Une indésirable aux archives (PV Vlad) (Terminé)

La vie de fontaine, c’est nul.
Genre, j’vous jure, prenez ma place juste une fois pour voir, vous comprendrez la galère.
J’passe ma journée à faire semblant d’être de l’eau, merci le taff ingrat. J’peux même pas faire genre que j’suis moi, parce que… Bah vous savez. Tueries de masse des gens différents, vous mêmes vous connaissez les bails.

Moi, j’suis slime. Concrètement, ça veut dire : une petite merde, une plouc aux yeux de vos grandes races là, et vos airs supérieurs. Mais moi j’vous l’dis : j’suis pas une plouc. J’suis Malble, et, par définition, Malble est une incroyable personne.
Juste, j’ai pas besoin de l’être avec vous. C’tout.

Du coup, aujourd’hui, j’en ai marre. Ils peuvent bien se passer de l’eau de la fontaine pendant deux heures, les pecnots de la guilde. J’suis sûre qu’ils verront même pas que j’suis partie.
L’autre jour, en explorant un peu le paysage dans les canalisations de la fontaine, parce que ouais, je fais ça, quand je m’emmerde, j’ai vu un passage que je connais pas.
Comprenez : ça fait dix ans que j’fais ce taff, les passages, j’les connais par cœur, dans le genre : comme ma poche. C’est impossible qu’il y ait une canalisation que j’aie loupée. J’en suis pas à ma première aventure extra-fontaine, vous pouvez me croire. Alors quand j’ai vu ce tuyau, j’me suis dit que je devais faire un tour. Sauf que ça f’sait déjà un moment qu’j’étais partie, et c’était en pleine journée, alors me fallait bien retourner à mon poste. Du coup j’ai décidé d’y aller ce soir, à la nuit tombée.

C’était ça le plus bizarre : la canalisation avait pas l’air d’être récente. C’était même plutôt comme si… On avait déblayé le terrain devant. Y’a des éboueurs à Portalia ? Y’a donc des gens qui ont un taff encore plus ingrat que le mien, genre ?
Mmh. Quand j’y réfléchis, non. Parce que même, admettons, y’a des éboueurs, eh bah eux, ils sont payés pour aller dans les égouts. Moi, les égouts, c’est ma promenade. C’est genre mon moment de liberté, ma petite délinquance dans mon travail.
C’est tellement risible, vous vous rendez compte ?

Bref, du coup, je vois le passage, comme s’il avait été désencombré. Alors, je me faufile à l’intérieur. C’est pas très compliqué de faire ça pour moi.
Y’a plein de bifurcations, j’en prends une série au hasard, en notant mentalement où je suis passée, histoire de ne pas me paumer, v’voyez. Alors je retiens.
Droite. Gauche. Droite. Droite. Haut. Droite. Gauche.
J’ai une super mémoire, c’est l’avantage de n’avoir rien à faire de mes journées : je mémorise des trucs sur les gens qui passent. J’apprends par cœur les démarches d'ces ingrats, le type de vêtements qu’il portent, et l’expression du visage qu’ils font. Tenez, la lapine, par exemple, elle a l’air hyper joyeuse depuis quelques semaines, j’sais pas trop ce qui arrive dans sa vie, et je m’en fous, mais elle a toujours le sourire. L’autre jour j’ai même assisté a une scène à vomir de bons sentiments entre la tiffeline et le morceau de bois. Lui, il m’a même balancé une pièce dans la gueule, carrément. J’sais pas pourquoi je me suis pas levée pour lui faire la peau. P’t'être mon côté fleur bleue, ou j’ai laissé les tourtereaux faire leur vie. Ça m’débecte. Mais voyez, j’suis une meuf sympa, en fait.

J’arrive à une espèce de grille. De l’autre côté, il a l’air de faire super sombre. J’suis trop curieuse, alors je m’extirpe en modulant mes slimolécules autour des barreaux. C’est un peu deg' pour les gens qui sont pas habitués, mais vous vous y f’rez. Ou pas. J’m’en fous en fait.
Du coup, je passe de l’autre côté, mais y’a pas de lumière. On dirait qu’il y a de grandes étagères, qui entreposent des tonnes de trucs, que je sais pas trop ce que c’est. Je hausse un sourcil. Si, j’ai des sourcils. Dans ma forme féminine, j’me fais des sourcils, sinon j’serais v’là cheum.

Je vois toujours assez mal, alors je me rapproche. On dirait des genres de… de rouleaux. J’en attrape un au pif, et je commence à le zieuter. J’cromprends rien de ce que ça baragouine, mais j’entends du bruit.

