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descriptionLe bleu du ciel ft. Hypanatoi  EmptyLe bleu du ciel ft. Hypanatoi

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Le bleu du ciel

Cyria lance un regard inquisiteur sur le petit village où elle vient d’entrer. C’est assez étrange. Les enfants jouent sans aucun souci, elle peut voir des femmes en train de rigoler ensemble et certains hommes en train de se chamailler. De tout point de vue, il s’agit  d’un patelin tout ce qu’il y a de plus normal, un décor basique comme on peut en trouver dans beaucoup d’autres endroits similaires et c’est justement ce qui rend les choses anormales.  Pourquoi les villageois se comportent-ils de manière si insouciante si il y a réellement un être aussi effrayant qu’un démon dans les parages ? Ce n’est pas logique. A moins qu’ils aient un lien quelconque avec lui ? Ce ne serait pas la première fois qu’elle tombe sur un lieu qui s’associe à une créature plus puissante pour les protéger. Cependant, il y a toujours une rétribution qui va avec…comme des sacrifices humains par exemple. Elle commence sérieusement à remettre en question les informations qu’elle avait finalement réussi à glaner. Il y a deux possibilités sur ce qui est en train de se passer, soit l’information est fausse est alors quelqu’un ou quelque chose cherche à attirer des mercenaires ou des prétendus héros en quête de gloire à cet endroit pour une quelconque raison, soit l’information est vraie et tout le village est impliqué. Dans tous les cas, ce n’était pas une bonne nouvelle.

“Restez sur vos gardes !” fit-elle les sourcils froncés.

Avec un soupir, elle se dirige vers l’auberge sans se soucier de la réponse de ses gars. Elle n’a pas vraiment le choix que de rester ici ne serait-ce que pour la nuit. Le voyage dans les environs pourrait être dangereux, surtout en n’en sachant pas plus sur ce qui se passe mais elle va s’assurer que si le mec qui lui a vendu cette information s’est foutue d’elle, il souffrira bien proprement. Elle n’est pas particulièrement patiente en ce qui concerne son paternel après tout.

La soirée avance et elle profite du repas pour regarder les villageois présents à l’auberge pour boire, l'endroit semble également être un lieu de rassemblement pour eux. Encore une fois, elle ne vit aucune personne qui semble soucieuse, d’autres piquent des colères à cause de l’alcool mais rien d’anormal, pas de comportement étrange et même l’aubergiste a été heureux de voir de nouvelle tête. Elle s’est peut-être trompé finalement ? C’est impossible qu’il n’y est pas une personne qui ne fasse pas de bourde si les villageois sont impliqués dans quoi que ce soit. Bien, elle imagine qu’elle va faire bouger les choses pour voir leur réaction.

“Au fait, j’ai entendu parler d’une rumeur…” commence-t-elle attirant le regard de l’aubergiste, “il paraît qu’il y a une personne aussi effrayante qu’un démon dans le coin.”

“Oh.” fit l’homme avec surprise, “Vous parlez de l’homme qui a les mêmes cheveux que vous ? Il était là il y a quelques semaines oui mais il est reparti vers le nord. J’étais bien heureux qui parte, il était effrayant et…”

Cyra arrête d’écouter alors que l’homme commence à exagérer sur ce qui s’est produit. Mais quelle idiote !! Il y a cette possibilité aussi, elle est partie du principe que le gars en question était resté ici mais s' il est parti, c’est normal que les villageois ne se sentent pas en danger quelconque, puisqu’il n’y a rien de dangereux. Elle s’est trop concentrée sur la formulation de l’information, comme une débutante. Vraiment, elle fait des conneries quand son père est impliqué d’une manière ou d’une autre. Toutefois, elle eut une autre information importante, l’homme avait les mêmes cheveux que lui, il y a de forte chance que ce soit lui, les cheveux rouges sont très rares et pas forcément le bien vue non plus, donc il y a de forte chance que ce soit lui et qu’il soit plus près qu’elle ne le pensait. Enfin ! Au bout de trois cent années, elle a enfin une bonne piste. Elle ne put s’empêcher d’afficher un grand sourire alors qu’elle offrait une tournée à tout le monde avant de se diriger vers sa chambre.

