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Les volatiles aigris [Malble]

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Hypanatoi Konostinos
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« Tu devrais courir. »

C’était ainsi qu’il s’était exprimé à son interlocuteur, quand il lui avait dévoilé qui il était. Il doutait sincèrement que son nom, annoncé de manière très sommaire, n’évoque grand-chose dans la calebasse évidée de ce dernier. Mais il n’en avait pas besoin. Il lui avait parlé, un grand sourire chaleureux déformant son visage, et il lui avait raconté des choses qui elles raviveraient des souvenirs. Il lui avait parlé de ce qu'il avait appris aux côtés de Derek Ravencross, de sa compatriote, enlevée et violée et mise à mort sur les ordres d’un riche habitant de la citée. Il lui avait expliqué que ses complices l’avait poursuivi, à plusieurs, la nuit, à travers la neige et la tempête, jusqu’à l’acculer dans une grotte. Qu’ils avaient attiré un monstre pour la tuer, parce qu’eux-mêmes ne le pouvaient pas. Et quand l’homme avait voulu se saisir de son arme, poignarder Hypanatoi et fuir dans les recoins obscurs et oubliés dans lesquels la vermine de son espèce se terrait, il avait broyé son poignet, et étouffé en saisissant sa mâchoire le hurlement subséquent de douleur. C'était là une idée stupide, mais compréhensible : le paragoï était désarmé, et vêtu seulement d'une toge. Il n’en avait pas terminé, et il voulait s’assurer que le misérable comprenne bien ce qui était en train de se jouer. Il allait mourir. Cela faisait partie des certitudes les plus assurées, s’inscrivant sur la même liste que le lever et le coucher quotidien du soleil. Mais ce n’était pas important. D’abord, il devait comprendre ce qui allait se passer. Alors Hypanatoi s’était exprimé, aussi clairement que possible, retenant la colère qui infusait toute entière son corps depuis qu’il avait appris le destin de Kemat. Il s’était retenu de broyer les os du bestiau qu’il avait en face de lui, et de plonger ses pouces dans ses orbites. Il s’était retenu de le jeter à terre, et de lui faire partager toute la science qui était la sienne. Il avait après tout une connaissance poussée de l’anatomie humaine.

Non. Il n’avait rien fait de tout cela. Il lui avait expliqué qui il était, afin que l’autre puisse associer un homme bien tangible au nom qui lui avait été fourni. Il lui avait parlé du destin de ses amis. Il lui avait demandé s’il connaissait bien Vaegar Wulgarseönn. Il lui avait parlé de ses derniers instants, et de ceux de son autre ami, dont il ne s’était pas embarrassé du nom. Il lui avait expliqué comment il avait couvert son visage du sang rendu par son cœur. Comment il avait voué son âme à ses dieux, comment il l’avait sacrifié comme un animal. Comment le premier avait été étranglé, lentement, précautionneusement, et comment le second s’était étouffé dans son sang. Il lui avait parlé de tout ça, et il lui avait dit que son destin était maintenant celui-là. Et puis, il lui avait offert un choix. Un choix simple. Le suivre chez lui, et poser sa nuque dénudée sur son autel. Accepter d’être mené à l’abattoir comme un bœuf docile. Ou bien lutter contre l’inévitable. Sans grande surprise au vu de son peu de sagesse, l’homme avait choisi la seconde option. Alors Hypanatoi l’avait-il conseillé, de cette voix douce qui était la sienne lors de ses plus apocalyptiques moment de fureur. Il s’était penché vers lui, et tout en lâchant enfin le poignet qu’il pulvérisait dans son étreinte cruelle, lui avait donné ce conseil paternel.

Et l’autre s’était mis à courir. Il avait couru, une jambe devant l’autre, haletant, tenant contre lui sa main inutile, poussant les badauds interloqués incapables de se sortir suffisamment rapidement de son chemin de l’épaule. Et derrière lui Hypanatoi l’avait suivi, concentrant sur lui sa vision supérieure, se repaissant de ses halètements et de l’odeur âcre de sa transpiration. Il écoutait attentivement le rythme irrégulier de sa course, et avec délice celui de sa respiration. Il le suivait, allongeant sa propre foulée, et pressait lentement l’allure, prenant son temps. Il fallait qu’il comprenne, se répétait-il maintenant à lui-même. Il fallait que tous comprennent, qu’ils écoutent très attentivement ce qu’il avait à leur dire.

Il pouvait gracieusement supporter les offenses répétées de la cité. Il pouvait accepter de suivre ses lois idiotes, et même de se plier dans une certaine mesure à ses usages décadents. Il pouvait enfouir au fond de lui le dégout que ces gens lui inspiraient. Il pouvait passer outre leurs manières indolentes et leurs esprits imbéciles. Il attendait peu de choses en retour, et estimait être plus que généreux, et offrir là un échange plus qu’avantageux. Mais tout cela était conditionné, et certaines limites ne devaient pas être dépassées. Certains outrages ne devaient pas être commis. C’était maintenant le cas, et plus rien d’autre n’importait maintenant que de laver dans le sang l’honneur blessé et la mémoire brisée de Kemat. Sans doute les autorités de la ville auraient-elles à redire sur le choix de ses méthodes, mais cela n’était pas, ou plus important. Il ne connaissait Kemat. Il ignorait presque tout d’elle, si ce n’était qu’elle venait de son monde. Qu’elle était une personne méritante, une alliée de son pays, une ressortissante de l’Alliance Quadripartite. Cela suffisait.

Enfin, il plaça sa main sur la nuque de sa victime. Il amena brutalement son nez jusqu’à son propre genou,, l’étourdissant rapidement, et contempla autour de lui, cherchant à trouver une manière de s’assurer que le message si vital ne puisse pas être mal interprété. Jetant finalement son dévolu sur une fontaine, il traine derrière lui l’homme qui se répandait en cris apeurées et en menaces impotentes, avant de plonger son visage dans la fontaine. Il l’y maintint une minute entière, avant de l’en ressortir :

« Je ne pense toujours pas pouvoir te faire confiance. Tu n’es pas encore mûr, et je ne peux donc pas être absolument certain de ta sincérité. Mais je vais tout de même te le demander : donne-moi l’identité de la femme encapuchonnée. Donne-moi l’identité de celle qui a commandité ce meurtre. »

Il attendit que l’autre commence à vocaliser une réponse et ouvre la bouche, avant de le plonger de nouveau dans la fontaine. Le sourire qui crispait les muscles de sa face était douloureux, maintenant, et ses dents menaçaient de se broyer les unes contre les autres. Dieux et divins, cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas haï si fort. Il s’apprêtait à le sortir une nouvelle fois des eaux, quand il fut interrompu. Il s’était certes attendu à l’être, mais pas de cette manière.
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descriptionLes volatiles aigris [Malble] EmptyRe: Les volatiles aigris [Malble]

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Oh, wesh, c’mec là, il a l’air aussi commode que ceux qu’ont défonce mon village y’a dix ans, genre.
Mais d’où ? D’où il s’permet de régler ses comptes dans MON bac, et dans MON corps ?
On a pas idée d’être aussi peu intéressé du sort des autres. Y’a qu’moi qui m’intéresse pas aux gens, j’ai pas d’concurrence à avoir là-dessus, genre : c’est mon domaine, quoi, capté ?

Mais, bon. J’suis fière, et j’ai d’quoi l’être, mais j’suis pas suicidaire non plus. Le mec il a l’air hyper hyper remonté, s’il voit que mettre la tête de son… bah… du gars qui doit câner dans la fontaine, bah ça lui fait rien, parce que, fun scoop fact : j’suis pas d’l’eau, j’pense il va s’énerver encore plus. Et moi, j’ai pas envie d’prendre les retombées, cimer, mais pas en fait.

Du coup faut que j’réfléchisse. Faut que j’lui donne l’illusion, au gars, que le mec il sort la tête mouillée. C’est pas possible que j’englobe la tête du type, parce que y’aurait un bras d’eau continu vers la fontaine, et ça, ce s’rait trop trop chelou. Mais si j’fais rien, sa tête au mec, elle va ressortir toute pas mouillée, genre sèche de ouf, alors l’espèce d’armure trop stuck, là, il risque de trop s’vener encore plus, genre.
Faut que j’trouve une autre idée, et fissa, parce qu’il est déjà en train de remonter la tête du type.
Allez, j’suis Malble : créature la plus incroyable de tout Portalia, ça devrait être facile pour moi, un coup d’génie.

Et j’en ai un !
Son sang. Le mec, il pisse le sang aaaaaas fuck du nez, genre il a du recevoir… J’sais pas, un coup de porte dans la tronche… On un coup d’genou, ouais. Du coup, son nez il arrête pas d’couler, et ça ça m’arrange : parce que moi, les liquides, c’est mon domaine. J’peux purifier l’eau dans tous les trucs aqueux, aqueux, c’est pour dire que y’a de l’eau dedans, genre, bande d’incultes. Concrètement, ça veut dire que j’me mélange au liquide, que j’intègre à mon organisme les molécules qui m’plaisent pas et puis j’les défonce de l’intérieur (j’les assimile en fait, mais c’est plus drôle de dire que j’les défonce), et que je laisse les autres à leur place. C’est pratique dans mon job, genre… Bah, si y’a de l’eau dans mon bac. C’qui arrive pas quand j’suis là, en fait.
Du coup j’en profite : j’me mélange au sang qui pisse du nez du mec qui va crever, et j’en fais une belle quantité d’eau sur sa tronche, dans ses ch’veux, tout partout sur sa gueule en fait, pour faire croire au mec qui essaie de le buter que son entreprise fonctionne. J’ai utilisé le mot « entreprise » pour autre chose qu’une entreprise, genre, j’suis trop quelqu’un, jure.

Mais ça marche, parce que le type trop stuck, il a l’air de croire dur comme bâton qu’il est en train de noyer l’autre gars. Mais par contre, s’il cherche à recommencer après, ça m’arrange pas de ouf, parce que, je sais que j’suis éblouissante et incroyable et tout, mais j’crois qu’à un moment, j’arriverai plus à transformer tout ce sang en flotte. Alors, plutôt que d’m’épuiser, j’donne un sage conseil au mec, en chuchotant, bien sûr, genre, j’suis pas hypra conne non plus, j’dead trop ça moi, pendant que j’le badigeonne de flotte.
Tu devrais lui donner l’nom qu’il veut, parce que j’crois, il est pas décidé à t’laisser tranquille. Et tu m’serais bien aimable d’aller crever ailleurs.
C’est vrai quoi. On a pas idée de venir caner chez les gens.

Mais de toute évidence, le mec il ose rien dire, genre pas un mot, quand on le relève, et ni une, ni dix, l’autre gars lui refout la tête… bah, dans moi. C’est dégueulasse. On va pas dans les gens comme ça. Un peu d’pudeur, j’sais pas.
Alors bon, cette fois, j’lâche même pas une slimolécule de pouvoir pour ces gros nazes, et j’vais lui dire c’que j’en pense, à l’autre baraqué d’service.

J’me relève un peu, de façon à faire apparaître ma belle gueule d’amour, et j’lui lance :
Bon, j’ai essayé de jouer l’jeu, mais franchement, tu comprends R, mec, alors j’vais m’faire plus claire : va torturer ton gars ailleurs. J’en ai rien à foutre que tu veuilles le buter, mec, mais sérieux, ça s’fait trop ap de l’buter DANS les gens. La fontaine, c’est moi, et j’apprécierais de ouf qu’on vienne pas faire caner les guignols dans MON corps. C’est carrément obsène, genre.
Je me relève un peu plus, pour montrer le haut de mon corps.
J’me tourne vers le mec qui va mourir.
No offense gars, hein, j’ai rien contre toi, mais si tu l’as mis en rogne, c’est pas mon rôle de sauver tes miches, j’t’avoue, j’en ai un peu rien à braire. Déso pas déso.
Et je me retourne à nouveau vers l’espèce de mec baraqué.
Vazy, tords-lui l’cou s’tu veux, mais éloigne-toi un peu d’mon espace vital pour le faire, steup. J’ai un standing à respecter ici, j’dois être la plus belle fontaine de Portalia. Ça marche pas si, en plus de m’balancer des pièces et de m’pisser à la gueule, on m’jette des vieux cadavres tout pourris. Ça pue de ouf, t’imagines mêêêêêême pas.
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Hypanatoi Konostinos
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Il se voulait quelqu’un de discret et de modeste. Malgré la longue liste de ses accomplissements, il ne jugeait pas nécessaire de les utiliser pour s’assurer que les esprits alanguis de l’endroit comprennent qu’il était pertinent de lui céder le passage, et de se fier autant à son expérience avancée qu’à son esprit supérieurement formé. Mais malgré ces réserves, il devait avouer rester fier de ses capacités oratoires. Cela ne voulait pas dire qu’il se considérait comme bon diplomate, ou même apte à convaincre une foule ou un auditoire. Mais il savait toujours comment répondre, et à défaut de convaincre les esprits bornés, il était parfaitement à même de les réduire au silence, sa répartie cinglante et l’intransigeance de ses arguments tranchant avec facilité autant les mensonges que les faux-semblants. Mais pour une fois, il dut avouer ne pas être certain de trouver quoi répondre. Ayant retiré une fois de plus sa victime des eaux de la fontaine, il vit ces dernières prendre la forme de la créature curieuse qu’il avait rencontré il y avait de cela quelques temps. Il ne lui avait alors pas prêté une attention particulière, la considérant au mieux comme un élément dispensable du décor, au pire comme une intruse dans une discussion importante. Elle ne bénéficiait maintenant plus de cette clémence, et il fronça les sourcils en tentant de comprendre au juste ce qu’elle essayait de lui dire. Il savait que le sortilège qui permettait aux nombreux langages qui cohabitaient ici de ne pas devenir gênants pour la communication était imparfait, mais ce ne semblait pas être ici le problème.

La femme-liquide possédait une diction parfaitement discutable, un vocabulaire des plus curieusement agencé, et il ne comprenait pas toutes ses expressions. Ce qu’il était certain de percevoir, en revanche, c’était le manque flagrant qu’elle lui témoignait, et le fait qu’à cause d’elle, il avait perdu son temps à essayer de noyer la personne qu’il était en train d’interroger. Incertain de la procédure à suivre, il tourna lentement son visage vers ce dernier. Il lui avait menti, par omission, mais tout de même. Il lui avait fait croire que son interrogatoire procédait normalement, alors que ce n’était aucunement le cas. C’était particulièrement mal avisé, surtout après qu’Hypanatoi ait déployé tant d’efforts pour lui faire comprendre la gravité de la situation. Il l’avait pourchassé comme lui et ses sinistres comparses avaient pourchassé Kemat, il lui avait généreusement annoncé que ses options étaient maintenant très limitées, et l’avait accompagné dans les choix qui restaient possibles. Il avait fait beaucoup d’efforts, simplement pour que ce qui était maintenant nécessaire et indispensable se déroule dans les meilleures conditions. Ce n’était, une fois de plus, pas réellement satisfaisant. Ces gens, en plus de refuser de se comporter de manière honorable, sembler vouloir jusqu’au bout s’avérer nuisibles.

