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Une tire-laine parmi les étoffes [Feat. Emilia Reisalin] (Terminé)

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Morrigan
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"Une tire-laine parmi les étoffes"






&
© Never-Utopia
La rue des tailleurs passait pour un des quartiers les plus touristiques de Portalia, si on omettait bien entendu le fait que les touristes étaient en réalité des visiteurs forcés à vivre dans la capitale. Cette pénible réalité n’empêchait pourtant pas les habitants de profiter des secteurs les plus charmants de la ville qui trouvaient l’atmosphère picturale de ces lieux chaleureuse et plaisante. C’était peut-être vrai pour les badauds qui flânaient près des vitrines, mais pas pour Morrigan qui ne voyait dans cette rue qu’un agencement lucratif et diablement bien pensé. En se laissant émerveiller par quelques pierres anciennes, des devantures clinquantes qui formaient une belle image d’Épinal, la plupart ne réalisaient pas à quel point on les dépouillait.

Le télépathe s’étonnait en effet toujours du prix exorbitant du tissu dans la cité-état. De là où il venait, les femmes et les hommes du monde avaient le luxe d’avoir une garde robe variée, conformément aux attentes de la société. A Portalia, on s’attachait plutôt à l’entretien d’une poignées de tenues, et pour cause, les sommes à débourser pour se vêtir étaient considérables. Fort heureusement, le mage avait appris à se passer des services d’un bon tailleur, lorsqu’il vagabondait comme mercenaire auprès de son maître. Très soucieux de son apparence et gravitant dans des sphères sociales aisées, Morrigan n’était pas homme à tolérer d’être mal fagoté. Garder son prestige vestimentaire n’était pas qu’une question de goût personnel, il s’agissait d’un moyen de se fondre facilement dans la masse en profitant des préjugés dont ou pouvait tirer profit.

A cause des dernières lubies de la guilde, l’érudit avait du rapiécer et arranger nombre de vêtements abîmés. S’il tenait en bonne estime ses compétences de couture, les miracles avaient leurs limites. Surtout quand une institution ignominieuse le traînait dans la boue, dans tous les sens du terme… Morrigan s’était donc rendu dans la rue des tailleurs à la recherche de bonnes affaires qui lui permettraient de remplacer quelques atours. Il avait bien compris qu’il ne devait en aucun cas faire confiance à la plupart des marchands opportunistes qui sillonnaient l’endroit. Non seulement, les pièces déjà travaillées étaient hors de prix, mais aucun tailleur ne daignaient ajuster les vêtements en dépit de la somme déboursée. Un seul adage restait de mise dans cette situation : on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

La boutique sur laquelle il jeta ce jour-là son dévolu avait le mérite d’être accessible d’un point de vu budgétaire. A l’exception de quelques atours richement décorés, les pièces de base constituaient un bon rapport qualité prix. La seule chose qui nuisait à la réputation de l’enseigne concernait le personnel… Telles de véritables carnassières, les tenancières ne vous lâchaient pas d’une semelle, en vous couvrant de paroles hypocrites qui visaient à faire cracher le maximum de Gils à leurs pauvres clients incommodés. Morrigan était habitué à ce manège méprisable. Si bien, qu’il avait rapidement compris que ces idiotes composaient avec leur intuition, c’est-à-dire à la tête du client, comme le stipulait les rumeurs à leur encontre. Mais l’avantage de ce genre de comportement abject, c’est qu’il dénotait d’une certaine impressionnabilité.

Après quelques minutes à observer les étoffes, le mage s’étonna de ne pas encore avoir été importuné par les harpies. Ces dernières semblaient occuper à harceler une autre victime, qui se faisait sévèrement réprimander au niveau du comptoir. En prêtant une oreille distraite à la scène, Morrigan cru comprendre qu’on reprochait à la malheureuse du jour d’avoir tenté de voler une robe plutôt coûteuse. Peu enclin à se mêler des accusations portées contre la petite frappe potentielle, le télépathe resta de marbre face au spectacle bruyant. La petite tête blonde qu’il apercevait du coin de l’œil se débattait comme un diable face aux deux jeunes femmes qui l’invectivaient.

Puis, un mot, ou plutôt un nom, le cloua sur place. « Emilia ». Oui, c’était bien cela qui l’avait interpelé au milieu de la logorrhée. Un prénom d’un passé oublié, qui, peut-être pourrait ressurgir en s’entretenant avec celle qui se dénommait ainsi. Il détailla alors la jeune femme à la chevelure argentée, avec un regard plein de curiosité.

« Excusez-moi ? » intervint-il en faisant un pas dans la direction du groupe tapageur.

« Oui ?! » sortit de manière tout à fait désagréable l’une des deux furies.

« Est-ce que vous pourriez m’expliquer ce qui oblige vos clients à subir cette cacophonie insupportable ? » répondit-il d’un ton flegmatique et passablement agacé.

« Ne prêtez pas attention à elle et au grabuge, c’est une voleuse doublée d’une menteuse ! » vociféra l’autre marchande.

Morrigan jeta un coup d’œil à l’incriminée. Bien sûr qu’on l’a soupçonnait d’être une voleuse avec une dégaine pareille… Pour commencer, personne ne partirait du principe que ce petit chat de gouttière allait avoir les moyens d’acheter une tenue aussi onéreuse. Ses vêtements n’étaient pas de mauvaise facture mais mal entretenus, avec des finitions qui commençaient à fatiguer. Comme elle remuait dans tous les sens, probablement sous le coup de l’énervement, les mèches de ses cheveux partaient des attaches qu’elle avait fixé. Et bien que l’habit ne fasse pas le moine, la teneur de ses propos achevait de rompre toute illusion sur son ascendance. Même dans l’éventualité où la demoiselle n’avait commis aucun délit, difficile de ne pas faire d’elle la coupable idéale. Sauver les apparences ne faisait visiblement pas parti de son vocabulaire… A croire qu’elle avait élevée avec les loups.

Toute cette comédie devenait franchement agaçante. Entre les piaillements des deux tailleuses et la petite blonde qui se débattait vainement, il fallait mettre un terme à cette situation. Sans compter que l’aura de l’accusée était plutôt inquiétante. Avant qu’elle n’en vienne à utiliser ce que Morrigan imaginait être sa puissance d’essence, phénomène avec lequel il n’était pas encore tout à fait familiarisé, le mage tenta d’apaiser la situation à l’aide d’un subterfuge.

« Je pense qu’il s’agit d’un malentendu, mesdames. Vous n’êtes pas sans savoir que messire von Thraben a récemment adopté une jeune fille à la chevelure blanche afin d’en faire son héritière, une certaine Emilia. » lâcha t-il avec un aplomb et une condescendance qui donnait de la force à sa fausse rumeur.

C’était une technique de manipulation vieille comme le monde : faire croire à un interlocuteur un peu crédule qu’il savait quelque chose en flattant son ego. Sans se démonter face aux deux idiotes interloquées et bêtement attentives, le télépathe reprit son discours.

« Je suis persuadé que cette demoiselle s’apprêtait à vous réglez la somme impartie mais que votre diligence et votre professionnalisme ont traduit son hésitation en tentative de larcin. N’est-ce pas, Emilia ? » dit-il d’un air faussement affable en pressant l’épaule de la concernée, avec un geste qui semblait vouloir dire ne gâche pas tout, petite peste.

Prononcer son nom était galvanisant. Cette inconnue était la clé d’un autre souvenir enfoui, sans l’ombre d’un doute. Peu importe qui elle était, il devait aller au bout de cette impression de déjà vu. Le fil de sa mémoire n’attendait qu’à être déroulé.



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Argent ★★★★
3 320 points d'essence
Rang C : 2 010 points de renommée


Dernière édition par Morrigan le Ven 16 Juin - 10:59, édité 1 fois
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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

Un nouveau jour, un nouveau crime.

Le ciel était clair en cette tiède matinée, le soleil parfois dissimulé pendant quelques secondes par de petits nuages vagabonds aux apparences d'animaux cotonneux. La ville était énergique ce jour-là, allez savoir pourquoi, et ses habitants crapahutaient dans les rues comme des fourmis dans une fourmilière.

Sa longue chevelure blanche coiffée dans une belle natte qui lui tombait sur l'épaule, une simple robe claire à manches longue et tombant juste au dessus des genoux donnait à l'infirmière des quartier nord un physique doux et printhanier. Profitant de la douceur qui régnait à Portalia depuis quelques jours, Émilia c'était décidé à s'offrir un peu de bon temps, voir même de s'offrir quelques belles choses, histoire de profiter un peu de sa petite paye d'assistante ! Elle ne s'était fixé qu'une règle : ne pas sortir de ses gonds comme l'autre fois ou elle avait rencontré Derek... Calme et sérénité seront les maîtres-mots de notre Corrompue !

Les mains jointes dans le dos, la belle demoiselle vagabondait joyeusement dans les rues bondées de la cité-forteresse, zieutant ici et là les vitrines des commerces à la recherche de la perle rare qui lui ferait craquer son PEL. Ce fut finalement la rue des tailleurs qui finit par devenir le point de chute d'Émilia. Les boutiques se comptaient par dizaine ici, au prix allant du "pas donné" au "complètement abusé", mais cela la belle n'y prêtait guère attention. Poursuivant ses recherches, c'est dans une jolie boutique tenue par deux grognasses qu'elle rentrait finalement, son regard océan attiré par une tenue de soirée exposé au fond du magasin.

C'était une belle robe de soirée de couleur noire, brodé à la main dans une soie de qualité supérieur et à la finition de maître. Contre toute attente, son prix, bien que conséquent, rentrait tout juste dans le budget de la demoiselle qui touchait le tissu du bout des doigts, le regard brillant. Avec un peu de négociation, Emilia était sûre de pouvoir repartir avec ! De l'autre côté de la boutique, les deux gérantes crachaient sur la nouvelle arrivante à l'allure si pittoresque, voir pathétique pour reprendre leurs thermes. Cela arrivait bien aux oreilles de la demoiselle, mais elle n'en avait que faire et c'est avec la robe sous le bras qu'elle se dirigeait vers l'entrée du magasin où elle avait cru apercevoir quelques parures et bijoux d'accompagnement. Déjà bien pris pour cible par les deux rapaces, elles ne loupèrent pas la petite paysanne qui passait devant elle sans payer, l'arrêtant net en lui aboyant dessus comme deux chiens de garde enragés.

-Hé la bouseuse ! Tu crois aller ou avec ça ?!
-Tu pensais pouvoir nous voler et ceux juste sous notre nez la bouseuse?!


Grinçant des dents devant leur ton désobligeant, la jeune femme tâchait de garder son calme en se retournant, lançant froidement en réponse :

-La bouseuse elle as un nom : Émilia. Et j'allais vous le payer votre torchon...
-Un torchon?!

Il n'en fallut pas plus pour que les deux harpies démarrent, prenant en tenaille la cliente qui venaient d'insulter leurs mères pour essayer de la briser à coup d'insultes et d'accusation. Rapidement, Émilia n'eut même plus l'occasion d'en placer une, ses paroles se retrouvant noyer dans le flot discontinu des deux autres. Prenant sur elle, la petite lueur vermeille dans le regard de la belle trahissait sa perte progressive de patience et le gantelet métallique attaché à son avant-bras gauche, dissimulant sa fidèle lame, commençait à sérieusement la démanger.

Mais c'est alors que les choses allaient dégénérer qu'un parfait inconnu, aux paroles soutenus et élégantes, apparut de nulle part pour essayer de désenclancher la situation. Le plus drôle fut le regard de notre héroïne qui se tournait vers l'homme avec le même air de "de quoi je me mêle" que ses deux agresseuses sur le visage. Usant de belle parole, l'homme finit par lancer un hameçon dans la mare en inventant une histoire de toute pièce en associant notre amie avec un seigneur local, il ajoutait même à cela une main amicale sur l'épaule de la Corrompue... Main qui essayait rapidement de lui faire passer un message avec force.

Hésitant un moment à déchiqueter la main de l'inconnu à grand coup de dent, Émilia finit par juste la dégager de son épaule avec dédain, poussant un soupir avant de poser son poing sur sa hanche, bombant le torse et foudroyant les deux mégères du regard. Mélangeant ses rencontres avec Hypanatoi et Derek pour paraître la plus hautaine et riche possible, notre amie tâcha de rentrer dans son personnage.

-Ne mêle pas mon père à cette histoire. Évidemment que j'étais prête à les payer, je leur ai même informé de ce fait. Mais comme elles viennent de s'entêter à insulter mon nom, et par extension celui des von Thraben, je me demande comment mon père réagira lorsqu'il apprendra qu'une boutique de seconde zone a refusé de me vendre une simple robe...

Les deux demoiselles se regardaient sans trop savoir quoi dire maintenant, une once d'hésitation se lisant dans leurs regards.


Codage par Libella sur Graphiorum



Argent 5*
Essence Verte : 3755
Renommé Rang C - 1863 points

Dernière édition par Emilia Reisalin le Mar 7 Mar - 10:19, édité 3 fois
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L’animosité qu’il ressentait chez la petite blonde était presque animale. Le soubresaut qu’elle avait effectué sous la pression de sa main sur son épaule n’était pas franchement celui d’une demoiselle effarouchée mais d’une bête prête à bondir sur sa proie. Morrigan ne tenta pas le diable et n’avait de toute façon aucune raison d’insister davantage sur la marche à suivre, puisque l’inconnue avait saisit l’opportunité de s’engouffrer dans son mensonge. Son numéro était grossier et caricatural mais elle était suffisamment condescendante pour faire douter un public facilement influençable. Il leva un sourcil interloqué en constatant sa familiarité à son égard. Décidément, cette petit sauvage avait vraiment besoin qu’on lui montre l’exemple, si elle voulait un jour se fondre dans le décor de la sphère mondaine… Son nom avait beau lui évoquer une certaine bénévolence qu’il n’expliquait pas encore, ils n’avait pas élevé les cochons ensemble.

« Mademoiselle von Thraben, j’ai bien conscience d’avoir manqué à certaines obligations qui siéent à une dame de votre rang, mais veuillez à ne pas oublier votre étiquette. » dit-il avec un sourire de circonstance qui contrastait avec un regard sinistre.

Cette petite frappe pouvait bien prétendre être quelqu’un qu’elle n’était pas mais Morrigan n’était pas homme à accepter la gratuité de son arrogance. Cette mascarade ne les excluait pas d’échanger par piques interposées au milieu des deux cruches médusées. D’accord, elle n’avait pas apprécié la main d’un inconnu sur son épaule, mais ce n’était pas une raison pour mépriser ainsi celui qui lui tendait la main. Son humeur se dirigea immédiatement vers les deux marchandes qui ne savaient plus sur quel pied danser.

« Et bien alors, mesdames ? Vous allez continuer de gober les mouches ou bien enfin encaisser la demoiselle ? J’ai peut-être l’air plus mesuré de prime abord, mais croyez-moi, je n’ai pas le quart de sa patience. » siffla t-il de façon odieuse en se déchargeant de toute son irritabilité.

La remarque était aussi valable pour Emilia à qui il voulait exprimer les limites de sa bonté. Utiliser les deux idiotes comme médiatrices était le meilleur moyen de faire passer un message sans compromettre leur comédie.

« Oui… enfin, ce n’est pas la peine d’en arriver là, messieurs dames. » lâcha de manière confuse la première d’un ton un peu mielleux en signe de reddition.

« C’est vrai, on ne voulait fâcher personne, alors pas le peine de nous dire quoi faire et de monter sur vos grands chevaux. On ne fait que notre travail ! » argua de concert la suivante avec plus d’insurrection que la première.

Morrigan les affubla d’un regard sévère jusqu’à ce qu’elles retournent enfin à leur poste. L’une d’entre elle était retournée en caisse en tirant une tête de six pieds de long et l’autre faisait semblant de remettre des vêtements sur leur présentoir afin de continuer à surveiller leur cliente du coin de l’œil. Tant qu’ils étaient surveillés de la sorte, le télépathe ne pouvait pas demander plus d’informations à la jeune femme. Il n’avait donc pas le choix de jouer le jeu tant que la demoiselle ne finalisait pas ses achats. La perspective d’être méprisé par une gamine insolente l’exaspérait, si bien, que le mage faisait exprès d’étudier les étoffes qui ne juxtaposaient pas l’étalage qui l’occupait. Quand la petite blonde donnait l’impression de venir vers lui, il changeait subitement de cap et d’avis pour regarder ailleurs. C’était pour son bien, autrement, il aurait du mal à lui donner des égards qu’elle ne méritait pas compte tenu de ses manières de sauvageonne. Tout en exécutant son petit manège, il entendait les deux marchandes se questionner avec un train de retard en faisant des messes basses.

« D’ailleurs c’est qui ce von Thraben là ? »

« Qu’est-ce que j’en sais moi ? Sûrement un bourge qui pète plus haut que son cul, comme tous les autres. »

Prendre tout pour acquis et faire des généralités… Encore une marque de la bêtise humaine poussée à son paroxysme. Ce cirque avait suffisamment duré. Morrigan n’avait certainement pas prévu de perdre son temps dans une boutique, et surtout en si mauvaise compagnie. Le mage mit un terme au jeu du chat et la souris avec Emilia en se dirigeant vers le comptoir. Il avait emporté avec lui quelques pièces basiques et des chutes de tissu qui lui serviraient à sublimer l’ensemble. Les étoffes étaient toutes dans des coloris froids, en passant essentiellement par le bleu et le blanc, les couleurs de sa lignée. C’était bien l’un des rares souvenirs familiaux qui l’accompagnait et une habitude dont il n’était jamais franchement parvenu à se défaire. Son visage fermé et ses gestes parfaitement mesurés avaient dissuadé les deux vipères de le gratifier de quelques remarques désobligeantes. Elles mettaient peu d’entrain à la tâche, même lorsqu’il fit l’appoint de gils pour ne pas compter sur leurs compétences mathématiques, mais il ne fallait pas trop leur en demander. Même la médiocrité avait ses limites, ce qui était rassurant, dans un sens.

