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C’est lui qui m’a tapé !


Maintenant que tu es devenu un héros  @Yoka, il est temps pour toi de montrer l’exemple ! Tu ne fais pas seulement ça pour la gloire, la richesse ou avoir une nouvelle conquête à ton bras tous les soirs ! Tu es un modèle pour les jeunes générations, un exemple ! Tu l’as senti la pression là sur tes petites épaules là ? Non pas celle qu’on boit…

Un membre de la Guilde t’emmène aujourd’hui à l’orphelinat de Portalia. T’inquietes pas, tu ne vas pas changer des couches aujourd’hui quoique…on ne sait jamais si un membre du personnel est malade… Enfin bref ! Aujourd’hui tu es là pour encadrer un groupe d’enfant qui veulent justement devenir aventuriers quand ils seront grands. Ils ont fait un tour à la librairie de la petite lapine pour choisir chacun un livre d’un héros d’un autre temps, d’un autre monde.

Mais ça leur a donné des idées, enfin surtout une. Ils veulent faire une petite pièce de théâtre sur l’un de leur livre. Lequel ? Eh bien, c'est à toi de départager tiens. Et tu sais quoi ? Tu vas être aussi le metteur en scène ! Non, ne nous remercie pas. C’est le personnel qui va te remercier de t’en charger. Ça va leur faire des vacances.


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Yoka
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Partie I : Conflit d’autorité


Alors, le type qui prévient d’une mission, c’est plutôt sympa. T’as été utile dans l’attaque du Centre d’Entrainement, oui, et qu’il le reconnaisse, c’est une bonne chose. Mais de là à parler de héros, il semble qu’il exagère un peu, le gars. Ça sent l’arnaque à plein nez. Et puis, qu’est-ce qu’il en sait de tes motivations, goupilou ? Bon, de toute évidence, il sait que tu ne cracheras pas sur la gloire, l’or ET une nouvelle conquête tous les soirs. À la réflexion… en fait, morde : ce type est visiblement bien trop renseigné. C’en est presque louche.

Mais bon, les ordres viennent d’en haut, alors on s’écrase. De toute façon, t’en as vu des vertes et des pas mûres jusqu’ici. C’est pas une mission étrange qui va te faire fuir. Même si le soupir intérieur est fort. Et ça consiste en quoi cette nouvelle mission ? Voyons…

Nan, sérieusement. Le petit bond d’étonnement dans ta poitrine est caractéristique. Même s’il se mêle de soulagement à bien des égards, parce que ce travail est probablement un cadeau.

« Alors, vous êtes sûr que la mission est vraiment à l’Orphelinat ? Parce que, d’un, j’y ai déjà été il y a moins d’un mois, et apparemment c’était une erreur, donc pensez à vérifier que cette fois c’est bien vrai. De deux, j’ai du mal à croire que la directrice Elizabeth soit malade. Si vous l’aviez rencontrée, vous sauriez que « malade » et « Elizabeth » sont antinomiques. Occupée, je peux en convenir. Malade par contre, c’est une hérésie. »

Ouais, le type s’est plus enfui que justifié. Bref. Te voilà donc avec… quoi, quinze, vingt bambins ? Et la mission consiste à leur organiser une … pièce de théâtre ?! Eh beh.

« Tiens, bonjour Anna. Oh, ça fait plaisir de te revoir, Mike. J’espère que tu as bien retenu l’histoire de la dernière fois. Sky, Roy, vous allez mieux j’espère ? »

Déjà, il semblerait que l’épidémie de gastroentérite soit passée, c’est déjà ça. Ils ont du moins meilleure mine. Bon, déjà, tu sais que tu vas pas y couper cette fois, y en aura un pour tenter de te faire un câlin. Mais tant pis. Ça fait plaisir de voir les quatre petits avec lesquels tu as le plus interagis en grande forme. Et si Roy semble toujours craintif, Mike ne semble pas avoir tenu rigueur de ton arnaque à lui faire choisir un bouquin sur les paris. Quant à Anna, elle se montre toujours autant souriante, cela ne change jamais visiblement.

Ah, ils partent un peu dans tous les sens. Penser comme Elizabeth. Que ferait-elle ? Oh.

On s’éclaircit la gorge.

« Bonjour les enfants. Elizabeth m’envoie pour m’occuper de vous. Est-ce que vous vous souvenez de moi ? »

Forcément, là c’est la myriade de « ouiiiiii ! », avec trois « euh… non ? », cinq silences, un bambin pour lancer « T’es pas celui qui lavait les murs ? » et deux pour répondre aux « non » avec des « mais si rappelle-toi, c’était le jour des crêpes » en réponse. Le tout partant sur un début de « mais j’étais au lit le jour des crêpes, moi ! J’ai pas eu de crêpes... »

On reprend avant que ça ne s’envenime et que tu ne les rattrapes jamais.

« Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, je m’appelle Yoka. Elizabeth m’a dit de vous transmettre les règles à respecter. Est-ce que quelqu’un les connaît et saurait me les rappeler ? »

On laisse planer deux secondes de silence, le temps de voir les mains se lever. Déjà, les trois qui refusent de lever la main avec nonchalance sont repérés. Eux, il faudra les surveiller de près, surtout celui qui semble dépprécier l’idée qu’il y ait ici des règles. Celle qui sautille presque sur place, c’est repéré aussi. Elle a l’air d’aimer connaître les réponses, mais fait montre de beaucoup d’énergie qu’il faudra réussir à canalyser. L’info primordiale, c’est que Lizbeth a bien fait son travail : ils ont l’habitude de lever la main lorsqu’ils sont en grand groupe.

« Autre règle : pensez à lever la main et à attendre que je vous donne la parole. Et surtout, donnez-moi vos prénoms avant de me donner votre réponse. Alors… oui, toi ? »

« Je… il faut lever la main avant de parler ! »

« Alors, c’est vrai. C’est en effet l’une des premières règles. Par contre, je veux bien ton prénom. Je ne lis pas encore dans tes pensées. »

« Oh, euh… Idris. »

« Merci, Idris. Quelqu’un d’autre ? Une autre règle ? Oui, toi ? »

« Je… euh… m’appelle Morgan. »

On sourit. Le silence est court. Faut pas sourire trop, Goupilou. Tu sais pas comment ils interprètent les sourires, attendu que Lizbeth ne peut se montrer trop expressive avec eux.

« Enchanté Morgan. Quelle règle connais-tu et veux-tu nous partager ? »

Bon, jusque-là on s’en sort pas trop mal. Le défilé du rappel des règles finit de s’achever avec brio, malgré quelques petits rappels à l’ordre de temps à autre. Passons aux choses sérieuses.

« Merci beaucoup pour tous ces rappels. Vous savez pourquoi vous êtes là avec moi aujourd’hui ? »

« Ouiiii ! »

« On va faire une pièce de théâtre ! »

« Doucement. Rappelle-toi : lever la main, tout ça. »

« Oh pardon monsieur. »

« Tu peux m’appeler Yoka. »

« Pardon monsieur Yoka. »

Hahaha. Bref. Maintenant, le souci c’est les trois qui n’ont pas levé la main. On s’arme de son sourire le plus beau.

« Mais … les enfants, Directrice Elizabeth ne vous a pas tout dit. »

Ménager le suspense. Regarder leurs têtes. En tenir compte. Laisser quelques « Ah bon ? » se peindre sur leur visages.

« En effet, il y a une nouvelle règle qui va avoir lieu dès aujourd’hui, et comme chaque règle, elle s’accompagnera de plusieurs droits. »

Franchement, rien qu’à voir leur tête au mot « droit », ils en oublieraient presque que tu as mentionné une règle. Ils n’ont pas l’habitude d’avoir des nouveaux droits et encore moins de voir que règle et droit vont de paire. Désolé, Lizbeth.

« Vous êtes prêts à entendre la nouvelle règle ? »

Regarde leurs têtes. Même les trois silencieux qui semblent prêts à défier ton autorité à tout moment ont désormais un début d’oreille attentive.

« Alors, la SEULE règle de Yoka est … »

Nouveau suspense.

« … pendant toute la durée du temps que l’on passe ensemble, j’ai toujours raison, ce qui veut dire qu’il faut m’obéir. Et si je lève le doigt, ça veut dire qu’il ne faut pas se plaindre et écouter. »

Quelques mines déconfites. Surtout le garçon parmi les trois qui semblait espérer mieux de ta part. Désolé, coco. Le moment de ton amusement va encore attendre quelques règles barbantes.

« Si vous vous plaignez de mes décisions, vous savez qu’Elizabeth le saura et ce serait triste notamment dans les conséquences. Il serait dommage de passer toute la pièce puni dans un coin alors qu’il y a plus sympathique à faire pour chacun. Toutefois, je vous ai dit que cette règle ira avec des droits. Tant que vous respectez ma règle, vous aurez les droits qui vont avec. Vous voulez entendre les droits que vous gagnez ? »

Là tu les tiens. Ils veulent des droits, ils vont forcément t’écouter. Même celles et ceux qui vont questionner ton autorité ici vont vouloir jouer avec leurs droits.

« Alors voilà : de la moins intéressante des libertés jusqu’à la meilleure : UN : tant que vous écoutez sans râler tout ce que je vous dit… vous pourrez m’appeler Yoka. Tout simplement. Pas de monsieur, à la limite tonton si ça vous fait plaisir. »

Ménager le suspense. Le petit Mike a une question, autant en profiter.

« Monsieur Yoka, on pourra manger des bonbons ? Madame Elizabeth ne nous laisse jamais manger des bonbons. »

Petit rire intérieur. On se contente de sourire officiellement.

« Alors, je n’ai pas de bonbons ici, mais on trouvera bien un équivalent. Mais attention : ce sera quand chacun aura bien travaillé pour cette pièce. Et laisse-moi un peu de suspense pour les meilleures libertés ! Je n’ai abordé que la première… Bref. DEUX : vous allez pouvoir choisir la pièce que vous jouez, à la condition que cela se fasse à l’aide d’un vote, et que chacun respecte les autres en entier lors de ce vote. Vous savez ce qu’est le fait de respecter les autres, non ? »

Haha, quoi de mieux que de profiter de l’occasion pour faire référence aux règles déjà intégrées. Mais le mieux, c’est encore la troisième liberté.

« TROIS. Comment vous vous appelez, vous trois ? Toi, en premier peut-être ? »

T’as regardé les trois qui restaient déconnectés de tes propos, la fille et les deux garçons. Ils ne s’attendaient sans doute pas à ce que tu les invectives, ça se lit comme la truffe au milieu du museau.
Celui que tu as désigné seul finit par lâcher un « Melchior ». Puis c’est au tour de « Sylvie » de révéler son prénom. Le grand « Rayan » aura lui plus de mal, mais une fois seul contre tout le reste, il lui est difficile de lutter. Au moins, vu que la suite le concerne, il t’écoute pleinement désormais, même s’il fait mine d’en rester détaché avec un soupçon de mauvaise foi déroutante pour son âge.
Une mauvaise foi qui lui rappelle… toi. Ils sont orphelins, et ça se sent. Tu sais ce que c’est d’avoir été à sa place. Il a le même mordant que toi, ce petit.

