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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLa couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé) EmptyLa couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé)

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Le rapport du portalien au verbe était particulier, et en vérité relativement fascinant. Nombre des traits dont l’accumulation rendaient ces gens incompréhensibles pour le paragoï étaient finalement assez simples. Il lui manquait la plupart une simple clé de lecture, un moyen de les appréhender, souvent trouver en se démarquant totalement de son propre mode de fonctionnement. Mais, somme toute, il était simple de les comprendre, simple, mais difficile. Leur rapport à la parole faisait partie de ces quelques exceptions. C’était un sujet bien plus extensif, qui ressemblait plus à une hydre multicéphale qu’à un cousin ophidien plus simple à attraper. Ils accordaient une importance démesurée à leurs propres paroles, et il était vu comme convenable de faire de même avec ses pairs. Malgré cela, il était établi que faire changer d’avis quelqu’un était impossible, et le simple fait d’essayer était vu comme étrange, quand il n’était pas perçu comme une agression. Pour ces gens, le plus important n’était pas de s’assurer que les fondements de leur pensée, et donc de leur être tout entier, soient corrects ou solides, mais simplement de ne pas avoir tort. C’était cette peur panique qui régissait une bonne partie de leur existence, même si cette dernière ne s’exprimait que de manière insidieuse.

Aujourd’hui, le responsable de la guilde qui s’occupait de lui avait décidé de lui assigner un nouveau genre de mission. Il était assez commun qu’on lui demander d’entrainer les nouveaux-venus. Cette procédure avait de très nombreux avantages : lui-même était un guerrier d’exception, le produit d’une culture qui avait tout fait pour, pendant plusieurs millénaires, engendrer les individus les plus adaptés possibles à cette fonction. Il comprenait de manière poussée les mécanismes de ce monde, comme son ascension rapide le démontrait. Et il le savait, la Guilde espérait, à force de répétition et d’usure, le convaincre du bien-fondé de leurs méthodes. En l’exposant à ces gens fraichement réincarnés, elle voulait qu’ils déteignent sur lui. Cela n’avait pas marché, et il avait franchi un seuil : le chemin qui le menait vers la rétribution qu’il se devait d’exercer contre les bourreaux de Kemat avait réclamé de nombreux tributs.

On avait donc visiblement décidé de l’éloigner pendant ces exercices de toute forme de violence. Le procédé était grossier, et en vérité facilement éventé, mais malgré cela le paragoï ne voyait aucune raison qui puisse justifier un refus. Il aurait voulu pouvoir le faire, mais expliquer aux pauvres hères récemment incarcéré dans cette prison sans barreau les règles de l’endroit était – même sans qu’il y associe une formation martiale – quelque chose de pertinent. Il avait donc acquiescé à la requête du réceptionniste. Cet assignement devait de toute façon être complété de manière rapide. Un bref exposé de la situation, suivi de quelques réponses aux questions qui émergeraient, suffirait. On lui avait assigné, pour cet essai, une certaine Loreley. Une humaine, lui avait-on dit, qui allait comme lui emprunter le chemin des aventuriers. Une guerrière, avait-on ajouté dans l’espoir d’adoucir sa nature distante en lui montrant qu’elle était sans doute un individu avec lequel il pouvait parler le même langage.

Eux non plus ne comprenaient pas comment ses propres paroles s’articulaient. La chose, pourtant, était bien simple dans son sens. Il parlait, et ses paroles prenaient une valeur d’acte. Il n’y avait rien de plus à décrypter.

Il devait la rencontrer sur la place des portails : un lieu qui lui serait familier, et proche duquel se trouvaient nombre d’endroits appropriés à une discussion. Le lendemain, il s’était présenté à l’heure requise. Il lui était difficile de reconnaître les nouvelles têtes. On pouvait lui décrire leurs apparences, sans que cela ne l’aide réellement : nombre de silhouettes, dans cette ville, ressemblaient à celle de la personne à qui il devait aujourd’hui enseigner. Il savait en revanche qu’on lui avait donné sa propre description, et il n’avait pas besoin qu’on la lui retransmette pour en deviner la teneur. Un homme aveugle et couvert de cicatrices, vêtu d’une toge ; ces gens ne faisaient que difficilement la différence entre cet habit et le kiton décoré qui drapait son corps. Cela n’était pas important, et ne l’irritait que très peu : c’était le genre de manquement qu’il pouvait pardonner à des barbaroï. Ils en étaient presque touchants. D’autres qualificatif, sans doute peu flatteurs, étaient peut-être venus compléter le portrait. En tout cas, elle le trouverait facilement. Se plantant en plein milieu de la grande esplanade du centre de la ville, il attendit donc, tournant ses pensées vers des sujets plus plaisants que le pensum qui l’attendait aujourd’hui.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mar 30 Mai - 7:17, édité 2 fois
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descriptionLa couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé) EmptyRe: La couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé)

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Reprendre les armes n’était pas une option. Plus le temps passait, plus je le réalisais. Était-ce ma nature profonde qui ressortait ? Il est vrai que j’aurais pu songer à me reconvertir, pour ne devenir qu’une simple civile. Cette idée m’était presque séduisante, mais qu’aurais-je donc fait pour gagner ma vie ? Je n’avais été entraînée qu’à me battre, et ma formation militaire restait en mémoire. J’avais perdu en puissance en arrivant ici. De ce que j’avais compris, c’était un processus normal pour tout nouvel invoqué arrivant à Portalia. Je commençais au bas de l’échelle, au rang bronze. Si je n’étais pas spécialement en quête de gloire et de puissance, je savais que j’aurais besoin de me renforcer afin d’être un minimum utile et de sortir des murs de la cité-forteresse. Sur les quelques jours depuis mon arrivée, je n’avais pas été au bout de mes surprises tant ce monde fonctionnait différemment du mien. Au moins les portaliens ne semblaient pas malveillants et personne ne semblait vouloir m’empêcher de faire ce que je voulais ; c’était déjà un bon début.