L’érudit s’était volontairement désintéressé de la sauvageonne, parce qu’il n’était pas à sa disposition, après tout. Si elle n’était pas sur ses talons, ça ne faisait rien. Il l’attendrait dehors dans le pire des cas. Tout en ne prenant pas en considération le travail effectué, Morrigan projeta d’arranger lui-même le pliage de ses vêtements neufs, conformément à ses tocs habituels. Sans même jeter un regard navré aux marchandes, il étala les étoffes sur le bord du comptoir une par une, en prenant soin de bien lisser le tissu afin de finalement les replier de manière bien symétrique. Les deux tenancières le regardaient faire d’un air interdit, c’était bien un spectacle auquel elles n’étaient pas habituées. Après avoir tranquillement terminé son entreprise, le télépathe empaqueta soigneusement ses affaires dans un sac de toile. Morrigan acheva de saluer froidement ses interlocutrices estomaquées avant de se diriger vers la sortie du magasin.


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Morrigan

Un duel d'ego venait de débuter, nos deux protagonistes se retrouvant à reprocher à l'autre à quelque chose près la même chose. Notre belle princesse sournoise et son noble chevalier se lançant des regards noirs avant de retourner, tous deux, leurs animosités vers les deux vendeuses abasourdit.

Lançant une pique à notre amie qui ne la releva pas à voix haute, se contentant d'un "Hmf" du plus bel effet, l'inconnu parvint à mettre fin à toute cette comédie, dispersant les deux dames d'une part et autre de la boutique. Malgré tout, toujours sous surveillance, Émilia sentait le regard des harpies posé sur elle, il allait falloir qu'elle abrège sa petite promenade plus tôt que prévu pour éviter d'avoir de nouveaux soucis. Conservant son regard meurtrier, elle se tournait tout même vers son sauveteur, s'attendant à ce qu'il vienne réclamer sa récompense, mais celui-ci était repartie à ses occupations, l'ignorant totalement.

Haussant des épaules, finalement ravie de ne pas avoir à lui parler davantage, Émilia retournait voir les parures qui traînaient dans une vitrine vers l'entrée avant de vite déchanter devant les prix exorbitants qui étaient affichés... Désabusé, notre noble d'un jour pressait le pas en direction de la caisse, remarquant au passage que l'inconnu avait levé les voiles.

~Nous avons le don d'attirer les types chelou quand même...

Chuchotait l'autre au fond de son subconscient, l'image de Derek et son fantôme passant dans son esprit. Ce grattant nerveusement la nuque jusqu'au sang en guise de réponse muette, Émilia vint déposer sa robe sur le comptoir en bombant toujours le torse, lançant un regard hautain à la commerçante qui se retrouvait bien moins confiante toute seule, face à sa victime précédente qui venait de gagner un niveau de confiance en soi.

-17 000 gils.
-Pardon?
-15 000 gils...
-Si vous ne voulez pas vous retrouver à la rue et sans emploi dans la soirée, il vas falloir vous montrer un peu plus... "commercial".
-10 000 gils et je vous l'emballe Mademoiselle, avec tous nos remerciements !


Forçant un sourire se voulant aimable, mais haineux, la vendeuse avait fini par plier sous la pression du regard noir de la demoiselle von Thraben et Émilia parvint donc à sortir de la boutique avec une belle robe de soirée et un large sourire satisfait sur le visage. Poussant un long soupire de soulagement en sortant de cet enfer, elle serrait sa nouvelle amie dans ses bras comme un enfant étreint son doudou, mais la Corrompue se figea en voyant l'homme qui semblait l'attendre un peu plus loin.

~Ah bah tiens, qu'est-ce que je te disais ?! Ils ne veulent qu'une seule chose ces gars-là !

Hésitant un moment à partir de l'autre côté, elle finit par se résigner à s'approcher de lui, son regard noir ayant repris un air plus normal, mais particulièrement méfiant, elle s'arrêta à bonne distance.

-Je vous remercie pour votre aide. J'imagine que si vous m'attendez, c'est que vous attendez une "récompense"...? Il va falloir être doux avec moi...

Espérant que l'autre faisait fausse route et attendant donc sa réponse, le visage à moitié dissimulé par son achat, son essence verte parcourait tout son corps et elle était prête à bondir au moindre signe suspect. Il était évident qu'elle ne le laisserait pas avoir ce qu'il veut, mais l'homme semblait avoir à peu près le même niveau qu'elle, en cas de conflit le plus simple restait donc la fuite. Cependant... Quelque chose l'intriguait chez l'homme malgré tout : le regard qu'il lui lançait. Sans parler de l'agacement logiquement présent après ce genre d'événement, elle pouvait déceler autre chose...

L'instinct féminin dirons-nous.


Dernière édition par Emilia Reisalin le Mar 7 Mar - 10:20, édité 1 fois
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La fierté n’étouffait pas la plupart des gens que le télépathe rencontrait à Portalia, et c’était d’autant plus vrai pour les parvenus arrogants. La petite peste qu’il avait gratuitement aidé ne daignait pas lui témoigner la moindre reconnaissance, restant au contraire dans une posture méprisante qui mettait ses nerfs à rude épreuve. Voilà pourquoi Morrigan avait préféré se concentrer sur son objectif du jour, à savoir l’achat de quelques vêtements de remplacement. Sans savoir si elle avait pu mener à bien ses achats et tenir tête aux deux harpies qui l’avaient prise en grippe, le télépathe avait projeté de l’attendre dehors sans même se retourner. Rien ne l’obligeait à rester ici pour questionner l’inconnue. Pourtant, l’érudit ne pouvait se résoudre à changer de cap et abandonner Emilia derrière lui. Son esprit ignorait peut-être les augures mystérieuses qui entouraient ce prénom mais sa mémoire kinesthésique s’imposait à lui en lui vissant fermement les pieds au sol.

La jeune femme ne tarda pas à sortir des griffes de la boutique, et il crut l’espace d’un instant qu’elle allait simplement faire demi-tour en faisant semblant de ne pas l’avoir vu. C’eut été particulièrement ingrat, compte tenu du contrat tacite qu’il avait respecté en l’ignorant délibérément. A croire qu’il fallait tout leur apprendre, aux petits oisillons de cette ville. Morrigan ne se fâcha pas de sa prudence à son égard quand il la vit se tenir à distance, après tout, il l’avait menacé à demi-mots entre quatre murs. Un sourire un peu moins hautain décontracta son visage lorsque la sauvageonne le remercia enfin sans donner l’impression d’y mettre un zèle particulier.

« Gardez votre argent, j’avais simplement quelque chose à vous demander. » dit-il tranquillement d’un geste détendu de la main quand elle évoqua une récompense. La suite de ses propos l’interpella davantage.

« Doux.. ? » répéta t-il d’un air confus. Pourquoi la malmènerait-il ? Certes, il avait la langue bien pendue, mais inutile d’y voir là la trace d’un ressentiment réel et durable. « Parce que j’ai une tête à faire pleurer les petites filles, d’après vous ? » rétorqua t-il cette fois-ci en réintroduisant une pointe d’indignation dédaigneuse dans sa voix.

Pour qui est-ce qu’elle le prenait ? Comment pouvait-elle imaginer qu’il allait la violenter en guise de trophée ? Oh… C’était donc ça, qu’elle sous-entendait. Ne plus fouiller régulièrement dans l’esprit de ses pairs l’avait ramolli face aux horreurs perpétuées par les siens. Il baissa d’un ton en comprenant là où elle voulait en venir.

« J’ignore comment vous menez vos transactions habituellement, mais n’en tirez pas des conclusions hâtives avec moi. Je ne compte pas quémander ou ravir quoi que ce soit, alors ne gaspillez pas votre essence. » conclut-il sèchement en croisant les bras.

S’il fallait montrer patte blanche pour que la blonde se tranquillise, c’était chose faite. Restait encore à lui exprimer clairement sa demande, avant qu’elle ne prenne la poudre d’escampette.

« Pour tout vous dire, j’ai l’impression de vous connaître. » avoua t-il sans se rendre compte immédiatement de l’interprétation absurde qu’elle pouvait éventuellement tirer de cette affirmation. « Est-ce le cas ? »

Son ton était hésitant. Pourtant, quand on constatait la méfiance de la jeune femme, les intentions odieuses qu’elle prêtait à son interlocuteur et les regards noirs échangés à la boutique, la réponse était plutôt évidente. Mais Morrigan ne voulait laisser aucune piste derrière lui, tant qu’il n’était pas allé vérifier chaque théorie lui-même. Retrouver ses souvenirs était sa priorité, alors il se fichait pas mal de l’image qu’il pouvait renvoyer à cet instant précis. Cependant, il n’oubliait pas qu’Emilia le menaçait de son aura et qu’elle avait tôt fait de prêter des mauvaises intentions à ses semblables. Une justification supplémentaire était donc de mise.

« C’est votre prénom qui m’a interpellé, et qui m’a sans doute inspiré par la même occasion pour cette histoire de noblesse ridicule. Alors que vos manières ne trompent personne... » ne put-il pas s’empêcher d’ajouter, toujours piqué par toutes ces accusations vexantes. « Ma demande peut vous sembler saugrenue. Donc permettez-moi d’ajouter que je suis amnésique, et activement à la recherche de mes souvenirs. »

Maintenant qu’elle avait toutes les cartes en main, Emilia en ferait bien ce qu’elle voudrait. Si cette petite peste décidait de lui mentir, il comptait sur ses capacités télépathiques et son instinct pour s’en apercevoir rapidement. En attendant, le mage avait décide de faire confiance à ce deuxième paramètre, en jouant franc jeu avec l’inconnue. Tout ce qu’il espérait, c’était que la petite blonde accepte de l’aider en échange. L’époque où il pouvait se passer de la parole en imposant ses recherches télépathiques était loin derrière lui. Portalia l’obligeait à se plier à des contraintes sociales qui l’exaspéraient...


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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

Remonté comme une horloge, la Corrompue paraissait être un petit félin effrayé derrière son bout de tissu cachant le bas de son visage, son regard ne trompant personne sur sa crainte passive, bien qu'il lui manquait les oreilles plaquées en arrière et le poil hérissait pour avoir vraiment l'attirail complet...

De son côté, l'inconnu sembla se calmer quelques instants avant de s'offusquer lorsqu'il comprit le sous-entendu de la belle qui le prenait de toute évidence pour un profiteur ou un agresseur du dimanche usant de ses capacités pour assouvir ses bas instincts... Après tous, ce ne serait pas le premier à profiter d'un avantage ou d'une position avantageuse, notre amie l'avait bien trop vu pour écarter cette possibilité.

Cependant, outre le très beau bien parlé qu'il maintenait alors que l'altercation avec les deux autres débiles était terminé, une certaine sincérité ce dégageait de l'homme qui finit par simplement demander si ils se connaissaient. Une question particulièrement étrange qui balaya les craintes d'Émilia d'un revers de la main tellement elle sortait de nulle part, mais expliquait en effet l'étrange intérêt qu'il pouvait avoir pour elle.

L'écoutant sans l'interrompre, Émilia dévoilait son visage en le penchant un peu sur le côté en s'approchant de quelques pas, scrutant de plus près l'homme sur ses deux profiles et reniflant son odeur qui lui parru légèrement familière sur le coup. Esquissant un sourire, l'infirmière se détendait enfin et relachait son essence qui reprenait une infusion plus normal.

-Vous parlez bien... Vous me faites penser à deux personnes que j'ai rencontrées, une que j'aimerais égorger et l'autre qui mériterait seulement une baffe ou deux par moment. Cependant, vous, je ne vous ai jamais croisé.

Outre sa mémoire humaine classique pouvant se révéler un peu hasardeuse, la belle avait davantage confiance en sa condition de Prédatrice pour ce genre de chose, ses sens étant bien plus aiguisés, elle se souvenait de ceux qu'elle croisait lors de ses chasses, surtout ceux ayant une essence forte, mais celle de l'homme restait inconnu au bataillon, rendant d'autant plus étrange le sentiment qu'il pouvait avoir.

Vint alors une pique totalement gratuite sur les manières de la belle qui ne manquait pas de lui faire sortir une canine ainsi qu'un grognement animal discret jusqu'à ce que l'odeur de l'homme ne lui revienne aux narines... Une odeur étrangement mêlée avec celle de quelqu'un qu'elle avait déjà croisé... Un certain Derek, chevalier au sang bleu hautain, mais pas méchant quand il enlevait le balai qu'il avait coincé entre les fesses... Une particularité que le protagoniste du jour semblait partager avec lui d'ailleurs...

Devant cette image, Emilia ne put s'empêcher de retrouver le sourire, mais c'est alors que l'évocation de l'amnésie du garçon vint secouer la demoiselle. Il est difficile de vivre avec ses souvenirs, mais ils restent une part de notre identité malgré tous et ça, Émilia le savait que trop bien. Penchant de nouveau le visage légèrement sur le côté, un regard plus plaintif posé sur l'homme.

-Vous avez perdu la mémoire...? Une mauvaise blague de divinité ou une séquelle physique ? En tout cas, si je peux vous aider, je suis à votre écoute... Je vous dois bien ça.


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"Une tire-laine parmi les étoffes"






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Les manières de la sauvageonne lui étaient définitivement familières. Mais il lui fallait encore déterminer si cette impression de déjà-vu faisait écho à un souvenir lointain ou à une simple généralité. En observant du coin de l’œil la jeune femme le dévisager et le renifler comme un limier, il prit le temps de l’analyser à son tour. Sa longue chevelure opaline encadrait un visage peut-être pas si enfantin que ça, à y voir de plus près. Au-delà de cette juvénilité surnaturelle, l’érudit constata que même ses cils étaient blancs, ce qui achevait de donner à l’inconnue une apparence éthérée et hors du temps. Pour finir, ses manières bestiales et la couleur de ses cheveux lui évoquaient avec sympathie les Crocs des Glaces. Si on lui ajoutait les attributs lupins manquants, on pourrait vraiment croire qu’elle avait effectivement été élevée par les loups. Est-ce que son inclination venait de là ? Difficile à dire.

Quoi qu’il en soit, Emilia ressemblait davantage à une humaine figée dans le temps qu’à une petite fille ordinaire. Ainsi, il resterait prudent concernant ses affirmations à ce sujet. Sa curiosité serait peut-être satisfaite si la petite blonde acceptait de l’aider à trouver les pièces manquantes du puzzle de sa mémoire. Dans tous les cas, elle semblait de son côté avoir émis un jugement plutôt positif à son égard, comme le témoignait son essence qui ne tarda pas à s’estomper naturellement sous sa volonté. Face à la conclusion de la jeune femme, le télépathe lui adressa un sourire railleur.

« Pourtant, ça ressemble bien au genre de considérations que je pourrais entendre à mon sujet. Reste à savoir si je me situe plutôt vers la tentative d’homicide volontaire ou la tête à claques, dans l’échelle de l’agacement. » dit-il plein de dérision.

Il n’y avait pas de quoi être fier mais Morrigan savait plus que quiconque à quel point il pouvait taper sur les nerfs de ses interlocuteurs. C’était plus fort que lui, surtout quand on le piquait au vif en le contraignant à agir ou à s’exprimer. Même Derek en avait déjà fait les frais, en finissant par l’insulter à défaut de pouvoir le cogner. A sa défense, le mercenaire ne l’avait pas volé, à force de provocations et de manifestations d’un caractère au moins aussi exécrable que le sien. A croire que c’était presque un passage obligé, pour passer du temps avec l’érudit. Ainsi, il ne se fâchait pas que l’inconnue le compare à de tels énergumènes.

« Dommage. C’eut été trop simple, j’imagine. » conclut-il plus sérieusement.

S’il connaissait véritablement Emilia, la recherche aurait nettement été simplifiée. Il préférait néanmoins faire confiance au flair de la demoiselle, plutôt que de se reposer sur les données incertaines de sa mémoire lacunaire. La mention sur le manque de savoir vivre de son interlocutrice avait fait mouche, en déplaisant sans grande surprise à la petite blonde qui lui avait montré les crocs. Définitivement pas humaine. Songea t-il face à ses gestes instinctifs de prédatrice. Elle s’était cependant rapidement tranquillisée, en captant une information qui lui échappait inévitablement. Qu’aurait-il vu dans son esprit à ce moment-là ? Quelque chose de réjouissant, sans doute, à en juger par son petit sourire rêveur.

Quand elle le targua de plusieurs questions sur la source de son amnésie, Morrigan ne put s’empêcher de ricaner face à ses hypothèses. Les causes naturelles et magiques ne manquaient pas. Et pourtant, c’était bien le plus impardonnable qui s’était produit, de la main de celui qu’il considérait comme son propre père.

« Ni l’un ni l’autre, c’est bien l’œuvre d’un seul homme. Un télépathe, comme moi, pour être tout à fait exact. » lui répondit-il tranquillement.

En temps normal, le mage se serait gardé de l’instruire autant. Mais la société de Portalia avait au moins ça pour elle : la capacité à ne pas mépriser les origines et les capacités de ses pairs. Là où la télépathie était un tabou, un art obscur et sibyllin, dans son monde d’origine, elle n’était ici que le versant de sa puissance d’essence. Morrigan avait beau cracher dans la soupe en critiquant l’institution, il devait reconnaître que la capitale lui donnait une certaine liberté qu’il n’avait jamais connu auparavant. L’expérience était grisante, à dire vrai.

« Si vous me laissiez la possibilité de sonder votre esprit, peut-être que je trouverais le lien entre vos souvenirs et les miens. »

Sa demande était cavalière, certes, mais elle avait proposé gentiment de l’aider. Alors pourquoi s’en priver ?

« Avant que vous me posiez la question qui brûle toutes les lèvres, non, le processus de consultation n’est pas douloureux. Et de toute façon, je ne suis pas encore en mesure de modifier ou d’arracher quoi que ce soit dans la trame. » lâcha t-il avec nonchalance, en dépit de la gravité du sujet abordé.

