PortalConnexion
Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal

Bronze
0 Pts
Emilia Reisalin
Date d'inscription :
09/09/2022
Gils :
7562
Disponibilité Rp :
Voir en MP ♥
Messages :
240
Métier :
En formation avec les paragois - (Infirmière chez Elim)
Couleur d'Essence :
Verte
Style d'Arme :
Epée longue / Lames dissimulés
Rang :
Or @@
Puissance d'Essence :
10496

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptySur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Sur une trace de sang
hypanatoi

Face au colosse, la jeune femme le regardait d'un air sombre en attendant ce qu'il avait à dire pour la défense de son amie. Elle ne s'attendait à rien de spécial venant de l'homme sans cœur qu'il montrait à notre amie, même si une petite partie d'elle-même osait espérer que cette carapace de muscle cache plus que ce qu'elle parvenait à voir.

Un sourire fini alors par défigurer le visage du paragoi, ce qui réussit à mettre Émilia mal à l'aise au passage, et sa réponse suivi. L'homme croyait en sa protégée, en sa force et en sa conviction... Dommage, sa réponse avait pourtant bien commencé à mettant en avant son souhait que ses ennemis ne soient pas assez stupides pour s'en prendre à elle. Elle soupira de nouveau lorsqu'il tourna les talons, posant son poing sur sa hanche, un sourire léger sur ses lèvres en le regardant s'éloigner.

-Vous sous-estimez la stupidité de vos ennemis... Mais j'ose espérer que vous avez raison.

Elle souffla ses mots avec sincérité, sachant pertinemment qu'il les entendrait sans doute sans pour autant revenir dessus. Il n'avait rien à ajouter de toute façon. Emboîtant le pas de l'homme en laissant la jolie bibliothèque derrière eux, la suite des réjouissances serait donc un entraînement.

Que voulait-il dire par là ? Difficile à définir dans l'immédiat. Alors qu'il se présentait devant son armurerie, l'homme laissa quartier libre à son otage pour qu'elle puisse s'équiper également. Heureusement, la belle c'était déjà préparé à ce scénario et son armure, ses dagues de lancés ainsi que sa lame caché était déjà sur sa petite personne.

Adossé contre le mur, elle attendit donc sagement que son hôte est fini d'enfiler son épaisse cuirasse, empoignant sa lance avant de quitter la demeure, suivit par son assistante du jour. L'armure du colosse était imposante, lourde et ses nombreuses utilisations au combat avaient marqués son acier, prouvant la fureur de son porteur sur les champs de bataille. Son arme, élancé tel l'ultime tour de garde, semblait prête à transpercer le ciel lui-même pour aller faire s'écrouler les astres.

Une fois prêt, Émilia accompagna son bourreau en silence jusqu'à la place des portails, restant dans son immense ombre en guettant les alentours, à l'affût comme elle l'était à chaque fois qu'elle sortait, autant plus aujourd'hui ou elle accompagnait un monstre comme le paragoi. Ici, elle espérait pouvoir avoir un véritable aperçu des rumeurs qui gravitait autour de l'homme et de sa brutalité, mais également sa technicité au combat. Elle en avait à peine eu un aperçu, à peine une ébauche la veille. Pour le Titan Fou, ce ne fut même pas un échauffement... Elle avait l'intention de l'observer, d'apprendre à connaître l'homme au parlé si énigmatique et pas clair, peut-être arriverait-elle alors à lui accorder un minimum de crédit à ses paroles en observant ses actes.

La place des portails... C'était rare qu'elle mette les pieds dans le centre de la ville. Comme à l'accoutumé, l'endroit était vivant et anarchique. Comme dans son souvenir, la place était le carrefour, l'artère centrale de toute la citée. Une main sur la taille, elle fit quelques pas pour se mettre aux côtés d'Hypanatoi, observant les alentours.

-Enquête ou chasse ? Demanda-t-elle simplement en attendant les prochaines directives.


Codage par Libella sur Graphiorum



Argent 5*
Essence Verte : 6400

Dernière édition par Emilia Reisalin le Sam 22 Juil - 11:30, édité 1 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27986
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
(Essence rouge, 39720 points, rang A)

Il était rare qu’il accorde une valeur prophétique aux gens qui l’entouraient. Il avait l’habitude, sur son monde, de côtoyer des êtres d’exceptions, disciples d’êtres d’exceptions, tempérés par les épreuves et le poids des responsabilités. Les esprits faibles, dans cet environnement, disparaissaient rapidement, quelque soit la manière. Ici, ce n’était pas le cas. Les portaliens ne réfléchissaient que rarement avant de parler, et traitaient leurs paroles avec légèreté. Rien ne comptait réellement, pour eux. Plus que cela, ils ne voyaient pas loin. Des choses qui lui apparaissaient comme évidentes étaient eux mystérieuses, et il était encore aujourd’hui surpris que les prédictions qu’il donnait, alors qu’elles se réalisaient invariablement, avaient pour eux un caractère mystique et inaccessible. Aussi triviale que soit la dernière déclaration de la petite chose, elle allait droit au but. Elle était véridique. Enquête, ou chasse, demandait-elle. Il baissa vers son regard, sa tête s’articulant lentement sur son cou épais. Relevant brièvement son casque, il lui adressa un sourire qu’il espéra rassurant, évitant de dévoiler ses dents.

Les portaliens appréciaient rarement qu’il montre ses dents ; l’instinct primaire qu’ils tentaient de cacher s’en trouvait exhumé ; on lui avait souvent recommandé, donc, de garder son visage austère. Mais il voulait maintenant faire un effort. Il lisait dans l’esprit de la petite chose comme il lisait dans le reste de l’esprit de cette horde braillarde, et ce n’était là aucun exploit particulier. Il était simple, bien que désordonner. La médiocrité, après tout, empêchait par sa nature la venue d’une personnalité complexe, ou de raisonnements suffisamment construits pour nécessiter un véritable effort d’interprétation. Sa patience et son optimisme faisaient qu’il voulait croire que ce n’était pas la raison qui faisait qu’il comprenait avec aisance ces gens, quand eux peinaient à simplement digérer ses paroles. Peut-être était-ce également là la cause du mystère qui l’empêchait de remonter jusqu’à la source de leur existence. Mais malgré toute sa bonne volonté, et la magnanimité qu’il voulait dispenser à ces gueux, il savait qu’elle n’était pas sans doute pas justifiée.

Il balaya ces pensées d’un geste intérieur de l’esprit.

« Chasse, répondit-il simplement, avant de replacer son heaume et de s’engager à travers le portail. »

La jungle de jade s’ouvrit devant lui, un amas épais d’arbres aux feuilles tombantes et de branches étranglées par des lianes épaisses. L’odeur y était forte, et la cacophonie du chant des innombrables oiseaux qui profitaient de l’obscurité offerte par la canopée y était assourdissante. Tout ici était hostile à la civilisation, et les rares ruines qui parsemaient l’endroit subissaient le même sort que la partie la plus faible de la végétation. Chaque élément de cet écosystème se définissait par son degré de prédation, par sa capacité à dévorer ses pairs. C’était un endroit dans lequel le paragoï se sentait bien. Qu’il pouvait comprendre.

« Mon peuple, pour endurcir les néophytes, organise régulièrement des traques. Des esclaves sont libérés, et les apprentis doivent les prendre en chasse, et ramener leurs têtes. Parfois, les apprentis eux-mêmes sont pris en chasse. C’est un excellent moyen d’instiller en eux une mesure d’humilité et de respect pour le danger. C’est également un passe-temps favori des adultes plus confirmés, quand le destin généreux offre une proie de valeur suffisante. Cours. »

Il ne jugea pas utile de préciser quels étaient leurs rôles respectifs. Il se rappelait avec une certaine nostalgie de ses propres épreuves, et des parties de chasse qu’il avait partagé avec son frère de serment. C’était une autre vie. Une vie plus simple, au cours de laquelle son propre rôle avait lui aussi était plus simple. Et s’il ne s’agissait pas ici de s’adonner à la résurrection des vieux souvenirs, comme un vieillard décati, il n’était pas suffisamment fier pour cracher sur l’occasion qui se présentait à lui. Emilia, après tout, était à son entière et totale disposition, au moins pour aujourd’hui. Et il était certain que si elle ne comprenait pas réellement ce que sa nouvelle existence allait demander d’elle. Ce serait là un moyen de lui faire comprendre certaines choses importantes.

Plus important que ce trivial détail, il avait besoin de se défouler, et de penser. L’exercice vivifierait son sang, et lui permettrait de profiter de la clarté que seuls la méditation et le danger apportaient. Il avait hâte de commencer. Encourageant la petite chose d’un geste de la lance, il pointa les profondeurs de la jungle. Il était plus que temps.
000Mots

Bronze
0 Pts
Emilia Reisalin
Date d'inscription :
09/09/2022
Gils :
7562
Disponibilité Rp :
Voir en MP ♥
Messages :
240
Métier :
En formation avec les paragois - (Infirmière chez Elim)
Couleur d'Essence :
Verte
Style d'Arme :
Epée longue / Lames dissimulés
Rang :
Or @@
Puissance d'Essence :
10496

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Sur une trace de sang
hypanatoi

"Chasse" donc fut le souhait du paragoi. Soit, notre amie n'était pas mauvaise à ce petit jeu et elle avait hâte de voir comment le grand Hypanatoi aller mêler ses belles paroles d'une cité débarrassée de ses vices avec des actes concrets. Hâte de voir comment il allait lui montrer que sa cause était plus juste que celle de ses ennemis autoproclamés.