Au nord se trouve le pays elfique et surtout son ancien village, est-ce que cet idiot chercherait à retrouver sa défunte mère ? Et bien, c’est qu’une hypothèse, si ça se trouve ce n’est même pas le cas, si ça se trouve il se souvient même pas de sa mère. Elle lâche un bruit de frustration, ce n’est pas le moment de se prendre la tête avec ça, ce n’est pas comme si elle le connaît d’une quelconque manière. Elle mit son pyjama, un simple short et un débardeur, laissant ses gants et son cache-œil sur sa table de chevet avant de se diriger gaiement vers les toilettes.

Elle se sentait extatique, c’est la première fois qu’elle était aussi prête à atteindre son but. Peut-être qu’elle pourrait faire un détour à son ancien village pour les emmerder un peu avant de repartir ? C’est une bonne idée, elle doit avouer que ça lui manque de leur faire des blagues, ils ont toujours été du genre à démarrer au quart de tour. C’est avec cette décision qu’elle retourne dans sa chambre en sifflotant. La vie est belle, n’est-ce pas ?

Un bruit attire son attention à côté d’elle alors qu’elle commence à voir une fissure se former. Levant un sourcil, elle recule prudemment mais elle se fait aspirer d’un coup par un énorme portail sans comprendre quoi que ce soit. Vraiment ? C’est son karma c’est ça ? Est-ce qu’elle a fait quelque chose de mauvais dans son ancienne vie ? Comme…elle ne sait pas…étriper des petits animaux mignons ? Elle n’a rien contre la mignonnerie au contraire surtout s' ils ont le poil doux comme les chats. Elle aime bien les chats ! Oh ! Est-ce parce qu’elle a fait cette blague de mauvais goût à ce marchand d'esclaves la dernière fois ? Mais c’est de la légitime défense, le mec la voulait dans sa collection parce qu’elle était une demi-elfe. Elle ne pouvait pas se laisser faire n’est-ce pas ? Alors, pourquoi est-ce qu’elle se doit de tomber dans des trucs étranges alors qu’elle s’approche enfin d’un quelconque résultat dans sa quête personnelle ?

Une voix commence à se faire entendre “Elue”, elle se met à rire. A-t-elle une gueule d’élu ? Veut-elle même en être une ? Tout ce qu’elle veut c’est retrouver cet idiot de paternel et lui mettre son point dans la figure ce n’est pas si difficile ! “Tu me payes combien pour faire ça ?” Non parce qu’elle était une mercenaire avant tout, elle veut bien faire les choses même si elle vient littéralement de se faire enlever mais faut monnayer derrière, elle n’est pas mauvaise mais pas assez gentille pour faire les choses gratuitement non plus, faut bien vivre aussi. Cependant, elle n’eut jamais de réponse car à peine l’être avait fini de parler, elle se retrouve recrachée comme une malotrue contre le sol la tête la première.

“Et merde…”fit-elle sans bouger.

Ce n’est pas agréable.

Vraiment.

Elle déconseille.

Surtout quand vous êtes habillé d’un simple short et d’un débardeur qui sert de pyjama, elle a réussi à s’égratigner les genoux et les mains comme un vulgaire enfant. Et puis, elle semble fatiguée aussi, elle a l’impression de perdre des forces. Il se peut que ce truc, quel qu'il soit, n'a pas vraiment aimé ce qu’elle a dit…ou est-ce parce qu’elle s’est moquée ? C’est pas vraiment sa faute mais il faut la comprendre aussi elle ne voit pas pourquoi elle serait polie avec quelqu’un qui l’enlève comme ça sans même un mot alors qu’elle avait d'autres gens à fouetter.  

Peut-être devrait-elle dormir ? A moins qu’elle dorme déjà ? Elle ferme ses yeux tout en s’allongeant sur le dos. Peut-être que si elle fait un petit somme, elle se réveillera à sa chambre d’auberge. Elle fronce les sourcils, elle n’a pas été assez folle pour commencer à boire parce qu’elle était contente de ce qu’elle a entendue n’est-ce pas ? Elle n’est pas aussi bête hein ? Ouais, elle n’a pas encore mal à la tête donc ça devrait aller ? Elle commence à douter. Elle soupire à nouveau alors qu’elle ouvre les yeux, qui est le con qui a lancé un sort de lumière surpuissant ?



“Oh! C’est bleu…”

Pourquoi le ciel est-il bleu ? Est-ce de la lumière naturelle là ? Mais ou est-ce qu’elle a été recraché ? Elle aurait peut-être dû mieux écouter son ravisseur…Oh…Elle n’a pas ses gants et son cache-œil non plus, elle espère qu'elle ne va pas se faire attaquer par des personnes effrayés, ce n’est pas comme si elle avait une quelconque arme sur elle non plus.