Il y avait beaucoup de choses à emmagasiner. Ces histoires de rang, de puissance d’essence et de couleur d’essence. Me battant au corps-à-corps et encaissant les coups, j’étais naturellement une essence rouge, collant parfaitement à mon style de combat d’Hetacta. Pourtant, il ne me tardait guère de sortir de Portalia. J’avais honte de l’admettre, mais ma peur de reprendre les armes était toujours présente. Même si j’étais accompagnée par d’autres aventuriers, je craignais de revivre le même scénario que ce qui s’était produit face au dragon. Les dragons existaient-ils d’ailleurs en ce monde ? Que se passerait-il si mon groupe était décimé une nouvelle fois face à une créature ? J’espérais que cela n’arriverait jamais mais je ne pouvais m’empêcher d’imaginer le pire ; cette fois, je savais qu’aucun portail ne viendrait me sauver d’une situation désespérée.

Je découvrais encore ce monde et ses coutumes. Aujourd’hui, la Guilde me faisait rencontrer un autre guerrier. Un certain Hypanatoi. J’ignorais de quoi il en retournait, mais je savais que je ne pouvais décliner cette offre. La Guilde avait eu la bienveillance de me trouver un endroit où vivre et de me donner de l’argent pour commencer ma vie ici ; je ne pouvais me permettre de rester inactive. Hypanatoi serait-il celui qui me ferait reprendre les armes ? J’étais plutôt tranquille à l’idée de m’entraîner avec un autre guerrier, entre les murs de Portalia. Néanmoins, je savais que ce serait une autre paire de manches le jour où je serai face à une créature du chaos. Commençant à connaître les lieux, j’étais sortie de chez moi pour me diriger vers le point de rendez-vous ; là où tout avait commencé, la place des portails. Voyant un homme attendre, ce dernier correspondant à la description que l’on m’avait faite de celui chargé de m’initier, je me hâtais de venir à sa rencontre.

« Vous devez être Hypanatoi, je me trompe ? C’est moi, Loreley. »

Observant le guerrier de plus près, je fus surprise de constater qu’il semblait aveugle. Comment faisait donc pour se diriger ? Ce monde ne cesserait décidemment de me surprendre. Toujours était-il que j’étais forcée de reconnaître que l’homme en imposait. Non seulement par sa taille et ses cicatrices témoignant d’une longue expérience de combat, mais surtout par sa puissance. C’était étrange, mais je sentais que je n’avais pas à faire à n’importe-qui. Pourquoi donc un individu aussi émérite s’était-il déplacé pour voir une bleue comme moi ? J’étais impressionnée et me sentais bien petite face à lui. Contrairement à moi, Hypanatoi devait être un héros.

« J’ai ouïe dire que vous étiez un guerrier réputé dans les environs. »

Je n’avais pu m’empêcher de laisser sortir cette phrase, espérant qu’elle ne fût pas trop lèche-bottes. J’étais peut-être tombée sur un grand guerrier, mais je doutais fortement qu’il pût faire de moi l’héroïne que je n’étais pas. Quel était donc le programme ?

« Par quoi commence-t-on ? »

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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLa couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé) EmptyRe: La couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé)

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Ce qu’il avait en face de lui était une combattante, au même titre qu’un portalien dans les mains duquel on jetait une arme l’était. Son apparence n’était pas particulièrement impressionnante, et il lui semblait voir étalé devant lui un spécimen tristement commun. Peut-être se trompait-il. Peut-être était-elle plus intéressante que cela. De toute façon, se força-t-il à se rappeler, il n’était pas là par plaisir. Il n’enseignait pas à un disciple méritant, les épaules et les doigts oints des huiles sacrés, les paumes couvertes du sang des sacrifices. Il n’avait pour but de former un futur paragoï, d’exciser de son être les affres de la médiocrité. Il devait, simplement, répondre à ses questions. La Guilde, sans doute, aurait pu à sa place employer le temps infiniment moins précieux d’un employé subalterne. Mais il connaissait leur but réel pour cet manœuvre, et s’il le trouvait affligeant de naïveté et déconcertant d’incompétence, il restait lié à cette institution. Il avait passé auprès d’elle un accord qu’il entendait honorer, et si de nombreuses institutions de Portalia avaient fait la démonstration de leur iniquité, nullifiant par là-même toute concorde qui avait pu exister entre eux, ce n’était pas encore le cas de la Guilde. Pas encore.

Il devait avouer ne pas douter que cette heure viendrait.

Pour le moment, il avait donc à s’occuper de Loreley.

« C’est moi, fit-il pour répondre à sa première question. Et je le suis, fit-il pour confirmer la remarque qui suivit. Marchons. »

La place des portails était un endroit utile pour s’y retrouver, autant de par sa location que parce que c’était un espace ouvert. C’était également un endroit grouillant et bruyant, et il n’avait aucune envie de converser dans cette atmosphère polluée. Il s’autorisa tout de même, alors qu’ils s’en éloignaient, à répondre à la dernière interrogation de la néophyte du jour :

« Nous devons aujourd’hui dissiper tes interrogations et tes troubles éventuels quant au fonctionnement de ce monde. Ton rôle dans ce dernier, d’abord, doit précéder les moyens mis à ta disposition pour le remplir. »

Quittant rapidement la place centrale, ils s’engagèrent dans une des allées attenantes. Hypanatoi connaissait un des parcs qui bordaient le lieu. Il était peu fréquenté : la plupart des citoyens préféraient se dispenser autant que possible de la compagnie des aventuriers et de leurs pouvoirs, et ces derniers étaient souvent trop occupés pour prendre le temps de s’assoir et de toucher les herbes hautes.