Ils passèrent le portail avec quelques secondes d'intervalle. La forêt de jade, imposante et oppréssente, était le terrain de jeu idéal pour la Prédatrice qui faisait glisser sa chevelure sous son plastron avant de rabattre sa capuche de cuire sombre sur son visage en écoutant l'homme raconter une nouvelle histoire de son monde... Plus ça aller, et plus elle se disait qu'il se serait senti chez lui dans le sien, de monde.

Malheureusement, les espoirs de notre amie furent rapidement balayés par l'ultime mot du Titan. Elle bloqua une seconde, levant un regard las vers l'imposant personnage. Il souhaitait réellement jouer à chat avec une jeune fille ayant un écart de niveau aussi important avec lui ?! Il le savait pourtant que malgré le fait que l'essence ne fasse pas tous, dans ce monde, elle offrait néanmoins des avantages tels que, quoi qu'elle fasse, elle serait perdante...

-Vous vous fichez de moi ?! Après tous vos beaux discours, vous n'avez rien de mieux à proposer que d'aller courir dans les bois derrière quelqu'un que vous allez écraser dans tous les cas ? Vous nous faites perdre notre temps...

Les mots sifflèrent avec froideur, elle en avait marre de ce petit jeu stupide. C'était une perte de temps et d'énergie. Elle avait mieux à faire : un entraînement à commencer, une ville à nettoyer... Et lui, ooooh le grand Hypanatoi, voulait jouer à chat. Elle comprenait bien le parallèle qu'il fallait qu'elle fasse avec la petite explication qui avait précédé le "cours"... Elle savait bien qu'elle n'avait pas le choix, car aujourd'hui, elle se devait d'obéir à ses ordres idiots. Elle siffla un soupir de dédain en secouant la tête avec mépris avant de partir dans les bois.

Cet homme avait de jolis discours, il avait la force pour les mettre en application, mais il ne valait pas mieux qu'elle. Plus ça aller, plus elle partageait du temps avec le Titan dégénéré et plus en avait la certitude : c'était un chien qui aboie et qui mord sans trop savoir pourquoi. Heureusement, son amie semblait vraiment avoir une réflexion et une idée plus précise des choses... Elle, elle pourrait changer les choses. Maintenir un cap et ne pas juste aller courir dans les bois pour avoir le plaisir de sentir l'herbe lui caresser les baloches.

Filant dans la jungle, elle rejoint rapidement un point ou le ressentit de l'essence était amoindrit, à plusieurs centaines de mètres de leur point d'arriver, ici elle rejoins la cime des arbres. Dans tous les cas, le rang obsidienne de l'homme lui permettrait de la retrouver. Dans tous les cas, le rang obsidienne de l'homme lui permettrait de la rattraper en quelques enjambées. C'était sans le moindre intéret. Prenant une profonde respiration pour se calmer les nerfs, elle fondit son essence à un niveau similaire à la faune local avant de sauter d'arbre en arbre, tel un chat sauvage, pour se mettre dans le sens contraire du vent. Émilia ignorait toujours comment le paragoi se repérer dans l'espace... Ici, il n'avait ni son odeur, ni une potentielle vision, ni le bruit. Il restait l'essence... La sacro-sainte essence qui l'empêcherait toujours de, ne serait-ce, que l'approcher... Mais sinon la puissance d'essence n'avait aucune influence, mais bien sûr !

Poursuivant des mouvements aléatoires dans ses déplacements, elle se demandait tout de même si il avait l'intention de la chasser ou si il attendrait bêtement qu'elle vienne à lui... Dans les deux cas, ce petit jeu stupide serait vite réglé.


Codage par Libella sur Graphiorum



Argent 5*
Essence Verte : 6400
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27986
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Elle grognait doucement, revenant à ses poncifs habituels. Ce n’était pas l’essentiel, et il avait cessé de s’en formaliser : elle ne comprenait pas par les mots, car le langage chez elle était un horizon restrictif, et non un moyen de développer un raisonnement construit. Elle ne comprenait pas par l’exemple, parce que sa vision était irrémédiablement tournée vers elle-même, et qu’elle ne voyait l’extérieur que de la façon la plus étriquée qui soit. Elle ne comprenait pas par les actes, enfin, car elle n’agissait pas. Elle était spectatrice, et parfois, elle réagissait. Comme une mare dans laquelle on aurait jeté une pierre, elle changeait brièvement de forme, accusait un mouvement, mais tout cela n’était que temporaire. Et cela, le guerrier pouvait le comprendre, de manière bien plus intime qu’il ne comprenait nombre de portaliens. Il avait subi ce passage, lui aussi. Si chez la petite chose le sentiment qui dominait était la frustration née de l’écart entre ce qu’elle était et ce qu’elle voulait être, chez lui, c’était la colère.

Il avait toujours été en colère.

Il était né, lui avait-on dit, avec le poing serré autour du cordon ombilical, comme un geste de défi. Il avait voulu mordre, sa mâchoire molle et privée de dents tentant de sectionner le doigt affectueux de sa génitrice. Et au-delà de ces évocations, ses propres souvenirs le lui confirmaient. Il avait été un disciple dur, qu’il avait été nécessaire de briser. Pour que le sentiment d’impuissance, lors de leçons, laisse la place à la volonté froide de prendre sa revanche, il avait fallu du temps. Mais il avait appris, et sa colère, aujourd’hui, couvait en lui comme le feu d’une forge : jamais totalement éteinte, mais domptée tout de même, utile à ses désirs, capable de fondre, encore et encore, le métal de son être.

Ce fut pour cela qu’il ne jugea pas utile de réagir au commentaire de la néophyte. Elle pensait encore qu’il était là pour l’aider. Dans son esprit d’enfant, le monde lui devait beaucoup de choses, et, incapable de préciser la forme que devait prendre ces offrandes fantasmées, elle en était réduite à ces perpétuels caprices. Il se contenta de répéter son mouvement précédent, pointant la jungle du bout de sa lance. Qu’elle apprenne ou pas n’était pas de son ressort : il avait tenté, à de très nombreuses reprises, de l’aider. Elle avait en récompensé cracher à son visage, parce qu’il n’avait pas eu la douceur et la patience qu’elle attendait. Parce qu’il l’avait traité comme une adulte.

Cela était de sa propre faute. Il n’aurait pas dû la surestimer de la sorte, et il ne le faisait plus, maintenant.

Maintenant, il entendait simplement profiter d’un moment simple de détente. Que cette oie grasse en retire ou non quelque chose ne le concernait pas. Là encore, elle avait l’occasion de le faire : il lui suffisait simplement d’accepter de prendre cette expérience pour ce qu’elle était. Le paragoï était après tout entièrement convaincu que personne sur cette terre maudite n’avait comme elle l’occasion de profiter d’une telle expérience. Sortant de ses pensées, il remarqua que quelques minutes venaient de s’écouler. Il était temps. Ouvrant grand son œil intérieur, combinant ce dernier aux sens conférés par l’essence qui imbibait son être, il se mit en route. Il n’avait pas à se presser.

Emilia pensait certainement qu’ils étaient les seuls participants à ce jeu. Là encore, elle n’écoutait pas ses avertissements : il n’était pas dans la nature du monde de l’attendre paisiblement, et personne n’avait à se préoccuper de ses états d’âme. Il avait choisi la jungle de jade pour cette raison précise. Les monstres qui hantaient ses chemins de traverse avaient pour les aventuriers un intérêt particulier. Ce n’était pas le refus territorial que manifestaient les bêtes immondes des autres lieux de cette planète. C’était un sentiment humain, si tant est que les esprits mesquins des hommes-lézards puissent le formuler de la sorte : ils cherchaient des esclaves, et capturaient les proies isolées qui profanaient l’espace humide de leur territoire.

Avançant derrière elle, un grand sourire éclaircit sous son casque la face du paragoï. Il allait tirer de cette petite distraction l’énergie qui lui manquait, et allait pouvoir profiter d’un moment de détente particulièrement mérité. Lui avait après tout parfaitement consciente de la préciosité de ce qui les réunissaient ici. De la rareté de cette occasion. L’évocation de ce jeu noble aurait sans le moindre doute choqué les sensibilités délicates du peuple indolent qui grouillait derrière le portail, et cela ajoutait une mesure de contentement sans doute mesquin aux émotions qui soulevaient l’âme du guerrier. Ne boudant pas son plaisir, il déploya en grand sa voix, cette dernière claquant dans la jungle comme le son d’un cor de chasse :

« Emilia ! beugla-t-il, la voix teintée d’un enthousiasme féroce. J’espère que tu feras preuve d’un peu d’inventivité ! »

Le contraire, après tout, aurait des conséquences aussi difficiles que plaisantes, surtout après qu’il ait de la sorte annoncé leur présence aux gardiens des lieux. Accélérant un peu le pas, il remonta le sillage laissé par l’esclave en fuite. Il espérait simplement qu’elle ne faillirait pas trop vite, ou trop gravement. Il était après tout habitué à être déçu, mais son amusement était maintenant en jeu, et la chose en devenait autrement plus importante que le redressement de l’avenir d’une énième gueuse de la cité aux portails.
000Mots

Bronze
0 Pts
Le Malin
Date d'inscription :
02/05/2021
Gils :
24768
Messages :
874
Puissance d'Essence :
0

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Le membre 'Hypanatoi Konostinos' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Le Dé de Rencontre' : 55
000Mots

Bronze
0 Pts
Emilia Reisalin
Date d'inscription :
09/09/2022
Gils :
7562
Disponibilité Rp :
Voir en MP ♥
Messages :
240
Métier :
En formation avec les paragois - (Infirmière chez Elim)
Couleur d'Essence :
Verte
Style d'Arme :
Epée longue / Lames dissimulés
Rang :
Or @@
Puissance d'Essence :
10496

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Sur une trace de sang
hypanatoi

Perchée sur ses branches, voguant d'arbre en arbre, la Prédatrice entendait le colosse suivre à la trace sa piste avec l'allure d'un petit vieux fatigué. Elle avait hésité à laisser une poste de sang derrière elle afin d'attirer les bestioles locales, mais de par son essence Obsidienne, les créatures n'aurait même pas remarqué sa présence... Telle une montagne au milieu d'une vallée, ce monde n'avait vraiment aucun sens !