D’un coup, un lampe au plafond s’allume. J’me suis trop éloignée de la grille des égouts, je peux pas espérer m’y cacher en y retournant. J’essaie de garder mon sang froid – lol, c’est drôle, parce que j’ai pas d’sang – mais il n’y a strictement aucun endroit pour se cacher ici.

Je me mets donc à courir vers l’égout.
Mais, dans ma course, je fais tomber une série de rouleaux par terre. Eh merde.
C’est sur, le mec qui a allumé la lumière, là, il a compris que j’étais là, alors que je devais pas y être.

Dernière édition par Malble Lilablop le Jeu 26 Oct - 22:12, édité 1 fois

Une autre soirée à lire les archives. Si cela continuait, Vlad finirait par faire partie des meubles. Certains chercheurs de la vérité lui avaient même proposé de rejoindre leur division. Bien sûr, le vampire avait refusé. Même si s’instruire était une des grandes passions du majordome, il n’avait pas particulièrement envie de faire ça pour l’éternité.

« Lumière. » dit le vampire machinalement. Les cristaux de magie de la salle s’allumèrent. Le vampire s’approchait d’une étude quand soudains…

Un bruit. Des rouleaux qui tombent. Un autre visiteur nocturne ? Non, le vampire devait être seul à cette heure. Et si quelqu’un était là, les lumières seraient activées. Un intrus donc… Il sortit sa dague et se rendit rapidement vers la source du bruit.
Il aperçut enfin la silhouette de l’intrus en question. Ce dernier avait fait tomber nombre de parchemin. Un voleur ? Comment était-il rentré ? Que voulait-il ?

« Arrêtez-vous. » ordonna l'inquisiteur.

L’intrus semblait courir. Il avait la forme d’une femme humaine, mais son corps était d’une couleur bleue et ne semblait pas très solide. Vlad ne connaissait pas cette créature. Le côté érudit de Vlad fut immédiatement intrigué par cette personne en face de lui. Pendant une seconde, il s’égara avant de reprendre sa traque.
Il perça sa main avec sa dague et une grande quantité de sang s’écoula sur le sol. Rapidement, comme prit de vie, le sang se dirigea à grande vitesse vers l’inconnue, et se positionna devant elle. La flaque de sang prit alors l’apparence de deux serpents, ces derniers coupait la route de la voleuse.

« Vous ne pouvez plus sortir. Je vous déconseille de tenter quoi que ce soit. » mentit le vampire. En effet, si ces serpents semblaient menaçants, ce n’était rien de plus que du liquide… Néanmoins, il était difficile de connaître le pouvoir de ses adversaires dans ce monde.

« Qui êtes-vous ? que faites-vous ici ? »

Les yeux du vampire, d’une couleur améthyste, jusque-là, prirent une teinte rouge sang.

Sérieux, l’gars il a cru il allait m’faire peur avec ses serpents rouges là ? D’où ? Y’a pas, wesh, y’a pas.
J’ai peur de rien moi, j’suis une slime, j’peux me cacher de tout, y’m’connaît pas, j’ai pas peur de lui.
Comprenez-moi bien : j’pourrais. Sérieux, il dégage pas la confiance, le gars. Il est tout blafard, même ses cheveux sont tellement blancs qu’on dirait qu’ils ont pas d’couleur, et il a le visage strié, comme… j’sais pas, il fait pitié un peu, il a l’air triste de ouf. On dirait son visage il est creusé, genre, comme s’il dormait pas, ou pas assez. Ou qu’il mangeait pas.
J’suis sûre, il mange pas.
Il manipule un liquide rouge, aussi visqueux que le sang, même couleur que le sang, qu’a l’odeur du sang… Et, askip, on dit que si « quelque chose ressemble à un chat, miaule comme un chat et se déplace comme un chat, c’est que ça doit être un chat », alors c’est sûr c’est pareil avec le sang. J’suis pas si conne, quand même, wesh. Et, en plus, il a le visage plus blême que l’cul d’un bébé humain, même moi j’comprends c’que ça veut dire : c’est un p’tain d’vampire, l’gars. Mais moi, j’ai pas peur de lui. Parce qu’il peut pas m’bouffer : j’ai pas d’sang. Logique.

Il me fait face, derrière ses serpents de sang, et je peux pas m’empêcher de rigoler quand il me dit que j’suis coincée, que j’peux plus sortir. J’le regarde, j’lui lance mon plus beau sourire en haussant un sourcil.
Ah ouais ?
Je claque dans mes doigts trois fois – droite, gauche, droite – et je pointe mon index sur lui.
On parie ?
Alors, je lui tire la langue, et je me change en serpent, comme ceux qu’il m’a balancé dessus. Je transforme mon corps, j’étire mes slimolécules, et deux têtes de serpent prennent la place de mon merveilleux buste de bombasse, reliées au sol par ce qui pourrait être la queue de chacune de ces créatures entremêlées. Je siffle dans la direction de mes « ennemis »… puis j’attaque.