« Enchanté. Donc la liberté numéro trois, si bien sûr Rayan, Sylvie et Melchior respectent ma règle, sera la suivante : ils seront à eux trois les metteurs en scène, les costumiers et les leaders. En bref, ce sont eux qui vont vous diriger. »

Joyeux Noë... Ah pardon, joyeux Polenchat, Rayan. T’as du mal à en croire tes oreilles, hein. Et oui, le festival des regards surpris, de l’envie et de ceux qui veulent élever leur voix contre cette injustice commence à poindre. Oui, certains ont envie de dire qu’ils voulaient l’être, metteur en scène, et que ce n’est pas juste. Mais  pas besoin de lever le petit doigt pour que le regard lourd de sens des trois primo-transgresseurs de l’autorité n’aille faire taire les véhémences.

On lève le doigt pour le fun, Goupilou, en regardant tout ceux qui voulaient témoigner de ton injustice.

« Rappelez-vous la règle : on ne questionne pas ce que je dis, sinon vous perdrez les libertés que je vous donne. Alors qu’en plus je n’ai pas pu vous lister toutes ces libertés et qu’il en reste d’autres. »

Tourne-toi de nouveau vers le trio à mater, toujours le doigt en l’air.

« Pour être honnête avec vous, je sens que je peux compter sur vous pour vous montrer digne de cette tâche. Par contre, cela nécessitera que vous vous montriez juste. Vos décisions doivent favoriser tout le monde, pas seulement les copains. Alors, est-ce que vous sentez que vous saurez vous plier à ma seule règle ? Vous pensez-vous à la hauteur ? Rayan ? »

Allez… si tu plies maintenant, ça va être fun. Reconnais mon autorité, petit bambin qui tente maladroitement d’asseoir la tienne, et crois-moi, tu passeras peut-être l’un des meilleurs moment de ta vie. Garde ton égo, et ni toi ni moi n’allons passer des jours heureux, je te le garantis. Accepte mon offre, et je sais que Melchior et Sylvie, qui implicitement te suivent, s’y plieront à leur tour. Ces petits choux sont en conflit de loyauté, là.

L’échange des regards est intense. Tu sais qu’il te jauge, le petit. Qu’il tente de savoir s’il peut te faire confiance, dans un monde où tout lui a toujours fait comprendre qu’il ne fallait pas faire confiance aux adultes, surtout dans sa situation. Mh…

« Bien sûr, Rayan. Sache que ma règle, celle selon laquelle tu dois obéir à mes directives, s’arrête à ce qui est bon pour toi, pour tes camarades et pour le déroulé de cette pièce de théâtre. Je n’ai en aucun cas le droit d’outrepasser cette autorité-là. Si je le fais, tu as alors le droit, et je dirais même le devoir de m’arrêter, de protéger l’intégralité de tes camarades et même de me mordre. Cela te semble suffisamment honnête ? »

Haha, il n’avait pas pensé à te mordre. T’as aucune idée de ce qu’est un Croc, coco. Si tu me mords, même jusqu’au sang, cela ne fera que me provoquer un vague sourire. Mais l’essentiel est que tu comprennes ce que l’on veut te faire passer.

On sourit. On patiente. Le reste des bambins attend ton aval, Rayan. Si tu valides mes propos, personne ne s’opposera à ce qui suivra.

Il semble hésiter. Défier l’autorité ? Gagner un droit qu’il n’aurait jamais pu obtenir autrement ? Que va-t-il choisir … ?


Après moult réflexion, voilà que l’enfant acquiesce très doucement de la tête. Il semble lui-même jauger dans ton regard à quel point tu l’embobines, mais il a acquiescé. C’est gagné, au moins pour l’autorité des autres.

Nouveau sourire de ta part.

« Parfait ! Je te remercie de ta confiance, Rayan, et ferai tout pour m’en montrer digne. Melchior, Sylvie ? »

C’est pour la forme, tu sais qu’ils se plieront vu que le plus influent de leur copains a lui-même cédé.

« Très bien. Cela m’amène à la quatrième liberté : aux seules conditions que cela ne me cause aucun tort, que cela ne vous cause aucun tort et plus généralement que cela ne cause de tort à personne, que cela soit financièrement possible tout en respectant vos besoins de sommeils, ainsi que tous les besoins qui sont bons à votre âge, vous allez voter six choses. La première, l’œuvre que vous choisissez de jouer. Les cinq autres seront vos cinq récompenses, une pour chaque soirée où la pièce de théâtre aura bien avancé dans ses préparatifs. Rayan et ses amis organiseront les votes, ainsi que l’ordre des récompenses, de la moins importante à la plus importante. Melchior, Rayan, Sylvie… C’est donc à vous de jouer. »





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Partie II : Mise en place




« Melchior ? En tant que responsable du scénario, tu veux bien rappeler à tout le monde ce dont parle la pièce ? Je pense que Yanis et Sarah n'ont pas tout compris. »

C'est marrant comme il a regardé Rayan. Même pas sûr qu'il s'en soit rendu compte, les échanges sociaux sont déjà bien implémentés à cet âge là. On devrait compter le nombre de fois qu'il attend une validation de sa part. De toute façon, Rayan n'en a cure, c'est un détail technique et pas le cœur de l'enjeu social. 

« Euh … d'accord. On va jouer à… euh… on va faire ce livre, là, les trois bandits.»

« Brigands. »

« C'est ce que j'ai dit ! »

« Nan t'as dit bandits. »

« Mais nan j'ai dit br…»

Un doigt levé. Certains ont vite compris. D'autres, ils ont besoin de voir le silence apparaître. Les avant-derniers ont besoin que quelqu'un leur donne un coup de coude, c'est très instructif de les voir interagir.

« Bandit et brigands veulent en effet dire la même chose. Continue, Melchior. »

Oui, Melchior, on a vu ton regard de fierté mal placée face à la petite. Faudra en tenir compte pour que ça ne s'envenime pas.

« Il y a trois… ban… brigands, qui volent un car… car… »

« Carrosse. »

« Oui, c'est ça, un carrosse. Et dedans, ils trouvent une petite fille qui dit qu'elle est la fille d'un monsieur très riche, donc ils emmènent la fille avec eux parce qu'ils pensent qu'elle peut faire … qu'elle peut leur donner beaucoup d'or. Mais en vrai, elle a menti, elle est orpheline.»

« Merci Melchior, c'est parfait, ça ira comme ça. Pour la suite, quelqu'un connaît la liste des personnages que vous allez jouer ? »

Chacun donne un petit nom pour enrichir la liste. Ils ont l’avantage d’avoir choisi une histoire avec un petit paquet de personnages, c’est déjà pas mal. Par contre, si on compte les trois brigands, la petite fille, le conteur - il va d'ailleurs falloir un enfant qui aime parler pour ça - les petits orphelins, la directrice, cela fait à la fois beaucoup de rôles mais très peu de grands rôles. Il va falloir partager.

« Sylvie, c’est bien toi qui voulais prendre en charge la mise en scène ? Vous avez pu voir avec Rayan et Melchior comment partager tous les rôles de façon équitable ? »

Elle acquiesce. Brave petite. Tu t'es pas planté à son sujet. Elle est peut-être toujours à deux doigts de défier ton autorité, mais elle sait s’organiser bien mieux que quiconque. Un Croc a le cerveau aussi acéré que son odorat sur ces choses là, tu as donc vu juste. Jetons donc un œil à son arrangement.

Pas mal. Pas mal du tout, même. Bon, quelques petits soucis à régler, mais rien de bien sorcier. Quand on fait confiance aux enfants, ils peuvent réaliser des grandes choses, Lizbeth t’en avait fait prendre conscience. Le sourire attendri qui s’échappe de tes joues en est d’autant plus sincère.

« Bravo petite, c’est super. On a donc maintenant trois jours pour dispatcher ces rôles, organiser les décors, s'entraîner et faire de la publicité pour attirer un public. Qui veut s’en charger ? Ceux qui veulent travailler sur les décors, allez chercher les crayons et la peinture. S’il en manque, faites remonter une liste à Rayan, il se chargera de me la transmettre. J’ai ramené des grandes feuilles de papier si besoin, mais faites attention à ne pas les gaspiller. Ceux qui veulent concevoir la publicité, accompagnez-les. On a besoin de maximum sept personnes pour ça, décors et pub compris. Pour les autres, allez voir Melchior pour qu’il vous attribue un rôle puis Sylvie pour qu’elle vous aide à vous entraîner. Comptez sur moi pour gérer l’organisation d’une salle digne de ce que vous allez faire. »

Pendant qu’on s’approche de l’équipe en charge des rôles - après tout ça va être l’enjeu clef des prochaines minutes, s’assurer que chacun puisse avoir une implication à sa mesure sans injustice - on réfléchit aussi à tout ce qu’il faut faire, seul, en tant qu’adulte en charge. C’est compliqué de mener des gamins, même s’ils sont géniaux. Surtout s’il sont géniaux, en fait. Plus tard, et même dès ce soir, on va devoir faire jouer quelques relations : envoyer un courrier à l’archiviste Dandelion, au cas où il aurait du papier en rab pour les gamins. Il t’en doit une, goupilou, pour l’hôpital. Il va bien t’aider, faut espérer. Tiens d’ailleurs, pendant que tu supervises ces bambins d'une main, réfléchis à ce que t’y mettrais pour anticiper un peu. Et note ça sur un brouillon, parce que Sif sait que tu auras peu de temps quand tu vas devoir t'en occuper. Pour la fée, ça donnerait quoi ? Mh…

Ah oui ! Allez griffonne ça vite fait.


“Cher Dandelion - désolé, me rappelle pas de ton nom. Ah si, morde, Marguerite. Cher Marguerite donc, pour une mission de l’Eglise, on me demande de faire faire des décors à des gamins de l’Orphelinat du quartier Nord. Tu te doutes qu’ils ne roulent pas sur l’or. Tu aurais des vieux parchemins dont tu ne sais que faire ? Cela pourrait leur être utile, et ils t'en seraient extrêmement reconnaissants. Moi aussi, je serais ton obligé.


