Le 6ème art de l'orphelinat [PV Yvana & Elizabeth] (Terminé)

C’était un doux début d’après-midi, le petit panda roux dormait sur le sol, il ressemblait alors à une petite peluche sur le sol de cette chambre d’enfant. En parlant d’enfant, ces derniers étaient en plein jeu, ils s’amusaient en prenant le rôle de pirates près d’une des fenêtres de l’orphelinat (bien évidemment fermé).

L'enfant chargé de faire la vigie aperçut alors un élément particulièrement inattendu et entreprit de prévenir le groupe. Un intrus, ou plutôt une intruse, s’approchait des portes de l’orphelinat. Les petits cris d’excitations des enfants attirèrent l’une des collègues de Flufynou, un spectre occupant une armure qui se présentait sous le nom d’Elizabeth. Flufynou aimait beaucoup Elizabeth qu’il considérait comme une collègue chevalier.

Tandis que l’armure vivante questionnait les enfants de la raison de ce brouhaha, une des jeunes filles décida alors de réveiller le panda roux.

« Pourquoi toi avoir réveiller moi ? » demanda le doux rouge.

« La madame de la dernière fois est encore là ! » dit l’enfant, qui ne cachait pas son enthousiasme.

La madame de la dernière fois… mais laquelle ? les bipèdes maléfiques étaient compliqués… ils s’appelaient tous ‘‘monsieur’’ ou ‘‘madame’’ truc ou machin. Parfois, la bipède maléfique qui s’occupait des orphelins avec Flufynou l’appelait « monsieur Flufynou » … le petit panda roux détestait ça. Déjà, c’était déjà « Sire », parce que Flufynou, bah c’était un chevalier, et les chevaliers, ce sont des Sires Machins de Truc. Enfin, le doux rouge avait cessé de corriger sa compagnonne.

« C’est quel bipède maléfique ? » demanda alors le petit panda en sautant pour tenter d’atteindre la fenêtre, sans succès.

« Euh… celle que tu appelles bipède maléfique avec longues oreilles. » répondit l’enfant en aidant le panda à monter.

« Dame Vana ? » demanda le panda roux

« Yvana, monsieur Flufynou. » corrigea la jeune femme qui travaillait avec le doux-rouge.

« Ivana ? » tenta de répéter Flufynou.

« … ça suffira… » soupira Elizabeth « Vous voulez bien allez l'accueillir ? »

Après un petit hochement de tête, le petit panda se rendit rapidement, avec des petits sauts, jusqu’à la porte d'entré et d’un bond surprenant, il parvint à atteindre la poignée et à ouvrir la porte à la demi-elfe. Il se laissa alors tomber lourdement sur le sol.

« Bon nouvel œil, dame Ivana ! »

Le petit panda fit un semblant de révérence, certes adorable, mais, manquant d’appui, il faillit tomber sur les pieds de la demi-elfe. Il reprit cependant merveilleusement l’équilibre avant de continué son discours.

« Vous êtes là pour venir observer les bipèdes maléfiques miniatures ? »

Demanda le chevalier.

Je crois que maintenant que j’avais trouvé ce livre sur Ceelan au centre de documentation avec Salvador, je pouvais rendre celui que j’avais emprunté à l’orphelinat.
Tes parents se sont bien gardés de te dire plein de trucs, on dirait.
Je soupire.
Je ne veux pas croire ce que j’ai lu. Ceelan aurait été… quoi, l’amante de papa ? Ou quelque chose de ce genre là ? Et j’aurais des sœurs, ou des demi-sœurs, peu importe, à moitié dragon, qui seraient mortes y’a plus de deux mille ans ?
Je secoue la tête. C’est n’importe quoi, c’est complètement improbable.
Papa et maman me l’auraient dit.
Ils ne m’ont jamais rien caché, ils me racontaient leurs histoires folles avec tata et parrain, ils m’auraient raconté un truc aussi gros.
Je me sentais vide.
Seule, et désespérément ignorante.
J’avais besoin de réponses, mais je ne pouvais contacter personne ici.
Yva, tu devrais sérieusement profiter d’être à des milliers d’années lumière de chez toi pour penser à autre chose, passer à autre chose, te construire une autre vie. Peut-être que tu ne rentreras jamais en Gaeon.
Doucement, cette impression avait fini par s’emparer de moi. Peut-être bien que je ferais ma vie ici, à Portalia. Peut-être qu’il fallait que j’arrête de nourrir l’espoir insensé d’un jour rentrer chez moi. Peut-être que là-bas, ce n’était plus chez moi.

