Hypanatoi Konostinos
Manticore - Aventurier
Bronze
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- Date d'inscription :
- 17/11/2021
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- 27968
- Disponibilité Rp :
- Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
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- 883
- Métier :
- Aventurier
- Couleur d'Essence :
- Rouge
- Familia :
- /
- Style d'Arme :
- Lance longue
- Rang :
- Obsidienne @@@@@
- Puissance d'Essence :
- 45627
Hypanatoi séparait les mystères qui entouraient la cité et ses habitants en trois catégories distinctes. D’abord, ceux qu’il avait percé à jour à force de réflexion et d’étude. Leur rapport particulier à la prophétie de l’Ordre, par exemple ; la dichotomie qui séparait ce qu’ils étaient de ce qu’ils voulaient être ; leur amour des choses avilissantes. Ensuite, ceux qu’il pensait pouvoir un jour résoudre. Qu’il était en train de comprendre, et dont la résolution était simplement une question de temps et de travail : leur incapacité à cesser d’être des enfants ; la difficulté qu’ils avaient à avoir d’eux-mêmes une image claire. En dernière place figuraient les réels secrets. Les choses incompréhensibles, que le paragoï doutait de pouvoir jamais éclaircir. C’était là les choses qui les séparaient totalement, marquait leur différence non pas simplement comme celle de deux cultures qui devaient simplement apprendre à se connaître, mais bien comme deux espèces exotiques dont les univers étaient incompatibles. Comme des poissons et des oiseaux, qui n’avaient qu’une vision très abstraite de l’existence de l’autre. Parmi ces choses incompréhensibles figurait le rapport que ces gens avaient à la mort, à la vie et à la divinité. Des concepts certes vagues, qui englobaient en leurs seins nombre de choses plus précises, et qu’il était tout de même possible d’étudier. De comprendre. De définir.
Ces gens le faisaient, aussi. Là n’était pas la question. Mais malgré la multitude presque infinie des univers, malgré les différences de surface qui existaient entre les divers profils des portaliens, tous s’accordaient sur les mêmes points. Tous voyaient la chose de la même manière, comme si un gigantesque mouvement d’uniformisation panurgique avait sous-tendu leurs univers. Il parlait à un autochtone, et entendait le lendemain ses mots dans la bouche d’un autre, comme les siens avait déjà été produits par celle du précédent. Seule la présentation différait quelque peu, et malgré cela ils se déchiraient sur ces points de détails subalternes, s’organisant en factions et en groupes de pouvoir.
Il aurait pu simplement attribuer cela aux volontés ambitieuses de certains personnages capables de les utiliser. Cela aurait été facile, et sans doute assez proche de la vérité pour lui permettre de déchiffrer les arcanes de la cité. Mais ce n’était pas suffisant. Il ne se contentait de demi-mesures, et il ne compromettait pas avec la vérité. Il s’agenouilla devant la femme qui lui faisait face. Passa sur son visage ses doigts, imprimant dans son esprit le tracé de son ossature. Elle n’était pas spécialement molle. Sa mâchoire, il le sentait, avait été brisée en deux nombreux endroits. Comme la sienne. L’arrête de son nez n’était pas droite. Comme la sienne. Nombre d’autres détails semblaient les unir de la sorte. Il retira sa main, et reprit la conversation :
« Tu as parlé. Cela est bien. Sache-le, cela est bien : nos objectifs, en cet instant précis, s’accordent. Tu auras, comme je te l’ai promis, une mort rapide et sans douleur. Mais avant cela, je veux te poser une autre question, et je ne veux pas que tu sentes forcé d’y répondre. »
Il marqua une pause. Il ne lui était pas nécessaire d’avoir l’usage de ses yeux pour savoir que ceux de la femme s’écarquillait. Il lui laissa le temps de bien tout comprendre, et d’achever une autre inspiration rauque et douloureuse.
« A quoi penses-tu, maintenant que tu vas mourir ? »
L’autre ne lui répondit pas. Il sentit sa tête se baisser. Sa respiration se faire plus saccadée. Il attendit quelques secondes de plus, et comprit qu’elle se décomposait. Qu’il n’en tirerait rien. Il n’était pas étonné, et s’il l’avait questionné par acquis de conscience, il savait que c’était le seul résultat qu’il soit raisonnablement en droit d’attendre. Retenant un soupir de frustration, il repoussa au fond de son esprit sa curiosité, et plaça une main sur le front de la jeune créature, et l’autre sur sa nuque. Elle mourut rapidement, dans un craquement sec de bois mort.
Il se releva. Regarda son œuvre. Il avait obtenu un nom : la moisson était maigre, mais cela non plus ne l’étonnait pas. Plus il avançait dans son œuvre de vengeance, plus les endroits et les gens capables de l’intéresser se faisaient rares, et plus ils battaient loin en retraite. Il avait d’autres avenues pour les retrouver, certes, mais il tenait à continuer d’exploiter celle-ci. Les affidés sans importance qui constituaient la base de l’organisation qui avait attenté à l’honneur de son monde et de Kemat étaient aussi coupables que les décideurs qui profitaient du fruit pourri de leur labeur. Eux aussi devaient payer.
