintenant qu’il avait commencer fallait assumer jusqu’au bout. J’avais l’impression plus d’une fuite à présent en mode oublie ce que je viens de dire qu’autre chose. Devais-je vraiment le prendre comme argent comptant ?

Je finis par le rejoindre en quelques pas prononcés et pris l’une de ses mains afin de le tourner dans ma direction, ses yeux dans les miens.

Attends, je suis pas très sûr d’avoir compris en fait...Tu me demandes d’emménager avec toi ? Ou juste de passer la nuit avec toi ? Je ne suis pas très sûr, ce n’est pas le genre de choses qu’on m’a déjà demandé alors je marche clairement sur des œufs là...Je sais que ce n’est pas évident pour toi, de dire ce genre de chose, mais tu pourrais être un peu plus clair ? On est tous les deux après tout...Et être vulnérable ne constitue pas un crime. Pas à mes yeux en tout cas, je te trouve même beaucoup trop adorable pour mon propre bien... dis-je en me massant la nuque de manière gênée.

Je devais avoir l’air bien stupide avec mes questions à deux balles moi. Il allait se dire définitivement que j’avais un grain...Que je n’étais pas mieux que Karter, mais à force qu’il me parle d’autant de choses déplacés, forcément j’y avais pensé une ou deux fois. Je ne veux pas de quiproquos entre nous. Je veux être sûr de comprendre ce qu’il désire et ce que je désire également.

J’emmêle mes doigts aux siens me sentant rougir à ce que j’allais dire mais tant pis, parfois il faut savoir faire le grand plongeon.

J’ai envie d’être avec toi et de passer cette nuit avec toi. Je ne désire pas te quitter non plus. Mais être avec toi dans le même lit, je ne sais pas si j’en serais capable...je veux dire rester sage...Enfin bref, t’as compris quoi... dis-je continuant tout de même de le regarder dans les yeux pour qu’il comprenne que j’étais sincère et que ce n’était pas qu’une question de sexe.

Je ne voulais pas lui sauter dessus en mode c’est un bout de viande. Mais j’avais envie de plus d’intimité avec lui de le toucher plus et à des endroits que personne n’avait toucher encore avant moi ou en tout cas que peu de monde avait touché, ne sachant pas forcément son expérience à ce niveau là. Je ne lui avais jamais demandé. Je n’étais pas sûr de vraiment vouloir cette réponse pour le coup. Bref, c’était pour moi une sorte de nouvelle étape dans notre relation qui pouvait s’enclencher ce soir, ce n’était pas quelque chose d’anodin.
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Morrigan
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"Cancaner ou s'entraîner, mais jamais les deux à la fois."






&
© Never-Utopia
Depuis combien de temps n’avait-il pas déposé les armes de la sorte ? Avec Derek, toutes vaines agressivité et méfiance s’anéantissaient devant ses beaux yeux. Il représentait tout ce que le mage s’était juré de ne plus jamais s’autoriser. Des années de lutte, d’études acharnées, de revanche millimétrée, d’une vie d’ascète pour l’amour d’un seul homme. Mon dieu qu’il était ridicule, à ruiner son empire pour un gage d’affection. Derek ne soupçonnerait probablement jamais les guerres endémiques qui se jouaient dans cet esprit irréductible. Au contraire, il pouvait même voir dans ses regards attendris que tout cela lui plaisait. Qui aurait cru que ce mercenaire solitaire, irascible et taciturne, pouvait faire preuve d’une telle douceur ? Morrigan le regardait attentivement se prendre au jeu du badinage avec une facilité déconcertante. Lui qui lui disait quelques temps en arrière ne rien comprendre aux choses de l’amour et ne savoir que blesser autrui… Le télépathe se jurait secrètement de démanteler unes à unes ses tristes craintes infondées. Arriverait-il à le remercier assez un jour pour le don de sa vulnérabilité ? Celle-là même qu’il peinait à lui offrir en retour ?

Un clin d’œil de plus acheva de le laisser interdit. Comment faisait-il pour se montrer aussi confiant dans un domaine aussi subjectif et instable que l’inclination ? L’amour n’avait rien de certain, de bases scientifiques suffisamment solides pour le conjecturer, l’étudier dans une éprouvette et le conserver ad vitam aeternam. Le mercenaire en était presque agaçant, à faire fi des codes et des risques au profit de son instinct et de ses sentiments qu’il accrochait fièrement sur ses oriflammes. Jamais Morrigan n’avait joué sur un terrain aussi méconnu et indéchiffrable depuis son amnésie. Derek était brillant en la matière quand l’érudit se voyait désorienté et dans un rôle de cancre qu’il avait jusqu’ici scrupuleusement évincé. Assister à un tel renversement des attributions le fit soupirer d’abdication et dépit. Comment les gens ordinaires faisaient-ils pour lâcher prise ?