Il écrasa sa tête contre le rebord de la fontaine, et tendit précautionneusement l’oreille pour s’assurer que le bruit attendu les chatouillait bien correctement. Il la releva ensuite, et passa sa main libre sur son front, ravi de sentir ses doigts se couvrir de sang. Le problème était maintenant que l’homme risquait de ne pas être particulièrement utile : il était sans doute bien trop sonné pour pouvoir lui livrer les réponses tant attendues. Il le secoua légèrement, voulant s’assurer de la chose, et, n’obtenant que des gargouillis étouffés et des gémissements incohérents, soupira et le laissa tomber à ses côtés, avant de s’assoir sur le rebord de pierre de la fontaine.

« J’essaie, commença-t-il simplement en ignorant les phrases précédentes de la créature. J’essaie avec sincérité, et je le dis sans honte, bonne volonté. J’essaie de me comporter comme on veut que je le fasse. De faire des efforts. Je soutiens des compagnons imbéciles. Des enfants dans des corps d’adulte. J’avais à la moitié de leur âge déjà tué depuis longtemps, et je savais quelle était ma place, et ce qu’il convenait de faire pour ne pas démériter. Mais ici, tout cela n’a aucun sens. Regarde-toi ! Une créature ahurie, qui joue pour je ne sais quelle raison stupide à imiter l’eau d’une fontaine. Ce monde est fou. Insensé. Regarde ces gens, autour de nous, qui nous observent la bouche ouverte, attendant la visite d’une mouche pour se rappeler de la refermer. C’est comme si cet endroit était un mauvais rêve. »

Il marqua une courte pause. Il n’était pas certain de ce qu’il lui disait. Son ton restait calme, et ses mains ne s’étaient pas remises à trembler. Mais il le sentait, au fond de lui. Il était en train de perdre le contrôle. Découvrir l’offense qui avait été faite à Kemat avait été pour lui l’ajout de trop à une liste pourtant déjà trop longue. Et cette espèce de monstre protéiforme, qui semblait à lui seul incarner toute la dégénérescence de cet endroit ne parvenait malgré cela pas à rediriger vers lui sa colère. Il lui offrait pourtant un spectacle honteux et offensant, et il était à peu près certain qu’elle l’avait insulté au moins à deux reprises. Sans doute bien plus.

« Pourquoi souhaites-tu être la meilleure fontaine de Portalia ? »

Peut-être fallait-il essayer de la comprendre. Il avait déjà essayé de le faire, auprès d’autres personnes. Mais peut-être qu’essayer de comprendre l’incompréhensible lui apporterait quelque indice qui lui échappait visiblement toujours.
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descriptionLes volatiles aigris [Malble] EmptyRe: Les volatiles aigris [Malble]

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Il est vraiment trop chelou, c’mec. Déjà, j’lui demande de pas buter sa victime sur moi, et, grand prince… Il l’assomme sur le rebord de mon bac et le laisse s’effondrer au sol. Pfff… t’façons j’crois j’ai pas le choix que de m’en accommoder, hein, askip.
Mais par contre, quand il s’pose sur moi et qu’il me parle, en vrai, de ouf, j’crois que j’le comprends. J’veux dire, moi ça fait dix ans d’ma vie que je perds mon temps à mimer l’eau pour éviter qu’on m’extermine. Et franch’ment, bah, c’est pas cool de devoir le dire, mais il a pas tort dans son constat. J’aime pas quand les gens ont pas tort, normalement, c’est moi que j’dis le vrai. Sauf que là, bah, faut bien que j’me rende compte. Y’a un truc, chez c’mec, qui m’touche, contrairement à tous les autres pecnots de cette ville de teubés. P’têt’e qu’en fait, lui et moi, on s’ressemble un peu. Pas dans l’apparence, j’veux dire, j’suis éternellement plus belle gosse que lui, mais bon, dans… dans l’reste, quoi.

Je sors de mon bac, et je m’assois à côté de lui. Tant pis pour les couillons qui comprennent keud en me regardant. J’me suis pliée aux ordre de la Guilde pendant trop longtemps, en vrai.
J’me risque même à poser ma main sur son épaule, furtivement, avant de la remettre le long de mon corps et de regarder au loin, devant, les yeux ahuris des débiles sur la place des Portails. J’ai envie de les matraquer à coup de pièces dans leurs gueules.
Putain, t’as trouvé exactement les mots qui vont bien pour décrire mon incrédulité de ce monde carrément nul. J’parle pas si bien qu’toi, t’sais, j’ai jamais trop appris. J’connais pas les mots qui font bien, j’sais pas comment m’exprimer. Mais c’que t’as dit, là, ça m’a touchée de ouf.
Je soupire, presque mélancolique. J’sais même plus c’que ça veut dire en plus.
J’ai pas l’choix que d’être la plus belle. De faire bien mon taff, de mimer l’eau, putain, comme c’est nul. Mais j’ai pas l’choix, parce que j’suis la dernière slime, et que tous les slimes que les gens connaissent ici, c’est ceux du centre d’entraînement de mes deux, là, et on m’compare à ces merdes. Et c’est pour ça qu’on a été exterminés, tous. Tous ceux d’ma race, ouaip, les aventuriers là, ceux qui s’disent qu’ils sont des gens bien, parce qu’ils font bien tout comme on leur dit de l’faire, ils les ont butés.
Je regarde les nuls qui sont toujours en train de me pointer du doigt. Si j’retourne mimer l’eau, p’têt’e ils arrêteront de faire les chieurs.
Alors je me glisse en coulant dans mon bac à nouveau et je refais la seule chose pour laquelle on m’autorise à vivre : j’mime de l’eau.
Enfin, pour être honnête, ils nous ont chassés hors des murs, et après des décennies à survivre, on s’est fait ouvrir en deux, genre, décomposer, y’a dix ans. Y’a plus qu’moi, main’tnant. Alors j’ai pas l’choix que d’être là ou la Guilde a b’soin d’moi, pour éviter de crever ici.
La surface de « l’eau » ondule à nouveau joliment grâce à moi, et ça y est, les passants stupides ont arrêté de se dire que c’était trop chelou. J’crois ils ont du imaginer qu’ils avaient eu, j’sais pas, un genre d’hallu j’pense.
Alors quitte à être une fontaine pour pas crever, autant que j’sois la plus belle, la plus classe de toutes les fontaines de Portalia. Tu crois pas ?
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Hypanatoi Konostinos
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Certaines choses étaient respectables, d’autre, beaucoup moins. Hypanatoi ne pensait pas être quelqu’un de particulièrement idiot, et avait même revu cette évaluation à la hausse depuis qu’il avait été happé loin de chez lui. Mais cela ne l’empêchait pas d’aimer la simplicité, voire même de l’appeler de tous ses vœux. Sa vie avait chez lui toujours été assez simple. On avait placé une arme dans ses mains, et on l’avait pointé dans une direction. Le reste n’avait été que détours et détails insignifiants. Certes, il avait été la victime de sa dévotion, incapable qu’il avait été de comprendre que cette dernière n’était pas partagée avec le même zèle par ses congénères. Mais même cet accident n’avait au final été qu’une infime inflexion de sa trajectoire, rapidement corrigée. Une direction. Des actes respectables, qui lui permettait de progresser et d’avancer. Voilà ce qui lui manquait ici. Il ne pouvait être certain de rien, et en écoutant la curieuse créature, qui avait maintenant pris une forme vaguement humaine, il devait bien se rendre à l’évidence : il n’avait aucune idée de ce qu’il devait retirer du début de leur échange. Il parlait avec un être dont le parler le marquait de manière indélébile autant qu’évidente comme un ressortissant des plus basses castes, et il était tout aussi limpide que ce dernier était doté de capacités plus que limitées. Ses compatriotes se seraient moqués de lui avec la plus intransigeante cruauté, s’ils avaient pu assister à cette scène pathétique. Même en passant sur ce point, il n’était pas certain de voir ce que son histoire pouvait bien lui apporter. Sa race avait été exterminée, parce qu’elle partageait trop de points communs avec les monstres les plus ridicules de Portalia. Et elle, accomplissant par là-même des prouesses inédites de gymnastique mentale, avait décidé que la meilleure chose à faire était d’apaiser la Guilde en se déguisant en fontaine. Elle était folle. Irrémédiablement folle, et il craignait que lui-même soit en train d’emprunter ce terrible chemin.

Il hésita à lui répondre. Bien évidemment qu’il ne pensait pas que ce qu’elle faisait était acceptable. Troquer sa dignité pour sa survie était un échange fondamentalement inacceptable, qui avait de plus tendance à ne pas tenir ses promesses. Il suffisait pour s’en convaincre d’observer son captif du moment, trop occupé à essayer de contrôler ses spasmes et à retenir en lui l’écume qui bouillonnait au coin de ses lèvres. Il lui tapota doucement sur la tête, histoire de le secouer un peu. Peut-être avait-il frappé trop fort, et sans doute le pauvre bougre se révélerait-il incapable de répondre à ses questions, désormais. Il aviserait plus tard.

« Non. Je ne suis pas d’accord, fit-il simplement. Tu le dis toi-même, tu haïs ton sort. Si tu survis pour porter la mémoire de ton peuple, alors ce n’est pas la bonne façon de le faire. Il serait sans doute anéanti de voir ta condition actuelle. Si tu le fais pour échapper à la Guilde et à ses aventuriers, ce n’est pas beaucoup plus sage. Tu restes toujours à leur merci, et à celle du premier venu qui décidera que la continuation de ton existence n’est plus nécessaire. Et vouloir embellir un lieu pour lequel tu n’éprouves que de la colère me semble une compromission intolérable. »

Il était facile de condamner. Les faits étaient évidents, et il doutait que la curieuse créature n’y ait pas elle-même réfléchi. Elle ne devait de toute façon pas être harassé par un emploi du temps chargé, et pouvait donc consacrer ses pensées errantes à ce genre de réflexion. Il n’était en revanche pas certain du conseil à lui donner. Pour lui, la solution aurait été évidente. Se saisir de ses armes. Se saisir du destin. Se saisir de tout ce qui pouvait se rapprocher de près ou de loin d’un coupable, et prendre les mesures nécessaires. Mais elle n’était pas lui. Son corps était mou. Son parler, malgré l’agressivité qui la sous-tendait, était empreint d’hésitation et d’incertitude. Son esprit était gangrené par la peur. Elle n’était tout simplement pas parée à faire face aux épreuves de la vie.

« Donne-moi ton nom, et suis-moi, fit-il en se relevant lentement. »

Ce faisant, il se saisit de l’homme gémissant, et le jeta sur son épaule, ignorant ses râles plaintifs. Il se retourna vers la créature, et se demanda ce qu’elle allait faire. Lui-même avait mieux à faire que de s’attarder ici, pour des raisons évidentes. Simplement, il ne savait pas réellement la raison de sa bienveillance du moment. Il n’avait pas le luxe de s’encombrer de ce genre de poids mort, et il ne voyait pas ce qu’il pouvait lui apporter. Elle ne semblait pas remplir les prérequis même les plus élémentaires pour justifier d'être autre chose qu'une tare indigne et une source constante d'ennuis. Et lui-même se connaissait bien. Il pouvait la supporter pour l’heure, parce que l’état second de rage dans lequel il était affectait grandement sa perception du monde. Mais il s’accoutumerait à la colère qu’il ressentait en ce moment, suffisamment en tout cas pour pouvoir de nouveau la percevoir comme ce qu'elle était, et il n’aurait alors plus la patience de tolérer les sorties inappropriées du slime.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Jeu 5 Mai - 11:54, édité 1 fois
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J’arque un sourcil bleu quand il m’dit qu’il m’comprend pas. J’suis un peu deg, j’avoue, parce que moi, j’aurais parié qu’lui, il était pas l’mec le plus aimé du monde, genre, et qu’on aurait pu être, genre, j’sais pas, un duo d’incompris. Mais bon, j’métais encore plantée, parce que les gens, ils valent vraiment pas la peine qu’on s’intéresse à eux. P’têtre, lui non plus, en vrai, en fait. Mais j’avais quand même envie d’lui rep’, parce qu’il m’avait un peu piquée grave, j’avoue.
Pfffff, t’sais, mon peuple comme tu dis, genre, il en aurait keud’ à faire de mon sort, genre. Mes frères étaient des connards, ma mère une tepu, et le seul mec bien, c’était mon grand-oncle Oblip, mais même lui, j’crois qu’il s’en carre le fion d’ma vie, t’sais. T’façon il est mort.
J’me gratte la tête, mais ça fait comme des petites ondulation en haut d’mon crâne. J’essaie d’réfléchir à c’qu’il m’a dit, mais j’sais pas trop comment l’prendre, j’avoue.
Mais t’as p’têtre raison qu’ici, genre, si la Guilde veut plus d’moi, ils vont juste me zigouiller. Ça s’trouve, ils sont un peu lâches de pas l’faire en fait. Mais j’me dit qu’au moins, ça m’fait un taff, et, bah, un genre de salaire, au moins quelques pièces.
Je hausse les épaules.
J’manque p’têtre un peu de dignité, ouais. Mais j’vais pas m’battre toute seule, j’sais qu’j’suis pas fut-fut, mais j’suis quand même pas conne au point de pas voir la différence d’essence entre les gens et moi. J’aime bien faire croire et tout, genre, t’sais, mais en vrai, j’vois bien.
Je sais pas trop pourquoi j’lui dit ça, au gars. On pourrait presque croire que j’ai envie de parler.
Mais j’men fous, j’aime parler parce que ça me met au centre de l’attention, mais t’façon, j’imagine que c’cmec là, c’est pas l’genre à prendre pitié des gens. Et puis, en vrai d’la vraie vie, j’ai pas b’soin qu’on m’prenne en tiep, wesh.

