Parfum d'ailleurs [PV : Peppi]

Elim partit de chez Céleste de bon matin, laissant à la dormeuse un petit mot pour lui dire qu'il serait absent pendant la journée. Si la vie chez la demoiselle avait tout d'un petit paradis, il ne pouvait pas laisser le quartier nord sans médecin trop longtemps.
Bien que ce dernier se soit renfermé sur lui même et que son cabinet appartenait désormais d'avantage à la périphérie de la ville qu'au quartier nord. Les ruines avaient été nettoyées, mais personne n'était venu rebâtir dessus. La clinique en périphérie du quartier était maintenant une maison solitaire parmi une petite plaine délimitée par des emplacement carrés encore vierge de toute végétation. Un endroit presque désert, alors qu'il avait fourmillé de vie à peine quelque mois plus tôt. Certains matins, Elim se sentait prit d'une certaine nostalgie de ne plus voir ses anciens voisons. Mais malgré tout, le loup se sentait obligé de hisser son petit pavillon tout les jours, pour prouver que malgré les difficultés, la vie ne s'arrêtait pas.

Cela dit aujourd'hui, il n'était pas question de soins. Le stocks d'onguent en tout genre du loup commençait à se faire plutôt maigre, et le temps était venu de se refournir. L'argent n'était toujours pas une denrée commune, mais l'hybride avait finit par réunir assez pour renflouer ses coffres de médicaments.
Si d'habitude, il allait chez Yvana pour se fournir en plante et faire les baumes lui même, cette fois, il ne pouvait tout simplement pas se le permettre. Les plus communs étaient faciles à faire, mais pour les plus complexes, il fallait du matériel que le loup ne pouvait même pas imaginer se payer. Des alambics, des plaques de chauffes, et tout un attirail de verrerie qu'il aurait tôt fait de casser. Le médecin connaissait ses propres limites, et la manipulation d'objets fragiles en était clairement une.

Mais fort heureusement, il connaissait quelqu'un en périphérie de la ville. Une belle apothicaire qui possédait une boutique qu'il aimait tout autant. Loin des yeux, elle pouvait presque passer inaperçu si on ne faisais pas attention, raisons pour laquelle le loup l'aimait tant.
C'était un peu son joyau caché, même si Peppi méritait bien plus d'attention. Mais pour le moment, Elim était plus qu'heureux d'avoir l'apothicaire presque pour lui tout seul.
Le loup c'était mis en route, filant aussi vite que sa marche pouvait le porter. Traversant de nombreuses ruelles plus ou moins bondées. Il finit par obliquer à travers plusieurs ruelles étroite et vides. Ce n'était qu'un raccourci bien sur, car le quartier des tavernes était tout sauf désert.
Mais comme il était encore relativement tôt la clientèle habituelle était absente, sauf peut être quelques irréductibles prêt à prendre des verres à peine le soleil levé.
A un angle ou la rue commençait une pente douce, le loup repéra la boutique en question. Une petite batisse qui d'extérieur ne payait pas de mine. Sa devanture tout en pierre laissait voir une porte vitrée sur laquelle un panneau "ouvert" était suspendu. Poussant doucement la porte qui émit une petite sonnerie, l'hybride s'engouffra dedans.
Le carillon ne manquait jamais de faire se dresser les oreilles du loup sur sa tête. Le son était pourtant doux, et allait parfaitement avec l'ambiance de cette boutique. Souvent, Elim lui trouvait un air d'ailleurs, qui allait parfaitement de pair avec la grande dame qui tenait le magasin.

La grande pièce circulaire qui accueillait les visiteurs ne manquait jamais de le faire sourire, cette dernière exsudant d'une chaleur toute particulière, donnant au médecin l'envie de se lover sur l'immense canapé qui au vu de sa taille aurait pu passer pour un lit.
Et si un immense miroir venait décorer le fond de la pièce, la petite taille de l'hybride ne lui permettait que de voir le sommet de ses grandes oreilles.

Comme d'habitude, il se plaça non loin du grand coffre blanc, s'asseyant sur le couvercle en laissant ses jambes pendre dans le vide. La boutique était un mélange d'odeurs douce, que ce soit celles des nombreuses herbes, des mélanges alchimique, ou du parfum si particulier de sa propriétaire.
Pour quelqu'un aux sens aussi aiguisé qu'Elim, la chose était une expérience agréable, qui tranchait avec le reste de la ville, souvent encombrée d'odeur de bière éventées ou d'autres choses moins avouables.
Et pour une fois, il pouvait se permettre de ne pas passer en coup de vent, laissant une liste griffonnée sur la table de la demoiselle. Pour une fois, il allait même se permettre de discuter avec elle.
Le cabinet étant fermé aujourd'hui, et nulle mission n'étant à l'horizon, l'idée de passer un petit moment avec la belle apothicaire suffisait à remplir son cœur de joie.
Le calme presque légendaire de la demoiselle faisant comme une bulle autour de l'argenté qui au contraire semblait avoir toujours ses émotions à fleur de peau.
La demoiselle n'arrivant pas, le médecin prit sur lui d'enfin s'accorder un instant de confort, s'asseyant sur la banquette qui ne manqua pas de l'absorber, son corps s'enfonçant dans un coussin si moelleux qu'il fut pris d'un instant de panique, avant de se laisser aller.