Ses inquiétudes s’évanouirent rapidement devant la parade caricaturale de son noble partenaire. En le voyant tourner aussi vite en dérision les réalités cruelles de son passé, Morrigan avait au moins la certitude qu’ils s’étaient bien trouvés.

« Pardon d’avoir douté de vous, messire Ravencross. Vous êtes pénible, fier et chevaleresque, la vérité se présente sous la figure de l’évidence ~ » railla t-il à son tour en lui soulevant légèrement le menton pour lui donner un port de tête plus altier.

Et puis quoi qu’il en dise, son lord avait des goûts de luxe. Ses services de mercenariat n’étaient pas donnés, son épée était une fine lame forgée chez Steel Anvil et il s’était entiché d’un noble excessivement raffiné comparé à son éducation et sa caste initiales.

« Vous avez aussi cette fâcheuse manie de vouloir vous octroyer les babioles les plus étranges et les plus précieuses du royaume. » dit-il en saisissant sa main pour faire tournoyer l’anneau maudit avant de porter ces mêmes doigts contre ses lèvres.

Oui, qu’il s’agisse de reliques damnées ou d’un télépathe dont la préciosité caractérielle n’était plus à démontrer, Derek avait le don de mal choisir ses trésors pour son propre bien. Au-delà d’une situation déjà inextricable avec deux hommes, issus de deux mondes différents et à l’éducation opposée, le grand brun avait encore complexifié l’issue de sa vie sentimentale avec cette maudite bague. Karter était un être abject qui ne manquait jamais de le discréditer. Dire que sa présence l’ennuyait était encore en dessous de la réalité.

En dépit de ses avertissements, le mercenaire se montrait bien curieux à l’égard des contes que le mage prenait un malin plaisir à critiquer. Ses questions et son indignation étaient toutes fondées, ce qui lui arracha un sourire de connivence. Son grand brun avait beau se targuer d’ignorance, sa curiosité l’élevait toujours au dessus de la passivité ordinaire. Et puis Derek était toujours le premier à défendre ses intérêts, quitte à remettre en cause l’opinion publique.

« Leur valeur éducative repose sur la répétition et la tradition. N’est-ce pas après tout avec le même discours qu’on forme les armées ? » dit-il en faisant référence à un exemple que l’ex soldat ne connaissait sans doute que trop bien. « On vous fait répéter les mêmes paroles, les mêmes gestes, tout en vous inculquant un système de valeur défini jusqu’à en oublier en premier lieu que nombre d’entre eux étaient stupides. Les automatismes ont la belle vie, et c’est exactement la même chose pour l’étiquette. Avec ces contes, les enfants finissent par croire dur comme fer, que la moralité est indissociable de la vie. » conclut-il un peu amèrement en voyant les écueils qu’il essuyait aujourd’hui avec cet héritage empoisonné.

« Et ne crois surtout pas que c’est un consensus d’auteurs médiocres. Les versions originales des contes ont souvent été transformées, complètement réformées pour convenir à la lecture des enfants de bonne famille. » souffla t-il pour critiquer encore les mœurs des siens. « Tiens, tu voulais un exemple. J’imagine que tu connais les grandes lignes du Petit Chaperon Rouge. Et pour cause, l’histoire a traversé le temps en étant remaniée une cinquantaine de fois. Pourquoi ? Dans les versions les plus anciennes, le Petit Chaperon Rouge est un jeune homme déguisé en fille et envoyé par sa douce Mère-Grand dans la forêt hostile pour tuer le loup. Celui-là même qui lui fera manger la chair de son aïeul à son insu. Nous sommes donc bien loin de cette petite fille passive et innocente qui mange un repas ordinaire. »

Inutile de dire pourquoi la bien-pensance était passée par là. Outre la violence du récit, un enfant ne pouvait être envoyé comme une pièce sacrificielle pour tuer l’ennemi. Tout comme un petit garçon ne pouvait faire preuve de faiblesse en se laissant abuser des mensonges ou pire encore, en se travestissant. N’était-ce pourtant pas le schéma de sa propre vie dans cette famille qu’il regardait avec distance ? Envoyé en pâture à Sybille pour l’honneur tandis qu’on l’utilisait comme modèle pour des robes. Ce conte n’était finalement pas plus cruel que la réalité comme le témoignait ses expériences ou encore celles de son bien-aimé. La scène à laquelle Morrigan avait assisté dans le subconscient de Derek était digne de ces histoires taboues qui ne devaient pas atteindre les chastes oreilles des enfants de leur rang. Et pourtant, ils avaient été confrontés à la violence comme n’importe quelles âmes de leur temps.

