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Bronze
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J’avais quitté l’hôpital aussi tôt qu’on m’avait laissé faire. Je n’avais aucune intention d’y trainer, ce n’était pas allongé dans un lit qu’on guérissait de ses blessures. Du moins, pas si on voulait reprendre de l’activité au plus vite. Mais je n’étais pas fou non plus, je n’allais pas tenter un marathon au milieu des rues de Portalia pour vérifier si j’avais toujours de l’endurance. De toute façon, la question ne se posait pas : non, je n’en avais aucune. C’est le souffle court et éprouvant le besoin de me reposer régulièrement que je traversais la ville. Mon corps était fatigué, pas juste à cause des blessures, j’en étais certain. C’était comme si, en échange de me sauver la vie, ce monde avait aspiré une partie de mon entrainement. Ou alors c’était vraiment juste les blessures, mais j’avais décidé de blâmer ce monde alors il était hors de question que je l’admette.
Je ne saignais plus comme une outre percée, au moins. Tout affiliés à l’ordre – du moins à mes yeux – qu’ils fussent, les médecins de la guilde avaient fait du bon travail. Mais j’allais avoir besoin d’un suivi, potentiellement d’aide pour les blessures internes qu’ils devaient me rester et, de façon générale, d’un contact avec un médecin indépendant. Je n’avais aucune intention d’aller me rendre gentiment à l’église et d’obéir à un Ordre qui me séquestrait. Si je ne pouvais pas rendre justice à mon maître – ce que j’avais du mal à accepter – je pouvais au moins conserver ce qu’il me restait de liberté.
Alors j’avais suivi le bouche-à-oreille. Je n’avais quasiment aucune ressource, et je n’étais pas en état de promettre un contrat gratuit en échange de service. Du moins, pas dans l’immédiat. On m’avait dit : « t’es pauvre ? va au quartier nord ». Ce qui est une information toujours utile quand on n’a pas de boussole… Mais trouver le quartier nord avait été assez facile. Il suffisait de suivre les regards de dédain ou de pitié des gens quand on leur demandait la direction. Et une fois sur place… disons que les lieux ne manquaient pas à leur réputation.
J’allais aimer cet endroit.
Pour une fois, j’étais heureux qu’il fasse jour. Ce n’était pas le genre de quartier dans lequel trainer mon corps cabossé en pleine nuit… Les questionnements se firent plus prudents. Il s’agissait de ne pas faire savoir à la mauvaise personne que j’étais une proie facile. Mais force est de constater que tout affaibli que j’étais, je savais encore trouver une information. Car c’est tout au nord du quartier, à la bordure de la ville, que je me retrouvais bientôt devant une bicoque en ruine.
S’il y avait un médecin là-dedans, j’étais au moins certain de ne pas payer cher…
En m’approchant, mon regard glissa sur une gravure maladroite de caducée. J’étais au moins au bon endroit. Mais qu’allais-je trouver : un médecin désœuvré trop bon et trop… pour ce monde, ou un charlatan peu recommandable et même pas doué dans son charlatanisme au vu de ses revenus.
Quoi qu’il en soit, je ne pouvais qu’avancer prudemment et m’annoncer pour le savoir. Machinalement, je remuais la manche pour en vérifier la position du couteau avant de demander :
« Il y a quelqu’un ? »
Je n’avais pas envie de taper à la porte, j’avais un peu peur qu’elle s’effondre, ce qui n’aurait pas été du meilleur effet. Et ce n’était pas les fenêtres, dans leur état, qui allait masquer ma voix de toute façon…
Dernière édition par Zereon le Jeu 3 Fév - 22:43, édité 2 fois
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Sam 22 Jan - 13:26