Je marchais d’un pas lourd, le cœur gros. Je n’arrivais décidément pas à me vider la tête, et c’était bien ce qui me posait problème. Et pour ne rien arranger, j’avais à nouveau des douleurs à l’épaule depuis hier. Je pense que mon bras n’est pas encore bien guéri de la rencontre avec le mille pattes géant…
Mais comment faire ? C’est l’épaule qui a été touchée. La seule chose qui peut me permettre de remettre tout ça en place, c’est de porter un plastron sous mon tee-shirt, qui maintienne mon dos et mon épaule. Même mettre mon bras en écharpe ne me servirait à rien.
Les petits pics de douleur me lancent, j’aurais dû remettre un peu de mélisse sur la plaie, mais elle est refermée à présent, alors ça ne fera plus vraiment effet, de toutes façons. Fichue mission…

J’arrive enfin devant le bâtiment de l’orphelinat. Je regarde la porte de haut en bas, puis je toque. C’est un… Le… heu… Un genre d’animal tout doux qui m’ouvre la porte.
Ah ! Mais si, je me souviens !
Il était dans le public pendant la pièce, je n’y avais prêté que peu attention, vu mon niveau de stress, puis j’avais été complètement été absorbée par le livre que j’avais trouvé. Il était quoi… Un genre de peluche vivante pour les enfants ? Quel était son rôle, ici, au juste ?
Je me gardais de tout commentaire. Après tout, j’avais toujours eu du mal à me sentir à ma place dans la sylve à cause de ma différence, de mon sang « impur », comme ils disaient. Je n’allais pas, moi-même, me mettre à juger les gens sur leurs apparences. Le fait que ce genre de race n’existe pas sur Gaeon n’était pas une raison valable pour faire preuve d’intolérance.
Il s’adresse à moi, avec une voix que je trouve adorable, presque autant que son apparence, et faillit trébucher sur moi. Je crois que je le trouve mignon, ce petit gars boule-de-poils.
Bon… euh… Bonjour. Je...
Il me demande si je suis là pour observer les « bipèdes maléfiques »…. C’est quoi, exactement ?
Euh… Non, non, je ne crois pas… Je suis la pour… euh… Pour rendre ce livre, que j’ai emprunté il y a environ un mois…

Je sors de ma poche le livre de mon sac et le montre au petit animal en armure.
Et euh… excusez-moi, mais, comment dois-je vous appeler ? Vous… vous travaillez ici ?

Dame Ivana ne semblait pas présente pour les bipèdes miniatures. Elle était là pour remettre un livre.
Flufynou connaissait les livres. Les livres, c’étaient des trucs qui avait un peu un goût de miam-miam, mais pas pareil, et que les trucs noirs n’étaient pas bons et que la traque-carotte bipède ne voulait pas qu’il en mange. En plus, la traque-carotte pouvait lire à Flufy et même que c’étaient des histoires de chevalier. Le livre que la bipède maléfique à oreilles pointues avait était-il de cela ?

« Livre ? Livre être ro-man chevalier ? Flufynou aimer roman chevalier, parce que Flufynou être chevalier ! »

Flufynou bougea légèrement la tête pour voir la couverture. Il fut quelque peu désappointé lorsqu’il ne vit guère de chevalier à cheval chassant un très vilain dragon pas beau.
Ce genre de couverture était bien souvent un signe de ses histoires préférées.
La demi-elfe qui répondait au nom d’Yvana demanda alors qui était l’étrange doux rouge qui ouvrait si agilement les portes, et s’il travaillait ici. Exécutant une nouvelle révérence, bien plus maîtrisé cette fois-ci, le doux rouge répondit.