« Tu le sais, tu auras à remplir des missions. Les monstres de ce monde sont répartis dans des régions à la dangerosité variable. Vérifie, avant d’accepter une mission, que l’endroit où l’on t’envoie ne soit pas au-dessus de tes capacités. C’est normalement quelque chose qui sera fait pour toi. Prends tout de même cette précaution, si tu entends éviter une mort inutile. »

Il évita de livrer sa propre opinion sur ce monde. Il était organisé non pas comme un endroit cohérent, mais comme une sorte de jeu pervers. L’initiée aurait bien le temps de s’en rendre compte par elle-même, et il n’était pas pour l’heure particulièrement utile de lui en parler. Si elle ne pouvait pas s’en rendre compte par elle-même, cela marquerait de toute façon son incapacité à saisir ce genre de concept. Quittant la rue, il continua :

« Les environnements sont également très variés. Tu pourrais être envoyée autant vers des cimes enneigées que dans des déserts cuisants. Il existe à la disposition des aventuriers des traités sur la géographie de ce monde et des bestiaires. Connais-les, et retiens-les : connaître les dangers qui parsèmeront ton chemin est là encore quelque chose d’essentiel. »

Il marqua une pause, sortant de la rue pour pénétrer le jardin mis à leur disposition. Il était, comme il s’y était attendu, presque désert. Se dirigeant rapidement vers un endroit relativement isolé, il y trouva un banc, et s’y assit, faisant signe à Loreley de l’imiter. Restant silencieux, il voulut lui laisser le temps de comprendre les instructions qu’il venait de lui donner. Nombre d’aventuriers ne faisaient pas les efforts nécessaires pour se renseigner au préalable sur les dangers de ce monde, et il avait de nombreuses fois été contraint de supporter un coéquipier ignare. C’était à chaque fois un danger inutile, et il avait parfois été tenté de lui-même s’assurer que ce dernier ne puisse plus nuire. S’il pouvait imprimer dans l’esprit de son interlocutrice l’importance de ce précepte, cet entretien ne serait alors pas totalement infructueux.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mar 16 Mai - 11:06, édité 2 fois
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descriptionLa couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé) EmptyRe: La couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé)

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Emboîtant le pas du guerrier chevronné, j’étais resté silencieuse, écoutant attentivement ce qu’il racontait. Jetant un coup d’œil derrière moi, je devais avouer que la place des portails était un endroit bien bruyant pour avoir une conversation. Non pas que cela me dérangeât plus que ça ; vu que mon interlocuteur était aveugle, je me doutais qu’il devait avoir une ouïe plus développée que la moyenne. De mon côté, je ne fis aucune remarque à ce sujet, de peur de l’offenser. J’étais encore bien faible, je ne sentais pas encore l’essence du grand guerrier, m’avait-on dit que cela ne viendrait pas avant le rang argent. On m’avait dit qu’Hypanatoi était très puissant et j’y croyais. Il avait une telle assurance qu’il ne pouvait être qu’un guerrier aguerri. Je le sentais dans sa manière d’être, faute de pouvoir le mesurer moi-même. J’étais toujours étonnée que l’on m’envoyât une telle personne pour s’occuper d’une nouvelle arrivée. De mon côté, j’allais en profiter pour en apprendre le plus possible.

« Je peux te tutoyer ? »

La question était presque rhétorique. Lui-même me tutoyait après tout, je supposais qu’il n’allait pas me le refuser. Ayant fait attention à chacun de ses propos, je me posais évidemment des questions. Mon rôle dans ce monde ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Que je serai mal vue si je ne participais pas à cette quête ? Bien sûr, j’allais cacher mon manque d’enthousiasme lié à tout ceci à mon interlocuteur. Je ne voulais pas être prise pour une lâche dès notre première rencontre. Ses propos m’inquiétaient un peu. Ainsi, je devais tout de même faire attention à ce que l’on ne m’envoie pas à la mort avant de partir en mission ? Ce n’était pas sans me rappeler Hetacta, où mon escouade n’a pas fait long feu face au dragon ; j’avais moi-même failli périr et ne devais mon salut qu’à l’apparition du portail. Des choses pareilles étaient-elles susceptibles d’arriver ici, à Portalia ? Je devais d’abord m’assurer d’une chose.

« Pourrais-tu m’en dire plus sur les monstres que je suis susceptible de croiser ? J’ai cru comprendre qu’il n’y avait pas de dragons dans les parages ? »

M’asseyant à mon tour sur le banc, je regardais droit devant moi. J’étais quelque peu froussarde en vérité. Bien sûr, je me doutais que ce monde n’était pas sans dangers. Et j’imaginais que c’était le cas de tout monde. Je me rappelais la réaction d’Elim lorsque j’avais mentionné que j’avais affronté un dragon. Il avait à peine l’air de savoir de quoi je parlais. Était-ce parce qu’il ne sortait guère de Portalia, ou était-ce parce que de telles créatures n’existaient pas dans ce monde ? Si cette dernière hypothèse s’avérait correcte, je serais fort soulagée. Je devais reconnaître que je n’avais aucune envie de recroiser un autre dragon un jour, cette expérience m’ayant déjà bien traumatisée. Une petite voix me soufflait que peut-être des créatures aussi voire plus dangereuses encore que les dragons sévissaient ici, mais je choisissais de la faire taire. Serai-je seulement prête à affronter mes peurs un jour ? Serai-je à la hauteur de la tâche confiée ?

« Je suis rang bronze, c’est bien cela ? On m’a dit qu’on redémarrait tous à zéro en arrivant dans ce monde. C’est sans doute la raison pour laquelle je ne me sens plus aussi forte qu’avant. »

Bien sûr, il y avait beaucoup de choses à emmagasiner, à commencer par cette histoire de rang et d’essence. Je me demandais bien pourquoi nous n’avions plus notre puissance d’autant en arrivant dans ce monde. Une volonté de l’ordre de mettre tous les nouveaux aventuriers sur le pied d’égalité ? Même à moi, cette idée paraissait saugrenue. Je savais que l’essence avait une couleur et que la mienne était rouge, car étant spécialisée au corps-à-corps. Je me demandais quelle pouvait bien être la couleur d’essence de mon interlocuteur, mais une autre question me brûlait les lèvres.