Évidemment, le Titan Fou ne se priva pas pour gueuler comme un putois pour attirer la faune locale. Elle aurait dû s'en douter, il voulait la voir se battre avec les locaux, pas participer lui-même... Ce sale sadique lui sortait vraiment par les yeux. L'atmosphère était lourde et humide malgré le soleil d'or qui éblouissait le ciel, Émilia connaissait cette météo, c'était la même que dans son monde. Toujours des extrêmes, qu'importe où elle pouvait aller à Vesteria, mère nature était loin d'être une douce maman... Elle s'apparentait bien plus à une lionne farouche, guettant le meilleur moment pour fondre sur sa proie.

Adossée contre le tronc d'un arbre, la belle marquait une pause, surveillant les mouvements aux alentours. Quatres petites silhouettes humanoïdes avaient répondu à la provocation du dégénéré et étant incapable de sentir sa présence, ils s'étaient réunis autour de l'aura la plus proche et étrangère du coin. Un groupe de garpod en patrouille, éloigné de leur point d'eau, mais avec l'humidité qui régnait à ce jour, cela ne devrait pas les déranger.

Émilia avait feuilleté le bestiaire de la Guilde suite à son aventure avec Oldeena et l'attaque de la ville. Elle s'était trop fait surprendre par les bêtes du chaos et avait appris de son manque de vigilance. Ses créatures amphibiens sont des mages de l'eau pacifique tant que l'on ne s'approche pas de leur territoire... Pas une menace dans l'absolu, mais pénible si ils doivent être gérés en surnombre.

La jeune femme passait sa main sur ses lèvres, épongeant la sueur qui perlait sur sa peau alors qu'elle finissait d'attacher une corde à deux de ses couteaux de lancés. Patiente, elle attendit que l'un de ses petits malins ne s'éloigne du groupe. C'était le moment qu'elle attendit, lançant la lame qui transperça le bras de la petite créature, Émilia se laissa tomber en utilisant la branche où elle zonait comme poulie pour descendre en douceur tout en pendant la créature dans les cimes.

Loin d'être blessé grièvement, la créature poussa un hurlement de douleur en baragouinant dans sa langue sauvage des termes qu'Émilia parvenait partiellement à comprendre. En résumé, il appelait à l'aide en donnant l'alerte. Parfait. Caché dans les fourrés, la Prédatrice embarqua avec elle une autre de ses petites créatures en silence cette fois-ci, plantant sa lame dans sa gorge en faisant bien attention de laisser une belle traînée derrière elle. Plus que deux.

Émilia était patiente lorsqu'elle était en chasse. Elle avait tout son temps, d'autant plus si elle était accompagnée d'un jury passif. Mais elle avait peur que le pauvre homme s'ennuie à lui laisser ainsi toute la gloire du combat. En bon mâle Alpha paragoi, la belle ne voulait pas qu'il ne le vive mal ! Elle pense à son prochain ! Et elle n'a pas envie de se taper tout le boulot aussi... Accessoirement.

Faisant face à Hypanatoi, elle sortit donc des bois, traînant le corps sanguinolent de la créature qui avait la gorge arrachée. Regardant l'homme d'un œil froid, elle lui lança le cadavre à ses pieds en prenant grand soin que la coulée de sang ne le suive. De leur côté, les créatures survivantes avaient vite fait d'aller chercher des renforts devant la tuerie et ne devrais pas tarder à rappliquer en remontant la piste si gentiment laissée à leur attention.

La belle laissa apparaître un sourire mauvais sous sa capuche, faisant un bisou fantôme dans sa main avant de le souffler en direction de l'homme, tirer enfin son grappin en direction des bois, elle disparut de la scène aussi vite qu'elle y était arrivé. De nouveau dissimulée, elle espérait pouvoir profiter de la prestation au combat de l'homme face aux chips qui allaient débouler devant lui. Rien de suffisamment méchant pour l'inquiéter, mais elle n'avait aucune envie de jouer dans les règles qu'il lui avait imposées. Dans cette jungle, il n'était plus sur son territoire, elle ne le laisserait pas dicter la suite des événements.


Codage par Libella sur Graphiorum



Argent 5*
Essence Verte : 6400
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27986
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Il avait réclamé. Elle avait obtempéré, comme elle le pouvait, et cela, il ne pouvait le lui reprocher. Il n’avait pas besoin d’entendre ses paroles pour connaître ses geignements et ses complaintes, mais malgré tout, elle obtempérait, et cela était bon. Pour elle, c’était par l’obéissance que devait passer l’amélioration : ayant fait preuve de son incapacité à prendre elle-même en main sa vie, il convenait maintenant qu’elle la dépose en offrandes aux pieds de personnes plus compétentes. Là n’était pas son privilège. Ce dernier se trouvait dans le fait que Kiana avait, prise d’un élan de générosité fou, décidé d’accepter ce tribut. Elle avait contemplé la glaise impure déposée devant elle, et elle avait dit qu’elle pourrait en faire quelque chose. Que par ses mains habiles, elle chaufferait cette terre molle, la façonnerait, la sculpterait, la peindrait. Et à la fin, elle en tirerait quelque chose d’utile. De beau, peut-être pas. Mais d’utile. C’était là tout ce à quoi pouvait prétendre la petite chose, et c’était déjà un honneur à ce point grand que son esprit atrophié ne pouvait le comprendre.

Le paragoï grogna doucement. Les créatures, autour d’eux, réagissaiznt à son appel. Emergeant de la tourbe épaisse de leurs marécages, s’extirpant des couloirs tentaculaires des temples oubliés qu’elles infestaient, elles invoquaient le peu d’esprit qu’elles possédaient pour poursuivre les intrus qui avaient fait avec une telle audace l’annonce de leur présence. La néophyte, devant lui, faisait ce qu’elle pouvait. Elle se débattait avec un certain entrain, les renâclements précédents oubliés : l’urgence et le danger motivaient toujours même les esprits les plus rétifs. C’était une bonne chose. Un bon prélude à ce qui devait venir, mais encore rien de suffisant. Hypanatoi entendait profiter au maximum de cette partie de chasse, et les divers participants avaient donc pour de rôle de l’amuser. Qu’ils le comprennent ou non, qu’ils l’acceptent ou pas, cela ne changeait rien. La créature, le souffle court, la coiffure défaite, le bras harassé par la fatigue, se présenta à lui, déposant à ses pieds une tête tranchée, avant de lui lancer un baiser par la voie des airs. Intrigué, le paragoï se demanda si l’épreuve était venue à bout de sa raison, et si la violence avait perturbé le cours de ses sentiments. Il savait après tout que son esprit instable confondait allégrement de nombreux sentiments, et que les frontières normalement imperméables entre plusieurs d’entre eux étaient chez elles très poreuses.

Etait-ce un rituel galant de son monde, dont il n’avait pas connaissance ? Hypanatoi devait-il, dans l’esprit troublé de la jeune femme, tenter de la prendre en chasse pour la coincer dans un buisson ? Ces pratiques de barbaroï, si elles étaient avérées, ne produisaient pas chez lui la réaction attendue. Plus curieux qu’autre chose, il la regarda prendre de nouveau la fuite. Les monstres, autour d’eux, s’approchaient du paragoï, enragés par la perte des leurs. Devant eux, le guerrier devait apparaître comme un monolithe alien et dangereux ; il ignorait si les créatures du chaos avaient la capacité de ressentir les différences d’essence, et d’estimer la dangerosité de leurs adversaires. L’un d’entre eux s’approcha de lui, répondant de fait à sa question.

Un projectile fusa dans les airs, un bout de bois vaguement rectiligne, couronné d’une pierre grossièrement taillée en pointe. Il rebondit contre la cuirassa du combattant, et ce dernier se retourna vers eux. Il aurait été facile de les ignorer, et de simplement poursuivre la jeune femme. Mais ce n’était pas le but de l’exercice. Elle avait après tout été capable de comprendre qu’elle ne lui posait aucun défi, et avait eu raison de le faire. Simplement, elle n’était pas parvenue au bout de son raisonnement, s’arrêtant comme à chaque fois à la surface des choses. Prenant une grande inspiration, le combattant invoqua en lui la magie maintenant familière de ce monde. Ses membres irradiés d’un pouvoir familier s’activèrent avec la familiarité d’un automate bien entretenu, et son pied fracassa le sol.