Amicalement, 


Ton Yoka préféré



P.S. : encore désolé pour la blague sur le rouleau perdu. Si j’avais su que ça te tenait tant à cœur, j’aurais peut-être été plus molo pour le coup. J’espère que tu te remets bien”



Oui, quelque chose comme ça devrait aller, en définitive.
On a un peu mordé sur la blague, mais bon, il s'en est remis, hein ? Il t'en voudra pas … enfin. Pas trop. Et puis, même si c’est un peu ironique, on reste son goupilou préféré, hein ? L’avantage d’être le seul et l’unique.
Bref. Qui d’autre pourrait aider ? Le paragoï s’en fout, c’est sûr. Tu le vois déjà t’écraser de son regard qui signifie « Vraiment ? Pourquoi tu oses même me demander cela ? ». Si tu veux obtenir un lieu adapté, que ce soit le Rex ou la cathédrale, ce n’est pas à lui qu’il faut demander. À Patrick ? Ouais, non, tu lui dois déjà un service, tu ne vas pas passer à deux dettes.

Encore que. Peut-être ? Nouveau brouillon en perspective. Faut gérer, Yoka. Tu gères.



“Patrick, Patoche, collègue, je sais pas comment je dois t’appeler. Je sais que je t’en dois déjà une. Mais j’ai des mioches de l’Orphelinat - du quartier nord, je sais pas si tu connais - qui cherchent un lieu grandiose pour faire leur pièce de théâtre devant public. Saurais-tu s’il est possible de louer une partie du Rex ? Je pourrais alors t’en devoir deux, c’est à toi de voir.

D’ailleurs, encore merci pour l’autre fois. Si ça avait été sincère, j’aurais dit que tu embrassais bien. Toujours est-il que tu sais rendre service, et rien cela doit faire de toi le meilleur serveur du monde, quoi qu’en pensent tes boss.


Amicalement,


Yoka





Bon, quoi d’autre. Oh, oui, ils vont pas pouvoir se contenter d’un seul livre, les bambins. Et pour ça, tu sais déjà à qui tu vas demander, n’est-ce pas, Goupilou ? Pas la peine de rougir.



“Iridial, tu sais déjà que tu es adorable. Dis, tu n’aurais pas quelques exemplaires de l’ouvrage “Les trois brigands”, d’un certain Tom l’Affamé ? C’est pour les enfants du Quartier Nord, ce serait pour un emprunt de quatre jours. Par ailleurs, passe le bonjour à Yvana si tu la croises, ça fait un bail.


Chaleureusement, 



Yoka



P.S. : mon offre pour un verre un de ces quatre tient toujours. ”




… Voilà, on n’a plus qu’à trouver un moyen de rassurer ces bambins, et d’anticiper leurs… frasques. Attends… Morde, t’es un génie, Yoka, et c’est rare de se le dire !

Il accepterait de rendre service ? Si oui, la missive est déjà toute écrite, un truc dans ce genre-là : 



“Siriusichou, joli cœur,

Ne cherche pas comment je me suis retrouvé ainsi, mais voilà : je gère vingt-et-un bambins, et va savoir pourquoi ça m’a fait penser à toi. Ma frivolité, sans doute. Ou peut-être que c’est que je suis débile au point de penser que mon bel améthyste me manque. Mais si tu veux donner un coup de main pour anticiper un peu comment leur pièce de théâtre autogérée pourrait tourner, non seulement ta présence serait appréciée, mais en plus j’aurais plaisir à te voir. Ou si tu veux juste passer pour le plaisir, c’est à toi de voir.


Ton cupidon invisible <3,



Yoka


P.S. : J’espère que tu ne m’en veux plus pour les pics. Face aux Darks Souls, j’ai tendance à en faire des tonnes, d’autant plus quand je tiens aux gens. Promis, je ne recommencerai pas. Enfin, sauf si tu le récla… bref.”




Ouais, par contre tu peux rayer la dernière phrase, idiot. Tu t’enfonces.
C’est bon, on a les grandes idées, pas la peine de te perdre dans tes pensées stupides, goupilou, ton sourire niais va finir par se voir. Par contre, plus urgent, revenir à la gestion en temps réel, parce que les enfants ne vous laissent pas une seconde de répit, fût-ce pour rêver du joli coeur. Aussi, relève la tête de tes brouillons, stupide renard.

« Melchior, je pense que donner le rôle d’un des adultes du convoi à Sarah n’est pas adapté à son style. Elle a une voix qui porte bien, et cela pourrait je crois être utile à un rôle plus … affirmé encore. »

Lis entre les lignes, coco. Ou mieux encore, crois que l’idée vient de toi, qu’importe. Tant que tu trouves une idée plus équilibrée que donner un second rôle à Sarah, parce qu’elle a visiblement les moyens de se défendre dans cette pièce avec plus d’assurance que les autres. Et on a dit qu’on ne favoriserait pas les copains, souviens-toi.

« Vous… alors, Sarah, tu joues la directrice. »

Bingo. On acquiesce avec un air de surprise feint qui vient se mêler au sourire.

« Oh ! Excellente idée ! Tu veux bien, Sarah ? C’est certes le rôle de la méchante de la pièce, mais pour jouer les méchants, il faut à la fois beaucoup de courage et un excellent talent. Par ailleurs, très bon choix, Melchior, pour les trois brigands. Je compte sur toi pour la suite, je vais essayer de voir si ceux sur les décors s’en sortent. Appelez-moi en cas de besoin. Sarah, va voir pour travailler ton texte avec Sylvie. Elle est forte, Sylvie, mais de l’aide ne ferait pas de mal, pour choisir les textes du livre à garder et ceux à changer. Ce soir j’essaierai de remettre au propre ce que vous m’aurez pondu. »

Belle soirée en perspective, mon beau goupil. Courir après tes alliés… réécrire du texte… penser à comment gérer ces marmots. Encore heureux que t’es pas en charge de les nourrir et de les coucher. Oh, et note aussi d’acheter de quoi organiser leurs récompenses. Le jeune Rayan t’a transmis celles des trois premiers soirs, mais n’a pas voulu parler de l’avant dernière, qui semble le gêner. T’as bien fait de sourire, Goupilou, et de ne rien dire. Il semblait presque en colère quand il a refusé d’en parler. Ça devait être quelque chose de fort pour lui. En tout cas, ce soir c’est bonbons à gogo, sous réserve d’un bon brossage de dents derrière. S’ils sont sages bien sûr, ce qui est bien parti. Demain soir, s’ils continuent dans cette voie, c’est sortie pour visiter la ville, et potentiellement la cathédrale. D’ailleurs, t’as hâte de voir la tête de Dandelion quand il verra débarquer les bambins. Quoique, avec sa propension à finir à l’hôpital à chaque fois qu’on le surprend un peu, ce n’est peut-être pas une bonne idée. On ira peut-être s’assurer avant que ce ne soit pas sur ses horaires.

Quant au troisième soir, la récompense sera un grand jeu de groupe, ils veulent découvrir des jeux du grand monde. Si on a le temps, on peut même organiser une petite initiation au tir à l’arc quelque part, ce serait sympa. Et pour la dernière victoire, celle d’après la pièce, si on a bien compris, l’idée serait une grande soirée crêpe avec tout le monde réuni ; donc il faut ajouter des œufs et de la farine à la liste des courses, avec de la confiture. C’est drôle comme l’Histoire se répète, parce que ça te rappelle la dernière fois avec Lizbeth.

« On va faire de cette pièce la plus grande fierté de Portalia. »

Oui, Yoka. On va faire de cette pièce un événement que personne ne pourra oublier, c'est promis. Surtout pas les enfants.



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Dernière édition par Yoka le Mar 22 Aoû - 19:53, édité 1 fois

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Réponse à la lettre de Yoka

"Bonjour Yako enfin Yoka enfin tu m'as compris !


Tant que ce démon de Lizbeth n'est pas là, je veux bien te réserver une partie du Rex pour une soirée, après tous j'ai aussi été un chiard de l'orphelinat !


Bien cordialement vôtre (c'est Hypanatoi qui m'a appris ça, je trouve ça drôle)

Patoche le meilleur barman de Portalia

PS: Tu pourrais m'apporter de l'eau bénite toi qui est de l'église ? J'ai une expérience à faire avec mon essence je t'expliquerais quand j'aurais le temps

PS: Evite d'en parler au boss Paragoï car autant le jeune Rex pourra comprendre, mais pour Hypanatoi ça sera une perte d'argent, et je veux pas l'avoir sur mon dos en mode "Patrick tu sais pas gérer ton bar... Patrick c'est mon argent... Patrick je t'ai dit des olives pour accompagner mon vin pas des cacahuétes..." Désolé je m'emporte"
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Partie III : Anxiété


 

« Tout va bien, Aleksandra. Tu connais ton texte par cœur, et quoi qu’il arrive je serai là pour te le rappeler, quand bien même tu ne me verrais pas. Pomme, viens-là, tu t’es mis du rouge sur le front. Attends, que je te l’enlève. Ne bouge pas. Voilà ! Roy, tu veux bien aider Idris ? Elle a du mal avec son lacet, ce serait adorable de ta part. Non, Camille, ne marche pas aussi proche de Polen, tu pourrais fragiliser son costume ! Un petit peu plus à gauche. Lyson, Rayan, écartez-vous, Marina essaie de porter des bouquins et vous êtes sur son passage, merci. Tout le monde, préparez-vous pour faire la pièce en entier une dernière fois avant demain ! Allez, on y est presque, tous en place ! »

Ahlala. Stupide goupil, qu’est-ce qui t’as pris d’avoir été aussi ambitieux ! On les aime, on les aime, mais qu’est-ce que ça vous retourne le cerveau une mission comme ça ! T’es pas assez payé pour ça, c’est même pas dans la fiche de poste ! Et d’ici à ce que ce soit bénévole…

Au moins, la réponse de Patrick a été adorable. C’est parfait, parce que déjà c’est pas prévu que le “démon de Lizbeth” soit là, elle est bien trop occupée. À quoi, mystère. En outre, on n’a nulle intention d’en parler au Paragoï. Pour l’eau bénite, on va en chourrer vite fait à l’Eglise, c’est pas un bidon de plus ou de moins qui fera la différence. Et si on te demande, t’auras réservé ça pour une expérience utile à la lutte contre les monstres chaotiques. Rien ne t’empêche de réellement faire cela avec la moitié du bidon, en plus.

« Rayan, tu sais quoi faire. »

Il approuve de la tête. Avec Sylvie, il s’est débrouillé pour faire jouer ses relations afin que le calme s’installe avant qu’il ne lance le top départ. Même Luke, qui ne semble pas être parmi leurs amis, joue le jeu. Il y a là un équilibre mystérieux qui ne demande qu’à être brisé, et que tu as miraculeusement maintenu dans le bon sens tout le long de ces quatre jours passés, au prix de nombreuses cernes qui ne disparaîtront peut-être plus jamais. Ouf. Rayan jette un regard à Marie qui, avec Juan et Pomme, achèvent de retravailler leur texte sous le regard attentif de Melchior. Il a appris à se calmer un petit peu, lui, c’est un chouette progrès.

Tout se met en place, et Melchior récupère le parchemin.