« Donc, c’est en vainquant des créatures et en effectuant des missions qu’on augmente de rang… Qui nous rémunère donc ? »

La question pouvait paraître superficielle, mais pour moi, elle avait toute son importance. Il était hors de question que je risquasse ma vie gratuitement.
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descriptionLa couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé) EmptyRe: La couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé)

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Au moins était-elle respectueuse. S’il ne pouvait pas s’attendre des locaux qu’ils comprennent la différence hiérarchique qui les séparait de manière intrinsèque, il entendait tout de même être traité avec respect. La néophyte lui demande si elle pouvait le tutoyer. Il répondit d’un hochement rapide de la tête. Ce n’était pas là ce qui le perturbait, et il était commun pour deux personnes partageant leur occupation de se tutoyer. La suite, en revanche, fut plus intéressante. Elle lui demanda de lui parler des monstres, en général, puis elle aborda le sujet des dragons. Le mot semblait une déformation du terme de son monde, et malgré l’habitude qu’il avait de l’entendre, il réagissait toujours de la même manière.

Ces créatures, entre toutes, réclamaient son ire. Il avait beau avoir croisé sur Portalia un exemple curieux de drakon, la bête se révélant trop paresseuse pour que les appétits lubriques qui étaient les siens ne s’expriment réellement, et une femme respectable dont l’ascendance était marquée par leur sceau, il peinait malgré tout à se départir de ce qu’il ressentait pour ces vers ailés. Il en avait croisé de près, et peu de créature parvenaient comme ces monstres à corrompre par leur simple présence la terre, à extraire des profondeurs ouvertes du sol des vapeurs méphitiques. Peu d’ennemis étaient aussi vils, aussi laids, capables avec autant d’aisance de cumuler tant de tares. Il se l’était souvent dit – et il avait gardé cette théorie pour lui – ils étaient à ses yeux le pendant sombre du paragoï. Sans doute, sur le monde de Loreley, ces créatures étaient-elles semblables, au moins en partie, à celles qui infestaient le sien. Le torrent ininterrompu de ses questions continua, et il fronça légèrement les sourcils. Il comprenait son enthousiasme, ou sa curiosité. Cela était bon signe, et la preuve d’un esprit combattif. Mais il n’était pas un gueux que l’on pouvait ainsi noyer sous les questions, sans prendre le temps d’écouter ses réponses. Il prit sur lui, et resta impassible, le mouvement qui avait l’espace d’un moment trahi son énervement se trouvant rapidement dissipé. Puis, quand il fut enfin assuré que son interlocutrice avait interrompu, au moins pour le moment, le barrage de ses questions, il répondit, tentant de rendre ses pensées aussi accessibles que possible :

« Les monstres, d’abord, ne sont pas tous natifs de ce monde. De la même manière que nous avons été convoqués, nombre d’entre eux sont placés dans de nouvelles régions. Cependant, ils ne disposent pas d’un libre-arbitre suffisant, et leur placement semble être artificiel : les régions se décomposent en niveau de dangerosité : certaines ne contiennent que des monstres de rang argent, et d’autre de rang or. De la même manière, leur relation avec leur environnement est parfois très aléatoire, et ils peuvent adopter des comportements dépourvus de sens, motivés seulement par un instinct mauvais. Certains d’entre eux, enfin, possèdent une forme rudimentaire d’intelligence. »

Il ne précisa pas que cela les rendait particulièrement dangereux. L’alliance de l’instinct de la meute et d’une forme même lacunaire de réflexion produisait invariablement des ennemis redoutables.

« Deux créatures semblables à des dragons sont connues. Elles font partie des menaces les plus conséquentes de ce monde, mais restent rares. L’Enfer sur terre et les Fjords du givre éternel sont connus pour en accueillir quelques spécimens. Cependant, la nature même de ce monde fait qu’il ne faudrait pas se penser à l’abri d’une invocation nouvelle. »

Il marqua une pause. La nouvelle venue n’était de toute façon pas encore apte à s’aventurer dans les zones les plus dangereuses. Le temps de se confronter à ces créatures viendrait sans doute, si elle ne mourait pas avant, mais il était encore très lointain.

« Enfin, continua-t-il, tu acquerras de l’essence de manière passive, comme un bassin laissé sous la pluie. Il semble que la vitesse à laquelle chaque individu se renforce varie grandement, de la même manière que tous ne se voient pas dotés de cette opportunité. Si l’essence divine est effectivement capable de combler nombre de fossés, j’ai personnellement vu des gens bouffis par cette dernière se révéler tristement incapables. Ne néglige pas tes acquis, et ne pense pas que ce don soit capable de niveler toute forme de différence. Quant au paiement de nos missions, il est adressé à la guilde par les personnes les déposant. Le cas échéant, elle nous paie de sa poche, souvent en nature. »

En ayant enfin terminé, il resta de nouveau silencieux. Il aurait normalement eu à la guider plus avant, et lui impartir une dose supplémentaire de son savoir. Mais il avait déjà proposé une explication dense, et il ne doutait aucunement qu’elle allait faire émerger d’autres questions. Son calvaire, somme toute, ne faisait que commencer, et il comprenait maintenant pourquoi la Guilde avait choisi cette nouvelle méthode pour le torturer. Leur cruauté, bien que d’un rare raffinement, ne faisait naître en lui aucune sympathie nouvelle pour cette organisation.

Au moins ce qu’il faisait aujourd’hui ne lui semblait-il pas inutile. Il avait trop souvent été encombré de débutants incapables d’apprendre, et d’ignares pensant que la maigre somme de leur savoir avait une quelconque valeur. Il ne pouvait pas, dans cet esprit, reprocher à Loreley une curiosité sans le moindre doute salvatrice.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Lun 15 Mai - 11:51, édité 2 fois
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descriptionLa couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé) EmptyRe: La couleur de l'herbe (Loreley) (Terminé)

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Je sentais une grande expérience de la part de ce guerrier, ainsi qu’une prestance qui forçait le respect. Une part de moi espérait faire bonne impression, mais je me doutais que je ne devais être guère plus qu’un insecte face à lui. Je redémarrais à zéro en somme – non que j’eusse une puissance extraordinaire de là où je venais –, néanmoins je sentais que je m’étais tout de même affaiblie en venant ici. L’idée de redémarrer ma vie avait quelque chose de séduisant, si bien qu’ignorais si j’avais réellement envie de retourner à Hetacta. J’espérais être digne de cette chance alors que j’avais lâchement pris la fuite. Pourtant, plus j’y songeais, plus je me disais que j’aurais fait le même choix si la situation s’était reproduite. Ma dignité, n’était-elle pas moins importante que ma vie ? Acquiesçant de temps à autres au propos de mon instructeur du jour, j’emmagasinais toutes les informations nécessaires sur ce monde. Je devais reconnaître une certaine sagesse dans ses conseils, vraisemblablement acquise au fil des combats et des ennemis rencontrés.