J’suis pas solide. Aussi, j’m’attendais pas à pouvoir mordre les créatures d’en face. J’suis presque sûre qu’elles sont faites avec du sang, mais si ça s’trouve, lui il peut solidifier la matière, c’que j’sais pas encore faire, parce que j’suis pas encore une slime assez avancée, alors je m’attendais un peu à tout. Mais pas à ça.
Mes dents visqueuses s’enfoncent et les trucs ont l’air d’être aussi étirables que moi. Bien, bien, bien. Alors, peut-être que j’peux les purger. Après tout, y’a max d’eau dans l’sang, non ? Puis, si c’pas du sang, tant pis, j’aurais essayé. Mais t’façons, même dans la peinture rouge, y’a max d’eau. Du coup, c’est moi qui suis en position de force. Parce que mes slimolécules, elles engloutissent ce qui toxifie les liquides aqueux, et rendent l’eau la plus pure possible.

Alors c’est c’que j’essaie de faire. Je rentre à l’intérieur du premier serpent de sang, et j’absorbe les globules, l’hémoglobine, les trucs qu’y’a dedans que j’sais pas trop c’que c’est, et ça marche.
P’tit à p’tit, le premier serpent perd sa couleur rouge, pour n’être plus qu’un tas d’eau. Et l’vampire, en face, j’suis sûre il sait pas manier l’eau, parce que du coup, ça fait une énorme flaque qui tombe au sol au moment même ou la dernière couleur rosée sort du « corps » de la première créature.

Je me recule de quelques pas, contente de moi, et reprends ma forme habituelle, parce que sérieux, j’suis vachement plus bonne sous une forme humanoïde que serpentaire, et je regarde le vampire et son deuxième serpent avec un MA-GNI-FIQUE sourire éclatant, en posant les mains sur les hanches.
T’es vraiment sûr que j’suis cernée, mec ?
Je lui fais un clin d’œil, d'quoi l'faire chavirer.

Bon, en vrai, faut pas lui dire, mais faire c’que j’viens d’faire, ça m’a grave fatiguée, c’pour ça que j’suis pas sûre de pouvoir réitérer l’expérience avec son deuxième reptile d’hémoglobine, là. Mais ça, t’façons, il le sait pas.

L’intruse fatiguait Vlad. Ses actions, ses mots… tout était fatiguant. Vlad sentait presque sa moralité le poussé au meurtre. C’était peut-être le pouvoir de la femme-slime. Une sorte de provocation. Quoi qu’il en soit, ça marchait sur Vlad. Le second serpent se déplaça pour faire en sorte de servir de barrage illusoire à l’intruse.

De toute manière, elle semblait capable de digérer les liquides. Ce second serpent sanglant ne ferrait pas long feu contre elle. En parlant de feu…

« Comme vous voudrez. »

Vlad claqua des doigts et une boule de feu apparu près de sa main. Il pointa du doigt la slime et le feu se dirigea vers elle avec une grande vélocité. Le vampire avait visé le bras, normalement, elle ne devrait pas en mourir. Cela aurait gêné le vampire de la tuer… quoique… Non, ça l’aurait gêné… enfin, sans doute…

« Dernier avertissement. » dit le vampire en préparant une seconde boule de feu. Ses doigts étaient sur le point de se claquer. Avec un peu de chance, elle serait plus encline à se rendre devant ce genre d’attaque plus directe. Il était fortement improbable qu’elle puisse se régénérer à l’infini. De plus, elle ne tentait pas d’attaquer Vlad après avoir vaincu le serpent. Elle ne s’était pas douté que Vlad utilisait de l’hémokynésie. Elle ne semblait pas non plus pouvoir dissoudre les matières trop solides, sinon, elle aurait sans doute tenté de dissoudre le vampire ou le sol sous ses pieds.

Néanmoins, le vampire se sentit faiblir, en tant que rang bronze, il ne lui restait plus beaucoup d’énergie. Suffisamment pour une ou deux boules de feu, mais pas plus. Heureusement que cette intruse avait anéantit l’un des serpents de sang. Sans cela, il aurait dû lâcher le contrôle du reptile et démontrer sa faiblesse. Le contrôle sur le second serpent était fluctuant, heureusement, ce n’était pas encore visible. Mais, encore une fois, ce n’était qu’une question de temps.