… Ce parchemin que t’as trouvé l’avant veille dans ton casier à l'Église, sans un mot, sans une explication, sans même un nom. Mais tu sais de qui il vient, pas besoin d’aller chercher midi à quatorze heures. Vous n’avez pas élevé les cochons ensemble, ça se sent à la façon dont tout s’est passé… et pourtant, l’archiviste a accepté de se défaire d’un de ses précieux rouleaux. De la part de Dandelion, c’est une bonne nouvelle, non ? Au moins il t’a pas mis la facture avec, on peut donc supposer que c’était cadeau. Au pire t’auras une retenue sur salaire. Mais cela, tu ne le verras pas avant le mois prochain, mon renard.

Iridial, lui, n’a pas eu le temps de te répondre. Tant pis, on a fait sans. C’était probable de toute façon, il fallait l’anticiper. On s’est débrouillé avec le seul bouquin de l’Orphelinat. Sirius, on ne saura jamais, le destin est toujours capricieux entre ses mains, il serait capable de débarquer comme de ne pas avoir reçu le message.

Rayan vient de donner le top départ. Parfait. Comme il joue lui-même dans la pièce, c’est convenu, cette fois c’est toi qui gères. Et pour la dernière mouture, on n’interrompt pas quoi qu’il arrive. Il faut que ça ressemble à la version définitive, aux conditions définitives. À une certaine réalité de ce qui se passera demain.

… Pas mal. Pas mal du tout. Un petit geste à Juan pour qu’il parle un peu plus fort ? Mieux. Célestine perd encore un peu ses mots, donc on va activer le Mur d’invisibilité au cas où.

« Vous en avez de l’or ! »

C’est ça la réplique qu’elle oublie à chaque fois. Tu finis par connaître par cœur l’histoire à force de la relire et de la lui faire répéter. Donc il faut prévoir d’être à côté d’elle à ce moment-là. Mais en même temps il faut pouvoir revenir sur les côtés pour aider Camille et Patrice à changer de costume, puis Lyson qui doit bouger un élément de l’autre côté.
Diantre.
Un véritable casse-tête portalien.

Un couloir d'invisibilité ne suffira pas en fait. Ni même deux. Ça avait pourtant l’air d’une bonne idée. Bon, on va quand même le placer. On y va doucement, pour ne pas surprendre les jeunes gens. Poser le premier pic à un mètre cinquante du sol. Faire le tour pour placer le second. Tout le souci, c’est le troisième. Quoi qu’il arrive, tu sens bien que la zone d’essence diffusée ne suffira pas. C’est … laisser Camille et Patrice se changer seuls ? Pas possible, ils ont manqué de déchirer leur costume la dernière fois. Ou abandonner Célestine à son triste sort ? Cela serait d’autant plus cruel. Encore que, si on met le troisième pic ici, peut-être que… Ah oui, parfait !

Désormais l’endroit est ton terrain de chasse, ton terrain de jeu. Les zones risquées sont couvertes par ton couloir que personne ne sentira parmi les enfants. Tu pourras aider quiconque sans que personne d’autre ne le sache, du moins parmi ceux qui avaient besoin d’aide jusqu’ici et pour lesquels tu as placé des pics à proximité.

Tout se déroule à merveille, et tu gères d’une main de Croc, mon goupil. Melchior reprend son script, il incarne le rôle du narrateur. Il se l’est attribué une fois qu’il est devenu clair qu’il connaissait parfaitement l’histoire. Et que personne n’y arrivait aussi bien que lui de toute façon.

Attends. Rayan qui bafouille ?! Ça arrive depuis quand, ça !? Il est justement dans les angles morts du Mur d’invisibilité, parce que tu ne peux faire que deux segments connexes au maximum. On couvre comment ce cas de figure ?! Avec son caractère, ça pourrait dégénérer en bagarre si ça se remarque ! Morde ! Et depuis quand il stresse, ce petit !?

T’as que trois pics, stupide goupil. T’as jamais réussi à en préparer plus, ça finissait toujours par en désamorcer un d’en concevoir un quatrième. Et faire osciller l’essence ne fonctionne que le long d’une ligne extrêmement limitée ! Réfléchis, comment tu peux changer la géométrie de ta maille alors que les lois qui la régissent sont si … Arg !

Vite, réfléchis. Quand Morgan avait ri de Rayan, il avait fallu empêcher Sylvie de lui tomber dessus. Il s’en était fallu d’un cheveu. Depuis, l’histoire s’est tassée, mais la tension demeure. Tellement d’énergie chez ces petits que la moindre chose peut venir interférer avec leur motivation à …



Interférer. Interférer.

Et si c’était aussi simple ?! Ce que tu as mis des mois à chercher, ce serait des mioches qui t’apporteraient la solution ? Pas possible.

Essaie, Yoka, avant que cela ne dégénère ! Tu n’as rien à perdre ! 

Rue toi dans l’un des deux morceaux du couloir d’invisibilité avant de sortir entre les deux ! Ces couloirs sont ton essence, ton terrain ! Ils sont des vibrations de toi ! Que tu le veuilles ou non, tu es comme ces pics que tu trimbales ! Et comme il en suffit de deux, tu… peux rester dans le triangle qui les compose, non ? Sous réserve de faire subir à ton propre corps la résonance que tu installes dans tes pics avec ta propre essence, ce serait jouable, n'est-ce pas ? Oui mais morde, pas le temps de vérifier la théorie. Tu es épuisé, mais tout risque de s’effondrer si tu ne te surpasses pas maintenant.

… Ça … marche ? 

Aucun enfant ne semble avoir fait attention au fait que tu sois devant eux, on dirait. Quelques-uns semblent même te chercher du regard. Ça fonctionne, vraiment !? Utiliser les interférences entre tes pics et toi dans l’enveloppe convexe de tes trois pics est possible, vraiment !? En utilisant cette nouvelle technique, tu pourrais étendre à un triangle ce qui était auparavant un couloir ?! Tu peux faire ça ?! Youhou !

Ressaisis-toi, idiot ! Là c’est le jeune Rayan qui a besoin que tu l’aides, même s’il ne te voit pas. T'es débile de te réjouir alors que tout s'effondre devant ton inaction. Viens à côté de lui, et murmure. Faiblement.

« Pas de bett… »

« Pas de betterave, pas d’amour ! Telle est la règle d’or ! »

Il est futé ce petit. Il a sursauté, l’espace d’un instant. On le ferait à moins, si d’un coup une voix, même connue, se mettait à murmurer à votre oreille sans le renard qui allait avec. mais il s’est ressaisi à une vitesse surprenante, attendant d’avoir achevé sa réplique avant de chercher du regard qui avait bien pu venir à son aide.

Ce qui t’a pile laissé le temps de revenir sur un côté de la pièce et de réapparaître hors du triangle. Lorsqu’il croise enfin ton regard, ses yeux sont remplis d’un fouilli innommable. Quelque chose entre le choc, l’incompréhension, la surprise… et … serait-ce un poil de gratitude ? Trop tôt pour le dire. Mais tu peux être reconnaissant, petit, parce qu’on a cramé pas mal d‘essence pour toi aujourd’hui.

Au point de … s’asseoir, vite. Il le faut. Pfiou… c’est… c’est une belle victoire, mais à un prix fort.

… T’as pas le temps de te reposer, stupide renard. La pièce se termine déjà.

« … Bravo ! Bravo à toutes et à tous ! Vous avez été géniaux ! Vous allez assurer, demain ! »

Toi, par contre, goupilou, est-ce que tu vas pouvoir assurer ?! Tu es complètement épuisé. T’es à bout. 
Garder le sourire. Tenir. C'est la morde, mais il faut quand même tenir…

« Vous pouvez y aller. Allez voir dans la pièce à côté, vos responsables vous ont préparé le goûter. Et n’oubliez pas que l’on se revoit demain matin, pour aller installer tous les décors dans le Rex. »

Conserver le sourire, alors que t’as juste envie de t’effondrer sous le poids dépensé par ce nouveau… pouvoir. Tenir encore, coûte que coûte.

Pourquoi ils ont l’air de te regarder avec incompréhension ? La plupart s’exécutent, mais on voit bien qu’il y a eu un flou. T’aurais dit quelque chose de débile ? Certains ont même jeté un regard à Rayan avant de partir avec un sourire gêné. Le même Rayan qui s’est avancé vers toi, avec cet air indéfinissable, entre frustré et torturé.

« Rayan. Un souci ? »

C’est éreintant, mais tu as fait ton meilleur sourire. Il s’agit de quelques secondes encore. Une partie d’entre eux a déjà quitté la pièce après t’avoir salué et que t’aie renvoyé un signe.

Bon sang, il a quoi ce petit ? Si c’est pour me remercier, ce n’est pas la peine. T’es à deux doigts de défaillir.

« … »

Crache le morceau, on ne pourra pas te sourire indéfiniment…

« Oui, j’ai ce pouvoir-là. Pas de quoi, personne ne l’a su parce que personne ne pouvait me voir, et personne ne le saura jamais, promis. »

Oui, forcément, son regard est encore plus ébahi. Rahlala. Si on avait un jour su que quelqu’un ferait cette tête là face à ton pouvoir.  Dommage que le mal de crâne montant n’aide pas à profiter de l’instant.

« … »

Sérieusement, il a encore quelque chose à dire ? Les derniers enfants ont quitté la pièce, là. Et t’es à deux doigts de t’effondrer. T’as même pas récupéré tes trois pics, pour dire.

« Je… j’ai oublié de te dire… »

Ménage pas ton suspense, morde. Quoi, encore un souci ?! On a coupé court à ton merci, parce qu’on sentait bien que t’allais mourir de honte avant d’avoir pu l’émettre. Qu’est-ce que tu as bien pu oublier, bon sang ?

« … Ce soir… »

Quoi, ce soir ? Qu’est-ce qu’il y a ce … morde. La récompense du jour ! On a complètement oublié de l’anticiper et de la redemander, à force de faire n’importe-quoi dans tous les sens !! C’était quoi !? Ne pas paniquer, ne pas paniquer. Enfin, surtout, ne pas le montrer. C’est ÇA que vit Élizabeth tous les jours !? C’est une véritable cocotte minute ! 

« … On voulait… faire une soirée pijama. Enfin, lecture. On a voté pour. Enfin, moi pas, mais ils voulaient… »

Difficile de ne pas froncer les sourcils. Une soirée pijama ? C’est quoi ça ? Et surtout, si c’est ce à quoi tu penses, Goupilou, comment ça se fait qu’ils aient choisi ça !? Le premier soir avec les bonbons, l’avant veille avec la visite de la cathédrale… hier avec les jeux divers et variés, et l’occasion de leur apprendre un petit peu à tirer à l’arc. En quoi faire une “soirée pijama” est mieux que … que …que tout ça ?

« … Laissez tomber. Je leur avais dit que c’était débile. »

… Il veut dire quoi, là ? Il s’est renfrogné, c’est la plus grande des évidences, notamment parce qu’il te vouvoie de nouveau. Il était gêné, et maintenant il est en colère. T’es épuisé, Yoka, et quelque chose t’échappe. Et comme tous les Traqueurs, tu détestes quand quelque chose t’échappe.