« Flufynou s’appeler Sire Flufynou de Cité Rouillée. Flufynou être chevalier et une ‘‘pérluche’’ du nid de bipèdes miniatures ! Flufynou échange temps contre caillou brillant puis caillou brillant contre miam-miam. Flufynou aimer miam-miam ! »

Le petit doux rouge, plein d’enthousiasme. Ce qu’il disait était vrai : il aimait les miam-miams. Il était même très probable qu’il l’échange une grande partie de ses gils contre ça… enfin, il perdait la majorité de ses cailloux brillants lorsqu’il courrait ou dormait, mais il dépensait une grande partie de son argent ainsi.

Il se demanda alors si la raison de la présence d’Yvana n’était pas une simple couverture pour faire de nouveau une pièce de théâtre. Après tout, les enfants avaient bien aimé, et Flufy était particulièrement intrigué par l’étrange que la bipède maléfique exerçait sur les bipèdes miniatures. Surtout sur celui qui avait pris pour habitude de tirer sur la queue de Flufynou : le vilain et maléfique Rayan.

« Dame Ivana vouloir faire marionnettes vivantes comme dernière fois ? » demanda le doux rouge, les yeux emplit d’étoiles.

« Dernière fois être rigolo, et puis dernière fois, Elizabeth pas là. Alors peut-être Ivana veut montrer marionnettes à Sire Elizabeth de Fruitée ! »

Proposa le doux rouge en sautant habilement sur l’épaule de la nouvelle venue. Il avait pris cette fâcheuse habitude de monter sur les épaules des créatures plus grandes que lui : après tout, elles avaient de plus longues jambes, elles allaient donc plus vite. Et puis de toute manière, il ne pesait pas bien lourd et il avait le poil doux, donc aucune réelle raison de refuser, non ?

« Toi pouvoir entrer, entrer être ouverte. » dit le panda roux en pointant d’un de ses petits doigts la salle où les enfants jouaient aux pirates…

Ces derniers s’étaient d’ailleurs calmés, préparant sans le moindre doute une surprise à Yvana. Peut-être un câlin-plaquage ? se demanda le doux rouge, en tout cas, il se savait bien plus en sécurité en hauteur qu’au sol avec le risque que les bipèdes miniatures lui marche sur la queue.

Ce jour-là était un jour comme les autres à Portalia et surtout à l’orphelinat. Les enfants jouaient et couraient partout comme à leur habitude. C’est fou tout l’énergie qu’un enfant pouvait avoir dans une journée. Et même en se dépensant toute la journée, ils n’étaient pas toujours fatigué le soir venu. Et maintenant que j’avais également Flufynou sur lequel veillé et que je devais apparemment prendre sous mon aile j’avais l’impression d’avoir un enfant de plus. Enfin, ce n’était pas exactement pareil…Je ne saurais vraiment comment l’expliquer. Je pense que ça serait comme moi si j’avais été encore un fruit et que j’avais fini à Portalia. J’aurais été ignorante de bien des choses. Enfin la règle de ne pas montrer ses pépins à tout le monde aurait continuer de s’appliquer mais je pense que vous avez compris l’idée.

Ce petit panda roux était plein de bonne volonté, mais à part les miam-miam comme il disait j’avais du mal à savoir si autre chose l’intéressait. Il y avait un peu les chevaliers mais ça c’était assez normal vu qu’il en était un. D’ailleurs pour lui j’en étais un aussi et j’étais sa collègue. Pourquoi pas après tout ? De toute façon, je n’étais plus à ça prêt avec les enfants. J’avais été tellement de chose durant leurs jeux, le dragon, le méchant vampire, la demoiselle en détresse et j’en passes qu’être une collègue d’un panda roux chevalier finalement c’était simple, vous ne croyez pas ?