Le télépathe n’avait pas encore eut l’occasion de mettre à l’épreuve ses dons dans ce nouveau monde. Ici, il avait au moins la politesse de demander l’autorisation à ses consultants, écueil dont il se passait largement dans le passé. Voilà ce qui expliquait sa maladresse et son honnêteté déconcertante. Mais tout le monde n’était pas aussi téméraire et franc du collier que son cher mercenaire… Ni aussi altruiste que son ami médecin ou que la grande armure bienfaitrice. Il s’était emballé sans même réaliser que la demoiselle pourrait prendre peur, comme n’importe quel être normalement constitué. Encore une donné difficile à appréhender, depuis que la peur ne faisait plus partie de son panel d’émotions chloroformées.



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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

Le pauvre homme sembla un peu déçu de la révélation négative de la Corrompue, bien que cela ne l'étonnait pas vraiment, à juste titre... Les chances pour qu'il croise l'une de ses connaissances perdues ici, au milieu d'une ville immense et aux origines multiverselles restaient incroyablement basse, sauf pour les locaux de Portalia, bien évidemment...

Poursuivant leurs conversations, Émilia relevait un étrange point commun avec l'inconnu : l'amour paternel... Chacun ayant vécu des abus de leurs familles, la belle ne put s'empêcher d'avoir un sourire un peu triste sur les lèvres en entendant cette confidence. Bien qu'elle ne pouvait rien y faire, elle éprouvait une certaine compassion pour le télépathe grâce à cette ouverture, une chose qui la rassurée encore un peu plus et qui était la bienvenue ici, surtout au vu de la demande qui allait arriver.

En tant que télépathe de profession, Morrigan demandait à sa charmante compagne l'autorisation d'aller trifouiller dans sa tête, en se hâtant de rajouter la non-dangerosité du processus. En soit, Émilia ne voyait pas de raison de refuser cette demande, d'autant plus si elle ne risquait rien. En plus, elle croyait à son histoire qu'à moitié... Ce n'était pas le premier "prodige de l'esprit" qu'elle voyait et c'était en général de beaux charlatans devinant des banalités sur son passé ou prophétisant la venue du beau prince charmant et un mariage à l'horizon... Foutaise.

-Si ça peut vous aider, je ne vois pas de raison de refuser. Mes souvenirs sont loin d'être tous joyeux... Très loin même. Mais certains m'aident à garder la tête hors de l'eau, c'est rassurant de savoir que je risque pas de les perdres !

Le sourire aux lèvres et un petit clin d'œil amical s'enchaînèrent sur ses mots lorsqu'un frisson traversa le dos de la demoiselle. Oui... Elle avait tendance à l'oublier, mais elle n'était plus seule dans sa tête depuis quelque temps. Une possession ? Un démon ? Juste son esprit complètement brisé qui essayait de recoller les morceaux ? Notre amie n'étant pas psychologue, elle n'en avait aucune idée, mais elle sentait l'autre étrangement excité par l'acceptation de son hôte.

Ayant perdu le sourire suite à cette sensation désagréable au vu du contexte, son regard était redevenu froid, voir même un peu inquiet. Si Morrigan était vraiment capable de rentrer dans la tête des gens, Emilia tenait à prévenir son nouvel ami des risques... Au cas ou. Une petite lueur rouge brillant au fond de ses yeux bleus.

-Par contre, je ne sais pas exactement ce que vous allez voir où trouver... Dites-moi comment nous devons procéder. Je vous avoue que je préférerais être dans un coin tranquille ou je puisse me poser sereinement, pour... "Méditer" pendant votre plongée...


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"Une tire-laine parmi les étoffes"






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L’imprévisibilité des habitants de cette ville le frappait toujours. Morrigan ne savait pas si c’était du à la diversité du multivers, mais la plupart des gens qu’il rencontrait ici faisaient preuve de plus de courage et de vision critique que les siens. Depuis combien de temps n’avait-il pas été franchement étonné dans l’exercice de ses fonctions télépathiques ? Le mage considérait que la plupart des esprits d’une même société se ressemblaient. Mais il devait bien admettre que ce n’était pas le cas pour Portalia et son cosmopolitisme. C’était déjà déroutant de changer ses habitudes du jour au lendemain pour atterrir dans un monde inconnu. Et voilà qu’il fallait maintenant réapprendre les mécanismes de la psyché humaine et non-humaine… Morrigan était un homme de manies et d’habitudes. Faire preuve d’adaptabilité et de souplesse étaient aux antipodes de son caractère. Si bien, que ce bilan le faisait grincer des dents.

Ainsi, la jeune femme à ses côtés était bien plus réceptive que prévu par rapport à ses ambitions. Elle qui s’était montrée si irascible au départ semblait trouver un soupçon de connivence empathique à son égard. Pourquoi et comment ? Les questions d’ordre logique fusaient dans l’esprit du télépathe. Morrigan n’aimait pas qu’une situation lui échappe, et encore moins quand il ne comprenait pas les rouages d’un tempérament en face de lui. D’où lui venait cette sympathie ? Ce manque de prudence à l’égard d’un homme qui prétendait pouvoir disséquer l’esprit de ses pairs ? Morrigan était bien trop méfiant pour ne pas trouver la résolution de la demoiselle étrange. A moins qu’il ne soit pas habitué à la coopération volontaire de ses sujets, qui avaient d’ordinaire une sainte horreur des affres de la télépathie.

Il l’examina un moment quand elle consentit verbalement à lui laisser la main mise sur ses pensées. L’érudit cherchait chez elle des traces d’hésitation ou de craintes, le moindre indice qui lui aurait permis d’asseoir une réaction raisonnée et raisonnable. Mais non, Emilia n’était pas pondérée. C’était au moins une chose que le mage pouvait affirmer à son sujet. Elle suivait son instinct, comme une bête s’en remettait à sa nature invétérée. Quelque chose lui disait que sonder un esprit pareil ne serait pas de tout repos. Une théorie qu’elle lui confirma plus ou moins en évoquant un passé tragique. Qui n’en avait pas ? La plupart des âmes qu’il avait examiné portaient des souvenirs qui les faisaient pourrir de l’intérieur, en leur donnant un poids qu’une enveloppe humaine n’était pas de taille à supporter. Emilia, même si elle n’était plus humaine, n’échappait pas à cette règle.

« Alors vous comprenez la nécessité de retrouver les miens au plus vite. Je vous remercie pour votre mansuétude et la confiance que vous m’attribuez. » dit-il de manière un peu ampoulée, car encore surpris de sa bonne disposition aussi immédiate qu’inattendue.

Au moins, il n’aurait pas à négocier davantage ou à se justifier sur ses ambitions. Les plus débonnaires avaient la fâcheuse tendance de lui rappeler que certains souvenirs enfouis l’étaient pour une bonne raison, et que son esprit ne devait pas souffrir d’en retrouver la brutalité familière. Mais pour une raison ou une autre, Emilia le comprenait, que l’essence d’une âme se forgeait dans les souvenirs les plus insoutenables. Elle ne cherchait ni à le dissuader, ni à lui étaler sa prétendue sanité d’esprit. En cela, elle était déjà un futur sujet d’étude appréciable. Sa défiance tant attendue le soulagea quelque peu. La petite blonde n’était pas aussi sereine qu’elle le laissait croire. Morrigan ne voulait pas laisser passer sa chance pour autant et se résolut à écouter sérieusement ses doléances.

« Allons un peu plus loin, inutile de rester dans le passage, vous avez raison. » lâcha t-il en lui désignant une direction au bout de la rue. « Il y a des jardins qui font office de parc à badauds, à quelques pas d’ici. Nous pourrions trouver un banc dans ces allées. »

L’endroit était à la fois public et peu fréquenté. C’était un espace ouvert qui laissait une certaine liberté et qui promettait également un cadre plus intimiste, grâce aux haies et autres buissaies qui sillonnaient ses allées. La demoiselle n’aurait pas à craindre d’être seule avec un inconnu tout en profitant de la tranquillité d’un espace vert propre à l’oisiveté. Une fois qu’elle fut résolue à le suivre, Morrigan ne tarda pas à trouver une place appropriée en l’invitant à s’asseoir.

« Honneur aux dames. » dit-il conformément à son étiquette en la laissant prendre place avant lui.

L’érudit finit par s’asseoir à son tour à l’autre extrémité en gardant une distance significative entre les deux. Elle était après tout plutôt farouche et il l’était au moins tout autant, concernant les gestes tactiles de sociabilité. Maintenant qu’ils étaient installés, il pouvait reprendre sereinement ses explications.

« Ne vous inquiétez pas sur la nature de vos souvenirs. J’ai pour moi un certain professionnalisme et un détachement qui me permettent de consulter les mémoires sans me formaliser sur leur contenu. » entama t-il afin de la rassurer. « L’esprit est un enchevêtrement de pensées complexes qui ne reflètent en rien la sagesse apparente des individus. Si vous croyez que les plus modérés possèdent un esprit noble et vierge de tout vice, vous vous trompez. Personne n’est aussi ingénu qu’il le prétend, en son for intérieur. Voilà pourquoi vous ne devez pas avoir peur que je rencontre une certaine part d’ombre en sondant votre mémoire. Il n’y a rien de plus humain et naturel. » conclut-il avec un rictus savant.

Comme la pratique valait parfois mieux que la pratique, Morrigan lui proposa une première mise en bouche.

« Commençons par quelque chose de simple, si vous voulez bien. Je ne vais pas chercher à consulter vos souvenirs pour le moment, mais simplement à me connecter à votre esprit, en surface. Vous ne ressentirez rien de spécial ou de désagréable, juste un léger alanguissement tout en plus, comme lorsque vous commencez à rêvasser. »

En réalité, le télépathe n’était même pas encore certain de ses capacités. Il ne savait encore à quel point il pouvait rendre perméable les limites spirituelles de ses pairs. Peut-être même qu’il ne serait pas encore en mesure de sonder les profondeurs de sa mémoire. Rien n’était joué d’avance avec sa puissance d’essence qu’il commençait à peine à apprivoiser. Son aura prit alors une teinte bleutée, et après avoir fait un vide rapide et sommaire dans son propre esprit, le mage tenta de se connecter à la psyché de la jeune femme à ses côtés. Un fil de pensées étrangères aux siennes ne tardèrent pas à tâtonner dans l’espace invisible de sa réflexion.

**Nous y sommes. Vous devriez normalement être en capacité de m’entendre. Je remarque que vous m’avez invité sans même que je ne daigne me présenter. Je manque à mes obligations. Je suis Morrigan.** songea t-il en projetant ses paroles muettes par télépathie.



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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

Suivant Morrigan dans les rues de Portalia en direction d'un coin un peu plus tranquille, Émilia eut le temps de réfléchir un peu à toute cette histoire de rentrer dans la tête des gens, voir des souvenirs ect...

Quand elle y repense, l'infirmière devait bien admettre que sa façon de voir les gens de la haute avait bien évolué depuis son arrivé à Portalia. Comme sa vision de l'Église d'ailleurs. D'abord très agressif et pleine de préjugés à leurs égares, ses rencontres avec Hypanatoi et Derek notamment l'avait progressivement adoucie. Certes ils parlaient bizarrement, avec des mots qu'elle ne comprenait pas toujours et ils avaient la particularité de renifler leur fondement en cas d'éjection de gaz, mais dans le fond, ils n'étaient pas méchants. Juste "dans leur monde" en fait.

Ici, Morrigan n'échappait pas à ce parallèle entre son odeur, ses gestes ou plus encore : sa façon de parler. Mais comme les cas précédents, il ne semblait pas avoir de mauvaises intentions, il avait même l'air un peu perdu quelque part... Et puis il ressemblait un peu à son défunt frère. Physiquement surtout, et un peu dans son air de Monsieur "je-sais-mieux-que-vous-ce-qui-est-bon-pour-vous", vous voyez? Un bien étrange cocktail remplie de nostalgie... Et d'appréhension à mesure que notre duo arrivait près d'un petit parc un peu à l'écart.

Scrutant l'endroit, la Prédatrice ne pouvait que valider le choix du lieu. L'espace verdoyant était calme et à bonne distance de toute altercation désagréable. De plus, il était aisé pour elle de prendre la poudre d'escampette ou de laisser un cadavre derrière elle en cas de pépin. Ceci étant dit, Émilia remarquait ses mains trembler lorsqu'elle s'installait en tailleur dans l'herbe fraîche, mordillant nerveusement sa main en regardant autour d'elle, comme si elle attendait qu'un événement imprévu ne vienne mettre fin à la petite fête.

Il fallait bien que le stress finisse par la rattraper maintenant qu'elle avait accepté de suivre un inconnu dans un endroit éloigné de la foule, mais il était un peu tard de changer d'avis, surtout que sa curiosité était toujours présente. Prenant une profonde respiration alors que le mage était parti dans un monologue dont elle ne comprit pas la moitié des mots, le moment de vérité allait pouvoir commencer : la sainte connexion !

Fixant son nouvel ami, les joues roses et moyennement convaincues, elle le scrutait alors qu'il concentrait son essence et... bah rien. L'esprit de la belle était embrouillé, confus, elle ruminait cette étrange rencontre et se bloquait inconsciemment...

Après quelques minutes, elle se décidait à jouer le jeu un minimum et elle tentait quelque chose : fermant les yeux à son tour, la jeune femme essayait de calmer son cœur qui était surchargé à l'adrénaline. Ce concentrant sur sa respiration, sur le flux de l'air rentrant dans ses poumons, comme quand elle s'apprêtait à jouer de la flûte, son esprit s'apaisait peu à peu jusqu'à ce que la voix de Morrigan ne résonne enfin dans sa tête.

Brisant complètement l'instant, elle reprenait conscience en criant joyeusement, comme une enfant stupéfaite par un tour de magie.

-Je vous ai entendu ! Vous pouvez vraiment rentrer dans la tête des gens alors?!

Se rendant compte qu'elle venait sûrement de tout casser, elle se rassit docilement, remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de fermer les yeux à nouveau. La connexion se fit plus simplement cette fois-ci, mais les pensés qui traversaient l'esprit de la belle restaient confus, émiettés :

Le visage souriants de ses parents, la bouille d'Elim et la sérénité qui l'accompagne, sa petite chambre dans les quartiers nord dans la clinique du loup.

Puis des mains tremblantes couvertes de sang, ses petites sœurs courant dans les champs, la vision se brisant sur leurs corps sans vie sur le sol froid enchaînant sur une pièce sombre donnant une violente sensation de terreur...

Puis des yeux rouges perçants sur un visage plongé dans les ténèbres de la pièce.
Un sourire malsain accompagnant une faim envahissante, grandissante.

Enfin le retour dans la chambre calme de l'étage de la clinique, Emilia allongé à côté de son lit serrant son oreiller dans ses bras, un léger courant d'air frais emplissant la pièce.



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La drôle de dame qui l’accompagnait était bien paradoxale. Si elle arborait une inconscience déconcertante et un instinct inhumain de prime abord, une certaine tendance à l’anxiété se manifestait chez elle de façon bien humaine. Sa nervosité s’était exprimée de manière plutôt triviale jusqu’ici, après une altercation désagréable avec les marchandes ou en face d’un inconnu qui lui rappelait les travers de la société. Morrigan renvoyait cette dualité, qui pouvait passer pour une sorte d’altération de l’esprit, à la nature de la demoiselle dont il ignorait tout pour le moment. Le mage s’était préparé à toutes les éventualités car Portalia était la ville de l’altérité. De toutes ses rencontres significatives, il n’avait rencontré qu’un seul humain parmi la liste de son maigre entourage. Sa vision du monde avait beau être scientifique et arrêtée, la cité-état ne lui laissait pas d’autre choix que d’élargir son horizon d’attente. Puisqu’Emilia s’était portée volontaire pour que le télépathe navigue dans sa mémoire, il ne tarderait sans doute pas à découvrir et expliquer cette étrange impression qu’elle lui donnait.

Après lui avoir donné un certain nombre d’explications qui ne semblaient pas faire émerger la moindre curiosité ou appréhension angoissante chez elle, l’érudit s’était attelé à entamer une connexion spirituelle superficielle. Même si la petite blonde n’exprimait aucune opposition pour le moment, mieux valait-il montrer patte blanche. Personne n’aimait que l’on trifouille les recoins de sa conscience et de son subconscient. Et cette règle ne se limitait probablement pas à l’espèce humaine. Quand il s’infiltra enfin dans son esprit, des sensations de doute qui lui appartenaient pas le submergèrent. Morrigan les laissa glisser lentement dans sa propre conscience, pour ne pas se surcharger d’émotions inutiles et qui n’avaient de la pertinence que dans l’immédiateté du moment. Voilà pourquoi la jeune femme n’avait émis aucune objection. Elle ne croyait sans doute pas à ses machinations télépathiques. Pourtant, la connexion s’était faite avec succès, à en juger par le sentiment triomphal qui succéda à la perplexité après avoir projeté quelques phrases simples dans ses pensées.

L’enthousiasme d’Emilia faillit briser le lien ténu que le télépathe avait formé entre leurs deux systèmes de pensées. Lorsqu’elle se mit à trépigner comme un enfant découvrant un tour de magie, le mage sentit son essence fluctuer de manière chaotique comme quand des ondes indésirables venaient troubler la surface lisse et tranquille de l’eau. Sauf qu’ici, les vibrations étaient en réalité l’essence de sa cible qui se heurtait à la sienne. Dans ce monde, n’importe quel individu pouvait donc venir troubler ses manœuvres télépathiques, à condition d’avoir une puissance d’essence proche ou supérieure à celle qu’il possédait lui-même. C’était bon à savoir, même si l’exercice de son art en serait d’autant affecté, car plus difficile à mettre en pratique que dans son ancien monde.

**Je suis ravi que vous ne me considériez plus comme un charlatan... mais si vous pouviez éviter de vous agiter de la sorte, vous me faciliteriez grandement la tâche.** Projeta t-il cette fois-ci de manière sarcastique dans son esprit.