Franchement, elle doit réellement être maudite n’est-ce pas ?


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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLe bleu du ciel ft. Hypanatoi  EmptyRe: Le bleu du ciel ft. Hypanatoi

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Il était normal, avait-il rapidement compris, que les gens aient peur de lui. C’était en faitla réaction évidente. Elle était parfois masquée sous un faux masque de bravoure, mais la vérité était simple : il était craint. Cela constituait ironiquement un état de fait très nouveau pour lui. Il était plus habitué à l’adulation des foules et aux triomphes nationaux qu’à voir la foule se fendre sur son passage ou les conversations se muer en murmures craintifs. Il avait mis beaucoup temps à chercher pourquoi. Il avait d’abord cru que c’était dû à son attitude distante. Les Portaliens appréciaient une certaine légèreté de ton, et surtout de caractère. Leur vie était souvent un enchainement insouciant de quotidiens mal planifiés. Mais ce n’était pas simplement ça. La maladie qui rongeait l’esprit de la cité n’empêchait pas certaines personnes de comprendre l’utilité d’agencer leurs existences respectives. Il avait ensuite imaginé que c’était son rapport à la mort. Il tuait après tout avec une plus grande facilité que les autochtones, et pour des raisons souvent très différentes. Le meurtre était même, pour une raison qu’il n’était toujours pas sûr de comprendre, vu ici comme un tabou. Comme quelque chose qu’il convenait autant que possible d’éviter, comme un châtiment à part. Là encore, ce n’était pas ça. Il n’était pas l’individu le plus puissant qui puisse exister ici, et sa capacité à tuer d’une façon qui leur paraîtrait insensée, si tant est que lui en vienne l’envie, était limitée. Il y avait autre chose. Et enfin, il avait compris. La chose était pourtant évidente, et aurait dû s’imposer à lui au bout de quelques jours d’observation.

Ce n’était pas une question d’étrangeté, pas en tant que cause, mais en tant que symptôme. Ce n’était pas une question de parler, d’attitude, ou de coutume. C’était qu’il agissait. Que quand il se mouvait, il le faisait pour des raisons dépassant sa subsistance quotidienne. Qu’il lui avait fallu trois heures pour décoder les façons de faire des habitants de l’endroit, là où lui restait une énigme (et ce malgré le fait qu’il fasse de nombreux efforts de transparence). Trois jours pour analyser les failles du système de Portalia, et trois semaines pour élaborer plusieurs plans lui permettant d’influer sur les affaires de la ville. Pour une cité qui s’encroutait depuis deux longs millénaires dans l’immobilisme le plus complet, ce n’était tout simplement pas quelque chose de compréhensible. Les locaux comprenaient instinctivement en le regardant que les mots qui sortaient de sa bouche étaient pénétré d’un tout autre sens que les leurs. Le son, même quand il était identique, n’avait pas le même poids. Il osait à peine imaginer les réactions qu’il aurait causé si ces pauvres bougres avaient été entièrement informés de ce qu’il comptait faire ici.

Il ferma derrière lui la porte de son logement. Le sang du sacrifice séchait sur sa peau. Son armure était ointe des huiles sacrées. Son arme était lourde dans sa main. Il avança. Aujourd’hui, comme hier, comme demain, il restait en mouvement. Il ne lui fallut que peu de temps pour gagner la place des portails. Ce qui l’occupait aujourd’hui avait beau ne pas être officiellement sanctionné par la guilde, ce serait tout de même quelque chose qui l’intéresserait profondément. Passant devant les manifestations arcanes des portails magiques, il finit par repérer celui qui l’intéressait, et devait le mener vers le théâtre du jour. Redoublant de vitesse, le sourire de satisfaction qui éclairait son visage depuis l’éclair de compréhension de ce matin se gomma bien rapidement quand il vit la faille enchantée vomir le corps d’une jeune créature. Cette dernière vint s’écraser au sol avec la grâce d’un pachyderme auquel il serait venu des fantaisies de danseur acrobatique, et sembla se décider à ne pas en bouger.