Les enfants s’agitèrent d’autant plus tandis que je finissais la vaisselle. Je m’essuyais les mains tandis que j’allais vers eux et qu’ils étaient tous en train de sautiller et de s’agglutiner contre la fenêtre afin de voir la fameuse dame aux longues oreilles de la dernière fois. Je souris en voyant Yvana. Bon je précise qu’il m’a fallu deux fois plus de temps qu’une personne normal pour aller jusqu’à la fenêtre…J’ai beau être dans cette armure depuis un moment maintenant, je crois que je ne m’y habituerais jamais. Trop lourd et encombrante…J’étais si svelte et légère avant…

Une des enfants avait réveiller Flufynou qui l’appelait dame Vana.

Yvana, Monsieur Flufynou le corrigeais-je.

Je voulais l’envoyer lui pour la recevoir alors c’était mieux qu’il sache un tantinet bien prononcé son prénom tout de même, non ?

Il répéta en essayant de corriger mais ce n’était toujours pas ça. Je soupirais, blasée et me disant que ce n’était pas gagner. On allait faire avec de toute façon. Je me doutais que les enfants voulaient préparer quelque chose à notre invité, donc il nous fallait gagner encore quelques minutes avant l’entrée de celle-ci et Flufynou serait la diversion idéale.

…ça suffira…Vous voulez bien allez l’accueillir ?

Celui-ci parti sans autre forme de procès et tant mieux. Il était donc temps de voir avec les enfants ce qu’ils voulaient faire pour Yvana.

Nous n’avons pas beaucoup de temps les enfants. Des idées sur l’accueil surprise que vous voudriez faire à dame Yvana ?

Des sortes de bout de papiers de toutes les couleurs qu’on lui envoie dessus ?

S'il me voyait au niveau du visage je parle, il verrait qu'un sourcil est haussé en mode c'est une blague. Mais étant inexpressive avec ma tête d'armure je me contentais d'une simple question.

Tu veux faire le ménage ?

Le petit garçon me regarde et fais signe que non en faisant la moue. Je caresse le haut de sa tête dans un geste affectueux.

Alors non. D’autres idées ?

Refaire un bout de la pièce qu’elle nous a appris et finir par une ruée sur elle pour un gros câlin ?

Je rigole face à cette idée. Intéressante et sûrement très plaisante pour eux. Ils avaient l’air encore à fond dans cette pièce en tout cas.

En place alors les enfants aller chercher vos beaux costumes. Ne faites pas tout le spectacle une scène par exemple suffira à montrer à dame Yvana que sa pièce vous a marqué et vraiment plu. Je suis sûre qu’elle sera très contente.

Tandis que les enfants se préparaient sur les minutes qui leur restait avant l’entrée d’Yvana, je partais en cuisine pour préparer le goûter. Quelques cookies maisons ainsi que du jus d’oranges pressées. Bon pas sûre que les enfants manquent vraiment de vitamines mais le jus d’orange restait une valeur sûre et il faisait bon donc des boissons chaudes n’intéresserait pas grand monde je pense. Alors que le jus serait frais, lui.

J’étais toujours contente de voir à quel point les enfants étaient enthousiastes de voir les aventuriers qui passaient faire leur passage de rang ici. Ils avaient pu faire déjà pas mal de pièce de théâtre différente et à chaque fois ils étaient particulièrement conquis. Yvana étant une de celle qui les avais le plus marqué. Je me demandais quel était l'objet de sa visite d'ailleurs. Voir les enfants, où s'il y avait autre chose. Il me semblait qu'elle avait emprunter un livre de la bibliothèque de l'orphelinat. Donc il y avait au moins deux possibilités. A voir si c'était l'une d'elle ou encore autre chose. De toute façon, elle n'aurait pas de mal à avoir ce qu'elle venait chercher je pense.

La petite créature m’explique qu’elle passe son temps à l’orphelinat pour acheter à manger, et qu’elle s’appelle Sire Flufynou de… Je sais pas trop de quoi. J’imagine que si je l’appelle Sire ça devrait aller… ? Euh… J’imagine ? Je ne sais pas trop à vrai dire.
Ou Flufynou tout court peut-être ?
Je ne savais pas trop. Les sires de chez moi ont plutôt tendance à ne pas trop aimer quand on oublie leur titre. Mais cette petite créature semblait tellement mignonne et tellement douce que j’avais du mal à croire qu’elle puisse s’insurger d’une telle chose.
Ouais… Mais si t’as un doute, peut-être que le mieux c’est de ne pas omettre le titre alors.
Je pense en effet que c’est le plus sage.

