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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLa vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé) EmptyLa vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé)

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Il n’était pas dans ses habitudes de visiter les tavernes. C’était des endroits bruyants, populeux, grouillants et sales. Il était persuadé de pouvoir étoffer longuement cette liste d’adjectifs, mais n’en voyait réellement pas l’utilité. Cependant, le Rex s’imposait comme exception. Non pas par la qualité supérieure de son cadre : l’endroit aurait amplement bénéficié d’un large assortiment de travaux d’entretien. Il lui suffisait d’entendre les couinements plaintifs des planches lorsque les clients enivrés alourdissaient leur pas pour s’en convaincre. Non pas par le caractère délicat des consommations proposées : il était parfaitement au fait des méthodes de fabrication de ces dernières, et était persuadé qu’elles étaient à même de faire passer l’envie de boire à un fou errant dans le désert depuis plusieurs semaines. Il ne jugea pas utile d’épiloguer sur les prestations accessoires qui étaient parfois proposées. Le tenancier, malgré toute sa bonne volonté, représentait un travail de longue haleine, et Hypanatoi savait qu’il lui faudrait encore de longs mois avant de réussir à en faire quelque chose d’acceptable. S’il y arrivait. La tâche avait des proportions titanesques, même pour quelqu’un d’aussi accompli que lui. Non. Le Rex s’imposait comme exception, pour la simple et bonne raison qu’il avait investi une partie conséquente de ses ressources financières dans son fonctionnement, et plus important que cela y avait apposé son nom, noble et respectable entre tous.

Il poussa la porte de l’établissement. A cette heure encore peu avancée, la populace qui infestait habituellement l’endroit se faisait plus discrète. Seuls quelques habitués, recourbés sur leurs assiettes, avalaient ce qui passait ici pour de la nourriture. L’odeur qui agressa ses narines délicates lui fit l’espace d’un court instant froncé les sourcils, et il redressa le pan de sa toge qui passait sur son épaule, voulant s’assurer que cette dernière ne soit pas colorée par la faune et la flore exotiques qui profitaient du terreau local pour proliférer. Presque immédiatement, il nota une chose particulière. Son œil intérieur capta rapidement les mouvements d’une silhouette connue, et il lui fallut quelques instants pour se rappeler de sa propriétaire. L’improbabilité de la chose ne fit rallonger le délai nécessaire, et il s’immobilisa quelques secondes, avant de se diriger comme il l’avait initialement prévu vers une table au centre de la pièce, adossée à une des colonnes centrales de l’établissement. S’y asseyant avec autant de délicatesse que possible afin d’éviter que le bois branlant de son siège ne s’effondre sous son auguste fessier, il considéra un instant ce qu’il venait de voir.

L’elfe était une personne noble, et il n’était pas certain de ce qui pouvait la pousser ainsi à se commettre dans un tel marasme. Servir, a fortiori dans une taverne, était un acte réservé aux castes les moins reluisantes de la population, et consentir ainsi à s’y abaisser était pour lui impensable. Ce métier encourageait la servilité et la déférence, qui chez les gueux étaient des qualités louables, mais chez les nobles étaient les marques infamantes d’une faiblesse autant de caractère que d’éducation. Sa langue lécha l’arrière de ses dents, et claque légèrement dans sa bouche. Peut-être les coutumes du monde de l’elfe étaient-elles différentes. Il en doutait. Elle l’avait marqué comme quelqu’un qui accordait une attention particulière à son maintien, et plus que cela comme une personne habituée à ce que la foule s’écarte pour faciliter son avancée. Qu’elle n’ait pas pu trouver, même dans la vie civile, un travail plus à même de mettre en valeur ses compétences était particulièrement curieux. Il se demanda l’espace d’un instant s’il devait commenter sur ce sujet. Si ce n’était clairement pas là sa place, et que la moindre remarque sur un point aussi grave aurait immanquablement constitué une atteinte majeure à l’honneur de l’elfe, peut-être était-elle plus désorientée encore qu’il ne l’était par la vie dans la cité. Il lui fallait réfléchir. Il la héla d’un geste silencieux de la main, et prit la parole quand elle se fut suffisamment approchée de lui :

« Salutations, Aldiel. Je ne pensais pas vous voir ici. Vous m’apporterez une bouteille de vin de ma réserve personnelle. Mon nom est indiqué dessus. A cela, vous ajouterez une portion généreuse du repas du jour. »

Que les divins lui viennent en aide. Il retint difficilement l’incantation d’une prière, et se décida à voir cela comme une nouvelle épreuve. La gastronomie locale n’était déjà pas spécialement connue pour sa délicatesse, et s’il existait bien çà et là quelques précieux ilots de raffinement, il savait qu’il ne s’était pas présentement échoué sur le bon rivage. Considérant la serveuse improvisée, il se demanda l’espace d’un instant si elle aussi n’était pas, comme cela semblait être le cas pour beaucoup de choses, le produit tremblant d’un rêve enfiévré. Cet établissement semblait posséder son propre caractère, unique et bien trempé ; Hypanatoi doutait qu’il soit foncièrement bienveillant.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 20 Juil - 1:34, édité 3 fois
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descriptionLa vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé) EmptyRe: La vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé)

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Après quelques temps de réflexion, Aldiel avait fini par accepter la proposition de Patrick et travaillait ponctuellement comme serveuse au Rex. Elle aurait pu sans mal travailler pour la guilde, remplir des missions proposées aux aventuriers ou bien même rejoindre l'un de ses bataillons. Elle était largement qualifiée... trop qualifiée peut-être. L'idée de se ranger sous les ordres d'un gouvernement étranger dont elle ignorait tout la dégoûtait quelque peu, et elle n'avait pas vraiment d'autres occupations en tête.

Toutes les activités de la ville semblaient dédiées au combat et à la Quête, ce qui pouvait se comprendre étant donné la situation de la cité. En dehors des organisations dédiées aux aventuriers et aux soldats de la guilde, on trouvait des marchands et des artisans, quelques bibliothèques... Aucune activité que l'elfe trouvait enthousiasmante. Par ailleurs le divertissement principal était les tavernes et le plus haut niveau de raffinement culturel était les quelques troupes de bardes qui passaient ici et là.

Aldiel avait beau savoir que son monde n'était plus que cendres, elle avait quelque peu le mal du pays. Tout à Portalia laissait indifférente ou presque. Elle trouvait un peu motivation pour étudier les fameux monstres du chaos et fréquentait régulièrement le centre de documentation de la guilde. Mais le plus souvent elle se laissait gagner par la lassitude et l'ennui qu'elle tentait de dissiper dans des futilités comme l'alcool et les rencontres frivoles.

Au moins, les tavernes abritaient un semblant de vie qui parvenait à la faire sourire. Tant qu'à y passer du temps, Aldiel avait décidé qu'il valait peut-être mieux passer derrière le comptoir plutôt que de rester à traîner devant. Certes, les clients étaient des gens simples, mais cela avait quelque chose de reposant en un sens. Des alcooliques sans avenirs, des marchands trinquant à un accord commercial, des aventuriers se vantant de leurs exploits hors des murs, des gardes en fin de service... A part quelques bagarres, il ne se passait rien de trop compliqué. Et encore, les motifs des bagarres en question ne volaient pas souvent très haut. Aldiel songeait qu'il y avait probablement quelques espions qui traînaient à l'occasion, mais elle n'avait rien remarqué pour l'heure.