L’ironie du sort voulait qu’à chaque nouveau fantôme du passé, ils vibraient à l’unisson. L’érudit se retrouvait bien souvent, à son plus grand regret, dans les tourments du grand brun. Il y avait quelque chose de grandiose et de terrifiant dans leur trajectoire commune. Dans des continents différents, des cultures antithétiques et des circonstances dissemblables, ils avaient expérimenté le même sort : le rejet et la trahison. Morrigan n’était-il donc pas le mieux placé pour lui révéler l’indicible ? Et pourtant, alors qu’il tâchait de réconforter le mercenaire, c’est ce dernier qui le gratifiait maintenant d’un discours galvanisant. Pour toute réponse, le mage lui rendit un sourire chaleureux tout en accompagnant de ses doigts ce beau visage qui se redressait. Quoi qu’il pouvait en dire, il n’avait pas besoin de cette main pour lever la tête. Si le télépathe avait été aussi fort que lui, il l’en aurait assuré plutôt que de se contenter de l’admirer. Mais les mots étaient une science inexacte qui lui faisaient souvent défaut.

« Peut-être que ton oncle voulait te protéger ? » dit-il enfin, chaque syllabe pesant comme du plomb sur sa langue. Admettre une telle réalité revenait à nuancer sa propre haine à l’égard de celui qui l’avait élevé. « Si la vérité pouvait mettre ta sécurité en péril, c’est une piste non négligeable... » acheva t-il péniblement.

Mais qu’importe les renégats, aujourd’hui, les choses étaient différentes. Les enfants qu’ils étaient avaient été laissés dans leur monde d’origine même si leurs traumatismes remontaient parfois à la surface comme une nostalgie de mauvais goût.

« Tu n’as plus à souffrir de leur influence, désormais, tu as une nouvelle famille. Je ne réparerai jamais leurs torts. Mais je peux t’assurer que tu ne seras jamais traité de la sorte, ni en proie au silence de ma part. » souffla t-il en partageant sa colère pour les siens, avant de se radoucir sous l’effet d’un long soupir. « Ne t’en réjouis pas trop, tu sais que c’est un mal pour un bien chez moi. » dit-il en détournant vivement la tête.

C’est qu’il lui avait prouvé plus d’une fois au cours de leurs innombrables querelles. Morrigan n’était pas avare d’aveux lorsqu’il s’agissait de dire les choses qui blessent. En écoutant son récit d’ancien garde, l’érudit se fendit d’un sourire délassant. Encore son langage fleuri habituel, il arrivait presque à trouver ça charmant, dans sa bouche. Un sinistre constat quand ces mêmes injures effleuraient parfois son esprit par mimétisme. Une telle intrusion était criminelle. Il devait arrêter sur le champ de trouver ça attrayant, au nom de la bienséance.

« Et bien je suppose que je devrais quant à moi remercier cette porte de merde. » dit-il en haussant un sourcil, mi-accusateur, mi-amusé, ménageant l’effet de son outrage. « Leur jalousie et leur mépris t’ont gardé en vie, c’est tout ce qui compte pour moi. Pas tes faits d’arme ou les campagnes que tu as menées. Et puis tu imagines sincèrement cette tête de brûlée d’à peine vingt ans se contenter de ne pas jouer les héros sur un champ de bataille ? » conclut-il en le pointant du doigt d’un air flegmatique.

Connaissant le presque trentenaire, Morrigan aurait donné peu cher de la version antérieure, dix ans en arrière en pleine guerre et avec plus rien à perdre. Il n’était pas mécontent de savoir qu’il avait été écarté d’une mort certaine, même grâce à la bêtise humaine. Sa dernière remarque sur son manque de résistance avait fait mouche, lui arrachant une petite moue victorieuse.

« Tu n’as tellement rien à cacher que le château qui garde tes souvenirs ne possède aucun mur. » avoua t-il moqueur mais pas moins fasciné. « Mais je te remercie pour ta confiance ~ »

Décidément, après la porte et l’ego des hommes méprisants de son monde d’origine, c’était au tour des conséquences, d’être qualifiées de merdes. Mais c’est une autre remarque, noyée dans le flot de ses inquiétudes qui capta l’attention de l’érudit.