J’regarde mes mains, machinalement. J’allonge un peu mes doigts, j’les trouve un peu boudinés. J’en profite pour me donner un peu plus de fesses, parce que là, j’suis genre, plate comme l’espèce de poisson moche qu’a les deux yeux du même côté, j’crois ça s’appelle… J’sais pas, un limonde, ou j’sais pas.
Le mec continue d’s’intéresser à moi, et j’avoue, pour une fois, j’suis trop choquée. Parce que j’m’attendais trop à c’qu’il s’casse avec son mec qui chouine par terre là, mais non, il me propose même de l’suivre. J’penche la tête sur le côté, et j’laisse s’étaler un p’tit smile sur ma belle gueule.
Ouais, j’veux bien t’suivre, ça m’fera faire quelque chose d’plus intéressant, j’pense. Mon nom, c’est Malble. Et dis moi, beau gosse, c’est quoi l’tien ?
Parce qu’en vrai, y’a trop pas d’raison que moi j’me présente et pas lui. Genre, c’est donnant-donnant. Puis, j’lui avais déjà bien raconté ma vie, alors, c’était un peu à son tour de s’ouvrir. J’suis pas une boîte, wesh.

Et puis, il a pas une gueule d’ouvre-boîte de toutes façons.
Alors il se met en route, avec le mec qui couine et qui pisse le sang sur son épaule. Dégueu, j’espère j’vais pas m’en foutre partout, trop la flemme de tout nettoyer et consommer d’l’essence pour ça. J’ai pas qu’ça à foutre, sérieux. Alors, j’laisse une petite marge de quelques mètres devant moi, et j’suis le mec en armure.

Ça m’permet d’mater son boule tranquille, en plus.
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Hypanatoi Konostinos
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L’homme sur son dos geignait doucement, et ses sens supérieurs percevaient la vibration que cela provoquait dans le mince filet de bave qui reliait en ce moment ses lèvres au métal qui recouvrait son épaule. C’était parfaitement inconvenant. Ces gens étaient en toutes circonstances incapables de se montrer dignes, et même le registre du pathétique, qui normalement aurait dû leur être familier, semblait enlaidi et difforme. Il tenta de l’ignorer comme il le put, et se fit une note mentale : il conviendrait de soigneusement nettoyer la partie souillée de son épaulière. Il eut au moins la satisfaction mêlée de regret de voir que la créature le suivait. Malble. Oblip. Des noms différents de la norme Portalienne. Des noms qui sonnaient comme le bruit qu’aurait fait un nourrisson préoccupé par l’art commun à toutes les larves humaines : celui de l’éphémère structure en bulles de bave. Il n’aimait pas les enfants. Encore moins les enfants portaliens. Ils étaient improductifs, et inutiles, et devaient être formés de longues années avant que l’on puisse espérer tirer quoi que ce soit d’intéressant ; ce prérequis semblait ici particulièrement long, et à entendre la personne qui le suivait maintenant, il n’aboutissait pas toujours. Peut-être sa propre période de transformation n’était-elle pas terminée, et peut-être était-ce pour cela qu’elle adoptait le langage inconstant et égocentrique des gamins. Il laissa après qu’elle eut terminé de parler flotter quelques secondes, cherchant au juste quoi lui dire.

Il doutait sincèrement de l’efficacité de ses méthodes habituelles.

Notant qu’elle restait derrière lui, il se demanda d’abord s’il était tombé sur une des rares personnes ici à être suffisamment bien éduquée pour comprendre les usages qui régissaient les interactions entre nobles et roturiers. Il se souvint ensuite de sa manière de parler, et balaya cette théorie fantaisiste. Elle avait peur. Cela était déjà plus normal. Avoir peur de lui était le signe d’un esprit cohérent, et le fait qu’il transporte sur son dos un corps à peine conscient et plus qu’endommagé ne faisait que souligner cet état de fait. Malgré cela, il ne souhaitait qu’elle ait peur de lui. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensaient, il ne le souhaitait que très rarement. Il n’aimait ni faire peur, ni intimider les gens, ni voir devant lui le monde baisser les yeux, craignant une colère capricieuse et mauvaise. Il avait dédié sa vie à protéger son peuple. Il s’était sacrifié pour eux, avec une telle facilité que le terme même de sacrifice lui semblait perdre de son sens. Et malgré le peu d’appréciation qu’il avait pour cette cité, c’était ce qu’il faisait ici aussi. La méthode différait sans doute, mais peu importait. Si elle ne souhaitait pas marcher à son côté, ce n’était pas dérangeant. Il n'avait après tout pas besoin de braquer ses yeux sur elle pour la voir.

« Hypanatoi Paragoï Konostinos, fit-il finalement pour répondre à sa question. Mais tu m’appelleras Hypanatoi. Et crois-moi, je comprends avec une implacable netteté ta situation. Nous en parlerons tout à l’heure. »

Il avait pour l’heure besoin de rester concentré. Son chargement était précieux, et son mode de transport très peu discret. Il ne pouvait pas se permettre de badiner, et de pécher plus longtemps que cela par manque d’inattention : reprocher à ces gens leur manque de maturité sans lui-même être capable de passer outre le sentiment de désarroi qui enserrait maintenant son quotidien aurait été hypocrite. Ils finirent tout de même par arriver devant sa demeure, et il en ouvrit la porte, faisant de sa main libre signe à Malble de le suivre à l’intérieur. L’endroit était propre, et si la cour intérieure dissimulée tout à l’arrière du bâtiment était encore encombrée des restes de ses derniers sacrifices, il n’aurait a priori pas à emmener son invitée dans cette dernière. Il déposa le cadavre dans une pièce attenante au hall d’entrée, et lia ses membres à l’aide d’une corde solide qui s’y trouvait. C’était là qu’il entreposait son équipement, et il s’occupa ensuite de retirer son armure.

« Vois-tu, fit-il pour continuer la conversation, la question n’est pas de te battre seule. Elle n’est pas non plus de te concentrer sur ce que tu es. Sur ce que tu peux faire, et sur ce que ce monde t’interdit »

Il ôta son casque, et se retourna vers elle, lui montrant son visage balafré et ses yeux mutilés.

« J’ai perdu la vue, et j’ai trouvé un moyen de m’élever au-dessus de cette mutilation. J’ai sur son monde touché du doigt la divinité, et j’ai été transporté ici, et coupé de cette source suprême. Je me suis retrouvé faible. Démuni. Perdu. Tu l’imagines sans doute à mon parler, sans comprendre réellement l’ampleur du phénomène : je n’ai que peu de choses en commun avec les habitants de ce monde. Nous ne pensons simplement pas de la même manière. Mais j’ai refusé la stagnation. J’ai refusé l’état du jour, pour non pas me projeter vers le lendemain, mais le forcer à venir à moi. »

Il hésita un instant, et se demanda si elle comprenait réellement ce qu’il était en train de lui dire. Ce n’était pas là un simple discours motivant, l’envie égocentrique de vouloir appliquer à un être fondamentalement différent, et profondément inférieur, les méthodes qu’il avait élu de mettre en œuvre pour son propre cas.

« Je ne te dis de faire comme je fais. Mais tu as indéniablement choisi la fuite et l’aveuglement. La régression, mal camouflée en stagnation. Et par-dessus tout, ton propre malheur. »

Ayant terminé d’enlever son équipement protecteur, il secoua légèrement ses membres, l’épaisse toge qui le recouvrait se dépliant un peu autour de lui. Il resta immobile, et se retint autant de bouger que de continuer à parler. Il ne fallait pas submerger la créature. Pas encore.
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J’continue d’le suivre. Il m’dit qu’il s’apelle Hypa-j’saipaquoi, c’est trop long, t’façons, alors j’vais l’appeler Hypa. C’est bien, ça fait comme « hourra », genre comme quelqu’un qu’est trop content d’la vie, et tout. Mais lui, il a trop une sale gueule, ça lui va pas trop. P’têtre j’peux l’appeler Pas-Hypa ? Ouais, c’est trop bien, ça.
Pas-Hypa, c’est son nom pour moi, c’est plus mieux que para j’sais pas quoi là. On a pas idée d’se donner des noms qui veulent rien dire, sérieux.

Il parle avec des mots d’la haute, j’comprends pas toujours tout. Mais j’crois, lui, y’m’comprend d’ma situation. Y m’dit qu’il veut qu’on en parle t’t’a’l’heure. J’sais pas trop d’quoi, alors je hausse les épaules. T’façons, il peut pas m’voir : j’suis toujours à le suivre derrière lui. J’suis trop deg : son armure elle moule pas assez bien son cul, j’peux même pas mater correctement, la loooose quoi.

Il finit par m’amener chez lui, enfin j’crois. C’est… pas accueillant, genre. J’crois c’est pas trop un gentleman c’type : y’a pas d’couleur, y’a pas d’bonne odeur, ça pue même un peu l’chais pas quoi, et pire que tout : y’a même pas un pouf confortable pour s’poser tranquille. Même ma fontaine elle me paraît accueillante à côté d’ce truc.
J’fais un peu la gueule, mais y m’invite chez lui, alors j’fais genre ça m’dérange pas, et quand il m’dit de rentrer et d’me poser, je m’assois dans une chaise en bois, genre même elle elle a pas d’coussin, ça fait trop mal pour mes belles fesses, mais bon, j’ai pas l’choix askip.

Il commence à se déshabiller, et j’le reluque sans problème. C’est pas parce qu’on est au régime qu’on peut pas regarder le menu. En plus, moi, j’suis pas au régime. T’façons, j’en ai pas b’soin.
Il commence à m’dire que c’est pas une question d’être toute seule. J’fais une sale gueule parce que baaaah… Bah si, en fait. J’vais pas m’rebéler contre la guilde, ils vont tous me zigouille, y’a l’père Rex sûr il kifferait pas.

Et puis il retire son casque, et là j’ai un p’tit mouvement de recul. Sérieux, il a une sale tronche, Pas-Hypa. Il a des cicatrices et tout, même ses yeux ils sont tout blancs, j’ai jamais vu ça chez les humains, j’pense c’est pas bon signe. Genre ça pue du uc, c’taffaire. D’un coup, j’me sens plus trop à l’aise, face à c’mec qui vient de ligoter un autre gars à côté de son salon, avec une armure toute rouillée, des balafres sur la gueule et une maison aussi chaleureuse que l’camp d’entraînement. Mais j’me laisse pas m’liquifier (lol t’as compris, c’est drôle parce que j’suis déjà liquide), et pas impressionner, parce que j’veux écouter c’qu’il a à m’dire.

Genre attends… T’es en train d’dire que t’étais un genre de dieu chez toi ?
C’est un peu un truc de ouf, ça, quand même. Mais du coup, c’est dégueu qu’il a plus d’yeux, du coup.
J’comprends un mot sur deux quand il parle, j’ai l’impression il est trop bourge, j’peux pas vraiment capter ses manières et tout. Alors j’fais une grimace. Y’a pas d’question bête, askip, hein ?
Euh… Ouais, ok, mais c’est quoi ‘stagnation’ ? Genre comme l’eau stagnante quand j’suis pas dans la fontaine ? Genre tu veux dire t’as fait comme pas de l’eau ?
J’suis pas sûre de capter son monodialogue. Mais il a l’air sérieux de ouf, ça m’donne presque envie de le laisser parler.

En gros, tu penses j’suis pas heureuse, dans ma fontaine ? En vrai t’as raison, c’est un peu d’la merde comme taff. Mais tu m’conseille quoi pour être moins pas heureuse ?
En vrai, de vrai, ça m’coûte rien d’autre que mon temps d’l’écouter. Et du temps, j’en ai trop, alors en fait, ça m’coûte rien. Donc j’veux bien y m’dise c’est quoi ‘stagnation’.
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Il lui était souvent difficile de maintenir le visage dignifié et austère qui convenait aux gens comme lui. Portalia avait une manière particulièrement vicieuse d’amonceler sur son chemin les ordures et les indignités, mais ce n’était pas ici le cas. En tout cas, ce n’était pas exactement ce à quoi il avait été habitué, et ce n’était pas lorsqu’il interagissait avec la créature la colère qui troublait ses pensées, mais une forme d’incrédulité hilare. Cette dernière, visiblement particulièrement limitée, s’efforçait tant bien que mal de comprendre son discours. Il n’était pas rare que les gens de la cité ne parviennent pas à saisir toutes les subtilités de ce dernier, se rapprochait de cette manière des roturiers de son propre monde. Mais c’était ici un problème plus élémentaire de vocabulaire, qui le faisait s’interroger sur plusieurs choses. Malble ne semblait pas fonctionner comme un individu normalement constitué. De l’elfe au nain, du géant à l’humain, toutes ces races suivaient malgré leurs différences un schéma commun. Certaines d’entre elles étaient par nature plus nobles, possédées par des esprits plus vertueux et des capacités accrues, mais malgré cela, tous mangeaient et dormaient et forniquaient de la même manière. Il doutait que ce soit le cas de la créature gélatineuse qu’il avait en face de lui, et se demandait à quel point ces particularités s’étendaient au-delà des simples apparences. Sans doute son esprit avait-il le même caractère mou et amorphe que le reste de son corps.

Lui faisait signe de le suivre, il embarqua de nouveau son prisonnier, s’assurant que ce dernier ne soit toujours pas sur le point de se réveiller. Il n’avait pas l’habitude de recevoir des gens chez lui, mais l’endroit était malgré cela gardé parfaitement propre. Le seul endroit qu’il avait agencé avec un souci particulier autant de l’esthétique que de la fonction restait malgré cela la petite cour intérieure dans laquelle se dressait l’autel sacrificiel qu’il y avait érigé. La pierre de ce dernier était en permanence humide et collante, et sur son côté trônait encore la carcasse du dernier cheval dont il avait tiré le sang.

« Pas un dieu. Un divin. Mais je doute que la nuance ait pour toi beaucoup de sens, et un divin correspond sans le moindre doute à la définition que tu as d’un dieu. »

Arrivant rapidement devant l’autel, il jeta négligemment son captif encore assommé près de la carcasse du cheval, avant de se retourner vers Malble et de continuer sur un sujet.