Dans le microcosme du Rex, on sentait bien que l'elfe évoluait dans un milieu inférieur au sien. Elle était trop jolie, parlait trop bien et se tenait trop droite. Pourtant, elle traitait tout le monde avec respect, sans amertume ni condescendance, même ceux qu'on pourrait juger appartenir à la lie de la société. Enfin, elle savait aussi jeter à la porte ceux qui dépassaient les bornes. Ainsi l'alliance entre son charisme, sa bienveillance et sa fermeté lui permirent de gagner rapidement le respect des habitués, et les autres suivaient la plupart du temps. Avec elle, les "ma petite" des clients s'étaient donc rapidement changés en un respectueux "dame Aldiel".

L'elfe avait fini par apprendre de Patrick que le Rex appartenait à un sergent de la guilde, et à Hypanatos, l'homme qui l'avait accueillie à son arrivée au portail. Ce jour là elle vit entrer dans la taverne l'un des deux hommes pour qui elle travaillait indirectement. Celui-ci, après un moment de surprise, la reconnût. Aldiel s'approcha pour venir prendre sa commande. Elle portait un tablier impeccable, sa dague à la ceinture et avait tressé ses cheveux platine.

- Sieur Konostinos. Fit-elle avec un signe de tête pour le saluer. Je ne sais pas où vous pensiez me voir, mais je me disais pour ma part que j'allais finir par vous recroiser.

Elle hocha la tête en notant mentalement sa commande, disparut un moment à la cave et revint avec une bouteille. Elle la déboucha devant Hypanatoï d'un geste sûr, lui servit un verre et attendit quelques instants qu'il vérifie que le vin était bon. Puis elle disparût à nouveau du côté des cuisines.

L'elfe fixa un moment la grosse marmite dans laquel glougloutait ce qui constituait le plat du jour en se demandant si elle devait vraiment servir ça au patron des lieux. Devant manger avant son service, elle avait goûté le ragoût de chou au lard qui tenait lieu de plat du jour. Il lui avait parut amer et trop salé tout en ayant un côté insipide. Certes, en période de famine elle n'aurait pas rechigné à en manger, mais avisant ce qui traînait dans les placards, elle avait plutôt décidé de se bricoler autre chose de son cru. Elle avait été généreuse sur les quantités au cas où la faim venait à la reprendre dans sa nuit de travail et le petit poêlon contenant restes de son plat attira son regard. Elle hésita et choisit de partager sa petite création avec Hypanatoï, après tout, cela ne pouvait pas être pire que le ragoût du "cuisinier".

L'assiette fumante qu'Hypanatoï vit déposée devant lui après un peu d'attente était donc garnie de larges tranches de jambon à la bière accompagnée de carottes braisées au miel, d'ail en chemise et le tout assaisonné de quelques herbes.

- Ce n'est pas le plat du jour, mais je crois que vous préfèrerez cela.  Expliqua l'elfe. Puis-je faire autre chose pour vous ?
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descriptionLa vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé) EmptyRe: La vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé)

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Restant assis et immobile, il se laissa aller à ses pensées en observant distraitement la serveuse s’exécuter. Il était en ce moment tiraillé entre deux émotions opposées, et se demandait comment il devait maintenant les comprendre. Il aurait d’abord menti en niant éprouver du plaisir dans cette situation. Sa philosophie autant que son naturel le poussaient à la simplicité, et il avait toujours apprécié de voir les gens se soumettre devant lui, et plus encore les gens nobles et méritants. Certes, l’échine qui se trouvait face à lui se pliait maintenant plus face aux circonstances que parce qu’elle reconnaissait sa supériorité, et il doutait fortement que même ces circonstances exercent sur elle une emprise particulièrement importante. Mais tout de même. En ces temps de disette, toute interaction sociale qui ne provoque pas immédiatement en lui des réactions averse était la bienvenue. De l’autre côté, il comprenait parfaitement qu’Aldiel représentait un reflet de ce qu’il pouvait devenir. Ses circonstances pouvaient s’avérer différentes, mais l’essentiel resterait le même. Ici, il était privé de nombre des avantages que sa haute naissance et les fardeaux dont il s’était encombré lui garantissaient en temps normal. Tout cela n’était rien ici, et sa propre transformation, si elle avait été moins brutale que celle de la personne qui s’affairait maintenant pour satisfaire ses désirs, était déjà en cours. Il avait compris que les langues malhabiles des gens d’ici peinaient souvent à prononcer son nom, et avait accepté qu’on l’appelle simplement Hypanatoi, comme aurait pu le faire un compagnon d’arme ou un noble égal. Le terme même de Paragoï n’avait ici aucun sens. Il avait consenti à ce que la pompe et les rituels qui normalement encadraient ses activités soient abandonnées. Pour ces gens, la lutte et le sacré étaient parfaitement dissociables. Peu de choses dans leur quotidien se rattachaient en vérité au sacré. Si en quelques mois il avait reconnu la nécessité de ces concessions, il craignait grandement ce que le futur viendrait extraire de lui.

Aldiel revint malgré tout promptement avec une assiette généreusement chargée de nourriture, et la déposa devant lui. Il n’eut besoin pour reconnaître la qualité supérieure du plat qui lui était présenté que d’un bref instant. Ici, ses sens supérieurs le faisaient souvent souffrir. Ce n’était pas le cas en ce moment. L’équilibre délicat entre le miel et les herbes lui rappela l’espace d’un court instant les mets de son pays. Ce n’était certes rien face au fumet qui vous transportait lorsque les plus grands chefs exerçaient leur savante alchimie, mais il y avait bien là une forme de douceur et de poésie qui était trop souvent absente des plats de Portalia. Il se saisit de sa bouteille de vin d’une main enthousiaste, et se rendit compte avant de se reprendre qu’il avait failli témoigner d’un niveau de joie inconvenant. Un combattant, se rappela-t-il, se devait de présenter un visage austère et sévère. Il convenait de rester détaché des choses, et de tendre uniquement vers l’amélioration de soi. Il se ressaisit, et déboucha d’un geste expert la bouteille, avant d’en verser une portion dans son verre.

« Allez vous chercher un verre, et asseyez-vous face à moi, répondit-il en terminant de se servir. »

Entamant le repas, il le trouva bon. L’excellence était encore bien loin, mais il était bon. L’équilibre délicat que les maîtres atteignaient en considérant avec soin chaque aliment était certes totalement absent, mais les composantes de son plat avaient déjà le bon gout de ne pas jurer entre elles. C’était amplement satisfaisant, et s’il était venu ici pour s’assurer de la bonne marche de l’établissement, il ne pouvait malgré cela pas nier la bonne surprise qui venait de lui être faite. Il lui faudrait demander, entre autres choses, le nom du chef. Il doutait que ce soit Montataire : il savait, et pouvait sentir en ce moment-même, ce qu’il servait pour remplir le ventre de ses clients. Il aurait en temps normal considéré cela comme une tentative d’agression, mais l’homme, peut-être plus sûrement que le reste de la cité, avait la capacité presque surnaturelle de transformer ce qu’il considérait être le minimum bienséant. Ce nivellement par le bas était effrayant. Il continua son repas, tentant de chasser ces pensées moroses.

Il avait un droit de regard sur cet endroit, maintenant. Plus qu’un droit, un devoir, sinon au regard des lois, au moins au regard de la décence. On venait de lui faire entrevoir la possibilité d’un repas qui ne soit pas totalement répugnant, et d’un service d’une qualité supérieure aux onomatopées qu’affectionnait l’homme-créature. Il convenait maintenant de faire en sorte que ce ne soit pas simplement là une parenthèse enchantée, mais quelque chose qui vienne se répéter, sinon pour le tout-venant, au moins pour ceux capables d’apprécier de la nourriture méritant d’être appelée ainsi.
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L'elfe pencha légèrement la tête, surprise du ton quelque peu péremptoire du patron des lieux. A croire que la voir habillée en serveuse lui faisait oublier ses bonnes manières. Elle ne s'offusqua pas cependant et se contenta d'un sourire en coin en acceptant de se joindre à lui. Après tout, s'il finissait par se montrer vraiment désagréable, elle ne se gênerait pas pour lui dire le fond de sa pensée. Mais elle lui laissa pour l'instant le bénéfice du doute.