« Ça te dérange ? » questionna t-il de manière opportuniste. « Que crains-tu ? Que je les découvre plus tordus ou médiocres qu’ils ne sont déjà ? » railla t-il en accompagnant sa parole d’une grimace de circonstance.

C’est qu’il était tellement adorable à se soucier pour lui de la sorte. Il ne lasserait jamais de le charrier à son sujet. Mais tel est pris qui croyait prendre. En rassemblant tout son courage pour lui faire une demande bien cavalière, le mage n’était pas au bout de ses peines… Pourquoi diable était-il tombé sur quelqu’un qui ne comprenait rien à la subtilité ? Son enseignement en matière de badinage s’arrêtait là. Un geste discret, un mot équivoque, un regard appuyé suffisait pourtant à transmettre ses intentions. De là où il venait, il n’avait jamais été question de cette clarté que le grand brun lui demandait. D’abord interdit, le télépathe resta parfaitement immobile, à l’exception de son visage qui prenait des inflexions étonnées devant le discours et la proximité avec l’objet de son trouble.

Alors qu’il essayait d’analyser chacune de ses questions, une légère pression sur ses doigts annonçait une autre salve d’informations à traiter dans laquelle chaque nouvelle phrase acheva de lui incendier les joues. D’ordinaire, les pensées d’autrui étaient fléchies silencieusement, lui laissant le temps de les recevoir et de leur adapter une réponse. Mais Derek avait cette fâcheuse habitude de dire tout ce qui lui passait par la tête, avec une aisance et une facilité que le mage ne comprendrait sans doute jamais. Morrigan aimait se croire distingué et désinvolte, toujours avec une longueur d’avance, mais le charme n’opérait jamais avec le mercenaire qui le déroutait sans cesse.

Sa dernière phrase qui, pour la première fois dans sa tirade laissait apparaître une faille et un soupçon de lâcheté, le fit éclater de rire. Tout ça pour ça. Finalement, il ne valait pas mieux que lui, entre la pudeur et la gaucherie, la différence était ténue. Oui, Derek, crois-le ou non mais contrairement à toi, je n’ai pas besoin d’un compte rendu en trois parties pour savoir ce qui te passe par la tête. Cette interlude rafraîchissante eut au moins le mérite de lui faire recouvrir ses esprits. Son grand brun n’était dans le fond pas plus serein que lui. Cela voulait dire que l’érudit avait encore l’occasion de se montrer courtois. Alors du nerf, le télépathe. Ça valait bien le coup d’avoir une grande gueule si tout s’évanouissait devant un joli minois.

« Derek… Ce que j’essaye de dire c’est que j’aimerais t’inviter au moins jusqu’à demain. Je n’aurais pas l’outrecuidance de te faire vivre dans un logement de fonction aussi peu confortable. » dit-il légèrement moqueur devant sa première interprétation. « Alors, reste ce soir. S’il te plaît. Si tu en as envie. » poursuivit-il de manière plus hachée et précipitée qu’escomptée.

Une profonde inspiration l’oxygéna suffisamment pour retrouver sa contenance. Il était censé le charmer, pas se ridiculiser une fois de plus devant lui.

« Est-ce que tu trouverais ça incorrect, en toute connaissance de cause ? » lui demanda t-il calmement et sans trace d’amusement cette fois-ci.

Il avait besoin de savoir ce qui le gênait pour ne pas le brusquer ou pire, lui forcer la main. L’amour poussait à faire des choses stupides et le mage ne souhaitait pas que son précieux mercenaire soit son obligé. Voilà pourquoi il devait prendre position à son tour sur ses intentions afin de lui montrer l’exemple.

« Personne ne t’a demandé d’être sage. » déclara t-il avec un sourire enjôleur avant de profiter de la proximité pour glisser une confidence dans le creux de son oreille. « S’il te plaît, ne le soit pas. » souffla t-il en se permettant une derrière bravade, venant prendre en étau de ses dents la partie charnue de son oreille pendant une brève seconde.

De nouveau sage comme une image, ou du moins en apparence, le télépathe lui adressa un sourire entendu en reprenant une posture normale.

« Bien, alors si nous sommes d’accord, tu n’auras qu’à m’expliquer en chemin pourquoi je suis trop adorable pour ton propre bien ~ » déclama t-il en revenant à son attaque opportuniste de départ.



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