Hypanatoi Konostinos
Behemoth - Aventurier
Bronze
0 Pts
- Date d'inscription :
- 17/11/2021
- Gils :
- 30381
- Disponibilité Rp :
- Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
- Messages :
- 883
- Métier :
- Aventurier
- Couleur d'Essence :
- Rouge
- Familia :
- /
- Style d'Arme :
- Lance longue
- Rang :
- Obsidienne @@@@@
- Puissance d'Essence :
- 46408
Il haïssait Portalia. Le mot, en vérité, était faible. Il ne suffisait pas à expliquer tout ce que faisait naître en lui la Cité et le monde et les dieux et le concert bruyant de leur histoire. Il ne pouvait pas expliquer ce que l’idée que même le langage qui composait ses pensées ait pu être modifié par l’enchantement qui uniformisait le langage des gens prisonniers de cette terre. Il ne suffisait pas à retranscrire toute la révolte qui l’envahissait quand il considérait son propre rôle sur celle-ci, et ce qu’il avait encore à y faire. Il ne permettait pas de parler de la rage primordiale qui secouait ses membres dès lors que son esprit quittait le rivage des rêves, de l’envie permanente de broyer entre ses doigts les hautes murailles qui jetaient sur la ville leurs ombres cannibales. Il haïssait Portalia, avec une furie qui échappait au langage des mots, avec une passion si pure qu’il était à peu près sûr qu’aucun érudit n’avait jamais pu définir la violence de ce sentiment.
Et pourtant, parfois, il trouvait ici des moments de plaisir. De calme. De tranquillité. Pas ceux qu’offraient en partage ses victoires martiales ou l’aboutissement de ses plans et de sa volonté, non. Ce n’était pas là de grands triomphes, qui jaillissaient en lui comme l’éruption exaltante et familière. Ce n’était pas non plus l’état de concentration et d’atrophie que provoquait la méditation, qui le laissait concentré et focalisé sur un point unique, jusqu’à ce que lui-même en devienne un autre, et qu’entre eux se trace un segment tranchant.
Nombre de distractions lui étaient interdites, ici. Il avait aimé composer de la poésie, et sculpter. Le contact de la pierre l’apaisait, et il y avait quelque chose de merveilleux dans l’arrangement du verbe, quand quelques phrases écourtées pouvaient convoquer dans les âmes l’émerveillement et la nostalgie la plus intense, sans que la cible de ces émotions ne soient connues de l’auditoire. Mais il ne pouvait s’adonner ici à ces arts. Les muses soufflaient quand il les invoquait, certes, mais ne faisaient qu’attiser les braises familières de sa fureur. Et si l’art martial méritait amplement d’être représenté, et si ses intentions étaient nobles entre toutes, et pouvaient sans le disgracier être ordonnées en vers, cela ne suffisait pas. Il avait besoin, parfois, d’oublier. D’abandonner loin de lui Portalia. De chasser le tourbillon sale des gens braillards et désorganisés, de ne plus penser à leurs yeux inutiles et à leurs paroles imbéciles. De se purifier, tout simplement, de se rappeler de ce qui avait été, un temps.
Cela faisait presque dix ans maintenant qu’il avait été retiré de son peuple. Huit ans à croupir dans une geôle souterraine dans les entrailles d’une île oubliée, et deux à errer ici.
Il souffla profondément. Retint le reste des mouvements qui menaçaient de suivre : ils étaient le prélude à la méditation habituelle, et ce n’était pas aujourd’hui ce qu’il voulait. Ce dont il avait besoin.
Il se releva. Ces pensées moribondes étaient indignes de lui. Il était normal de les ressentir : elles jaillissaient en lui. Leur accorder de l’attention, en revanche, était un signe de faiblesse de l’esprit, un poison insidieux qu’il convenait d’extirper, quel que soit le moyen employé.
« Je reviendrai rapidement, dit-il à son interlocuteur. Avec la personne que tu réclames. »
Laissant derrière lui l’établissement de santé, il grogna doucement. Il allait avoir à faire des efforts pour trouver une personne qui réponde aux critères particuliers de son interlocuteur. La trouver, finalement, ne fut pas si difficile que ça. La créature, au sortir du portail, s’était mise à parler avec les gardes de Portalia, se moquant d’eux et déballant un discours qui aurait normalement été suffisant pour la consigner elle aussi. Fraichement réincarnée, elle eut bien du mal à se calmer, et le paragoï, qui avait d’abord simplement écouté pour s’amuser du spectacle offert, se rendit rapidement compte que le destin lui offrait avec générosité de quoi satisfaire la requête qui lui avait été imposée. Il laissa la créature se faire emporter, et attendit patiemment. Sans doute aurait-il simplement pu s’interposer, et parler de son besoin d’emprunter le nouvel arrivant. Mais comme souvent, Portalia n’aurait pas compris la nature impérieuse et l’utilité de sa requête. Le plus aisé était simplement de laisser l’exotique individu prendre ses marques, et offrir aux forces administratives de la cité l’occasion de faire leur office.