Elle s'assit en face de lui, croisa les jambes et lui tendit son verre. S'il ne réagissait pas elle se servirait elle-même, mais cela l'amusait de voir s'il était assez imbu se sa personne pour refuser de lui servir un peu de vin. Elle porta ensuite le verre à ses narines pour apprécier le parfum du vin et finit par y tremper les lèvres. Elle commenta le nectar après quelques instants de réflexion.

- Hum. Je vois pourquoi vous mettez votre nom dessus. Cela doit être le meilleur de la ville... et je ne suis pas loin de les avoir tous essayés. Enfin, il me semble que la compétition n'est pas bien rude, mais j'imagine que cultiver les bons cépages dans la région ne doit pas être facile...

Aldiel se mit à faire tourner doucement le vin dans son verre en observant les reflets de velours rouge. Elle aurait pu orienter la discussion vers des sujets banals comme les états d'âmes de son interlocuteur ou bien l'état de son commerce, mais à vrai dire elle n'en avait pas grand chose à faire. Ses questions furent donc bien plus directes, quoique posée d'un air détaché.

- D'après ce qui se dit à la guilde, vous êtes parmi les aventuriers les plus appliqués... D'où vous vient tant de ferveur ? Espérez-vous retourner dans votre monde un jour ?  Ou bien peut-être voulez-vous atteindre la gloire dans celui-ci ?
Aldiel se souvenait de l'expression étrange avec laquelle Hypanatoï l'avait saluée à la fin de leur première rencontre, quelque chose comme "puissiez-vous atteindre la gloire". Elle se demandait donc si il était issu d'une culture valorisant particulièrement les haut-faits personnels.

Pendant qu'il mangeait, l'elfe l'observait en cherchant à savoir quel genre de pensées l'habitaient. Autrefois, elle aurait pu user de télépathie pour savoir mais aujourd'hui elle en était réduite à observer les gestes, les attitudes et les petites mimiques trahissant une émotion ou une autre.

Hypanatoï semblait être un homme particulièrement sérieux. Son ton montrait qu'il avait l'habitude d'être obéi, ou en tout cas qu'il appréciait de l'être. La rigueur de son attitude avait à peine été assouplie par l'arrivée du vin, qui semblait pourtant être quelque chose qu'il appréciait assez pour  veiller à se constituer une petite réserve privée. Pour ce qui était de son opinion sur le repas, Aldiel n'avait pas noté de grimaces de dégoût qu'il n'aurait probablement pas manqué d'afficher si elle lui avait servi le plat du jour. Il ne détestait pas, mais n'avait pas l'air de se dérider non plus. Peut-être restait-il habitué à mieux, ou bien avait-il d'autres sujet en tête. Des sujet sérieux d'homme sérieux, songea-t-elle.
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Interrompant un moment son repas pour servir l’elfe, il versa dans son verre un peu de son vin. Il était rare qu’il prenne l’initiative d’ainsi partager de son temps et de ses ressources avec quelqu’un, et il doutait en réalité que son interlocutrice ait tout à fait conscience de l’insigne privilège qui lui était accordé. Ce n’était pas important. Il faisait, peut-être pour la première fois de sa vie, bonne figure non pas parce que c’était attendu de lui, ou parce qu’il y était contraint pour en retirer un quelconque avantage, mais parce qu’il le souhaitait. La personne qu’il avait en face de lui était absolument fascinante, sinon grâce à sa personnalité, au moins par le croisement de circonstances qu’elle représentait. Elle était pour Hypanatoi un moyen de voir comment une personne noble pouvait accepter un rôle subalterne, et se conformer si rapidement aux usages de Portalia. Il n’était pas assez fou pour penser que les bien-nés des autres mondes se comportaient avec la même rigueur que celle de ses propres congénères. Mais il pouvait tout de même voir, comme toute personne disposant d’un esprit fonctionnel, que la différence entre Aldiel et le reste de la population restait marqué. Même sans recourir à la comparaison caricaturale avec quelqu’un comme le brave Patrick, il restait évident que certaines connexions se faisaient différemment dans son esprit.

Si Hypanatoi prétendait pouvoir un jour réellement comprendre Portalia, et surtout lui imprimer une direction moins tragique, il convenait de commencer par tenter de comprendre ses ressortissants les moins fantasques. Il l’écouta donc parler avec attention, tentant de percer les secrets des rouages de ces aliens. Elle commença par commenter la qualité de son vin, et la pauvreté du choix de l’endroit, et il fut bien obligé d’acquiescer. Il réprima difficilement l’envie de se lancer dans une longue tirade expliquant pourquoi cette terre ne pouvait jamais donner de crus réellement excellents, et pourquoi seuls les coteaux ensoleillés de son pays avaient seuls le droit de prétendre à cet honneur. Il se contenta à la place de mastiquer pensivement sa nourriture. La question suivante l’interpella quelque peu. Il ne se savait pas si connu à la Guilde. Contrairement à son monde d’origine, il n’avait ici jamais réellement travaillé à sa réputation. Cette dernière devait de toute façon s’imposer d’elle-même, une fois que le monde aurait été mis face à la beauté de son travail accompli. Il n’eut cependant pas réellement à considérer sa question. Les réponses étaient évidentes, et portaient sur des sujets sur lesquels il avait très longuement réfléchi, et qui continuaient d’occuper quotidiennement ses pensées.

« Je compte effectivement retourner dans mon monde, et ce, dès que possible. Ce dernier a besoin de moi, ajouta-t-il sans juger utile d’épiloguer. »

Il posa ses couverts, marquant une courte pause dans son repas. Le sujet suivant était particulièrement important, et demandait d’être abordé avec la plus grande gravité. S’il avait pu accepter de lui-même une attitude plus légère jusqu’à présent, il aurait été inconvenant, et même déshonorant, de continuer sur cette lancée au vu de la tournure de la conversation.

« La réponse à vos deux autres questions est la continuation logique de la première. Entendez : il existe entre moi et les gens d’ici, quelque puisse être leur univers d’origine, un grand fossé. Il semble que les coutumes de l’endroit d’où je viens soient trop exigeantes pour le reste des peuples. Je ne peux donc ici rechercher de gloire, car cette quête serait vouée à l’échec. Je peux, en revanche, m’assurer de garder mon esprit aiguisé et vif, et de garder vivantes en moi les vertus régulatrices. Ce que vous appelez ferveur est pour moi un état parfaitement normal, et même bénéfique : comment autrement s’assurer que chaque jour nous voit meilleur qu’hier ? Et vous-même ? continua-t-il en reprenant ses couverts. Maintenant que vous êtes plus habituée à cet endroit, avez-vous déjà conçu des projets sur le long terme ? »

Chose curieuse, les gens d’ici considéraient souvent que se livrer était une preuve de confiance et d’ouverture. C’était là encore un comportement qu’il n’était pas totalement certain de bien comprendre. Il concevait aisément que la différence entre la surface et l’intérieur soient pour eux très souvent différente, et que cela soit source de honte et de gène. Il ne voyait simplement pas pourquoi, en prenant cette vérité simple en considération, ces individus appréciaient les conversations alors nécessairement oisives. Là encore, il voulait apprendre. Il craignait simplement la contamination de son esprit et de son âme.
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Aldiel fut contente de voir que le noble aveugle partageait volontiers son vin avec elle. Elle écouta ses réponses tout en buvant, gardant sur lui son regard bleu dont il ne pouvait probablement pas voir la couleur. L'elfe ajouta machinalement les nouvelles informations fournies par Hypanatoï au portrait de sa personnalité qu'elle peignait dans son esprit : Un mode de vie exigeant et la recherche de la vertu dans le dépassement de soi... Cela suggérait un certain niveau de spiritualité, mais il n'avait pas l'air de se réduire à cela. Il laissait paraître implicitement un sentiment de supériorité et avait visiblement passé du temps au combat. Il avait l'air plutôt jeune, mais l'elfe était bien placée pour savoir que les apparences étaient parfois trompeuses dans ce domaine. La jeunesse pouvait expliquer la détermination d'Hypanatoï à maintenir en lui les traditions de son monde qui étaient peut-être tout ce qu'il avait connu. Mais elle avait vu des personnes plus âgées tout aussi inébranlables et celles-là s'appuyaient en général sur la foi. Tout cela évoquait dans l'esprit de l'elfe quelque chose comme l'appartenance à un ordre de combat religieux.