Je m’apprête à lui répondre, lorsque d’un bond, il saute sur moi et s’accroche à mon épaule, à deux doigts d’écraser Gustave au passage.
Touuuuu Zou tounounounou….
Ah, oui, c’est sûr qu’il devait pas être super content. Heureusement que personne d’autre que moi ne comprenait la langue Mougni, parce que les insultes du petit Gus étaient fleuries. Je lui mets une petite tape sur le haut du champi.
Eh, on parle pas comme ça aux gens. T’as même pas une égratignure !
Je secoue la tête de gauche à droite.
Excusez-le… euh… Sire Flufynou, mais il n’a pas l’habitude de partager mon épaule. Il va apprendre ! que j’ajoute dans la direction du champignon.
Rien à faire : Gustave boude. Ça lui passera, et de toutes façons, ça évitera les Gustavastrophes, c’est pas plus mal. Est-ce que le petit animal peut être affecté par les spores d’ailleurs ? Mmmh… Je suis pas sûre que ce soit très éthique de vérifier, de toutes façons.
Ouais, t’es plutôt sûre que ça l’est pas, j’espère.

Nous entrons dans la grande pièce de l’orphelinat, et alors là, je reste scotchée.

Les enfants, tous, sans aucune exception, ont revêtu leurs costumes de la pièce que nous avions monté ensemble, et sans aucun préambule, se remettent à jouer la scène du combat contre Férin, en récitant à la perfection leur dialogue. Enfin… A la perfection, pour des enfants qui ne l’ont pas récité depuis un mois. Un mois, c’est long, pour se souvenir de dialogues !!!

Les trois Tristan et les deux S’Orcha sont à l’arrière plan en train de se battre avec les gardes avec leurs épées en bois. Au premier plan se passe le reste de la scène : la jeune fille qui joue ma maman druidesse asperge d’eau son voisin, un prêtre ennemi, qui, sous le coup de ce « maléfice », se met à faire du croche pied, à côté de Férin, ne pouvant donc plus l’aider à avancer.*
- Mais c'est quoi… euh… çaaaaaa ? hurle le prêtre.
- Prêtre ! Aidez-moi à avancer ! Mon corps… euh… j’ai pas de corps sans… sans votre aide, je suis bloquée !
- Je peux pas ! Je suis bloqué ! Je peux plus…  euh… avancer mes pieds, je peux pas me… concentrer…  pour vous faire avancer, déesse Férin !
Les enfants balbutient, mais arrivent malgré tout à terminer leurs répliques, en me jettant des œillades paniquées. Je leur fait le plus beau sourire que je ne suis jamais parvenue à faire, et je sens dans les troupes un petit regain de courage.
L’enfant qui joue mon papa s'approche de la Férin bloquée, et pose un caillou sur son front pour la terrasser, et la jeune fille qui joue Férin tombe au sol, alors que mon papa miniature brandit son petit poing en l’air pour montrer sa victoire, puis tous les enfants sortent de leur rôle ou de leur cachette et courent vers moi dans un cri de joie général.

Je me rends compte à ce moment que je pleure de joie avec eux. Rayan s’approche de moi, et me dit de sa toute petite voix fluette :
- Bah, faut pas pleurer !
Je lui souris sous mes larmes, et lui ébouriffe les cheveux.
Non, tu as raison, mais vous avez été merveilleux. Merci pour cet accueil !
Des petits cris de joie et des applaudissements s’élèvent à nouveau, et je ne peux m’empêcher de sourire face à leur bonheur communicatif.

Et si on allait prendre le goûter tous ensemble ?
Je n’étais venue que pour rendre le livre, mais après tout, je n’étais pas à quelques heures près… En réalité, je n’avais pas grand-chose à faire chez moi, alors passer du temps avec les enfants me ravissait plus que tout autre chose.



