Hypanatoi Konostinos
Behemoth - Aventurier
Bronze
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- Date d'inscription :
- 17/11/2021
- Gils :
- 30383
- Disponibilité Rp :
- Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
- Messages :
- 883
- Métier :
- Aventurier
- Couleur d'Essence :
- Rouge
- Familia :
- /
- Style d'Arme :
- Lance longue
- Rang :
- Obsidienne @@@@@
- Puissance d'Essence :
- 46408
On pouvait en apprendre beaucoup sur une ville en fermant les yeux. Hypanatoi en avait toujours été convaincu, et sa cécité n’avait fait que renforcer cette opinion. Lorsqu’il déambulait dans les rues de Portalia, il pouvait entendre les conversations de la populace. Les cris affairés, comme les murmures pressés. Il pouvait, sans avoir besoin de comprendre la teneur de ce brouhaha, connaître la qualité des paroles qui le composait. Avant même qu’il ne perfectionne son usage des langues, il avait compris comment simplement faire la différence entre le parler d’un noble, celui d’un érudit et celui d’un gueux. Que l’on vienne de son Empire ou de la confédération d’Atium, que l’on ait le teint pâle comme un habitant des montagnes ou bronzé comme celui d’un faiseur d’amulette de Falouejd, certaines choses restaient les mêmes, intrinsèquement liées à la nature même de la pensée. Un être intelligent réagissait de manière naturelle à certains stimuli et à certaines conditions, et seuls les plus nobles, ceux dont le potentiel accordé par une naissance plus grande et une éducation capable de le stimuler, pouvaient sublimer ce réflexe. Personne ici ne le faisait. Petit Caillou, cet être au nom naïf, ne faisait qu’incarner de manière évidente et visible un mouvement qui empreignait les habitants de la cité maudite. L’ironie était cruelle, mais Hypanatoi ne la trouvait aucunement amusante : la créature risquait d’être vue comme lui voyait les habitants de Portalia. S’il ne doutait aucunement de leur bienveillance, il était tout aussi assuré de leur influence néfaste.
Et il savait par-dessus tout que le leur expliquer était inutile. Comment ces pauvres bougres auraient-ils été capable d’entendre son message ? S’ils en avaient été capables, ils se seraient d’eux-mêmes attachés à prendre les mesures que ce constat réclamait. Ce n’était pas le cas, et il avait, la mort dans l’âme, l’impression de délivrer l’esprit des roches à un funeste destin. C’était une chose que de mener le bœuf sacré à la crinière cendrée au sacrifice. Sa mort était bonne juste, et son sang bénissait durablement l’autel et plaisait aux dieux et aux divins, et son sacrifice montrait la dévotion des fidèles. Le rituel en lui-même se justifiait tout seul : le pratiquant, par la concentration totale et minutieuse qui était attendue de lui, se dépassait et sortait grandi de l’ordalie. Mais ce n’était pas Petit Caillou qu’il allait sacrifier ici : c’était son futur. La créature était un agglomérat brut et protéiforme de potentialité, et son extérieur dur et rigide cachait un esprit malléable. Ne pas lui offrir la meilleure alternative possible, c’était lui faire le plus grand tort que l’on puisse faire à un être aussi jeune que lui. C’était brader son futur. Peut-être aurait-il pu s’en charger, se répéta-t-il une fois de plus. Peut-être. Mais il n’était pas un bon pédagogue. Il ne l’avait jamais été. Ses talents s’exerçaient dans des domaines excessivement limités, et sortir de ces derniers était pour lui autant que pour les autres quelque chose de très mauvais.
« Ici, fit-il en désignant au petit être perché sur son épaule la grande rue qu’ils allaient traverser, s’étend l’artère principale de la cité. Sur ta gauche, les gens échangent les fruits de leur labeur contre ceux du labeur de leurs pairs. Ne t’inquiète pas si les coutumes de l’endroit te semblent étrange. Il te faudra prendre le temps de les comprendre, et ne pas te presser. Demande, et demande encore, et si d’aventure quelqu’un devait refuser de t’expliquer quelque chose ou se moquer de toi, passe ton chemin. C’est une vermine mauvaise, qu’il convient de garder au large. »
Il se retint d’ajouter qu’il convenait également de la rosser, voire de la mettre à mort, suivant la gravité de l’injure. Mais les affaires d’honneur faisaient autant partie des choses les plus essentielles que des affaires les plus complexes, et il savait qu’il n’aurait pas été intelligent d’encombrer l’esprit de sa nouvelle connaissance aussi rapidement. Il reprit rapidement, craignant que ce dernier ne l’encombre de nouveau d’un barrage de question. Se questionner était utile, dès lors que l’on possédait les connaissances nécessaires pour rendre cette démarche productive. Ce n’était pour l’heure pas le cas.
« Je vais te mener à la guilde des aventuriers. C’est un endroit dans lequel j’ai mes aises, et qui à l’habitude de s’occuper de gens différents. De gens comme toi et moi. Ils sauront te fournir un cadre structurant. »
Avilissant, aussi. Par tous les divins, il ne s’en était ni jamais autant voulu depuis qu’il s’était réincarné ici, ni n’avait autant douté de la sagacité de son action. Une voix discrète, tout au fond de lui, persistait à persifler à et insister : elle lui disait qu’il trahissait le petit être. Qu’il abandonnait par facilité ce dernier à un destin indigne, qu’il se fabriquait des excuses pour avoir à se décharger d’un fardeau dont il ne voulait pas. C’était là une chose terrible, et il se sentait plus indigne encore en se disant qu’il ramenait à soi-même un problème qui concernait avant lui une créature encore naïve et innocente.