En se concentrant davantage, le télépathe parvint à retrouver une connexion plus stable avec sa cible, qui s’était apaisée de façon exemplaire. Il manquait clairement d’entraînement. Ce genre de lien était normalement facile à obtenir, sans focalisation intense. S’il arrivait à dompter à nouveau ses capacités, il parviendrait sans doute à atteindre ce stade sans avoir besoin de passer par une posture méditative. Mais chaque chose en son temps, Morrigan n’allait pas se laisser décourager pour si peu. Cette opportunité était justement l’occasion de tester ses limites à l’heure actuelle. Sa consultante du jour était partie dans une rêverie nostalgique dans laquelle se mêlaient des images subliminales. Le tableau familial avait beau sembler charmant de l’extérieur, un sentiment de malaise se dégageait de l’ensemble. Le film mélancolique avait un arrière-goût de violence, d’appétit instatiable et d’épouvante. Le seul élément lumineux qui ramenait cet esprit confus à l’accalmie était un visage familier : celui d’Elim. Le petit loup avait décidément une bonne influence sur les habitants de cette ville disloquée.

**J’ignorais que vous étiez proche d’Elim. C’est un point commun que nous partageons.** commenta t-il simplement sans rien ajouter de plus, pour ne pas troubler la quiétude du fil de ses pensées.

Comme Emilia n’exprimait pas la moindre résistance, le télépathe consentit à s’enfoncer un peu plus dans les méandres de son esprit. Du simple visiteur curieux, il tendait maintenant à se faire explorateur, afin de sonder plus en détails ce qui baignait sous la surface. Quelques explications préliminaires s’imposaient avant de perdre complètement pied avec la réalité. Feuilleter une bibliothèque mentale n’était pas un acte anodin, qui demandait une dévotion et une rigueur solides.

**Maintenant que nous avons établi ce premier contact, je m’apprête, comme convenu, à sonder votre mémoire. Rien ne changera pour vous, si ce n’est votre esprit qui va lentement divaguer, comme lorsque vous commencez à vous assoupir. Pour ma part, d’ici vingt-cinq secondes exactement, je ne serai plus apte à vous répondre dans la réalité et je vous demanderais de ne pas troubler ma concentration.**

Les consignes étaient plutôt claires d’après lui. Morrigan tablait sur un cycle de cinq, cinq fois cinq secondes, avant d’être en mesure de scinder complètement son esprit dans celui de la jeune femme. C’était un score à la fois ambitieux et décevant, mais c’était le cycle qui s’était imposé naturellement à lui face à Sybille. Cinq profondes inspirations, cinq longues expirations, cinq secondes pour visualiser la surface satinée de l’eau, cinq secondes pour se laisser aspirer par les abîmes de sa conscience puis cinq autres pour prendre conscience du nouveau décor inconnu qui s’offrait à lui.

Le panorama qui se profilait devant lui ressemblait à une longue nuit d’hiver. La cime des arbres enneigés et les flocons qui tourbillonnaient avec langueur donnait un aspect à la fois calme et sauvage à cet espace mental. Le télépathe avança prudemment et silencieusement dans l’épaisseur de la nuit jusqu’à trouver ce qui l’intéressait : une maison faite principalement de bois et à l’aspect sinistre. Avoir un espace clos dans son palais mental était un lieu commun. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Morrigan n’avait jamais rencontré un esprit suffisamment libre et sain qui n’avait rien à cacher ou enfouir. Les murailles avaient toutes une forme différente, puisqu’elles étaient toutes en lien avec la singularité et le passé du consultant. Le plus ennuyant, c’est qu’on ne savait jamais vraiment à quoi s’en tenir… L’apparence extérieure d’une bâtisse dans le subconscient était semblable à la cohérence des rêves : elle n’indiquait en rien sa taille ni sa nature. En la franchissant, il n’était pas rare de trouver un espace extérieur voir un dédale invraisemblable dont la surface dépassait toutes les attentes. Ces faits ne faisaient pas exception à la règle dans ce nouveau monde, de toute évidence. Le télépathe s’arma de volonté et de son stoïcisme habituel pour ouvrir la porte devant lui avec précaution.



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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

La vision d'Elim et le fait qu'ils connaissaient tous deux le médecin du nord rassurait un peu plus notre amie qui parvint vraiment à atteindre une certaine sérénité... Qui fut malheureusement de courte durée.

Alors qu'Émilia pensait qu'ils avaient atteint là le stade que souhaitait avoir son nouvel ami télépathe, celui-ci lui annonçait qu'il allait maintenant vraiment passer aux choses sérieuses en s'enfonçant vraiment dans son esprit.

Le cœur de la jeune femme loupait un battement sur ses mots tandis qu'elle sentait ses poil blancs s'hérisser sur sa nuque... L'autre était là, tout près, elle pouvait la sentir... Mais elle restait étrangement calme et tapit dans les ténèbres. Silencieuse.

Les vingt-cinq secondes de Morrigan commençaient alors, laissant la Corrompue prendre une profonde respiration, renforçant également sa concentration afin d'emmurer l'indésirable afin d'éviter tout dérapage... Le souvenir du sang d'Elim restait encore trop frais dans son esprit, elle avait trop peur que cela se reproduise...


...............


Une petite maison de bois, fabrication artisanale, dont les murs étaient composés de larges troncs de chênes noircies par les intempérie. La neige tombait doucement, recouvrant le sol d'un fin manteau blanc.

Le silence régnait, pas un bruit ne vint le briser, pas l'ombre d'une vie à l'horizon alors que Morrigan essayait d'ouvrir la porte, mais celle-ci lui résiste, comme verrouillé de l'intérieur. Si l'on regardait par les fenêtre, celle-ci semblait opaque, recouverte d'un liquide rouge épais. Par delà la porte, une comptine infantile semble résonner de l'intérieur lorsque l'on tendait l'oreille, mais impossible d'en discerner le moindres mots.

À force d'insister sur la porte, celle-ci finit par céder à la seconde exacte ou la comptine se tait. La porte de la maison, une fois passée, donnait sur une immense plaine au sol liquide, comme si l'on marchait sur l'eau. Des arbres morts et la silhouette de bâtiments en ruines étaient disséminés ici et là, mais ils étaient complètement noir, comme si c'étaient de simples ombres. Le ciel, quant à lui, était rouge comme le sang, parsemé de nuage aussi noir de que de la suie.

En faisant quelques pas, il semblerait que l'endroit était aussi désert que le précédent, jusqu'à ce que la porte qui emmène dans ce lieu étrange ne claque dans le dos du télépathe, laissant derrière lui qu'une fillette en lieu et place de son point d'entrée.

Habillé d'une robe aussi noir que les arbres lui tombant jusqu'aux pieds, la fillette devait avoir entre 8 et 10 ans maximum. Sa longue chevelure rouge sang encadrant un visage identique à celui d'Emilia, mise à part ses yeux sombre comme la nuit ayant pour pupille littéralement deux flammes rouge voraces.

La petite Émilia ne bougeait pas, fixant l'arrivant en silence avant d'enfin ouvrir la bouche, dévoilant une dentition caricaturale en dents de scie.

~Tu doit être Morrigan... Tu viens chercher des souvenirs si je ne me trompe pas. Je serais ton guide... Que cherche tu exactement ?

La voix était à la limite du désincarné, plus roque que celle de la belle à la chevelure d'argent, mais elle était calme, posé. Un sourire innocent sur les lèvres, l'enfant attendait la réponse du visiteur.


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"Une tire-laine parmi les étoffes"






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Le goût du sang était la dernière sensation que le télépathe eut avant de plonger dans les abysses de l’esprit d’Emilia. Un sentiment bien étrange en réalité pour l’humain ordinaire qu’il était. Quand on pensait à une blessure, on la visualisait généralement de manière graphique et saisissante. L’hémoglobine avait souvent pour certains une odeur métallique. Mais dans le cas présent ce n’était pas la fragrance ferreuse qui s’était imprimée dans la mémoire de la petite blonde, mais bel et bien le goût du liquide vital et dans une quantité qui dépassait le stade d’une simple plaie buccale. La demoiselle était-elle une buveuse de sang, à l’image des créatures vampiriques ou anthropophages qui existaient dans les légendes populaires ?

Morrigan n’eut pas l’opportunité d’y réfléchir davantage car ses propres pensées finirent par s’échapper de sa conscience, pour lui permettre d’accéder à un autre plan de réalité. Le palais mental de sa consultante lui semblait plutôt usuel, du point de vue de sa structure. La brise enneigée extérieure avait une dimension rassurante. A croire que tous les hivers du monde se ressemblaient de manière universelle dans le multivers. Comme il n’avait aucun souvenir hivernal de son propre monde, l’érudit associait désormais la neige à un lieu notoire : le Val de l’éternel Printemps, le village tribal des Crocs des Glaces. Emilia avait-elle déjà eu l’occasion de fouler ses allées et ses sources chaudes en compagnie d’Elim ? Impossible d’en avoir le cœur net, maintenant que le mage n’était plus en mesure de converser avec elle.

La porte qui refusait de s’ouvrir ne lui arracha qu’un bref soupire. Trouver un moyen de la franchir était toujours une étape délicate. Selon le niveau de déni ou de souvenirs ensevelis, accéder à la partie confinée de la bibliothèque mentale était une vraie prouesse de monte-en-l’air. Sans grande surprise, la demoiselle tenait à ce qu’un certain nombre de souvenirs restent enfermés sous la coupole de son subconscient. Rien de bien étonnant, compte tenu des casseroles traumatisantes que se traînaient lourdement la plupart des individus. Et puis, elle l’avait déjà mis en garde à ce sujet mais Morrigan n’en était pas à son coup d’essai.

Alors qu’il cherchait une solution extérieure en examinant les environs et la façade du bâtiment, une comptine résonna depuis l’intérieur de la sinistre maisonnée. En plissant les yeux, l’érudit croyait apercevoir une lumière surnaturelle filtrer à travers les fenêtres recouvertes d’un épais liquide sanguinolent. Voilà qui était peu habituel. L’édifice n’était pas censé être fermé de l’intérieur puisque c’était les conditions extérieures, découlant directement de l’hôte, qui façonnaient ce monde irréel. A moins qu’une influence externe vienne elle aussi parasiter cet esprit… mais cette supposition était hautement improbable. L’érudit était presque sûr d’être le seul à pouvoir exercer son art à Portalia à l’heure actuelle. Si un autre télépathe était en fonction, il l’aurait déjà trouvé pour lui demander de briser le sceau de sa mémoire.

Finalement, l’entrée céda d’elle-même à la fin du chant, comme si la maîtresse des lieux avait consenti à l’accueillir. Emilia avait-elle fait de la résistance pour finalement lui laisser le champ libre ? Le télépathe devait rester sur ses gardes, l’esprit des autres était parfois imprévisible. Le décor était sinistre, en projetant de grandes ombres inquiétantes sur la face d’une eau aussi noire que l’encre du ciel. Mais rien ne laissait présager qu’une menace tangible l’empêchait d’accéder à cet espace. Comme il n’avait touché à rien ni entrepris le moindre changement, sa discrétion était normalement assurée. Pourtant, quand la porte derrière lui se claqua vivement, non pas sous l’impulsion d’une contrainte extérieure, le télépathe se tourna instinctivement vers cette dernière. Un sourcil étonné s’arqua au dessus de son regard inquisiteur face à la silhouette en face de lui. La voilà enfin, la source des ennuis.

En étudiant un peu l’intruse, Morrigan avait la drôle d’impression qu’elle n’était pas le spectre d’un rêve ou d’un rituel propre à cet espace quand il la voyait se mouvoir de façon bien trop cohérente et mesurée. La fillette en face de lui n’était pas le fantôme du passé d’Emilia mais l’allégorie d’une folie dont il devinait à peine les contours.

Merveilleux, un cas d’école… Songea t-il avec une pointe de son sarcasme habituel.

Parmi toutes les possibilités, il avait fallu que sa première cible soit déviante. Évidemment, la poisse le suivait fidèlement depuis la perte de ses précieux souvenirs.  

« C’est exact, je suis Morrigan. J’ignore cependant qui vous êtes ? » demanda t-il après une courte mais impeccable révérence de présentation. « Il est rare de trouver un guide en ces lieux déserts. C’est un luxe que je ne peux décemment pas refuser. » dit-il avec un sourire malicieux.

Il n’était pas dupe. Sa présence ici n’augurait rien de bon. Cette silhouette n’était pas le guide mais la gardienne de cette étendue mémorielle. Elle était venue le surveiller, voire lui mettre des bâtons dans les roues dans son entreprise.

« Car voyez-vous, le temps m’est compté. Mes ressources spirituelles sont limitées donc vous n’aurez pas à souffrir de ma présence trop longtemps. Je suis un simple visiteur qui cherche ses souvenirs en explorant ceux des autres. » exposa t-il humblement à l’entité.

Peu importe ce qu’elle voulait bien lui montrer et garder secret dans le marasme de ses pensées sombres. Dans l’état actuel des choses, le mage était prêt à tout pour détricoter le fil de ses propres souvenirs. S’il devait embrasser la folie le temps d’une consultation, que cela ne tienne, il était prêt.



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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

À mesure que le télépathe répondait à la petite demoiselle qui lui faisait face, le sourire de celle-ci s'accentuait lentement, imperceptiblement, alors qu'aucun clignement de paupières ne venait faire disparaître les longues flammes qui emplissaient ses yeux qui restaient, irrémédiablement, grand ouvert.

~Ta présence ne me dérange pas du tout. Commença simplement la fillette en s'approchant de d'un pas assuré. J'ai rarement le plaisir d'avoir de la visite... Et la seule personne qui passe par ici est rarement très heureuse de me voir. Et qui je suis...?

Le sourire de l'autre s'appuyait davantage sur ses mots tandis qu'elle continuait de fixer le visiteur droit dans les yeux. Il n'y avait aucune crainte ou malveillance chez l'enfant, elle était ici sur son territoire et elle le savait. Aussi puissant pouvait-il être dehors, ici, il n'était qu'un spectre de plus perdu dans les limbes d'un esprit tourmenté.

S'approchant subitement de nouveau, l'enfant attrapait la main de Morrigan et elle l'entraînait avec elle. Sa poigne était ferme et elle avait bien plus de force qu'elle ne laissait penser.

~Tu est ici pour voir des souvenirs. Ceux-ci devraient t'aider pour te faire ta propre idée de qui je suis, hihihi...

Lié par leurs mains spirituel, une toute petite partie de l'essence d'Émilia semblait se frayer un chemin jusqu'à Morrigan, comme si quelqu'un voulait qu'il garde assez de batterie pour la suite.

Tournant à droite après un arbre, puis à gauche après une ruine, la guide finit par stopper sa course qui avait été accompagnée de la même comptine que celle qui avait put être entendu dans la maison précédente. L'air était sifflé par l'enfant, elle sonnait comme celle d'une chanson ou d'une berceuse, mais en plus sombre et mélancolique à cause du timbre de la voix de l'autre. Maintenant à l'arrêt, la demoiselle regardait autour d'elle, hésitante.

~Je ne possède les clefs que de certains souvenirs... Les autres sont sans intérêt ou me sont bloqué pour l'instant. Elle est méfiante. Hmm... Commençons par celui là !

Reprenant subitement sa course, toujours main dans la main avec le télépathe qu'elle refusait de lâcher, ils finirent par poser le pied sur de l'herbe tiède au détour d'un énième arbre mort. Les rires et un brouhaha festif commençant lentement à remplir le silence tandis que le souvenir d'une chaude après-midi d'été, de son ciel bleu de son village en ébullition, remplaçait le paysage mort précédent.


...............



Le village était à l'image de la maisonnette : rustique, fait main, mais avec talent et passion. Des enfants sans visage passaient en riant joyeusement à côté et à travers le télépathe. Une grande statue de bois représentant une femme dryade, au vu de sa corne sur le front, trônant au centre du hameau qui semblait être le centre des réjouissances. De son côté, notre guide venait enfin de lâcher la main de Morrigan. Toujours présente, celle-ci s'était mise en retrait, à moitié translucide, même si son regard de feu restait visible et perceptible derrière le visiteur.

- Émilia ! Tu pourrais essayer d'être à l'heure au moins aujourd'hui, sérieux !
-Ça va... Je t'ai dit que je n'avais pas envie de participer à cette fête débile...


À quelques mètres devant Morrigan, la chevelure ivoire de notre protagoniste faisait tâche dans ce tableau idylique des autres villageois aux poiles sombres. Hommes animaux, Elfes, Orcs, un peu de tous semblait être présent ici, mais une chevelure aussi clair semblait être particulièrement atypique. Émilia avait des traits bien plus jeunes qu'aujourd'hui et la peau bronzé par le soleil, sa chevelure très joliment coiffée en un chignon bohème encadré un visage maquillé pour l'occasion, bien que le malaise se lisait sur son visage. L'accompagnant était un jeune garçon d'à peu près son âge et les cheveux aussi pâle que celle de notre amie, il semblait être très proche d'elle, amusé par sa réaction, il portait un sourire taquin sur le visage. Tous deux étaient richement habillé de tenue en soie, une robe longue et paré de couleurs pour madame et un costume chic et clair pour monsieur.

-On va briller aujourd'hui, nous allons être sous le regard des dieux et de tous !
-Merci du cadeau...
Soufflait la jeune femme en traînant des pieds.
-Aller, on fête ta majorité sœurette ! Tu vas pouvoir te marier ! Et je crois que ton "pote" Rémi est toujours bien intéressé par toiiiiiiiiii...

Son visage virant à l'écarlate, Émilia poussait son frère en gesticulant de gêne alors que celui-ci éclatait d'un rire sincère avant que tout deux empoignent leurs flûtes.

~Une scène joyeuse et niaise à souhait, n'est-ce pas...?

Débarquant de nulle part, passant le reste de la conversation sur "Mute", la fillette venait de réapparaître aux côtés du mage, regardant la scène qui passait maintenant au ralenti.