« Dénué de sens ? Cela ne m’étonne pas. Il ne faut jamais tourner le dos à un ennemi ou une créature, on me l’a toujours dit. »

Tourner le dos à l’ennemi, c’était pourtant ce que j’avais fait pour m’enfuir. Je me sentais à nouveau prise de doutes quant à mes capacités à accomplir la tâche confiée. Je n’étais pas une héroïne. En fait, je n’étais même plus une soldate. J’étais seulement une guerrière errante cherchant tant bien que mal à survivre et gagner sa vie. Plus le temps passait, moins je ressentais de l’engouement pour cette quête ; était-ce un mal ? De ce que l’on m’avait dit, cette quête durait des millénaires, et aucun des sept rois du chaos n’était jamais tombé. Dans ce cas, à quoi bon s’évertuer à accomplir une utopie ? Le plus rentable me semblait encore être de me faire à ma nouvelle vie ici. J’ignorais toutefois de ce que mon interlocuteur en penserait, et je gardais bien mes pensées pour moi. Je ne voulais pas me faire passer pour une lâche.

Ses propos sur les dragons ne me rassuraient guère. Ainsi donc, des créatures similaires avaient été repérées dans ce monde ? Seulement dans les zones de plus haut niveau à en croire les propos du guerrier. J’ignorais si je serais un jour assez prête pour m’y aventurer. Pour le moment, je préférais retarder l’inévitable et me contenter de tâches de mon niveau. C’était plus prudent. Comme Hypanatoi l’affirmait, de nombreuses créatures étaient pourtant invoquées elles aussi. Tout ce que j’espérais, c’était de ne pas tomber par surprise sur un dragon durant mes aventures. Le simple souvenir de mon dernier affrontement me donnait des sueurs froides.

« J’ai reçu un entraînement militaire avant de venir ici. Je me doute que les choses sont bien différentes ici, mais c’est tout de même rassurant d’apprendre que mon expérience va me servir. »

Mon expérience était pourtant bien maigre. On m’avait initiée à la rigueur et à la discipline militaire avant que je vinsse ici, à Portalia. J’avais perdu dès le premier affrontement, sans m’imaginer à quoi m’attendre. Les choses seraient-elles différentes ici ? Je serai plus prudente à l’avenir et ne sous-estimerai plus mes adversaires, c’était une chose dont j’étais certaine. Et si la faute revenait à mes supérieurs, qui nous avaient envoyés comme de la chair à canon ? Je ne voulais pas revivre la même chose, en aucun cas. Aussi fallait-il que je développasse mon esprit critique, que je prisse des initiatives. Je ne devais plus me laisser mener et être cheffe de ma propre vie. Être aventurière semblait être un statut suffisamment libre pour me le permettre. Je n’avais aucune envie de subir à nouveau des ordres injustes.

« Je te remercie pour ces précisions. Pourrais-tu me raconter un peu ton parcours ? Je veux dire, depuis ton invocation jusqu’à ton niveau actuel. Si cela ne te dérange pas bien sûr. »

Cette politesse était la moindre des choses. Après tout, il avait pris le temps de m’expliquer tout ceci alors qu’il était lui-même à un rang bien plus élevé que le mien, alors qu’il avait sans doute d’autres chats à fouetter. J’étais curieuse de savoir à qui j’avais à faire, et j’espérais que ma question ne lui parût guère indiscrète. Une autre d’ailleurs me brûlait les lèvres et je me demandais si il avait des réponses. Sans doute, puisqu’il devait être là depuis un moment.

« D’ailleurs, j’imagine que les menaces ne sont pas toutes extérieures à la cité ? On m’a appris l’existence des Dark Souls, il y a-t-il d’autres individus dont je dois particulièrement me méfier ? »

Quels étaient les problèmes à l’intérieur même de la ville ? Il devait forcément y en avoir. Après tout, il y en avait partout.

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Il avait, chose rare, une personne réellement disposée à apprendre, ou tout du moins en avait-il l’impression. Trop souvent, on lui posait des questions, alors qu’on pensait connaître la réponse. On voulait, généralement avec une affligeante maladresse, tenter de lui faire comprendre quelque chose, comme si les principes plusieurs fois millénaires qui guidaient sa vie pouvaient être balayés par un simple effet de manche. Mais la nouvelle venue, respectueuse tant dans ses propos que dans son discours, semblait réellement assoiffée de connaissance, et c’était là quelque chose de très rafraichissant. Elle prenait en elle les informations délivrées, et il lui semblait sentir qu’elle les chérissait précieusement. Il appréciait, en fait, de ne pas parler dans le vide. De voir ce que sa parole était respectée comme elle devait l’être, et que la personne qui en bénéficiait comprenait son importance. Trop souvent, il était confronté à des singes aux crânes durs et aux oreilles inutiles. Trop souvent, il avait à endurer leurs braillements et leurs erreurs.

Il redoubla de concentration. Elle parlait, à son tour, et voulait comprendre la nature des menaces qui pesaient sur la cité ; il n’était pas étonnant qu’une personne capable d’écouter soit également capable de comprendre. Peu de gens voyaient les Dark Souls pour ce qu’ils étaient. Souvent, les aventuriers et les civils éloignés des réalités de ce monde leur accordait un caractère d’antihéros romantique. Souvent, ils oubliaient que ces gens s’associaient, directement ou non, à des violeurs, des pillards et des rapineurs, quand ils n’endossaient pas eux-mêmes ce rôle. Ils oubliaient que par caprice, par rejet ahuri de l’autorité, ils étaient enclins à briser les forces de vive de Portalia, sans avoir d’alternative concrète à proposer. Il n’y avait rien de bon chez ces marginaux imbéciles, et leur chant ne prenait l’attrait des sirènes que pour les esprits faibles et les volontés lacunaires. Cela, sans doute, était plus important que son parcours. Ce dernier avait valeur d’exemple, certes.