« Laisse-moi simplifier. Regarde l’eau. Comme les êtres vivants, c’est un élément changeant, qui a tendance à s’adapter à son environnement. Quand elle s’immobilise, elle devient d’abord claire et limpide. Cela peut sembler confortable, mais c’est un piège. Le courant qui cesse sa course devient rapidement puant et trouble, et se charge d’impuretés. C’est cela, la stagnation. Seul le mouvement peut le garder pur. Pour les gens, cela veut dire qu’il ne faut pas se laisser aller aux habitudes faciles, qu’il ne faut pas se laisser assommer par le quotidien. Prends-toi comme exemple : qu’as-tu accompli, depuis que tu es fontaine ? Es-tu plus à l’abri des caprices de la guilde et des aventuriers ? As-tu amené dans ta vie quoi que ce soit qui puisse te satisfaire ? Es-tu devenue meilleure ? Ce sont des questions que tu dois te poser, et si la réponse à ces dernières est négative, et elle l’est, alors il te faut changer. Dis-moi simplement : qu’attends-tu de l’existence ? »

Ce n’était pas là le conseil qu’il aurait donné à un ressortissant de son propre pays. C’était aussi pour cela qu’il pouvait sans prendre le moindre risque considérer ce dernier comme infiniment supérieur. Chaque personne y connaissait son rôle, et les attentes qui reposaient sur ses épaules. Ces questionnements stériles n’y étaient pas abordés, pour la simple et bonne raison qu’ils n’avaient pas lieu d’être. Mais ici, ces gens se persuadaient d’illusions, et gâchaient leurs existences à chasser avec une triste frénésie chimères et écrans de fumée. Ils érigeaient comme valeur suprême le bonheur, sans comprendre qu’en le faisant, ils se coupaient définitivement de ce dernier. Jamais ici il n’avait croisé quelqu’un qui soit réellement satisfait de son existence, et encore moins quelqu’un qui ait la satisfaction d’avoir fait fructifier autant ses talents que son esprit moral et son corps. Tout ici était mou, et tout ici était donc nécessairement inaccompli. Malble était simplement un des cas les plus visibles. Il ne pouvait pas la guider comme il l’aurait fait pour un disciple de son monde. Mais il pouvait peut-être, peut-être, lui fournir un moyen de s’éloigner de l’idéal répugnant promu par la cité pour devenir quelque chose de plus beau et noble. Il aurait été hypocrite de ne pas essayer.

Il doutait simplement de pouvoir provoquer un changement durable dans la créature qu’il avait en face de lui. Malgré les échos sympathiques que ce qu’il devinait d’elle faisait naître en lui, il ne se faisait que peu d’illusion sur sa condition réelle, et la somme de ce qu’elle pouvait accomplir. Cela de toute façon ne le concernait que très indirectement. D’autres affaires, elles très importantes, requéraient son attention. Derrière lui, son captif grogna doucement. D’ici quelques très courtes minutes, il se réveillerait.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Sam 12 Nov - 3:09, édité 1 fois
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Y’m’répond qu’il est pas un dieu, mais autre chose pareil, j’crois j’comprends pas la diff’, alors j’relève pas. Et après, il balance le mec là, il le balance sur un truc, genre, on dirait une pierre qu’a plein de sang. Et là, j’vois qu’en fait, y’a même genre, une carcasse qui se décompose. Ça m’donne envie d’gerber. D’où tu fais tes bails chez toi, comme ça ? Après ça pue la mort de ouf, genre tu peux même pas vaporiser d’la vanille que ça cache même pas l’odeur. Moi j’dis : si tu veux sacrifier des trucs, faut l’faire dehors. En plus, j’peux l’sentir de là, même si j’suis pas encore argent donc j’peux rien y faire, mais l’air il est tout vicié, y’a plein de trucs sales dedans, genre des particules de crade et de moisi qui peuvent faire tomber malade. Moi j’risque pas trop c’genre de maladie, parce que ça s’attaque mal aux slimolécules de mon corps de bg, mais les vrais humains, ils sont pas aussi indestructibles que moi, genre. Enfin, lui, si c’est un dieu, si ça s’trouve, il est immunité. Enfin j’sais ap. Faudrait p’t’être que j’lui dise, mais pour l’instant, il s’remet à parler, alors j’écoute.
J’fronce les sourcils pour être sûre de bien tout comprendre. Des fois il fait des phrases j’comprends ap’ dans quel sens il met les mots, genre j’ai l’impression il les passe au mixer, mais j’crois j’arrive à comprendre l’idée. Genre j’me bouge pas l'cul j’crois c’est ça qu’y veut dire. Venant d’un mec random, ça pourrait m’vénère de ouf, mais en réfléchissant un peu, c’est un peu vrai comment il l’dit, j’crois j’suis même un peu d’accord avec lui.

J’essaie d’réfléchir à sa question. C’est pas facile.
Pfff… C’est trop chaud comme question, ça, reuf. J’sais pas c’que j’attends, j’veux juste pas crever, t’sais.
J’relève mes lunettes sur ma tête, j’me frotte les yeux comme pour que j’rassemble mes pensées.
Ouais… J’sais pas quoi t’dire en fait. J’sais pas trop. J’suis juste là pour pas crever, tu vois. J’suis pas conne, t’sais, j’sais que j’suis une bombasse et tout, mais j’sais aussi qu’chuis qu’une bronze, et en plus, on aime pas trop les slimes ici. J’suis pas genre… J’sais pas, si j’étais une géant, j’pourrais faire des trucs, j’pense, mais là, si j’ai pas d’taff, j’suis bonne qu’à m’cacher, tu vois. Mais en vrai t’as raison de ouf, j’bouge pas trop mon derch’, c’est un peu l’confort ma fontaine. Tu penses va y’avoir des champignons qui vont m’pousser d’dans parce que j’suis trop en stagnation ? C’est ça qu’tu veux m’dire de m’faire comprendre ?
J’m’étonne de ouf en vrai de m’intéresser comme ça à c’qui m’dit sans m’vénère de ouf. D’habitude, les gens, j’m’en branle la nouille que j’ai pas, t’sais, et si y m’disent des trucs pas cool, j’leur rentre dans le lard direct, genre. Mais là, j’sais pas, il m’a l’air sympa, c’mec là, sous ses airs de gros durs.

Son paquet s’met à grogner.
Mec, tu vas en faire quoi, d’ton gus ? Tu vas l’sacrifier sur ta pierre ? Parce que si tu veux faire comme t’as fait avec l’autre cadavre, (bah oui, parce que j’ai compris quand même que c’est lui qu’a buté l’autre machin qui se décompositionne là, j’suis pas teubée), tu vas finir par plus pouvoir respirer chez toi, ça va t’mettre malade et tout. Tu veux pas faire ça plutôt dehors ? ‘Fin, j’dis ça pour toi, t’sais. Faut aérer un peu après, ça pète un peu les reins quoi, non ?
Et le mec qui grogne par terre, j’avoue qu’il m’fout un peu les j’tons, parce que j’aime pas les gens qui râlent, t’sais.
En plus, y bave sur ton parquet, c’est un peu deg, j’serais toi, ça m’aurait trop saoulée, genre.
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Il était ardu de comprendre les paroles de la créature. Malble, quand elle parlait, donnait à ses voix des intonations rapides et cannibales : certaines syllabes disparaissaient, certains mots se trouvaient amputés, et sa diction aurait déclenché la plus sainte des colères chez les professeurs du paragoï. Mais en se concentrant, il parvenait tout de même à percevoir ce qu’elle voulait dire, principalement parce qu’elle avait le bon gout de se faire l’écho de ce qu’il disait. Elle reprenait ses idées, demandant précision et confirmation, se les appropriant par là-même. Cette espèce de pseudo-maïeutique lui fit de nouveau penser à son monde. Et malgré la forme exotique que prenait sa diction, il pouvait apprécier qu’elle arrive à le suivre. Ce n’était que le concept développé était particulièrement difficile d’accès, mais malgré tout, ne pas avoir à se répéter plusieurs fois était un luxe rare autant qu’apprécié. Elle désigna ensuite son captif et l’autel, le surprenant quelque peu. Certes, il régnait dans cette cour intérieure une odeur forte et difficile à cacher. Mais il prenait grand soin d’entretenir ce saint des saints, et d’éviter que les effluves méphitiques des sacrifiés ne viennent imprégner la pierre rougie. Il n’était pas prêtre ; peut-être son savoir-faire rudimentaire avait-il été insuffisant ; peut-être était-il lui-même trop habitué aux odeurs des morts. Quelque soit la raison, Malble avait raison de le remarquer, et d’attirer son attention sur son prisonnier. Il aurait à corriger cela.

« Son destin final sera effectivement, et idéalement, d’être sacrifié. Mais avant cela, je dois le faire parler, et je ne sais pas si l’interrogatoire me laissera avec une personne suffisamment épargnée par ces nécessaires rigueurs. J’aviserai. »

Certains divins appréciaient de recevoir en offrandes des hommes et des femmes brisés, s’imprégnant du savoir-faire des fidèles. Hypanatoi, lui, n’était pas un tortionnaire particulièrement habile. L’art d’obtenir par la violence les secrets de ses ennemis ne faisait pas naître en lui d’atermoiement hypocrite : il était une nécessité, qui avait maintes fois fait la démonstration de son importance. Mais il lui était parfois difficile d’estimer l’étendue des dommages infligées, de naviguer la ligne raide qui empêchait les gens de basculer vers l’abysse. Et quand venait le moment d’établir un rapport avec le captif, il était encore une fois assez peu adroit.

« Regarde, fit-il à l’homme, attrapant dans son poing son visage tuméfié pour qu’il voit l’autel humide. Regarde. Regarde. Ta vie touche à sa fin, et un ultime choix d’impose à toi : tu vas devoir choisir la manière dont elle va se conclure. Mais prends le temps de reprendre tes esprits, et écoute. J’ai à parler à celle qui va observer tout cela. »

Car encore une fois, elle le surprenait. Elle découvrait avec un détachement évident un spectacle qui aurait fait pâlir les teints de nombre de portaliens, et ne semblait pas particulièrement perturbée par le changement de ton de la situation. Il comprenait qu’elle nourrisse en elle une rancune profonde pour la cité maudite, mais il y avait malgré cela un abysse qu’il était malaisé de franchir, et qui séparait la théorie de la pratique. Vivre loin des réalités violentes du monde rendait difficile de s’y confronter, quand elles se rappelaient au mauvais souvenir des populations indolentes. Et Malble était particulièrement indolente, même selon les standards laxistes de l’endroit.

« Peut-être sera-t-il plus simple de comprendre ce que je veux te dire en te racontant ce que je fais, ce que je vais faire, et pourquoi cela arrive. Vois-tu, j’ai découvert en venant ici qu’une des femmes de mon peuple a été capturée. Réduite en esclavage. Violée. Et que quand elle a voulu recouvrer sa liberté, elle a été traquée comme un animal indocile. Il est donc de mon devoir le plus sacré de trouver la liste des personnes impliquées dans cette affaire sordide, et d’obtenir rétribution. Cet homme, fit-il en le désignant d’un geste méprisant et rapide, est impliqué. C’est un affidé sans grande importance, mais tout de même. Et il va parler. Il va me mener aux rangs supérieurs de son organisation, et ces derniers feront à leur tour de même. »

Il marqua une courte pause, tournant délibérément son visage aveugle vers la petite créature. Il se demandait si elle pensait comme ces gens. Son propre esprit n’était pas, ou plus, celui d’un humain mortel. Il fonctionnait différemment. Les processus responsables de cette métamorphose étaient nombreux et complexes, mais le résultat était simple. Et il se demandait si la slime lui-aussi était éloigné des pulsions qui contrôlaient les humains, les elfes et toutes les autres myriades des races similaires.

« Mais cela n’est pas pour toi important. Ce qui l’est, et ce qui peut-être sans doute dur à comprendre, c’est que malgré le caractère sinistre de cette affaire, malgré la fureur qui bout depuis sa découverte en moi, travailler à sa résolution fait mon bonheur. Pas ma joie. Mon bonheur. J’accomplis un travail satisfaisant. Noble. Difficile et pénible et risqué, certes, mais cela ne fait que renforcer à la fois ma détermination et le sentiment d’accomplissement qu’il fait naître en moi. As-tu déjà ressenti cela ? »

C’était une vraie question, et une question qu’il se posait régulièrement, en regardant les autochtones. Et peut-être aurait-il ici lui aussi la chance de trouver un début de réponse aux nombreuses interrogations qui perturbaient ses pensées. Peut-être Malble, de part sa nature différente, pourrait souligner les éléments communs qui existaient entre le paragoï, la slime et la population locale. Peut-être. Fait particulièrement rare : il n’en avait aucune idée.
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Y’m’répond qu’il va l’faire parler, avant d’le buter, l’aut’ type. Mais il est pas sûr, ça s’trouve, il va l’faire câner pendant qu’il essaie d’le torturer, et après, il pourra pas faire son sacrifice. Ça s’trouve c’est un problème pour lui, chais pas.
Et, genre… Genre, c’est important, qu’tu l’sacrifies, ton gus ? Parce que si t’as vraiment de ouf besoin d’il crève pas pendant qu’tu l’fais parler, genre, j’peux p’têtre t’aider, si tu veux. J’sais pas trop torturer les gens, j’ai jamais fait, parce qu’en vrai, les gens j’m’en fous. Mais j’imagine que si tu dois l’sacrifier, c’est parce qu’il a fait une connerie. Alors j’ai pas d’problème a juger un mec qui fait des conneries, genre.

Et puis alors, il prend les veuch’ du mecton dans sa main là, et il lui parle, genre. Et franchement, dans sa voix, il fait pas golri, genre même, il fait trop peur de ouf en vrai. Il a l’ton grave et tout, et il parle trop sec, wallah comme j’aurais pas aimé, si j’avais été l’gars. Et j’suis un peu fière, parce que j’crois qu’y m’parle de moi à l’autre teubé qui va crever. Alors j’bombe le torse, et j’remets mes lunettes bien, genre. J’m’autorise même à lui tirer grave la langue, parce que lui il est dans une position de merde, et moi j’suis supérieure à lui, parce que j’vais pas crever, et qu’le Panatoï y’m’veut m’apprendre des trucs. Alors j’suis trop supérieure au gars par terre en vrai. Eheheh.

Et alors, le Papatoï, y’m’raconte. Y m’explique pourquoi l’aut’ gars faut l’sacrifier.
AH L’BÂTARD !!!
C’est vraiment un gros fils deup, le mec, genre ! Genre comme ça, tranquille, il bute et il viole des gens, genre c’est normal ? Mais c’est pas normal wesh, on tue pas comme ça, wesh, ça s’fait trop ap’ en fait. Du coup j’comprends de ouf quand le Hypatöi il veut le tuer le gars. Moi aussi j’aurais été trop vener de ouf à sa place, genre. J’aurais été, genre, j’sais pas, genre comme une furie quoi. Ouais, ouais, ouais, carrément.

Et après il m’dit qu’il est heureux parce qu’il fait c’travail de chercher tous les mecs et les buter, parce qu’ils ont violé sa pote. J’suis pas sûre d’avoir capté pourquoi c’était, genre, cool de faire ça, mais bref. Moi ça m’aurait fait iech’ en vrai, parce que ça aurait voulu dire que j’devais utiliser mon précieux temps pour des connards, et les connards ça mérite pas mon temps, jure. Mais y’m’dit qu’c’est noble et tout, genre noble ça veut dire bourge non ? J’cromprend ap, j’pensais genre le Hypapatoï il était, genre, un mercenaire ou j’sais pas. Mais comme y m’a dit qu’il était un dieu, c’est vrai, ça marche moyen pour les mercenaires. Les mercenaires, ils bossent pour des gens, j’crois. Les dieux, ils bossent pas pour des gens, parce qu’ils sont des dieux, logique. Mais du coup, ça gagne sa vie comment, un dieu ?
J’me cogite la tête, mais j’trouve pas d’réponse. Alors j’vais lui répondre à lui.