Il ralentit quelque peu l’allure. Il n’avait aujourd’hui aucune envie de s’occuper des pitreries d’un énième guignol de Portalia. Il avait à venger quelqu’un, et c’était un travail de longue haleine ; il se demanda un instant s’il ne pouvait pas simplement l’enjamber, ou bondir par-dessus elle. Il n’était après tout pas apothicaire, et quelqu’un de plus oisif que lui pourrait perdre son temps en identifiant la myriade de problèmes qui empoisonnaient sans le moindre doute autant l’esprit que le corps de l’intruse. Finissant par arriver à son niveau, son œil intérieur se concentra sur elle et il remarqua qu’elle avait la taille et la corpulence d’une jeune enfant. Il savait que les gens d’ici étaient naturellement chétifs et petits, pour ne pas dire totalement difformes. Leurs apparences extérieures avaient ainsi trouvé un moyen efficace de refléter les troubles qui agitaient leurs fors intérieurs. Au vu de la faiblesse de son aura, il avait affaire à une nouvelle venue. Il grogna, et s’arrêta finalement devant elle.

« Debout, commanda-t-il immédiatement. Rester ainsi étendue est un comportement honteux. »

Il le savait : il allait regretter, rapidement et amèrement, de s’être ainsi commis. Mais personne ne méritait d’affronter Portalia sans un regard éclairant pour le guider, et il avait déjà établi qu’une tragique pénurie affectait ces denrées bien trop rares.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 29 Juil - 11:23, édité 2 fois
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descriptionLe bleu du ciel ft. Hypanatoi  EmptyRe: Le bleu du ciel ft. Hypanatoi

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Habituellement, elle n’est pas fan du bleu. Elle peut même dire qu’il s’agit d’une couleur qu’elle n’apprécie pas. C’est pourtant une couleur assez prisée dans son monde à cause de sa rareté mais aussi car c’était la couleur de la famille royale humaine. Elle ne comprend pas pourquoi encore une fois, le bleu n’est pas une couleur particulièrement belle à ses yeux. Après, il se peut qu’elle n’apprécie pas le bleu car ça ne s’accorde pas avec le rouge de ses cheveux. C’est un peu comme mettre du ketchup sur de la glace ou encore de l’ananas sur de la pizza, ça ne se fait pas. Ça peut même être considéré comme de l’hérésie pure et simple, en tout cas de son point de vue. Il ne faut pas jouer avec les fautes de goût, les ennemis peuvent ne pas vous prendre au sérieux si vous êtes mal habillé. Après ça peut être une bonne stratégie pour que l’autre vous sous-estime, il est vrai mais ce n’est pas une chose pour lequel elle opterait, pas maintenant en tout cas. Il vaut mieux avoir un minimum de puissance pour oser faire ça quand même.

Tout ça pour dire, que pour une fois, elle aime le bleu qu’elle voit. C’est un bleu assez clair qui contraste fortement avec le ciel rouge auquel elle est habitué. C’est plus lumineux aussi, au point où elle dût plisser les yeux pour s’habituer à ce surplus de luminosité qu’elle n’a jamais connu auparavant. Elle aime bien, c’est moins sombre, moins lugubre. Bon c’est toujours pas raccord avec ses cheveux mais elle pense pouvoir vivre avec ce léger détail. Au moins, personne ne va lui dire qu’elle porte malheur car elle porte la même couleur que le ciel comme si elle avait demandé à naître avec des cheveux rouges. Et puis, c’est quoi cette logique aussi, ce n’est pas comme si elle était un démon non plus, n’est-ce pas ? En plus, ils sont beaux ses cheveux, elle en prend soin, c’est la seule chose à peu près anormale de son corps dont elle est fière, faut pas abuser non plus.

Une ombre apparut mettant fin à son ruminement sur les ancêtres séniles de son ancien village. Ça fait plus de trois cent ans qu’elle ne les a pas vu mais elle garde toujours rancune après eux. Elle penche légèrement la tête sur le côté, sa main se mettant au-dessus de ses yeux afin de mieux voir la personne qui se tient debout à côté d’elle. Il est grand. Très grand. Elle est sur que même si elle se mettait debout elle se ferait un torticolis pour pouvoir le regarder en face. Pourquoi faut-il que les gens soient anormalement énormes ? Ils ont mangé un certain type de champignons ou quoi ? Il pourrait faire attention aux personnes qui, comme elle, ont une taille tout à fait normale. Et bien, peut-être que ce n’est pas sa faute non plus, elle ne devrait pas le juger pour ça, c’est pas bien, si ça se trouve c’est juste un gentil gars et elle s’est retrouvée sur son chemin étendu comme la merde de chien que mamie prend même pas la peine de ramasser…Ouais…non…C’est pas très flatteur ça…

Elle fronce les sourcils, la prend-il de haut ? Et bien, il faut dire qu’il peut, elle est un peu allongée comme une glandue en même temps. Peut-être qu’il a eu une mauvaise journée aussi ? Il a peut-être perdu son arme préférée ?  Ou alors il n’y avait plus la nourriture qu’il aime dans l’échoppe du coin ? Elle peut tout à fait comprendre, elle aussi ça la met de mauvaise humeur quand ça arrive. Comme le fait de se faire invoquer en mode random alors qu’elle était si proche de retrouver son idiot de père. Elle garde ça en mémoire pour plus tard mais elle va s’assurer de faire payer triple ses tarifs à ce mec qui l’a amené ici non mais oh !