L’onde de choc secoua la clairière dans laquelle il se trouvait, soulevant le sol et reconfigurant le terrain. Le paragoï se rua sur son adversaire le plus proche, sentant le pouvoir attaquer son esprit, tentant de garder le contrôle de son corps. Il avait jusqu’à présent toujours réussi à repousser son influence, mais le combat était à chaque fois entièrement renouvelé. A chaque fois, il risquait de succomber à l’exaltation de la colère qui couvait en lui. Pour une fois, ce n’était pas un risque réel, car personne ici ne pouvait prétendre ne pas la mériter.

Son bras balaya l’air en face de lui, le mouvement provoquant une détonation pareille au mugissement d’un bovin courroucé, et l’immonde bête qui lui faisait face se désintégra plus qu’elle ne fut tranchée par la force du coup. Saisissant un des morceaux de son cadavre, il improvisa avec ce dernier un projectile, avant de se retourner dans la direction de sa vraie proie. Pliant ses genoux et prenant fermement appui sur ses jambes, il se projeta dans les airs, dépassant d’un mouvement la cime des arbres, laissant son troisième œil cherchant par les troues de la canopée la trace de la fuyarde. Puis, il la trouva. Retombant au sol et déclenchant un second bruit d’apocalypse, il réitéra le mouvement, calibrant cette fois son saut pour arriver devant la jeune créature.

Trouant une fois de plus le toit de la jungle, emportant dans son sillage toute une trainée de débris végétaux, il attendit d’arriver au zénith de son envol pour bander son bras, et projeter en avant sa lance. Son arme fusa, transperçant le ciel, le feuillage épais et les branches, vrombissant comme un nuage d’insectes, coupant la trajectoire de la jeune femme, alors que derrière lui retombait plus lourdement le paragoï dans sa carapace de métal. Extrayant son arme du trou profond qu’elle avait creusé dans le sol meuble, il se retourna vers elle.

« Une fois de plus, s’il-te-plait, lâcha-t-il sans essayer de cacher l’amusement et la joie qu’il ressentait. J’ai réclamé de l’inventivité. Cela va peut-être te surprendre, mais je ne te pense pas particulièrement incapable. Veule et peureuse, sans doute, mais pas incapable. Réessaie. »

Il était après tout bon d’encourager autant les bêtes et les esclaves que les pairs les plus valeureux, quand l’occasion le permettait.

(Hypa utile son pouvoir "fureur de groll" et lance 1D20. Sur 1 ou 2, il perd le contrôle.)

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Lun 14 Aoû - 13:15, édité 1 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
Le Malin
Date d'inscription :
02/05/2021
Gils :
24768
Messages :
874
Puissance d'Essence :
0

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Le membre 'Hypanatoi Konostinos' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Le Dé Rp' : 6
000Mots

Bronze
0 Pts
Emilia Reisalin
Date d'inscription :
09/09/2022
Gils :
7562
Disponibilité Rp :
Voir en MP ♥
Messages :
240
Métier :
En formation avec les paragois - (Infirmière chez Elim)
Couleur d'Essence :
Verte
Style d'Arme :
Epée longue / Lames dissimulés
Rang :
Or @@
Puissance d'Essence :
10496

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Sur une trace de sang
hypanatoi

La puissance à l'état brut. Une bombe explosant et pouvant rayer des quartiers entiers de la surface du monde en un battement de cils, une catastrophe naturelle personnifiée. Émilia en avait souvent entendu parlé, de la force démesurer du Titan fou, mais elle en avait été témoins aujourd'hui.

Une partie de la jungle fut rasée, se prosternant devant l'homme en armure après seulement quelques mouvements de celui-ci. Soufflé par l'explosion qu'avait provoquée Hypanatoi, notre amie se retrouvait débraillé, les quatre fers en l'air, le visage crispé dans l'incompréhension partiellement caché par sa chevelure décoiffé.

Les oreilles de la jeune femme sifflaient à cause de l'onde de choc, elle avait du mal à réaliser et comprendre ce qu'il venait de se passer. L'homme était devant elle, immense, imposant, imperturbable en relançant ses attentes sans une pointe d’excitation dans sa voix.

Elle voulait voir et bah là on pouvait dire qu'elle avait bien vu... Hypanatoi, le Démon, n'avait pas usurpé sa réputation et ça elle ne pouvait que l'admettre lourdement, elle ne pouvait strictement rien faire contre lui, elle ne lui arrivé même pas à la cheville en vérité. Kamelia, arriverait-elle vraiment à la mettre à un tel niveau ou au moins, une illusion d'un niveau similaire ? À cet instant, au milieu de la clairière qui venait d'être créé, la belle en doutait. Elle se redressa difficilement, ne trouvant rien d'autre à répondre à l'homme qu'un léger :

-O-Oui... J'y retourne...

Secouant le visage vivement pour réhabilité son audition grésillante, elle repartit dans les bois sans se retourner, encore sous le choc de ce qu'elle venait de voir. Abandonnant l'idée de jouer sur sa vitesse, elle passait discrètement de cachette en cachette en remontant la piste des lézards qu'elle avait croisé plus tôt.

Elle s'approchait doucement d'un point d'eau, un point stratégique pour ses créatures usant de la magie aqueuse pour se défendre en temps normal. Un petit hameau de hutte de pailles et de chaux se dessinait sur le rivage, une dizaine de ses petites bestioles se baladant entre les bâtisses avec agitation, l'alerte suite à la mésaventure précédente ayant très certainement été donné par les survivants.

Les pas du colosse sur ses talons, la Prédatrice s'approchait du village telle une ombre se faufilant d'ombre en ombre. L'effervescence des locaux dus à leurs pertes récentes semblait grandement les secouer et ils semblaient essayer de s'organiser tant bien que mal.

Un noir sur les lèvres en observant les créatures dans l'ombre, une envie de tuer traversait son corps, emporté par le courant de son sang à chacun des battements de son cœur. Restait à déterminer comment elle allait pouvoir jouer sa main. Heureusement pour la jeune femme, Hypanatoi lui avait dégagé la voie avec sa petite démonstration de force précédente. Retournant dans les bois, elle partait chercher l'un de ses confrères, bête de la jungle attiré par une trace de sang frais qu'elle aurait juste à guider jusqu'aux proies faciles.

Il ne lui fallut pas longtemps pour tomber sur un Zlamholz sauvage, attiré hors de son nid par le brouhaha et les éruptions de sang, il s'était approché du hameau des Garpod plus qu'à l'ordinaire. Créature solitaire, le gros lézard évitait d'ordinaire les auquamaciens, mais guidé par la jolie piste de sang frais et chaud de la jeune femme, ses sens de prédateur de la jungle eut rapidement fait de voir dans leurs désorganisations une occasion en or de faire quelques réserves pour l'hiver.

Émilia, au sommet d'un arbre avoisinant le village, bandait son bras mutilé pour stopper le saignement, surveillant le Zlamholz qui s'approchait de ses prochaines proies.


Codage par Libella sur Graphiorum



Argent 5*
Essence Verte : 6400
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27986
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Ce n’était pas comme chez lui ; il pouvait regretter les cris des ilotes et des proies apeurées, qui s’éparpillaient devant son arrivée comme un vol d’oiseau effrayé par le tonnerre. Il pouvait regretter la lourdeur d’un soleil qui cuisait le métal noir de son armure et chauffait ses épaules. Il pouvait regretter l’air sec et chargé de sel et de parfums chauds qui descendait en lui en torrents impétueux. Il pouvait regretter tout cela, et bien plus encore : c’était attendu de sa part. C’était ce qu’il devait faire ; ne plus regretter, c’était accepter, c’était prendre en lui. Mais malgré tout cela, malgré ces sages paroles qui tournaient en lui, encore et encore, il devait avouer son impatience. Il était rare qu’il perde ainsi le contrôle de soi. Même dans une culture qui exaltait au-dessus de toute autre cette vertu, il avait toujours fait figure d’exemple à ce sujet. Il restait maître de ses actes, de ses pensées, de ses sentiments. Il analysait, et comprenait, et classifiait, et se regardait avec la même ardeur froide qu’il déployait pour étudier ses pairs et son environnement. Il n’existait en vérité pas de différence entre ce qu’il présentait et ce qu’il était, parce que les deux étaient unis de la plus simple façon qui soit : ils étaient devenus ce qu’ils devaient être.

Le devoir forgeait les êtres plus sûrement que n’importe quel autre impératif.

Mais ici, ce n’était pas le lieu du devoir. Il n’avait rien à faire dans cette jungle humide, entre ces arbres resserrés que les lianes étranglaient, à courir après une jeune impertinente que la panique libérait enfin de ses chaînes. Les bêtes tirées de leurs terriers fangeux par le vacarme ne représentaient rien pour lui. Il était là, libéré de toute entrave, pour un court moment. Il ne s’était accordé que très peu de moments cathartiques depuis son arrivée sur ce monde. Là encore, c’était sans doute dû à ses anciennes habitudes. Sur le sien, ils étaient superflus : il était à ce point en accord avec ce qu’il était et faisait qu’ils en devenaient inutiles. Ici, sa fonction se trouvait métamorphosée.