Elle reposa son verre et répondit à Hypanatoï qui lui retournait sa question.

- Habituée est un bien grand mot... Peut-être dans 5 ou 10 ans...

De son expérience, c'était le temps qu'elle mettait pour avoir vraiment le sentiment de connaître un lieu et de s'y sentir éventuellement chez elle. L'elfe décroisa les jambes et se redressa légèrement.

- Je comprends votre désir de rejoindre les vôtres. Mais pour moi ce sera ne sera malheureusement pas possible. A moins de remonter le temps, mais je doute que ce soit faisable... ou souhaitable. Dit-elle avec une pointe de résignation. Je crains donc que mes seuls projets soient de faire le deuil de mon monde et de trouver ici de nouvelles raisons de continuer à vivre. Peut être que j'irais approfondir un jour les théories du multivers... Dit-elle d'un air vague. Pour l'heure je me contente d'observer.

Aldiel jeta un œil à la salle, elle s'excusa quelques instants pour aller resservir à boire à quelques clients puis revint prendre sa place.

- Donc... Quelle est la nature de ce fossé qui vous sépare du commun des mortels ? L'éducation, le pouvoir, la proximité avec les dieux ? Ou bien simplement votre morale ? De mon expérience la vertu au sein d'un peuple peut être un vice au sein d'un autre... Quelles sont les vertus que vous entendez préserver des vicissitudes de cet univers ?

Aldiel n'appréciait pas particulièrement ceux qui se croyaient au-dessus de tout, mais HypanatoÏ l'intriguait et elle avait envie de comprendre d'où lui venait cette attitude. Parmi les êtres les plus puissants qu'elle avait rencontré, l'elfe en avait vu des humbles comme des orgueilleux. Mais elle avait aussi des vu des prétentieux qui n'étaient pas aussi importants que ce qu'ils imaginaient. De ce qu'elle savait du combattant aveugle et de ses rapports de mission, il avait au moins pour lui une certaine aptitude au combat.
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C’était là. Là. Devant lui. Là. Impossible, comme toujours, à ignorer. Ici. Il pouvait l’entendre parler, et sentir le souffle de ses poumons qui formaient les mots consacrés. Les mêmes qu’à chaque fois. Il prit une dernière bouchée de son assiette, et, l’ayant terminée, reposa ses couverts. Il posa ses doigts autour de la base de son verre, et bu. Le liquide n’avait pas le gout du soleil et des siècles d’expériences. Il n’avait pas l’odeur de la terre dure des coteaux de son foyers. Il le trouva trop doux. Il reposa son verre. Il écouta la fin du discours d’Aldiel. Elle posait des questions, mais il pouvait déjà voir la réaction qu’allait provoquer ses réponses : ils posaient toujours les mêmes questions, de la même façon, et lui ne pouvait que donner les mêmes réponses. Il avait espéré trouver ici quelqu’un de plus ouvert, de plus capable de le comprendre. De comprendre, tout simplement. C’était comme souvent sa nature optimiste qui l’avait poussé à espérer autre chose que ce qu’il était ici en droit d’attendre. Comme à chaque fois, il allait se promettre d’aller contre cette dernière. De se rigidifier, et de se faire plus solide. Il n’avait beau pas être taillé dans un gros bloc de granit monolithique, c’était là ce vers quoi il devait tendre. Il la regarda se lever. Elle parlait, mais n’était pas vraiment là. Comme les gens d’ici, elle posait des questions pour satisfaire sa curiosité, et le poids de ses mots était pour elle comme de la fumée. Il se saisit du couteau à viande qu’il avait utilisé pour manger, et le nettoya soigneusement sur les rebords de l’assiette. Une fois par face, puis deux. Puis trois, jusqu’à ce qu’il sente que plus rien de maculait la lame. Gardant l’outil en main, il reprit la parole, sa voix portant à ses propres oreilles comme un écho lointain :

« Mon peuple a tué ses dieux. Les a vidé de son sang. Encore aujourd’hui, les plus méritants d’entre nous boivent l’Ichor Sacré. Deviennent non pas des dieux, mais des divins. »

Il serra sa main libre autour de la lame du couteau, jusqu’à sentir sa peau se rompre. Quelques gouttes d’un sang lourd et épais coulèrent de son poing, percutant le bois de l’assiette avec un bruit mou de clapotement. Son liquide avait été doré, un jour. D’un doré brillant, qui défiait avec fierté les couleurs de l’or des couronnes qui ceignaient les front des rois et illuminait les matins sans nuages. Il n’était plus sûr de la couleur qu’il avait, aujourd’hui. Il savait simplement qu’il n’était pas rouge. Qu’il n’avait pas totalement repris les couleurs de la mortalité. Il refusait même de considérer cette horrible possibilité.

« Vous me demandez ce qui me sépare du commun des mortels. La question est posée dans le mauvais sens : la liste à dresser serait moins longue si vous me demandiez ce qui me rapproche d’eux. Je pourrais alors vous le dire : je mange. Je bois. Je dors. Mais cela est autant un point commun avec eux que ça l’est avec les oiseaux ou les bœufs. Le reste est différent. Pour devenir ce que je suis, ou ce que j’ai été avant ma chute ici, j’ai dû me séparer de ce qui faisait de moi un mortel. J’ai dû aiguiser mon esprit, le briser et le reconstruire. J’ai dû surmonter des épreuves qui m’auraient jeté à bas si j’avais toléré la moindre faille dans ma personne. Aujourd’hui, je ne sais plus ce que je suis. Les enchantements des divinités jumelles m’ont amputé de ma divinité, et Portalia n’est pas un endroit permettant de la regagner. »

Il reposa le couteau dans son assiette, et essuya sa main sur la table. Son sang coagulait rapidement. Bientôt, il ne resterait plus de trace de sa blessure. Il reprit la parole, se reconcentrant sur le présent.