« À demain. »

Il a lâché ça avant de se retourner. Certains messages de gamins, pour polis qu’ils soient, sont des coups violents. Et celui-là en était un, parce que tu n’as visiblement rien compris.

Reste pas comme deux ronds de flancs, stupide goupil. Comprends ce que veut te dire ce… cet enfant. Qu’est-ce qui à leurs yeux peut avoir plus de valeur que visiter des trucs funs et s’amuser ?



… T’es stupide. Carrément stupide, en fait. La réponse est en toi depuis le début. Ce vide que tu connais et qui te déchire l’âme depuis des années ; ils ont exactement le même.

Se relever, vite.

« Rayan ?! »

Il a ouvert la porte, il est en train de la franchir. Mais son pas s’est arrêté.

« Je serai là. »

Tu viens de faire la pire canorie de toute ta vie, stupide goupil. Donner de l’espoir à un enfant. Non, pas un enfant, mais bien toute une meute à travers un seul. Avec un grand sourire en plus.

Il s’est arrêté. Il t’a envoyé un vague regard, il te jauge encore. La fameuse façon de vérifier s’il peut croire en un adulte, alors que le monde lui renvoie tout le contraire. Il a froncé les sourcils. La tension en lui est palpable.

« Mh. »

C’est sa seule réponse avant de partir et de fermer la porte. « Mh ».
T’as fait une promesse à la con, Yoka. T’as fait comme avec Iridial, comme avec Sirius. Comme avec tous les autres. T’attacher. Tu es débile.
Oui, tu peux culpabiliser.

Et oui, tu peux tout à fait t’effondrer sous la fatigue de ton nouveau pouvoir, avant de rater la chaise en tombant dans un profond sommeil.



Résumé :


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Dernière édition par Yoka le Mar 19 Sep - 10:51, édité 1 fois

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Partie IV : Récompenses

 

…. Pfiou. Dernière soirée avant l'apothéose de ta mission, mon chou. Tu t'es réveillé claqué sur le sol, après cet épuisant passage de stress intense et de manque d'essence.

T'as juste eu le temps de refaire un saut chez toi, de te débarbouiller et que déjà fallait revenir. Mal au crâne, mais bon. T’as promis, tu vas pas te défiler maintenant.

La première soirée, il avait fallu courir chercher des sucreries. Ils avaient commencé doucement. Lizbteh n’avait pas apprécié plus que cela, mais tu avais su la convaincre de la nécessité du projet pour marquer cette grande réussite du premier jour.
Les enfants avaient aimé, toutefois il faut admettre que c’était un plaisir de courte durée.

Le lendemain, les ennuis avaient commencé : il avait fallu te montrer plus insistant et rappeler au calme plus souvent. La récompense de la soirée avait failli disparaître, en conséquence. Mais le rappel à l’ordre s’était révélé efficace en définitive. Tu les avais alors amenés dans une sortie en ville, leur avait révélé certaines coulisses de la cathédrale, notamment l’entrée de la bibliothèque des Interdits. Mais quand t’avais vu la tête de Dandelion tu avais fini par sourire et faire demi-tour, parce que l’amener une fois à hôpital avait été une frayeur de trop. Hors de question de devoir gérer des bambins ET une fée carencée. Enfin, cette excursion s’était terminée par une visite du rempart nord de la ville, où tu leurs avais pointé l’horizon pour leur expliquer d’où tu venais, et raconté quelques anecdotes croustillantes de ce que pouvait révéler le dehors des murs.
Cette sortie avait généré bien plus de liens avec les orphelins que les maigres bonbons de la veille. Notamment dans les yeux de Polen, que l’idée de sortir de Portalia avait tenté de nombreuses fois. Pomme et Juan, que les lieux comme l’Église rendaient à la fois passionnés et intimidés. Aleksandra, Sylvie et Célestine, qui s’étaient révélées en connaître bien plus sur les environs que la majorité de leurs camarades. Roy, qu’il avait fallu rassurer le long du chemin à cause des anxiétés que la sortie générait. En effet, d’aucuns avaient de mauvais souvenirs hors de l’orphelinat, du fait de leur vie parfois longue et chaotique dans les rues de la ville. Le fait de savoir que la notoriété de la directrice de l’Oprhelinat les rendrait intouchable avait fini par rassurer le petit, même s’il avait fait attention à rester près de toi à chaque fois qu’un adulte s’approchait du groupe.

Hier, tout s’était passé pour le mieux côté organisation, et tu sais que le début de confiance de la part de certains enfants n’y a pas été pour rien. Hormis cela, de nombreux stress s’étaient révélés en fin de journée. Tant de choses qu’il avait fallu reporter à aujourd’hui. Faire une pièce en quelques jours est une gageure source d’une immense anxiété, et tu t’en es de plus en plus rendu compte, hein, stupide goupil ? Le toi d’il y a trois jours était terriblement naïf.
Par ailleurs, le trio des suspicieux, ceux en charge du projet, avaient réalisé un super boulot. Ce qui ne voulait pas dire qu’ils te faisaient confiance, bien au contraire.
Haha. On se reconnaît en eux. Ne pas faire confiance aux gens, c’est une bonne chose. La confiance se gagne, mais… jamais entièrement. Toujours est-il que la récompense d’hier s’était révélée une bonne idée. Une heure d’initiation au tir à l’arc, suivie de quelques jeux de groupe divers. Et pour la première partie, tes compétences en archerie avaient elles aussi mis le feu à quelques vocations, notamment chez les plus jeunes du groupe. Pas hâte en revanche de voir ce qu’en dira la directrice, elle risque peut-être de te taper sur les doigts.

Mais ce soir, c’est la soirée surprise. Celle dont Rayan a refusé de te parler jusqu’à peu, il y a quelques heures à peine. Celle qui pourtant est moins difficile qu’une séance d’initiation, qu’une visite guidée ou la consommation de sucreries. La soirée pijama. Lecture. Ou quel que soit son nom.

Pourquoi ce petit a-t-il refusé de te partager le projet jusqu’alors ? La réponse est aussi simple que désarmante : parce qu’il ne te faisait pas confiance. Manger, bouger, jouer ne sont pas des phénomènes qui nécessitent de la confiance. Se coucher, si. L’on pourrait croire que non, mais tu sais à quel point le soir est le moment vulnérable, toi qui noies tes crépuscules dans la recherche de leur prolongation. Toi dont le sommeil fuit à chaque détour, proie insaisissable face au plus grand Traqueur de sa génération que tu représentes. Rayan ne te faisait pas confiance, et il avait raison. Parce qu’il est plus jeune que l’âge qui était le tien lorsque ta vie t’a été arrachée, et que lui non plus n’a plus personne d’autre que ses camarades. Parce que, participer au coucher des orphelins n’est pas l’apanage des bons lecteurs, mais celui de ceux en qui ils ont confiance. Parce que c’est ce qui s’apparente le plus à ce dont ils se trouvent tous privés ici : des parents.

Et si les plus jeunes, ceux sans doute à l’origine de l’idée, ont la naïveté de penser que leur envie n’a aucun coût, qu’ils peuvent demander cela sans conséquences, ceux qui ont l’âge de Rayan savent que le monde n’est pas aussi rose. Que s’attacher, c’est se rendre vulnérable. Se détruire, même, ou à minima prendre le risque de souffrir. Et tu dégages bien cette énergie, hein, goupilou ? Ce soir, ce n’est pas la douceur de l’innocence, c’est l’épreuve du feu, pour toi.

Inspire, goupilou. T’as été assez stupide pour te mettre toi-même dans cette morde, maintenant c’est l’heure d’assumer.

Demain, à côté, la représentation sera de la gnognote. Trois planches, deux coups de peinture, un petit discours d’encouragement, deux petites tapes sur l’épaule pour donner confiance et ça devrait aller.

Mais là. Lire deux histoires et dodo ? Nan. Ils ne vont pas se contenter de ça, c’est sûr.

Pfiou. C’est le moment d’entrer.

     « Juan ? Qu’est-ce que tu fais seul ici ? »
     « Je t’attendais ! »

Fronçage de sourcils en règles. Le voilà qui tend le livre qu’il tenait jusqu’ici baissé.

     « Tu nous liras ce livre-là, dis ? »
     « Je … on va voir ce que veut tout le monde, d’accord ? Tu n’étais pas obligé de m’attendre ici, tu sais. »

Il semble un minimum déconfit.

     « Mais habituellement, quand c’est Lizbeth qui fait la lecture, on lit ce livre-là. »

Léger sourire.

     « Oui. Mais ce soir est une soirée spéciale. Ce n’est pas Lizbeth qui fait la lecture. »
     « Et quand c’est Flufynou aussi, on lit ce livre-là ! »

Euh… okay. Sais pas qui est Flufynou, mais mettons.

     « Je vois. Vous lisez ce livre très souvent. »

Petit acquiescement de tête de sa part alors que tu saisis l’ouvrage pour y jeter un œil.

     « On va voir, écoute. Comment vont les autres ? »
     « Emilia elle dit que tu vas nous adopter. Sky lui a dit qu’elle mentait. C’est vrai ? »

Ouch. Direct. Quoi répondre à ça ?
À part un léger rire, on voit pas.

     « Euh… alors, j’aimerais bien, mais je n’ai pas de maison. Et tu vois bien que je n’ai pas vraiment l’allure d’un papa. »

Ni la capacité d’en être un, avoue. Toi qui ne sais déjà pas prendre soin de toi.

     « Lizbeth elle a pas l’allure d’une maman. Et c’est la meilleure maman du monde. »

Pas pour Patoche, mais mettons. Au moins pour un enfant. Si elle est un fruit, vous êtes un peu tous ses pépins, d’ailleurs. Souris, goupilou. Reste encourageant.

     « Tant mieux alors. »
     « Et toi, ta mam… »

Ouch. On s’est arrêté en pleine marche, et le petit a manqué de te foncer dessus.

     « Heeey ! »

Le regard qu’on lui a jeté était… indescriptible. Il a fallu une grande force d’esprit pour ne pas le maintenir et le tourner en un sourire triste.

     « Je n’ai plus de famille. »

Le regard de compréhension dans ses yeux fait mal. Aucun être de cet âge ne devrait être capable de comprendre cela.

     « Lizbeth t’a adopté, toi aussi ? »
     « Juan. S’il te plaît, n’en parle pas plus. Je n’ai pas envie d’avoir mal. Pas ce soir. »

Pas alors que je n’ai ni l’opportunité de boire pour oublier, ni celle de draguer pour me changer les idées. Pas sans Alicia pour chanter ton somnifère, pas sans Sirius pour t’accueillir tel que tu es sans te juger à ta couverture. Pas ce soir.