Il sentait autour d’eux les hordes braillardes se rapprocher.

Elles arrivaient en bouillons fumants, leurs peaux squameuses charriant des odeurs moites et agressives de mues ophidiennes laissées à pourrir dans la boue. Leurs gorges inhumaines s’ouvraient sur des vocalisation vibrantes et inarticulées, entre le croassement d’un crapaud et l’éclatement d’une bulle de gaz à la surface d’un marais épais. Leurs mains étaient alourdies par leurs armes primitives, pour la plupart récupérées sur les cadavres d’aventuriers moins compétents. L’un d’entre eux, autour du bras, avait noué ce qui ressemblait à une robe, le morceau de tissu écharpé trainait derrière lui comme une voile. Un autre avait enfoncé un heaume sur son épaule, forçant le morceau de métal à s’adapter à son anatomie bestiale. C’était une cohorte infernale, comme le produit d’un rêve fiévreux et mauvais, de quelque esprit malhabile qui aurait souhaité répandre sur terre les pires créatures. Leurs gueules empestaient la charogne et la décomposition, leur nudité était exhibé avec l’aléatoire le plus impudique, et ces corps désorganisés se piétinaient les uns les autres pour avancer le plus vite possible vers la source de la perturbation, la colère et l’avidité se disputant dans l’esprit des sauriens la place de motivateur premier.

Et Emilia courait. Blessé, haletante, l’esprit réduit à sa plus simple expression, elle se rapprochait dans son état actuel de ces créatures. Elle oubliait les grands discours vides qui l’encombraient habituellement. Elle oubliait ses idées idiotes, et sa rancune mal dirigée. Elle oubliait le superflu, sans le vouloir, parce que la situation demandait qu’elle l’excise, si elle entendait survivre.

Hypanatoi laissa un grand sourire satisfait tendre ses joues.

Elle faisait ce qu’il fallait. Il avait beau se répéter que ce n’était plus son objectif ou sa responsabilité, il appréciait de voir quelqu’un progresser, particulièrement quand cette personne appartenait à une guerrière dont il connaissait la mesure. Le chemin à parcourir était encore long, et les occasions de s’égarer multiples. Ce n’était là rien de bien significatif, somme toute. Mais c’était quelque chose, quelque chose de tangible, et il avait trop perdu l’occasion de le voir, ici, pour ne pas l’apprécier.

S’engageant derrière elle, il regarda son œuvre. Il remontait son sillage, et dans celui ajoutait ses propres contributions. Elle avait rusé, amenant vers un village un prédateur. C’était habile : elle distrayait ses poursuivants, lui le premier. Par cette offrande, elle voulait étaler à ses pieds une occasion de se distraire, plus précieuse et douce que celle qu’elle fournissait en existant. Arrivant quelques minutes après à son niveau, il la regarda, perché en haut de son arbre, comme un petit rapace contemplant la panique que son ombre jetait dans les rangs de ses adversaires.

« C’est bien, commenta-t-il sommairement. »

Malgré tout l’enthousiasme joyeux qui l’étreignait en ce moment, il concevait qu’il était important de considérer avec attention la situation. Les hommes-lézards, pris en petits groupes, ne pouvaient pas poser de danger. Ils étaient faibles, et lents, et leurs mouvements grossiers faisaient passer même le plus balourd des apprentis pour un maître au sommet de son art. Mais ils étaient déterminés, et le chaos ambiant nourrissait leur frénésie : ils n’avaient pas l’habitude d’une telle intrusion dans leurs terres, d’une provocation aussi téméraire. Bientôt, ils submergeraient l’endroit.

« Tu as servi ma volonté, et compris mes désirs sans que je les manifeste. »

Il doutait qu’elle ait pu au cours de sa vie prétendre à un honneur aussi insigne. Il doutait qu’elle le reconnaisse. Ce n’était pas important. Il s’avança vers un groupe qui venaient à leur rencontre, frappant. Le premier tomba rapidement, fauché comme une herbe jaune. Le second enjamba le corps mutilé de son camarade, son hachoir de pierre taillée décrivant dans les airs un arc vengeur. Hypanatoi recula. Dévia l’assaut d’un troisième assaillant. Contre-attaqua. Esquiva l’attaque d’un quatrième, laissa son armure encaisser le coup du premier. Glissant en arrière, se laissant entrainer par le poids de son corps, il banda le bras, se pliant comme un ressort. Ses adversaires reprirent leur assaut, et le paragoï laissa le croc incurvé qui couronnait son arme mordre dans leurs chairs, les moissonnant avec un plaisir presque entièrement débridé.

Il se sentait vivant. Il fleurissait, comme une fleur aspergée des premiers rayons de l’astre rose du matin.

Il était content, et en paix, comme il ne l’était que si rarement.

« Profites-en, Emilia ! Goute à ce privilège ! C’est ainsi que l’on forge les guerriers honorés ! »

Bientôt, ils seraient noyés par la marée. Il attendait avec impatience ce moment.
000Mots

Bronze
0 Pts
Emilia Reisalin
Date d'inscription :
09/09/2022
Gils :
7562
Disponibilité Rp :
Voir en MP ♥
Messages :
240
Métier :
En formation avec les paragois - (Infirmière chez Elim)
Couleur d'Essence :
Verte
Style d'Arme :
Epée longue / Lames dissimulés
Rang :
Or @@
Puissance d'Essence :
10496

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Sur une trace de sang
hypanatoi

Les horreurs de la guerre... Le fracas des armes accompagnant les cris de colère et de douleur. Peu importe le monde dans lequel on évolue, certaines choses restent identiques, éternelles, comme figées dans un schéma se répétant sans fin.

Le sang coule, des vies sont fauchés, retournant ainsi leurs êtres à la terre et leurs âmes à la mer d'étoiles. De là d'où elle vient, on raconte que les âmes sont guidées dans un puits sans fond où elles sont nettoyées, purifiés... L'âme se souviendrait alors de ses vies passées, faisant le bilan de ses expériences avant de rejoindre une fontaine dont les eaux ruisselées à travers les mille mondes, emporter la vie dans son sillage. Qu'importe si elle vient d'un monstre, d'un humain, d'un végétal ou de toutes autres formes de vie, si l'âme a atteint une certaine maturé, alors elle s'élèverait vers un pan supérieur. Pas Divin, pas pour les croyances du peuple d'Émilia, mais vers une forme de vie supérieur aux êtres mortels. Si l'âme n'a pas encore tout vu, tout vécue, alors sa mémoire est scellée et elle est renvoyée vers une nouvelle vie afin d'acquérir ce qu'elle lui manque. Cycle après cycle, vie après vie... Tel est la religion inculquée à la Prédatrice.

Devant elle se jouait une scène de guerre. Elle n'en avait jamais vu jusqu'à son arrivé ici, à Portalia. Elle avait eu la chance de naître dans une époque simple, un entre deux guerres. Mais elle reconnaissait là son empreinte. Quelque part, elle voyait ce village d'hommes bêtes comme Portalia, ses civils vivants sereinement sans se douter qu'ils pussent se faire balayer d'un revers de la main. Elle et le paragoi, devenaient alors les forces du Chaos : immuables, inarrêtables, qui venaient de détruire en quelques minutes tout ce qu'ils connaissaient.

Ce n'était pas là de l'empathie. Pour la jeune femme, déjà avant sa Corruption, ce concept lui était étranger. Bien qu'elle comprenne les sentiments des autres, elle ne les ressentait pas comme si c'étaient les siens comme pouvaient le vivre certains êtres particulièrement sensibles. Non. Elle faisait juste un constat de ce qu'elle avait sous les yeux.

Elle ignorait si c'était cela le but de toute cette journée... Surement pas complètement d'ailleurs, au vu de la fureur euphorique qui se lisait sur le visage de l'homme à la lance. Descendant de son perchoir, grimaçant en tenant son flan sanglant et sentant la fatigue doucement prendre le pas sur l'adrénaline, elle détournait le regard quand il lui intimait de profiter de l'instant comme si c'était un banqué. Elle lui répondit d'un sourire désabusé en regardant le chaos qui l'entourait... Hypanatoi semblait satisfait "t'en mieux" se dit-elle tout en esquivant une lance et encaissant une flèche dans l'épaule avant de faucher la vie des trois créatures qui venaient de s'en prendre à elle, désespérées. D'un coup de griffe, elle les réduisait en un tas de viande chaude pour les prédateurs qui guettaient déjà le festin à venir.

Retirant la flèche ensanglantée d'un geste vif, elle ne prenait aucun plaisir à ce genre de massacre. Elle était une Prédatrice, pas une simple bête de siège massacrant à tour de bras. Elle prenait plaisir dans la chasse, la traque, l'anticipation et la préparation. Ce genre de spectacle sanglant chaotique et désordonné était bon pour les guerriers avides de sang comme le Titan qu'elle accompagnait.