~Tu veux savoir ce qu'il sait passé ensuite ?!

Relevant ses yeux de feux vers Morrigan, le sourire de l'enfant avait laissé place à un visage étrange, difficile à décrypter, mêlant une certaine forme d'excitation et de colère.


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Le visage de la petite fille était monstrueux. Ses dents, taillées pour déchirer la chair, se dévoilaient parfois sous l’impulsion de sourires curieusement enfantins. Les flammes qui dansaient dans son regard témoignaient d’une violence incendiaire, comme tapie derrière les vitres fragiles de ses iris. Morrigan ne connaissait encore rien d’Emilia mais si c’est ainsi qu’elle se voyait elle-même, l’image était alarmiste, même sans passer par une analyse de psychologie de comptoir. Le mage regardait l’intruse avec un mélange de curiosité et de pitié, en se demandant comment cet esprit malade en était arrivé à un point de non retour. Il n’avait nulle appréhension, les images distordues de l’ego humain avaient cessé de l’inquiéter depuis longtemps. La seule chose qui l’ennuyait présentement, était de ne pas être maître de ses mouvements et de son implication. Le spectre de la fillette régnait en maître dans cet espace intangible et l’érudit n’avait d’autre choix que de se plier à ses exigences.

Morrigan se laissa ainsi entraîner sans résistance par l’entité. Même si le tissu de ses gants avait été absent, il était presque sûr de ne sentir aucune chaleur émaner de cette main étrangère. Si le double infantile d’Emilia lui avait témoigné son enthousiasme quant à sa présence ici, elle avait délibérément omis de répondre directement à sa question. Pourquoi souffrir d’une telle apparence à un âge aussi innocent ? Quelque chose de grave avait du arriver à la jeune femme, au point de faire naître une nouvelle version d’elle-même au sein de son propre palais mental. Est-ce qu’elle lui montrerait ce qui avait tué sa candeur d’antan ? Comme si la demoiselle avait entendu sa demande muette, elle l’invita à visualiser une première salve de souvenirs, pour l’aider à déterminer qui elle était.

« A croire que c’est vous qui lisez véritablement dans mes pensées. » dit-il avec un trait d’esprit en grimaçant un sourire torve.

Dire qu’il détestait ne pas avoir le contrôle sur une situation était encore bien en dessous de la réalité. Morrigan était un esprit organisé, méticuleux, qui ne laissait pas le chaos lui dicter sa ligne de conduite ou sa marge de manœuvre. Mais son interlocutrice était bien déterminée à mener la danse, en resserrant l’étreinte autour de sa main et en lui transférant un peu de son énergie pour le maintenir dans ce dédale mémoriel. La suite de ses aveux était plus encourageant pour la sanité d’Emilia. Si son double n’avait pas la main mise sur tous ses souvenirs, c’est que son ascendance n’était pas totale. Mais pourquoi se soucier d’une fille résolument perdue ? Morrigan n’était pas du genre à ramasser tous les chatons abandonnés sur le bord de la route, alors pourquoi le poussait-elle à ce degré de prévenance ? Emilia. Sans savoir qui ou ce qu’elle était dans son propre passé, il avait envie de la protéger. Il devait impérativement retrouver ce souvenir, pour ne pas qu’il se confonde, pour combler le vide, avec celui de l’inconnue aux cheveux blancs.

« Commencez dans l’ordre qui vous plaira. Je suis votre hôte après tout. » lâcha t-il avec une résolution polie mais bougonne.

Il parlait d’hôte quand il pensait à un prisonnier, mais ses projets l’invitaient à faire profil bas, sans dérégler la nature fragile de cet esprit maudit. Le paysage lugubre s’était effacé au profit d’une place de village festive et pittoresque. L’événement était probablement d’ordre mystique, à en croire la statue païenne et l’aspect rituel de la scène. Quand il était question de dogme ou de responsabilités divines, les choses tournaient bien souvent au vinaigre. Morrigan ne le savait que trop bien, la fatalité imposée par les divinités de son monde causait bien des tourments. Avec ses cheveux blancs et sa robe vaporeuse, la jeune fille au centre de l’attention ressemblait à un agneau sacrificiel. Les dialogues qui se jouaient entre la principale intéressée et, ce qu’il pouvait imaginer comme étant un membre de sa famille d’après leur ressemblance frappante, lui confirmait ses premières impressions.

Le tableau était trop propre, les couleurs trop chatoyantes pour laisser présager une fin heureuse. Le télépathe était familier de ce genre d’ambiance naïve et chamarrée, qui apparaissait ainsi par le prisme d’une subjectivité nostalgique. La plupart des scènes initiatiques ou d’une importance capitale avaient des allures de drame stéréotypés, voire de mélodrames. Parce que l’esprit humain n’aimait pas l’injustice. Afin d’expliquer les conclusions d’une réalité trop cruelle, les esprits avaient besoin de construire une tragédie fondatrice. Voilà pourquoi des souvenirs ordinaires et quotidiens se trouvaient traités de la sorte, en forçant le trait sur les contrastes de manière caricaturale.

« Ne soyez pas trop dure. Les souvenirs ont beau être réels, ils restent déformés par le miroir de la subjectivité. » dit-il d’un air entendu à l’entité qui était revenue imposer son rythme au visiteur.

Tous les souvenirs étaient niais par définition, à partir du moment où ils étaient chargés d’émotions. Ce qui intéressait véritablement le mage, ce n’était pas le calme avant la tempête mais l’œil du cyclone. Et quelque chose lui disait qu’il n’était pas loin de l’apercevoir, au creux des prunelles ardentes de son interlocutrice.

« Bien entendu. Que vaut un spectacle à suspense sans sa chute et son dénouement ? » lui répondit-il tout de go avec un sourire avide de curiosité.

Puisque cette réalité n’existait pas, Morrigan n’avait aucun faux semblant ou limite à respecter. Son envie faustienne de tout savoir et contrôler n’inquiéterait personne dans les tréfonds mémoriels d’une parfaite inconnue. L’érudit avait oublié, en l’espace de quelques mois, la sensation grisante de consulter une bibliothèque mentale dont lui seul avait l’accès. Ses mauvaises manies et sa curiosité téméraire ressurgissaient dès sa première tentative. C’était d’autant plus vrai dans un monde où tout restait à découvrir et dans lequel le commun des mortels ne craignait pas la télépathie.


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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

Intrigué, intéressé ou investie, le mage semblait être prêt à passer à la vitesse supérieure et ses paroles suffirent à faire sourire la petite demoiselle qui se targua même d'un petit ricanement sinistre après entendu ses paroles.

~Je t'aime bien Morrigan... Je t'aime bien.

Tapant deux fois dans ses mains, le temps jusque-là au ralenti accelerrait. Le chant de flûtes des deux adolescents emplissant la vallée d'une mélodie calme et apaisante avant de laisser place à de la musique plus rythmé et dansante, faisant naître des couples autour de la statue de bois.

Une petite scène idyllique qui prit fin à l'aube, le temps s'accélérant alors davantage afin de passer du jour à la nuit à deux reprises avant de reprendre un déroulé normal. À présent au crépuscule, le bruit sourd d'une pierre et un cri de douleur mêlé de sanglot venant de derrière notre duo attiré facilement l'attention.

Fièrement dressé, le torse bondé, un jeune homme d'une vingtaine d'année, le visage carré et les bras épais, tenait une Émilia couverte de bleus et de sang par les cheveux, la soulevant légèrement. Ses longs cheveux blancs étaient coupés de manière anormale, très certainement arrachés à la main ou taillés avec un couteau... Salie de terre et d'hémoglobine, la jeune femme en petite robe sale pleurait à chaudes larmes en se reprenant un coup de l'homme en plein dans les côtes, sa solide main de forgeron étant aussi solide que des rochers.

-Non mais tu t'es prise pour qui espèce de salope ? Avec tes cheveux blancs et ton air hautain, personne ne peut te voir, tu sais ? Et tu pensais vraiment que MOI je... ? Ahah nan, mais vraiment ! Je ne voulais qu'une chose et je l'ai eu. Maintenant, ta tronche de monstre va vite fait de disparaître, plus personne ne voudra de toi de toute façon, tu es fini !

Laissant Morrigan profiter du moment, la petite fille fantomatique commençait à décrire un cercle autour de nos deux protagonistes, soufflant des mots au souvenir lui-même apparemment alors que ses paroles résonnaient directement dans l'esprit du mage.

~Tu ne vas pas te laisser faire ? Défends toi...
-Pourquoi... ? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal Rémy ? Tu as toujours été gentil, toujours été là, toujours à vouloir plus... Je pensais que...

Sanglotait la pauvre femme alors que son bourreau la lâchait enfin en se retournant, faisant les cent pas devant son jouet en ricanant nerveusement, apparemment sous adrénaline.

~Défends toi... !
-Non mais tu t'écoutes?! Tu "pensais"?! Laisse-moi rire ! Tu es aussi conne qu'une table en plus de sentir comme un animal !

Prenant de l'élan, comme si il allait taper dans une balle, Rémy vint asséner un violent coup de pied dans la mâchoire de la demoiselle qui l'envoyait au tapis, sonné et tremblante comme si ils étaient en plein hiver sous le sourire hystérique de l'homme.

-Tu n'es personne ma pauvre fille !! Avec tes cheveux blancs de monstre là ! Tu pensais vraiment que j'allais quitter Catheline pour toi?! Sale MONSTRE !
~Tu es faible...
-Mais j'ai bien l'intention de profiter encore un petit coup avant de te faire "perdre la mémoire" tiens !
~Bas toi !

La voix de la fillette se faisait plus forte à chaque fois qu'elle parlait, là elle parvenait même à faire trembler l'espace du souvenir qui semblait s'effriter par endroit, comme si il n'était qu'un miroire de verre. Au même moment, le jeune homme s'approchait de la femme effondrée d'un pas décidé, son visage étant devenu que deux sphères blanches sur un sourire en dents de scie caricatural et alors qu'il allait prendre le bras d'Émilia pour la retourner, le temps sembla se stopper. La fillette s'était agenouillée près du souvenir de son hôte, lui chuchotant directement dans le creux de l'oreille des mots qui résonnèrent d'une voix sourde, comme si le souvenir entier les prononçait : "BAS TOI !!!"

Poussant un hurlement, son regard semblant animé d'une flamme rouge très certainement rajouté au montage, Émilia attrapait une pierre qui traînait près d'elle et l'éclatait sur le visage de l'homme. Mais son coup manquait de puissance et rapidement Rémy revint à la charge, rouge de rage et de sang, limite la bave aux lèvres... Cependant, l'intervention d'une silhouette masculine à la chevelure blanche vint enfin retourner la situation. Le reste du souvenir était flou, confus... Seule Émilia restait nette, une blessure assez sévère sur le crâne, puis la silhouette vint la serrer dans ses bras. Une douce chaleur emplie le souvenir, comme de tièdes rayons du soleil.

-Je suis là sœurette... Je suis là.

Toujours derrière son hôte, l'autre hésitait à poser une main étrangement amicale sur l'épaule d'Émilia, mais son geste fut retenu à quelques centimètres. Disparaissant, elle refit surface juste à côté du mage, jetant un œil mélancolique à la scène qui se poursuivait derrière elle.

~Je n'existais pas à l'époque. J'étais... "Incomplète". Elle est toujours cette gamine faible, elle refuse de... Elle... Marquant un pause dans ses paroles à la limite de trémolo, elle finit par reprendre de son ton neutre habituel, malgré son poing serré. Ce fut la première fois qu'elle entendit ma voix. Ce fut la première pierre de mon être dans son esprit. Avançons.

Reprenant la main de Morrigan, la petite demoiselle lui insufflé une petite dose d'essence alors que le souvenir s'effondrait comme un chateau de cartes, replongeant notre duo dans le morne espace bicoleur qu'ils avaient quittés précédemment.


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En dépit du compliment affectif, la déclaration du spectre de mauvaise augure était dénuée de toute chaleur ou admiration. Évidemment qu’elle l’appréciait. Morrigan n’avait d’autre choix que de suivre le mouvement pour ne pas braquer l’allégorie sinistre qui jouait avec lui et sa perception. S’il s’agissait d’une vraie personne, le mage n’aurait pas pris le temps de la courtoisie. Les télépathes n’étaient pas du genre grégaires, et encore moins prompts à copiner avec ceux qui entravaient leurs visites mentales. Mais voilà, Emilia souffrait d’un mal suffisamment ardent pour que sa source ne tarisse pas, au point d’en trouver les braises dans le double qu’elle avait elle-même créé. Morrigan n’était pas un justicier, contrairement à l’homme qui partageait sa vie. Mais il savait reconnaître les étincelles de la rébellion, celles-là mêmes qui avaient eu raison de son destin en le poussant à devenir mercenaire plutôt que dévot. Comment ne pas considérer ceux qui s’obstinaient contre vents et marées ? Si son peuple était capable de résilience en faisant preuve d’un tant soit peu de jugeote, ils pourraient se libérer du joug des prophéties. C’est pourquoi l’érudit estimait toujours l’indépendance, sous toutes ses formes. L’esprit dans lequel il se trouvait était peut-être malade mais pas exempt de liberté.

L’entité s’était enfin décidée à passer à l’acte suivant, sur un arrière-fond de musique discordante, accélérée pour des contraintes temporelles. Quelques jours, deux tout au plus, passèrent à la vitesse d’un battement de cil dans ce lieu où le temps n’avait pas de prise. Le décor avait fait place à une scène plus intimiste où l’ambiance n’était plus calfeutrée mais chargée d’une animosité profanatrice. L’intrigue qui s’y jouait était détestable et Morrigan se désolait d’apprendre qu’aucun monde, ni aucune caste, n’échappait à l’ignominie des hommes. Ceci expliquait sans doute la sauvagerie de son hôte, et la méprise sordide qu’il y avait eu à propos d’une récompense non pécuniaire. Alors que celui qui se faisait appeler Rémy régurgitait sa haine sur sa pâle compagne, la fillette spectrale tournait autour des acteurs comme un charognard pour croasser quelques paroles dans l’oreille de la protagoniste. L’érudit était captivé par la fauteuse de troubles, en essayant de déterminer son implication dans la réalité. Etait-elle en train de corrompre le souvenir comme il en avait parfois remodelé dans sa carrière de télépathe ? A moins qu’elle n’existait déjà dans cette réalité ? Cette dernière théorie contredisaient bien d’autres possibilités qui s’étaient formées jusqu’ici. Si son double avait toujours été là, la source n’était pas traumatique ni le simple produit de la folie. A quelle point était-elle donc réelle ? Dans ce tourbillon d’interrogations, le mage parvint à en isoler la plus importante, celle qui l’avait motivé à devenir complice de ce passé : qui es-tu Emilia ?

Sans quitter des yeux l’étrange parasite qui s’improvisait metteuse en scène, Morrigan écoutait les hurlements sanguinaires des deux amants qui luttaient en représailles. Seule l’intervention du jeune homme aux cheveux blancs mit un terme au supplice de la demoiselle. Enfin une perspective de répit pour la petite blonde brutalisée. Ce genre d’acte méprisable était malheureusement courant dans les hautes sphères de la société qui avaient tendance à traiter les leurs comme du bétail. Et Morrigan s’était déjà senti bien impuissant face à l’horreur qu’il découvrait dans les souvenirs des être les plus abjects. Le discours de la fillette lui donna néanmoins quelques pistes supplémentaires. Puisqu’on ne changeait pas aussi facilement le passé, autant se concentrer sur le présent qui comportait encore plusieurs nœuds à démêler.

« La faiblesse ne se résume pas à un manque de répondant physique. Contrôler ses émotions, se relever après une expérience traumatisante, être capable d’empathie voire aimer malgré tout… Il y a beaucoup d’exemples qui définissent la force. Et votre petite protégée n’en manque pas. » conclut-il de façon clémente.

Emilia n’avait peut-être pas exprimé autant de violence que son bourreau, mais elle avait fait preuve de résistance. Un être plus fragile se serait laissé mourir et n’aurait jamais eu l’audace de refuser quoi que ce soit à son double maléfique. Voilà pourquoi certaines espèces trouvaient les humains fascinants, avec leur seule volonté comme moyen de survie. Bien sûr, Morrigan ne pouvait pas se ranger trop explicitement du côté de l’humaine, sans quoi il fâcherait son hôte du jour. Inutile de lui dire que sa petite protégée n’avait probablement pas besoin d’elle. D’autant plus que le mage n’arrivait toujours pas à déterminer la nature de ce mal qui avait pris forme. S’il s’agissait d’une volonté indépendante, il fallait rester prudent pour ne pas créer un climat d’hostilité entre les différents partis.

« Qu’est-ce qui vous a permis d’apparaître à ce moment-là ? Sa haine ? Sa rancœur ? A moins qu’il ne s’agisse d’un événement particulier ? » demanda t-il avec la même curiosité qu’à son arrivée.

La demoiselle ne lui avait montré qu’une bribe de réponse et l’érudit n’était pas enclin à se satisfaire d’un exposé empirique. Il voulait tout savoir. Connaître l’origine de chaque élément et décortiquer un engrenage de causes à effets. Est-ce que l’entité l’entendrait de cette oreille ? Peu probable. Elle était trop occupée à jouer avec lui et tester les limites de sa propre sanité. Le télépathe se laissa à nouveau tirer par la main vers une autre destination jusqu’à regagner les limbes mornes de son esprit. Enfin, puisqu’il était destiné à errer ici encore quelques temps d’après l’essence dont on continuait de l’approvisionner, le mage posa une autre question d’importance capitale.

« Qu’est-ce qui vous a fait perdre votre humanité ? » la questionna t-il sans détour en incluant les deux Emilia dans son pronom.