Pourquoi il te regarde comme ça, maintenant ? Il a l’air à deux doigts de pleurer. Morde, c’était pas une bonne idée de venir ce soir. Mais il finit par se ressaisir.

     « Tu parles comme Rayan. Il veut jamais parler de ça. »

Ah.
Accroupis-toi, stupide renard. Il le faut. C’est un enfant, il faut lui expliquer. Même si les mots sont amers pour toi.

     « Juan, je ne sais pas ce que Rayan a vécu. Je ne sais pas ce que la majorité d’entre vous a vécu. Je n’en ai aucune idée. Mais je sais une chose : parfois, il faut se tourner vers autre chose. »

Tu dis ça mais tu ne sais pas faire. Hypocrite.

     « Parfois, l’on n’a rien à côté des autres gens. Parfois le monde nous abandonne. Parfois l’on est seuls. Mais malgré tout ce que vous pouvez croire, ce n’est pas votre cas. Plus, du moins. Tu peux compter sur tes camarades, sur Lizbeth, et peut-être même sur Flufydoux. Vous êtes là les uns pour les autres. »

Toi pas. Tu ne peux compter sur personne.

     « Alors, parfois ça fait mal de parler du passé. Parfois il faut, je te l’accorde. Mais pour l’instant, laisse les gens choisir le moment où ils t’en parleront. Tu verras que, souvent, ça viendra d’eux-même. Rayan choisira s’il doit t’en parler ou non, et quand. Mais ne le force pas, il n’en sortirait que plus de mal. D’accord ? »

Essaie de lui envoyer un regard compréhensif. Attends qu’il acquiesce. Frotte lui les cheveux avec douceur quand il le fait.

« Brave petit. »

Relève-toi et tends-lui la main.

     « Et si on allait voir tout le monde pour commencer cette soirée lecture ? »





     « … Et donc, pour la prochaine et dernière histoire ? »
     « Tu nous racontes une histoire à toi ? Une que tu inventes ? »

Heu… On a ça dans nos cordes, Yoka ? Là, comme ça, à chaud… Ouais, on voit pas.

     « Dis, ça fait quoi d’avoir une queue ? »
     « Trois ! Il en a trois ! »
     « Oui, bon, une, trois, c’est pareil ! »
     « Mais non c’est pas pareil ! »
     « Mais si, je te dis que… »
     
Doigt levé. Ils sont un peu relâchés, ce soir.

     « Du calme. Pour ta question, je… ne sais pas. Ça te fait quoi de ne pas en avoir ? »
     
Le voilà perdu.

     « Bah… c’est … normal quoi. »
     « Eh bien voilà, Morgan. Pareil pour moi. C’est normal. »
     « Chez toi, tout le monde a des queues ? »
     
Ouch, on y revient.

     « Oui. Enfin, une. Moi je suis spécial, on ne sait pas trop pourquoi j’en ai trois. Je n’ai jamais eu la réponse. »
     « C’est doux une queue ? »
     
On y retourne. Yoka la peluche. Chez les enfants, ça ne rate jamais. Il n’y a que les plus grands pour avoir la décence de te traiter comme un être normal.

     « C’est … doux. Mais ce n’est pas une peluche, on ne touche jamais une queue sans avoir l’invitation de son porteur. C’est jugé impoli là d’où je viens. »
     
Mais au moins, le sujet est détourné de la notion de famille. C’est déjà pas mal.

     « Et pour l’histoire, j’ai une meilleure idée. Pourquoi pas une chanson ? J’ai une amie nymphe qui m’a chanté une berceuse magnifique il y a peu. »
     « C’est quoi une nymphe ? »
     
Bon, on la tient notre histoire.
     « Alors, chacun dans son lit, et je vous raconte ce qu’est une nymphe et toute l’histoire de ma rencontre avec elle, jusqu’à la chanson. Ça vous va ? »

C’est chou quand ils s’exécutent.

     « Alors, tout comme toi, Idris, j’ignorais tout de ce qu’était une nymphe il y a à peine deux mois. Avant d’arriver à Portalia. Mais, lors d’une soirée brumeuse où je m’ennuyais un peu à Portalia, j’ai entendu une voix. Une voix… merveilleuse. »

Et voilà. Merci Alicia. Grâce à toi je gagne une histoire à leur raconter. Et une chanson, du même coup.

     « … Et donc, elle m’a offert une chanson qui résonne à chaque fois que je n’arrive pas à dormir alors qu’il le faudrait. Une chanson unique, merveilleuse, et qui dans la bouche d’une nymphe pourrait endormir n’importe lequel d’entre vous en moins de deux minutes. Vous voulez l’entendre ? Très bien. »

On fait de notre mieux, parce que l’on n’a pas la magie de la voix de la nymphe. L’avantage, c’est qu’Alicia a un don pour chanter des mélopées qui restent gravées dans le marbre, alors impossible de l’oublier.

     « Loo-li, loo-li, loo-li, lai-lay
Loo-li, loo-li, loo-li lai-lay
Lay down your head and I'll sing you a lullaby
Back to the years of loo-li lai-lay
And I'll sing you to sleep and I'll sing you tomorrow
Bless you with love for the road that you go
… »


Bon, t’as pas la magie de cette nymphe. Ni sa prestance au chant. Ni la voix qui fera taire n’importe qui en un seul son. Mais tu t’es plutôt bien débrouillé pour le coup, mon renard. La preuve, l’essentiel d’entre eux dort déjà quand tu la termines.

On sourit. Ouf. Tu as survécu, goupilou. Ce n’était pas si terrible finalement.

Un silence posé suit ta prestation, à quelques têtes qui remuent. Parmi elle, Sylvie qui te jette un regard torve avant d’avouer : 

     « Elle m’a pas endormi, elle marche pas ta chanson. »
     
On rit très doucement, afin de ne pas réveiller les autres.

     « Ce n’est pas la chanson qui est magique, Sylvie. C’est la nymphe qui la chantait. »
     
Une voix retentit très doucement de la gauche. Diantre.

     « Cette nymphe, c’est ton amoureuse ? »
     « Non Lyson. Cette nymphe n’est pas mon amoureuse. »
     
On a certes dormi dans le même lit, ce que l’on se gardera de préciser, mais ça ne fait pas d’elle une conquête. C’est bien l’une des premières d’ailleurs. Et, franchement, ça fait du bien d’avoir une amie.
Et une nouvelle voix. Le débat est lancé.

     « Tu as une amoureuse ? »
     « Chhht, moins fort, Pomme. Je… euh… »
     
Son regard est clair. Le fait que tu n’aies pas démenti leur apparaît à leurs yeux comme une évidence. Et tu es idiot, Yoka. Pourquoi penser à ces noms, là tout de suite ? À ces visages ? Raaaah.

     « C’est plus compliqué que ça. Non, on va dire, même si parfois je me pose la question. Mais maintenant, au dodo. Une longue journée vous attend demain, et je vais avoir besoin de vous en pleine forme pour pouvoir tout donner ! »
     
On se lève, et on jette un regard alentour. Tout le monde dort déjà, ou presque, à l’exception de Sylvie, Lyson et Pomme.
Et une personne, qui te dévisage avec un regard sombre.

Rayan.

Quand on croise son regard, il le soutient. Il est proche de la porte de sortie, donc on s’avance dans sa direction.

     « Demain, tu vas nous abandonner. »
     
… Euh… Là, direct, comme ça ?

     « Non, je n’ai… »
     « C’est pas la peine de mentir. Je le sais. Demain tu vas nous abandonner. Après le spectacle. C’est toujours comme ça que ça se passe. »
     
Quoi répondre à ça ? Toi t’as perdu tout le monde, mais personne n’avait l’intention de t’abandonner. Jamais, pas un seul instant. C’est parfois la seule chose qui te ramène le sourire, ce paradis perdu. Lui n’a apparemment même pas cela.
Et puis… il n’a pas tort, non ? Tu es venu pour le travail. De toi-même, tu ne serais pas venu voir ces enfants, même si tu les apprécies. Ce qu’il dit t’empêche de répondre, parce qu’il tape là où ça fait mal, en ce qu’il dit probablement la vérité. Ça résonne avec ce que t’a dit Lyzbeth des mois auparavant : personne parmi l’Ordre ou le Chaos ne s’est posé la question des enfants. En cela, ton camp n’est pas bon. Et si tu ne t’en préoccupes pas plus, toi non plus, alors tu ne seras pas meilleur que l’Ordre et le Chaos.

Comment faire une promesse qui ne serait qu’un mensonge ?
Quoi dire pour apaiser cet enfant alors que tu n’es rien pour lui ?
Rien… 

Morde.

     « Je sais à quoi tu penses. »
     « Non, vous n’en avez aucune idée. »
     
Soupir. On dirait vraiment toi. Et il vouvoie quand il est en colère, ce n’était définitivement pas un raté la dernière fois qu’il l’a fait.

     « Je… tu as mal. Et tu as envie de fuir ce que tu ressens. »
     « Arrêtez de parler de vous. »
     
On ne parle pas de … !
… Ouch. temps de silence.

     « Très bien, j’arrête de parler de moi. Désolé, je ne m’en rendais pas compte. »
     
Son silence est éloquent, bien plus effrayant que de nombreuses flèches. Comment rassurer ce garçon ?

Rien. Parfois il n’y a rien à dire.

     « Rien de ce que je te dirai ne pourra te convaincre que je ne vous abandonnerai pas. Parce que la vie à Portalia est dure, que la mort nous attend à chaque coin de rue… et que les adultes ne sont souvent pas dignes de confiance. »

Il ne te regarde plus. C’est sa façon de te dire qu’il ne veut pas te faire face, ou peut-être de te dire de te barrer, qui sait.

     « Mais au moins une chose est sûre. Si aucune parole ne peut te convaincre, c’est parce que seuls les actes en ont la capacité. »

Toujours silencieux.

     « Je ne te demande pas de me faire confiance sur autre chose que la pièce, demain. En fait non, je ne te demande pas de me faire confiance tout court. Ce que je te demande, en revanche, c’est de veiller sur les tiens, et de savoir vivre ta vie sans attendre que je revienne. Si je reviens, tu auras gagné quelque chose. Si je ne reviens pas, tu n’auras rien perdu. »

Encore une odeur familière, salée et riche. Ne nous dit pas que…
Il se retient de pleurer.
Ça t’arrache le cœur, stupide vulpidé. Sirius à côté, c’était d’une facilité risible. Bon, non, ce n’était pas plus facile, c’était du même ordre.

     « Bon, bonne nuit, Rayan. Laisse mes actes dicter ta confiance, et pas l’inverse. »

En sachant que tes actes, Yoka, ce petit n’a aucune prise dessus. C’est ça le drame, c’est qu’il n’a presque aucune prise sur rien. Pas plus que toi sur ton destin.

Bref !