« Vous parlez de vice et de vertu, et je ne peux qu’approuver. Mais je vous le demande alors : comment puis-je faire pour regarder Portalia avec clémence ? La quête qui scarifie les mondes et aspire les égarés existe depuis deux-mille ans. Aucun progrès n’a été fait. Nous sommes face à deux entités aux pouvoirs défiant ceux des dieux les plus puissants. Personne ne prend le sujet avec gravité. Les gens acceptent simplement leur condition, comme autant de bovins dans un grand troupeau indolent. Les Dark Souls ne s’en détachent que par l’apparence : ils gesticulent et font du bruit et du vent, mais comme le reste de la cité, sont restés pendant des siècles totalement improductifs. Et vous-même, fit-il en levant une main apaisante, parlez de recherches, comme si ce que vous pouviez apprendre avait la moindre valeur : les règles même qui régissent notre existence ne peuvent plus être considérées comme certaines. L’Ordre et le Chaos s’en jouent. Vous dites douter qu’il soit possible de remonter dans le temps, quand ces derniers ont prouvé que ce concept n’avait pour eux aucune valeur tangible : vous pouvez, demain, croiser ici aussi bien vos ancêtres que les descendants de vos descendants. »

Il marqua une pause, et inspira profondément. Sans doute s’était-il quelque peu laissé emporter, comme à chaque fois qu’il consentait à s’ouvrir quelque peu, et à parler de ces choses. Il reposa la main qu’il avait levé sur la table, se forçant à ne pas l’aplatir avec force sur cette dernière. Il y avait tant de choses à dire encore, tant de concepts à expliquer. Il n’était simplement pas certain d’en voir l’utilité. Il choisit donc de rester silencieux, et de voir ce que l’elfe pouvait déjà lui répondre. Il se prit à espérer qu’elle pourrait se montrer, sinon convaincante, au moins pertinente. Puis, il supprima cet espoir. Il lui avait fallu quelques secondes de silence avant de redevenir optimiste.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 8 Juil - 12:05, édité 1 fois
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descriptionLa vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé) EmptyRe: La vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé)

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Hypanatoï n'avait pas tord, Aldiel avait jusqu'ici parlé avec une certaine légèreté, mais la cause était plus la lassitude que l'ignorance. Cependant, les réponses de l'aveugle l'invitèrent à plus de gravité. Il lui semblait être quelqu'un capable de partager son niveau de réflexion sur l'état du monde dans lequel ils se trouvaient. Elle écouta en silence, regardant le sang d'un rouge mordoré s'écouler lentement dans l'assiette.

La plupart des mortels auraient été stupéfaits par le récit d'Hypnatoï, d'autres horrifiés par l'idée de tels actes sacrilège ou bien tout simplement incapable de concevoir que la mort d'un dieu soit possible. Pour Aldiel, ces faits rendaient Hypanatoï plus intéressant qu'il ne lui avait semblé au premier abord. Cela signifiait qu'il n'était pas un simple soldat fanatique mais qu'il était de ceux qui forgeaient leur propre destinée et qui étaient capables de remettre en cause l'ordre cosmique. C'était un désir qu'elle pouvait comprendre.

- Votre peuple devait avoir ses raisons pour se débarrasser de ses dieux. Il en fut certains dans mon monde que j'aurais bien aimé voir disparaître. Je n'aime guère ceux qui prennent un plaisir sadique à jouer avec leurs créations.
La voix de l'elfe était désormais plus lente, plus profonde, plus dure.

- Je ne peux prétendre imaginer à quoi ressemblait votre vie, mais je peux concevoir votre frustration... J'ai également perdu mes pouvoirs et tout ce pourquoi je me suis battue corps et âme pendant des siècles. Plus on s'élève, plus dure est la chute, n'est-ce pas ?

Elle prit une gorgée de vin et poursuivit.

- Si les règles de cet univers vous semblent instables, peut être est-ce simplement que vous ne les comprenez pas encore. Pour ma part, j'ai l'impression que ce monde a des similarités avec le mien. Et je maintiendrais que défier le temps n'est pas si simple. Même avec une puissance infinie, il demeure quelques impossibilités théoriques. Les voyages temporels créent trop de paradoxes, à moins d'envisager que chaque univers se scinde régulièrement en lignes temporelles distinctes, telles les branches d'un arbre-monde... C'est possible, mais si je croise un de mes ancêtres, il ne viendra pas vraiment de mon univers car s'il était ici, il n'aurait pas pu me donner naissance. Et de même pour mes descendants car j'ai déjà enterré tous les miens. Ce seront au mieux les enfants d'une autre version de moi-même.
Aldiel se mit à fixer le sang qui séchait dans l'assiette en face d'elle. Il ne prenait pas la couleur brune et terne du sang humain, mais formait de petites flaques métalliques aux reflets cuivrés qui éclaboussaient jusqu'au couteau à viande. Le regard de l'elfe se fit vague et son esprit s'égara un instant dans une vision : Hypanatoï qui lui ouvrant la gorge avec le geste sûr du chasseur. Elle n'avait pas peur de lui, c'était une pulsion, un désir soudain de mort. L'envie de quitter ce monde absurde pour rejoindre dans le néant tous ceux qu'elle avait aimés.

Le renard de l'elfe s'approcha, alerté par la légère augmentation du rythme cardiaque de sa maîtresse. Il tira un peu sur sa manche et fourra sa truffe dans sa main pour la ramener à la réalité. Aldiel cligna des yeux et caressa la fourrure de son familier. Tout n'avait duré qu'un instant. Elle se leva pour débarrasser l'assiette d'Hypanatoï, espérant se débarrasser avec elle des visions sanglantes qui attendaient à la frontière de sa conscience. Elle profita de son passage aux cuisines pour reprendre ses esprits. Quand elle revint, l'elfe parla d'un ton qui semblait à nouveau détaché. Mais ce n'était là que le moyen qu'avait trouvé son esprit pour ignorer la tournure dramatique qu'avait prise sa vie.  Elle croisa le mains sur la table et reprit comme si elle faisait un exposé des faits en sa possession.

- Donc. La quête existe depuis deux-mille ans, soit. Mais le combat a probablement commencé depuis bien avant... Pourquoi autrement ce continent serait-il une pareille ruine ? Pour des entités supérieures, ce monde n'est probablement qu'un champs de bataille. Ce qui fait de nous des pions. Alors peut-on vraiment reprocher aux gens d'ici de ne pas se soucier de conflits cosmiques qui les dépassent ? A l'échelle d'une vie de mortel, il est tout à fait logique d'accepter son sort et de faire le minimum nécessaire à sa survie. La majorité des gens n'ont qu'un infime espoir de voir la Quête aboutir de leur vivant, ou de développer la puissance de s'y opposer réellement. L'horizon certain de la mort pousse chacun à se battre, à aimer, apprendre, explorer... bref à continuer à vivre comme ils le peuvent. Pour ma part je ne compte juger personne.

- Quand à la valeur de ce que je pourrais être amenée à apprendre, et bien... L'appréciation de la valeur est toujours subjective. La connaissance a pour moi une valeur intrinsèque, j'en tire de la satisfaction. J'aime bien la zoologie mais j'ai aussi un faible pour ce qui touche à l'espace-temps. Par ailleurs, je crois la connaissance nécessaire à l'élargissement des possibilités d'action. Pour le formuler autrement : Préférez-vous mourir en aventurier dévoré par un Gishath, en civil abattu par la fièvre et la famine, ou en chercheur essayant d'ouvrir un portail vers un autre univers ? Je n'ai pas encore fait mon choix en la matière, mais j'aime avoir des possibilités. Conclut l'elfe en remplissant à nouveau leurs deux verres de vin.
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descriptionLa vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé) EmptyRe: La vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé)

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Elle commenta brièvement ce qu’il lui avait révélé de son peuple et de lui. De son peuple, et de ses raisons d’avoir tué ses dieux. Hypanatoi avait prêté publiquement serment, et depuis, il n’avait plus jamais menti. Ce n’était pas parce qu’il était animé d’un amour particulier de la vérité. Comme tous les gens amenés à prendre des décisions, il comprenait parfaitement que la duplicité et la ruse étaient des armes utiles. Certains paragoï s’étaient même illustrés par leur maîtrise de ces outils. Il avait cessé de mentir, pour une raison particulièrement pragmatique : c’était toujours la vérité la plus impudiquement dénudée qui blessait efficacement, plus que les mensonges mêmes les plus habiles. Plus encore, ses interlocuteurs, quand il comprenait que les mots qui sortaient de la bouche du paragoï étaient immanquablement sincères, changeaient d’attitude. Et cela, il pouvait aisément l’exploiter. Il n’avait de toute façon jamais été un très bon menteur. C’était là d’ailleurs un de ses grands paradoxes : il se voyait clairement, et connaissaient ses forces majeures. Les chants innombrables qui narraient ses exploits parlaient de force. De son endurance. De son habileté martiale. De ces grandes qualités. Ils n’avaient pas tort, bien sûr. Mais ses vrais atouts, ses véritables points forts, ce qui le séparait du reste de ses semblables, étaient tout autres. Il était patient. Il pouvait supporter les pires indignités, simplement en serrant les dents, en refroidissant sa colère, et en gardant à l’esprit ses objectifs. Il avait une vision. Il lui était simple de comprendre les gens, de voir ce qui composait les êtres et les choses. Tout n’était toujours qu’une simple question de récurrence et d’assemblages, et les systèmes les plus complexes pouvaient immanquablement être désassemblés.