Morrigan était presque certain de sa théorie. La demoiselle était plus proche d’une bête sanguinaire que d’une jeune femme, compte tenu de ses réflexes, de la soif de sang qui polluait son esprit et de ses canines qui apparaissaient sous ses lèvres retroussées. Non pas qu’il s’en inquiétait outre mesure, en fréquentant davantage d’êtres merveilleux que d’humains à Portalia. Elle lui semblait aussi dangereuse qu’un hybride de prédateur et l’érudit était familier de leur présence. Entre les loups, les dragons, les lapins et les spectres, Morrigan n’était plus à une entrée près dans le bestiaire de son entourage...



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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

Poursuivant leurs périples dans ce dédale qui semblait sans fin, Morrigan entrepris de creuser davantage, cherchant des réponses en posant plusieurs interrogations à sa petite guide qui le laissait parler sans l'interrompre de nouveau.

Ses premières remarques portaient donc sur la scène qu'ils venaient de vivre et sur la force de volonté qu'Émilia. En entendant ses mots se voulant emplis de sagesse, la petite demoiselle ne put retenir un ricanement moqueur.

~Elle as toujours était faible. Elle se cache derrière de belles paroles et un sourire de façade, mais elle cette laisse rouler dessus à la moindre difficulté. Ce soir-là, c'est uniquement sous MON impulsion qu'elle a évitée une énième ignominie. C'est mon rôle. J'ai fait ce que j'avais à faire. Mais aujourd'hui, avec la "conscience" que j'ai acquise, je ne peux que m'agacer de son manque de répondant.

Sans même se retourner, l'autre avait prononcé ses mots d'un ton monocorde, comme si elle énonçait une évidence, un fait. Tournant après ce qui semblait être une église réduite en un tas de décombre monocrome, la suite du discours du mage en vint à chercher l'origine même de la créature inconsciente, la questionnant sur sa naissance dans la haine ou la colère et ses alégories sembla avoir un effet plus impactant sur sa petite compagne à en jugé par le ralentissement et l'arrêt qu'elle finit par effectuer. Tournant son regard ardent vers le visiteur, son visage enfantin toujours neutre, elle se contenta de le fixer en silence pendant de longues secondes avant d'enfin ouvrir sa bouche monstrueuse.

~L'instinct. À l'origine, je n'étais qu'un murmure. Une voix presque inaudible que vous ignorez généralement la majeure partie du temps.

"Ne la suis pas ! - Ca peut être dangereux. - Cette fille ne m'inspire pas. - Ne reste pas là !"

Ses mots résonnèrent dans l'esprit du mage comme des échos, des conseils plus ou moins avisés tandis que la fillette encrée toujours davantage son regard dans celui de son interlocuteur.

~L'instinct primaire, celui qui vous pousse à survivre, à ne pas vous laisser enterrer par le Monde sans vous battre. Mais c'est tellement mal vu de nos jours. Ce n'est pas "socialement acceptable", alors vous rejetez cette partie de votre âme, vous l'enfermez en jouant les faux-semblants afin de vous fondre dans la masse... Et c'est ainsi qu'une âme finie par se déchirer. Mais tu sais...

Le sourire de la fillette réapparu subitement tandis que ses flammes iris redoublaient d'intensités et qu'elle sautait au cou de Morrigan, s'aggripant à son colle, ses pieds nus plaqués contre son torse. Nos deux protagonistes étaient si proches que les flammes rougeoyantes de la fillette se reflétaient dans les yeux bleus du visiteur.

~Je me vois en toi... Cette sensation que tu ressens... Celle qui te dit que tu dois me repousser et te méfier de moi. C'est le "moi" qui dort en toi. Un bûcher de bois séchés qui n'attend qu'une étincelle pour...

La fillette avait triplé de volume, devenu une espèce d'entité noire monstrueuse en train de couler, de dévorer le pauvre inconnu paralysé, comme si il portait le poids d'un monde sur le torse. Sa longue chevelure rouge enlaçant doucement le petit homme comme des milliers de bras, la luminosité déclinant progressivement alors qu'une voix sombre et caverneuse concluait la phrase précédemment commencé :

"S'ENFLAMMER !!"

Une gueule monstrueuse s'ouvrait sur des ténèbres insondables et alors que Morrigan se sentait sombrer dans les ténèbres, un simple clignement de paupière le renvoyait dans le paysage en ruine, la petite Émilia au bout de sa main qui lui souriait innocemment, continuant de lui insuffler de l'essence pour le maintenir avec elle.

Mais tout ceci... Était-ce un rêve ? Une projection ? Un délire ? Tout ce qui venait de se passer semblait pourtant n'avoir jamais eu lieu...

~Notre humanité... ? Hihi... Ça, c'est LA bonne question.

Conluait-elle simplement joyeusement avant de reprendre sa route, sa main se serrant un peu plus autour de celle de Morrigan.


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Morrigan
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"Une tire-laine parmi les étoffes"






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Évidemment, son double maléfique se montrait bien plus critique que lui. La petite blonde devait souffrir d’un manque d’estime personnel conséquent, pour en arriver à ce degré de haine à l’intérieur de son subconscient. Le répondant de l’entité lui signalait qu’il avait touché une corde sensible en parlant de la force, et de la potentielle indépendance que pourrait acquérir la demoiselle. Mais Morrigan n’était pas du genre à laisser le dernier mot à qui que ce soit, même quand son interlocutrice représentait une menace certaine. Il n’était pas d’accord pas avec elle et ne souhaitait pas se laisser aspirer par sa subjectivité au sein de son domaine. Quoi de plus humain, finalement ?

« Peut-être qu’elle manquait effectivement de liberté dans ses choix d’action, à l’image de ce que vous appelez sa faiblesse d’esprit. Mais en la gouvernant de la sorte, elle ne fait que quitter une prison pour une autre. » ponctua t-il d’un sourire cynique.

En s’imposant ainsi dans ses pensées et en influant ses décisions, Emilia ne gagnait pas plus de libre arbitre. Elle changeait simplement de cellule, et de bourreau. Ses mots n’avaient eu guère d’effet sur l’étrange créature enfantine qui continuait de déambuler conformément à ses plans. Peut-être que la jeune femme arrivait à se satisfaire du confort d’être guidée, mais ce n’était pas le cas du télépathe qui continuait à grimacer de dépit. Il détestait le fait de ne pas être libre de ses mouvements, même dans cet espace irréel. Ils traversèrent en silence un monticule de ruines qui ressemblait au squelette d’une église abandonnée. Contrairement à la confiance humaine qu’il attribuait à la petite blonde, les questions intrusives du mage avaient fait mouche auprès de son hôte indésirable. L’érudit écoutait patiemment son début d’explication, en espérant y trouver les réponses attendues.

Une petite voix importune lui dictait de ne pas suivre la monstrueuse fillette. Mais c’était là où se marquait de façon claire sa différence avec Emilia : Morrigan ne se laisser influencer par rien d’autre que son instinct. Les ordres, les injonctions et la bien-pensance lui passaient tous au dessus de la tête. Personne ne lui intimait d’agir différemment, parce qu’il avait confiance en sa méfiance, parce que son esprit ne jouissait d’aucune limite, pas même celle de la peur depuis l’accident. Alors cette voix n’avait aucun impact sur lui et sa manière d’appréhender les événements, pas plus qu’il ne croyait en la théorie de la sombre demoiselle. Parce qu’il n’y avait que lui aux commandes, et que lui seul connaissait le chemin des ruines enfouies de sa conscience.

« C’est absurde. Il n’y a pas plus tamisé que l’esprit d’un télépathe. » rétorqua t-il de manière dédaigneuse. « Il n’y à rien ni personne qui obscurcit mon jugement. Vous pouvez bien essayer de vous trouver une légitimité, de vous inscrire dans une norme, votre présence n’est qu’une perturbation marginale de l’esprit. » conclut-il en croisant les bras.

Remettre un peu de pragmatisme et de données scientifiques dans ce marasme de croyances était son devoir. C’était peut-être ainsi que cette sorte de parasite gangrenait leurs hôtes, en leur faisant imaginer qu’ils avaient toujours été là, avant de coloniser leur mémoire pour la tourner à leur avantage. Morrigan n’était pas de cet avis, car la plupart des bibliothèques mentales qu’il avait consulté étaient vides de toute présence consciente. Seules les personnes qui avaient cédé à la folie lui montraient des données additionnelles et insolites. Le double d’Emilia était l’une de ces manifestations à ses yeux d’érudit.

Elle lui avait sauté à la gorge et le mage la regardait avec de grands yeux ronds, en cherchant du sens derrière ses actions bestiales. Pourquoi s’en prendre à lui ? Il n’était qu’une simple projection dans le palais mental d’Emilia, rien de ce qu’elle ne faisait ne pouvait l’atteindre physiquement. C’était donc après sa sanité, sa résistance mentale qu’elle en avait.

« Vous ne trouverez rien de tel... » pesta t-il avant d’interrompre sa phrase face au spectacle hallucinant qui s’offrait à lui.

La créature avait muté, gonflé du poids de son existence infectieuse, en une sorte de masse parasitique qui le toisait de ses yeux embrasés. Ses cheveux étaient semblables à la danse des flammes, ou des serpents, qui lui rappelaient les créatures mythologiques rencontrés dans des ouvrages d’un autre temps. Morrigan y voyait plutôt des sangsues, un autre moyen de le consumer et d’annihiler les traces de sa conscience. Il y avait certainement du sens derrière tout ça, une autre explication rationnelle à dérouler. Mais son corps, comme son esprit, étaient alourdis par le point d’une altérité étrangère, d’un monstre encombrant et possessif. Quand l’entité se dégagea enfin de son poitrail, il eut l’impression de respirer à nouveau. Ce qui n’avait pas de sens dans cette dimension où ses poumons ne pouvaient pas être entravés. La chose qui se faisait passer pour une fillette écrasait maintenant cette réalité entre ses mâchoires sélachimorphes.

Ce cauchemar n’est pas le tiens, tu n’as rien à faire ici. lui disait maintenant la petite voix.

En clignant des yeux médusés, le mage retrouva finalement un paysage vide et familier. L’innocente écornifleuse était toujours à ses côtés et interagissait de manière joyeuse avec lui. Il la darda d’un regard sévère et polaire, bien décidé à lui livrer le fond de sa pensée.

« Ne recommencez plus jamais ça. Je suis peut-être un simple visiteur, pour l’heure, mais vous ne voulez pas faire d’un télépathe votre ennemi. Je vous interdis de toucher à mon esprit à l’avenir. » dit-il sans équivoque d’un ton sec et calme à la fillette au bout de sa main.

Il n’y aurait pas d’autre avertissement, une simple mise en garde s’imposait. Si l’entité ne respectait pas cet état de fait, il y aurait des conséquences. Parce qu’il ne supportait pas les chaînes qui n’étaient pas les siennes. Tous les êtres qui viendraient profaner sa mémoire seraient relégués au même rang que le traître. Elle pouvait bien lui montrer les pires images, lui étaler ses pires théories, il les encaisserait avec sa propre résilience en choisissant la manière dont ces données allaient être traitées. Mais elle n’avait pas le droit d’altérer sa conscience, de chercher à s’y immiscer en y imprimant les hallucinations de son choix.

« N’oubliez pas ce pourquoi je suis venu et reprenons la visite au sujet d’Emilia. » conclut-il afin de recentrer les intentions chaotiques de la petite demoiselle.

La créature semblait ravie de voir ses secrets percés par le télépathe, qui devinait au fur et à mesure la nature de l’entité. Morrigan grimaça un sourire peu complaisant.

« Vous n’êtes pas humaine, ni un simple mirage, de toute évidence. Alors répondriez-vous à ma question en vous gardant, cette fois-ci, de passer par des méthodes détestables ?  »



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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

D'un ton sec et se voulant autoritaire, Morrigan se hâtait de balancer le fond de sa pensée en mettant en garde la petite créature qui le tenait en laisse depuis un petit moment maintenant. Apparemment surprise par sa réaction, la fillette stoppait de nouveau sa course, scrutant le visiteur alors que son petit sourire innocent reprenait lentement une forme bien plus familière pour notre héroine : un large et carnassier sourire allant d'une oreille à l'autre, la vision accompagnée d'un rire satisfait.

~"Il n’y a rien ni personne qui obscurcit mon jugement." Répétait la fillette avec la voix de Morrigan entre deux rires. Je l'ai déjà trouvé, Morrigan !

L'espace trembla après ses paroles, comme un tremblement de terre inconscient qui laissait ressentir, très faiblement, la présence de la jeune femme aux cheveux blanc tandis qu'une poignée de flocons de neige tombaient sur la scène. Après avoir regardé le ciel d'un air dépité, la fillette reprenait finalement sa voix caverneuse, son large sourire s'effaçant, lui rendant son visage enfantin.

~Cependant, sache que je ne pas ton ennemi. Ici, je ne peux rien contre toi, inutile d'en venir aux menaces, surtout que notre amie me garde, de toute évidence, à l'oeil. Mais ta colère, à mon égard, est en train de fermer ton esprit, de me faire passer pour un traitre et cela fragilise le "lien", Monsieur le télépathe tamisé.

Conclus la demoiselle en lâchant la main de son ami et prenant de la distance avec lui, comme si elle abandonnait un chiot sur le bord d'une route inconnue, même si elle finit par ce retourner, son regard posé sur sa main devenu légèrement transparente, comme le reste du paysage.

~Alors : Non. Je ne répondrais plus à tes questions et je ne te montrerais plus rien. J'y suis peut-être allé un peu fort, mais la perche était trop belle pour que je la laisse passer et je te pensais assez fort pour ne pas flancher... Pathétique. Sache, cependant, que sans moi l'esprit d'Émilia te sera complètement fermé. Non pas à cause de ton incompétence, mais sa peur viscérale de perdre le contrôle l'enferme naturellement dans une bulle empêchant les intrus de l'approcher de trop près. Si tu souhaites te promener dans ce labyrinthe, libre à toi. Mais moi seule en connaît les chemins et les issus... Ainsi que les brèches menant jusqu'à "elle".

Le regard ardent de la demoiselle ne lâchait pas le visiteur une seule seconde, le transfert d'essence c'était interrompu en même temps que la main de la demoiselle l'avait quitté. Loin de son petit guide, une forme de résistance commençait à se faire sentir pour le télépathe, comme si l'intégralité de la plaine en ruine essayait de le ramener vers la porte close qu'il avait vu en tout premier lieu. Comme si un sentiment de crainte et de méfiance venait de remarquer sa présence et venait le chercher.

~Mais je t'aime bien, Morrigan le télépathe tamisé. Je suis prête à faire un pacte avec toi, un contrat. Si tu acceptes de jouer avec moi, je renouvelle ma promesse de te conduire à tes souvenirs. Un sourire en coin se dessinait lentement sur le visage de la petite fille. Comme tu l'as compris, je suis plus qu'un simple instinct naturellement présent chez l'humain. Un élément extérieur m'a offert la force nécessaire à ma naissance. Une chose ancienne que les dieux de ce monde ont finis de souder dans mon être. Il n'aura suffi qu'un déclic pour que mon tas de bois sec ne prenne feu en ce lieu. Mais cette force effraye notre Émilia, elle l'a rejète, elle s'en cache... Mais pas moi, elle fait partie de moi. Alors, si tu acceptes de totalement t'ouvrir à moi, je suis prête à user de ma force pour scruter, avec toi, la brume de tes souvenirs perdus.

Étrangement, durant son monologue, la créature qu'avait aperçu de trop prêt Morrigan avait remplacé l'ombre de la demoiselle. Monstrueuse forme semblable à une silhouette de plusieurs mètres de haut constituait d'une sorte de mucus noir, les yeux flamboyants d'une flamme arc-en-ciel. La silhouette devenue l'ombre de l'enfant suivait les mouvements de celle-ci dans le monde immatériel, tendant ainsi leurs mains vers le mage en concert.

~Un pacte est un pacte... Un contrat, est un contrat. Je ne te ferais rien de plus, pas d'entourloupe ou de coup fourré. Je n'irais pas noircir ton essence si appréciée par ton petit Derek. Je ne souhaite qu'un peu de compagnie et en échange, nous essaierons de découvrir d'où te viens cette étrange sensation... Réfléchis, mais réfléchis vite, Mage, ton temps est limité...


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"Une tire-laine parmi les étoffes"






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Inconsciemment, sa prise sur la main fantomatique se resserra face à ces nouvelles fanfaronnades. Les sens de Morrigan étaient en alerte face à la menace que l’entité représentait désormais à ses yeux. Comme son système cognitif laissait à désirer depuis l’accident, le sentiment naturel de peur, absent dans son répertoire actuel, s’était mu en colère froide. A partir du moment où la malheureuse avait eu le malheur d’effleurer ses propres souvenirs, le mécanisme d’auto-défense de l’érudit le poussa à la haïr. C’était la manière la plus simple de la rejeter avant qu’elle ne cause des dégâts à l’intérieur de son esprit déjà endolori. Blesse-les avant qu’ils ne te blessent. Voilà la logique cruelle et animale qui le poursuivait dans ses relations. C’était cette même philosophie qui le faisait vociférer des choses horribles, des mots qui dépassaient sa pensée, des paroles guidées par une impulsivité corrosive, même auprès de ceux qu’il aimait. La haine des autres était plus facile à admettre que la haine de soi, qui succédait souvent à ces égarements détestables dans un éclair de lucidité.

Elle se vantait d’avoir trouvé un chemin dans sa conscience, un moyen de lui arracher ce qu’il avait péniblement récolté pour gangrener sa mémoire comme elle l’avait fait avec la pauvre Emilia. Le télépathe était prêt, il ne la laisserait pas inoculer son poison. Il avait survécu à Sybille une première fois, à l’effacement de son maître, puis une deuxième fois face au spectre d’Ys. Il pouvait donc bien faire face à une nouvelle attaque de la part du double maléfique d’une fillette anthropophage. Il n’était plus à un squelette près dans le placard, maintenant que les fantômes s’accumulaient dans son passé et son quotidien. Le sol s’était mis à trembler mais ses appuis étaient solides. Pourtant, son adversaire avait retrouvé des traits plus doux, reprenant l’apparence d’une innocente créature. Pourquoi n’était-elle pas venue achever ce qu’elle avait commencé ?