“Mec…Je suis en pyjama, je crois que j’ai d’autres raisons valables d’avoir honte…” fit-elle d’un ton un peu désabusé.

Elle n'a pas vraiment honte à vrai dire. Elle n’est pas vraiment à l’aise avec le fait que son œil et ses bras sont ainsi exposés. La dernière fois que c’est arrivé, elle s’est fait courser par des villageois armés de fourches, c’était l’horreur. Toutefois, il avait raison sur un point, elle ne peut pas rester ainsi allongée alors qu’elle ne sait pas du tout où elle se trouve, elle aurait très bien pu se retrouver sur un champ de bataille après tout. Bien qu’elle pense qu’elle aurait réagi à l’odeur du sang, peut-être ? Maintenant qu’elle y pense, elle se sent un peu affaibli par rapport à avant. Elle n'aime pas ça.

“Sérieusement…” commence-t-elle en se levant, “Il aurait pu attendre que je m’habille et que je prenne mon arme avant de me kidnapper comme ça…”

Elle s’étire un peu avant de mettre sa frange devant son œil et cacher ses bras derrière son dos. Évitons de faire peur à cet homme, dans son état actuel, elle n’est pas sûr de pouvoir se battre contre qui que ce soit. Et puis, ce n’est pas non plus une bonne idée de se battre contre n’importe qui alors qu’elle ne sait même pas où elle se trouve. Elle jette un regard autour d’elle pour se rendre compte qu’elle se trouve dans une ville. Beaucoup de personnes marchent sans même prêter attention à eux. C’est…étrange ? Mais pourquoi pas, elle imagine, c’est plutôt bien, elle pourrait peut-être au moins trouver des gants pour cacher ses mains et ses bras. Elle doit avouer que c’est les parties de son corps avec lesquelles elle a le plus de mal. Elle imagine que quatre cent années à les cacher aux yeux du monde, ça a finalement un impact sur elle également.

Elle reporte son attention devant l’homme qui est, et bien…bien trop grand par rapport à elle. Franchement, elle doit pencher la tête en arrière pour pouvoir le regarder. Elle a l’impression d’être une petite fille à côté, c’est assez désagréable. Elle recule un peu pour éviter d’avoir mal au cou avant de jurer parce qu’elle a marché sur un caillou. Oh joie. Elle est nue pied, elle avait oublié ce détail. Elle est vraiment maudite, il n’y a pas d’autre explication.

“Sinon…Je suis où exactement ? Pas que le nom me dira quoi que ce soit tu me diras.”

Bon, elle allait devoir réfléchir à comment survivre dans un milieu totalement inconnu, vêtu en tout et pour tout, d’un short et d’un débardeur en guise de pyjama. Franchement, ça aurait pu être pire, au moins, le ciel est joli ici même si mes pieds n’aiment pas les cailloux. Oh mon cher…C’est grave la merde….
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Hypanatoi Konostinos
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L’humaine, la bestiole – enfin ce qu'il avait sous les yeux – se révéla finalement capable de formuler des paroles cohérentes. Au vu de son allure léthargique et de sa propension à l’immobilisme, il s’était l’espace d’un instant autorisé à en douter. Il l’écouta, et regretta tout cela. Il avait prévu cette conclusion, il avait compris dès que la nouvelle-venue s’était manifestée à la surface de son septième sens que cela ne pouvait se finir autrement. Et pourtant, il était surpris : les autochtones réussissaient invariablement à le surprendre. En jacassant, celle-ci arriva à attirer l’attention successivement sur les multiples raisons qu’elle pouvait avoir de se trouver honteuse et confuses, et en particulier sur son habillement. Ne se ravisant pas, elle réussit l’exploit insigne de poser une question, et d’expliquer dans le même souffle pourquoi cette dernière n’était pas la plus pertinente. Hypanatoi resta un instant coi, cherchant à trier la masse d’informations qui envahissait en ce moment son esprit, et à comprendre ce qu’il pouvait faire pour elle, et accessoirement pour lui. Il voulait conclure aussi rapidement que possible cette affaire, et reprendre le cours normal de ses activités. Il avait, tout simplement, des choses plus importantes à accomplir.