Elle soupira en voyant un groupe de créature désarmé commencer à prendre la fuite dans la forêt. Ils n'iraient nulle part, ils n'avaient nulle part où aller de toute façon. À peine se pensaient-ils en sécurité dans la jungle qu'ils se retrouvaient tétanisés devant la silhouette aux yeux de sang, sa main monstrueuse réclamant leurs vies. Ils n'étaient même pas une dizaine, une majorité d'enfants. L'une des créatures s'élança, hurlant de colère et de désespoir. Émilia ne souriait pas, sa lame traversant le cou du gorpod qui roula ensuite sur le sol. Les suivants montraient les dents, mais ils n'étaient pas des combattants. Ils lui lancèrent des lances d'eau, la belle en évita quelques-uns, mais plusieurs lui transpercèrent la chaire sans que cela ne puisse stopper son avancée.

Bientôt, notre amie rejoignait le guerrier en traînant dans sa main le corps inerte de l'un des enfants bête qu'elle lançait sur les carcasses de ses anciens compatriotes. Balayant le village en flamme du regard, cautérisant ses blessures avec son pouvoir cristallin, elle s'approchait du paragoi sans lui adresser un regard.

-C'est donc ça la "chasse" dont vous m'avez parlé ?


Codage par Libella sur Graphiorum



Argent 5*
Essence Verte : 6400
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27986
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Ils venaient. Ils venaient. Ils venaient. Son bras se levait et s’abaissait et tranchait et coupait et tuait et massacrait et le sang coulait et dans les mouvements circulaires suivait le cortège courroucé des ris de divinités du sang sacré qui pulsait dans ses veines avec la fureur des anciens volcans et des mois noirs de Juin quand la terre cuisait comme les roches de verre et ils venaient. Son esprit, écrasé sous l’action atrophiante des anciennes méditations, réagissait comme un muscle parfaitement conditionné. Il s’actionnait, machine de violence et de but, propulsait son mouvement dans une unique direction, et ils venaient. Les corps squameux, couverts d’écailles et de peintures rituelles s’entassaient à ses pieds comme un grand autel, et sur ce dernier il pouvait faire la preuve de sa dévotion, et par le grand sacrifice propitiatoire réaliser sa volonté, encore et encore. Et ils venaient. L’un d’entre eux s’agrippa à sa jambe, son unique bras se serrant autour du métal indifférent avec toute l’énergie agonisante que son corps pouvait invoquer. Un autre sauta sur son dos. Le paragoï para le coup maladroit d’un troisième, broya un quatrième d’un revers furieux de la main, sentit la lame d’un cinquième fouiller ses chairs, pénétrant dans les points faibles de son armure pour aller chercher le chemin de ses entrailles. Se dégageant de la masse de chair qui s’agglutinait sur lui, il interrompit la tentative de son ennemi.

Un grand mouvement de son arme dégagea un peu d’espace autour de lui. Ils venaient.

Encore, et encore, et encore, parce qu’ils ne savaient rien d’autre que cela, parce que pour eux le concept de la mort et de la retraite n’était rien, parce que leurs esprits malades sonnaient la défense des terres de fraies et des jungles humides dans lesquels grouillaient leur engeance.

Lui aussi venait. Il avançait, son pas lourd meurtrissant la terre molle et la boue rouge, piétinant les corps. Ses bras agitaient la grande griffe qui couronnait sa lance, et il tuait. Son sang chauffait dans son corps, formant là où sa propre chair s’ouvrait des croutes lumineuses : sa divinité révélée au monde. Chaque mouvement était maitrisé, chaque inspiration calculée. La fureur et la joie se mêlaient en lui, et son esprit exalté par le combat fleurissait ses plus belles couleurs. Comme à chaque fois. Comme lorsqu’il laissait sur les rivages inutiles les atours superflus. Comme lorsqu’il était, simplement, et que son existence se condensait en un point dense et autosuffisant de matière et de volonté.

Et puis, il arriva devant le village. Ils ne venaient plus. Leurs huttes branlantes, assemblages grossiers de feuilles séchées et de bois mal taillés, décorés par des totems obliques et ornés des fruits de leurs chasses, les étangs artificiels qu’ils avaient creusés dans le sol pour entreposer leurs œufs, remplis d’un bouillon épais formé par la putrescence des offrandes nourricières, les quelques ateliers à ciel ouvert autour desquels étaient disposés les pierres taillées qui formaient les têtes des lances et les autres outils, tout cela s’étalait devant lui. Inutile. Déserté. L’ersatz de société, en quelques instants, venait de se briser devant son avancée. Devant leur avancée. Il nota derrière lui la présence de la petite chose.

« Oui, répondit-il simplement, la syllabe giclant hors de sa bouche, chaude et pleine de promesses. »

C’était un prélude. Il avait de grands projets pour cet endroit, comme il avait de grands projets pour la sylve dans laquelle les orcs érigeaient leurs camps. Ce n’était pas simplement le dégout instinctif que sa caste ressentait pour toute forme d’humanoïde rendu aux affres du chaos et du désordre. C’était qu’il allait les utiliser. Les employer utilement. Et Emilia, ici, venait de l’aider. Il avait eu besoin de quelqu’un répondant à plusieurs prérequis exotiques, et ses circonstances uniques s’étaient occupées de la qualifier. Il souffla longuement. Le temps de la violence se terminait, aussi abruptement qu’il avait commencé, et il fallait se mettre en route. Ils venaient de déséquilibrer le fragile écosystème de ce lieu, et maintenant que la magie qui avait insufflé sa force titanesque dans ses membres se dissipait, il savait qu’il n’était pas avisé de continuer le combat. Pas avisé, et inutile, malgré le regret qu’il éprouvait et l’envie furieuse qui le poussait à chercher de nouveau la mort des répugnantes bêtes.

Faisant rouler ses épaules dans leurs jointures, et il se retourna, et reprit sa marche.

« Tu ne sais pas ce que tu as accompli aujourd’hui, et cela n’est pas important. En revanche, tu as dépassé mes attentes, et cela mérite récompense. »

Il aurait en temps normal demandé ce qu’elle voulait. Mais il savait que ce qu’elle voulait et ce dont elle avait besoin étaient deux choses qui ne coïncidaient que très partiellement.

« Entends ceci, et intègre-le : si dans un an tu te dresses devant moi sans que ce soit fait, tu mourras. Nombre de portaliens considèrent avec incompréhension ce que je suis. La façon que j’aie de ne pas me conforme au sens commun de ce monde. Ils voient la vitesse de mon ascension. Ils voient la facilité avec laquelle je prends de l’importance dans la vie de Portalia. Ils voient des manières de faire différentes. Certains les admirent, et d’autres les rejettent. D’autres, comme toi, sont envieux et camouflent cette convoitise en un rejet. Ils se convainquent que j’incarne quelque chose que je ne suis pas, et en chargeant cette image de fautes imaginaires, pensent écarter ce que je représente. C’est une erreur. »

Il marqua une pause. Désigna d’un mouvement circulaire de sa main libre un groupe de cadavres entremêlés.

« Tu as exprimé vouloir te battre pour la liberté de ce monde. Mais je te le dis : ce monde est libre comme le sont ces créatures. Prends ton exemple : tu as incarné en quelques mois tant de rôles différents, changeant d’occupation comme un reptile de peau. Ce n’est pas cela, la liberté. Tu es libre, comme ces bêtes étaient libres d’errer dans la jungle, et de s’adonner à leurs vies misérables. Rien ne t’empêche de le faire, mais tu n’es pas libre. Tu es esclave de tes pulsions, et ton esprit est un cheval sauvage, sans bride et sans crinière, lancé au galop. Tu t’y accroches, mais tu ne peux infléchir sa direction. Et parfois, un gouffre se présente. Pour eux, c’était aujourd’hui. Pour toi, ce sera dans un an. Et tous les entrainements de Kiana ne pourront rien pour toi, et toutes les promesses vides et les serments de vengeance et tes illusions de triomphe ne seront que de la fumée, tant que tu ne comprendras pas une chose simple. »

Une autre pause. Il parlait rapidement, maintenant. Il disait à la portalienne ce qu’il aimerait que Portalia comprenne. Il exprimait l’axiome nourricier sur laquelle toute forme de vertu et de gloire se reposait, sans lequel rien ne pouvait émerger, sinon le hasard et le chaos.

« Tu veux prendre et prendre encore. Tu demandes que nous t’apprenions, sans donner en retour l’attitude humble de l’apprenti. Tu demandes que l’Eglise et la Guilde se plient à tes désirs, sans donner en retour une vision capable de la rendre plus grande. Tu rejoins les Dark Souls pour tirer hors d’eux quelque avantage, sans donner au retour l’action qu’ils réclament. Tu demandes au monde qu’il t’attende, sans comprendre que ton rôle n’est pas de suivre le rythme de sa course, mais de lutter pour le dépasser. Tu prends et prends et prends, mais tes bras ne peuvent rien retenir. Tu dois cesser cela, et commencer à être. A comprendre ton rôle, à exister dans ses limites. C’est ça, la vraie liberté : renoncer au superflu permet à l’essentiel de s’exprimer, et le choix se fait alors de lui-même. Ce que tu es délimite l’horizon de tes actes, et l’horizon de tes actes délimite l’horizon de ta liberté. Par quatre fois maintenant j’ai éclairé ton chemin. Par trois fois tu as craché sur mes efforts, les pensant indignes de toi. Est-ce toujours le cas ? »

Il devait savoir. Il voulait comprendre, si le portalien, un fois réduit à sa plus simple expression, pouvait entendre certaines choses. Dépasser sa répugnante médiocrité, même temporairement, même l’espace d’un bref instant d’épiphanie, avant que son poids ne le ramène au sol. Si même ce moment propice à la réflexion et les circonstances extraordinaires du jour ne le permettaient pas, alors Hypanatoi aurait à se résoudre à la pire éventualité. Il espérait que ce ne serait pas le cas. Il doutait, là encore, d’être agréablement surpris. La petite chose faisait preuve d’une intransigeante constance.
000Mots

Bronze
0 Pts
Emilia Reisalin
Date d'inscription :
09/09/2022
Gils :
7562
Disponibilité Rp :
Voir en MP ♥
Messages :
240
Métier :
En formation avec les paragois - (Infirmière chez Elim)
Couleur d'Essence :
Verte
Style d'Arme :
Epée longue / Lames dissimulés
Rang :
Or @@
Puissance d'Essence :
10496

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Sur une trace de sang
hypanatoi

Le calme après la tempête, presque aux sens littéraux. Émilia n'avait pas l'impression d'avoir servi à grand chose dans l'entreprise du guerrier à la lance, se contentant de le rejoindre pour observer les résultats du massacre et le calme morbide qu'offrait à présent le village fantôme. Elle avait déjà entendu parler d'histoire ce passant dans ce genre d'endroit abandonné par la vie et les dieux, dont les contes racontaient que l'on pouvait y entendre le chuchotement des âmes damnées entre les murs froids à l'approche de visiteurs.