« Et je devrais te croire sur parole ? » dit-il en ricanant d’un air mesquin et mauvais. « Le simple fait que tu utilises ce mot, traître, signifie que tu as transgressé une limite que tu ne devais pas franchir : sonder ma mémoire. »

Il n’y avait plus de politesse de circonstance, juste l’érudit et son irritabilité naturelle et spontanée. Pourquoi consulter ses souvenirs si ce n’était pour lui nuire d’une façon ou d’une autre ? L’entité se disait impuissante mais les récents événements ne jouaient pas en sa faveur. Le mage la considéra d’un air méfiant lorsqu’elle lui lâcha la main en boudant. Dans ses explications, elle s’auto-proclamait essentielle au voyage. Morrigan arqua un sourcil peu convaincu. Ignorait-elle qu’il était habitué à sonder ces espaces seul ? Mais voilà, son hôte était frileuse et peu encline à laisser un inconnu arpenter tranquillement sa mémoire. Là encore il n’avait que sa parole pour l’affirmer. L’espace autour de lui était devenu plus dense et plus lourd, comme si une force invisible le poussait vers l’extérieur. Était-ce du fait d’Emilia ou de l’entité qui voulait donner du poids à ses affirmations ? Impossible de le savoir.

La créature avait changé son fusil d’épaule en louvoyant vers lui qui luttait toujours contre un vent puissant qui ne soufflait pas. Le surnom qu’elle lui donnait lui arracha un rictus amusé. Le télépathe tamisé. Ça ne voulait rien dire mais elle n’avait pas tellement tort non plus, dans sa logique absurde. A l’image d’une substance tamisée, le télépathe était incomplet avec sa mémoire parcellaire. Les choix qu’il avait fait l’avaient diminué dans l’exercice de ses fonctions, et même son pouvoir était tamisé par la force des choses.

Il n’était pas étonné de son ascendance divine, dès que quelque chose déraillait dans l’univers, les dieux étaient bien souvent responsables. La seule chose qui différait grandement avec son monde d’origine, c’est que les déités de Portalia semblaient l’apprécier. Suffisamment en tout cas pour l’invoquer présentement dans la cité et s’attirer les faveurs de cette petite entité carnassière. Le mage considérait sérieusement sa proposition en la fixant elle, et non pas le lugubre reflet qui se projetait de manière vaporeuse et exponentielle dans son ombre. S’associer avec ce genre d’engeance maléfique ne lui disait rien de bon mais leurs intérêts coïncidaient. Plus que la restitution d’un simple souvenir, la créature lui proposait une alliance fructueuse. Tout ce qu’il devait faire en échange de son aide, c’était accepter sa folie, sa compagnie chaotique et surtout, le plus difficile, accepter de partager sa singularité avec elle. La plupart des gens auraient été plus peiné de remplir les deux premières conditions. Mais pas Morrigan et sa pudeur qui s’était mêlée à une méfiance tenace à cause de son expérience de vie.

Sa requête était familière. Un prêté pour un rendu, ça avait toujours été ainsi. Depuis la nuit des temps, Morrigan avait du mettre en gage ses propres émotions et souvenirs, afin de les échanger. Contre des informations primordiales, parfois. Afin de se jeter dans le grand bain des relations, d’autres fois. Quand il pensait qu’il s’était lié à un traître… la projection démoniaque en face de lui était-elle un plus mauvais choix ? Non, car dans ce cas-là, il savait à quoi s’attendre. Pas de mauvaise surprise ou d’attentes franchement positives. Elle lui proposait un libre échange et une totale transparence, à l’image des marchés que le télépathe imposait lui-même à ses cibles, quelle ironie du sort… Sauf que sa détractrice le mettait cette fois-ci en position de faiblesse, dans le rôle du simplet qui était face à une offre qu’il ne pouvait refuser. Il avait instinctivement serré le poing, avant de relâcher la pression autour de ses phalanges qu’il détendit de manière arachnéenne. Alors que le mage s’apprêtait à accepter malgré l’amertume que celui lui inspirait, un prénom trop familier dans son discours le fit tressaillir.

« Derek ? Qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans ? » vociféra t-il entre ses dents serrées.

Ce n’était pas la première fois que ce genre de scène surréaliste advenait. Derek était connu comme le loup blanc, probablement à cause du rebus ectoplasmique qui le suivait comme son ombre et de son caractère épineux. Cet état de fait ne le surprenait pas. En revanche, la nature de leur relation semblait s’être répandue comme une traînée de poudre, de façon inexplicable. Comment ces gobes-mouches de première faisaient-ils diable, pour savoir ce qui se tramait entre deux individus qui s’étaient rapprochés à des heures de marche des remparts de la cité ? L’érudit était frustré et décontenancé, de voir les intrigues de sa vie lui échapper et s’ébruiter de la sorte, sans aucun contrôle de sa part. Il n’avait donc plus le choix, maintenant que son destin était étroitement lié à celui du mercenaire, ses décisions devaient être prises en conséquence.

« C’est accepté. Inutile de se donner tout ce mal à essayer de me persuader de faire un choix qui n’en est pas un. » dit-il d’un air encore pincé pour lui montrer qu’il n’était pas dupe.

Elle n’avait pas tout à fait réussi à le faire sortir de ses gonds cette fois-ci, pas depuis qu’il était question de choses aussi intimes et sérieuses. Le mage lui jetait un regard ferme mais scrutateur, comme s’il observait une bête tapie dans l’ombre que l’on voudrait identifier pour mieux la dompter. Ce n’était pas un simple trouble de l’esprit, si la providence s’était mêlée au destin tragique de la petite demoiselle aux cheveux d’argent, il devait suivre le courant, au lien d’y résister vainement. Il osait espérer qu’un pacte l’engagerait comme n’importe quelle créature de sa nature qui se devait de respecter ses contrats. Le télépathe finit par lui tendre à nouveau la main, de façon à serrer la sienne pour sceller cet accord. Il n’arrivait pas à se défaire de la sensation poisseuse qu’il ressentait au contact de son essence. Se livrer totalement à ses congénères relevait déjà de la prouesse, alors faire preuve d’ouverture totale avec une engeance surnaturelle ne lui inspirait qu’une pudeur dégoûtée.

« Très bien. J’accepte ces modalités même si je reste dubitatif quant à ton intérêt dans cette histoire... Si c’est une totale transparence que tu désires, soit. Mais mes remarques ne cesseront pas en contrepartie, loin de là. N’attend de moi aucune flagornerie, je méprise tous ceux qui essayent de me contrôler et ta nature divine n’y change rien, alors ne compte certainement pas sur moi pour te lécher soudainement les bottes après cette révélation. » dit-il d’un ton neutre et légèrement las, d’humeur égale qui pouvait sembler morose quand on ne le connaissait pas.

Pas sûre que l’usurpatrice l’apprécie encore, comme elle l’avait souligné, en expérimentant le personnage sans ses filtres de convenance habituels. Mais il n’en avait cure, si c’est ce qu’elle souhaitait, elle en aurait pour son argent, ou du moins, son essence...



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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

Comme depuis le début de cette aventure intérieur, la petite créature aux cheveux de sang écouta la réponse de son interlocuteur en silence, un rictus sur les lèvres tandis que la pression d'Émilia se faisait de plus en plus forte, effrayée par cette double présence au fond de son esprit et de ce qu'elles pourraient faire comme dégâts, visible ou non.

Morrigan se débattait, comme un chiot acculé ne sachant plus que montrer les dents pour se protéger de la créature inconnue qui lui faisait face. L'Autre était amusée de voir sa victime du jour dans cet état, mais le mage avait sus marquer un point non-négligeable : il pourrait se révéler particulièrement retord à l'avenir, la créature en avait conscience.

Faisant tout de même un petit monologue sur le fait qu'il n'aimait pas être manipulé, sondé et tout ce qui s'en suis, il finit néanmoins par accepter l'offre de la fillette, rajoutant une petite remarque qui surpris la demoiselle, surprise qui s'afficha clairement sur son étrange visage avant qu'un rire roque et sincère n'éclate entre ses lèvres.

~Ma nature divine ?! Ahahahah ! Tu es amusant, mage tamisé ! Si nature divine il y a eu, ce n'était qu'un écho lointain déjà dans mon monde. Ici, il n'est qu'un souvenir fugace. Même moi, je n'ai pas la prétention de me donner une origine aussi... Hautaine ? Je ne suis pas Hypanatoi ! Mais tu ne veux plus être guidé par une autre volonté que la tienne... ? Soite, j'accepte.

Essuyant les larmes qui coulaient sur ses joues rougies, reprenant son souffle, elle se hâtait d'aller attraper cette main que Morrigan venait de lui tendre, l'essence de la belle à la chevelure ivoire se déversant par ce lien renoué comme si un barrage venait de céder. L'Autre offrit son plus beau sourire carnassier à son nouvel ami alors qu'une énergie plus sombre se mêlait lentement à l'essence verte de la jeune femme, remplaçant le poids qui c'était installé dans cette plaine pour une sensation plus intimiste : celle d'un parasite se frayant un chemin.

~Marché conclut, Télépathe tamisé ! Loin de moins l'idée de te museler, ça gâcherait tout ! Comme je te l'ai déjà dit, je t'accompagne car je m'ennuie. Ni plus, ni moins. Pour l'instant, mon emprise est trop faible pour que je puisse profiter du souffle de la nature à ma convenance... Alors je dois profiter de ce genre de moment. Hihi.

Les dernières paroles de la petite fille semblèrent résonner longtemps alors que le paysage s'effaçait derrière elle, Morrigan plongeant lentement dans les ténèbres, accompagnées du rire aigue de l'enfant.

L'afflux d'essence finit par se calmer une fois les batteries de Morrigan remisent à flot. Le lien le liant à son sujet d'étude était beaucoup plus fort, maintenu fermement par une emprise extérieure. Le fond de la scène était également de retour, mais avec quelques mises à jour.

Le sol liquide rouge sang avait conservé sa couleur, mais il était devenu doux comme un épais tapis. Les bâtiments en ruines étaient remplacés par du mobilier en bois raffinés. Le mage était à présent dans une grande pièce circulaire à l'atmosphère à la fois étrangère et familière. Plusieurs portes épaisses étaient dissimulées contre les murs, à moitié dissimulés par de grands rideaux de couleur. Devant Morrigan, assise les jambes croisées sur un grand fauteuil, l'observait une femme d'une trentaine d'année aux formes voluptueuse. Sa longue robe noire en dentelles chic épousant parfaitement ses formes, laissant juste entrevoir ses jambes croisées, habillées de talons haut rouge pétant.

La femme souriait, ses lèvres maquillées partiellement dissimulés derrière sa main manucurée qui jouait avec sa longue chevelure vermeille, les yeux noirs comme la nuit toujours habités de petites flammes révélant l'identité de la maîtresse des lieux qui venait de perdre tous ses traits enfantins et caricaturaux.

~Bienvenu dans notre Velvet Room, chers ami.

L'Autre laissa le silence reprendre ses droits, dévorant de ses yeux le petit homme en lui laissant le temps de ce familiarisé avec son nouvel environnement, une musique légère se jouant en fond sonore alors que l'air était empli de différentes odeurs. Certaines étaient familières à l'Autre, tandis que d'autres lui étaient totalement inconnu, comme cette musique d'ailleurs...

~Notre contrat ma permis de mettre sur pied cet espace tampon entre ton esprit et celui d'Emilia, j'espère que tu apprécie. Si tu veux retrouver tes souvenirs, scruter ceux désordonnés d'un esprit récalcitrant et fragmenté ne risque pas de beaucoup t'aider, surtout en ne sachant pas du tout ce que tu recherches. Alors je me suis permis de faire quelques... "Ajustements".

Faisant résonné un petit rire qui sembla presque sexy, la femme se leva et s'approcha de Morrigan d'un pas assuré, caressant du bout des doigts du bas du dos jusqu'à l'épaule du mage en arrivant à sa hauteur. L'Autre était devenu une copie carbone de son hôte (mise à part la couleur des cheveux et des yeux, évidemment) mais avec, peut-être, une apparence avec quelques années de plus. Elle semblait également bien plus forte et confiante ici que dans le paysage en ruine précédent.

~A partir d'ici, les souvenirs récents, moins récents ou anciens... Ainsi que vos rêves et fantasmes à toi et Émilia risquent de se mélanger. Je n'ai aucun contrôle la dessus, cet endroit va mélanger de lui-même les fragments de souvenirs qui vas traverser vos inconscients à tous les deux. Tu vas devoir tirer le vrai du faux de ce que tu vas voir et nous frayer un chemin jusqu'aux "clefs" de ta mémoire que tu désires tant. Comme convenu, je te laisse les reines. Je vais faire en sorte que notre petite promenade dure le plus longtemps possible et je t'indiquerais les bribes venant de notre amie. En échange, fait moi profiter de tes remarques acerbes... J'aime ça.

Conclut-elle dans un chuchotement dans l'oreille de l'homme, un ton coquin dans la voix, avant de tendre un trousseau de clefs à Morrigan, son sourire sournois toujours sur les lèvres.


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"Une tire-laine parmi les étoffes"






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Dire qu’il était acerbe était encore en deçà de la réalité et pour cause, la créature essayait d’avoir une emprise sur lui, comme s’il s’agissait de sa manière de faire du lien. Morrigan n’avait eu d’autre choix que d’accepter le marché, en dépit de ses réticences. Accéder aux caprices de cette entité était encore le meilleur moyen de parvenir à ses fins. Le rire cristallin qui tintait à ses oreilles le fit rouler des yeux, s’attendant une nouvelle vague de lubies absurdes. Au lieu de quoi la fillette aux cheveux carmin, s’était plutôt atteler au fait de nuancer son propos. Une attention bien délicate de la part d’un visage aussi patibulaire…

« Quoi qu’il en soit, si je récapitule : l’origine est incertaine, la contractualisation douteuse et les méthodes employées... discutables. A partir de là, nous ne sommes plus à une zone d’ombre près, me semble t-il. » dit-il de manière grinçante et avec raison, comme s’il remettait en cause l’argumentaire de vente de n’importe quel marchand peu scrupuleux.

Il ne l’avait gratifié que d’un sourire moqueur en guise de réponse, lorsqu’elle attendait probablement une invalidation sur ses tendances mégalomanes. Le télépathe ne pouvait lui donner totalement raison. Quand on occupait mentalement et physiquement tout l’espace, on ne pouvait certainement pas se couronner d’une fausse prétendue modestie. Hypanatoi était peut-être d’un genre plus direct et moins décomplexé mais l’ego de la petite demoiselle était loin de passer inaperçu, quand on la voyait s’attribuer le premier rôle dans ce dédale mémoriel. Le mage nota tout de même scrupuleusement ce qu’il avait déjà entendu au sujet du paragoï, à savoir un caractère fier et hautain. Morrigan considérait qu’il ne manquait pas d’entraînement avec Freya, et il avait la ferme intention de s’entretenir à son tour avec le guerrier, pour le bien de Derek.

Pour l’heure, l’érudit devait se concentrer sur sa cible du jour et ne pas mélanger les données et les émotions à l’intérieur de son esprit en reconstruction. Le double maléfique semblait avoir scellé un accord, à en juger par le flot d’énergie noirâtre qui s’écoulaient de leur poignée de main. Il résista à l’envie de reculer et de rompre le contact, à cause de la nature sirupeuse et dévorante de cette essence qui semblait vouloir tout cannibaliser sur son passage. Le mage se contenta de grimacer ce qui devait ressembler à un sourire entendu quand la créature formula explicitement les termes d’un marché conclu. Quand elle évoqua les raisons de son assistance, il ne put s’empêcher de la juger d’un œil sévère et impitoyable.

« Une vraie diva, capricieuse et vorace. Comment est-ce qu’on peut s’ennuyer quand on a accès à une multitude de savoirs ? » la sermonna t-il.

L’entité avait accès à la bibliothèque mentale de son hôte, toutes les données sur son passé et son présent. Mieux encore, elle pouvait se dédoubler dans ce monde immatériel d’une part et dans les bibliothèques de Portalia d’autre part. Elle était l’une des rares créatures à avoir une maîtrise presque illimitée et perfectionnée sur deux mondes différents, tandis que les autres devaient compter uniquement sur leur propre mémoire faillible. Le télépathe dut se contenter du néant en guise de réponse, face aux abysses profondes qui semblaient faire fondre le décor. Alors qu’il se trouvait à l’origine dans un lieu vaste, aux pierres froides et humides, les murs se rétrécirent subitement, ne laissant qu’un tapis de mousse écarlate sous ses pieds.

L’atmosphère n’était plus la même et le mobilier qui habillait l’espace vide témoignait d’un certain goût que sa fierté empêchait de reconnaître positivement. De lourds rideaux de velours bigarrés recouvraient de part et d’autres une multitude de couloirs. Ce labyrinthe ne ressemblait pas à la cartographie des lieux, comme si celui-ci était hors du temps. Après cette rapide observation, le télépathe se tourna enfin vers le centre de la pièce, où figurait la créature transmutée. Bien sûr qu’elle était responsable d’un tel spectacle, il ne pouvait même pas feindre la surprise… Morrigan la toisa en la dévisageant de la tête aux pieds, avant de conclure son analyse par un haussement de sourcil circonspect. Ce n’était pas en revêtant l’apparence d’une succube qu’il ferait preuve de moins d’intransigeance à son égard…

« C’est le terme petite fille qui ne t’as pas plu ? Les entités sont tellement susceptibles... » ricana t-il en considérant la version plus mature et voluptueuse de l’usurpatrice.