Pendant ce temps, la bestiole trouva le temps de bailler, de se recoiffer, puis de placer ses bras dans son dos. Finalement, elle parvint à se relever, le mouvement semblant chez elle très peu naturel. Elle était pataude, et peu assurée, comme si elle avait peur de quelque chose. Elle rejoignait en cela les rangs amorphes du reste du peuple de ces terres. Elle tordit par deux fois son cou, regardant des deux côtés, puis recula légèrement. Tout cela devenait rapidement lassant, et le paragoï se demanda brièvement s’il était légalement autorisé à la saisir par la peau du cou pour la trainer vers le bâtiment voisin dans laquelle la Guilde opérait. Ces gens étaient des professionnels, habitués à pallier les divers manquements des nouveaux arrivants. Ce n’était pas son cas. Il inspira profondément, et expira tout aussi longuement, le temps de trouver quoi répondre à son interlocutrice du moment.

« Sur un monde différent du vôtre. Vous avez été invoquée ici pour avoir la chance d’accomplir la quête mandatée par l’Ordre. Quant à votre état de déshabillement, il est compréhensible et trivial. Vous êtes debout maintenant. Nous allons pouvoir corriger cela. »

Il marqua une très courte pause, laissant comme souvent à son discours le temps de s’imprimer dans l’esprit de son destinataire. Il avait toujours considéré comme important le fait de marquer des pauses emphatiques. Ces dernières revêtaient simplement ici un aspect supplémentaire.

« Suivez-moi. Nous avons tous les deux mieux à faire que de rester plantés ici. Je suis Hypanatoi Paragoï Konostinos, fit-il en guise de conclusion. Vous m’appellerez Hypanatoi. »

Peut-être que se présenter aiderait la jeune créature à reprendre ses esprits. Le recours aux conventions et aux automatismes avait souvent tendance à fonctionner de manière efficace (les gens appréciaient ce retour vers l’habituel). Il n’en était cependant pas sûr, et espérait simplement que le caractère lunaire qu’il lui semblait deviner ne se confirmerait pas. Il n’était pas particulièrement optimiste à ce sujet, et la personne qui lui faisait se permettait à son endroit des privautés qu’il n’appréciait que très peu. Mais il se devait de se faire patient et clément. Elle était désorientée, et avait besoin, comme il l’avait déjà conclu, d’être amenée au bon endroit, dans tous les sens du terme. Tomber sur elle représentait autant un devoir qu’une potentielle opportunité, et il se devait de l’exploiter. Sans doute ferait-elle assez rapidement la preuve de son incompétence et de son inaptitude, et alors pourrait-il s’en désintéresser et garder l’esprit tranquille. Ce n’était simplement pas encore un fait avéré, et il se devait d’être clément. Pour l’heure. Il tenta de l’étudier plus avant, laissant son septième sens l’envelopper complètement. Peut-être trouverait-il en faisant preuve de plus d’attention un moyen de se faire comprendre, et surtout de lui faire comprendre ce qu’il attendait d’elle. Elle était, comme il l’avait rapidement remarqué, mal bâtie. De petite taille et de constitution fragile, elle ressemblait plus à une enfant à peine pubère qu’à une adulte normalement constituée. Peut-être même était-ce le cas : ses oreilles en pointes témoignaient d’une ascendance surnaturelle. Probablement elfique, bien qu’il ait appris que ce n’était pas toujours le cas. Son manque de maîtrise du langage et sa lenteur à réagir semblaient corroborer cette hypothèse, mais Hypanatoi savait aussi que la majorité des habitants de la cité avaient pour lui des allures d’enfants attardés.

Peut-être n’était-ce là qu’une impression.

Sans doute avait-il affaire à une créature dont la croissance s’arrêtait anormalement tôt.

Il retint un grognement frustré, et choisit de mettre fin à ses tentatives d’étude, et de joindre le geste à la parole. Il se retourna, et lui fit signe de le suivre. Leur destination était claire, et il continua son geste précédent en pointant du doigt le grand bâtiment qui s'étalait avec ses grâces paresseuses, tout proche de la place des portails.
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