Mais il n'en était rien. Tout était devenu calme, serein. Bientôt, les bêtes locales viendraient débarrasser la zone des cadavres et la nature reprendrait doucement ses droits dans ce lieu, engloutissant lentement les bribes de civilisation qui avait pu exister ici, au milieu de nulle part.

La jeune femme appréciait le calme qu'offrait l'endroit à présent, mais bien vite le Titan revenait lui offrir sa sagesse. Une main sur la hanche, Émilia l'écouta sans le regarder, préférant la vue du marais à celui de son compagnon d'infortune. Il semblait satisfait et lui promis même une récompense... Elle ignorait qu'elle idée tordu il pouvait encore avoir derrière la tête, mais la seule récompense qu'elle convoitait dans l'immédiat, était un bon bain chaud et un peu de cette viande marinée qu'elle avait pu goûter plus tôt.

L'homme parlait vite, mais il avait beaucoup à dire alors il reprit, sa voix brisant la sérénité nouvelle du lieu pour rabâcher une nouvelle fois les mêmes tirades. La jeune femme entendait bien qu'il essayait, une nouvelle fois, de lui faire comprendre quelque chose qui, pour lui, était simple et limpide. Elle commençait même à voir où était le souci de leur incompréhension mutuel, car elle le sentait, au fond d'elle-même, qu'elle redressait ce mur qui l'empêchait de comprendre. Mais elle essayait une nouvelle fois, même si il n'arrivait pas à le voir... Elle voulait comprendre ce qu'il essayait de lui rabâcher encore et encore.

-Portalia est comme ce village et ses habitants, moi y compris, nous sommes comme ses créatures. J'ignore comment sortir de cette spirale, de ce rêve sans fin dans lequel je me suis enfermé toute seule. Mais, vous et Kamélia, peut-être...

La jeune femme marqua une pause. Elle ne comprenait pas tout ce que l'homme lui disait. Il était trop métaphorique ou trop agressif dans ses propos, sa méthode d'enseignement n'était pas la bonne pour réussir à se faire comprendre de notre amie, mais il ne semblait pas le voir. Il se contentait de taper du poing en lançant de longues tirades qui glissaient entre les doigts de la jeune femme sans qu'elle ne parvienne à en saisir toute les subtilités et cela l'énervait. Ça l'énervait, car elle sentait bien qu'il y avait bien plus à apprendre que ce qu'elle parvenait à comprendre... Et il concluait ses mots par une énième question dont elle ne savait même pas quoi répondre. Mais elle allait essayer tout de même, une nouvelle fois, en ignorant si la réponse serait celle attendu ou si elle allait, une nouvelle fois, taper à côté.

-Pour vous, je crache sur vos efforts... Pour moi, je n'arrive juste pas à vous comprendre. Vos métaphores vont trop loin et je ne parviens pas à les saisir totalement. C'est sûrement pour ça que je ne pourrais m'épanouir seulement qu'en étant une lame répondant aux ordres. Il faut juste que je trouve un maître digne de celle-ci.

Ce n'était pas ce qu'il voulait entendre, mais elle s'en fichait. Elle se contenta de lui accorder un petit sourire avant de replonger son regard dans le calme de la ville morte.


Codage par Libella sur Graphiorum



Argent 5*
Essence Verte : 6400
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27986
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Un nouvel échec. Une nouvelle tentative sans grand succès. Il tentait, pourtant. Il essayait. Il simplifiait le propos, il parlait de la chose la plus essentielle et irréductible. De l’existence. Et cela était facile d’accès : être. Se conformer aux attentes, qu’on les formule ou qu’elles soient formulées. Être. Influer sur ce que l’on était, forger le métal de son propre être, l’acier de son esprit, de son corps et de son âme. Être. Il n’y avait rien de plus facile. Mais peut-être cependant avait-elle raison : ces gens étaient inconstants autant qu’inconsistants. Souvent, ils lui faisaient penser à des feuilles légères ballotées par des vents indifférents. Il n’était alors pas étonnant que des paroles plus pesantes soient pour eux difficiles à comprendre. Il prit une légère inspiration, se demandant s’il existait une manière de se rendre plus accessible encore. Il avait déjà excisé de son discours toute mention plus complexe. Nulle trace de la nature du devoir, de l’importance de conjuguer le personnel et le total. Nul rapport entre la vertu et la nature. Pas de mention de la nature des divins. Rien de tout cela. Le plus facile était donné en présent, avec la même générosité indolente d’un laniste quémandant la faveur d’un patron lubrique.

Il devait encore simplifier, donc.

S’assurer de prendre en compte les limites de son auditoire.

Plus que cela, faire preuve de prévention.

Il resta silencieux, la laissant terminer, méditant ses paroles. Il avait déjà grandement simplifié son discours, et le faire plus encore risquait de le priver de toute substance. Il repensa à ce qu’il venait de dire, et encore avant cela à tout ce qu’il avait formulé. Il lui manquait un point d’accroche : du propre aveu d’Emilia, elle recherchait avant toute chose la simplicité. Quelque chose qu’elle puisse mettre à son niveau et saisir avec ses mains, sans que son caractère abstrait ne le rende trop distant.

« Soit, répondit-il simplement. Faisons simple. Tu parles de maître, mais tu appelles à l’aide. Tu veux une personne capable de te guider et te soustraire à toute responsabilité. Quelqu’un qui te soulage du fardeau de l’autonomie. Tu veux être esclave. »

Il leva une main impérieuse, appelant au silence.

« Ce n’est pas une insulte. Nombre de personnes s’épanouissent alors. Peu de portaliens ont fait la démonstration de leur capacité à utiliser leur liberté. Mais ce n’est pas forcément ton cas. Tu as besoin d’être guidée, et c’est cela que je veux dire quand je te dis que celle que tu es va mourir. L’enseignement, s’il entre en toi, te transformera. Celle que tu es aujourd’hui n’existera plus, et à sa place se trouvera une personne fondamentalement différente. Quelqu’un qui verra les choses différemment. Qui pensera différemment. Qui sera, au final, entièrement différente. Tu penses que nous pouvons te donner des choses. Qu’il suffit de t’aider à te battre mieux. Ou à t’apprendre je ne sais quel concept. C’est vrai, mais partiel. Ce n’est, encore une fois, pas une question d’avoir. Il ne faut pas remplir le récipient, mais le rendre plus solide. Plus grand. La matière viendra d’elle-même. »

Il voulait en dire plus, mais il se retint. A la place il conclut simplement, presque de manière laconique.

« Pour un guerrier, ça l’est plus encore. »

Il ne suffisait pas d’apprendre quelques gestes. Savoir tenir correctement une arme était essentiel, mais entièrement insuffisant. Il fallait se transformer. Apprendre à dépasser les instincts vulgaires et animaux qui enchainaient les mortels, faire régner sans partage la discipline et la volonté sur l’instinct et l’inné. Ces derniers n’avaient leur place qu’entièrement domptés, et cette dichotomie existentielle devait elle aussi s’apaiser par le dépassement de soi. Et tout cela, plus que par des paroles, demandait un abandon entier et total d’un individu. Il fallait accepter de faire le sacrifice de soi, de remplacer ce qu’on était par ce que l’on devait être. Pas parce que l’on voulait être, mais parce que l’on voulait être.

Et là était la fantasmagorique liberté qui semblait servir pour cette petite chose de lumière dans la nuit : la possibilité de triompher de ses désirs était l’expression ultime du choix.

Être était le seul vrai choix, et de ce que l’on était découlait tout le reste. Mais cela, il ne pouvait le lui transmettre, pas comme cela. Elle ne pouvait comprendre, et il ne pouvait pas le lui expliquer de façon suffisamment claire. Là était la tragédie des portaliens, qu’ils soient ou non natifs de cet univers : leurs limites étaient telles qu’ils ne voyaient pas à quel point ces dernières les étranglait. Ils étaient aveugles, et lui devait trouver un moyen de les rendre lucide ; il avait longtemps rejeté ce rôle, le pensant incompatible avec sa mission première.