Mais il fallait pour l’apprécier comprendre ce qu’était réellement la cité. L’aveuglement qu’elle offrait le rendait nécessairement amer au gout et aveuglant à la vue. Répondant sur un ton qu’il voulut épargné de l’amusement acide que ces pensées faisait remonter, il ouvrit la bouche :

« Ta dernière question appelle une réponse extensive. Les Darks Souls sont un groupe clandestin et hors-la-loi, qui entend renverser les institutions déjà établies et y supplanter les leurs. La forme que cette nouvelle incarnation adopterait reste inconnue. Ils sont, au-delà de cet égarement idéologique, dangereux. Certains d’entre eux s’adonnent aux pires pratiques criminelles, et ceux qui n’y participent pas directement les tolèrent, et profitent de la manne financière qu’elles représentent. Ce sont des charognards, et de la vermine honteuse et peureuse. »

Et s’il n’en avait pas encore la certitude, il soupçonnait le plus impardonnable : sans doute étaient-ils impliqués dans l’assassinant de Kemat. Il le vérifierait, en temps et en heure.

« Plus marginale encore, la secte du chaos entend non pas réformer la cité, mais la soumettre à la volonté du dieu éponyme. Les raisons de cet acte irréfléchi sont nécessairement très variées, mais cela importe peu. Là où les Dark Souls sont des opportunistes, eux sont des fanatiques. Seule leur incompétence, plus grande encore que celle du groupe précédent, nous protège de leur excentricité. »

Comme à chaque fois, il infléchit son discours en s’imposant un temps d’arrêt. Penser aux dérives tolérées par la cité ne faisait jamais rien pour améliorer son humeur – elle-même n’était que rarement solaire et insouciante – et savoir qu’il allait maintenant aborder son propre parcours ajoutait à sa morosité rancunière une touche de gravité. Aussi amer que soit ce constat, son itinéraire était après tout en grande partie influencé par l’environnement honteux duquel il était prisonnier.

« Je me suis manifesté comme toi, sur ces terres, il y a maintenant plus d’un an. Je viens d’un monde différent, et j’ai rapidement compris que mes pratiques et ma culture allaient rendre difficile toute forme de communication, pour ne pas parler d’intégration. J’ai au début voulu garder un esprit ouvert et tolérant. Trop, sans doute. Mais j’ai appris de mon erreur, forcé que j’ai été de chaque jour me confronter aux ignominies et à la médiocrité impudiquement alignées. Plus que cela, j’ai appris qu’une ressortissante de mon monde a subis les pires sévices. Je travaille maintenant à rectifier cela, et je n’attends plus rien de Portalia. Plus rien, en tout cas, qu’elle ne puisse me donner sans que je le prenne. »

Cela, sans doute, serait suffisant. Parler de lui était plaisant, et même utile : il opposait à la faiblesse du portalien lambda une alternative enviable. Mais une nouvelle venue n’avait pas les capacités de le comprendre, pas encore : peu importait qu’elle soit encore épargnée par l’influence que faisait peser sur les gens d’ici la cité. Être une personne respectable rendait plus difficile encore la compréhension de la pieuvre à laquelle ils étaient confrontés. Elle devait apprendre, et prendre une décision : accepter l’avilissement, ou résister. Peu nombreux étaient ceux qui faisaient le second choix.

« Portalia, conclut-il enfin, n’est pas une alliée. Portalia, en vérité, n’est rien. C’est un mot creux, et un concept vide, que chacun interprète librement. La ville est inerte, et ses forces vives oisives. Tu entendras nombre de discours enjôleurs et agréables. Questionne-les, mais comprends que peu sont près à entendre ces questions. »

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Dim 21 Mai - 6:32, édité 2 fois
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Je sentais une certaine sagesse émaner du guerrier. Je posais les questions, et il me donnait les bonnes réponses. Je n’avais pas besoin d’apporter des précisions que tout était déjà bien complet à mes yeux. Les Dark Souls, tel qu’il me décrivait leur philosophie, étaient dangereux. J’étais pourtant la première à comprendre que l’on pouvait mal supporter recevoir des ordres ou dépendre de quelqu’un. Mais j’étais loin de remettre en cause les principes fondamentaux permettant à une cité d’exister. Cette organisation n’apporterait rien d’autre qu’un chaos cruel si elle montait un jour au pouvoir. Marguerite m’en avait déjà parlé, j’avais ainsi le point de vue de deux personnes différentes. Mon arrivée était encore trop récente pour que je pusse réellement prendre position et avoir un avis sur ces questions. Je notais toutefois que Marguerite semblait optimiste sur son organisation, alors qu’Hypanatoi avait l’air plus critique sur les forces de Portalia. Je me demandais bien qui pouvait avoir raison, ou plutôt qui avait la vision la plus réaliste des choses. De mon côté, j’étais déterminée à ne dépendre de personne dans la mesure du possible.

« Cela ne m’étonne aucunement. Aussi, je n’attends rien de personne. »

Quelque part, j’étais contente de voir que le guerrier m’avertissait des pièges de la ville. J’apprenais par la même occasion l’existence de la Secte du Chaos, qui semblait une menace pire encore que les Dark Souls. Si je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à présent, je devinais toutefois qu’il devait s’agir d’un groupe minoritaire et relativement marginal. Rien que le nom de cette organisation ne m’inspirait guère confiance, et je ne comprenais pas que l’on pût faire le mal de pleine conscience. Encore une fois, peut-être s’agissait-il d’une faiblesse de l’esprit humain. Le mal existait partout et en tout monde.