Plus important que tout cela, il se haïssait.

Ce n’était là une blessure à l’ego. C’était un dégout savant et artificiel, quelque chose qu’il avait longuement orchestré. On lui avait toujours expliqué que le but ultime de sa caste, des paragoï, était de tendre autant que possible vers la perfection. L’objectif était paradoxal et cruel : l’atteindre était impossible, mais ne pas le faire était honteux. La conclusion de cet énoncé lui avait alors semblé parfaitement évidente. Tant qu’il ne serait pas parfait, il ne serait pas abouti. Pas complet. Pas digne de s’apprécier.

Il regarda la personne qui lui faisait face. Elle avait parlé d’incompréhension de sa part, en tentant de lui expliquer certaines règles. Il ne pouvait pas lui en vouloir : le concept qu’il avait tenté de lui transmettre était complexe, et plus que cela allait à l’encontre de ce que l’esprit était naturellement fait pour comprendre. Il avait tenté, quelquefois, de l’expliquer à des habitants de Portalia, choisissant parmi la population locale des échantillons qui lui avaient semblé plus éveillés. A chaque fois, il s’était heurté à un mur d’incompréhension. C’était comme si cette idée ne parvenait pas à s’imprimer dans leurs esprits, comme si d’un seul coup leurs consciences s’effondraient sur elles-mêmes. Peut-être était-ce là un signe supplémentaire des choses qui le séparaient des mortels. Son esprit n’avait après tout plus grand-chose à voir avec ce qu’il avait été avant qu’il n’entame sa longue transformation. Il ne doutait malgré cela aucunement des capacités d’Aldiel. Elle était éduquée, cela lui paraissait certain. Mais de manière assez étonnante, elle semblait voir le monde comme quelqu’un qui venait de ces mondes privés de magie. Il fronça les sourcils, et chercha ses mots. Peut-être pouvait-il pour tenter de se faire comprendre utiliser l’exemple qu’il avait employé auprès de son médecin.

« Nous mourrons tous, fit-il le temps de se décider. C’est inévitable. Pour ma part, je souhaite le faire au combat, contre un adversaire digne, dans des circonstances dignes. Mais là n’est pas la réelle question. Mourir n’est que la conclusion de l’histoire, et ces gens ne vivent pas. Ils attendent le jour de leur mort. Je ne dis pas que tous doivent se faire pareils aux héros les plus glorieux. Mais le plus humble potier de mon monde serait capable de couvrir de honte n’importe quel individu ici. Mon peuple considère qu’un jour qui se termine sans avoir été l’occasion de s’améliorer est vu comme un jour honteux. Mais passons. »

Il marqua une courte pause, avant de prendre une plus grande inspiration, et de reprendre :

« Laissez-moi reformuler mon propos précédent, et parler de la nature du savoir. Pour cela, prenez patience, et écoutez cette histoire. Un chasseur, précis et ordonné, vise un sanglier coriace de son arc. Sa flèche le transperce, mais ne l’abat pas. Il tire de nouveau, et le trait se plante à dix centimètres du premier. Il recommence, encore et encore, jusqu’à finir par arriver à bout de l’animal. Sur le cuir de ce dernier vit une communauté de parasites. Le plus sage d’entre eux, regardant les marques perforant le cuir du porc, s’exclame doctement : le monde est ainsi fait que tous les dix centimètres, un grand trait monte vers les cieux ! Notre compréhension du monde est ainsi nécessairement limitée par notre capacité à le percevoir. Ces règles que vous entendez comprendre et considérer comme liante, vous n’avez aucune assurance qu’elles ne soient pas simplement l’émanation de la volonté d’entités supérieures, ou simplement un phénomène très localisé, que ce soit dans le temps ou l’espace. Mon peuple a depuis longtemps déterminé que ces deux constantes étaient loin d’être des fonctions immatérielles, voire simplement séparées. Prenez par exemple votre théorie sur les implications du voyage temporel. Vous dites vous-même ne pas avoir essayé ce dernier, voire douter de sa possibilité, et malgré cela vous venez d’établir nombre de règles le concernant. Pourquoi une même personne devrait-elle nécessairement être une version différente d’elle-même ? Qu’est-ce qui l’empêche d’exister simultanément à plusieurs endroits, plusieurs temporalités différentes ? Nous savons par exemple que l’état d’ubiquité est possible, que ce soit ou non via l’influence de la magie. Pour conclure, laissez-moi dire cela : le temps n’est pas une ligne. Ce n’est pas une courbe, ou un système d’embranchements. C’est une masse amorphe. Une grosse soupe, si vous préférez, ajouta-t-il en tentant d’esquisser un sourire amical. Et il me semble très logique de penser que l’Ordre et le Chaos sont des cuisiniers dotés de louches particulièrement grandes. »

Il le gomma rapidement. Ses sourires amicaux étaient rarement bien reçus. On lui avait souvent dit que malgré ses bonnes intentions, c’était encore ses expressions austères et graves qui étaient les mieux perçues. Son humour, également, faisait rarement mouche. Il se rappelait de plusieurs fois où son ancien frère de serment lui avait demandé de faire des plaisanteries. Ces requêtes n’avaient jamais eu pour but de détendre l’atmosphère.
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Aldiel opina en sirotant son vin. Elle pouvait comprendre le désir de mourir dans un combat digne de ce nom. Portalia offrait sans doute de nombreuses opportunités de ferrailler, mais Aldiel doutait pour l'instant que les luttes qui se menaient sur ce continent vaillent la peine de donner sa vie. Du moins selon ses critères personnels. Hypanatoï avait peut-être une autre vision du genre d'adversaire sous les coups de qui il n'est pas honteux de mourir.

L'objet de la discussion revint rapidement à des considérations plus complexes. La petite parabole du chasseur et des parasites fit sourire l'elfe. Elle comprenait ce qu'il voulait dire, c'était même trivial, mais elle appréciait la pédagogie de la petite histoire. Finalement, la métaphore de la soupe temporelle la fit éclater d'un rire sincère quoique teinté d'ironie.

- Vous allez me rendre encore plus nihiliste que je ne le suis déjà ! Des grosses louches... L'argument est imparable ! Et si les cuisines du Rex étaient un univers, Patrick serait le Chaos en personne.

L'elfe se redressa et croisa les mains sur la table, tachant de reprendre sur un ton plus sérieux.

- Vous abordez là beaucoup de questions différentes : la nature du savoir, voire de la vérité, les limites de notre capacité à y accéder, et même la nature de l'existence... Donc soit, soit... Je n'ai pas les réponses à vos question, je spécule en partie, mais ne faites-vous pas de même ?

Aldiel réfléchit un quelques instants et s'appuya un peu plus contre le dossier de sa chaire.