« Rendez-vous. »

Wow, wow, wow, wow !!!
Mais il est malade l’autre zombie là, wesh ! Mais ça fait trop mal en vrai, l’bâtard !
Genre comme ça, y’m’balance des boules d’euf, genre izi tranquille quoi, l’mec y s’gêne même pas ! Mais d’où qu’il s’croit où en fait ?
J’résorbe mon bras, genre y’a des slimolécules qu’on crâmé de ouf à cause de l’aut’ barge, mais j’peux pas rester comme ça, genre c’est trop moche les gens qu’on qu’un bras, genre on dirait des pingouins limite, j’suis trop une bombe pour être un pingouin. Alors j’me refais mon bras, comme ça y f’ra moins l’malin l’gros débilos.

Wesh, t’as crâmé ou quoi ?!
J’suis vraiment trop drôle, sérieux, c’est n’imp’.
C’est bon, c’est bon, stop tout faire brûler wesh, t’as tous tes paplards qui vont s’faire l’incendier ! Tu veux pas défonce tes rouleaux que t’as partout et que c’était pour ça qu’tu voulais pas qu’jsois là, hein ?
Sérieux, j’suis trop maline en fait en plus. Genre, ça va trop l’confuser, parce que j’ai trop raison.

Mais en vrai, il a pas l’air de trop golri, l’mec. Du coup j’lève mes bras – les deux, parce que j’ai puisé dans mes forces pour être belle, parce qu’on arrive à rien quand on est un déchet dégueu.
Vazy, Vazy, j’rigolais là, fais pas ta gadji, j’voulais pas t’faire peur wesh.
J’avance d’un pas vers lui pour lui montrer qu’en vrai dans la vraie vie, j’ai pas peur de lui, moi, j’suis trop une bonhomme, j’ai pas peur de lui, wesh.

Ouais, j’me rends, s’tuv’, y’a pas d’dos t’inquiète. Jure sur ma vie que j’attaque pas ton deuxième truc rouge moche, là. Y m’mérite pas, t’façons.
Héhé, trop bonne idée pour qu’il capte pas qu’en fait, j’peux pu’ faire grand-chose de ouf.
Mais j’crois ma dernière r’marque, il l’aime pas de ouf non plus.
Non, mais j’veux dire… T’inquiète quoi, range tes boules de feu, caline ton serpent un bon coup, détends tes nerfs, j’vais rien faire à toi ou à ta pièce là.
Faut qu’je change de tactique. Ça marche pas trop, là, on dirait.

Tu veux pas genre, on s’capte pour s’boire une tisanne ? Comme ça on pose les armes, on s’pose tranquille t’as capté, et tout qu’y s’passe bien après, tu vois ?
En vrai, j’suis trop fair de lui proposer un truc non ? Parce qu’il fait un peu flipp le gars, j’pourrais l’laisser comme ça et m’casser.

Ou pas. J’sens que j’suis claquos, faut pas que j’me r’trouve coincée dans les égouts, ça la foutrait mal de fou. Encore pire que ma vie d’fontaine, jure.

« Les ‘‘paplards’’ sont ignifugé. Vous en revanche… c’est une autre affaire… »

Menaça le vampire.

L’étrange créature énervante semblait plutôt prête à se rendre. Enfin, plutôt a cessé le combat.

Bon. Vlad n’avait pas le temps de s’occuper d’elle, il allait donc la laisser à ceux qui avaient le temps pour ce genre de connerie… les Templiers.

« Très bien, suivez-moi. Les templiers vont vérifier votre identité et s’occuper de vous » annonça le vampire avant de guider la jeune femme jusqu’aux gardes.

Cela ne dura pas longtemps. Bien qu’énervante, la jeune femme était là par erreur, et elle appartenait à la Guilde. Donc, pas de raison de l’arrêter. Enfin, aucune réelle raison.

Merci mec, t’es un type cool en fait, calme et tout, genre zen tout ça, pas b’soin d’tes serpents, tranquille. Un templier, c’est cool.
Un templier, c’est pas, genre, un espèce d’arbre ou j’sais pas ? Comment les arbres ils font pour m’fouiller mon identité ? Beurk, j’espère on m’mettra pas la main d’ssus, genre, parce que moi j’golri pas avec ça, t’sais.

Ou alors, un templier, c’est genre, un petit temple, plié en deux. Ça fait temple plié. J’suis trop intelligente en fait. Ça veut dire y va m’présenter d’vant des papelards et c’est genre des trucs sacrés, ça va m’dire que j’suis ok, et tout va bien s’passer, tranquille. Ouais, c’est ça, des p’tits temples sur des papiers pliés.

Ou alors, c’est genre, il plie le temps. Et genre, me présenter au temps plié, ç’veut dire qu’il veut que j’me plie d’vant l’Ordre et tout, c’est trop cheveuto-tracté, en fait, jure, j’me tambourine trop l’cerveau. Bref, y va m’sortir d’là.
C’tout c’qui compte, au final de finalement.

Pas b’soin d’m’inquiéter. J’vais r’tourner à ma fontaine, tranquille, et ni vu ni capté.