Il aurait donné beaucoup, beaucoup de choses pour être simplement confronté à un adversaire insurmontable. Cela, il pouvait facilement le comprendre. Il suffisait de serrer les dents, et de chercher ses limites. Puis de les dépasser. Cela était simple, et facile et familier. Mais manier un individu si frais et épargné des vicissitudes du monde que son nom aurait facilement pu se faire synonyme d’innocence et de potentiel était autrement plus délicat. Hypanatoi était, comme il avait pu le constater à de très nombreuses reprises, paré de qualités innombrables. La délicatesse n’en faisait pas réellement partie.
Et il savait par-dessus tout que le leur expliquer était inutile. Comment ces pauvres bougres auraient-ils été capable d’entendre son message ? S’ils en avaient été capables, ils se seraient d’eux-mêmes attachés à prendre les mesures que ce constat réclamait. Ce n’était pas le cas, et il avait, la mort dans l’âme, l’impression de délivrer l’esprit des roches à un funeste destin. C’était une chose que de mener le bœuf sacré à la crinière cendrée au sacrifice. Sa mort était bonne juste, et son sang bénissait durablement l’autel et plaisait aux dieux et aux divins, et son sacrifice montrait la dévotion des fidèles. Le rituel en lui-même se justifiait tout seul : le pratiquant, par la concentration totale et minutieuse qui était attendue de lui, se dépassait et sortait grandi de l’ordalie. Mais ce n’était pas Petit Caillou qu’il allait sacrifier ici : c’était son futur. La créature était un agglomérat brut et protéiforme de potentialité, et son extérieur dur et rigide cachait un esprit malléable. Ne pas lui offrir la meilleure alternative possible, c’était lui faire le plus grand tort que l’on puisse faire à un être aussi jeune que lui. C’était brader son futur. Peut-être aurait-il pu s’en charger, se répéta-t-il une fois de plus. Peut-être. Mais il n’était pas un bon pédagogue. Il ne l’avait jamais été. Ses talents s’exerçaient dans des domaines excessivement limités, et sortir de ces derniers était pour lui autant que pour les autres quelque chose de très mauvais.
« Ici, fit-il en désignant au petit être perché sur son épaule la grande rue qu’ils allaient traverser, s’étend l’artère principale de la cité. Sur ta gauche, les gens échangent les fruits de leur labeur contre ceux du labeur de leurs pairs. Ne t’inquiète pas si les coutumes de l’endroit te semblent étrange. Il te faudra prendre le temps de les comprendre, et ne pas te presser. Demande, et demande encore, et si d’aventure quelqu’un devait refuser de t’expliquer quelque chose ou se moquer de toi, passe ton chemin. C’est une vermine mauvaise, qu’il convient de garder au large. »
Il se retint d’ajouter qu’il convenait également de la rosser, voire de la mettre à mort, suivant la gravité de l’injure. Mais les affaires d’honneur faisaient autant partie des choses les plus essentielles que des affaires les plus complexes, et il savait qu’il n’aurait pas été intelligent d’encombrer l’esprit de sa nouvelle connaissance aussi rapidement. Il reprit rapidement, craignant que ce dernier ne l’encombre de nouveau d’un barrage de question. Se questionner était utile, dès lors que l’on possédait les connaissances nécessaires pour rendre cette démarche productive. Ce n’était pour l’heure pas le cas.
« Je vais te mener à la guilde des aventuriers. C’est un endroit dans lequel j’ai mes aises, et qui à l’habitude de s’occuper de gens différents. De gens comme toi et moi. Ils sauront te fournir un cadre structurant. »
Avilissant, aussi. Par tous les divins, il ne s’en était ni jamais autant voulu depuis qu’il s’était réincarné ici, ni n’avait autant douté de la sagacité de son action. Une voix discrète, tout au fond de lui, persistait à persifler à et insister : elle lui disait qu’il trahissait le petit être. Qu’il abandonnait par facilité ce dernier à un destin indigne, qu’il se fabriquait des excuses pour avoir à se décharger d’un fardeau dont il ne voulait pas. C’était là une chose terrible, et il se sentait plus indigne encore en se disant qu’il ramenait à soi-même un problème qui concernait avant lui une créature encore naïve et innocente.
Il aurait donné beaucoup, beaucoup de choses pour être simplement confronté à un adversaire insurmontable. Cela, il pouvait facilement le comprendre. Il suffisait de serrer les dents, et de chercher ses limites. Puis de les dépasser. Cela était simple, et facile et familier. Mais manier un individu si frais et épargné des vicissitudes du monde que son nom aurait facilement pu se faire synonyme d’innocence et de potentiel était autrement plus délicat. Hypanatoi était, comme il avait pu le constater à de très nombreuses reprises, paré de qualités innombrables. La délicatesse n’en faisait pas réellement partie.
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Lun 20 Juin - 12:40