J’écoutais également les paroles de mon interlocuteur concernant son parcours. En un an, il avait dû emmagasiner beaucoup d’expérience, et devenir très fort. Je regrettais presque de ne pas pouvoir ressentir son essence pour avoir une idée de sa force par rapport à la mienne. Il n’y avait aucun doute qu’il devait y avoir un immense fossé entre nous. J’avais effectivement perdu en puissance depuis mon arrivée ici, et il me faudrait sans doute un certain temps avant de gagner une force correcte. Je doutais pourtant devenir une guerrière aussi grande qu’Hypanatoi. Même si j’obtenais une force égale un jour, encore fallait-il que le reste suivît. Or, jusqu’à preuve du contraire, je n’avais jamais eu l’âme d’une meneuse.

« Je viens de la cité d’Hetacta, où l’armée règne en maître. J’étais une soldate, éduquée à haïr les dragons, à respecter la hiérarchie. Après que la bête ait ravagé notre cité, nous avons été envoyés la traquer et l’éliminer. On nous a ordonné de ne pas revenir tant qu’elle ne serait pas morte. » je marquai une pause, « La traque a duré des jours et des nuits, ma troupe était épuisée. Et lorsque nous avons rencontré le dragon, il n’a fait qu’une bouchée de nous. » nouvelle pause, « Je suis la seule survivante de cette escouade. J’ai compris qu’il ne fallait se fier à personne, pas même un supérieur. Ce n’est pas parce que quelqu’un porte un insigne ou une couronne sur la tête qu’il est digne de confiance. Peut-être leurs actions étaient-elles guidées par le désespoir, mais ils n’ont pas pris le risque à notre place. Ils n’ont pas hésité à nous envoyer en chair à canon. »

J’ignorais pourquoi je disais tout cela. Peut-être parce qu’il s’était légèrement ouvert sur son parcours ? J’avais omis certains détails, comme ma fuite, pour éviter qu’il ne me prît pour une lâche. J’avais quand même un minimum d’amour-propre et je ne voulais pas avouer mes faiblesses à un inconnu. Je voulais lui faire part de mon expérience histoire de savoir ce qu’il en pensait. Bien sûr, je comprenais qu’il pouvait être nécessaire d’avoir un roi ou un commandant, je n’étais pas du genre à vouloir couper les têtes haut placées sur une simple envie de rébellion. Vouloir l’anarchie me semblait ridicule, tout comme il me semblait ridicule d’obéir aux ordres sans réfléchir lorsque ces derniers étaient peu pertinents. Il fallait garder son esprit critique en toute circonstance, et savoir s’adapter à la situation. Cette chasse au dragon ratée m’avait au moins appris ceci.

« J’imagine qu’il doit en être de même ici, l’autorité est à la fois nécessaire et contestable. »

Le respect scrupuleux de la hiérarchie me semblait désormais ridicule lorsque l’on avait des meneurs qui n’étaient pas dignes de l’être. Mais c’était l’expérience qui m’avait fait conclure cela. Les portaliens n’avaient peut-être pas le même vécu.

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Il l’écoutait lui parler de son monde. De sa lutte contre le ver ailé et écailleux. Elle ne la nommait que comme étant la cible de sa haine, et parlait d’elle comme l’objet de sa lutte. Il comprenait. Il comprenait, jusque dans sa chair et dans le tremblement d’anciennes marques, de vieux stigmates qui n’imposaient plus à son corps qu’un rappel sourd et intermittent de leur origine. Il comprenait, également, l’origine de son doute, bien qu’il ne puisse l’approuver. La hiérarchie était une chose vitale, un élément central de toute discipline, et de manière plus concrète encore de tout corps armé. Pour que ce dernier se comporte justement comme un corps, il convenait qu’un seul esprit puisse le contrôler. Les voix discordantes amenaient à l’anéantissement, plus sûrement que la lame de tout ennemi. Il ne pouvait toutefois pas la juger sans se trouver hypocrite : lui aussi, depuis qu’il avait découvert l’étendu des méfaits de ce monde, contestait le rôle et la sagesse de ses maîtres. Lui aussi se rebellait contre eux, et déterminait que les lois pourtant sacrées de l’hospitalité et le devoir qu’il avait de fait pour les murs qui l’hébergeaient ne pesaient plus assez lourd dans la balance qui déterminait son chemin.

Leurs situations étaient différentes, sans doute. Mais la foi aveugle qu’il avait eu en ses divers meneurs venait d’un fait simple : personne, sur son monde, ne questionnait l’aura conférée par un insigne ou un trône possédé. Le processus qui permettait aux gens de le faire était sacré, et avait fait ses preuves. Il permettait de se dresser contre un ennemi implacable. Il permettait aux paragoïs d’atteindre la divinité. Au bas-peuple de vivre, mieux qu’ici, malgré le danger constant et les exigences plus lourdes. Il ne dit rien. Il ne le pouvait pas, pas honnêtement. Loreley conclut son exposé de manière simple et logique. Elle comparait le fonctionnement de la ville à celui de son escouade, et le verdit était plus qu’accusateur. Le paragoï resta un bref instant silencieux. Il aurait fallu, pour qu’il puisse clairement partager ses pensées, que la jeune femme soit au fait du fonctionnement de l’endroit. Qu’elle l’ait ressenti, qu’elle en ait été témoin. Il y avait des choses qui ne s’expliquaient pas, mais que l’on devait expérimenter.

« Oui, concéda-t-il donc. Mais quand l’autorité montre à tous des signes de faiblesses, il convient de les corriger, si elle se révèle incapable de le faire elle-même. »

Il s’interrompit, et ce ne fut pas pour une fois pour ralentir le rythme de son discours. C’était pour éviter de déverser le torrent injurieux que l’évocation des gens qui contrôlaient cet endroit réclamait qu’il libère. Sa langue lécha l’arrière de ses dents, avant claquer contre elle. Puis, il continua, changeant de sujet pour aborder le prochain point de son discours :

« Portalia se dirige vers des temps troubles. Des temps qui exigeront de tous d’abandonner le rôle de spectateur. Des temps qui testeront la solidité des corps, des esprits et des âmes. Assure-toi d’être prête, le moment venu, et si tu dois retenir de notre entretien une chose, retiens-cela. »

La ville devait changer, et elle n’accepterait pas de le faire. Elle venait pourtant d’essuyer un assaut catastrophique, qui avait fait la démonstration de ce qu’Hypanatoi avait remarqué presque instantanément en venant sur ce monde. Mais il lui faudrait sans doute encore du temps, et d’autres démonstrations de cette envergure. Le fait qu’il existe une cité en ruine dont l’existence témoigne indiscutablement de ces risques, le fait que le bilan en vies ait été lourd, le fait que malgré tout, ils aient cette fois été bénis par le destin, tout cela n’était rien pour ces gens. Leur premier réflexe, après cet incident, était de rajuster leurs œillères, et de revenir à un semblant de normalité. De préserver l’illusion, en espérant que celle-ci affecte aussi les créatures dont l’unique but, aussi explicite qu’inexorable, était leur annihilation.