Peut-être lui aussi s’était-il gravement fourvoyé.

Il avait besoin de les étudier, encore un peu plus. Il comprendrait, à son tour. Eux ne le pouvaient pas, et cette responsabilité lui incombait donc entièrement. Il lèverait les ténèbres de leurs yeux et de leurs cœurs.

Il n’avait plus le choix.
000Mots

Bronze
0 Pts
Emilia Reisalin
Date d'inscription :
09/09/2022
Gils :
7562
Disponibilité Rp :
Voir en MP ♥
Messages :
240
Métier :
En formation avec les paragois - (Infirmière chez Elim)
Couleur d'Essence :
Verte
Style d'Arme :
Epée longue / Lames dissimulés
Rang :
Or @@
Puissance d'Essence :
10496

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Sur une trace de sang
hypanatoi

Si il y a bien une chose que Emilia ne pouvait plus reprocher au colosse qu'elle accompagnait patiemment, c'était sa patience. Une nouvelle fois, il essaya, elle le voyait bien, il essayait de simplifier et de se faire comprendre. D'expliquer. D'inculquer. La belle était irrité de ne pas réussir à saisir toute l'étendue de ce que le guerrier essayer de lui partager... Mais c'était comme ça, sa méthode n'était pas celle adaptée pour partager un savoir avec la Prédatrice.

Hypanatoi parlait d'esclave, qu'elle souhaitait se soustraire aux décisions et aux conséquences. Non, il ne comprenait pas lui non plus, elle n'était pas assez claire dans ses paroles... Elle avait vraiment l'impression qu'ils étaient deux étrangers usant de mots similaires, mais parlant une langue complètement différente malgré tout. Les bras croisés, la demoiselle baissa la tête un instant, soupirant avant de relever son regard vers le ciel en inspirant l'air humide de la jungle.

-Non, ce n'est pas ça... Je ne cherche pas à me soustraire aux responsabilités de mes actes, ce n'est pas ça. Je me rend juste compte que je ne suis pas une leadeuse. Je veux aider, changer, m'améliorer moi et ce monde... Mais, de moi-même, je ne fais que donner des coups d'épée dans l'eau. C'est comme ça, il y a des meneurs sachant où aller et comment y aller et il y a ceux qui sont là pour exécuter. Si ils exécutent mal, c'est leur faute, pas celle du meneur. Je fais partie de cette seconde catégorie... C'est un fait.

Émilia soupira en passant sa main dans sa longue chevelure ivoire. Cette journée commençait à l'épuiser psychologiquement et physiquement, surtout cette seconde partie dans la jungle. Sa peau pâle, couverte de blessures fraiches lui brûlait. Elle serra le poing. Ce que ne comprenait pas le Titan et ce qu'elle avait du mal, elle-même, à saisir c'est que son souhait ne se limité pas à un simple apprentissage physique. Elle souhaitait être guidée, que l'on lui montre la bonne voie à suivre.

-Je suis une arme émoussée. Plus que de me rendre tranchante, je veux qu'on m'utilise correctement. Dans un vrai but, une véritable direction, clairement définie. Je ne suis pas comme Kamélia, je ne suis pas destiné à briller dans la lumière. Ma place est dans l'ombre, elle l'as toujours été et elle me convient très bien. C'est grâce aux remplaçables dans les coulisses que les Grands peuvent parvenir aux sommets, vous ne pensez pas ?

Un sourire sur les lèvres, la jeune femme se tourna vers le grand homme en armure. Encore une fois, elle ignorait si ses mots seraient compris correctement... Tout comme elle doutait que ceux d'Hypanatoi soient véritablement compris en retour. Qu'importe dans l'immédiat, elle absorbait ce qu'elle parvenait à comprendre, même si ce n'était que des miettes, que la surface, c'était toujours ça à prendre !

De toute façon, notre amie savait bien que le gros de sa formation ce déroulerait surtout dans les jours qui allaient suivre, en compagnie de son Relfet. C'était elle qui avait décidé de la prendre sous son aile après tout, l'homme ne cherchant qu'à assouvir sa soif de compréhension et de connaissance... Mais pas du tout avec la bonne personne de toute évidence.


Codage par Libella sur Graphiorum



Argent 5*
Essence Verte : 6400
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27986
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
Ce qui devait être expliqué avait été expliqué. Son sang retombait en brouillards pluvieux dans ses veines, l’excitation de la violence laissant comme souvent la place à l’élargissement de ses pensées. Leur atrophie lors du combat, nécessaire et précieuse, lui permettait en se retirant de profiter de quelques moments d’une clarté renouvelée. Il écouta la jeune femme parler, ses paroles emplissant le vide que le reflux de son propre esprit n’avait pas encore comblé. Son index tapota doucement le manche de son arme, et il racla sa gorge. Tout n’était pas encore parvenu à destination. Tout n’avait pas été compris. Ce n’était pas important ; il fallait attendre, et voir si ce changement d’attitude allait perdurer. Elle semblait plus docile, cependant. Comme un chien qui aurait vu l’ombre du bâton du maître, et qui aurait compris ce qu’elle pouvait annoncer. Comme un cheval au sang ancien, ayant appris par l’intermédiaire de ses ancêtres à garder l’encolure complice pour le cavalier. C’était un mouvement nouveau. Un mouvement appréciable. Le paragoï se demanda s’il suffisait d’annoncer le changement qui allait se produire en la petite chose pour le faire démarrer, si le côté liquide de cette dernière était suffisamment pliable pour que ses paroles soient plus qu’une annonce.

Peut-être. Peut-être pas. Ce n’était pas important. Elle parlait de son manque tranchant. Se voyait comme une arme, un outil émoussé. Qu’elle préfère ce terme à celui d’esclave ne changeait rien. Un esclave était également un outil. Un esclave se travaillait également. Se sélectionnait. Se dressait. S’entretenait. Et comme pour elle, ce n’était pas la responsabilité de ses actes qui lui manquait. C’était celle de la décision. Il ne commenta pas là-dessus, ne jugeant pas utile de la corriger une fois de plus. Puis vint son envie de rester dans les ombres. Là encore, sa vision était juste, mais partielle. Il était en effet évident que son rôle n’était pas de mener. Peu de gens pouvaient prétendre se charger de cette responsabilité, pour la simple raison que cela exigeait des qualités que peu de mortels pouvaient se targuer de posséder. Au moins progressaient-ils rapidement. Si elle se montrait sincère, il devait avouer que Kiana aurait encore une fois fait preuve d’un instinct particulier. Son interlocutrice du moment, si l’on parvenait à exciser hors d’elle les tumeurs qui rongeaient son esprit, serait quelque chose d’utile.

C’était suffisamment rare sur ce monde cent fois honni pour qu’il le remarque et s’arrête dessus.

Pour l’heure, cependant, il ne pouvait rien faire de plus ici. Il avait accompli son travail : les sauriens bipèdes qui grouillaient sous la canopée de l’endroit étaient perturbés. En brisant l’équilibre précaire de l’environnement, il s’était accordé une fenêtre d’action de quelques jours. L’esclave qui le suivait adoptait quant à elle une attitude entièrement différente de celle de ce matin. Somme toute, il pouvait se satisfaire de son efficacité.

« J’entends tes paroles, conclut-il simplement. »

Il avait assez parlé, et ne souhaiter pas risquer de troubler le sentiment de contentement qui le gagnait par un prolongement inutile de la conversation. Il avait déjà parlé d’importance, probablement trop. Continuant leur progression rapide, ils arrivèrent finalement devant le portail qui devait les extraire de l’atmosphère humide et lourde de la jungle. Il le passa rapidement, et se retourna pour conclure leur journée, sa voix coulant d’entre ses lèvres comme une note unique et prolongée, dépourvue de presque toute inflexion :

« J’en ai terminé avec toi pour aujourd’hui, Emilia. Sache tout de même que je nourris pour toi certains espoirs. Ne les déçois pas. »

Il n’était pas capable de transformer un portalien. Il le savait. Il avait essayé, plusieurs fois. Peut-être cela changerait-il s’il arrivait à comprendre ce qui lui manquait pour déchiffrer le secret de leurs esprits, mais il en doutait. Il n’était pas un alchimiste à qui il manquait une clé formulique, et l’œuvre qu’il aurait alors poursuivi était de toute façon douteux. Mais si Kiana le pouvait, si elle démontrait que cela était tout simplement possible, alors beaucoup de choses changeaient. Alors la nature même de ce monde crasseux et indigne se trouvaient métamorphosée. Emilia, sans doute sans pouvoir le comprendre, avait en ce moment entre les mains l’avenir de Portalia. Se remettant en route, il retint un grognement de frustration.

Plus le temps passait, plus il se rendait compte de la multiplication des moments ironiques qui parsemaient ici sa vie. Ne pas savoir si cela était dû à leur multiplication ou à une capacité nouvelle de les remarquer était pénible. Il espérait simplement que ce n’était pas à cause de la seconde option : fournir à Portalia un moyen supplémentaire de modifier sa vision n’était pas son objectif.

Il verrait demain. Pour l’heure, il avait à méditer sur des sujets autrement plus essentiels.
000Mots

Bronze
0 Pts

descriptionSur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé) EmptyRe: Sur une trace de sang [Ft - Hypanatoi] - (Terminé)

more_horiz
000Mots
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum