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Kamélia
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descriptionJe sais endurer l'enfer des combats, mais l'attente est toujours une torture. (Hypanatoi) (Terminé) EmptyJe sais endurer l'enfer des combats, mais l'attente est toujours une torture. (Hypanatoi) (Terminé)

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«Dit Kamélia, est-ce que tu vas bien ?» Le jeune homme observait un moment la blonde qui avait intérrompu l’entrainement. Elle avait le nez en direction du ciel bleu et un petit sourire sur ses lèvres. Il l’observait plongé dans la lumière du soleil. Accordant afin son regard en direction de son adversaire, la blonde eut un charmant sourire sur les lèvres avant de planter la pointe de son épée sur le sol, sa respiration était rapide. «Oui Liam pardon j’étais ailleurs» L’homme qui semblait plus jeune qu’elle secoua légèrement la tête avant de ranger son épée dans son fourreau «Merci pour l’entrainement d’aujourd’hui, je vais rejoindre mon frère» La blonde en fut surprise et sur un petit rire «Mathias est revenu de son aventure en dehors des murs de la ville?» Le brun répondit par un signe de tête «Depuis quelques heures déjà» Sur un signe de main, il laissa la jeune blonde seule avec ses pensées, qui regarda la jeune femme partir. Un soupire naquit sur ses lèvres rosés, elle qui avait prévu de s’entrainé avec le jeunot une bonne partie de la journée se retrouvait avec des plans en blanc.

Cette fois, presque un mois c’était passer sans que la blonde ne croise Hypanatoi, elle ne l’avait certes pas cherché, occuper à trouver des moyens pour devenir plus forte. Debout en plein centre de l’air d’entrainement, la douce se surprise à se demander si sa présence lui manquait. S’il avait cherché à la voir ou à prendre de ses nouvelles. Un sourire vu le jour sur les lèvres de la jeune femme, lorsqu’elle réalise le mal qu’elle se faisait. Il était coutume de passer plusieurs jours, voire semaines sans voir ses camarades dans ce monde, car chacun suivaient leur chemin et elle-même avait été plutôt occupé lors de ce mois qui avait passé si rapidement.

Kiana avait certes progressé, malheureusement elle n’était pas encore totalement satisfaite de l’avancement sur son entrainement mais ses souvenirs avaient pris de l’ampleur. Résolue à faire les premiers pas, la jeune femme prit la direction de sa maison afin de se changer. Sur le chemin elle imagina plusieurs phrases pour inviter l’homme à une soirée, soit à la taverne, un pique-nique en forêt ou simplement une promenade. Arrivant chez elle, la douce fit sa toilette retirant la sueur de l’entrainement de sur son corps avant d’enfiler une robe de soie rosé, ses cheveux étaient encore un peu humide et séchaient à l’air libre. Satisfaite de son reflet dans le miroir elle quitta la maison pour se dirigé en direction de la maison de Hypanatoi.

Comme à son habitude, la blonde se trompa plusieurs fois de chemin, arrivant dans des impasses ou encore dans des ruelles lui étant complètement inconnu. Tournant un coin de rue, la blonde regardait dans une autre direction et fonça sur une personne, le choc la projeta presque au sol, mais l’homme qui n’avait pas bougé l’avait rattraper par le bras «Et bien, moi qui pensait avoir la chance ce soir, je devais tomber sur Kamélia» Redressant son regard, la blonde fut surprise d’être tombé sur Mathias et son frère. Elle eut un petit rire avant de replacer sa robe «Comme toujours, tu ne regardais pas ou tu allais» La jeune blonde glissa une main dans ses cheveux blonds pour les replacés accordant un sourire amusé à Mathis et son jeune frère. Elle réalisa qu’elle était devant la maison à Hypanatoi «Et oui, c’est tout moi ! Désoler Mathias, N’empêche..» Elle soupira un moment en regardant son jeune frère «L’impact ne ta même pas fait bouger» Dit-elle en regardant de nouveau Mathias qui avait un sourire moqueur bien large sur le visage «Il en faut plus qu’une petite mouche pour me faire tomber, oh mais ce que la mouche est jolie ce soir, tu allais quelque part?» Kamélia retient un rire devant le compliment de Mathias qui avait toujours été bien incitant «Oui et cela ne te regarde pas »Elle lui fit un clin d’œil avant de s’éloigner un peu, continuant sa route pour éviter de dévoiler ou elle se rendait. Mathias eu un petit rire et continua le chemin avec son frère. Voyant que les deux hommes étaient partie, elle poussa un soupire de satisfaction avant de rebrousser le chemin et de se rendre devant la porte de Hypanatoi.

Levant la main un moment, elle hésita,  Mathias avait fait beaucoup de bruit et Hyapanatoi avait probablement entendu le bouquant, elle ne pouvait pas changer d’idée aussi près du but et frappa doucement à la porte. Elle n’avait pas peur de revoir Hypanatoi, elle ne voulait pas laisser leur dernière rencontre brimé leur relation, même si cette dernière n’évoluais pas plus loin, ou peut-être bien.

Retirant la poussière de sur sa robe par un mouvement rapidement de main, elle dit doucement «Hypanatoi c’est Moi, j’ignore si vous êtes chez vous et si vous êtes occupé, mais j’étais dans le coin et vue que cela fais un moment qu’on ne sait pas vue je me suis permise de venir » La blonde accorda un regard autour d’elle afin de vérifier que Mathias n’était pas caché dans un coin, prêt à se payé sa tête.

Dernière édition par Kamélia le Lun 19 Juin - 16:12, édité 2 fois
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Hypanatoi Konostinos
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« Ecoute. Pas ma voix. Ecoute. »

Il posa trois doigts sur la bouche de son interlocuteur, la recouvrant aisément, et ignora le tremblement craintif qui secoua sa tête. Il tourna la tête, et désigna l’endroit autour d’eux de sa main libre. Les pierres de sa maison étaient épaisses, et l’enchantement qui rendait silencieux son enceinte au reste du monde fonctionnait dans un seul sens. En tendant l’oreille, on pouvait entendre les bruits indistincts de l’extérieur. Les conversations des gens qui badaudaient. Leurs pas incertains, ou pressés. Le bruit des travailleurs affairés. C’était une musique habituelle, à laquelle personne ne prêtait jamais attention. Mais là, par-dessus la respiration laborieuse de l’individu et le sang qui s’échouait sur les dalles lisses de son foyer, ce bruit montrait autre chose. L’extérieur. Le monde qui lui était interdit, maintenant, duquel il s’était éloigné, et vers lequel il ne pouvait plus revenir. La pierre taillée et le mortier et la magie et Hypanatoi ne représentait pas qu’un foyer, pour lui. Ils étaient une frontière infranchissable.

Le paragoï doutait que l’esprit fatigué de son prisonnier se formule ces choses sous cet angle. Il l’avait amené chez lui hier soir, et l’avait nourri. Il l’avait abreuvé, et lavé, et avant d’aller dormir, l’avait précautionneusement ligoté. Il s’était occupé de lui avec attention et minutie, comme il l’avait fait aujourd’hui. Car cet homme n’était pas simplement un affidé quelconque, commandant au mieux une dizaine de sbires inconséquents. Il avait en face de lui quelqu’un qui avait eu accès aux registres des vendeurs de chair. Et cela voulait dire qu’il avait en face de lui quelqu’un qui connaissait des noms importants. Qui requérait de sa part une attention plus que soutenue, et tout son investissement.

« Tu entends, n’est-ce pas ? Dehors, ce n’est plus ton monde. Ton monde, maintenant, c’est ici. Cette pièce. Personne ne viendra te sauver, tu le sais. Tes anciens associés préféreraient maintenant te voir définitivement. Portalia t’a oublié, avant même que tu sois mort. Il ne reste plus que toi, et moi. »

Il s’éloigna un peu, et enleva ses doigts de sa bouche. Ses lèvres tuméfiées s’ouvrirent, mais ne parvinrent à articuler qu’une vague supplique sans intérêt. Le paragoï ne réagit pas. C’était attendu.

« Tu dois comprendre, d’abord. Je ne t’ai pas exprimé de demande jusqu’à présent, parce que je voulais être certain que tu sois dans un état correct pour me dire la vérité. Mais maintenant, je pense que tu es prêt. »

Il en était sûr. Il avait travaillé au corps des dizaines de personnes avant lui. Il savait. Il sentait la vérité qui émanait de ses plaies, et qui ne demandait qu’à prendre une forme plus tangible. L’homme voulait parler, et était dans un état tel qu’il ne savait même plus réellement pourquoi. Il avait découvert une chose que beaucoup de gens ici ignoraient : quand un corps était poussé suffisamment à bout, le rapport que l’esprit avec ce dernier se distendait. C’était un phénomène similaire à celui qu’un athlète suffisamment éprouvé pouvait ressentir, mais dont l’intensité et la couleur étaient totalement différentes.

« Il va falloir que tu me donnes des noms. Ceux des gens qui te commandent. Je les veux, tous. Et quand ils seront déposés dans mon oreille, tes souffrances s’achèveront. »

Il s’apprêtait à continuer, quand il entendit les bruits d’une personne qui frappait à sa porte. Il se releva brusquement, fronçant les sourcils. Etaient-ce là les forces officielles, ou une expédition dont le but était de secourir la vermine sanguinolente qui achevait de se répandre à ses pieds ? Il en doutait. Il agissait avec l’accord tacite d’une bonne partie des forces de la cité, et les disputes factionnelles autant que la peur du scandale et de ce que le paragoï savait déjà achevaient de paralyser ses ennemis assez haut placés pour pouvoir agir ainsi. Puis, il entendit sa voix.

Kiana.

Il était heureux de l’entendre, en effet. Ce n’était pas le bon moment, mais il était heureux de l’entendre. Il se dirigea vers la porte d’entrée, laissant derrière lu le misérable – au vu de son état actuel, il était incapable de faire quoi que ce soit. Sur le chemin, il passa sur le vêtement de lin rouge qui le recouvrait ses mains, pour en enlever le sang. Il ne comptait pas réellement cacher à sa visiteuse ses activités. Ni à elle, ni à qui que ce soit : il suffisait de lui demander, pour obtenir des réponses. Personne ne le faisait jamais. Ouvrant finalement la porte, il la salua d’une main, levant en l’air sa paume rougeoyante.

« Bonjour, Kiana. Je dois avouer que tu m’interromps en plein travail. Mais ne t’en formalise pas, et entre. Je suis heureux de te voir. Je t’ai déjà confirmé que tu pouvais venir quand tu le voulais, pour la raison que tu voulais, et cela n’a pas changé. »

Ouvrant totalement la porte, il s’écarta pour la laisser passer, dévoilant l’intérieur familier du couloir d’entrée.
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Le mois qui s’était écoulé à une vitesse intangible avait permis à la jeune femme de calmer les élans de son cœur. La blonde c’était fait violence pour enfouir les sentiments loin dans son cœur afin de garder la tête froide et se concentrer sur le retour de ses souvenirs, son entrainement et sur elle-même. Elle avait même profité de ce temps pour apprendre à connaitre des gens de l’église et lors de cet intervalle elle avait appris à connaitre le jeune frère de Mathias qui était devenu en quelque sorte une figure fraternel. Pour tout dire, la jeune femme le considérait presque comme son petit frère elle qui avait toujours souhaité avoir une grande famille, elle s’en était rappeler le jour elle avait croisé le fer avec ce dernier qui n’était pas très bon et qui débutait dans l’art de la guerre. Le brun l’avait rapidement prit pour model, lui qui avait la même taquinerie que la jeune femme en direction de son frère Mathias qui au début avait désapprouvé cette nouvelle amitié.  

Souvent, elle avait pensé à revenir vers Hypanatoi pour lui parler des gouttes qui revenaient dans son esprit, cependant elle avait eu besoin d’un peu plus de temps pour mettre de l’ordre dans ses pensées et elle était heureuse cette fois d’avoir pris son courage à deux mains. Debout devant la porte, elle avait hésité un moment, Kiana avait l’habitude de s’imposer, de prendre la place et de rester, mais cette fois elle ne voulait pas déranger l’homme. Elle avait donc frappé et le silence avait suivi, aucun son ne sortait de la demeure qui semblait dormir, bougeant un peu les pieds, replaçant de nouveau une mèche de cheveux qui par le vent se rebellait, son cœur manqua un battement lorsque la porte s’ouvrit.

Arborant un beau sourire, elle leva les yeux en direction de l’homme. Le sang qui ornait les mains de ce dernier lui fit perdre un moment le sourire, comme les traces de sang qui se trouvait sur le tissu qui servait à couvrir son corps. Une rapide analyse de la jeune femme qui venait d’entrée suite à l’invitation de son compagnon refermant de même la porte derrière elle avant de glisser sa main sur le bras de l’homme pour l’observer de plus près «Dites-moi, c’est votre sang ? Vous êtes blessé ou vous êtes en pleine cuisine et c’est le sang d’un porc» Dit-elle avec un petit rire qui cachait son inquiétude face à cette situation pour la moindre des plus étrange.

Voyant qu’il n’y avait aucun blessure visible sur le corps de l’homme, Kiana glissa sa main hors de la chair de ce dernier pour observer autour, elle imaginait mal l’homme en train de faire boucherie dans la cuisine, du moins si c’était le cas, ce talent lui avait été caché et elle serait heureuse de lui venir en aide. Toutefois elle espérait ne pas tâcher sa tenue et se promis de me pas se frotter sur l’homme le temps que ce dernier ne soit pas propre de sang. Cette robe était simple, mais elle ne l’avait pas depuis bien longtemps et espérait pouvoir la porter encore un peu avant de devoir la bruler ou le reconvertir en torchons.

Comme à son habitude, la blonde pris les devants et quitta le couloir connaissant bien la maison pour être venu à deux reprises, tournant alors dans la pièce principale elle immobilisa soudainement son avancement, son regards abattue sur l’homme attaché couvert de sang, ce sang qui masquait le plancher de sa présence ferreuse. L’homme avait relevé la tête et son regard ou brillait une faible espoir de survie c’était planté dans les yeux bleus de la jeune femme. Le souffle coupé par ce qu’elle voyait, non que la scène lui semblait atroce, elle qui s’attendait à voir un cochon était grandement surprise de voir cet homme.

Le regard de la jeune femme observa les nombreuses blessures qui se trouvaient sur son corps meurtrie et elle eut un petit soupire avant de tourner la tête en direction de son compagnons. Elle ne savait pas si elle devait rire de la situation, si elle devait poser des questions, si elle devait s’assoir et attendre qu’il termine, mais un frisson devant autant de sang lui parcouru le corps et elle ne put s’empêcher de pousser un petit rire avant de glisser sa main dans ses cheveux blond pour les replacé de nouveau. Sur le moment elle regrettait vraiment son habillement, elle n’avait même pas un bout de cuire pour noué sa chevelure.  «J’imagine s’il est toujours vivant, c’est qu’il ne vous a pas encore dévoilé ses sombres secrets» les paroles de la jeune femme venait de faire taire la lueur d’espoir dans les yeux de l’homme.

Kiana s’appuya contre le mur, les bras croisé observant l’homme. «à voir ses blessures, le petit jeu dur depuis un moment» Son regard quitta l’être meurtri pour observer le visage de Hypanatoi, elle était curieuse de savoir pourquoi ce dernier avait mal mener cet homme, mais elle avait confiance en lui et en son jugement, si ce dernier était présent dans la pièce c’est qu’il l’avait mérité. Hypanatoi n’était pas le genre de personne à faire mal par plaisir. Même si la situation ne semblait pas le déplaire, elle poussa de nouveau un soupire «Je trouve toujours quelques choses à faire lorsque je viens vous voir, mais avoir été prévenue je n'aurais pas mis une robe»Elle eut un petit sourire «Faite comme si je n’étais pas là»   Elle haussa les épaules   «J’imagine que vous allez avoir besoin d’aide pour nettoyer après la finale»

Si la jeune Kamélia était entrée dans cette pièce sans avoir eu le retour de ses souvenirs de champ de bataille cette scène l’aurait fait vomir, elle aurait pris la fuite et aurait eu peur de Hypanatoi, car Portalia voulait que ces actes soit immorale. Mais Kiana en revanche voyait cela comme un jeu, douloureux, sanglant et plutôt chiant à nettoyer mais cela restait un jeu. Qui allait flancher en premier, celui qui reçoit les sévices ou celui qui donne. Car pour certaine personne blesser volontairement un autre pouvait être autant nocif qu’un poison qui s’infuse doucement dans le sang.  De plus, elle savait que si elle voulait se tenir près de Hypanatoi, elle devait prendre l’habitude de ces horreurs.
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Hypanatoi Konostinos
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Kiana entrait chez lui, comme on entrait chez soi. Elle y trouvait ses aises, et connaissait les quelques couloirs de son foyer de manière intime. Elle n’y était pas venue souvent, pourtant. Plus que tout autre, sans doute. Il ne commenta pas. Il ne poursuivit pas ce chemin de pensée. Elle avait de ses manières de transformer la manière dont il réfléchissait par sa simple présence, et il ne voulait plus être affligé de la sorte. Il entendait se définir uniquement par son action. Par son propos. Le reste n’était rien. De la poussière levée du chemin par un pied trop preste. Des ombres rapidement dissipées par la lumière des flambeaux. Des trahisons de mortel, quand le corps et l’esprit lui rappelaient qu’il n’était plus un divin. Elle lui parla du sang qui le couvrait, pensant qu’il s’agissait de celui d’un pourceau. Il ne la corrigea pas : ce n’était pas nécessaire. Il se demanda, simplement, l’espace d’un instant, comment elle allait réagir une fois mise en face de l’évidence. Ce genre de curiosité était sans doute déplacé, mais il avait toujours été doté d’un esprit curieux. Joueur, d’une certaine manière, même si peu de personnes savaient apprécier ses moments les plus fantasques.

Elle tomba rapidement sur l’homme. Sans doute avait-elle été guidée par l’odeur du sang et des autres liquides rejetés par le corps meurtri. Peut-être ses geignements avaient-ils été suffisants pour la mener jusqu’à lui. Peut-être ses yeux, tout simplement, avaient-ils remonté la trace rouge qui constellait les dalles du logement. Quoi qu’il en soit, elle était maintenant devant le fait accompli. Un corps, nu, à la peau rougie par les coups, à l’épiderme pelée comme celle d’un fruit trop mur, pour révéler la chair fripée et juteuse en dessous. Un visage maculé de bave et de bile, et deux yeux illuminés par les éclairs intermittents de la détresse. A ses pieds, les couleurs de ses déjections et les restes de ses repas. Le travail d’interrogateur n’était jamais un travail propre, mais c’était, comme beaucoup de tâches disgracieuses, un travail nécessaire.

Il aurait torturé cent autres personnes sans même prendre le temps d’y réfléchir, si cela lui avait permis ne serait-ce que de touche le pan fuyant d’un des vêtements des tortionnaires de Kemat.

Hypanatoi le savait : rien ne déformait autant la silhouette d’un humain que la violence. Que ce soit en la recouvrant d’une armure, ou au contraire en tranchant dans sa chair. Que l’on rajoute, ou que l’on enlève de la matière. Le résultat, dans les deux cas, était une métamorphose de l’enveloppe, qui se sublimait ou au contraire s’étiolait. Parfois, les deux en même temps. Ici, le résultat n’était pas nuancé.

« J’ai l’habitude de ces choses, Kiana. Mais ta dévotion m’honore, répondit-il. »

Il s’approcha de l’homme, se penchant devant lui. Plaça sa main sur l’arrête de sa mâchoire. Serra, la leva, ignora la complainte inarticulée qui s’échappa d’entre ses lèvres. L’autre avait du mal à articuler. A ouvrir la bouche. Mais il allait parler, Hypanatoi le savait. L’arrivée de Kiana avait sans doute accéléré ce processus : la jeune femme apparaissait comme un espoir déchirant, et retirait en parlant avec le plus grand détachement des mesures hygiéniques qui auraient à être prises après la disparation de l’homme toute forme d’illusion. Il en était surpris : elle faisait là preuve d’une cruauté particulièrement raffinée, que l’on ne trouvait normalement que chez les gens ayant cultivé avec soin cette exigeant aspect de la personnalité.

« Quant à toi, tu as eu le temps de réfléchir. Je t’ai réclamé des noms. Des lieux. Il est temps : délivre-toi. Il y aura plus de dignité dans la complétion rapide de cet épisode que dans son prolongement. »

De nouveau, il porta son visage proche de celui de son prisonnier. Temps que ce dernier était sous sa responsabilité, il convenait de sortir de lui tout ce qui pouvait être exhumé. Sa mort, qui concluait une vie aussi misérable que sans intérêt, pouvait tout de même se voir rehaussé par un moment de bienséance. Par l’éclair de compréhension soudain qui illuminait seulement les esprits détachés du corps. C’était, d’une manière ironique, un service qu’Hypanatoi rendait à son interlocuteur : il lui offrait l’opportunité de donner dans sa mort un sens que sa vie avait refusé à son existence.

Il savait qu’il était le seul, comme toutes les fois précédentes et toutes les fois à venir, à le voir ainsi. Mais cela n’enlevait rien à la véracité de la chose ; de la mort de ces vermines naîtrait un terreau fertile, qui donnerait un arbre capable de porter un seul fruit. Un fruit dans lequel le paragoï avait hâte de planter ses dents.

L’autre parla. Sa voix était inarticulée. Un nom. Des voyelles et des consonnes mal agencées, qui formaient les syllabes gutturales des noms portaliens. Un nom, comme le raclement de la gorge d’un bœuf assoiffé en été. Un nom qui sonnait comme le borborygme d’un barbaroï, qu’il aurait normalement essayé par principe de ne pas retenir. Mais maintenant, il y prêtait une attention particulière. Le prenait en lui, avec mille précautions, comme un chargement fragile d’amphores contenant des étoiles précieuses. Il voulut articuler encore. N’y parvint pas. Hypanatoi tapa sa joue, fermement, pour s’assurer qu’il reste conscient, et attendit une autre réaction.

Elle vint. Un autre nom. Celui d’un lieu, sans doute. Une adresse. Il se releva.

« Tu as soif, lui fit-il. Car tu as bien parlé. Et tu peux donc boire. J’ai du lait, ou de l’eau. Du vin, si le veux. Dis-moi. »

Et l’autre lui dit. Hypanatoi opina du chef, se relevant pour satisfaire la demande qui lui avait été formulée. On lui avait réclamé du lait, et il donnerait du lait. Son partenaire du jour avait encore des choses à lui dire, il le sentait. Et il fallait qu’il comprenne que de son geôlier pouvaient venir autre chose. Qu’il pouvait être récompensé, s’il se montrait coopératif et efficace. Faisant signe à Kiana de l’accompagner, il reprit la parole :

« Je touche au but, fit-il sans parvenir à totalement contrôler l’émotion impatiente de sa voix. Après des mois à patauger dans la fange. Enfin. Pardonne-moi. Je me suis oublié. Es-tu simplement venue pour me faire profiter de ton agréable compagnie, Kiana, ou voulais-tu quelque chose de moi, aujourd’hui ? »

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mar 14 Mar - 11:14, édité 1 fois
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Les paroles utilisés par Hypanatoi était toujours propres, ses dernières flottaient dans sa voix, sans même être forcé ou bousculé. Les gens de Portalia, avaient des dialectes totalement différent, un peu comme Kiana, qui parlait sans autant de finesse. Ce trait, elle l'avait vite remarqué, l'homme parlait avec élégance et c'est cela qui la poussait à avoir un grand respectait pour ce dernier. Certes, certaine personnes pouvaient avoir du mal à comprendre le langage soigné de l'homme, que ça soit par ses tournure de phrase ou encore par les mots utilisés, révélant sa grande culture. Mais pour Kiana, les paroles de l'homme venait bercé son cœur et calmait son esprit.

La jeune blonde c'était appuyé contre le mur froid de la demeure de son hôte, elle avait croisé les bras pour faire taire son corps qui cherchait à trembler. Cette réaction était chose normale, la scène qui se déroulait devant ses yeux l'avait un peu secoué. Jamais elle n'aurait pu imaginé tomber sur un homme attacher dans la maison de Hypanatoi, de plus l'odeur que ce dernier dégageait retirait le charme de l'endroit et promettait une soirée différente de ce qu'elle s'était imaginé.

Observant un moment l'état de l'homme qui semblait harassé par la situation. Kiana se demanda combien de temps elle pourrait tenir à une telle torture, son corps était brisé, son âme hurlait de détresse et la mort l'attendait au tournant de la journée. Les souvenirs qui avaient reprit jour dans son esprit était pour certains aussi sanglant, mais elle n'avait de connaissance jamais torturé une personne, mais sa participation physique de semblait pas être la première. Se trouvant étrangement calme, elle ne pouvait s’empêcher d'afficher un petit sourire sur les lèvres lorsque Hypanatoi lui révéla qu'il en avait l'habitude. Son regard c'était alors porté autour d'elle, se demandant alors combien de personne avait pu franchir la porte sans réussir à ressortir et elle soupira pour étouffer un rire.

Les gémissements de l'homme étouffer par la douleur de l'emprise de la main sur son visage fit frissonner la belle, qui tourna de nouveau son regard en direction du spectacle macabre qui se continuait sous ses yeux. Beaucoup de gens auraient prit la fuite, allant chercher de l'aide pour cette homme, mais pas Kiana, ce dernier avait sa place en ses lieux, car Hypanatoi en avait jugé ainsi. Elle n'avait en aucun droit de prendre position sur la situation ou de donner son opinons qui n'était pas demander.

Le regard de l'homme était livide, son corps tremblait de fatigue et chaque tremblement était une torture en soit, le sang perlait encore de certaines plaies plus récente que d'autre, sa peau était de plus en plus terne par l'effort qu'il faisait pour rester éveillé.

Elle ne pouvait détacher son regard de la saynète qui se déroulait devant ses yeux, elle pouvait voir Hypanatoi sous un angle complètement inconnu. Chaque geste posé dans le but de réduire l'homme attaché au niveau plus bas que terre mentalement semblait calculé. Que se soit les doigts de Hypanatoi qui semblaient posés près des os avec une pression parfaite pour faire mal, au limite de rompe la mâchoire de l'homme.

Si Hypanatoi avait encore eu ses yeux, son regard aurait probablement était sombre et mortel à se moment. Kiana pouvait sentir dans la pointe de sa voix l’agacement face au silence de l'homme. La blonde pouvait se douter que son hôte avait passé la nuit debout, la nuit à sévir son invité particulier et qu'il devait être également épuiser, l'adrénaline doit avoir donner un grand élan à l'homme qu'elle admirait.

Puis, une fois voix tremblante, à peine perpectible pour la douce qui était plus loin brisa le silence. Kiana en fut presque soulagé, elle avait envie de profiter de la journée avec Hypanatoi qu'elle n'avait pas vu depuis un moment, elle était venu avec une idée bien précise en tête. Les paroles de l'homme venait de lui faire naître l'espoir de peut-être pouvoir profiter de la soirée, car une fois que Hypanatoi aurait eu terminer, il avait encore bien du travail à faire. Observant toujours silencieuse les gestes des deux hommes, écoutant les paroles elle ne pu empêcher un large sourire amusé de venir sur ses lèvres lorsque son hôte donne une récompense à son animal qui venait de faire un beau tour. Kiana savait que de jouer dans le mental d'une personne pouvait parfois être une meilleur torture que de blesser une personne physique.

L'homme eut alors sa récompense, du lait qui lui coula sur le visage rajouter une couche de crasse et une couche d'odeur sur son visage. Ses yeux tournaient souvent, cherchant à se fermer devant l'épuisement, mais le lait, nourrissant et rafraîchissant allait le tenir éveillé probablement jusqu'à la suite de l’événement. Puis, un signe de la part de Hypanatoi fit sortir la jeune femme de sa contemplation, elle se donna un petit élan afin de suivre Hypanatoi dans le couloir. Ce dernier voulait probablement donner un moment à l'homme pour réfléchir, chose qui pouvait être dangereux lorsqu'une personne se trouvait au bord de l'épuisement, les deux pies dans la tombe. Le cerveau pouvait parfois devenir un allier a pour le geôlier.

Arrêtant alors dans le couloir pour faire face à son hôte, elle regarda son visage qui trahissait l'impatience de l'homme. La blonde savait qu'elle tombait vraiment dans un moment important, elle savait également que si sa présence aurait pu nuire à l'objectif de Hypanatoi, ce dernier ne l'aurait pas fait entrée. Elle lui fit donc un beau sourire parlant doucement à voix basse pour que l'homme dans la pièce voisin ne peuvent entendre, du moins, entendre des voix sans comprendre les paroles. Elle savait que cela pouvait rendre fou une personne meurtrie, que son cerveau allait automatiquement croire qu'ils parlaient de lui. «Ce n'est pas grave, je comprend parfaitement. Vous avez déjà quelques noms, mais on voit clairement qu'il garde le gros poisson pour la fin, si cela aurait été le cas il aurait eu un regard différent» Elle marqua une pause, elle savait que ce détail il ne pouvait pas le voir, il ne pouvait pas voir briller dans le regard de l'homme ce que elle voyait. Certes, il y avait de la détresse il y avait la peur, mais quelques choses d'autres y était caché. Elle savait qu'une personne qui avait passé au aveu avait peur de mourir, que sa soit par les personnes qui cherchaient à protéger étant devenu un traite, ou par la main de celui ou celle qui le martyrise. Elle n'avait pas encore vu brillé l'espoir de la fin, cette espoir d'être sauvé par les informations donnés.

«En fait j'étais venu pour vous montrez quelque chose, cependant, la situation n'est pas propice pour cela. Toutefois, j'aimerais bien vous tenir encore compagnie et probablement vous aidez avec la suite, je peux toujours aller vous chercher un rat et une sceau de métal s'il ne veut toujours pas parler» Un rire s'échappa des lèvres de la jeune femme, la situation n'avait pourtant rien d'amusante, mais la proposition d'aller à la chasse au rat pour la cause avait amusé la jeune femme. Son rire avait probablement résonné dans le couloir et elle chercha à le faire taire avec un large sourire et repris sur le même ton aussi calme «Qui sait, si tout ce passe bien je pourrais garder la surprise pour la soirée» La jeune femme avait remarqué que sa présence changeait parfois les pires situations en petit moment amusant. Elle espérait avoir fait cette effet à Hypanatoi, il avait besoin de recharger un peu son énergie et de reprendre de la patience afin d'avoir le plus de nom possible et le plus d'informations avant que l'homme succombe à ses blessures.
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Les portaliens pensaient qu’il était limité. Cela se comprenait, et c’était une des choses pour lesquelles il ne pouvait pas décemment leur en vouloir. Ils pensaient qu’il était limité, parce que l’alternative était pour eux parfaitement et complètement inconcevable. L’alternative demandait, réclamait avec des intonations furieuses de mère endeuillée qu’ils conçoivent quelque chose qui ne soit pas seulement anathème à leur existence, comme il l’était. Il était après tout facile d’apposer sur le paragoï leurs termes, tous aussi imprécis et insuffisants les uns que les autres. Il était, selon la personne, une brute. Un être cruel. Un homme froid. Un fou furieux. Un zélote fanatique. Un monstre impavide. Mais quelqu’un de limité, que l’on pouvait comprendre et encercler. Un phénomène qu’il était au moins en théorie possible d’étudier et de circonscrire. Mais c’était là la plus fondamentale de leurs nombreuses erreurs à son sujet.

Il ne possédait aucune limite. Il n’en avait jamais possédé, en vérité, et cet état de fait tragiquement simple était bien antérieur à l’écueil qui l’avait projeté à la surface de ce monde délaissé.

Certes, il agissait pour se couvrir d’honneur, et dans la poursuite de ce dernier.

Certes, il n’était pas spécialement difficile de comprendre ce qui l’animait.

Mais ces choses, contrairement à ce que soufflait dans l’esprit du portalien lambda l’intuition la plus éculée, ne s’accompagnaient pas de limites. Ce qu’il refusait de faire n’entravait pas son action, au contraire : de la même manière que se refuser à mentir permettait de conférer à la moindre de ses paroles un tranchant certain, se consacrer entièrement à ses quelques objectifs changeait son existence. Il était un mouvement, et non un sac de chair et de sang et d’os. Et pour accomplir ce qu’il avait à accomplir, il était prêt à voir dix mille portalias brûler.

Il écouta Kiana. Elle parlait des yeux de son captif, et des possibilités offertes à lui pour les faire changer de couleur. Elle parlait d’une surprise qu’elle lui réservait. Il n’était pas impatient de la découvrir. La distance qui les avait séparer avait été bonne pour lui. Il s’était calmé, avait jeté hors de lui les impulsions adolescentes qui lui intimaient de prendre la jeune femme dans ses bras, et maintenant, il était plus concentré. Mais il se connaissait, et connaissait son interlocutrice : s’il n’était pas vigilant, elle aurait tôt fait de défaire le résultat de ces efforts. Malgré cela, il hocha de la tête quand elle lui parla, agréablement surpris. Elle semblait solide, et peu perturbée par le spectacle qui s’étalait sous ses yeux. Sans doute était-ce là l’expression de sa vie passée, et certainement était-ce là un signe particulièrement auspicieux.

Il revint vers son prisonnier, sa main serrée autour d’un pichet rempli d’un lait épais. Les gens qui souffraient, souvent, réclamaient du lait quand le choix leur était proposé. Cela faisait des grandes constantes des condamnés, avec le pleurnichement et la masturbation compulsive. Il avait du des gens dont les entrailles se mêlaient à la poussière poser leurs mains sur leurs entrejambes, pris d’un dernier désespoir et d’une pulsion atavique mal formulée. Au moins ne semblait-ce pas être le cas ici : son captif était encore assez lucide pour comprendre que ce genre d’écart n’aurait pas été toléré. Il se plaça de nouveau à son niveau, et porta à ses lèvres le récipient, faisant couler le liquide entre ses lèvres gercées. L’autre eut du mal à les ouvrir, et plus encore à absorber le précieux liquide. Une bonne partie coula sur son menton, et vint blanchir son torse. Hypanatoi continua tout de même, réduisant simplement le débit pour de temps en temps le laisser inspirer quelques gorgées avides d’air. Puis, quand le récipient fut totalement vidé, il reprit son interrogatoire.

« Tu as bu au sein, comme le veau s’abreuve des sécrétions de la génisse. Sans doute ton âme est-elle maintenant prise de remords et d’espérance. Tu as été une progéniture difficile, et tu es menée au repentir. Parle. Parle. Parle, et accomplis ta métamorphose. »

Et l’autre parla, une fois de plus. Il avait presque laissé jaillir hors de lui tout ce qui pouvait être utile à l’entreprise sacrée du paragoï, et les dernières offrandes étaient maigres. Mais tout de même. Chaque morceau extirpé hors de son esprit agonisant était bon à prendre. Chaque nourriture venait renforcer la solidité de son corps, et plus important du corps du dieu vengeance. Il s’éloigna de lui, laissant son œil intérieur l’entourer délicatement. Ses membres ne tremblaient plus, l’épuisement et la douleur ayant jeté en eux une certitude nouvelle. Sa bouche était entrouverte, et un souffle épisodique y faisait comme le courant d’air d’une fenêtre mal fermée. Son cœur battait faiblement, mais régulièrement. Il était près. Il avait accepté ce qui lui était arrivé, et il était prêt. Hypanatoi passa précautionneusement ses mains sous ses aisselles, et le souleva. Le mouvement provoqua chez son captif un haut-le-corps, mais heureusement, il ne vomit pas : encore une vertu du lait, qui apaisait même les estomacs les plus retournés. Hypanatoi le mena jusqu’à l’autel, et le contempla. Sa main pressait les os maigres de sa nuque, écrasant doucement sa face contre la pierre de son autel.

Il ne ferait pas un sacrifice très glorieux, et certainement convenable pour beaucoup de divins. Les maîtres du combat cracheraient sur un adversaire d’une valeur si faible. Ceux qui présidaient à la communauté ne verraient pas en lui un être glorieux. Peut-être de son corps pouvait-on tirer des bénédictions de fertilité, mais Hypanatoi n’était pas jardinier. Somme, toute, il ne restait qu’une seule possibilité : le dédier aux divins de la vengeance. Il leur parlait beaucoup, depuis qu’il avait observé la véritable nature de la cité. Il aurait encore à converser longuement avec eux.

Le couteau sacrificiel sectionna une artère, et l’affaire fut rapidement expédiée. Ces divins n’avaient que faire des longs cérémoniels. Ils commandaient de leurs implorateurs des actes tangibles, et la résolution des injustices et des méfaits. Ce qu’il leur offrait n’était rien de tout cela, pas plus que toutes les fois précédentes. C’était, à chaque fois, une promesse renouvellée. L’imploration de leur compréhension : il avançait sur le chemin de la rétribution. Et quand le bruit du sang qui jaillissait hors de la gorge montait comme ses paroles vers les cieux sourds de ce monde, Hypanatoi savait qu’il n’était pas entendu.

Il ne faisait pas ça pour cela.

C’était, comme tout le reste, un acte de résistance, bien que celui-ci soit plus personnel que nombre d’autres. Il se retourna vers Kiana, et essuya son visage humide :

« C’est un acte important autant qu’utile qui s’accomplit. Je suis maintenant à ton entière disposition. Tu me parlais d’une surprise ? »

Le sang qui finissait de couler hors du corps allait sanctifier l’autel. Il aurait à se débarrasser du cadavre, après, mais savait déjà comment s’y prendre. Pour l’heure, une de ses alliées les plus précieuses demandait son attention, et il aurait été malvenue de ne pas lui octroyer.
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Chaque retour de souvenir venait avec son lot de défi. Portant la douce sur des émotions parfois contradictoire, d’autre fois plus facilement acceptable. Elle devait apprendre à accepter ce qu’elle avait fait, accepter les situations qui s’étaient déroulé car son passé était très loin derrière elle et Kiana ne pouvait rien changer.  Depuis le retour massif des derniers jours, elle n’avait pas vraiment eut une belle nuit, torturé par les vestiges de son passé, ou encore par les milliers de question qui lui parcourait l’esprit. Au début, la jeune femme avait eu le réflexe d’ouvrir la porte de sa demeure à la recherche de son mentor, puis la solitude fit sa place dans son quotidien. Ne cherchant pas à déranger Hypanatoi avec ses problèmes, elle avait mis une distance entre elle et lui. Elle espérait avoir réussi à faire taire les sentiments qui avaient pris place dans son cœur pour l’homme.

Toutefois la jeune femme n’avait pas pris en compte le retour d’un souvenir important et elle avait décidé de briser le silence afin d’en faire par à son compagnons. Il lui avait fallu plusieurs jours pour calmer son cœur et faire le choix de venir frapper à la porte. Mais elle était heureuse de revoir ce dernier, malgré la situation sanglante qui entourait le moment de leur retrouvaille. La jeune femme avait fait une partie du chemin seule, se demandant souvent s’il pensait à elle, mais cette pensée la troublait encore plus rendant l’oublie des sentiments encore plus difficile. Certaines personnes lui avaient conseillé de ne pas les oublier mais d’accepter que l’homme ne ressente pas la même chose pour elle. Ce qu’elle décida de faire, ses yeux suivaient les mouvements de Hypanatoi qui revenait en direction de son invité de fortune. Restant silencieuse malgré l’envie de parler. Elle avait pris place contre le cadrage de porte, les bras croisés, le bassin contre le bois. Observant sans vraiment observer, elle se laissa distraire par le fond de ses pensées.

Hypanatoi était froid, mais pas avec elle. Il était ferme dans ses demandes, elle pouvait imaginer l’armure qui entourait le cœur de l’homme, cette armure qu’il avait tout comme elle construit pour ne pas flancher lors de tel situation. Chaque mouvement porté par l’homme était remplis d’une motivation porté par sa quête de savoir. Rien ne pouvait le détourner du chemin qu’il avait choisi et cela Kiana ne pouvait qu’être admiratrice. Elle savait, que si elle s’était opposée à ce spectacle, rien n’aurait pu le faire changer d’avis.

L’homme qui agonisait, qui souffrait dans les dernières minutes de sa vie semblait avoir décidé de parler, laissant les flots d’informations réclamés flotter dans l’air en guise de dernière parole. Il était épuisé et son corps briser comme son esprit ne cherchait plus l’espoir d’une fin différente. Il était résigner et avait accepté son sort. Avait-il des regrets ? Probablement, Kiana se souvenait de certaines personnes qui devant la mort exprimait leur regret, les choix qu’il avait fait les menant aussi rapidement dans les mains de la mort, était souvent les dernières paroles.

Hypanatoi venait de délivrer l’homme de cette douleur, le laissant se vider de son sang dans la cours. La jeune femme avait suivi les deux hommes jusqu’à l’entrée de la cours, observant toujours aussi silencieuse de la scène de mise à mort avant d’observer Hypanatoi qui revenait vers elle. Décroisant les bras et reprennent une posture plus droite, elle afficha un petit sourire. Ses yeux quittèrent la dépouille refroidissante de l’homme qui baignait dans le sang.

Elle observa un moment le visage de son ami pour ensuite regarder l’état de la pièce avant de poser de nouveau son regard sur le visage de Hypanatoi. Kiana aurait probablement offert cette surprise à son compagnon dans une meilleure situation, toutefois elle glissa ses doigts sur le bras de l’homme dessinant du bout des doigts un symbole, visible pour elle, invisible pour les autres. Le symbole était chaud «Ne vous inquiétez pas cela ne fait pas mal» Dit-elle en s’éloignant en direction de la salle qui servait pour le bain, elle se souvenait d’avoir vu un petit miroir sur le mur, même si ce dernier ne devait pas être bien utile pour l’homme. Elle dit d’une voix rapide «Ne bouger pas, vous allez voir comme c’est amusant! J’ai encore un peu de mal à le faire longtemps mais bon sa explique pourquoi je suis devenu un stratège importante»

Kiana entra dans la pièce et se plaça devant le miroir, replaçant rapidement ses cheveux elle sentait son cœur qui battait rapidement et avec un sourire amuser sur les lèvres. Elle observa son reflet un moment, souhaitant réellement que cette découverte soit vraiment une chose positive et que cela n’allait pas la nuire au contraire.

Elle prit donc un grand respire avant de reproduire le même symbole dessiné sur l’avant-bras de Hypanatoi et ferma les yeux un moment se concentrant sur le lien qui unissait désormais les deux symboles. Elle ouvrit doucement les yeux regardant le miroir, ce qu’elle voyait était désormais projeté dans l’esprit de Hypanatoi. Elle avait le cœur qui battait, espèrent qu’il ne soit pas troubler par le fais de voir ce qu’elle voyait comme s’il avait des yeux. Il pouvait enfin voir la jeune femme par le miroir, mais en même temps, il pouvait voir les couleurs, voir ce qui se passait lorsqu’elle tourna la tête pour observer la pièce. La jeune femme avait les joues légèrement teinté de rouge et se faisait violence pour ne pas sourire bêtement. Elle voulait parler, mais elle se ravisa, laissant un moment à l’homme pour comprendre ce qui se passait. Ce pouvoir qu’elle avait, lui offrait plusieurs possibilités, elle ne le connaissait pas encore complètement, mais elle se doutait qu’elle arriverait à le contrôler parfaitement avec le temps. Elle s’observa un moment dans le miroir avant de regarder autour d’elle, projetant toujours les images de la pièce à Hypanatoi. Après un moment, ressentant la douleur débutée dû à l’utilisation elle ferma les yeux coupant alors le lien qu’il y avait entre eux. Son cœur battait toujours aussi rapidement, elle sortit doucement de la pièce et observa son compagnons pour admirer le visage de Hypanatoi.
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De la même que Kiana lui semblait parfois osciller entre le granit du cœur des montagnes et le grès des falaises friables, il arrivait qu’il ne comprenne pas ce qu’elle demandait. Qu’elle lui parle, glissant quelques mots, et qu’il ne parvienne pas à saisir immédiatement leur sens. La plupart du temps, une réponse arrivait rapidement. Plus important que cela, il lui faisait confiance. Il lui faisait confiance, non pas parce qu’il la pensait résistante et puissante, comme d’autres personnes l’avaient été avant elle. Il lui faisait confiance, parce qu’il ne doutait pas de ses intentions. Il ne savait pas si c’était la perte de ses souvenirs qui avait laissé un vide rapidement contraint de se contracter, ou si au contraire c’était là l’expression de sa personnalité d’avant. Mais il savait, tout simplement, qu’elle avait ses intérêts à cœur, comme personne avant elle n’avait pu les avoir. C’était une chose curieuse que de se dire cela. Que de penser que quelqu’un pouvait le considérer de la sorte. Pour ses parents, il avait été un moyen de prolonger le nom et la lignée. L’union de leurs potentiels respectifs, et un matériau prometteur. Pour ses concitoyens, il avait été un protecteur. Pour ses pairs, un compagnon de bataille. Pour son frère, un allié.

Kiana, sans doute, apposait à sa personne des qualificatifs similaires. Plus intimes encore, sans doute. Mais il voyait en elle, et il savait qu’au-delà de ces mots, elle voulait simplement son bien. Il aurait pu porter un couteau à sa gorge, et jeter son sang sur la pierre sacrificielle et son cadavre au bas de l’autel, et elle ne l’aurait pas vu avec colère.

C’était un comportement qu’il n’était pas certain de devoir approuver. C’était un comportement qu’il était certain de ne pas comprendre. C’était, tout simplement, et il ne savait que faire avec tout ça.

Elle posa sa main sur son bras, et il crut d’abord à l’expression supplémentaire de son affection. Il déchanta rapidement. Elle lui demanda de rester ici, immobile, pendant qu’elle se dirigeait ailleurs. Cela, ajouta-t-elle, expliquait ses talents de stratège. Le paragoï leva un sourcil interrogatif, mais obtempéra. Il n’avait pas pour elle la même dévotion, il en était maintenant sûr. L’éloignement avait calmé sa passion. La méditation avait recentré son être, et lui avait permis de confirmer ce qu’il avait toujours su. Il était Hypanatoi Paragoï Konostinos. Il avait des choses à faire. Le reste n’était rien.

Puis, il vit.

Les couleurs.

Il ne comprit pas immédiatement, son esprit se révélant incapable de comprendre ce qui lui arrivait. Il avait perdu la capacité de réellement interpréter ces dernières. Sa vision avait été remplacé par un sens différent, qu’il qualifiait de troisième œil. C’était par souci de simplicité : il ne voyait pas. Il ressentait le monde, et la matière et l’absence de matière et le mouvement qui faisait passer chaque parcelle d’espace d’un état à l’autre ; ce n’était pas ce que permettait de ressentir un œil.

Il vit le rouge, et le blanc, et le jaune, et les couleurs qui saignaient les unes dans les autres et qui harcelaient son esprit, et il crut d’abord à l’agression d’un mage affilié à ses ennemis, agressant sa conscience par le biais d’un sortilège inconnu. Puis, il se souvint. Il avait vu, comme cela, il y avait de cela longtemps. Avant. Avec deux yeux, comme le faisaient aussi bien les mortels que les paragoïs et les divins. Il tenta de se concentrer, voulant chasser hors de lui le mal de tête qui l’enserra devant l’afflux nouveau d’informations. Ses mains passèrent devant ses yeux aveugles, mais rien ne changea. Il ne voyait pas par ses yeux. C’était différent. Il ne comprenait pas. Etait désorienté. C’était là l’œuvre de Kiana, comprit-il enfin, quand il parvint à remettre dans son esprit un semblant d’ordre. C’était ce qu’elle lui avait annoncé. Il voyait, d’une façon ou d’une autre, mais autrement. Pas comme il voyait. Il ne comprenait pas. Son esprit était douloureux. Les couleurs s’intensifiaient, et il peinait à les déchiffrer, et tout cela lui semblait difficile à voir. Il ne parvenait pas à comprendre ce qu’il avait en face de lui, et le reste de ses sens lui transmettait des informations différentes. Il voyait dans une surface de verre collée à un mur le reflet d’une femme magnifique, qui peinait à se préciser.

Mais devant lui, il n’y avait rien. L’odeur du cadavre qui se vidait. La présence de son olivier, sur sa droite. La porte, devant lui. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas. Il était scindé en deux, transporté à deux endroits différents, et on insufflait en lui quelque chose qu’il avait rejeté. On le rappelait à une période antérieure à la prison et à la mutilation, une période qu’il avait amputé de son être.

Il regarda. La jeune femme se précisait, et il se concentra sur elle, se forçant à passer outre la brûlure que cela faisait naître à l’arrière de son crâne. Son cerveau, malgré l’impression qu’il lui donnait, n’allait pas fondre et couler comme de la cire hors de ses oreilles. Il se força à faire rentrer les couleurs dans leurs frontières, dans les endroits qui étaient les leur, invoquant des souvenirs depuis longtemps métamorphosés.

C’était un visage, cela il le savait. Il fallait faire rentrer la couleur de la peau dans ses contours. Au-delà, c’était le reflet d’une salle. Au-dessus des traits aigus de la mâchoire, les joues. Légèrement rougies. Au centre, le nez, fin, qui surmontait des lèvres qui prenaient elles aussi la couleur du sang. Les yeux. Les cheveux. Tout cela pouvait être entendu, et défini. Il fallait comprendre, il fallait se forcer à stimuler ce qui avait été, et une fois que ce sens revenu serait dompté, il pourrait aviser. Puis, le mouvement cessa, et il vit les formes reprendront leurs droits. Il n’avait plus devant qu’une impression mal contenue, mais une face. Une gueule. Un visage. Une tête. Cela faisait si longtemps qu’il n’en avait pas vu, et il peina d’abord à comprendre ce qu’il avait en face de lui, les différents éléments retrouvant leur places sans que l’ensemble n’ait initialement de sens pour lui. Puis, tout cela s’agença, et il arriva à voir la forme d’ensemble.

C’était Kiana. Cela devait l’être. C’était la seule chose qui avait du sens, et il lui semblait d’instinct la reconnaître. Il ne sut pas immédiatement dire ce que cette image lui évoquait. Il n’avait rien pour la comparer, sinon quelques souvenirs. Ses joues et ses lèvres, encore une fois, avaient la couleur du sang. Il pouvait le dire, car il se rappelait, entre autres, de la couleur du sang. De celle du ciel, comme ses yeux. De celle du soleil, comme ses cheveux. Sa peau, en revanche, ne lui disait rien, et il ne savait pas quel nom donner à la pierre qui entourait en arrière-plan son visage. C’était un exercice difficile, et il n’en comprenait pas le but.

Etait-il redevenu comme avant ?

Il ne savait pas.

Les ténèbres revinrent. La connexion s’estompa. Son esprit put de nouveau retrouver son rythme habituel, bercé par les sensations usuelles de l’espace autour de lui et de ses mouvements de flux et de reflux.

Il restait, lui aussi, constant.

Il savait.

Il se rapprocha de la jeune femme, pensif, ne sachant que penser de l’expérience. Son esprit, lentement, retrouvait son calme, et il comprenait ce qu’on lui avait montré. Ce qu’elle lui avait montré. C’était là un moyen de partager leurs sens, imaginait-il. Il ne savait pas exactement comment, ou dans quelles limites.

Il s’arrêta devant elle, alors qu’elle sortait de la pièce. Son apparence restait imprimée dans son esprit, mais ne voulait rien dire pour lui. Il la sentait, en ce moment, mieux que ces yeux ésotériques qui lui avaient été imposés ne pouvaient le faire. Il ressentait la manière qu’elle avait de se déplacer, et la place qu’elle occupait dans le monde. Il sentait les frontières de son corps, le moment où la matière cessait de le composer pour devenir l’extérieur. Il avait conscience d’elle, tout simplement. Et cela était bon. Cela était bien.

« C’est un pouvoir utile, dit-il simplement. Aux possibilités infinies, et je comprends alors sans peine qu’il ait été utile à ton accomplissement. »

Il ne jugea pas utile de commenter plus que cela.

« Je vais avoir besoin d’un peu de temps pour pouvoir moi-même m’y accommoder. Je crains qu’au-delà de mes yeux, ce soit mon esprit qui ait perdu l’usage de ce sens. Mais je te remercie de cette expérience. Te voir fut plaisant, et au-delà de cela, je suis content de voir cette manifestation renouvelée de ton talent. »

Sans doute aurait-il pu dire autre chose, encore. Lui demander ce qu’il voulait lui demander depuis longtemps, mais qu’il était maintenant mal à propos de faire. Il n’en fit rien. La regarda, et attendit. Sans doute avait-elle encore des choses à lui dire, et lui avait à réfléchir. Comme toujours, quand elle lui parlait.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 17 Mar - 6:17, édité 2 fois
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Plus les journées passèrent et plus la jeune femme était heureuse de conserver son jolie sourire. Ce sourire était telle une encre sur le chemin qu’elle avait enfin choisi. Plusieurs souvenirs doux et calme de son passé lui avait réchauffé le cœur et d’autre lui avait plongé les yeux dans un torrent de larmes. Mais elle avait accepter, accepter que son passé n’était pas le reflet de son présent et de son futur. Elle n’était pas chez elle dans ce monde et souhaitait réussir à retourner un jour près des siens. Même si elle doutait que ses amis et camardes soient toujours vivants. La blonde se réconfortait en espèrent avoir la chance de noué des liens aussi fort avec leur descendent. Il lui manquait certes beaucoup d’information et la plupart des souvenirs pouvaient sembler pour certain inutile, cependant pour la douce ils étaient plus précieux que biens d’autre.

Elle avait profité de ce temps loin de Hypanatoi pour faire des choix, pour mettre ses sentiments au frais dans son cœur, mais lorsqu’elle venait de franchir la porte de la pièce, pour observer le visage de son compagnons. Elle savait que tout ce travail avait été fait en vain et que son cœur continuait de batte à la même vitesse, à la même force qu’à leur première rencontre. Elle admira l’homme qui se dressait devant elle, sa silhouette imposante et protectrice, ses mains larges et sans pitié. Elle savait pourtant que les doigts de l’homme cachaient une tendresse que même lui ignorait. De plus, l’attachement que l’homme portait pour son monde lui donnait encore plus de valeur aux yeux de la jeune femme. C’est en le regardant s’approcher qu’elle compris pourquoi elle ressentait toujours cette pression dans son cœur et son esprit en sa présence. Kiana voulait le voir rire, le voir sourire, mais surtout elle voulait le voir apprécier la vie, qu’il puisse un moment prendre congé du poids qui écrasait l’homme petit  à petit. Elle se souvenait, de ce sentiment qui éloignait la peur de la mort, de la fierté d’une morte au combat, de ce mettre corps et âme sur le chemin du glorieux moment de tremper ses lèvres pour devenir un être supérieur, de mérité humblement ce titre, cette position et de s’élever parmi les autres qui avait bravé terre et mer pour devenir Divins. Comme ses parents, chose qu’on lui avait souvent reproché, d’être né avec ce sang sans avoir prouvé sa valeur.

Kiana aussi autrefois avait été obséder par se désire, par cette quête et par cette mort glorieuse, mais elle avait toujours eu le rêve de pouvoir vivre pleinement son existence avant de passer le trépas, avant de s’élever et de ne plus pouvoir aimer, de ne plus pouvoir rire et profiter de la présence d’une personne. Elle avait longtemps pensé que cette façon de voir la vie était une malédiction qui lui venait de ses parents qui avaient fait passer leur amour avant leur devoir. Mais elle avait rapidement compris en regardant sa mère et son père, les yeux dans les yeux. Les petits gestes tendres, les taquineries et les moments calmes passés ensemble, que les deux étaient possibles, qu’un être Divin pouvait aimer de tout son cœur et ne pas perdre sa lumière tout en continuant la guerre, continuant son chemin. Plusieurs Divins avaient vu cette union comme de la faiblesse, sentiment humain qui n’avait pas sa place dans un corps si pure qu’était le corps Divin. Mais Kiana le savait, elle le savait qu’ils se trompaient tous, ce sentiment était plus puissant que bien d’autre, plus puissant que la rage et que la colère. Car elle était prête à bien des choses par amour, prête à enduré des tortures pour protéger les gens qu’elle aimait.  Elle était prête à devenir plus forte pour les protégés, et elle l’avait fait. Elle était devenu autrefois plus forte, elle avait pris place dans la guerre pour laver le nom de sa famille, laver son nom et faire comprendre que ses parents n’avaient pas trahit leur essence, mais qu’il avait simplement donné à la vie un présent. La jeune blonde avait réussi à trouver sa place dans ce monde qui s’opposait à elle, elle avait renversé les idées tout en gardant ses sourires, ses rires et son amusement.

Le regarde de Kiana observa les traits du visage de son compagnons qui semblait encore retourné par la situation, elle ne vit pas le sourire qu’elle attendait, mais au fond elle avait probablement agis dans l’impatience de lui dévoiler sa force et elle avait mal joués ses cartes. La réponse de l’homme lui tira un petit sourire forcé, elle avait perçu la distance dans les paroles de l’homme, cette distance qui n’y était pas il y a un mois. La distance qu’elle avait laissé plané entre eux, volontairement ou non avait creusé un espace entre eux et elle le perçu comme un coup au visage. Un petit pincement sur son cœur lui fit détourner le regard en direction de la cours, le temps n’était pas bien choisi pour parler de ce qu’elle avait sur le cœur, ce qu’elle avait choisi de faire mais elle ne pourrait pas éternellement fuir ce qu’elle ressentait. Il lui avait dit de revenir lorsqu’elle serait assez forte pour ce tenir près de lui elle n’avait pas pris en considération que la distance permettrais à l’homme de renforcir son cœur contre ses attaques.

La blonde avait réussi une fois à toucher le cœur de l’homme derrière l’épaisse armure qu’il s’était forgé, rien ne l’empêchait de recommencer. Elle replongea alors son regard en direction de l’homme un petit sourire flottant sur les lèvres «Heureuse que cela ai fonctionné» Dit-elle doucement en prennent appui contre le cadrage de porte «vous savez, votre présence ma beaucoup manqué» Elle avait soufflé les mots simplement car elle en avait envie. «Cela vous dit qu’après le grand ménage on mange ensemble?» Elle se doutait que de rendre la pièce viable allait prendre plusieurs heures et qu’il serait probablement difficile pour lui de rendre la pièce propre seul.

Comme à son habitude, la jeune femme prit l’initiative de prendre un sceau et une brosse, signe qu’elle n’acceptait aucun refus de son aide, elle savait que plus le temps passait pour que le sang coagule sur le sol et sèche, plus le plancher serait dur à laver. Elle observa sa robe un moment, accordant un petit regard en direction de Hypanatoi, elle retira doucement sa robe la laissant glisser sur le sol pour venir la déposer sur un meuble bien loin du sang. Habiller de ses simples sous-vêtements elle chercha un bout de ficelle ou de cuir pour attacher ses cheveux en hauteur.
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Hypanatoi Konostinos
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Kiana semblait évoluer. Changer. C’était une chose attendue. Dans son état, il lui était impossible de ne pas se transformer. Elle était comme une vague gonflée de vent, un rouleau dont le bleu se couronnait d’une écume courroucée, et qui enflait et mugissait, nourrie de son propre mouvement. S’arrêter, c’était retomber à plat ; c’était vrai pour beaucoup de gens, mais pour elle particulièrement. De ses actions dépendaient la remontée de ses souvenirs, et de cette remontée dépendait sa reconstitution. Maintenant qu’elle était au courant de ce processus, il ne lui était plus possible d’abandonner, pas sans s’effondrer. D’une certaine manière, la jeune femme représentait la division qui existait entre leur monde et cette prison. Entre un homme qui était éduqué dans l’idée que son rôle était de se faire le réceptacle de ses ancêtres, pour porter à chaque génération un peu plus haut l’héritage sacré, et une créature qui était élevée sans but précis. Entre le hasard, et le destin. Entre la volonté, et l’abandon. Il doutait qu’elle le perçoive réellement, car son esprit en ce moment était une synthèse de deux visions contradictoires. Et il ne voyait pas comment ce mélange impossible s’harmoniserait sans un processus destructeur.

Mais pour l’heure, elle était simple autant que présente. Cela était suffisant.

Il l’écouta parler, et comprit ce qu’elle ne voulait pas lui dire. Elle revenait vers lui, une fois de plus. Elle souhaitait sa présence. C’était une chose cruelle : leur relation était condamnée à rester cruellement asymétrique. Il se renforçait quand elle s’éloignait de lui, parce qu’elle représentait un élément qui ne rentrait pas dans l’équation délicatement comprimée de son monde. Il avait passé des années à pratiquer l’art subtil qui permettait d’atrophier l’esprit, d’ôter de lui tous les éléments superflus. Il savait comme raccourcir le chemin de ses pensées, il savait comment penser sans passer par le filtre lent du langage. Il savait comment cesser d’être une conscience, et comment devenir un acte perpétuellement renouvelé. Si sa relation avec la cité avait évolué dans le temps, il s’était très rapidement considéré en territoire hostile. Autour de lui existaient des gens qui pouvaient être des alliés, certes. Mais pas des pairs. Pas des congénères. Et le reste, sournoisement, tournait comme un grand vol de rapace considérant une carcasse léchée par la pluie.

Kiana n’était rien de cela. Il suffisait pour s’en convaincre de voir comment elle avait considéré l’homme mort. Pas avec la joie mauvaise des déviants d’ici qui confondaient l’acte et le processus, ni avec les cris effarés des êtres timorés qui ignoraient les réalités du monde. Elle l’avait vu, comme on voyait la pierre sur le bord du chemin, et cela s’était arrêté là. C’était là un comportement qu’il reconnaissait. Qu’il comprenait. Mais qui, depuis son arrivée ici, lui semblait curieusement étranger. Et l’avoir en face de lui, savoir qu’elle se retenait de poser encore sa main sur sa face, qu’elle lui disait tout simplement qu’il lui avait manqué, cela était difficile. Difficile, mais terriblement plaisant. Il hocha de la tête, quand elle lui proposa de partager un repas. C’était bien le minimum qu’il pouvait faire. Il hésita à lui répondre, mais ne trouva rien de particulièrement utile à dire, alors se contenta-t-il comme souvent de marquer son assentiment par un simple mouvement de tête.

Il se dirigea vers le cadavre, et, d’un geste travaillé, s’accroupit à son niveau. Son cœur était inerte, maintenant, et son sang ne pulsait plus dans ses veines. Il fallait simplement s’assurer qu’il ne goute pas partout. Passant sa main derrière sa nuque, il l’étala au sol, avant de se mettre au travail. L’important était de faire disparaître le corps. Il n’avait rien à faire dans son foyer, et son odeur risquait rapidement de devenir inconvenante. Descendant sa main dans le creux de son dos, il replia ses jambes, une après l’autre, sans se soucier du bruit des os qui craquaient. Le repliant sur lui-même, il plaça se pieds au niveau de ses oreilles, et les entoura de ses bras. Il serait ainsi plus simple à transporter. Le rangeant dans une caisse carrée, il la referma. Il l’emmènerait, ce soir, dans une l’une des nombreuses fosses communes de la cité. Ce n’était pas la méthode la plus discrète, mais il n’en avait pas d’autre. Fort heureusement, les gens savaient qu’il convenait de ne pas arrêter le paragoï : son apparence, une fois armé et revêtu de son armure, suffisait à dissuader le badaud de l’accoster.

Se joignant à Kiana pour le reste des opérations, il regarda la tâche qu’ils avaient à faire. C’était quelque chose de très inconvenant. Que deux personnages d’aussi noble extraction en soient réduits à des extrémités aussi indignes était particulièrement frustrant. Il ne possédait aucun esclave pour s’assurer de la bonne tenue de la demeure, et aucun serviteur disponible à Portalia ne serait suffisamment digne de confiance pour qu’il l’admette définitivement chez lui. Il se mit donc à la tâche, conversant distraitement :

« Je suis également heureux de te voir, Kiana, admit-il finalement. Ta présence est une bénédiction précieuse, bien qu’exigeante. As-tu pour le repas une idée en tête ? »

Il pouvait encore attendre. Il avait obtenu des renseignements précieux, et devait maintenant prendre soin d’agir avec prudence et patience ; de ne pas se laisser emporter. Bientôt, ses ennemis se prosterneraient à ses pieds, implorant sa clémence. Bientôt, il pourrait obtenir pour Kemat et son monde la juste rétribution que ce lieu indigne avait entendu leur refuser. Pour l’heure, il convenait de frotter, et d’ôter le sang de son sol, et après, de partager avec la jeune femme un moment plus simple.
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Coagulant contre le planché, le sang stagnait désormais en une flaque visqueuse épousant les formes du sol. Ayant perdu sa teinté rougeâtre pour se ternir de brun, dégageant cette odeur particulière qui était propre à sa composition. Cette substance se retrouvait entremêler par les précédents repas de l’homme qui n’avait pas réussi à conserver les aliments en pleine digestion. La torture ayant été brutale, cette dernière l’avait poussé dans ses retranchements les plus sordides. La peur face à la mort et à une douleur certaine avait même laissé une traces malodorante sur le sol.  Cette mort n’avait rien de glorieuse, car elle laissait derrière elle que dégout et mépris. Personne ne se souviendra de lui, autre comme l’homme qui était mort dans ses excréments, la peur au cœur, la langue traitresse. La dernière chose qu'il avait vu était le visage de son tortionnaire, mais probablement que face à la mort son esprit avait choisi des images de son passé, des moments heureux pour apaiser la souffrance et les tourments de son âme en perdition. Nul ne pouvait savoir, nul ne voulait savoir. Ce qui était sûr, c’est que cet âme avait vu le jour et par les mauvais chemins qu’il avait choisi, son destin avait été lié à celui de Hypanatoi et c’est cela qui avait causé sa mort.

Si les remords se trouvaient dans l’esprit du mourant, il était trop tard pour faire marche arrière. Son âme souillée par ses gestes et ses actions ne pouvait être entaché, même par ses dernières paroles qui probablement aideraient la cause de son geôlier. Personne ne chanterais ses louanges, personne ne laverais son corps pour l’exposer une dernière fois au rayon solaire, personne ne viendrai pleurer sur sa dépouille en lui souhaitant un bon voyage, rien de cela n’arrivera car le corps de l’homme allait disparaitre. Cette pensée rendait plus triste la jeune femme que la mort de l’homme elle-même, le fait d’être une simple bougie soufflé sans répercussion, sans avoir eu un impact marquant dans le monde.

Les yeux de la jeune femme suivi Hypanatoi un moment, ce dernier avait pris la direction de la cours, elle savait qu’il devait faire disparaitre le corps froid et vide de vie. Elle n’avait pas cette tâche ingrate, de trouver une solution pour faire disparaitre la chaire de l’homme, elle se doutait que de sortir dehors avec la dépouille entre les mains pouvaient attirer des ennuis, rien ici n’était vraiment normale et les gens auraient tout fait d’accuser son compagnon de meurtrier. Prendre la vie, n’était jamais bien vu peu importe la raison. Détournant alors son regard du dos de Hypanatoi pour se concentré à la tâche elle analysa rapidement les solutions pour que le travail de nettoyage ne soit pas trop désagréable. Son corps frissonna légèrement et elle se mit au travail cherchant à se concentré sur autre chose que sur les sangs froids et gluant qui lui collait aux mains.

Lorsque Hypanatoi revient vers elle, une bonne partie du plancher avait été brossé, elle avait détaché les cordes et elle avait déplacé quelques meubles afin d’agrandir la zone de circulation. Les genoux contre le sol, elle passait la brosse sur le carrelage pour ensuite plongé cette dernière dans l’eau. Le mouvement était rapide, répétitif et la douce se perdait parfois dans ses pensées, se fut la voix de l’homme qui lui fit doucement relever la tête dans sa direction, un petit sourire sur les lèvres devant ses paroles qu’il lui avait souvent répété. «Et bien j’avais pensée regarde ce que vous aviez, ou d’aller faire un saut au marché prendre quelques trucs » Elle avait un petit sourire «On peut aussi aller manger dehors j’imagine que prendre un peu d’air pourrait vous faire du bien » être enfermé si longtemps avec un homme qui souffrait, un homme qui rageait et avoir enfin les informations durement acquis. Kiana se doutait que Hypanatoi devait bouillir de l’intérieur, il devait être probablement épuisé par la nuit qu’il venait de passé.

«Mais si vous ne voulez pas sortir diner à l’intérieur ne me dérange pas tant qu’on est ensemble» Elle eut de nouveau un petit sourire avant de retourner son attention en direction du plancher, elle venait de terminer cette petite partie et se redressa, glissant une main sur ses genoux pour retirer l’engourdissement. «Heureusement que j’ai retiré mes vêtements sinon je pense que les gens m’auraient arrêté sur la rue» Elle eut un petit rire avant d’aller changer l’eau du sceau qui commençait à être brun et réaliser ses paroles un moment avec les joues légèrement rouge.

Sur le moment, elle était vraiment heureuse que ce dernier ne pouvait pas la voir et elle retourna au travail, à deux cela allait terriblement plus vite. La blonde se demandait si elle avait avant l’habitude de faire disparaitre le sang ou si elle n’avait pas eu la chance ou la malchance de vivre une telle situation. Tout en frottant le plancher, elle observait Hypanatoi, pour sa part elle n’avait aucun doute qu’il n’était pas à son premier rodéo.  

Après plus ou moins deux heures de dure labeure, le plancher et la pièce semblait presque comme neuve, les traces du visiteur avait complètement disparue, seul une odeur ferreuse flottait encore dans l’air ambiante. Assise sur le sol, le dos contre le mur Kiana observa le résultat heureuse d’avoir enfin terminé elle laissa la brosse tomber sur le sol massant ses mains.
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Hypanatoi Konostinos
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Il était cruel de se dire qu’il en était réduit à ce genre de travail. Il avait soumis des rois rebelles. Il avait composé des odes immortelles. Il avait organisé des armées, et repoussé des hordes innombrables. Ses paroles avaient le poids de la finalité, et le moindre de ses gestes une valeur prophétique. Il était le fils d’une lignée ancestrale, l’union vertueuse de deux paragoïs qui avaient insufflé en lui leur héritage et leur savoir, et il s’était montré digne de toutes les épreuves placées sur son chemin. Il était Hypanatoi Paragoï Konostinos, et il pouvait dire sans faire montre de la moindre arrogance que son nom était avant même sa mort définitivement inscrit parmi les légendes – pourtant infiniment nombreuses – de son monde. Ici, il était réduit à de triste extrémités, à accomplir le labeur ingrat et bas des esclaves et des serviteurs. A s’occuper des cadavres brisés de ses ennemis, pour les faire disparaître. A salir ses mains avec l’eau souillé qui devait laver le sol. A courber le dos. C’était un exercice futile, et une perte de temps insurmontable. Pour Portalia, et plus important encore, pour lui et son propre monde. Il s’acquitta de la tâche nécessaire sans se plaindre, se contentant de ruminer intérieurement.

Cette cité de barbare, avec ses coutumes infernales, n’acceptait pas la division assurée de ses gens et l’esclavage de ses éléments les moins capables de faire usage de leur libre-arbitre. Sans doute était-ce causé, comme pour beaucoup d’autres choses ici, par un déficit moral : il ne pensait pas que beaucoup des autochtones auraient pu occuper un poste qui ne soit pas tristement avilissant, sur son monde. Il leur était donc difficile de déterminer avec aisance qui devait être asservi et qui pouvait rester libre, tant les différences entre ces deux catégories étaient ici difficilement observables.

Quant aux excuses convoquées pour justifier cela, il n’y croyait pas. Portalia se réclamait d’un système juste et tolérant, et il devait avouer que ses règles, si on les scrutait rapidement, correspondaient à cette vision. Hélas, leur application ne produisait pas ces effets, et la société était extrêmement hiérarchisé, sans que cela ne soit pour les bonnes raisons, ou que les bénéfices d’un ordre strict ne puissent être ressentis. L’ironie, comme souvent, était mordante : en poursuivant un but dépassant la somme de leurs moyens, les portaliens se privaient de tout avantage.

Il pensa à Kiana. Kamélia. A ce nom double, et à ces consonances jumelles. Il la sentait, proche de lui, et il écoutait ses paroles. Il entendait sa gêne quand elle parlait de ses vêtements retirés, et le paragoï se souvint que pour elle et les locaux, c’était là un acte intime. Comme souvent, il comprenait les raisons de cette étrangeté, mais la cause profonde lui échappait. Se couvrir avait ses fonctions, parmi lesquelles figuraient de manière évidente l’affirmation du statut social ou la protection contre les éléments. Il comprenait aussi très bien l’idée de pudeur : son monde n’était pas constitué de nudistes, et son propre pays, qui avait à ce sujet les vues les plus libérées, n’entendait pas laisser déambuler dans les rues des gens déshabillés. Kiana qui plus est venait des satrapies, et ne partageait donc pas ces usages. Il passa outre, et lui répondit, sur un ton qu’il voulut chaleureux :

« Soit. Nous avons à parler, et j’imagine que le cadre de ce foyer sera pour cela plus approprié que l’atmosphère populeuse des restaurants extérieurs. Donne-moi simplement le temps de me laver et de me changer. Sens-toi libre de faire l’inventaire, et nous irons ensuite acheter ce qui manque. »

Il était couvert de sang, et s’il avait revêtu avant de commencer le vêtement qu’il avait depuis longtemps désigné comme son habit de tortionnaire – une pièce simple, qu’il ne portait qu’à cette occasion pour éviter d’en gâcher d’autres – il était de mauvais augure de manger avec des mains couvertes de sang. Sans parler du fait que c’était très peu hygiénique, et que cela plongeait généralement le repas dans une atmosphère peu propice à une conversation civilisée ou portant sur des sujets qui ne soient pas belliqueux.

Il ne put que repenser à l’incident de la dernière fois, en se lavant. Alors que l’eau rinçait de sa peau le sang et les rejets organiques, et que l’huile la lavait et la parfumait, il se demanda ce qu’il devait faire de ce qu’il ressentait. Ce qu’il voulait, comme toujours, ne comptait pas. Il suivait un code, un ensemble de règles qui conditionnaient autant son comportement que ses aspirations, et lui-même devait s’effacer complètement devant eux. Son choix n’était pas de leur obéir ou de leur désobéir : son choix était de trouver la manière la plus complète de les incarner. Et un jour, Kiana le comprendrait à son tour. Il savait qu’elle craignait cette transformation, mais elle était inévitable. Sa mémoire renaissante amènerait avec elle les usages qui avaient autrefois été les siens, et une manière de considérer les choses radicalement différentes. Bâtir avec elle une relation qui n’ait pas pour but de faire remonter à la surface cette personnalité était une erreur multiple.

D’abord, parce qu’elle était vouée à l’échec. Il ne voulait pas d’une portalienne, et une portalienne ne pouvait vouloir de lui. Pas sur le long terme. Pas réellement. Elle allait vouloir le transformer. Le guérir. Et elle allait échouer, simplement parce que rien chez lui ne demandait une telle attention. Ensuite, parce qu’une ressortissante de son monde le haïrait, pour s’être satisfait d’une version inférieure de ce qu’elle était. Kiana était l’enfant de deux divins. Aussi taboue que soit cette naissance, elle était aussi très prestigieuse. Il ne savait pas ce qu’il avait en ce moment en face de lui : quelle proportion de son invitée du jour était Kamélia, ou Kiana, ou un composé des deux. Il savait en revanche que plus Kiana émergerait, moins elle tolérait ce qu’elle avait été. Enfin, pour des raisons pratiques et simples. Il savait ce qui était attendu de lui : produire des enfants sur ce monde était impensable. Y bâtir quelque chose de permanent un aveu de défaite. Il était ici un visiteur en terre hostile, qu’elle le soit ouvertement ou non.

Kiana était encore trop Kamélia. Le futur résoudrait naturellement ces inconnues, et il en avait assez de se questionner à ce sujet.

Il ressortit du bain, ses épaules chargées d’un nouveau fardeau : elles en deviendraient simplement plus solides. Il passa un vêtement propre, le drapant autour de ses épaules et l’attachant d’une épingle de métal, et inspira profondément.

« Kiana, fit-il en abordant de nouveau la jeune femme après l’avoir rejointe. As-tu trouvé de quoi te satisfaire ? »
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Il était dur pour la jeune femme de mettre des mots sur ce qu’elle voulait réellement. Elle avait passé les dernières années de son existence dans la confusion la plus grande et commençait doucement à reprendre le dessus. Kiana savait qu’elle avait des choix à faire dans la vie, qu’elle ne pouvait les fuir constamment et elle devait les affronter.  Comme son père avait pour nature de dire lors de moment d’hésitation : La puissance d’une personne se mesure une fois que cette personne fait face à ses peurs. Dès la mort de son mentor, Kiana avait eu peur de se retrouver seule dans ce monde complètement inconnu, elle avait choisi de faire face à cette solitude en restant loin de Hypanatoi, en écoutant le silence de la nuit dans une maison dépourvu de vie. Personne ne pouvait se douter, une fois la porte clôt de cette petite maison de ville, toute la terreur que la jeune femme ressentait, assise dans son lit à fixer la porte fermée.

Aujourd’hui encore, elle devait affronter cette peur, mais avait le cœur libérer de ses entraves. Elle n’aimait pas être seule, mais elle avait compris qu’il existait en elle une force qui l’aidait à passer ses moments difficile. Assise sur le sol froid et propre de la pièce, la jeune blonde avait observé Hypanatoi se rendre en direction de la salle des bains. Son regard avait suivi la silhouette jusqu’à sa disparition dans le couloir la laissant de nouveau seule avec ses pensées. Elle avait attendu un bref moment avant de se redresser pour aller laver ses mains dans l’un des sceaux d’eau propre pour faire partir de sang qui croutait le bout de ses doigts. Elle avait ensuite remis ses vêtements avant de se rendre à la cuisine, murmurant les paroles d’une chanson naissante dans son esprit, une petite continue chanté par sa mère lorsque cette dernière cuisinait. Ses souvenirs lumineux étaient souvent s’eux qui revenait lorsqu’elle se sentait le cœur troublé par les émotions.

Papillonnant d’une armoire à l’autre, la jeune femme avait un petit sourire flottant sur les lèvres. L’odeur des aliments qu’elle trouvait lui donnait terriblement faim, elle avait envie de reproduire une recette que sa mère lui avait appris, même si les ingrédients de Portalia n’avait rien en commun avec les aliments de son monde elle pouvait trouver quelque équivalence, mais ce qui semblait être très différent d’un monde à l’autre était les épices. Une odeur lui venait souvent en tête d’une recette de sa mère mais elle n’avait jamais réussi à mettre la main sur un ingrédient ayant les mêmes effluves. La blonde avait déposé quelques ingrédients sur le comptoir satisfaite de ses trouvailles. Débutant alors la préparation, elle doutait avoir besoin de plus, sa voix murmurait doucement les paroles de cette chanson et elle était plongé dans la préparation du repas.

La voix de l’homme arrivant alors dans la cuisine lui fit tourné la tête dans sa direction, il était propre, ses cheveux encore humide sur son crâne et une douce odeur flottait dans l’air. Kiana afficha un petit sourire, l’eau tiède du bain avait retiré les derniers vestiges du matin, laissant cet acte sanglant derrière eux pour un bref moment.  La blonde observa les produits devant elle avant de continuer un peu la préparation «En fait, vous aviez presque tout ce qu’il faut et pour ce qui manque je ne pense pas que cela va déranger la recette, la plupart des ingrédients ne se trouve pas ici» Elle prit habillement un couteau pour venir couper les légumes en morceau tout en continuant doucement «Il y a un moment que j’ai envie de cuisiner ce petit plat, c’est rien de bien compliqué mais ma mère le faisait souvent» Avec l’aide de la lame elle écrasa une gousse d’ail et retourna rapidement le couteau pour rendre la gousse en petit morceau avant de rajouter le tout au mélange. Les odeurs se mélangeaient les unes avec les autres, donnant un baume au cœur à la jeune femme qui se souvenait d’une odeur similaire.

«Disons que ça va être un Ghormeh Sabzi et un Ferni plus ou moins à la mode de Portalia» Enchaina-t-elle, laissant ses mains continuer le travail, chaque geste était calme mais rapide. La cuisine n’était pas vraiment un art caché de la jeune femme, mais elle se faisait un plaisir de cuisiner pour une autre personne qu’elle-même. «Avant de me souvenir je n’avais pas remarqué que l’huile de Portalia était vraiment mauvaise et qu’une bonne partie des épices de la maison ne poussait pas ici, ce qui est dommage car on dirait que tout ce que je mange manque de saveur» Elle eut un petit rire avant de poursuivre en se retournant en direction de Hypanatoi, observant son visage un moment avant de terminer la préparation des choses à cuir sur le feu qu’elle alimenta à l’aide d’une bûche « C’est quoi la suite, vous avez eu vos informations, vous avez probablement votre prochaine cible je ne me trompe?» Encore une fois elle venait d’éviter le sujet qu’elle avait en tête, mais en même temps elle ne voulait pas remettre cela sur le tapis, elle ne souhaitait pas que leur rencontre tourne toujours autour de cela. Elle ne voulait pas creuser plus profond la fausse  qui les séparait. Si un jour Hypanatoi venait à avoir des sentiments pour elle, il sera libre de lui en faire part connaissant déjà ce qu’elle ressentait pour lui, du moins elle espérait que ce dernier aille compris l’affection qu’elle lui portait.

Terminant alors la confection du repas pour mettre le tout à mijoter sur le feu pour la prochaine heure, elle écouta l’homme, ayant ranger la plupart des choses de la cuisine, elle pris place assise sur le comptoir, écoutant les paroles observant celui qui était devant elle un petit sourire aux lèvres. Elle voulait l’aider, mais seulement s’il lui demandait.
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Elle lui parla du plat qu’elle comptait lui préparer, et il en fut étonné. Outre le fait qu’il ne s’était pas attendu à pouvoir ici manger un plat de son monde qu’il n’ait pas lui-même préparé, entendre la jeune femme parler de cuisine indiquait que sa mémoire se régénérait à très bonne allure. Que des souvenirs aussi subalternes que des recettes de cuisines reviennent à la surface de son esprit indiquait une rémission de bon aloi. Ou bien, l’émergence chaotique de fragments plus ou moins utiles de sa vie d’avant. Mais Hypanatoi était un être optimiste, et il voulut espérait que la première possibilité était la bonne. Il hocha la tête quand elle lui parla de la saveur des plats. Il était vrai que la cuisine portalienne était généralement extrêmement fade. Si la viande des monstres dont profitaient l’élite de la cité avait naturellement un gout très prononcé, et si les techniques de cuisines venues de plusieurs mondes et renforcées par la magie que les habitants avaient développé pour améliorer son gout palliaient quelque peu ces lacunes, la réalité revenait toujours s’imposer : le climat de la cité ne permettait pas de faire pousser en quantité suffisantes herbes et épices, et les communautés extérieures étaient incapables de fournir des quantités suffisantes, ne bénéficiant pas des ressources militaires nécessaires pour protéger leurs exploitations contre la menace permanente des monstres.

Il passa sur son commentaire sur l’huile d’olive : Kiana était bien indulgente que lui sans doute. Même si comparer le liquide doré que produisaient les flancs ensoleillés de leurs montagnes rocheuses à l’eau épaissie de Portalia relevait à ses yeux de l’hérésie qualifiée, ce n’était pas réellement important. Il faisait avec ce qu’il avait.

Elle le questionna de toute façon sur la suite qu’il allait donner aux évènements. Sur ce qu’il allait faire. La réponse était évidente. Il allait exterminer ces gens, les uns après les autres. Il allait les broyer, et s’assurer que leurs morts ne seraient pas douces. Il aurait aimé avoir le loisir de prendre son temps, avec eux. De réellement prendre son temps, de les soumettre aux tourments que la gravité de leur offense réclamait. Il aurait voulu les clouer aux murs de leurs riches maisons, et leur trancher les paupières, pour les contraindre à voir l’effondrement de leur empire. Il aurait voulu les écharper, lentement, arracher les couches squameuses de leurs peaux, les détruire lentement, morceau par morceau, les réduire à leur expression la plus atrophiée. Mais il ne le pouvait pas. Il devrait se contenter, lorsque viendrait enfin le moment qu’il attendait depuis maintenant plusieurs longs mois, de simplement les tuer.

« Maintenant, je vais recouper ces informations avec celles de mes autres ressources. L’étau se resserre, Kiana. J’ai balayé leurs forces. J’ai détruit leurs antres. J’ai éventé leur conspiration. J’ai rendu impossible l’accumulation supplémentaire de richesses. Ils s’amaigrissent, et rongent leurs réserves. C’est ce qui les rend immobiles : se dévoiler plus que cela exposerait leurs trésors, les rendraient facilement localisables. Mais une fois que je frapperai en plein cœur, ils se rendront compte qu’ils ne peuvent plus préserver leurs précieux deniers, et cela changera leur comportement. »

Il marqua une pause. Se força à respirer de nouveau, se rendant compte qu’il avait interrompu ses inspirations. Reprit, calmement, comme s’il discutait simplement de sujets météorologiques :

« C’est pour ça qu’avant de porter le coup de grâce, je dois m’assurer qu’ils soient regroupés, et qu’ils ne puissent pas fuir. Car une fois dispersés, sans attaches pour les retenir et sans besoin autre que celui de m’échapper pour les motiver, il sera difficile de les retrouver de nouveau. Le temps venu, Kiana, je sais que je pourrai te compter dans les rangs de mes alliés. »

La situation était amusante : sans la découverte des exactions de la cité, jamais le paragoï ne se serait lié aux gens qui l’habitaient. Il aurait continué son chemin en parallèle, se contentant de chercher un moyen de rentrer chez lui, en respectant les règles de l’hospitalité qui le liaient à l’endroit. Il aurait utilisé quelques-uns de ses ressortissants, mais serait au final resté seul. Sans doute même n’aurait-il pas croisé Kiana : leur rencontre avait été provoquée par ses ennemis. Ni elle, ni Derek, ni Freya, ni les autres personnes qui aujourd’hui l’assistaient dans sa quête de justice.

Cela pour autant ne le fit pas rire.

La situation était pesante. Il lui était facile de prendre de nouvelles charges sur ses épaules. Il était né pour cela, et ce n’était pas une simple expression ou une hyperbole quelconque. Il pouvait également avec aisance utiliser d’autres paragoï pour l’accomplissement de ses buts. Eux aussi étaient des outils forgés au service du destin de leur monde. Mais ces individus échappaient à ces règles, ne comprenaient pas ce qu’il pouvait leur demander. Il l’avait vu avec Derek. Il le voyait avec Kiana. La barrière du langage qui existait entre eux était certes dissipée par la magie de ce monde, mais leurs cultures et leurs manières incompatibles de voir le monde étaient elles irrémédiablement divergentes. Il se rapprocha de Kiana, et s’arrêta proche d’elle.

« Tu m’as permis de te voir, tout à l’heure. Permets-moi maintenant de le faire à ma manière. »

Il posa ses mains sur son visage, doucement. Traça le contour de ses traits. L’arrête de son nez, et celle de sa mâchoire. Passa ses pouces sur ses paupières, puis les fit remonter, sur ses sourcils et son front. Il toucha ses oreilles de son index et de son majeur, avant de les ramener vers l’intérieur de son visage. De les passer sur ses lèvres, avant de les retirer.

« Cela a plus de sens pour moi. Je te vois, maintenant. »

Sans doute aurait-il été plus charmeur de continuer, et de lui dire qu’il la trouvait magnifique. Mais ce n’était pas le moment. Il voulait apprécier ce moment, et ce qui les unissait était pour le moment suffisant. Il n’était simplement pas libre de prendre plus, de réclamer davantage. Et il avait moins encore à offrir. La sensation de sa peau sous ses mains était déjà un luxe rare, le premier de cette nature qu’il s’était permis depuis presque dix ans maintenant.

« Je suis impatient de gouter ce que tu as prépara, conclut-il pour faire rapidement passer l’instant. »

Il avait été nécessaire, pour la paix de son esprit. Le laisser s’éterniser, en revanche, n’était pas une bonne chose.
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Les chemins qui s’ouvraient devant Kiana était multiples. Elle voyait enfin la lumière inondé la pénombre de sa présence, le chaos dans son esprit était certes toujours présents, mais les petites parcelles de sa vie qui émergeait dans son esprit était devenu tel un phare pour la guider sur les eaux troubles de la vie. La blonde n’avait toutefois pas les réponses qu’elle souhaitait et devait encore faire preuve de patience sur bien des sphères de son existence. Néanmoins, elle ne pouvait être que plus heureuse d’avoir enfin un monde à chérir dans son cœur et doucement l’impatience de retrouver ce monde naissait en elle.

La blonde ne pouvait toutefois pas prendre paroles avec Hypanatoi pour débattre des points, elle avait rapidement compris que le temps qui séparait les deux âmes étaient plutôt impressionnant, elle ne pouvait dire s’il se comptait en centaine d’année ou plus, mais il aurait été impossible pour eux de se croisé sans Portalia. Ce fait, créait dans l’esprit de la jeune femme des vagues, tel les paroles de l’homme dit dans leur dernière rencontre – Personne ne pouvait savoir s’il retournerait un jour dans leur monde et s’ils réussissent il n’est pas écrit qu’ils seraient ensemble- Kiana avait toujours été une femme du présent, choyant cet instant comme si c’était le dernier, elle n’avait jamais eu de plan pour le futur. C’est ce qu’elle voulait, profiter du moment présent, sans se soucier de l’avenir. En perdant sa mémoire, la blonde avait perdu cette valeur, mais cette dernière lui était doucement revenue et elle en était parfaitement d’accord. Le futur était encore trop loin pour être toucher du bout des doigts mais elle pouvait caresser le présent.

Assise sur le comptoir, le regard plongé sur le visage de son compagnon, elle ne pouvait empêcher un petit sourire de flotter sur ses lèvres lorsque ce dernier lui fit part de la suite des évènements. Il parlait, sans retenu, sans prendre le temps d’inspirer entre chaque mots. Kiana avait même remarqué l’émotion sur le visage de l’homme, il tenait fermement à voir ses êtres mourir et s’exprimait avec une passion que Kiana n’avait pas eue la chance de voir. Son visage avait pris une teinte de rouge du à son inspiration suite à la déclaration. La blonde balançait doucement ses pieds dans le vide, heureuse de l’entendre prononcer encore son vrai nom. Il ne l’avait probablement pas remarqué, mais le fait qu’il l’appel par son nom d’origine créait sur le visage de la jeune femme un sourire remplis de joie et son cœur manquait un battement. Son prénom était resté secret, seul l’homme devant elle pouvait le dire, pour les autres elle était toujours Kamélia, mais pour lui elle était Kiana.

Elle eut un petit rire, arrêtant alors le mouvement de va et vient de ses jambes tapant l’air «Vous pouvez compter sur moi. Je me ferais un plaisir de vous aider» La blonde savait qu’il avait des alliés, mais elle n’avait jamais eu la chance de faire leur connaissance, elle était bien curieuse de voir quel sorte de personne avait réussi à l’approcher, celui qui semblait si différent des portaliens, celui qui lorsqu’il marchait avec son armure intimidait les passent sans même le vouloir, certain regardait le sol et d’autre changeait simplement de rue. Ce monde ne semblait pas à la hauteur de sa lumière et de sa force.

Hypanatoi se rapprocha alors, Kiana l’observa sans vraiment comprendre pourquoi il s’arrêta devant elle, redressant alors la tête pour l’observer elle ne dit rien. Les mains chaudes se déposèrent alors sur son visage, ce qui lui coupa le souffle un moment, restant immobile elle profita de la chaleur de l’homme qui traçait les contours de son visage, ses doigts glissent sur sa peau. Elle rougit lorsque les doigts de l’homme glissèrent sur ses lèvres, le cœur de la blonde battait rapidement. Si vite qu’elle pouvait l’entendre en tambour dans ses oreilles. Ses yeux ne quittaient pas le visage de l’homme, elle se doutait que derrière ses gestes qui pouvaient être perçu comme de la tendresse se cachait avant tout un outil pour voir son visage. Voir avec ses doigts, en sentant les pourtours du visage, des pommettes, des sourcils, des oreilles et des lèvres. Elle ne devait pas laisser cela l’emporter sur les sentiments qui criaient pour sortir.

Les paroles de l’homme résonnèrent tel un écho lointain, reportant l’attention de Kiana sur l’odeur du fumet qui s’échappait du mijoter qui devait bientôt être prêt. Heureusement qu’il avait parlé, car elle se serait avancer doucement vers lui, elle aurait franchi la ligne qu’elle c’était dessiné, elle aurait frôlé ses lèvres des siennes. Sur cette pensée, elle ne pouvait détacher ses yeux des lèvres de l’homme, son cœur battait toujours aussi rapidement et sa main vient doucement se glisser sur la main de l’homme. Cette main qui était si chaude et qui caressait son visage. Elle n’avait pas le droit, mais en même temps elle avait terriblement envie de prendre ce droit. Il lui avait dit de devenir plus forte et de penser à ce qu’elle voulait. Un mois c’était écoulé, elle avait travaillé fort et sans relâche, elle avait pris le temps de médité et le temps de comprendre ce chaos d’émotion qui vivait en elle. Un doute venait à l’instant dans son esprit, si elle prenait le droit de laisser libre cours à sa pulsion, le retour en arrière sera difficile s’il ne suit pas le pas.

Sa main libre agrippa doucement le tissu qui se trouvait sur le torse de Hypanatoi dans le but de l’attirer plus près d’elle, elle qui était toujours assise sur le comptoir, elle se redressa un peu et laissant derrière elle toute les pensées négatif afin de profiter pleinement du moment, elle glissa ses lèvres contre les lèvres de Hypanatoi. Il pouvait la repousser, il pouvait reculer, sa main libèrerait ses vêtements si elle sentait son corps chercher à s’éloigner, elle ne voulait pas l’obliger. Kiana avait agis, sachant très bien les conséquences d’un refus, mais elle ne pouvait plus faire taire cela et s’il refusait de suivre le mouvement, cela lui donnerais une bonne fois pour toute la raison de faire taire les sentiments.
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Il aurait pu se dire qu’il ne s’était pas attendu à cela. Que son geste était entièrement désintéressé, que c’était simplement un moyen de répondre à la démonstration de Kiana. De lui dire que son pouvoir était certes formidable, mais que les sens du paragoï fonctionnaient différemment. Il aurait pu tout simplement dire que c’était un moyen de se reconnecter à son monde, de tâter les traits nobles du visage d’une personne issue directement de la divinité. Cela aurait sans doute été crédible : les artefacts incarnant dans le monde matériel les forces divines étaient rares, et provoquaient toujours une ferveur puissante. Il aurait pu parler d’autres choses encore. D’un moyen simplement de solidifier leur amitié, d’une curiosité désintéressée, ou se trouver une autre excuse, parfaitement crédible. Mais il refusait de se laisser aller à ce genre de faiblesse. Quand il avait posé ses mains sur le visage de la jeune femme, il avait touché du doigt quelque chose de doux et d’interdit, un pan de son existence qu’il avait cru depuis longtemps amputé de son être. Quelque chose de sensible et de charnu, qui visiblement n’avait pas terminé de cicatriser.

Aussi ne fut-il pas surpris quand il sentit la jeune femme s’agripper à lui, et profiter qu’il retirait ses mains pour approcher ses lèvres des siennes. Elles avaient, quand elles le touchèrent, le gout acide de la pomme et la menthe. La saveur douce du miel et du vin doux. Son haleine le soulevait comme une brise marine, et leurs souffles en se mélangeant engendraient un courant alchimique qu’il peinait à décrire. Il se laissa faire, laissant l’instant se prolonger, et son esprit comme souvent trop agile s’empressa de voir le futur que Kiana lui avait plusieurs fois proposé, sans jamais réellement le formuler. Des enfants, fruit de leur union, qui couraient autour d’eux, petits monuments de la divinité véritable dans ce monde opprimé par la force barbare des dieux jumeaux. Un foyer, qu’il pouvait ouvrir à une personne sans craindre de trahison ou de déception, quelque chose de simple et de rassurant. Une source de calme et de force dans le tumulte répugnant de la cité maudite. Une compagne, tout simplement, qui existait au-delà de ces hypothèses matérielles. Une égale.

C’était cela, l’épreuve que lui infligeait Portalia. Il avait résisté sans problème à ses assauts : elle infligeait la violence avec la timidité douce des êtres timides. Son monde connaissait la réelle définition de ce mot, et les deux créatures qui régissaient ces terres peinaient à imiter les déferlements apocalyptiques auxquels il avait déjà été confronté. La tentation d’un autre modèle de pensée, d’une autre culture avait aussi été très simple à éviter : il suffisait d’en voir le résultat, la manière dont se comportaient les autochtones, et cela était pour le paragoï le meilleur moyen de se rassurer quant à ses propres pratiques. Mais cela était pire que tout. Plus insidieux. C’était un piège qui refusait de se définir clairement.

Kiana n’était pas portalienne, pas plus qu’elle n’était divine ou paragoï ou ressortissante de son monde. Elle était dans un état intermédiaire et indéfinissable, et il ne savait pas ce qu’il avait devant lui. Alors même que ses mains se posaient doucement sur ses épaules, et qu’il devait faire preuve de la plus grande discipline possible pour en garder le contrôle, il n’était pas certain de ce qu’il faisait. Il ne voulait pas clorai définitivement cette porte. Mais il ne pouvait pas non plus en franchir en seuil.

« Pas comme ça, fit-il finalement en retrouvant son souffle et en éloignant son visage. Pas maintenant. »

Son cœur le déchirait, presque autant que quand son frère de serment avait passé sur ses yeux la lame sacrificielle. Ou plutôt, presque autant que lorsque lui-même avait planté sa lance dans son ventre. La douleur de devenir aveugle avait été quelque chose de familier, une épreuve supplémentaire à endurer. Tuer son frère avait été un acte actif, une blessure qu’il avait infligé à l’une des très rares personnes qu’il avait un jour pu aimer. Comme ce qu’il faisait aujourd’hui. Comme ce qu’il devait faire de nouveau, à quelqu’un qui n’avait commis aucune faute, si ce n’est celle de lui renvoyer un amour sans doute plus pur que le sien. Plus simple, moins compliqué, incapable de se diluer.

« Je connais tes sentiments, et ils gonflent mon cœur de joie, Kiana. Mais je te l’ai déjà exprimé : tu es encore autant Kamélia que Kiana, et je ne peux m’engager sur une route commune avec toi. Quand ta mémoire te sera totalement revenue, tu seras différente, et tes priorités sans doute le seront aussi. Je ne veux pas abuser de l’état d’incertitude et de faiblesse qui est en ce moment le tiens. Quand tes souvenirs te seront revenus, et si à ce moment tu le souhaites encore, je serai là. »

C’était ce qu’il pouvait offrir de mieux. Cela le blessait, mais une part de sa personne se réjouissait de cette situation : il n’avait pas été certain d’avoir la force de résister, quand Kiana enfin se serait offerte à lui. Il venait de le faire, et était resté fidèle à ses convictions. Il avait pu apprécier Kamélia, certes, et ressentir une certaine affinité avec elle. Mais c’était Kiana qu’il aimait, et s’il ne pouvait pas lui imposer sa demande, il savait ce que lui imposait le devoir qui pesait sur tout paragoï.

Pour qu’il puisse envisager un futur avec son interlocutrice, Kamélia devait disparaître, et Kiana s’imposer. Ce que l’un ou l’autre désirait ne comptait pas. Le sang divin qui dorait ses veines imposait qu’il se conforme à certaines règles.

Il ne comptait pas y déroger. Il ne le pouvait pas, pas plus qu’une rivière ne pouvait un jour décider d’inverser son cours.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Sam 25 Mar - 1:56, édité 1 fois
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Kiana n’avait pas l’habitude de cela, de ressentir ce besoin de sentir les lèvres d’un homme contre les siennes. Elle était furieuse devant ce ressentit, devant cette constance pression de son corps cherchant la chaleur d’un autre. Ce besoin elle l’avait déjà ressentie il y a longtemps pour un de ses amis, un compagnon d’arme. Toutefois, ce dernier ne ressentait pas les mêmes choses pour elle et avait peur de ce que les autres pourraient penser. Elle avait réussi à faire glorifier son nom, chassent presque le passé de ses parents, toutefois aux yeux de certain elle restait la fille trop pour être touché. Au moment où Hypanatoi rompis l’union chaude, elle se doutait de la suite des évènements. Le rejet quel avait eu lors de son passé était désormais gravé dans sa mémoire et défilait de nouveau dans son esprit.

Debout sous un arbre abrité de la pluie, elle s’était confier à son ami, ce dernier avait pris peur. Il avait poussé un petit rire nerveux avant de lui dire qu’il ne pourrait jamais prendre vie avec elle, qu’elle était trop différente pour qu’il puisse avoir le même ressentie. Il la voyait en amie et rien d’autre. Il était partie, la laissant seule avec le tourbillon d’émotions. Sur le moment elle en avait été blessé, mais le temps avait joué son œuvre et lui avait fait comprendre que l’amour se devait d’être partagé pour fleurir et pour devenir plus fort encore. Elle ne pouvait obliger personne à l’aimer, personne à l’accepter, mais elle ne pouvait que faire naitre le respect en son égard par ses gestes et ses paroles.

Observant le visage de son compagnons qui s’était reculé, elle sentie son cœur soupirer. Elle connaissait déjà la suite, les paroles dites par l’homme qui se tenait devant elle. L’observant alors, elle se questionna, un drôle de sentiment venait de lui passer dans le cœur, ses lèvres avaient déjà effleuré les siennes, du moins cette chaleur ne lui était pas inconnu. Fixant désormais le vide, elle continuait à écouter, un petit sourire forcé sur les lèvres, les deux mains sur le comptoir, elle avait arrêté le mouvement de ses pieds et cherchait à mettre de l’ordre dans les souvenirs qui revenait doucement. Les images se succédait les unes après les autres et elle secoua un peu la tête pour replacer ses idées, elle devait se concentré sur le moment présent avant d’analyser le flot d’information qui émergeait. «Je comprends, pardonnez-moi je se ne sais pas ce qui m’a pris» Étrangement, la voix de la jeune fille affichait le trouble qu’elle avait, elle qui parlait avec assurance, semblait déstabilisé.

D’un mouvement rapide, elle sauta sur le sol évitant Hypanatoi pour aller retirer la marmite du feu. Déposant cette dernière elle sentait son cœur battre et prépara la table pour le repas, elle n’avait pas l’intention de fuir, elle ne voulait pas partir. Elle n’aurait jamais dû faire une telle chose de plus ce beau moment qu’elle venait de vivre semblait lui avoir ouvert une nouvelle porte dans son passé. Reprenant ses esprits doucement elle observa l’homme, réalisant ses paroles. Il avait complètement raison, elle devait avoir ses souvenirs, pour comprendre ce qu’elle voulait mais surtout pour terminer la quête qu’elle avait à accomplir. Si seulement elle pouvait se souvenir de cette dernière. La blonde s’approcha des verres et en pris un entre ses doigts observant la forme de ce dernier, de nouveau sa vision s’assombri, laissant la jeune fille debout un moment dans la cuisine, elle observait la coupe entre ses mains sans vraiment la voir.

«Kiana… Je ne te cache pas que tu vas souffrir mais c’est pour le bien… » La voix résonnait dans son esprit et elle ferma les yeux un moment, oubliant ce qui venait de se passer pour se concentré sur se souvenir qui semblait troubler son cœur et son corps qui tremblait légèrement « C’est un Adieu ma file, nos chemins ne se recroiserons probablement jamais» Elle ne semblait pas comprendre les paroles, ces paroles qui lui venait de sa mère et de son père. «Écoute bien calme toi et écoute, car tu seras livré à toi-même et je ne serais plus là pour t’éclairer. Le temps n’aura aucun effet sur toi, tu seras parfois consciente ou non je ne sais pas encore comment cela fonction, mais un jour tu seras trouvé et tu reviendras à toi, à ta vrai forme. C’est l’unique moyen que nous avons pour accomplir ma vision. C’est pour cela que tu ne peux pas aller sur le champ de batail, ton chemin s’arrête ici et tu dois en reprendre un autre, je ne peux malheureusement t’en dire plus, car la suite dépend de toi»

La blonde déposa doucement la coupe sur la table pour ne pas le laisser tomber sentant ses mains trembler et se tourna en direction de Hypanatoi, il ne pouvait pas voir son regard, son visage sombre car elle venait de comprendre quelque chose «Dites-moi, c’est quoi l’objet déjà que vous aviez en main lorsque vous avez été emporté dans le portal pour ce monde»

Son cœur battait rapidement toutefois la blonde cherchait à garder le contrôle de sa respiration. Elle ne devait tirer des conclusions trop rapidement le moment était mal choisi mais tous les signes pointait dans la même direction. Si elle avait raison, si vraiment les souvenirs qui venaient de naitre en elle était véridiques elle allait devoir faire rapidement le choix de ne rien dire ou de parler.
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Elle pouvait endurer, comme lui. Il n’avait pas devant lui une petite fille immature et incapable de se contrôler, simplement esclave de ses passions. Il n’avait comme objet impossible de ses affections une portalienne complète, un amalgame grossier d’émotions mal maitrisées et de désirs contradictoires. Kamélia, Kiana, enfin elle, avec son nom double qui se confondait dans son esprit et qu’il espérait ardemment se voir résolu, n’était pas une personne simple. N’était pas une émulsion du commun, le rejet blanc et écumant du haut de la vague. Elle était plus que tout cela, quelque chose de grand et de solide qu’il devait aider à croître. L’aimer, maintenant, c’était couper ses ailes, l’empêcher de réellement faire son chemin. C’était la prendre comme part de son domaine, et la guider et faire à la place ses choix. Même en lui laissant l’espace dont elle avait besoin, c’était imposer sa présence monolithique, et s’assurer que le jeu de la gravité écrase en elle tout ce qui n’était pas lui.

Il ne voulait pas cela. Il voulait qu’elle croisse, certes, et il espérait qu’au bout de ce chemin émerge un monument merveilleux et terrible, une arme sculptée et puissante. Mais pour cela, il fallait que sa volonté s’exerce, que lui prenne non pas un rôle d’amant, mais celui d’un allié ou d’un guide, capable de lui indiquer les usages vertueux de leur monde, mais de lui laisser les adopter librement. C’était un équilibre sensible et difficile, et il comprenait maintenant pourquoi les paragoï n’étaient autorisés à courtiser et à enfanter qu’après avoir passé de nombreuses épreuves. Passer simplement du statut de mortel à celui de héros ne suffisait pas. Il fallait encore solidifier ses convictions, et s’assurer de son individualité. Prouver que le chemin qui devait mener l’individu vers la divinité était le bon.

Il ne pouvait ôter à Kiana cette chance. Elle n’était pas une paragoï, et il ne savait pas en vérité ce qu’elle était : même s’il avait eu en face de lui l’original, épargnée par la corruption portalienne et la perte de ses souvenirs, elle aurait représenté une inconnue notoire. Une enfant des divins, une création unique qui s’inscrivait en dehors de la tradition, des usages et des lois. Un être tout aussi sacré que sacrilège. Quelqu’un qu’il fallait malgré tout le poids existentiel qui participait à sa définition concevoir comme un individu unique. Il se tira de ses pensées. L’écouta ; sa voix était difficile à entendre, et il avait beau savoir qu’il faisait ce qu’il fallait, se le répéter ne rendait pas la chose plus aisée. Il eut un moment d’hésitation. Elle pensait qu’il la repoussait. Qu’il lui reprochait son manque de retenue. Ce n’était pas le cas. Il ne dit rien. La laissa continuer.

Pour lui, et sans doute pour elle, le changement de sujet fut un soulagement. Un moyen de laisser le gout d’inachevé passer. Elle lui demanda quel était l’objet qu’il avait tenu entre les mains, lorsque le portail infernal qui l’avait jeté sur ces terres inutiles l’avait happé. Le souvenir qu’elle invoqua en lui n’était pas plus plaisant, mais il faisait au moins partie des choses qu’il comprenait et maîtrisait.

« Le Saint Calice, répondit-il, sa voix se teintant d’une ferveur difficilement contenue à l’évocation de ce nom. Le réceptacle de la divinité et de l’Ichor des anciens dieux, dans lequel les paragoï doivent boire pour compléter leur ascension finale, ou être rejetés par l’essence divine et la rendre à la coupe. »

Un objet capable de s’incarner en de multiples endroits, afin que tous les pays de l’entente sacrée puissent produire leurs héros et participer à la lutte ancestrale. Un objet qui avait disparu, et condamné autant les hommes que la terre et l’air à la dépravation et à l’avilissement. Il avait été pour lui l’objet de ses recherches, et la cause autant de son plus grand moment de gloire que de sa chute la plus abjecte. Il ne savait quelle force cruelle avait décidé de son apparition à Portalia, et parfois, il pensait que son destin avait toujours été de toucher du doigt la divinité, de sentir pendant une courte éternité les aspects de la mortalité tomber hors de son corps, avant de se réincarner ici, affaibli et presque mortel.

Dépourvu des atours divins.

Peut-être avait-il ici une mission. Ce ne serait pas spécialement surprenant : les habitants de ce monde, qu’ils en soient natifs ou non, se complaisaient dans l’inaction et le statu quo, sans comprendre que ce dernier ne pouvait durer. Sans voir qu’ils étaient responsables de la survie d’un système qui arrachait à leur monde des myriades de gens. Pour eux, la passivité était une excuse : purement individualistes, profondément égoïstes, ils considéraient comme des enfants que le but de leur vie était simplement de faire ce qu’ils voulaient, et de préserver leur confort. Certes, ils s’en décriaient, et prétendaient le contraire. Seulement, c’était là encore une autre de leurs erreurs : leurs paroles ne valaient rien, pas quand leurs actes fournissaient à leur place une démonstration infiniment éloquente.

Ils étaient laids. Ils étaient haïssables.

Et pourtant, il n’éprouvait plus à leur endroit qu’une forme désabusée de lassitude et un vague dégout teinté de mépris. Ils étaient simplement les produits tragiques d’un cycle qu’ils construisaient eux-mêmes. Ils portaient en eux les graines du déclin de leur cité, et l’inertie qu’ils opposaient à tout changement était leur plus grande faiblesse : elle prenait l’apparence protéiforme d’œillère et de mors que des mains plus entreprenante pouvaient utiliser pour les contrôler.

C’était cela, le Saint Calice : la réalisation de ces choses, et le rejet de toute forme de facilité. L’incarnation de la lutte antique entreprise contre les anciens dieux, et l’absorption de leur essence raffinée par un millénaire de combats et de sacrifices. Le rejet des choses faciles, pour le choix des choses grandes. C’était cela, que Portalia avait voulu extraire de lui, en lui retirant le statut de divin et en tentant de lui proposer les options lénifiantes qui engraissaient le troupeau.

Mais il n’était pas une brebis bêlante, et il ne comptait pas attendre que la houlette du berger se transforme en couteau de boucher. C’était cela que devait voir Kiana. Qu’elle devait découvrir.
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descriptionJe sais endurer l'enfer des combats, mais l'attente est toujours une torture. (Hypanatoi) (Terminé) EmptyRe: Je sais endurer l'enfer des combats, mais l'attente est toujours une torture. (Hypanatoi) (Terminé)

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L’émergence des souvenirs ne suivait aucune règle. Parfois, ce pointant au beau milieu de la nuit, d’autre fois lorsqu’elle traversait simplement la rue. Il était dur pour la jeune femme de vraiment savoir ce qui avait bousculé leur arrivée dans la journée. Mais ce qui était sûr, c’est que chaque brin de mémoire qui brisait la prison de son passé lui était douloureux. Non que cette douleur soit physique, mais cette dernière lui brisait parfois le cœur et ébranlait son-elle intérieur. Peu importe qui elle avait été avant, rien ne pourrait venir changer le regard des autres Portaliens de sur sa personne. Toutefois, elle savait que l’unique personne qui pourrait la rejeter en devenant Kiana, était Hypanatoi.

Elle ne voulait plus forcer les choses, épuisé par le stress de devenir une autre personne, par les secrets qu’elle découvrait. La blonde avait compris qu’il était trop tard pour changer le passé, elle avait fait des choses, parfois atroce mais très compréhensible. Elle n’était pas obliger d’en parler, mais elle avait accepté qu’elle ait posé ses gestes et ses actions, la plupart du temps pour laver son honneur. Honneur qu’elle avait bien eu du mal à imposer aux gens qui l’entouraient. Le temps lui avait joué un tour, car au moment même où elle avait enfin touché son but elle se retrouvait au bas de la montagne de nouveau, les mains blessés par la chute. Elle l’avait escaladé une fois et savait qu’elle pouvait le refaire. Toutefois, la première fois elle n’y était pas arrivé seule, la blonde c’était entouré de gens de confiance au expertise les plus intéressantes les unes que les autres et c’est grâce ce groupe qu’elle avait pu devenir générale et qu’on ne parlait plus d’elle comme la mortel Divine. Au fond, c’est peut-être l’une des raisons qui poussait la jeune femme à ressentir ses amalgames d’émotions en présence du paragoi.

L’idée de l’avoir connu dans leur monde lui avait effleurait l’esprit, s’ils s’étaient croisé aurait-elle eu les mêmes chaleurs au cœur, ou ce dernier aurait simplement été un visage parmi tant d’autre. Elle ne le sera malheureusement jamais, car le temps qui semblait séparé leur époque était indéfiniment grand. Observant l’homme devant elle, glissant doucement les plats chaud sur la table, avec des couverts et un peu de pain, elle avait le cœur qui battait terriblement vite. Kiana avait enfin réussi à mettre une série de souvenir en ordre et la conclusion n’avait rien de joyeux et beurrait encore plus l’état important de la situation. La rancœur qu’elle avait ressentie envers sa mère, tel des braises agonisante venait de se réanimé en un feu hardent et brulant de rage. La blonde était encore déchirée entre parler ou se taire, dire les informations ou attendre le moment propice. Kamélia aurait craché le morceau, elle aurait eu peur que s’il l’apprenait plus tard qu’il soit fâché. Mais Kiana pour sa part devant commencer à penser avec d’agir.

Elle se doutait, que le paragoi n’était pas dupe et que sa question posé hors contexte de la situation ferait naitre une interrogation dans son esprit. Elle devait calmer les pulsions de rage qui venait de naitre dans son cœur réalisant la trahison que sa mère lui avait fait. Elle prit place autour de la table ouvrant le couvercle de la marmite, laissant alors s’échappé le mélange d’odeur qui lui était familière. La blonde avait remarqué l’amertume dans la voix de Hypanatoi lorsqu’elle avait abordé ce sujet épineux et décida de ne pas porter la conversation plus loin. «D’accord pardon oui c’est vrai maintenant je me rappel, vous me l’aviez déjà dit» Tournant la louche dans le repas pour bien mélangé elle servit une assiette qu’elle déposa sur la table à l’intention de l’homme et fit de même pour elle «C’est plutôt très chaud, j’aurais dû le retirer un peu avant mais je pense que le gout n’a pas changer» Dit-elle en soufflant doucement sur la surface de son assiette dans le but de refroidir le mijoté. Puis elle enchaina pour que l’homme ne pose pas plus de question sur sa demande étrange à propos du Calice «J’ignore si vous avez d’autre personne à trouver pour avoir plus d’information, mais je suis libre cette semaine. Mathias est avec son frère en mission, donc j’ai beaucoup de temps libre» C’est vrai qu’elle avait passé le mois avec le jeune frère de Mathias, à s’entrainé et à l’entrainé lui qui débutait dans le maniement d’épée.

Toutefois, elle avait besoin de prendre une distance avec ces deux hommes, les informations qu’elle avait en tête devaient être analysées avant de voir quelle direction elle allait prendre pour le reste de son existence. Portant alors doucement la première bouchée à ses lèvres, le gout le fit soupirer. Il manquait la petite pointe d’épice que sa mère m’était à la fin de la cuisson mais le fumet était plus ou moins le même.

Désormais, Kiana devait faire comme si rien c’était passé, elle l’avait embrassé et avait senti son cœur s’enflammé, la chaleur c’était immiscé dans son être mais la réponse qu’elle attendait n’avait pas été c’elle que son cœur désirait. Cela lui avait faire naitre plusieurs souvenirs moins appréciable en tête et elle se devait d’accepter le choix de l’homme. Ce dernier avait peut-être déjà des sentiments pour une autre et cela ne regardait en rien la jeune femme qui avait désormais un nouveau problème à régler.
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Hypanatoi Konostinos
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Elle ne lui disait pas tout. En temps normal, cela ne le perturbait pas. Il n’avait généralement que faire des silences et des non-dits de ses pairs. La plupart du temps, ces derniers n’avaient que peu de choses intéressantes à dire, et Hypanatoi savait comment faire lorsque d’aventure il avait besoin d’extraire de la fange de leurs esprits une information plus pertinente. Ce n’était pas le cas ici. Il ne pouvait pas, après avoir résolu de laisser à la jeune femme l’espace nécessaire pour croître d’elle-même, simplement forcer hors d’elle les réponses attendues. Kiana n’était pas un adversaire qu’il pouvait violenter. Elle n’était pas un disciple qu’il devait guider, et dont les cachotteries se devaient d’être éventées. Elle n’était pas non plus une alliée. Pas simplement. Elle n’était pas un bras supplémentaire pour sa cause, aisément placé et aisément sacrifié. Elle était autre chose, et il ne savait lui-même pas ce qu’elle était. Depuis le début, de fait, il ne pouvait la définir que parce qu’elle n’était pas.

Elle n’était pas une portalienne, et elle n’était pas non une ressortissante de son monde. L’état de fusion qui était le sien faisait se rejoindre ces deux extrêmes irréconciliables. Elle n’était pas grande, mais n’était pas non plus misérable. Elle n’était pas veule, mais n’était pas non plus un monolithe de volonté. Et lui n’était pas capable de savoir ce qu’elle était pour lui, et ce que lui devait être exactement pour elle. Sans doute pour d’autres cela n’aurait rien été de très grave. L’importance du moment et la poursuite simple des pulsions primaires aurait suffi. Mais il avait besoin de savoir et de comprendre. Il ne pouvait pas agir vertueusement sans cela, et il ne voyait pas comment bâtir quelque chose de bon et d’endurant sans un cadre capable de le codifier.

Il se sortit de ces pensées. C’était toujours pour lui quelque de difficile que de réfréner son esprit, qui trop souvent s’emballait comme un cheval irrité par le soleil ou la morsure d’un insecte. Le garder lancé dans la bonne direction requérait de sa part une vigilance constante. Il se reconcentra sur les paroles de la jeune femme. Elle aussi voulait reprendre le contrôle, sans doute pour des raisons différentes. Elle terminait de servir le plat, et commentait sur l’état de sa cuisson. C’était normalement le genre de propos qu’il trouvait sans le moindre intérêt : converser de ce genre de tâche subalterne était l’apanage des serviteurs et des esclaves. Pourtant, il y prêta attention, ravi d’avoir maintenant l’occasion de ne pas évoquer avec elle ces sujets graves. Ces sujets qui le ramenaient toujours au même point d’incertitude et d’impuissance. Puis, elle parla de son œuvre de vengeance du moment. De sa volonté de lui prêter main-forte. Il regarda le plat qu’elle venait de lui servir. Il sentait bon, et lui rappelait des saveurs plus civilisées.

Les gens d’ici mangeaient et buvaient comme les sauvages qui infestaient les forêts brumeuses et marécageuses de son monde.

Complétant les assiettes de deux morceaux de pain, il fit signe à la jeune femme de commencer, lui-même se saisissant du premier morceau de viande. Portant ses doigts à sa bouche, il savoura le gout du plat. Il était de bonne facture. Plus que cela, il avait quelque chose qu’il n’arrivait pas à replacer précisément.

« C’est excellent, commenta-t-il simplement. Et ne t’inquiète pas. Je connais ton engagement, et je n’hésiterai à faire appel à toi si j’ai besoin de ton aide. Mais j’arrive rapidement à la conclusion de cette épopée. Les mailles du filet se resserrent constamment, et il ne me reste que peu d’endroits à épurer. »

Il aurait sans doute rapidement à frapper au cœur des antres de ses ennemis. A abandonner les terriers isolés et les souterrains dans lesquels leurs affidés se terraient, et à aller visiter les demeures riches de leurs maîtres. Il en brûlait d’impatience, et la proximité de cette délivrance rendait plus insupportable encore l’attente.

« Si tu es libre, alors j’ai pour toi une proposition un peu différente. La Guilde m’a confié une mission, et l’usage de ton don me sera utile. Sois prête à partir dans deux jours. »

Continuant avec entrain, il se fit violence pour prolonger la survie du contenu de son assiette. Il avait toujours eu, même étant mortel, un appétit développé. Sa condition de paragoï n’avait fait que le renforcer. Ne pas simplement pouvoir engloutir ce qui lui était présenté était difficile, et il devait avouer qu’il avait perdu l’habitude de ne pas manger seul. Pour une fois cependant, la compagnie n’était pas entièrement déplaisante. Il ne savait ce qu’était Kiana. Pour l’heure, ce genre de chose devait suffire, et un jour, quand elle serait parvenu au bout de son propre chemin, il pourrait envisager autre chose.
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