Oralee avait eu bien du travail à faire … Ses talents en machineries avaient été réclamé pour reconstruire ce qui n’était plus. C’était comme un mauvais rêve qui peinait à disparaitre. Une attaque, traumatisante, violente … et la demi-elfe n’avait rien pu faire. Elle n’avait qu’observé, abattue, le poids de la tragédie écrasant les épaules des citoyens de Portalia. Mais si des frères et sœurs étaient tombés, le monde ne s’était pas arrêté de tourner ; quelle sensation détestable que de devoir continuer à exister, à avancer, quand ce que vous connaissiez s’effondraient sous vos pieds. Le temps n’attendait pas, il n’y avait guère assez de journées pour soulager les âmes des survivants. La ville devait se relever. Et Oralee répondit à l’appel. Pas de boom, beaucoup de mécanique, un peu de plomberie.
Par tous les dieux, cette tragédie ne lui avait pas ôté d’êtres chères. Ils étaient tous vivants, ils avaient encore un avenir qui les attendait. Mais la demi-elfe n’avait pas été des plus grandes amies. C’était un fait et un tort qu’elle se devait de réparer. Il y avait cette lapine qui peinait à prendre soin d’elle, qui s’oubliait dans les livres et sa mémoire … Que pouvait-elle ressentir ? Alors Oralee prit son après-midi et fit quelques courses pour préparer une soirée : pour célébrer leur survie, pour honorer les défunts et pour souhaiter que les lendemains soient ensoleillés … Panier au bras, elle se dirigeait avec un sourire là où son amie travaillait.
Loin était le temps où elles jouaient toutes les deux au sein de la guilde.
Arrivée devant la librairie, Oralee fut accueillie par un panneau fermé, faisant hausser un sourcil à la demoiselle qui se pencha pour mieux lire.
« Fermé ? Ah … » elle se frotta la tête. « Elle doit encore avoir la tête dans un bouquin … »
Sans demander son reste, la brunette pénétra le lieu, son entrée se faisant retentir par un bruit de clochette familier. Quelque chose qui perdurait dans le temps … Pas d’Harmonie en vue, mais sa petite voix ne tarda pas à se faire entendre.
« Je suis désolée, mais la boutique est fermée. »
« C’est une excellente nouvelle aux vues de ce que j’allais te proposer ! »
Oralee s’invita entre les étagères pour se montrer à son amie, avant de soulever le panier en osier avec un immense sourire.
« Ca fait un baille, ma lapine … » Peut-être trop. Peux tu me pardonner ? « Ça te dit une petite soirée alcool/grignotage ? » Elle sautilla jusqu’à son amie avant de reposer un livre sur l’étagère. « Tes livres peuvent attendre demain, je te le promets ils ne s’envoleront pas. Et j’ai pris que des choses que tu aimes. »