L’interceptant quand ce dernier s’éjecta du bâtiment, Hypanatoi se dirigea vers lui d’un pas rapide, un mouvement de son bras replaçant correctement le drap qui couvrait son corps.
« Toi ! le héla-t-il en s’approchant de lui. J’ai à te parler, et besoin de tes services. »
Encore fallait-il maintenant s’assurer sa coopération, ce qui était toujours un pari risqué avec ces gens.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Sam 2 Sep - 4:58, édité 1 fois
Et pourtant, parfois, il trouvait ici des moments de plaisir. De calme. De tranquillité. Pas ceux qu’offraient en partage ses victoires martiales ou l’aboutissement de ses plans et de sa volonté, non. Ce n’était pas là de grands triomphes, qui jaillissaient en lui comme l’éruption exaltante et familière. Ce n’était pas non plus l’état de concentration et d’atrophie que provoquait la méditation, qui le laissait concentré et focalisé sur un point unique, jusqu’à ce que lui-même en devienne un autre, et qu’entre eux se trace un segment tranchant.
Nombre de distractions lui étaient interdites, ici. Il avait aimé composer de la poésie, et sculpter. Le contact de la pierre l’apaisait, et il y avait quelque chose de merveilleux dans l’arrangement du verbe, quand quelques phrases écourtées pouvaient convoquer dans les âmes l’émerveillement et la nostalgie la plus intense, sans que la cible de ces émotions ne soient connues de l’auditoire. Mais il ne pouvait s’adonner ici à ces arts. Les muses soufflaient quand il les invoquait, certes, mais ne faisaient qu’attiser les braises familières de sa fureur. Et si l’art martial méritait amplement d’être représenté, et si ses intentions étaient nobles entre toutes, et pouvaient sans le disgracier être ordonnées en vers, cela ne suffisait pas. Il avait besoin, parfois, d’oublier. D’abandonner loin de lui Portalia. De chasser le tourbillon sale des gens braillards et désorganisés, de ne plus penser à leurs yeux inutiles et à leurs paroles imbéciles. De se purifier, tout simplement, de se rappeler de ce qui avait été, un temps.
Cela faisait presque dix ans maintenant qu’il avait été retiré de son peuple. Huit ans à croupir dans une geôle souterraine dans les entrailles d’une île oubliée, et deux à errer ici.
Il souffla profondément. Retint le reste des mouvements qui menaçaient de suivre : ils étaient le prélude à la méditation habituelle, et ce n’était pas aujourd’hui ce qu’il voulait. Ce dont il avait besoin.
Il se releva. Ces pensées moribondes étaient indignes de lui. Il était normal de les ressentir : elles jaillissaient en lui. Leur accorder de l’attention, en revanche, était un signe de faiblesse de l’esprit, un poison insidieux qu’il convenait d’extirper, quel que soit le moyen employé.
« Je reviendrai rapidement, dit-il à son interlocuteur. Avec la personne que tu réclames. »
Laissant derrière lui l’établissement de santé, il grogna doucement. Il allait avoir à faire des efforts pour trouver une personne qui réponde aux critères particuliers de son interlocuteur. La trouver, finalement, ne fut pas si difficile que ça. La créature, au sortir du portail, s’était mise à parler avec les gardes de Portalia, se moquant d’eux et déballant un discours qui aurait normalement été suffisant pour la consigner elle aussi. Fraichement réincarnée, elle eut bien du mal à se calmer, et le paragoï, qui avait d’abord simplement écouté pour s’amuser du spectacle offert, se rendit rapidement compte que le destin lui offrait avec générosité de quoi satisfaire la requête qui lui avait été imposée. Il laissa la créature se faire emporter, et attendit patiemment. Sans doute aurait-il simplement pu s’interposer, et parler de son besoin d’emprunter le nouvel arrivant. Mais comme souvent, Portalia n’aurait pas compris la nature impérieuse et l’utilité de sa requête. Le plus aisé était simplement de laisser l’exotique individu prendre ses marques, et offrir aux forces administratives de la cité l’occasion de faire leur office.
L’interceptant quand ce dernier s’éjecta du bâtiment, Hypanatoi se dirigea vers lui d’un pas rapide, un mouvement de son bras replaçant correctement le drap qui couvrait son corps.
« Toi ! le héla-t-il en s’approchant de lui. J’ai à te parler, et besoin de tes services. »
Encore fallait-il maintenant s’assurer sa coopération, ce qui était toujours un pari risqué avec ces gens.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Sam 2 Sep - 4:58, édité 1 fois
000Mots
Lun 8 Mai - 8:15