Euuuuuuuuuuh…. Euh j’crois pas. J’me sens bien en étant moi, parce que j’sais qu’chuis une vraie bombe. C’est ça qui fait de moi… Beh, moi, en fait. Mais comme j’ai jamais tué des gens, j’sais pas si ça m’rendrait, genre fière, et tout. J’sais pas c’qui m’rend fière en vrai, j’pense, à part être, genre trop belle et tout. Genre c’est pour ça que j’aime qu’on dise que la fontaine elle est trop belle, parce que c’est moi d’dans. Mais euh… J’sais pas trop ce que c’est « accomplissement », mais je suis pas sûre que j’ai ressenti ça, en vrai, non.
J’réfléchis, et, j’sais pas pourquoi, d’un coup j’me sens moins bien. Genre ça m’arrive pas, ça d’habitude. J’me sens toujours bien et j’crois toujours en moi. Mais là, ses aut’ paroles, elles m’font… Genre, elles m’font mal, mais j’sais ap trop pourquoi, tu vois.
Non, en vrai, j’crois pas.
J’lève les épaules, parce que j’sais pas quoi ajouter.

C’était plus marrant quand j’lui proposais mon aide pour torturer l’aut’ mec.
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Il ne connaissait pas Malble depuis très longtemps, mais pensait déjà la comprendre suffisamment. Ce n’était de toute façon pas là un exercice bien difficile : elle portait ses émotions avec clarté, et le paragoï était à peu près certain que toutes les pensées qui traversaient son esprit étaient plus ou moins immédiatement exprimées à l’oral. Il fut tout de même légèrement étonné de l’entendre lui proposer son aide. Peu de gens avaient l’estomac suffisamment solide pour supporter les basses nécessitées du travail de tortionnaire, plus encore à Portalia. C’était un travail sale, dans lequel il n’y avait aucun honneur à glaner. Mais c’était un travail nécessaire. Il considéra l’option un instant. C’était également un très bon moyen de se l’attacher. De s’en faire une alliée, aussi peu utile qu’elle puisse être, contre les forces distantes de Portalia. La considération était plus terre-à-terre, mais Hypanatoi n’avait jamais prétendu être un idéaliste.

Il faisait ce qui devait être fait.

Il l’écouta lui répondre pour la dernière fois, et ne fut cette fois aucunement étonné. Malble menait une existence misérable, qui ne laissait de place à rien de beau ou de grandissant. Elle végétait dans un bassin, et attendait que la succession du jour et de la nuit lui apporte quelque chose de nouveau. En vérité, il se demandait comment elle avait fait pour préserver sa santé mentale. Une telle oisiveté l’aurait indéniablement rendu complètement fou. Il se rappelait de son propre emprisonnement, et de la difficulté qu’il avait eu à empêcher son esprit de glisser vers des abysses coupables, au début. Il avait pallié ce problème en se rappelant des choses importantes, en envisageant cette période sombre comme une épreuve à passer, comme un moyen de se renforcer encore. Il doutait que Malble ait la capacité tout simplement de voir les choses de cette manière.

« Je vois, répondit-il simplement. »

Il ne servait à rien d’épiloguer sur le sujet. Cela n’aurait fait que l’éloigner, et lui démontrer qu’elle ne pouvait pas réellement comprendre ce qu’il avait à lui dire. Pas maintenant, pas tout de suite. Il fallait d’abord l’aider à retrouver le gout de l’acte. Lui montrer que son corps malléable et mou ne la condamnait pas à prendre l’apparence d’une décoration, que sa vie n’était pas à jamais celle d’une amuseuse publique. Il doutait sincèrement de pouvoir changer sa vie. Il n’avait pas le luxe d’avoir du temps ou de l’énergie à lui consacrer, pas suffisamment. Mais il pouvait essayer simplement de lui montrer qu’une autre voie était possible. Qu’essayer juste de fuir l’ombre de la mort revenait simplement à rester toute sa vie dans cette dernière.

Très peu de portaliens comprenaient cette leçon pourtant élémentaire. L’ironie serait délicieuse, si cette créature s’en montrait plus capable.

Il jeta à ses pieds le prisonnier.

« Je suis curieux de voir les façons que tu as de le faire. »

Il avait beau considérer la jeune créature sous tous ses angles, il ne voyait en effet aucunement comment elle pouvait faire violence à un autre être. Son corps semblait mou et spongieux, et il l’avait vu remodeler ses propres membres. Peut-être qu’en faisant preuve d’une imagination suffisamment retorse, elle en serait capable. Mais encore une fois, l’imagination ne semblait pas être son fort. Peut-être alors y avait-il en elle un instinct combattant qu’il ignorait. Sans doute même était-ce le cas, si son histoire était réelle : Portalia était molle, et il doutait que l’extermination de sa race se soit faite sans réelle cause. La cité n’agissait qu’en réaction des évènements les plus difficiles à ignorer.

Il espérait ne pas se tromper. Il espérait avoir là les prémices de quelque chose de grand.

Il attendit donc, l’esprit plein de visions curieuses, se demandant si la physiologie de la slime cachait quelque chose de particulier et de dangereux. Cela lui permettrait en plus de savoir clairement quelle posture adopter dans le futur, quelle méthode appliquer pour réellement sortir Malble de la torpeur sacrilège qui l’enserrait.

Il doutait simplement de la qualité de ce qu’il allait voir, et se préparait tout de même à prendre le relais ; mais il n’était pas homme à empêcher les gens de saisir les chances rares que le destin leur offrait de s’élever au-dessus de leur condition.
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Y’m’teste. Chuis sûre : y’m’teste.
Parce que du coup, il m’écoute, et après il m’répond qu’il voit, mais j’sais pas si il voit vraiment, et après, il m’dépose son mec à mes pieds. Et y’m’demande de lui montrer. P’têtre il est pas sûr que je peux l’faire, mais je peux l’faire, parce que j’ai pas qu’une corde à ma hache, moi, j’sais faire des trucs, même si j’ai pas de hache, en vrai.
Je fais rouler mes épaules, un peu, parce que j’suis un peu rouillée (lol t’as compris, les trucs ils rouillent avec l’eau et moi j’suis pas d’l’eau donc c’est pas possible, j’suis trop marrante, wesh) et j’lui fait un clin d’œil. En vrai, j’l’aime bien, le Hypatatoï. Y m’fait un peu rire, j’crois. Du coup, j’ai un peu envie d’l’impressionner. C’est ouf d’impressionner un dieu, non ? J’suis trop une ouf en fait.

J’m’approche du gars, et j’me mets à sa hauteur. Mais genre, j’m’accroupis, genre, je me change pas pour être plus p’tite, parce que j’veux qu’il s’sente un peu nul, le gars.
Alors, comme ça, tu violes des meufs tranquille ?
Il fait trop tiep’, en vrai, parce qu’il a l’air de tout pleurer avec son œil qu’est tout z’humide, là.
Tu veux pas m’répondre, gros bouff’ ?  
J’lui slap à la gueule avec mon bras, en l’étendant pour faire une surface bien plate, pour lui faire bien mal. Non mais, on m’ignore pas comme ça, genre.
– Non, je… j’ai pas…
À peine qu’il ouvre la bouche que lance une partie de mon corps dedans, pour l’étouffer un peu.
Non, allors en fait t’as pas compris. Le gars, là, avec son armure, le dieu qu’est là, là, il a dit que t’avais fait des trucs de merde avec ta bande de copains, là, envers une meuf. Et moi, j’aime pas quand une meuf se fait violer, s’fait chasser, et d’autres conneries, tu vois l’del’ ? Alors tu m’racontes pas d’salades, parce que j’ai compris c’qui s’passe, t’as capté ?
Il commence à étouffer, v’là qu’il d’vient tout violet. Alors j’me r’tire de lui.
T’as compris ?
– Humph…
WESH, TU M’REPONDS ?
J’crois il cherche encore de l’air, ce gros bouffon, là.
J’te jure mec que si tu m’réponds pas, j’fais pire que c’que j’viens d’faire, parce que j’peux m’faufiler partout, genre : VRAIMENT partout. T’as capté ?
J’espère qu’il comprend le sous entendu, le gros naze, parce que j’ai pas envie de voir c’qui s’passe dans son calebard. Y’m’dégoûte.
– C’est… kof kof kof… C’est pas moi, c’est mon chef qui…
J’refais comme je viens de faire, mais cette fois je m’enroule carrément autour de sa tête.
T’as intérêt à arrêter de t’trouver des excuses, mec, parce que ça va TRÈS MAL se passer sinon.
Je le laisse suffoquer quelques longues secondes, puis j’m’écarte. Faudrait pas qu’j’en fasse trop, sinon, le Papatoï il risquerait de pas être content et tout. Et l’idée, c’est quand même pas de me mettre un dieu à dos.

J’suis pas stupide, wesh.
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Il hésita à corriger la créature. L’homme devant lui n’était certainement pas coupable du crime qui pesait sur les épaules de ses maîtres, sinon par association. Hypanatoi lui-même n’entendait reprocher à personne de disposer comme voulu de ses esclaves et de ses prises de guerre. Là n’était pas la question, ou le problème. Le problème était que ces gens avaient cru pouvoir considérer Kemat comme une personne de bon droit, dont l’on pouvait jouir sans considération. Cela, en revanche, était impardonnable. Il força sa mâchoire à se desserrer. L’homme en face de lui ne méritait aucune pitié, et Hypanatoi n’était de toute façon pas un portalien mou : il ne considérait pas la dispense licencieuse de sa clémence comme une bonne chose. Chaque acte méritait une récompense appropriée. Et s’il n’était pas homme à condamner ses pairs sans être certain de leur crime, la défense de ce dernier était faible : il n’avait sans doute pas violé Kemat. D’autres personnes, en revanche, avaient sans le moindre doute profité de ce privilège douteux. Il resta immobile. Laissa la slime opérer. Il voulait voir. Il sentait en elle quelques relents anciens et durs, quelques traces héritées d’un passé qui avait justifié de la Guilde des actes définitifs.

Il y avait là un monument à rebâtir.

Et elle montra ses crocs, exprimant distraitement les possibilités offertes par sa propre anatomie. Pour punir un violeur présumé, la méthode choisie semblait appropriée, et l’ironie n’échappait pas au paragoï, qui leva un sourcil inquisiteur. Il était curieux de voir la chose à l’œuvre, et au vu de la tournure que prenaient les évènements, il risquait de ne pas avoir longtemps à attendre. Toutefois, il lui fallait modérer son enthousiasme : il voulait que l’homme soit encore en état de produire des réponses cohérentes, et il savait que briser trop rapidement et trop complétement un esprit empêchait souvent la construction de réponses cohérentes et exploitables. La torture était un art délicat, qui demandait avant d’être maîtrisé de nombreuses années de labeur et de pratique. Il prit la parole, sa voix sortant de sa bouche en un filet distant, presque désintéressé :

« Ta vie s’achève, annonça-t-il. Ton seul pouvoir maintenant est de décider la manière de ta mort. Elle peut être rapide et sans douleur. Je peux accepter de t’armer et t’offrir une mort sur tes deux jambes. Ou tu peux rester silencieux. Tu peux faire acte de loyauté pour des gens qui n’ont pour toi que mépris, pour conserver la dorure illusoire d’une relation qui n’a jamais été que contractuelle. Pose-toi cette question : tes maîtres sont-ils dignes de l’enfer que tu vas vivre ? »

Le portalien était un animal répugnant. Il craignait la douleur et la mort et la peine et les travaux ardus et tout ce qui était difficile. Il était un animal écailleux, dans les veines duquel coulait un sang froid et épargné de toute passion supérieure. Il ne demandait rien d’autre que de minimiser les charges qui entravaient ses loisirs, rien d’autre que d’une place chaude sur une pierre noire, capable de chasser de ses membres grêles le froid endolorissant. Lui désigner un endroit moins glacé était toujours un bon moyen de le faire douter.

Le choix, pour l’homme en face d’eux, n’en était pas un. La seule chose dont il fallait s’assurer était qu’il le comprenne aussi bien qu’eux, que ses pensées désordonnées et le désespoir de sa situation ne contribuent pas à l’émergence d’illusions de noblesse. Hypanatoi jeta sur lui ses deux yeux aveugles. Les deux vitres opaques et monochromes parvenaient rarement à communiquer des émotions complexes, et il savait que son visage, qui n’avait jamais été particulièrement expressif, était aujourd’hui presque complétement indéchiffrable. Mais à cet instant, il se voyait presque avec la clarté d’un observateur extérieur : il n’existait rien sur sa face sinon la traduction d’un mépris instinctif et sans compromis. Un mouvement immobile et pur, qui faisait s’abaisser les commissures de ses lèvres, se retrousser ses narines, plisser son front et froncer ses sourcils. Sa face avait l’expressivité parfaite des sculptures de maîtres. Et il voulait que l’autre le voit. Qu’il le comprenne, avec son langage atrophié et son esprit à l’horizon si bas. Que pour une fois, le paragoï puisse communiquer sans interférence avec un des mortels de l’endroit.

Peut-être ne fut-ce pas le cas. Peut-être l’homme ne pouvait-il pas comprendre. Ce n’était pas important. Il resta là, vigilant, silencieux, et adressa à Malble un geste presque imperceptible. Qu’elle continue. Il avait déjà déployé toute la bonté dont il pouvait faire preuve pour la vermine qui polluait l’atmosphère sacrée de son foyer. La responsabilité reposait maintenant uniquement sur les épaules de son captif.
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Ouais, voilà, tout comme c’qu’il dit, tu tiens à ton derch’, non ?
Mais c’est qu’il lâche pas l’morceau, l’crevard !
Y’a le Panatoï qui le regarde, comme s’il le voyait, mais genre, qu’il le voyait, genre pas que avec ses yeux, genre, avec… avec son âme, genre.
Mais l’autre, il moufte pas, il dit que dalle, il a l’air tétanisationné, y’m’regarde, avec une lueur dans l’œil, il a pas l’air de savoir où il habite.
Fais gaffe, mec, j’te jure, l’dieu, là, y rigole pas DU TOUT. Ça s’voit, ça s’voit dans ses yeux. Tu veux vraiment l’défier ? Tu veux que j’mette ma menace à xécution ?
J’ai même r’tiré mes lunettes pour qu’y m’voit qu’j’rigole trop ap’ avec lui en fait.