On se détourne avant d’éteindre les dernières bougies de l’endroit.
Un bruit soudain, le bruit d’un bouquin envoyé à travers les quelques mètres qui vous séparent. T’as tout juste le temps de te retourner et de l'attraper au vol afin d’empêcher que son fracas au sol ne réveille toute la pièce.

Le livre qui se trouvait sur la table à côté de Rayan. Un ouvrage avec une sorte de petite lune dessinée, sur laquelle se tient un petit garçon aux cheveux courts. Une couverture qui ne te dit rien.
     « C’est à … ? »
     « Gardez-le, je n’en veux plus. »

Yoka, t’as mordé, là.

« Je… très bien. Bonne nuit, dors bien. »

Sors, t’en as assez fait. Idiot.

Une fois dans le couloir, tu peux enfin te détendre. Il est tard, demain est un jour stressant. Et si… et si t’allais trouver un moyen de dormir mieux ? Boire un coup ?
Mais en baissant les yeux, difficile de ne pas contempler le bonhomme sur sa boule avec des volcans dessus et des étoiles derrière. Pourquoi le gamin t’a lancé ça ?
Finalement, peut-être que plutôt que d’aller dans une taverne, une petite lecture supplémentaire ne fera pas de mal.


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Partie V : La Représentation


Décompresse, Yoka… détends toi, morde. C’est le jour J. C’est bientôt fini. Alors pourquoi t’arrives pas à te détendre, bon sang ?!

La réponse est simple.

Les gamins ne sont pas encore là. Tout peut arriver. Et si … et si Lyson se fait mal avant la pièce ? Et si Idris oublie son texte, alors qu’elle n’a jusqu’ici jamais eu besoin de ton aide et que même ton triangle d’invisibilité ne la couvre pas ? Et si… et si ce triangle ne fonctionne pas ?! Il a failli vider toute ton essence hier, et tu te rends désormais compte de ce que tu as frôlé de peu pour ces gamins : la mort.

Et ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de ce qui peut mal se passer. Si Melchior panique, que Polen s’énerve contre Sylvie, si personne ne vient à la représentation ? Si …

Souffle, Yoka. Souffle. Ça va forcément mal se passer quelque part, mais cela ne veut pas dire que … que tout ira mal, hein ? Le bel améthyste ne sera pas là, mais il te l’aurait dit s’il avait vu quoi que ce soit d’inquiétant… non ?

Souffle. On sourit à Patrick, il a levé un pouce en l’air depuis le comptoir du Rex. Lui au moins semble avoir confiance. S’il ne s’agissait pas de rester sobre devant les enfants, tu irais de ce pas commander l’un des alcools les plus forts du bar. Et, au contraire de l’événement avec Sirius, ce n’est pas comme si tu pouvais demander au barman de t’aider pour le coup, il en a même déjà bien assez fait.

Oh, et plus probable encore : et si tu avais fait un pas en arrière avec le petit Rayan ? Vous vous êtes quittés en très mauvais termes, il semble convaincu que tu vas les abandonner, comme … tous les autres adultes. Et tu sais ce que c’est, Goupilou, parce que tu as vécu ça. Tu sais ce qu’est l’abandon, la fausse bienveillance des humains qui ne dure que quelques jours tout au plus. Ce moment où l’on te dit que l’on va garder contact, mais que ce contact se fait toujours plus lointain, toujours plus distant jusqu’à disparaître pour l’éternité.

Et tu l’as lu, son bouquin. T’as pris sur ton sommeil qui de toute façon était, comme tous les jours, destiné à te trahir. Si seulement Alicia avait été là… mais bref. Ce bouquin était une baffe, et tu as vu ton cœur se serrer lorsque le renard qui s’y trouvait décrit s'est mis à parler des champs de blés et de tristesse.
Ça fait mal… ça fait mal, parce que ce petit Rayan, à quelques années près, c’est toi. Toi avant. Toi juste avant que la vengeance n'envahisse ta vie. Toi avant que… ouch. Ça fait mal de l’avouer. Avant que tu ne t’attaches. Toi qui souffres. Et tu es l’adulte, celui de l’autre côté du fossé, celui indigne de confiance. Non sans raison.

Et, alors que tu pensais savoir ce que tu aurais voulu que l’on te dise à l’époque, tu te rends compte que tu ne peux toi-même pas le dire à ce garçon.
“Ça va aller. Tu verras.”

Ces mots demeurent coincés dans ta gorge… dans tes pensées.
Parce que les paroles sont vaines, et que seuls les actes comptent. Tu le lui as bien dit.
Mais tu sais toi-même que tu n’es pas digne de confiance, selon ces critères.

Respire, Yoka. Respire. Ça va … aller.








… Purin mais heureusement que tu l’as posé, le couloir d’invisibilité ! Non pas qu’il y ait un million de gens dans le Rex à cette heure-ci, mais faut croire que ça suffit à mettre tous les orphelins en émoi !

L’a fallu souffler son texte à Anna, Mike et Morgan. L’a fallu courir invisible pour remettre le chapeau de brigand à Célestine, parce qu’elle était à deux doigts de le perdre au pire moment pour elle. Puis l’a fallu redevenir visible depuis un extrême du couloir pour encourager de loin Maria et Camille, ainsi que donner le top départ pour Marina qui hésite toujours sur quand réaliser son entrée.

T’es peut-être de rang bronze, Yoka, et on t’a fait comprendre que c’est une chose honorable qui fait de toi quelqu’un de très puissant. Mais toute la puissance du monde ne suffit pas face à ces enfants. Tu le sens dans tes courbatures, tu le sens dans ta fatigue et ta douleur.

C’est la morde. Tu es fier de ces enfants, ils se donnent à fond, même Rayan alors qu’il a fait bien attention à t’ignorer depuis le début. Mais qu’est-ce que c’est épuisant. Le seul avantage, c’est que les choses avancent, et que le public se montre aussi réceptif que conciliant. Que vous vous approchez de la fin, et que la confiance de ces enfants grandit avec leur brillante réussite.

“Pas de betterave, pas d’amour, telle est la règle d’or !”

Elle va te rester dans la tête celle-là. Et voilà, on va aider Patrice à changer de costume, parce qu’il n’arrive jamais à le faire seul dans les temps. Mais pour ça faut être visible et dans le coin droit de la scène. Arf, voilà que Pomme te cherche du regard. Non, pas maintenant, Pomme ! Un geste de loin pour lui dire d’attendre un peu… oui, c’est ça. Maintenant, Pomme. Tu peux y aller.

Et hop, on court à travers la scène, donc de nouveau invisible… c’est épuisant. Souffler à Juan, de nouveau. Il allait sauter une scène dans ses propos, comme il l'a presque fait à chaque entraînement. C’est ça, Luke, génial. Tu sais faire. Aleksandra, je te pousse en avant tout en douceur, pour qu’on te voie mieux depuis le fond du bar. Tout en murmurant des encouragements, tu en as besoin. Emilia est déjà en train d’aider Roy, c’est fou comme elle sait se débrouiller seule cette gamine. Eeeeeet, non, Sky a trébuché ! Morde mor… ah il s’est repris. Redevenir visible, l’encourager de loin avec ton sourire éclatant.
Ouuuuuuuuf.

Après ça, Yoka, on se prend une bonne tequi… ah non, c’est vrai, c'est soirée crêpe avec les enfants pour fêter ça. Fichtre. Bon, demain alors. On videra alors la réserve du barman à la banane.


Au moins, l’avantage c’est que cette fois, tu n’as pas dû utiliser presque toute ton essence pour générer un triangle d'invisibilité. Tout se passe pour le mieux… même si t’a envie de t’effondrer, là, tout de suite.

Une petite pause, ça ferait du bi… non non, ne restez pas attroupés, on avait dit de s’écarter un peu les uns des autres pour la fin, sinon vous allez… !

Oh non, berdol de morde ! Certains ont tenu bon au choc, mais… comme si ses problèmes personnels ne suffisaient pas, voilà que Rayan s’est retrouvé éjecté par le mouvement. En pleine scène finale ! Tu te vois, à sa place, perdant l’équilibre, tu sens l’inéluctable arriver.

Après ça, ce sera fini, tous les efforts qu’il aura faits pour s’ouvrir n’auront servi à rien. C’est anodin à l’échelle de la pièce, mais pour ce petit à l’âme fracturée, tu le sais, un rien peut le détruire. Une petite chute. Un moindre pas de travers.

Trop loin pour agir.

Tu pourrais être au plus grand rang du monde, stupide goupil, que ça ne servirait à rien si tu es incapable de venir en aide à un enfant.

Si seulement il…

On tend la main, dans un réflexe presque mécanique. Essence contre essence. Cocon inespéré, ultime espoir d’avoir la capacité d’agir, de pouvoir être utile. Pitié, petit gamin qui dissimule ta fragilité derrière ta hargne, pourvu que ça… marche.


Tu… le sens dans tout ton être. Pour la première fois de toute ta vie, ce n’est pas toi qui est dans le couloir d’invisibilité. Ce n’est pas toi que tu caches à travers ton essence. C’est… un bambin. Un bambin qui s’est écrié en tombant, et que, par un miracle de ta magie dont tu ignorais tout, personne n’aura entendu.

Seconde fois que tu lui hôtes la nécessité à faire face à la honte. Il se relève avec hargne, avec violence, au bord des larmes, comme tu l’aurais fait à son âge et avec son vécu. Prêt à en découdre avec quiconque. Prêt à s'enfuir.

Et voilà qu'il comprend que nul ne le voit. Qu'il se rend compte que personne, que ce soit dans le public ou sur la scène, n'a prêté la moindre attention à sa situation. Et parce qu'il est loin d'être idiot, son regard se tourne vers toi, alors que tu baisses la main sous la fatigue et que la pièce se termine sous une salve d'applaudissements.

Il a tout juste le temps de comprendre, de se ressaisir, de rejoindre le reste du groupe pour saluer, de détourner son attention de ta personne malgré son étonnement toujours croissant.

On est crevé, stupide goupil. Tu ne sens déjà même plus la main que tu as tendue  dans sa direction au milieu de ce fatras.

Ton bras est engourdi, et tu ne sais même pas pourquoi.

Ta tête sonne, toujours plus brumeuse. Mal de crâne… horrible. Impression d'avoir été vidé, de nouveau.

Tu as réussi, mais tu n'arrives pas à le penser. Parce que dans ta tête, tout n'est que purée. Et tu finis par t'effondrer sur le sol avec douceur, sans que personne ne l'ait vraiment remarqué avec la liesse de la situation.



























… Aïe. La tête dans le coton. Épuisé. Pourquoi t'es… couché ?! Stupide goupil, relève-toi !