Karter aurait très probablement validé cette nouvelle enveloppe. Peut-être existait-il finalement un fil rouge, ou du moins une certaine connivence, entre les différentes entités qui peuplaient le multivers. Mais même ainsi fardée, la nature surnaturelle de la jeune femme transparaissait encore dans ses prunelles et dans la manière dont ses commissures s’incurvaient de façon prédatrice. Il prit alors le temps de considérer silencieusement ses paroles. Les notes d’alto et de piano en fond lui disaient vaguement quelque chose, comme si la mélodie l’intimait à se rappeler de quelque chose. Mais il n’y avait rien, comme bien souvent. Pas la moindre trace d’un écho perdu. En tendant un peu plus l’oreille, l’érudit percevait, de manière lointaine l’écoulement calme et tranquille de l’eau. Son propre espace mental n’était pas loin et il la croyait, quand elle évoquait une zone tampon.

« Il faut avouer que c’est tout de même plus chaleureux, non ? » dit-il avec beaucoup de dérision et en évoquant son individualité qui transparaissait aussi un peu dans les lieux.

Bien entendu, sa bibliothèque mentale ne l’était pas, du moins pas dans les profondeurs. La tentation d’ouvrir une des portes qui menaient à elles était grande, mais il n’en ferait rien. La visite ne serait pas pertinente et il donnerait encore plus d’emprise à la créature qui avait déjà eu assez de passes-droits de sa part. Visiblement, cette dernière n’avait retenu que la racine du terme chaleur(eux) vu la manière féline dont elle s’était approchée de lui, avant de se permettre un contact qu’il jugeait déplacé. Il hoqueta de surprise avant de repousser la créature du bout du doigt au niveau de son front, comme on repoussait un animal qui menaçait de mordre. Bien qu’elle avait revêtu son apparence, le mage ne se laissa pas décontenancer davantage et fronça les sourcils avant de pester, les joues teintées par l’embarras et l’indignation.

« Alors, non. J’imagine que le numéro de charme fonctionne habituellement mais il va falloir y renoncer, d’autres sont morts pour moins que ça. » exagéra t-il en parlant très vite. « Je mets un point d’honneur à sélectionner scrupuleusement mon cercle intime. De préférence humains, vivants et honnêtes. Autrement dit, tu es bien loin du compte. Alors, arrière... » dit-il en retirant précautionneusement son doigt pour lui faire signe de reculer avec le revers de sa main.

Vraiment, ces entités n’avaient aucune morale et limites… Heureusement qu’Elizabeth était là pour relever le niveau de dignité. Au lieu de mesurer son indécence et de reculer, la créature lui donna d’autres consignes d’une voix suave tout en donnant un dimension sensuelle à ses adresses pourtant virulentes. Une grimace désapprobatrice succéda rapidement à sa mine rougie, il se saisit du trousseau de clefs avec humeur, en lui arrachant presque des mains afin de pouvoir enfin prendre ses distances.

« Trop aimable. » dit-il horripilé. « Tu ferais un excellent parti pour Karter. Et tu peux être sûre que ce n’est pas un compliment. » conclut-il, toujours offusqué.

Il considéra un instant les diverses portes qui s’offraient à lui. De manière purement mathématique, son choix de porta sur sa diagonale gauche. Si la porte la plus proche de son esprit, à en juger par le bruissement de l’eau, était au sud, celle d’Emilia devait se trouver au nord. En prenant la direction au carrefour de leur individualité, Morrigan souhaitait mettre toutes les chances de son côté en utilisant leur double influence. Puisqu’Emilia était responsable d’un nouveau pan de souvenirs à débloquer, il ne pouvait l’ignorer dans son choix. D’un pas décidé et sans s’en remettre à l’odieuse créature, il ouvrit la porte choisie en écartant le lourd rideau bleu nuit qui recouvrait le bois. Sans aucune hésitation, le mage s’engagea dans le couloir sombre pour rejoindre une autre réalité qui le rapprocherait de son objectif.



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Une tire-laine parmi les étoffes
Morrigan

~Mon apparence ne dépend pas de mon bon vouloir. M'appeler "petite fille" était pertinent, je ne t'en tiens aucun préjudice.

Répondit simplement l'Autre, un doigt sur ses lèvres souriantes. La voluptueuse créature dû même de nouveau retenir un rire amusé devant la réaction disproportionnée du mage au geste affectueux qu'elle venait d'avoir à son égard. Lui qui avait là une chance pour que son esprit puisse approcher un être de sa nature d'aussi près, mais qu'il la repousse, effrayé comme un enfant devant la porte grinçante et menaçante d'une armoire faillis avoir raison de la bête. Celle-ci devant se retenir d'en rajouter une nouvelle couche pour se contenter de reculer docilement de quelques pas en ne dissimulant pas l'amusement qu'elle ressentait en cet instant.

Prenant le trousseau de clefs métaphorique, le mage tamisé s'empressa de reprendre le contrôle en sélectionnant une porte. Se pensant sûrement plus malin que la moyenne en ne demandant pas la validation de sa nouvelle amie, celle-ci ce contenta de le suivre sans émettre le moindre commentaire. Comme elle l'avait précisé, la suite du chemin dépendrait uniquement de lui à partir d'ici, même si il l'avait supplié de choisir une direction à sa place, la créature aurait décliner.

Tournant la petite clef d'argent, notre duo s'engouffrait dans un tunnel sombre aux pierres taillées. Il ne fallut qu'une poignée de secondes pour qu'une vive lumière ne vienne engourdir leurs regards.

Quittant la petite pièce chaleureuse, ils se retrouvaient maintenant devant un espace brisé, plusieurs morceaux de ciel, de terre, de bâtiments flottaient dans les airs de manière désordonné et chaotique. Après quelques secondes, plusieurs morceaux se mirent à voleter et à s'assembler devant Morrigan.

L'entrée d'une cathédrale venait d'apparaître, l'architecture était brouillonne, mélangée. Aggloméra de plusieurs styles donnant à l'ensemble une apparence assez étrange... Baroque ou classique par endroit, voir très rustique à d'autres. L'atmosphère était fraîche et un peu lourde, un nuage d'encens flottant près du sol tandis que de fins rayons de soleil filtraient à travers les vitraux du plafond. Celui-ci était d'ailleurs étrange, comme vaporeux ou onduleux... Non fini peut-être, encore entre deux mondes. Les vitraux décrivaient des scènes d'origine religieuse : une silhouette féminine donnant naissance à une autre masculine. Sur le suivant, la femme offrait une sphère de lumière à de petites silhouettes, surement des humains. Puis l'ombre de la première silhouette masculine cherchait à détruire la sphère de lumière... Celui-ci se faisant finalement enfermer par cinq créatures, dont deux reptiles.

Devant Morrigan se dressaient d'ailleurs deux immenses statues représentant des dragons, l'un fait dans un ivoire luisant et l'autre dans de l'obsidienne tranchante. Les deux représentations gardant le hall de cet endroit tandis que des ombres sans visages, transparentes, semblaient vivre leurs vies.

Certaines de ses ombres semblaient être des claires ou des représentants de l'église, la plupart ce dirigeaient vers le fond de la pièce où était visible deux escaliers montant vers un lieu lumineux.

~Argion et Ergion. La Création et la Destruction. Ce sont les deux divinités principales de mon monde... Cet endroit est un mélange des temples de chez nous, de l'architecture de Portalia ainsi que d'autres formes que je ne connais pas.

Commenta finalement la jeune femme aux bras croisés qui toisait les deux statues d'un air accusateur avant de reprendre la route, occultant totalement les frasques colorés se déroulant au plafond de ses explications.

Sur le chemin, ils croisèrent également des hommes en armure sans visage, hurlant à l'hérésie et réclamant la purification par le feu avant de disparaître, laissant la pièce s'assombrir alors que des hurlements commençaient à résonner pendant quelques minutes avant que le calme ne revienne, ne laissant derrière eux qu'une odeur de chair brûlé.

~Et ça, c'était notre village... Dis simplement la femme, sans s'arrêter.

À mesure qu'ils approchaient du fond de la pièce, un bruit d'eau se faisait doucement entendre par-dessus les chants religieux lointains et le brouhaha fantomatique. L'Autre se mit alors à sourire à l'approche de ses escaliers mystérieux, sa présence ce faisant subitement moins opprésente pour Morrigan lorsqu'il posa le pied sur la première marche de marbre.

La belle l'attendait en bas, comme si elle faisait face à un mur invisible. Ne semblant pas décidé à forcer le passage, elle fit signe au mage de poursuivre d'un léger mouvement de tête tandis que ses yeux de braise continuaient de le fixer.


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Dernière édition par Emilia Reisalin le Jeu 18 Mai - 12:02, édité 1 fois
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La créature n’avait de constant que son insupportabilité. Non contente d’user de ses charmes de manière déloyale et de tenter de corrompre l’inflexible mage, elle se gaussait de sa pudibonderie. Morrigan grinçait des dents mais il n’eut pas à surenchérir en la voyant se plier tout de même à son exigence de distance. Les contacts physiques avec ceux de son espèce lui étaient déjà pénibles, conformément à ce qui lui intimait ses bonnes mœurs. Imaginer un tel rapprochement avec une créature fourbe et éthérée dépassait donc l’entendement. Ces principes étaient d’autant plus vrais maintenant qu’il s’était engagé auprès d’un autre homme. Le télépathe donnait peu cher de la malheureuse qui oserait faire le quart de ce que faisait l’entité à son égard dans leur plan de réalité… Son mercenaire était d’un tempérament irascible et impulsif, chose que que la créature ne pouvait ignorer si elle avait bel et bien rencontré Derek. L’érudit chassa bien vite cette idée de sa tête, ne voulant pas donner à cette enquiquineuse ce qu’elle souhaitait : un extrait de sa subjectivité et de son sentimentalisme.

Sa décision était prise et Morrigan ne s’en remettait jamais aux conseils de ses pairs, n’écoutant que son instinct et les rouages de son esprit méthodiquement articulé. Aujourd’hui n’y ferait pas exception, à partir du moment où la créature lui avait annoncé qu’il serait libre de ses choix et de ses mouvements, le mage ne s’était pas fait prier. L’arrière-plan qui se jouait en fond, comme une tapisserie mal accrochée, finit par se rassembler pour donner une cohérence à un nouveau souvenir halluciné. Le lieu de culte qui s’offrait devant lui était au croisement de plusieurs architectures. Tout ce qui pouvait faire penser à une église était synthétisé et additionné dans un puzzle fantasmagorique. Morrigan tressaillit en voyant se côtoyer au milieu des bas-reliefs liturgiques des runes familières, à l’image des grands édifices de Sybille. Le double maléfique n’avait pas menti, son esprit ensommeillé était bien en train de se mélanger avec l’effervescence des souvenirs de la jeune femme aux cheveux d’argent. Une odeur écœurante d’encens et de salpêtre s’élevait dans l’air donnait au lieu une atmosphère viciée. Bientôt, des statues d’un culte inconnu se présentèrent à eux, ne faisant remonter pas le moindre souvenir à l’érudit pourtant curieux.

« Cela t’évoque quelque chose ? » demanda t-il flegmatiquement à son acolyte qui lui avait répondu dans la foulée.

Sans surprise, ce pan de mémoire n’était pas de son cru, mais de celui du monde d’Emilia. Le néant qui l’habitait n’avait pas suffisamment d’emprise pour faire des éléments de son monde d’origine une inconnue totale. Il étudia un instant les deux idoles qui ressemblaient aux dragons que l’on pouvait trouver dans les bestiaires des bibliothèques de Portalia.

« Deux notions plutôt binaires et manichéennes, si j’ose dire. » critiqua t-il d’un ton égal, sans porter aux nues les principes sacrés qui régissaient cet entre deux mondes.

Le télépathe n’avait jamais porté la religion dans son cœur, notamment à cause du fatalisme qu’elle imposait à ses croyants de là où il venait. Pour un scientifique de sa trempe, ces instances n’était qu’une forme poétisée d’obscurantisme, des litanies destinées aux imbéciles qui ne savaient pas jouir de leur libre arbitre. Les cris et les promesses de bûcher à peine murmurées autour d’eux ne pouvaient que lui confirmer sa thèse. Des enchevêtrements de scènes rituelles se déroulaient sur le plafond coloré de la nef, avec un ensemble d’images cruelles qui contrastaient avec les couleurs chatoyantes et bigarrées qui les composaient. L’irréalité presque onirique qui se profilait poursuivit son cours incohérent : alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur du bâtiment, un village à ciel ouvert apparut derrière l’autel. Morrigan n’en fit pas cas et se contenta d’hocher la tête d’un air entendu quand sa guide lui indiqua qu’il s’agissait d’un village de son passé.

Ne se laissant pas décontenancer ni par les conversations creuses des badauds sans visage, ni par les chants cultuels qui bourdonnaient solennellement autour d’eux, Morrigan se laissa bercer par le bruit rassurant des vagues, la mélodie de sa propre intériorité. Instinctivement, ses pas l’avaient guidé vers cette mélopée aquatique, comme s’il savait qu’elle lui était destinée. Cette drôle d’impression lui fut confirmée par le comportement de la créature qui ne semblait avoir aucune autorité sur ce nouvel espace et jubiler d’anticipation, comme un braconnier attendant que sa proie tombe enfin dans le piège installé en amont. Le mage ne lui lança d’un bref coup d’œil, bien trop curieux à l’idée de pousser la vieille porte dont le bois avait commencé à pourrir à cause de l’humidité. Le spectacle qui s’offrit à lui le fit soupirer de manière désinvolte.

« Évidemment... » conclut-il simplement avec dérision en observant le dédale devant ses yeux.

Un enchevêtrement d’escaliers qui partaient dans toutes les directions polluait l’espace, offrant ainsi une alternative froide et rocheuse au classique labyrinthe végétal. Morrigan n’était pas vraiment étonné, obtenir une information le concernant dans un ersatz de son propre palais mental ne pouvait pas être une promenade de santé. Et puis ne venaient-ils pas de descendre à l’instant d’un étage ? Comment pouvaient-ils y en avoir autant d’autres invisibles à leur vue dans la nef quelques minutes auparavant ? A l’image du reste, ce drôle de souvenir n’avait aucun sens, apparaissant telle une anomalie au carrefour de deux mondes.

« J’imagine que te prier de nous trouver un raccourci serait trop te demander ? » questionna t-il de façon rhétorique d’un air las.

Morrigan savait qu’il ne pouvait compter que sur lui-même et la créature avait suffisamment insisté en lui affirmant qu’elle ne serait qu’une simple spectatrice dans ce nouveau périple. La solution universelle à tout labyrinthe était simple comme bonjour mais représentait une perte de temps considérable. Sans se décourager pour autant, n’ayant guère le choix d’avancer, l’érudit se contenta d’ignorer les étages inférieurs et supérieurs, en se contentant de suivre toujours la même trajectoire en accolant sa main droite sur l’une des paroi du labyrinthe. Suivre les mêmes circonvolutions sans jamais cesser de toucher le même mur lui permettrait de trouver la sortie à coup sûr, quitte à traverser l’entièreté du dédale.

De façon inattendue, il n’eut pas à poursuivre sa méthode pendant une très longue durée puisque le labyrinthe se faisait progressivement aspirer par une lumière matinale et le bruissement de l’eau. Le lieu se transfigura à nouveau, comme après leur première traversée, mais sans se reformer distinctement. Seul le cœur de la scène était formé, laissant le décor extérieur et incertain, comme si le grand puzzle avait été assemblé de façon inversée en commençant par le centre au lieu des bords. Morrigan ne tarda pas à comprendre cette bizarrerie : ce souvenir le concernait de toute évidence et son esprit était bien incapable de restituer le paysage d’origine. Une silhouette féminine se trouvait là, les traits encore flous et incertains tel un écho du passé. Tout laissait croire qu’il s’agissait d’une querelle entre elle et une version antérieure de lui-même. Le ton était monté et Morrigan grimaçait de voir son propre reflet agir d’une façon qu’il ne pouvait anticiper.

« Je m’appelle… Emilia. » dit l’inconnue qui semblait rassembler toute sa volonté dans ses paroles.

« Pauvre sotte ! » pesta l’écho du mage en réponse. « Saisis-tu seulement la gravité et le danger auxquels tu t’exposes ? »

« Alors, ça t’importe... » enchaîna t-elle avec soulagement.

« Non. » démentit-il rapidement avec froideur.

Plus le souvenir se déroulait et plus l’apparence de la jeune femme se précisait, lui rendait peu à peu son identité et sa singularité. Le télépathe qui scrutait de manière intrusive son propre souvenir dévisageait la jeune femme, comme pour y trouver des réponses immédiates.

« Je pourrais t’accompagner, devenir simple télépathe et nous pourrions... »

« Et qu’est-ce qui te fait croire que je consentirais à ce qu’une gamine comme toi me tienne la jambe ? » rétorqua le télépathe en la coupant de façon odieuse.

« Hé ! J’ai largement l’âge de... »

« Mais tu ne connais rien du monde extérieur. Tu es comme une enfant qui découvre le monde, qui n’en a appréhendé que des images en pensant qu’il s’agit d’une expérience valide. » vociféra t-il avec condescendance.

Ses traits avaient beau être restitués, Morrigan était bien incapable de savoir l’impact que ses mots avaient eu sur celle qui aurait du être sa consœur. La dispute se poursuivait de manière intenable, le télépathe pouvait contempler la déchéance humaine, les vices de la société mais son propre reflet pétri d’orgueil lui était intolérable. S’observer soi-même était toujours pire que l’analyse froide d’autrui. Il ne considérait plus vraiment la scène, la laissant se jouer au fond comme un film que l’on mettait pour combler le silence sans s’y intéresser, préférant rassembler ce qui lui revenait en mémoire. La pauvre Emilia, bien sûr. Celle-là même qu’il avait laissé à son triste sort en pensant que ça la protégerait de la folie de Sybille et de sa lâcheté par la même occasion. Parce qu’il n’était pas capable d’exprimer son souci et son affection autrement que par le mépris qui tenait à distance. Était-ce vraiment elle qu’il protégeait de son refus ou sa couardise réconfortante ? En se persuadant qu’il était impuissant dans la conjoncture arbitraire du monde, il avait renoncé lui-même à toute forme de pouvoir.



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