Mais y bouge pas. Mais pas, genre, pour défier et tout, juste, on dirait il est tout cassé. Il sort des p’tits bruits chelous, comme si c’était un mioche, des gazouillis genre, mais y’a pas un mot que j’comprend. Faut qu’il s’démerde pour pas nous faire attendre, parce que moi, j’ai pas son temps, wallah j’ai pas son temps.
T’as perdu ta langue, gros degueulasse ?
Il lève les yeux vers moi, et ouvre la bouche : sa langue, elle est d’venue toute blanche.
Oups.
Ça c’est parce que j’ai pas du faire gaffe, j’ai dû m’vener un peu trop ; et j’lui ai aspiré toute l’eau d’sa bouche, et y’a plein d’eau dans la langue, parce que c’est genre, y’a des trous et y’ plein d’sang, j’crois mon grand-oncle Oblip il appelait ça des porcs, comme les cochons, j’ai jamais capté pourquoi, genre. Ça s’vide de son sang, les cochons ? Genre, tout seul, pas si on les vide nous pour les bouffer ? Et y’a des trous dans la peau des cochons ? Des fois, j’comprend ap’ les expressions des gens, genre ils cherchent trop midi à midi, ça m’termine.
Bref, en tout cas, moi j’peux purifier l’eau… Bah j’pense, j’ai purifié sa langue. Trop des barres.
En vrai c’pas grave, elle va s’regonfler, c’est pas comme si elle était morte, genre.
J’explose de rire.
Pfffouuuaaaah le nul, genre j’lui passe deux fois dans sa bouche et sa langue elle s’est trophiée, jure !
Je me tords de rire.
M’sieur l’dieu, comme on est chez vous, j’vous d’mande, il a l’air de vouloir parler votre gars, mais il lui faut un papier et un crayon, parce que là, ça va bien rester comme ça pendant une heure j’pense… Si ça veut bien rev’nir, genre.

J’regarde les deux gars en alternativement, puis je hausse les épaules. L’prisonnier, maintenant, il a l’air de carrément de ouf paniquer. Bwarf, y va s’en r’mettre, c’est pas comme si elle avait été utile sa langue, t’façons.
Hein, qu’c’est pas grave, gars ? Tu vas nous dire bien gentiment c’que tu voulais dire sur une feuille, si tu veux pas crever et que j’dessèche ta bite tout pareil, t’as capté ? Sinon, j’ai encore d’autres idées de trucs pas agréables pour toi, tu veux voir ? C’est vach’ment golri, non ?

En tout cas, moi, j’me marre de ouf, genre.
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Hypanatoi Konostinos
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Les choses, ici pourraient être simples. Hypanatoi avait depuis longtemps qu’il convenait pour ne pas faire preuve de trop de cruauté d’abaisser ses attentes, de les rendre plus facilement accessibles. Ici, il ne demandait rien de dur. Des noms. Une adresse. La date d’un rassemblement. Rien de bien compliqué, quelques mots agencés en une phrase cohérente : tout cela n’aurait pas pris la moitié d’un souffle, tout cela n’aurait demandé que quelques très courtes secondes. Et en échange de ce minuscule service, il consentait à offrir à l’individu méprisable qui salissait en ce moment les dalles de son logis un présent qu’il ne méritait aucunement : la possibilité de choisir la manière de sa mort, d’exorciser le spectre pourtant insistant de la torture et des tourments qu’il s’apprêtait à vivre. Le marché, pour un tel individu, était plus qu’alléchant, et représentait une opportunité inespérée. Et malgré cela, cette chose ne consentait à rien lui offrir que le spectacle de sa débâcle morale et mentale. Il s’était ratatiné sur lui-même comme un fruit pourri vidé de ses derniers sucs, et ne parvenait qu’à vocaliser quelques borborygmes dignes à peine d’un nouveau-né. Hypanatoi sentit, l’espace d’un instant, la fureur monter en lui. C’était ce genre de raclure infame qui avait poursuivi Kemat. L’offense n’en était que plus grande. Il fut sur le point de prendre son silence pour ce qu’il était : qu’il le fasse consciemment ou par manque de capacité, il venait de rejeter son offre.

Cela voulait dire que le temps du parler se terminait, et que reprenait maintenant celui de la violence.

Mais il fut interrompu. Sa partenaire improvisée, après avoir observé les effets qu’elle avait eu sur le triste individu, éclata de rire, et le paragoï vit que la langue de ce dernier s’était apparemment vidée de son sang, et qu’elle pendait sur le sol de sa bouche, privée de toute force. Il ne pouvait tout simplement pas parler, il en avait été privé. Il était sur le point de changer la cible de sa colère : Malble l’empêchait d’obtenir des réponses, et ne semblait exactement comprendre à quel point l’humeur présente du paragoï l’empêchait de gouter à l’humour apparemment désopilant de la situation. Elle lui demanda cependant d’aller chercher au type de quoi écrire. Le paragoï n’était pas certain que ce dernier connaisse ses lettres : ce genre de sbire sans grand avenir était souvent illettré, ce qui l’empêchait d’accéder à des fonctions que l’éducation ouvrait à d’autres. Mais l’homme hocha avec désespoir de la tête, répondant à la proposition de la slime. Cette dernière, après l’avoir menacé, avait apparemment décidé de changer de ton, et de le cajoler. Elle lui parlait comme on le faisait à un ami, ou plutôt à un petit oiseau apeuré, et en demandant à Hypanatoi de s’éloigner, même temporairement, elle lui offrait l’opportunité de reprendre son souffle loin de l’instigateur de cette situation.

Il ne savait pas si cela résultait d’un effort conscient de sa part. Si c’était le cas, c’était particulièrement finement joué. La technique ancestrale du bon et du mauvais garde était certes éculée, mais même le criminel qui se pensait immunisé à celle-ci pliait facilement, quand le stresse et la terreur liquéfiaient son cerveau.

Il s’éloigna donc avec un grognement approbateur, se dirigeant vers l’étude qui lui servait à rédiger les quelques documents qu’il avait parfois à compléter pour satisfaire l’appétit de la bête administrative qu’était Portalia. Il avait beau être aveugle, ses sens surhumains suffisaient amplement à lui donner la capacité d’écrire. Peut-être pas de lire, mais d’écrire. Revenant en tenant dans la main un parchemin qu’il avait choisi le plus épais possible afin qu’il résiste aux épanchements de l’épave qu’il abritait en ce moment et un bout de charbon enfoncé dans un tube de bois (il était bien obligé de l’avouer, le crayon était un dispositif ingénieux), il le tendit à l’homme, se fendant simplement d’un mot prononcé aussi sèchement qu’il le pouvait :

« J’attends. »

Et l’homme griffonna. Ses mains tremblaient, ses yeux vacillaient, et sa respiration irrégulière faisait penser à celle d’un chien errant et maigre lors des longs jours d’été. Mais malgré cela, il se confessa, et apporta à Hypanatoi les réponses qu’il cherchait. Il reprit de ses mains le parchemin. Il ne pouvait pas le lire, aussi l’enroula-t-il soigneusement, et le rangea-t-il sous un pan de sa toge. Il le ferait lire à Derek, plus tard. Si Malble avait l’avantage d’être présent, il ne lui accordait pas suffisamment sa confiance pour la mêler à ces histoires.

« C’est bien, fit-il simplement, avant de plier les jambes pour se mettre à la hauteur de l’homme. Comment veux-tu mourir ? Si tu ne peux toujours pas parler, hoche simplement la tête quand tu entendras Malble t’offrir une possibilité satisfaisante, conclut-il en la désignant d’un geste rapide de la main. »

C’était à son tour, et il tiendrait parole. Cela, en revanche, ne l’empêchait aucunement d’exploiter cette opportunité pour continuer d’éclairer le chemin de la créature qui l’avait épaulé lors de cet épisode. Certes, elle avait fait preuve d’un peu trop zèle en asséchant la langue de l’individu, mais elle s’était rattrapée, et il était indéniable qu’il avait obtenu les réponses voulues en un temps record, et en plus de cela en évitant l’acte souvent très salissant de la torture. Se débarrasser de l’odeur de l’urine et du sang demandait toujours un travail pénible, et il pourrait consacrer son temps à des choses plus utiles. La traque des gens vendus par cet homme, par exemple. Attendant que la jeune créature reprenne la parole, il s’autorisa à profiter du sentiment de satisfaction dans lequel il baignait. Ce n’était pas l’acte qui lui plaisait ainsi. C’était le travail accompli, et bien fait.
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Malble Lilablop
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descriptionLes volatiles aigris [Malble] EmptyRe: Les volatiles aigris [Malble]

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J’le r’garde, le gars à la langue toute moisie, j’suis presque sympa en vrai. J’suis accroupie d’vant lui, j’lui souris, genre l’air de dire « vazy grouille », et puis ça finit par marcher, genre.
Son trait, il est grossier, genre pire que ouam quand j'essaie, mais il écrit. Il fait des lettres toutes ratatinées, toutes dégueulasses, avec des grosses tâches et tout, à tel point que même moi que j’arrive pas à le lire, même si d’abord, eh, d’habitude, genre, j’arrive à lire à l’envers, z’avez cru quoi. Là, c’est pas possible, c’est genre tout tremblant, j’ai l’impression qu’il écrit des trucs avec des lettres à l’envers même, et des majuscules et des minuscules et tout, on dirait un gosse de 5 ans, c’est terrible.
Mais j’continue à lui sourire, faudrait pas lui faire trop peur non plus, au gars.

Enfin, ça y est, il a genre terminé, et le papatoï il lui prend la feuille des mains, il a même l’air d’être content, genre.
Et puis il lui dit même que j’peux choisir des propositions de comment il veut mourir, le gars. J’suis trop fière, wallah, j’suis trop la best en fait, alors j’bombe le torse, j’me relève.

Bah… Y’a plein d’afçons d’mourir. J’peux continuer c’que j’ai commencé, en te desséchant tellement fort que tu t’vides de ton sang, kess t’en dis ?  
L’mec, il ouvre grand ses yeux, genre la panique et tout, et il hoche la tête de droite à gauche genre fréni… friné… frénitique, quoi.
Je souffle un coup.
Pffff, t’es même pas drôle. Tu préfères qu’on te noie ?
Il boude.
Qu’on t’assome ?
Il grimace.
Qu’on te transperce le cœur avec une lame ?
J’crois il va vomir.
Mec, en fait, t’as ap’ capté, j’crois. L’dieu qu’est là, il a pas ma patience, j’sais pas si t’avais compris, mais c’est clair, carré, tu peux pas test, tu peux pas échapper. Il te d’mande comment tu veux mourir, fais un effort, j’te propose un truc, tu dis oui, et basta, on en parle plus, et tout l’monde est content.
Il essaie d’articuler un truc.
Quoi ?
J’me retiens d’me Quoicoubeh moi-même, tiens.
Il a l’air de pas savoir comment m’dire c’qui veut m’dire, il pleure un peu, comme un gros bébé.
Bon, mec, franchement, tu me puise. J’te jure. On va t’couper la tête, et ce s’ra dard, et c’est tout.
Il relève ses yeux vers moi tout larmoyés là, et il finit enfin par accepter par un mouvement d’tête. J’crois il est rési… résa… il a plus l’choix quoi, il a choisi, c’est bon.

J’me tourne vers le patatoï, avec un grand sourire.
Qu’on lui coupe la tête !
J’imagine, enfin j’crois, qu’il comprend que ça veut dire que j’vais devoir le laisser faire, parce que j’ai pas d’sabre, ou d’couteau, ou d’chais pas quoi qu’il faut pour couper.
Et j’peux pas transformer mon corps en arme, ce serait trop beau, non, ça marche pas comme ça.
Même si j’suis une bombe, déjà, mais ça, bon c’est aut’ chose, quoi.
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Hypanatoi Konostinos
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Le spectacle continuait. Hypanatoi offrait toujours le choix de leurs morts aux personnes qui coopéraient. La mort était un pic : la fin d’une ascension, qui permettait à la fois de compléter une vie et de la contempler avec la distance que seule la complétion d’un acte pouvait accorder. Permettre à quelqu’un de choisir la façon dont elle arrivait, c’était l’assister à monter un peu plus haut. C’était une clémence supplémentaire, un moyen de concentrer ces derniers moments, de rendre plus ardents encore les dernières flammes. Le spectacle qui se jouait devant lui n’était rien de cela. Enserré entre le pathétique et le comique, il se déployait impudiquement, autant dans la débâcle mentale et biologique – l’homme perdait en sueur, en larmes et en morve plus d’eau qu’il semblait possible d’en contenir dans un corps – que dans le manque de superbe de la chose. Il était rare, ici, que les morts soient belles. Que la violence primaire, fait quotidien de la vie, se sublime en quelque chose de glorieux. Qu’il y soit révélé des choses, que des vies se terminent en une symphonie cataclysmique de révélations et de mérites.

Les gens mourraient comme ils vivaient.

Ici, ils mourraient mal. Très mal.

Finalement, on s’arrêta sur le choix de l’outil. Personne n’avait encore eu l’imagination de lui demander de mourir sur un lieu précis, ou à un moment significatif. Personne n’avait réclamé que l’on lise un texte cher à leur cœur, ou d’écrire leurs pensées avant leur mort. Pour des gens qui s’accrochaient à la vie avec des fureurs de parasites, ils étaient tous, au final, très pressés d’en finir. La douleur était un spectre cannibale, qui laissait par sa présence peu de place pour autre chose en eux. Il ne commenta pas. On lui avait demandé de trancher un cou, et c’est ce qu’il comptait faire. Il aurait pu, sans doute, se saisir d’une des lames utiles à la torture, qui trainaient çà et là. Mais cela aurait été contre l’esprit de la requête qui venait de lui être formulée, et il entendait se comporter dignement. Cela ferait au moins une personne. Il passa la succession des pièces de l’endroit qui lui servait ici de maison, jusqu’à retrouver celui où il avait laissé sa lance. Il s’en saisit, et fit le chemin inverse. Il se planta devant l’individu, et hésita à lui dire quelque chose. Le type avait tourné dans sa direction sa tête, puis s’était mis à geindre comme un chien que l’on éloignait de la table à coup de pieds. D’une certaine façon, c’était ce qui se passait.

Il trancha, de haut en bas, d’un mouvement rapide. Il n’avait pas besoin de lui demander de se mettre en position, de découvrir sa nuque ou de faire autre chose du genre. La tête roula, la coupe franche qui la sectionnait ne révélant pas les filaments et les lambeaux de chair qui signalaient une entaille malhabile. Il grogna, et regarda le carnage. Il allait avoir à faire, pour nettoyer tout cela. Mais pas tout de suite.