Il ne savait plus que penser de tout cela. Le sentiment de lassitude et de désespoir que la simple invocation de ces souvenirs faisait naître en lui était terrible, et presque suffisant pour le décourager totalement. Il en venait parfois à se demandait s’il ne serait pas plus simple pour lui d’abandonner la ville. Si errer dans ce monde, loin de ces gens, à la recherche des sept rois et des deux dieux, ne serait pas plus productif. Il avait après tout consacré huit ans de sa vie à une quête au fonctionnement similaire. Il n’en était simplement pas certain.

Portalia, et les gens qui l’habitaient, représentaient un potentiel. Un potentiel qu’il pouvait raviver, peut-être. Loreley, en face de lui, en était un exemple flagrant. Il était dans sa nature de vouloir l’aider, et le code qu’il suivait, plus important encore, l’exigeait de lui. Il retint un claquement supplémentaire de la langue, et resta immobile, attendant une réponse. Portalia haïssait la simplicité aussi sûrement que lui haïssait la faiblesse.
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Je devinais ce guerrier être du genre taciturne. Pourtant, à chaque fois qu’il prenait la parole, il avait – à mes yeux – des choses intéressantes à dire. J’avais eu des échos de l’attaque de Portal ; et fort heureusement, j’étais arrivée après cette dernière. Au vu de mon faible rang, je n’aurais sans doute pas fait long feu. De ce que j’avais compris, la situation était inédite, de voir des créatures du chaos pénétrer ainsi l’enceinte de la cité. Il y avait bien sûr cette quête à laquelle je ne souhaitais guère participer, mais toujours était-il que je devais me renforcer. J’ignorais si j’étais à la hauteur des attentes, mais je savais que je ne pouvais me terrer éternellement entre les murs de Portalia, surtout si ces derniers étaient si peu sûrs. Tout ceci ne me rassurait guère et me donnait l’effective impression que j’avais été arrachée à une guerre pour participer à une autre. Quelque part, je pouvais comprendre la détresse de l’Ordre et des habitants de Portalia, surtout après un tel évènement. Après tout, n’avions-nous pas trouvé traumatisant qu’un dragon attaquât Hetacta ? Je ne désirais rien d’autre que de vivre en paix, et de gagner correctement ma vie. Mais peut-être ce premier paramètre était-il utopique. La guerre faisait rage dans mon monde, tout comme elle faisait rage ici. Le parallélisme était appelant. J’ignorais comment les choses se passaient dans les mondes des autres invoqués, mais je me doutais que le conflit était partout, qu’il y avait toujours une cause à défendre et des terres à protéger.

« Je serai prête. » affirmai-je.

Du moins, l’espérais-je. Je savais que je ne serai pas d’une grande utilité du haut de mon rang bronze. Encore fallait-il que je trouvasse mon courage pour aller m’entraîner. Peut-être me rapprocher de nouvelles recrues serait-il un geste pertinent ? Seule, je ne valais rien, je le savais. Il fallait que je m’associasse à d’autres personnes. Bien sûr, il ne me venait pas à l’esprit de demander à ce grand guerrier présent depuis un an tant notre écart de puissance devait être abyssal en ma défaveur. Après tout, Hypanatoi en avait assez fait, et avait su m’expliquer le fonctionnement de ce monde avec patience.

Je notais ce qu’il me disait concernant Portalia et le fait que la cité fût à l’aube d’un grand changement. Ces propos m’intriguaient fortement et je me demandais ce qu’il voulait dire par là. Pourtant, je n’osais le questionner plus, me doutant qu’il me faudrait faire ma propre expérience avant toute chose. Hypanatoi n’allait certainement pas me prémâcher le travail, et j’avais beaucoup de choses à découvrir avant de tenter une quelconque prise de position. Ainsi donc les autorités portaliennes auraient des choses à se reprocher ? Ce n’était pas surprenant. Je n’étais, de mon côté, guère contre les personnes en position de puissance et d’autorité du moment qu’elles accomplissaient effectivement leur rôle. Si je lisais entre les lignes, ce n’était pas le cas ici non plus ; une chose de moins pour me rassurer. Au moins la vision de mon interlocuteur me semblait réaliste et non idéalisée.

« Je te remercie pour toutes ces explications, je ne monopoliserai pas plus ton temps. » me levant, je lui tendis la main pour la lui serrer, « Qui sait ? Nos chemins seront peut-être amenés à se recroiser. »

Peut-être me trompais-je, mais de nos quelques échanges, j’avais l’impression de parler à un meneur, un vrai. Hypanatoi envisageait-il de prendre un poste important dans cette société ? Si oui, par quelle manière, un coup d’état ? De mon côté, je n’avais pas assez d’informations pour pouvoir avancer un quelconque soutien. Sans doute me rangerai-je du côté du plus fort dans cette histoire et m’adapterai-je à la situation. Toujours était-il que je n'aurais aucun scrupule à abandonner un gouvernement défaillant. Je ne défendrai aucune cause que j’estimais perdue. Non, je n’avais pas l’étoffe d’une héroïne, ni d’une cheffe et me doutais d’avoir une quelconque utilité dans ces affaires. Toutefois, une part de moi espérait recroiser un jour le chemin du grand guerrier. J’observerai son parcours avec intérêt. J’ignorais un jour quel serait mon rôle, mais peut-être serais-je un jour obligée de me dévoiler et de prendre position.
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