Presque allongé, il poussa un profond soupir de contentement, savourant le parfum des coussins autour de lui, fermant pour une fois ses yeux avec un léger ronronnement. Si d'habitude il ne pouvait se permettre un tel luxe, c'était l'ambiance du lieu qui lui inspirait tant confiance. Comme si la propriétaire avait mis dans le mélange de parfum une sorte d'herbe supplémentaires.
Mais peu importait pour le médecin, car il manqua presque de s'endormir tant il était bien. Ses pensées vagabondèrent un long moment, papillonnant d'Yvana à Céleste qui devait toujours dormir à l'heure qu'il était.

Le sommeil... C'était une denrée rare que le loup ne trouvait qu'avec difficulté. Sa vie était si chaotique que ce dernier était un luxe difficilement abordable. Entre les patients qui arrivaient sans prévenir, et ceux qui pensaient que le petit hybride leur devait quelque chose...
L'appel de la belle apothicaire fit bouger ses oreilles. D'abords lentement, puis plus rapidement à mesure que ses yeux papillonnaient, s'ouvrant avec difficulté.
Ses deux yeux jaunes découvrirent avec ravissement le visage de son amie, et ce, avant qu'un large sourire ne barre son visage.

-Bonjour Peppi, navré, votre petite boutique est si calme... Je crois que je me suis un peu assoupit en vous attendant... Mais il serait difficile de faire autrement, l'endroit est si agréable.

Dit il en s'extirpant péniblement du piège moelleux dans lequel il était tombé. La tache ne fut guère aisée car le corps de l'hybride réclamait un peu de douceur. Les quelques nuits passées en compagnie de Celeste lui ayant rappelé que le sommeil réparateur était en déficit.
Cela et un peu de chaleur humaine... Tant de choses que le loup avait abandonné avec son village natal. Réussissant à se redresser sur ses coudes.
Parvenant à reprendre conscience, il hocha la tête avec joie

-Ce serait un vrai plaisir, si votre thé est à la hauteur de vos parfums, vous êtes sure de m'avoir ici pendant quelques temps.

Dit il en se redressant, parvenant à regagner le sol de la boutique. Lissant ses cheveux en bataille et sa queue qui l'était tout autant, il dut la retenir à deux main pour éviter de renverser les objets alentours.
La joie la faisant battre de droite à gauche de façon presque frénétique.
Rougissant devant cet excès d'émotion devant la belle demoiselle qui semblait toujours parfaitement composée.

-Navré, c'est juste que... j'aime vraiment votre boutique, son ambiance, son parfum. Elle me rappelle une boutique qui était dans mon village.
Et vous... enfin...

Il n'osa en dire plus. Sa façon de se tenir, son aura en générale. Sur bien des aspects, le loup avait l'impression de voir sa mère. Avec des cheveux sombre et aucuns traits animaux.
Parfois, il devait se retenir de lui tomber dans les bras tant son instinct lui hurlait qu'il avait face à lui sa génitrice. Offrant un sourire en guise d'excuse à son amie, il l'a suivit jusqu'à son salon ou le thé serait servit.
Grimpant sur une chaise avec prudence, il s'installa juste en face d'elle, la fixant longuement avant de lui sourire avec un air innocent.

-Je suis heureux de vous voir, vous laisser une note pour les commandes est une chose, mais j'aime passer un peu de temps aussi avec vous.

Les stocks étaient une chose. Mais le contact avec la demoiselle était à chaque fois une expérience. Elim la voyait comme une grande dame, distinguée et dont les manières lui faisait penser à la noblesse. Celle dont il avait tant lu les us et coutumes dans les livres.
A vrai dire, Peppi était pour le médecin l'exemple même de quelqu'un d'élégant, sa peau d'albâtre lui faisant penser à une poupée de porcelaine.
Saisissant sa tasse de thé, il trempa les lèvres dans le liquide chaud, ne pouvant s'empêcher d'arborer un large sourire.
Pour ces sens aiguisés, la boisson était un bain apaisant. L'arôme délicat des feuilles de thé calmant son odorat sans cesse agressé. Ses traits de firent plus détendus à mesure qu'il buvait.

-Ton thé est fantastique... A se demander si tu n'y infuse pas une petite dose de magie. J'ai fait beaucoup de salons différents... Mais c'est encore ici qu'il est le meilleur

Dit il en oubliant le vouvoiement. Trop respectueux de la demoiselle, il n'aimait guère vouvoyer quelqu'un qu'il estimait, sa culture ne se prêtant guère à trop de cérémonie verbale.
Déposant la tasse dans sa soucoupe, il prit une grande inspiration, ses oreilles dressées sur son crane n'entendant que le calme des environs.

-Comment se passent les affaires ? J'imagine qu'avec les rumeurs, tu dois être débordée de commande en tout genre ? Des aventuriers aussi bien que de la guilde.

La horde approchant donnait à la ville une activité frénétique. Les aventuriers fourbissant leurs armes, alors que les marchands en tout genre faisaient des stocks en prévision du siège à venir.
Et le loup ne faisait pas exception à la règle. Son pouvoir était très utile, mais ne suffirait peut être pas à contenir l'afflux de blessés qui se préparait