« Regarde-le, fit-il en pointant du doigt le cou sectionné qui se vidait lentement de son sang, après que les effusions initiales ne se soient calmées. C’est de cela que la Guilde te menace. »

Il retourna le corps avec son pied. La vessie, normalement, ne se relâchait pas immédiatement après la mort. Mais au vu de l’état de stress de l’individu, il préférait ne pas prendre le risque. S’il devait se souiller, qu’il le fasse en pointant vers le haut, de sorte que ses vêtements absorbent plus complètement les déchets produits.

« Comptes-tu te protéger de cette possibilité, Malble ? »

Elle était désemparée. Elle errait, immobile, et attendait. D’une certaine façon, elle incarnait la stagnation portalienne qu’il haïssait avec tant de force. Elle était la représentation évidente d’une cite devenue folle. Son occupation était d’imiter l’eau d’une fontaine. Chaque jour. Inlassablement. Il ne savait pas depuis combien de temps elle faisait cela ; lui-même avait déjà été incarcéré, et il n’imaginait que l’on puisse ainsi choisir un tel sort. Car la guilde ne demandait qu’elle soit une fontaine. La guilde demandait qu’elle fasse la preuve de sa plus abjecte soumission, qu’elle démontrer servilement qu’elle n’entendait pas venger l’anéantissement de sa race. Que ses crocs étaient limés, que sa volonté était brisée. Que l’entrave même des chaînes était superflu : sa prison était à ciel ouvert, sa cellule s’affichait au su et au vu de tous. Et elle, malgré ses insultes, pépiait comme un oiseau en cage, chantant toujours le même refrain.

Hypanatoi se pensait dur. Plus précisément, il se savait monolithique. Sur son monde, c’était une vertu : il accomplissait les choses nécessaires, avec efficacité et sans se formaliser du prix à payer. Lui-même, et il suffisait de compter ses cicatrices pour s’en rendre compte, n’était pas avare de sa personne. Mais sa cruauté avait toujours eu un but. Chacune de ses actions, en vérité, en possédait un. Il réfléchissait. Il analysait. Et il n’agissait qu’ensuite. Le sort de Malble, en revanche, l’étonnait par le raffinement terriblement exquis de la cruauté qui le composait. C’était une annihilation de toute son identité, une décomposition de tout ce qui la composait, pour ne présenter qu’un tas amorphe de matière beuglant après les passants pour oublier que la véritable cible de ses imprécations était toute autre.

Si ce processus n’avait pas été inutile, le paragoï l’aurait trouvé admirable.
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Le gars, genre le panatoï, il a même pas cherché, il coupé net, walou, rideau, y’avait plus R. La tête elle a roulé comme une balle de golf genre, avec des yeux à moitié fermés et équarquaillés, des ch’veux gras et de la morve plein l’nez. C’est tellement deg’, genre, ça m’rév… m’ru… m’révultionne.

Et puis là, le gars, y s’retourne vers moi et y m’demande que c’que j’en pense, et il m’dit qu’la Guilde, elle va m’buter tout pareil. J’en r’viens pas. Y’a des tueurs à la Guilde ? Genre, j’suis pas en sécurité, dans ma fontaine, en fait ?
Attends, attends… T’es en train d’dire qu’y’a des traîtres à la Guilde ? Genre j’risque de crev’ ? Il vont m’clamser ?
Il a l’air d’en connaître un rayon d’paquet, alors j’veux pas trop l’remettre en doute, mais si vraiment y’a des gens qui veulent me buter à la Guilde, alors ça m’panique, parce que j’suis en sécurité nulle part en fait. Et j’me dis qu’en vrai, ils auraient pu m’buter avant. Faudrait quoi… Qu j’me réfugie à l’église ? Qu’y ait genre un prêtre ou j’s’ais ap’ qui m’prenne sous son bras et qui m’empêche de mourir ? Même pas en rêve j’rejoins cette secte, wallah.
M’protéger d’la Guilde ? Faut qu’je m’fasse une arme ou j’sais pas, tu penses ?
J’suis sincèrement étonnée et tout, j’me dis que si il l’dit, c’est qu’ça doit être vrai, mais quand même, chelou quoi.
Ou alors… Faudrait que… J’sais pas, que j’enquête, genre ? Pour comprendre qui veut m’buter ?
Non, mais c’est qu’en enquête et tout et en mystère et tout, c’pas trop ma came, j’suis pas douée de ouf sur c’domaine, j’avoue. Pour une fois qu’ça arrive d’ailleurs, que j’sache pas faire un truc trop de ouf…

J’hausse les épaules, en vrai, j’sais pas si faut qu’j’m’inquiète vraiment tout d’suite. J’ai l’temps, non ? Si y’a quelqu’un qui veut m’buter, j’le buterai à la place, et pour c’est tout, t’sais.
J’regarde le sol dégueu à cause du sang du mec que le papatoï il a buté. Déjà, j’suis trop étonnée qu’il a fait ça chez lui et tout, genre il est même pas sorti pour éviter d’avoir à passer la serpillère et tout, c’pas très malin, t’sais. Mais bon, comme j’suis sympa, j’propose mon aide, tranquille, t’as capté.
Tu veux qu’je t’aide pour l’sol ? Faut j’me r’pose un peu, j’ai beaucoup utilisé mon pouvoir, là, mais s’tu veux, j’peux enlever l’dégueulasse de partout et t’laisser qu’une flaque d’eau, si ça t’aide. Non, parce que ce s’rait trop con qu’ton sol il soit tâché genre irré… irr… enfin, pour toujours, t’as capté.
J’suis trop sympa en vrai, le monde m’mérite même ap’.
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Hypanatoi Konostinos
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Son interlocutrice semblait avoir du mal à comprendre ce qu’il lui disait. Ce n’était là rien d’étonnant, et il ne pouvait que le constater presque à chaque fois qu’il tentait de communiquer avec un portalien : il était nécessaire, souvent, de faire de titanesques efforts pour faire passer des messages d’une extrême simplicité. Ici au moins, l’incompréhension était clairement exprimée, et surtout parfaitement intégrée. Il n’aurait pas à se fatiguer pour trouver le moyen de parler sans brusquer un interlocuteur dont l’objectif principal était d’éviter de se rendre compte des limites de ses capacités. Certes, la panique qui sembla l’espace d’un instant gagner la slime l’inquiéta quelque peu. Il n’était pas certain de pouvoir la calmer et la ramener vers un état plus productif, mais il n’eut pas à le faire. Peut-être était-ce là un effet secondaire de son manque de concentration, mais la terreur qui sembla brièvement l’étreindre à l’idée de devoir lutter contre la principale force militaire de ce monde se dissipa rapidement, remplacée par l’envie de nettoyer son sol.

Les canaux qui définissaient les chemins empruntés par son esprit devaient sans le moindre doute être aussi fascinants qu’impossibles à réellement comprendre.

Il hocha tout de même de la tête ; devoir s’occuper de sang ou d’eau ne changeait rien pour lui ; c’était malgré tout une occasion de calmer Malble, un moyen aisé de garantir qu’elle conserverait l’intégralité de ses moyens. S’assurant qu’elle avait terminé son babillage, il fit un pas en arrière, voulant s’assurer qu’elle ait l’espace nécessaire.

« La Guilde ne te considère pas, rassure-toi. Tu n’es pas assez importante pour attirer son attention, et tu fais chaque jour la preuve de ta soumission, comme nous en avons déjà parlé. Mais cela n’est pas une relation égale : ils disposent de tout le pouvoir nécessaire pour la modifier, et ta vie dépend de leur bon vouloir. Un jour, l’un d’entre eux décidera que tu poses un danger. Que l’accumulation lente mais continue d’essence divine en toi nécessite que tu fasses autre chose qu’imiter une fontaine. Que tu as été trop insultante, une fois de trop. La raison ne compte pas. »

Il désigna d’un geste rapide le cadavre de la main, et continua son explication, tentant de rendre son ton aussi calme que possible, souhaitant éviter un autre débordement d’émotion de son invitée du jour :

« Aucune organisation n’est un tout réellement monolithique. La nature de Portalia fait que cela est plus vrai encore, et que les individualités s’expriment sans qu’aucun but autre que la vague nécessité d’assurer la sécurité de ses habitants ne soit considéré, et la Guilde est, comme tu l’as deviné, notoirement corrompue. Un jour, quelqu’un prendra ombrage de ton existence. Si Portalia en tant que telle n’est pas auparavant détruite ou métamorphosée, rendant par la même occasion ton marché actuel nul et non-avenu. »

Il marqua l’une de ses éternelles pauses, voulant lui laisser un moment pour considérer ce qu’il venait de dire, avant de conclure :

« Aucune arme ne te protégera de cela, et il te faut trouver un moyen de préserver ton existence. En termes purement mercantiles, de garantir que tenter de te nuire serait une entreprise trop périlleuse par rapport aux potentiels bénéfices. C’est à toi de trouver comment y parvenir, cependant. »

Les portaliens, là encore, étaient des enfants. Les dieux jumeaux de ce monde élevaient arbitrairement au-dessus des masses quelques élus, et irradiaient leurs corps d’une puissance souvent surhumaine. C’était un don qui ne demandait aucune contrepartie, et qui bénéficiait autant au plus paresseux des hommes qu’au plus acharné. Sans travail, sans effort, sans sacrifice. Il n’était alors pas spécialement étonnant de penser que ces derniers croyaient que tout passait par l’exercice de ces dons divins. Que tout pouvait se régler en agitant son épée, en crachant du feu ou par un quelconque autre tour de prestidigitation. C’était pour cela que la cité lui apparaissait comme inachevée, juchée sur des bases branlantes. Que le premier réflexe d’une personne comme Malble était de vouloir se trouver une arme, ou d’identifier un individu précis, quand son adversaire était une masse abstraite. Ils allaient vers la simplicité, utilisant leurs pouvoirs comme des vieillards auraient utilisé des cannes.

Ils n’allaient jamais bien loin.

Ils avaient besoin d'être guidés.

Il n’était plus totalement certain de vouloir la leur offrir.

La créature en face de lui, au moins, faisait preuve de respect et de bonne volonté, et malgré ses quelques lacunes et son langage pour le moins exotique, apparaissait disposée à apprendre. Si plus de ces gens avaient été capables de son discernement, Hypanatoi aurait sans doute déjà pu réintégrer son monde, ou au moins aurait pu s’atteler à le faire sans être interrompu à chaque étape par une avalanche de disputes mesquines et de personnages sans envergure. Peut-être, là encore, était-ce son éternel optimisme qui nourrissait en lui un espoir indu. Peu importait. Il voulait simplement savoir, maintenant que sa tâche du moment était accomplie, ce qu’allait retirer la slime de leur échange.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Dim 29 Oct - 5:14, édité 1 fois
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Du coup, j’comprends quand y s’met en arrière qu’y veut bien qu’je lave son sol. Ni une, ni douze, j’m’active, parce que j’suis trop efficace, t’as vu, et j’nettoie, genre faut qu’ça brille. J’me colle dans le tout par terre et j’gobe toutes les saletés, et putain zarma, c’ouf comme il est crado, son sol, au Patatoï. Mais j’lui dit pas, il est cool, t’as vu, du coup ça s’fait trop ap’ en fait d’montrer des trucs que les gens qu’ils font et qui sont pas genre oufs dans la société moderne de maint’nant, t’sais, genre on montre pas à un mec il a une crotte de zen dans zen, donc on montre pas à un mec son sol il est deg’, t’as capté. C’était comme si qu’on m’f’sait r’marquer ma fontaine elle est sale, et moi j’te jure, l’mec y m’dit ça, mais j’te l’emplafonne dans du plâtre dans l’sol t’sais. T’as capté, t’as capté.

Et voilà, c’est tout du propre et lisse et tout, j’suis trop fière.
J’me pose sur un d’ses tabourets tous secos là, pour l’écouter, parce qu’y m’parle, et y m’parle bien et tout, et moi j’aime bien on m’parle bien, ça veut dire on m’prouve ma juste valeur, parce que j’suis une personne de valeur, moi, j’paye cher.
J’suis pas sûre j’ai tout capté c’que tu m’dis.
J’plisse les yeux, et j’rassemble mes pensées en idées.
De c’que j’comprends, genre, j’peux faire n’imp’, y s’en foutent de ma tronche, et y vont trouver un moyen pour m’dégage de là. C’est c’que tu penses, toi ?
Si le Panapatoï il a raison, j’suis pas dans la merde. Parce que ma fontaine, c’est d’venu ma maison. J’ai rien, moi. Rien d’autre, t’sais. J’ai tout caché toutes mes affaires dans les tuyaux des égouts, t’as capté. Mais t’inquiète, c’est pas grave, parce que j’me les nettoie toute seule, t’as capté, t’as capté. Suffit qu’j’les trempe dans l’eau, et paf, j’peux m’lier aux saletés dans mes affaires. Facile. Y’a d’l’eau dans les égouts, même si moi j’peux pas la créer, t’sais.

J’ramène mes g’noux sous mon magnifique fessier d’princesse.
C’est quoi « mercantile » ? Ça veut dire j’dois m’faire toute p’tite ? Ou j’comprends d’travers ?
J’fais ma moue boudeuse de normal, t’as vu.
J’suis déso, des fois j’comprend pas trop, mais j’suis pas teuteu hein, genre j’fais des efforts, t’sais, et tout. Mais, t’sais, avant, j’parlais qu’en slime avec les autres. J’ai appris genre l’portalien en étant une fontaine. J’parle comme les gens, dans la rue, t’sais. J’crois, les gens comme toi, ils vont pas trop dans la rue. Genre, toi, t’as une maison. Moi, j’ai pas d’maison. J’vis dans l’bac. Du coup on parle pas pareil, parce que toi t'vis pas dans l'eau. Tu captes c'que j'veux t'dire ? C'pas contre toi ou quoi, hein. Parce que j'te jure j'écoute et tout, de ouf. Mais bon, t'as capté.
J’y avais franchement jamais de ouf très pensé, t’sais. J’vis simple, j’suis simple, pas trop non plus parce que j’suis une bombe, t’as capté, mais j’suis pas une meuf qui fait zarma la meuf, j’suis une meuf genre normal, une meuf de la vie t’sais, j’fais pas la meuf, moi, j’suis juste une meuf. Mais du coup, d’penser à c’qu’y m’dit, de c’qui m’pense de mon taff et tout, ça m’fait genre tout drôle.