Il grogna doucement, et émergea du bâtiment qui leur avait servi de repaire, essuyant au passage la lame de son arme sous un cadavre à peu près propre. S’extraire de l’univers crasseux du bâtiment désaffecté pour passer à l’univers crasseux des quartiers nord de Portalia ne constituaient pas une amélioration notoire de son atmosphère. Les odeurs qui la composaient restaient affreusement similaires : au mélange d’excrément, de misère et de populace, on ôtait simplement les nobles notes cuivrées du sang. Au moins l’air circulait-il plus librement. Le paragoï s’apprêtait à partir, satisfait de son œuvre, quand il ressentit la présence d’un nouveau-venu s’immiscer dans le champ de son troisième œil. Il balaya rapidement l’hypothèse de l’ennemi : la puissance divine qui imprégnait son corps était trop disparate pour qu’il soit une réelle menace.
Curieux, il le laissa approcher, se demandant ce que le portalien du moment allait bien pouvoir lui présenter.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Jeu 2 Nov - 4:48, édité 3 fois
Ces gens le faisaient, aussi. Là n’était pas la question. Mais malgré la multitude presque infinie des univers, malgré les différences de surface qui existaient entre les divers profils des portaliens, tous s’accordaient sur les mêmes points. Tous voyaient la chose de la même manière, comme si un gigantesque mouvement d’uniformisation panurgique avait sous-tendu leurs univers. Il parlait à un autochtone, et entendait le lendemain ses mots dans la bouche d’un autre, comme les siens avait déjà été produits par celle du précédent. Seule la présentation différait quelque peu, et malgré cela ils se déchiraient sur ces points de détails subalternes, s’organisant en factions et en groupes de pouvoir.
Il aurait pu simplement attribuer cela aux volontés ambitieuses de certains personnages capables de les utiliser. Cela aurait été facile, et sans doute assez proche de la vérité pour lui permettre de déchiffrer les arcanes de la cité. Mais ce n’était pas suffisant. Il ne se contentait de demi-mesures, et il ne compromettait pas avec la vérité. Il s’agenouilla devant la femme qui lui faisait face. Passa sur son visage ses doigts, imprimant dans son esprit le tracé de son ossature. Elle n’était pas spécialement molle. Sa mâchoire, il le sentait, avait été brisée en deux nombreux endroits. Comme la sienne. L’arrête de son nez n’était pas droite. Comme la sienne. Nombre d’autres détails semblaient les unir de la sorte. Il retira sa main, et reprit la conversation :
« Tu as parlé. Cela est bien. Sache-le, cela est bien : nos objectifs, en cet instant précis, s’accordent. Tu auras, comme je te l’ai promis, une mort rapide et sans douleur. Mais avant cela, je veux te poser une autre question, et je ne veux pas que tu sentes forcé d’y répondre. »
Il marqua une pause. Il ne lui était pas nécessaire d’avoir l’usage de ses yeux pour savoir que ceux de la femme s’écarquillait. Il lui laissa le temps de bien tout comprendre, et d’achever une autre inspiration rauque et douloureuse.
« A quoi penses-tu, maintenant que tu vas mourir ? »
L’autre ne lui répondit pas. Il sentit sa tête se baisser. Sa respiration se faire plus saccadée. Il attendit quelques secondes de plus, et comprit qu’elle se décomposait. Qu’il n’en tirerait rien. Il n’était pas étonné, et s’il l’avait questionné par acquis de conscience, il savait que c’était le seul résultat qu’il soit raisonnablement en droit d’attendre. Retenant un soupir de frustration, il repoussa au fond de son esprit sa curiosité, et plaça une main sur le front de la jeune créature, et l’autre sur sa nuque. Elle mourut rapidement, dans un craquement sec de bois mort.
Il se releva. Regarda son œuvre. Il avait obtenu un nom : la moisson était maigre, mais cela non plus ne l’étonnait pas. Plus il avançait dans son œuvre de vengeance, plus les endroits et les gens capables de l’intéresser se faisaient rares, et plus ils battaient loin en retraite. Il avait d’autres avenues pour les retrouver, certes, mais il tenait à continuer d’exploiter celle-ci. Les affidés sans importance qui constituaient la base de l’organisation qui avait attenté à l’honneur de son monde et de Kemat étaient aussi coupables que les décideurs qui profitaient du fruit pourri de leur labeur. Eux aussi devaient payer.
Il grogna doucement, et émergea du bâtiment qui leur avait servi de repaire, essuyant au passage la lame de son arme sous un cadavre à peu près propre. S’extraire de l’univers crasseux du bâtiment désaffecté pour passer à l’univers crasseux des quartiers nord de Portalia ne constituaient pas une amélioration notoire de son atmosphère. Les odeurs qui la composaient restaient affreusement similaires : au mélange d’excrément, de misère et de populace, on ôtait simplement les nobles notes cuivrées du sang. Au moins l’air circulait-il plus librement. Le paragoï s’apprêtait à partir, satisfait de son œuvre, quand il ressentit la présence d’un nouveau-venu s’immiscer dans le champ de son troisième œil. Il balaya rapidement l’hypothèse de l’ennemi : la puissance divine qui imprégnait son corps était trop disparate pour qu’il soit une réelle menace.
Curieux, il le laissa approcher, se demandant ce que le portalien du moment allait bien pouvoir lui présenter.
Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Jeu 2 Nov - 4:48, édité 3 fois
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Lun 27 Mar - 11:56