On se redresse en un bond. L'odeur n'est pas la bonne. Les relents du Rex ne sont plus ceux qui t'entourent, désormais ça sent à la fois la poussière du quartier nord et… le désinfectant de la clinique. Comment t'es arrivé là, bon sang ?! Qu'est-ce ce que tu fous dans ta propre chambre ?! Et les enfants, et le…

Une odeur, un son. L'un des enfants est là, au pied du lit, la tête sur le matelas, en train de… dormir ?!
Pas besoin de renifler, tu le reconnaîtrais entre mille. Mais… qu'est-ce qu'il fiche ici ?! Pourquoi tu es là, et où sont les autres ?!

Tu es à deux doigts de bondir hors du lit, quand un nouveau son résonne à la fois dans tes oreilles et, avec la douleur de ton relevé trop rapide, dans ton crâne.

Tu connais cette personne. L'une des rares qui puisse avoir ta confiance. Elim.

« Ah, te voilà enfin réveillé ! »

« Elim ! Qu'est-ce que… ! »

On regarde le gamin, qui a remué de quelques centimètres dans son sommeil. Murmure, Yoka, murmure.

« … Qu'est-ce que je fais là ?! Où sont les enfants ?! »

Le loup sourit avec cet air qu'il prend quand il est gêné.

« Hormis ton petit protégé, je n'ai pas entendu parler d'enfants. Ce sont de parfaits adultes qui t'ont transporté depuis le Rex. Et lui… »

Le voilà qui jette un regard au gamin.

« Il a menacé de mordre tous ceux qui s'approchaient un peu trop près de toi. Il a refusé de te lâcher d'une semelle, même quand j'ai dit que j'allais m'occuper de toi et qu'il pouvait rentrer à l'orphelinat l'esprit tranquille. »

On écarquille les yeux. Morde, morde, morde !

L'argenté sourit.

« Ne t'inquiète pas, je suis certain qu'ils vont bien. Prends ton temps avant de te relever. On parle plus tard. »

Et le voilà qui prend congé. Normal, il est en plein travail. Il a même des cernes sous les yeux, le pauvre.

Tu dois y retourner, stupide goupil ! Les enfants t'attendent, morde ! Tu sais bien que Patrick est digne de confiance et ne les laissera jamais sans protection, mais… tu lui avais promis que Lizbeth n'interviendrait pas !

Et … et s'il leur était arrivé malheur ?

Non non, ça ne se peut pas.


Mais tu as besoin d'en avoir le cœur net. Parce que c'est toi qui en es responsable.

Aïe. Fichu crâne. En plus, tu n'as plus tes pics, vu que tu les as laissés sur place. Idiot. T'as jamais été aussi démuni.

On se lève, et on…

Eh morde. Rayan a ouvert les yeux. Forcément, tu l'as réveillé le gamin, avant même de pouvoir te relever entièrement.

« Yoka ! »

Le soulagement dans son regard, c'est quelque chose. Du moins juste avant que celui-ci ne se referme et ne se teinte d'une feinte indifférence.

« Tu… où sont les autres ? »

Le voilà qui détourne les yeux.

« Ils sont restés avec tatie. Tu sais, elle était dans la salle de spectacle. »

Ouf. C'est vrai que du début à la fin, elle était régulièrement là avec les enfants, la fameuse "tatie", responsable en l'absence de Lizbeth. Évidemment qu'elle sera restée pour le spectacle, même si t'étais trop occupé pour y prêter attention.

Tu te détends d'un coup. Un grand soupir de soulagement. T'as peut-être tout raté, mais au moins le reste du monde a continué de tourner sans s'arrêter à tes boulettes.

Ceci étant, l'enfant te dévisage maintenant avec un regard noir.

« J'ai cru que tu étais en train de mourir. »

« Il en faut bien plus que ça pour me tuer, crois-moi. »

« C'est toi qui a fait que personne m'a vu tomber. »

Petit rire.

« On ne peut décidément rien te cacher. »

Son regard est d'autant plus sombre. Avant de se détourner de toi pour regarder autour la pièce vide avec sa petite armoire et son simple lit. Toute petite, mais qui accueille tout ce qu'elle peut accueillir de toi. Dont sur la table de chevet le bouquin que ce même petit t'avait balancé dessus la veille, son attention s'est d'ailleurs fixée dessus un petit moment. Puis son regard te retombe dessus sans prévenir, avec la force d'un couperet aiguisé sous l'impulsion d'un bourreau implacable.

« Pourquoi t'as fais ça ?! »

Hein ? Euh…

« Lizbeth aurait fait la même chose. »

Joli galipette, goupilou. Joli galipette. L'argument a fait mouche… une demi seconde, du moins.

« Lizbeth oui. Mais les autres auraient pas fait ça. »

À ton tour de froncer les sourcils.

« Contrairement aux "autres", je sais ce que c'est. »

Il a l'air de réfléchir, toujours. Mais tu sais qu'il va se renfermer, parce que tu as emprunté le même chemin avant lui. Ne lui laisse pas le temps de se rendre sur cette douloureuse voie de l'isolement.

« Et qu'importe si les autres l'auraient fait ou non. Il fallait bien que quelqu'un vous fasse comprendre que vous le méritiez. »

Tu dis ça tout en te relevant enfin. Le mal de tête s'amenuise légèrement maintenant, il était temps.

« Sur ce, Rayan, on a un décor à ranger, ainsi que des crêpes à faire. Et tu sais quoi ? Je meurs de faim ! »

Il te regarde avec les sourcils froncés. Ça ne changera jamais chez lui. Il semble ne pas t'avoir écouté, vu sa non réaction à ton dynamisme soudain.

« Tu… es un adulte bizarre, en fait. »

Ouch, ton sourire était à la fois sincère et légèrement crispé, goupilou. Oui, tu es un adulte bizarre, stupide renard. Un adulte à côté de ses pattes. Un petit feu d’artifice vivant. Mais il ne te laisse pas le temps de répondre à son coup de poing verbal et enchaîne :

« Je… j'ai … récupéré ça. »

Le voilà qui te tend ce qui à ses yeux doit s'apparenter à trois clous aux joies irisations bleutées. Il ne peut pas avoir idée de ce qu'il tient entre ses doigts.

Tu plantes, stupide goupil. Ressaisis-toi !

« Je… qu'est-ce qui t'a fait dire que c'est à moi ? »

Son regard s'assombrit.

« C'est évident. C'était tout le temps là quand on s'entraînait, même dans la salle de spectacle. Et quand t'étais pas là, c'était plus là. Et puis… ça parle comme toi. Enfin, ça parle pas, mais … un peu pareil quoi. »

Ça… quoi ?!

« Tu es sensible à l'essence ?! »

Il n'a pas l'air de comprendre ce dont tu voulais parler.

« Je veux dire… tu arrives à lire dans quels objets je projette ma magie ? »

Il laisse un long silence s'installer, avant d'opiner de la tête.

« Décidément. Tu ne cesseras donc jamais de m'étonner. »

On a dit ça en s'avançant pour saisir les pics avec douceur et les remettre dans les poches, à leur juste place.

« Allez, maintenant nous devons aller rassurer tout le monde. J'ai hâte de pouvoir tous vous féliciter. »

Tu lui dis ça en lui ébouriffant le crâne avec un sourire. C'est quitte ou double, de nombreuses personnes détestent à cet âge-là. Mais bon. Tu sais pas trop comment le remercier autrement.

T'as pas le temps de réagir qu'il s'est déjà avancé pour te prendre avec force dans les bras. Avoir ce gamin, qui t'arrive à peine à hauteur du nombril, qui t'a défié du regard pendant presque cinq jours et qui maintenant te prend dans ses bras sans prévenir, c'est un choc plus grand encore que de t'effondrer sous la surprise de l'extension de tes pouvoirs.

Au point qu'on sait même pas comment réagir. C'est idiot de savoir achever une créature démoniaque avec brio, de traquer le pire des Darks Souls avec hargne et même de mettre à bas tous les ennemis de cette cité, si tu ne sais pas gérer un gamin qui montre l'une de ses émotions les plus primaires, à savoir la gratitude.

Le voilà qui s'écarte vite, c'était prévisible. Il regarde même le sol. Évidemment.

« T'as pas intérêt à nous abandonner. »

Quoi dire face à ça ?
Ah oui.

Ça part de nouveau sur un léger rire.

« Maintenant que tu sais où j'habite, il va m’être difficile de fuir, tu sais. Et j'oserais d'autant moins que j'ai cru comprendre que tu mordais finalement. »

L'enfant te regarde sans comprendre. Puis, soudaine lueur de sa part, avant de se renfrogner et de lancer :


« Le médecin loup est un menteur. Je ne l'ai pas mordu, lui ! »

Hahaha. Impossible de ne pas rire en le poussant par les épaules en dehors de la pièce.

« Si tu le dis. Allez, zou, l'orphelinat nous attend ! Je ne plaisante pas quand je dis que j'ai faim. Crois moi, je mords plus fort que toi quand j'ai les crocs. »

Finalement, t'a manqué de crever deux fois… mais ce n'était peut-être pas si mal, cette mission. Non ?







Remerciements :
Je tiens à remercier chaleureusement :
-Lyzbeth, qui m’a fait rencontrer les enfants et m’a accordé sa confiance pour m’en occuper
-Elim, qui continue inlassablement de prendre soin de moi quand je finis au sol.
-Yvana et Iridial, qui m’ont motivé à approfondir mes connaissances en bibliothèque coûte que coûte (de façon tout à fait désintéressée)
-Hypanatoï, sans qui le Rex n’aurait pas pu accueillir les enfants parce qu’il n’y aurait pas eu de Rex. (je sais qu’il y a un autre patron mais je ne le connais pas encore, merci à lui aussi)
-Morrigan, Peppi, Malble, Mary, Raïka, et Derek, sans qui je ne serais même pas là.
-Alicia, sans qui il aurait été un enfer d’endormir les enfants. Ses chansons résonnent encore dans ma tête dans les moments les plus perturbants et apportent un apaisement merveilleux.
-Marguerite, pour son rouleau de parchemin. Il a servi au script entre les mains de Melchior, vu que c’était la feuille qui résistait le mieux.
-Emilia et Saphira, je me doute qu’elles ont dû m’accueillir pendant que j’étais évanoui. (aucun souvenir, désolé)
-Patrick, sans qui le Rex n’aurait été qu’un lointain rêve pour les enfants. Il s’est démené pour rendre ce rêve réel.
-Siriusichou, parce que… hum hum. Morde. Sirius. Voilà.

Sans vous, je ne serais jamais devenu ce que je suis devenu aujourd’hui, et ce moment n'aurait même pas lieu.
Mais, plus que tout, je tiens à remercier les vraies méritants aujourd’hui, à savoir :
Anna, Mike, Sky, Roy, Rayan, Sylvie, Melchior, Idris, Morgan, Marina, Luke, Lyson, Aleksandra, Célestine, Emilia, Camille, Polen, Maria, Patrice, Pomme, Juan.

Ce sont eux qui ont assuré toute cette pièce de A à Z et qui ont donc toute ma fierté.



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