Un espèce de truc dans l’bide, là, j’aime pas. Genre j’me sens… J’sais pas, genre vide, t’sais. J’ai pas r’ssenti ça avant, j’suis pas vide, moi, j’suis pleine de moi, t’as capté.
Wallah, ça m’met pas à l’aise, j’aime pas ça.
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Il retint sa main, s’empêchant de pincer son nez entre ses doigts. La slime avait coopéré, et il avait oublié qu’il avait en face de lui un portalien. Il était dans la nature de ces êtres de ne pas comprendre, et lui-même avait sans doute dans son emportement oublié de rendre suffisamment accessible sa parole. Il laissa Malble terminer, et prit soigneusement le temps de réfléchir, laissant un silence pensif s’installer entre eux pendant quelques secondes. Il lui fallait trouver un moyen concis et efficace de lui faire comprendre ce qu’il voulait le dire. Une façon impossiblement directe de lui transmettre son idée. Rouvrant finalement la bouche, il prit grand soin de choisir ses mots :

« Tu appartiens à une espèce qui a été jugée dangereuse. Tu survis parce que la Guilde le veut. Un jour, elle ne le voudra pas. Parce que tu es trop proche des monstres. Parce que tu auras accumulé trop d’essence pour être considérée comme inoffensive. Parce qu’il sera bon de placer sur toi un blâme ou un autre. Parce tu ne fais pas partie de la cité. Pas réellement. »

Car malgré toutes ses prétentions faussement universalistes et ses grands discours sur le besoin d’unir tous les membres de la cité derrière une cause commune, Portalia était un modèle résolument tribal, à peine plus sophistiqué que celui des orcs qui s’amassaient en vagues confédérations dans les forêts sombres qui persistaient à l’orée de la zone d’influence de la cité. Les familias, l’Eglise et la Guilde. Les quartiers et les communautés extérieures. Les myriades de monde des invoqués, et les gens issus de la mélasse protéiforme d’ici. Le lien qui donnait de la cohérence à cet ensemble était ténu, et la cause fondatrice n’était pas fédératrice. Il n’y avait aucune culture commune, aucun passé commun, aucun avenir certain. Aucune langue sinon celle qui était imposée, aucune loi sinon le vague néant conciliateur qui devait réguler les actes de chacun. Et pour que cette mosaïque sans logique tienne, que ses tessons acceptent un tant soit peu de s’imbriquer les uns dans les autres, le seul mortier restant était l’exclusion.

La peur pour le citoyen lambda des quartiers nord et de leur misère : exclusion pécuniaire.

La peur des Dark Souls et de la Secte du Chaos, prédateurs et charognards : exclusions sociale autant que sécuritaire.

La peur du bannissement de la Cité et la privation de l’influence de ses murailles : exclusion géographique.

Portalia n’imposait pas ses lois par la force, car elle en était déspossédée. Elle le faisait de façon subtile, en faisant penser qu’elles étaient le résultat d’une forme de consensus, que le chœur sans union de sa population avait par une alchimie miraculeuse réussi à produire un but commun, une volonté d’accord. Mais c’était un endroit stagnant, une mare d’eau croupie, et toute tentative de la clarifier était aussitôt accueillie par un chœur croassant et agité.

C’était cela, qu’il fallait faire comprendre à Malble. Ou, de façon plus raisonnable, les conséquences de cela. Elle n’avait pas besoin de comprendre l’origine des marées, simplement la façon de ne pas se trouver noyée par l’écume.

« Deux solutions existent. La première, que tu dis rejeter, est l’assimilation. Montre à la cité que tu l’aimes. Que tu es fidèle, et dévouée, et surtout, utile. Que tu es une portalienne. »

Qu’ils ont réussi à anéantir ton peuple, que toi-même, tu n’en fais plus partie, se retint-il d’ajouter. Il était franc et direct, et ne se targuait aucunement d’être clément. Mais cet ajout aurait été inutilement cruel, et il voulait aider l’esprit de la nature qu’il avait en face de lui. Aussi modeste soit-il, aucune créature de son acabit ne méritait un tel avilissement.

« La seconde est de te rendre impossible à abattre, ou trop difficile pour que cela en vaille la peine. Portalia ne possède aucune idéologie. Aucune morale. Ses actions sont exclusivement dictées par ce qu’elle imagine être un pragmatisme de bon aloi, mais elle ne raisonne que sur le court terme. Prends mon exemple, ajouta-t-il en sentant que cette idée allait une fois de plus avoir du mal à être reçue. J’ai tué, parfois en public, des centaines de gens, pour accomplir ma vengeance. Je devrais avoit été arrêté depuis longtemps. Mais ce faisant, je me suis rendu trop difficile à faire tomber : dans ma chute, j’entraînerai trop de monde. M’arrêter, pourtant, mettrait un terme à mes actions, et plus l’on attend, plus ces dernières gagneront en ampleur, et plus je deviendrai difficile à faire tomber. Mais cela, Portalia ne le comprend pas. Ne peut pas le comprendre. Tu dois trouver ce que tu veux faire. Quelle place tu veux t’assurer. Tu peux aussi choisir d’attendre, et de rester à la merci du destin. C’est ce que ferait un portalien, à ta place. »

Il s’arrêta là. Il espérait avoir été clair, autant que possible tout du moins. Il doutait que ce soit réellement le cas, mais il espérait simplement que la créature tirerait quelque chose d’utile de leur échange. Elle avait, après tout, été utile à sa cause. Plus que l’intérêt personnel qu’il pouvait lui porter, Hypanatoi se devait de l’aider à son tour.

Aussi difficile que ce soit.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Lun 27 Nov - 11:37, édité 1 fois
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descriptionLes volatiles aigris [Malble] EmptyRe: Les volatiles aigris [Malble]

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J’te jure, j’lécoute, le papatoï. Mais pfouaaaaah, comment il parle, zarma c’est compliqué, tavu.
Un blâme ? C’est un genre de punition ou j’sais pas ? Tu penses ça, en vrai ? Y m’considèrent pas, les gars ?
J’marmonne dans la barbe que j’ai pas.
T’façons, j’savais, c’est tous des pourris, à la Guilde, tous des pourris. On est dirigés par des clodos, wallah la vérité, frère, des guignols en fait.
En vrai, c’qu’y m’dit, ça m’inquiète de ouf, parce que j’suis pas à l’abri en fait. Genre, ma daronne était pas à l’abri, elle est morte, mais moi aussi, j’vais câner. Parce que ces vendus d’la Guilde, ils vont m’défonce à la première occasion. C’est ça, genre, c’est ça qu’y veut m’dire, l’dieu tapatoï ?
Mais… j’fais partie d’la cité, moi. J’fais mon taff, normal, t’sais.
Sauf qu’ils le voient même plus, mon taff. J’crois j’capte, j’crois j’capte.

Et après, il m’donne ses soluces, parce que c’est trop un crack, le gars. Il est trop dans l’turfu, jure j’ai jamais vu ça, une dinguerie. Genre, il a pas un coup d’retard, il en a cinq. Genre si tu l’prend aux échecs, en fait, tu l’prends pas, c’est lui y t’prend dans l’cul, voilà, t’es niquer, zebi, terminé, nada, quetchi, loser.
Beurk. J’collabore pas avec les collabos, moi.
Même pas en rêve.

J’bombe le torse, parce que mine de rien, c’qui m’dit ça m’mine, ça m’plombe t’sais, genre l’moral dans les mitaines, et tout. J’suis un peu deg’ d’découvrir ça si tard, genre ça fait dix ans j’demande rien à personne, j’fais mon travail tranquille, j’viens m’faire emmerder par une lapine casse-couilles et par les crachats des gosses, mais j’fais mon taff, j’me rebelle pas, j’suis là, toujours là, toujours là. Et quoi ? Askip c’est pas suffisant ?
Des BARRES en fait. Y’a pas. J’vais montrer qui qu’c’est que j’suis moi, jure.
Vazy, apprends-moi.
Et franchement, v’nant d’moi, c’est de ouf une preuve de ma gentillesse et tout, parce que moi, j’ai b’soin d’personne d’hab’, t’sais, j’me démerde. A la guerre comme en soixante. J’te jure. Mais là, chais pas, y m’a touché, genre un arc sensible, ou j’sais pas trop. J’crois il a raison, j’peux ap’ continuer à glouglouter dans la fontaine en gueulant sur les pisseurs bourrés qui m’jettent leurs canettes de 16 à la gueule. J’vaux mieux qu’ça, moi. Genre au moins d’la Kro, j’sais pas.
Tu penses, genre, pour m’faire accepter, faut j’fasse comme toi, j’tue en public et tout ?
J’hausse les épaules. Que c’soit dans ma fontaine ou ailleurs, si les gens doivent crever, c’pas mon problème. J’peux faire c’qu’on veut que c’que j’fasse. Y’a qu’a d’mander. Et pas m’prendre pour une pigeonne. Parce que j’suis pas une pigeonne, moi, j’sais m’battre. Genre j’sais infiltrer l’eau, eh ouais, qu’est-ce tu vas faire en fait ?
Vazy, gros, j’te propose un truc. Tu m’dis faut j’me lève et tout, genre faut que j’sois plus moi, plus là, genre posée, t’sais. Et toi, t’as des gens qu’tu cherches et qu’tu veux buter. J’te propose, en tout bien tout bonheur, bien sûr, de t’aider et tout. Genre, si y’a des gens qu’tu cherches, j’veux bien faire partie d’la team. T’as une team, non ? T’es un dieu, t’as forcément une team. Genre des… Chais pas, des soldats qui font genre, l’sale boulot avec toi, ou à ta place, t’sais. Sans te fencer. Non, mais j’veux dire, si faut que j’me r’belle, su t’as raison, p’têtre, la solution, c’est que j’t’aide, genre, dans ton projet. C’ui qu’tu m’as dit t’t’à l’heure que tu voulais buter les connards et tout. Moi j’te donne mon moi pour buter les connards avec toi. Comme ça que j’montre à ces tapettes de la Guilde que leur taff de fontaine, ils peuvent se l’garer au cul. Mais j’garde mon bac. Parce que c’est ma piaule. J’veux quand même pouvoir dormir, t’sais. 

Non, mais parce qu’après, c’comme ça on s’fait virer d’chez toi et tout, moi j’veux pas dormir par terre, t’sais.
T’as capté, t’as capté.
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descriptionLes volatiles aigris [Malble] EmptyRe: Les volatiles aigris [Malble]

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L’animal portalien peinait à progresser. C’était une vérité qui s’appliquait de façon à ce point générale qu’elle se passait de l’énonciation normalement plus distante des maximes générales. Il convenait, sans surprise, de faire preuve de diplomatie au moment de l’annoncer : cette même incapacité à éliminer les parties indignes de l’individu le rendait naturellement revêche, là encore comme un animal renâclant devant le joug. Chose plus rare cependant - et d’autant plus précieuse - il arrivait parfois d’être surpris. De voir, au détour d’une conversation, un autochtone surpasser les attentes prudentes qui reposaient sur lui. Là encore, cela participait de la folie de cet endroit. Son monde était organisé. Il savait à quoi s’attendre, et de la part de qui. Chaque personne y possédait sa place, rigoureusement défini, et connaissait le choix qui pesait sur lui : être. Périr. La proposition était simple, et Hypanatoi lui-même avait été un agent du changement et de la réforme. Mais ici, rien n’était volontaire. Aucun processus organisé, régulateur, conscient, savant, ou il ne savait quel autre adjectif du même acabit n’émergeait de la surface boueuse de Portalia.

Il était ironique, donc, de voir que c’était le corps poisseux, dont la matière même semblait incarner l’esprit de la Cité, qui se faisait l’hôte d’un des rares esprits capables de progrès.

L’image l’amusa. Comme souvent lors de ces occasions, il ne trouva pas inutile d’en faire la démonstration. Malble n’avait pas besoin de cela. Elle avait besoin, comme tous ici, d’une main ferme autant qu’amicale.

Il la laissa terminer. Elle demandait à être guidée. Elle demandait à être rassurée. Elle voulait être protégée. Elle tentait, maladroitement, de comprendre ce qu’il avait voulu dire, avec l’innocence ingénue de ces éternels enfants. Il prit le temps de considérer ses paroles, pensivement, soigneusement, sachant que sa réponse allait avoir un poids particulier, et peut-être orienter le reste de son existence. Il lui appartenait donc de faire en sorte que la dite orientation soit positive.

« J’entends. Il est honorable de ta part de proposer ainsi ton aide, et je ne peux que l’accepter, fit-il en inclinant la tête dans sa direction. Quant à ta situation, il n’est pas nécessaire, comme tu le dis, de tuer en public. La violence est le moyen d’un acte, et c’est par la valeur de cet acte qu’elle se juge. Mais passons, je ne veux pas te perturber plus avant alors que le moment se révèle déjà dense. »

Il marqua une courte pause. Considéra la suite de son propos. Il était facile de parler pour lui, de lui : son chemin était clair, et les seules hésitations permises se rapportaient non pas à sa destination, ni au moyen de l’atteindre, mais aux infimes variations qui subsistaient après l’aplanissement de ces considérations. Pour un autre, la chose était plus ardue.

« Considère le fonctionnement de la cité. Les lois et les privilèges et les droits sont assurés non pas par sa justice, qui peine à s’organiser, mais par la toile de connaissances et d’intérêts que tu sauras te constituer. Tu as fait le premier pas, aujourd’hui : tu es sous ma protection, et moi sous la tienne. Ce n’est pas la solution, mais une base sur laquelle la bâtir. C’est cela seulement que je peux t’apprendre : les moyens de faire. »

La direction de l’action, tiendrait de la jeune slime. Il aurait pu lui conseiller de venger son peuple. C’est ce que lui aurait fait. C’était ce que la morale réclamait : il appartenait aux vivants de sauvegarder la mémoire et l’honneur des morts. Mais il savait aussi que l’énoncer à la créature, c’était la priver à jamais de l’opportunité de le réaliser par elle-même. Car le portalien, n’était pas un animal qui peinait à comprendre, pas réellement. Il peinait, encore une fois, à progresser, et la différence était majeure. Il se trouvait des excuses. Il procrastinait. Il épaississait ses œillères. Et quand une main voulait les arracher, il s’en formalisait. Et quand on lui montrait que la politesse gênée qu’il pensait lui être due ne suffisait plus à maintenir l’illusion de sa valeur, que ses paresses quotidiennes et ses petites médiocrités usuelles paraissaient répugnantes, il s’offusquait. Il ne voulait pas se voir comme il était. Il voulait préserver son confort.

C’était de ce dernier qu’il allait falloir tirer Malble. Sa fontaine n’était pas une maison, c’était un cercueil, dans lequel elle croupissait avec la mêlasse du souvenirs de ses ancêtres. Elle verrait, en temps voulu.

Peut-être.

Malgré son étrange façon de parler, elle lui semblait relativement éveillée.
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