- Ah, l'Ordre nous a donné une langue commune mais cela ne veut pas dire qu'il est aisé de se comprendre. Donc... Pour répondre à vos remarques : Oui, les règles dont je parle sont l'émanation d'une entité supérieure, le dieu du temps de mon monde notamment pour le sujet qui nous intéresse. Oui, on peut parler de phénomène localisé puisque je parlais de mon monde d'origine et non d'un autre. Il n'y a en effet aucune de raisons de penser que la nature des choses reste la même d'un univers à l'autre. Il est même surprenant de rencontrer des formes si semblables...

- Mais pour revenir à notre point de départ, à savoir pourquoi je pense qu'il m'est impossible de retourner dans mon monde. Il faut noter premièrement que mon monde a été détruit par des entités que l'on pourrait comparer à l'Ordre et au Chaos. Deuxièmement, le temps tel qu'il avait été conçu dans mon monde pouvait être ralenti, accéléré, figé... Il se comportait parfois différemment dans les différents plans d'existence. On pouvait aussi ramener les choses à un état antérieur... mais jamais à un instant antérieur. En somme, mon monde n'a jamais eu trace d'un quelconque voyage temporel depuis la création du temps lui-même, et ce malgré les tentatives. Et j'en ai fait quelques unes. En revanche nous avons eu quelques visiteurs échoués d'autres univers... Dont un qui tentait d'ailleurs de retourner dans le passé de son monde. C'est tout cela qui me fait dire qu'il est improbable que je revoie mon monde un jour. Ce n'est là que mon humble perception de reine des puces. Si vous souhaitez m'exposer davantage votre théorie de la grosse soupe et le fonctionnement des grandes louches, je suis toute ouïe.
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L’esprit d’Aldiel était agile. Sans doute bien plus que le sien. Hypanatoi se connaissait bien, et il savait que s’il n’était pas stupide, son intelligence n’était pas la première de ses qualités. Malgré cela, il semblait qu’elle peinait à saisir certains concepts, ou du moins qu’elle ne le faisait que partiellement. Sa capacité à comprendre les informations qui lui étaient communiquées était biaisée par le fait qu’elle se raccrochait encore à des notions jusque-là vues comme immuables. Il n’était pas certain, en plus de cela, de la bonne manière de formuler ce qu’il voulait lui dire. Ces observations, qui chez lui relevaient du domaine public, semblaient particulièrement difficile d’accès aux autres peuples. Il aurait sans doute eu besoin de plusieurs longues heures pour expliquer de manière détaillée ce qu’il avait essayé de faire comprendre par un exemple ludique. La tâche était rendue plus complexe par le fait qu’il n’était pas certain de l’état des connaissances de l’elfe. Les anciens érudits de son pays avaient par exemple théorisé l’existence des particules qui composaient la matière en regardant comment le vin et l’eau se mélangeaient. La production d’outils enchantés permettant la confirmation de cette idée avait rapidement suivi. Malgré la simplicité autant de la réflexion qui menait à ce présupposé que de la conception d’un mikreiokospiö, il savait que cette idée n’était pas très répandue dans les mondes. Et cela était perturbant : combien d’autres savoirs élémentaires manquaient à ces gens ? Leur état de décrépitude morale était facile à quantifier, et plus encore à percevoir. Mais il avait la chance de ne pas pouvoir scruter l’intérieur de leurs esprits, et ne savait donc pas à quel point l’état de leur instruction était lacunaire.

Ces gens étaient-ils constitués des mêmes éléments essentiels que lui ? Il en doutait parfois, et lui n’avait pas les moyens techniques de reproduire les outils dont il aurait eu besoin pour le vérifier.

Plus que cet exemple, il voyait Aldiel expliquer que le temps émanait du dieu de son monde. Cela aussi était différent. Les dieux naissaient, et mourraient, chez lui. Le temps n’était pas une fonction qu’ils créaient. Ils s’assuraient simplement, quand c’était là leur attribution, de la sauvegarder. Mais les règles changeaient, même dans son monde. Le temps n’était pas une constante linéaire, qui s’exerçait partout de la même manière. Et il n’était pas nécessaire de passer d’un cosmos à l’autre pour le voir. Cela aussi, il était assez peu certain au vu de ses déclarations qu’elle le comprenne. S’il voulait pouvoir expliquer sa pensée, il avait besoin de savoir quelles étaient les bases maîtrisées par son interlocutrice. Et surtout, de lui faire comprendre que les règles de son monde, et de celui-ci, étaient assujetties aux caprices de l’Ordre et du Chaos. Ces derniers avaient la puissance nécessaire pour s’en jouer. Pour traverser les barrières qui séparait les mondes. Malgré d’âpres recherches, il ne lui semblait pas que cet exploit n’ait jamais été reproduit par d’autres entités. Si c’était le cas, les érudits qu’il avait engagés pour accomplir certaines recherches à ce sujet n’avaient rien trouvé.

« Cela serait ardu. Je me rends compte que j’ai sans doute péché par empressement. Le temps, en tant que règle ou influence, n’est pas une constante. Il serait extrêmement long de l’expliquer, et c’est là un travail pour les érudits de mon monde. Comme vous vous en doutez certainement, ma spécialité est bien moins abstraite. Ce qu’en revanche je sais, et suis capable d’affirmer avec la plus grande sureté, c’est que les règles qui peuvent sembler immuables ne le sont pas pour l’Ordre et le Chaos. Ils peuvent les changer, et en vérité je doute qu’ils les perçoivent comme nous, ou simplement qu’ils comprennent ce genre de concept. Tenter de comprendre ces créatures, ou la façon qu’elles ont d’exister et d’influer sur les univers serait très vain. »

Il fit tourner l’espace d’un instant le vin qui remplissait de nouveau sa coupe dans cette dernière, avant de boire de nouveau, et de la reposer sur la table.

« Si cela peut vous rassurer, je vais les tuer, et boire leur sang. »

Il ne savait pas encore comment. Ce qu’il percevait de ces deux créatures le faisait se questionner, et il n’était en vérité même pas certain qu’elles possèdent une manifestation physique. Cela ne serait pas un problème. Il trouverait un moyen, comme toujours. Il le ferait, parce qu’il le devait. Le reste n’était que vaines considérations et apoplexie de la volonté. La seule véritable inconnue, la seule chose qui le perturbait réellement, était de se demander si une créature existait encore plus haut sur le grand totem des univers. L’idée que la divinité bicéphale et malfaisante, qui avait déjà fait la preuve de sa puissance supérieure sur le reste des dieux, ne soit pas la plus dangereuse était fascinante. Il espérait sincèrement que ce soit le cas.
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- Ah... Je crois qu'assister au spectacle de votre tentative sera divertissant. Dit l'elfe avec un sourire presque sauvage. Et je suis curieuse de voir comment vous compter mettre fin à l'existence de ces entités sans en comprendre la nature, et vous approprier leurs pouvoirs sans étudier comment celui-ci s'exerce que les univers. Peut-être y a-t-il là quelque chose qui m'échappe. Enfin, j'ai bien conscience qu'il y a nombre de savoir qui sont probablement hors de mon champs de compréhension. Cela ne m'empêche pas d'envisager d'y accéder un jour, tout comme vous avez l'ambition - d'apparence tout aussi vaine - de combattre des entités dont la puissance approche de notre point de vue l'omnipotence. Mais je pense que votre détermination dépasse sans aucun doute la mienne.
Aldiel observa le visage impassible du divin déchu qu'elle avait en face d'elle. Il semblait particulièrement sûr de lui tout en faisant des affirmations qui lui paraissaient paradoxales. Il affirmait certaine choses sur l'Ordre et le Chaos tout en prétendant qu'il était impossible de les comprendre. Aldiel était ouverte à remettre en cause sa propre logique mais  elle n'arrivait encore à déterminer si Hypanatoï avait réellement une expérience qui dépassait la sienne ou bien s'il était simplement arrogant.  

- En tout cas, si vous souhaitez faire la tentative de m'exposer plus en détail votre compréhension du monde j'y suis disposée. Du temps, qu'importe sa nature, j'en ai en abondance. Mais pour ce soir... je crois que vous ne me payez pas pour discuter cosmologie. Dit-elle en jetant un œil à la salle où attendaient quelques nouveaux clients.
Elle termina son verre de vin, s'excusa auprès d'Hypanatoï et reprit son service. L'elfe ne faisait qu'un travail de serveuse mais ses pas et ses gestes souples avaient une précision quasiment martiale. Elle n'exécutait aucun mouvements inutiles, chaque chose prenait naturellement sa place et aucune goutte ne débordait d'aucun des verres qu'elle servait.

Alors qu'elle arrivait avec un plateau plein de choppes de bières pour un groupe de jeunes aventuriers en herbe qui venaient s'enjailler dans la fameuse taverne "Le Rex", celui qui se trouvait le plus proche d'elle lui pinça les fesses. Perdant immédiatement son sourire, Aldiel leva les yeux au ciel et repartit poser son plateau au comptoir avant de revenir toucher deux mots au petit importun.

L'elfe avait remarqué que quand ce genre de choses arrivaient les autres serveuses avait honte d'être traité de la sorte, elles n'osaient pas protester et se contentaient de faire comme de rien était, de s'enfuir au plus vite, ou bien elles allaient se plaindre à Patrick. Aldiel comptait pour sa part inculquer directement un peu de respect à son nouveau client et lui faire sentir que la honte devait se trouver de son côté. Elle se planta devant le jeune homme et le confronta aux faits.

- C'est vous qui m'avez pincée les fesses ?

- Ben heu...

- Oui ou non ?

- Oui...

- Pensez-vous que c'est approprié ?

- Oh, ça va, faut pas être coincée... Louvoya-t-il en espérant faire rire ses compagnons. Certains sourirent.

- Mauvaise réponse, jeune homme. A ce que je sache, nous n'étions pas en train de flirter. La réponse correcte est donc non, car le corps d'autrui n'existe pas pour votre amusement personnel. Voici maintenant vos options : Vous vous excusez platement et jurez que cela ne se reproduira pas ou bien je vous met tous dehors et je veillerais à ce que vous et vos amis ne remettent plus les pieds ici. Si vous voulez toucher les charmes d'une demoiselle, il y a des établissements avec des professionnelles proposant ce genre de services.

La menace d'une exclusion collective sembla faire son petit effet sur le groupe qui lorgnait les bières restées hors de portée. Les compagnons du fautif cessèrent de sourire et de supporter leur camarade, d'autant plus que les habitués du Rex commençaient à regarder d'un œil désapprobateur les jeunots qui semblaient ennuyer leur nouvelle serveuse préférée.

- Vas-y c'est bon, excuse-toi... on va pas y passer la nuit !

- D'accord, d'accord... Désolé...

L'elfe secoua la tête, insatisfaite.

- Il faut donc aussi vous apprendre à vous excuser correctement ? Voici une suggestion :  "Dame Aldiel, Je vous prie de m'excuser pour mon comportement irrespectueux et je vous promet que cela ne se reproduira plus."

- Eh, ça va ch'ui pas un gosse !

L'elfe posa fermement une main sur la table et se pencha vers lui avec un sourire qui devenait intimidant.

- Oh si vous l'êtes... Autrement je serais moins beaucoup moins gentille avec vous.

Le garçon avala sa salive et finit par répéter mot pour mot la phrase qu'elle lui avait proposé. Finalement satisfaite, Aldiel rapporta les boissons, souriant à nouveau.

- Passez une bonne soirée, mais retenez la leçon.

Puis elle retourna sereinement vaquer à ses occupations.
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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLa vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé) EmptyRe: La vérité la plus liquide (Aldiel) (Terminé)

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Hypanatoi n’était pas certain de comprendre où se situait le blocage. S’il était à peu près évident, au vu de l’évolution de la manière de parler d’Aldiel, qu’elle se sentait agressée, pour ne pas dire remise en question, c’était là très loin d’être son intention. Il se savait particulièrement maladroit lorsque venait le temps d’exposer certaines choses à l’oral, et avait tenté de prendre certaines précautions. De rendre son discours plus accessible, de l’émailler d’exemples et de tentatives humoristiques. D’éviter de développer trop longuement des concepts complexes. Cela sans doute n’avait pas été suffisant, ou en tout cas suffisamment bien fait. La serveuse, avant de se lever, venait de le fustiger en lui indiquant de manière assez directe le peu de foi qu’elle plaçait en ses capacités à tenir sa promesse. Il pouvait le comprendre. Les portaliens, pour une raison qui le dépassait, avaient un besoin impérieux lorsqu’ils se sentaient menacés de modifier leur perception du réel. Arriver à la vérité, pour ne pas mentionner la vertu, ne comptait plus pour eux. L’important était de paraître avoir remporté la confrontation (même fantasmée), et mieux encore de s’en convaincre. Il découvrait en ce moment, après la déliquescence du discours de son interlocutrice, qu’il avait dû lui paraître agressif, ou au moins difficile à supporter, et que cela avait provoqué en elle ce réflexe de préservation. Il s’accorda un instant de réflexion, tout en l’écoutant, pour essayant de comprendre ce qui avait pu à ce point perturber la créature qui se levait et prenait congés de lui. Il hocha distraitement la tête dans sa direction, lui indiquant tout de même qu’elle avait son autorisation de reprendre le travail.

La retraite était assez disgracieuse, mais il pouvait le lui pardonner. Il avait pris l’habitude, depuis quelques mois, de ce genre de choses, et savait qu’il ne pouvait raisonnablement espérer autre chose. Qu’il devait faire preuve de mansuétude.

Il décida de laisser cela de côté. Il avait besoin de tranquillité et de peau pour réfléchir à une manière plus pertinente de faire comprendre les choses à l’elfe. Le fait qu’elle n’ait pas réalisé qu’il ne parlait pas de cosmologie était en soi la preuve de son incapacité à s’exprimer. Il retint un soupir, et but une nouvelle gorgée de vin. Une constante appréciable, dans cette ville dépourvue de sens. Devait-il réellement poursuivre ses tentatives ? Il la regarda évoluer, et se diriger les bras chargés de consommations vers un groupe de clients. Elle semblait, sinon heureuse, au moins accordée à son élément, ici. L’un d’entre eux lui pinça les fesses, ce qui provoqua une réaction immédiate. Il l’écouta converser avec les aventuriers, les menacer et corriger leurs erreurs. La scène était amusante, et empreinte d’une certaine ironie. D’une symbolique sans doute assez cruelle. Mais un bar n’était pas un bon endroit pour passer d’un thème savant à un autre, et il décida à la place de finir son verre. Sa bouteille était vide, maintenant, et il supposait que cela marquait la fin de ses affaires ici.

Laissant la parenthèse se refermer, il se releva, et déposa sur la table quelques pièces. S’il n’avait pas besoin de payer une bouteille qui lui appartenait, il voulait au moins laisser derrière un signe de son appréciation. La conversation, si elle n’avait pas été productive, avait au moins été révélatrice. Son avis sur les tavernes ne s’en trouvait certes pas changé, mais au moins pouvait-il penser que celle-ci serait un peu plus respectable que la norme. Il se leva, et se dirigea derrière le comptoir, contemplant les bouteilles qui y trainaient. Toutes semblaient encore présentes et intactes, et s’il était bien incapable de déterminer sans les soulever si elles avaient été entamées ou non, il espérait que Patrick ne se montrerait pas assez fou pour oser toucher à sa réserve. Les conséquences, en cas de manquement, seraient proprement dramatiques. Il en sélectionna une, et la plaça sous son bras, avant de quitter les lieux.
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