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* : la scène fait écho à mon passage de rang Argent.

« Flufynou être d’accord ! Champignon pas être poli ! »

Étrangement, le panda avait plus ou moins comprit la créature. Bien sûr, quelques subtilités lui étaient encore inconnues, mais il s’avait que la bestiole n’avait pas été polie. Le doux rouge préféra alors changer d’épaule pour s’éloigner de l’organisme parasitaire. Il tira discrètement la langue, de sorte à ce qu’Ivana ne puisse pas le voir. Il fut alors interpellé par cette dernière, qui l’appelait « sire Flufynou ». Cela faisait plaisir au doux-rouge, qui décida, cependant, de se montrer courtois, comme le ferait un véritable chevalier.

« Juste Flufynou, dame Ivana. Vous être invitée d’honneur. Pas besoin formalité. »

Le panda était très fier de lui. Il en oublia même les insultes du champignon pour se concentrer sur la bipède maléfique. Lorsque cette dernière atteint la salle de jeu où les enfants se trouvaient, elle fut surprise par leur… surprise… Les enfants avaient repris une scène des marionnettes vivantes.

Tandis que la demi-elfe assistait à la pièce de théâtre, le petit panda sauta de son épaule en direction du sol. Pendant quelques secondes, il regarda une partie de la pièce. Cette scène était plutôt sympathique, même si le panda avait l’impression d’avoir déjà vu ça. Sans aucun doute, parce que c’était le cas. Il clopina en direction de la cuisine et réussit à grimper jusqu’à l’une des épaulettes d’Elizabeth. Elle préparait à manger. Bien sûr, vu le poids du panda, il était possible que l’armure vivante ne l’ait pas remarqué. Cependant, quand son ventre fit un gargouillis devant la bonne odeur, il était très certainement repéré.

« Flufynou pouvoir aider à faire miam-miam ? » proposa le doux rouge à l’attention d’Elizabeth. Il pouvait toujours aider à la cuisine, bien qu'il n'était pas très douer, il avait un véritable volonté d'aider.

Je souriais tandis que je préparais les encas et les boissons fraîche. J’entendais les enfants commencer leur pièce en hommage à l’entrée d’Yvana. Ils étaient adorables et c’était bien moins salissant que les papiers volants de partout à devoir ramasser derrière. Sûrement qu’Yvana aurait aidé, mais le but n’était pas qu’elle vienne aire le ménage. Elle venait visiter les enfants. D’ailleurs pas sûre que Flufynou ait été le plus a même de l’accueillir mais c’était le seul que j’avais sous la main qui n’était pas un enfant excité comme une puce. Il était juste un enfant...ne connaissant pas Yvana donc avec la verve en moins de ceux qui étaient en train de refaire un combat de la pièce qu’ils avaient fait avec la jeune femme.

Je sortais de la cuisine afin de vérifier un peu comment ça c’était passé et si j’avais eu un vrai corps, on m’aurait vu sourire chaleureusement. C’était beau de voir ce petit rassemblement puis ses retrouvailles avec pleins de câlins à la clé. Vu que la jeune femme avait les larmes aux yeux, ça avait dû lui plaire de refaire un bout de la pièce. Même si les enfants ne se rappelaient pas les répliques à cent pour cent certainement, cela montrait tout de même que ça les avait marqués. Et ça devait donc lui faire plaisir de savoir qu’elle était un bon souvenir dans leur vie d’enfant.

Honnêtement, je ne savais pas le pourquoi de sa visite. Mais de savoir qu’elle venait et qu’elle semblait vouloir rester me ravisait. J’étais contente que les enfants puissent voir d’autres personnes, que juste moi, Flufynou et quelques membres du personnel. Ceux-ci faisant majoritairement les tâches ménagères et ne s’occupant pas des enfants. Du coup, il n’y avait pas vraiment de lien avec les enfants, mais dans les prochaines semaines je ferais en sorte que ça change.

Je retournais à ma cuisine quand je sentis Flufynou me monter sur l’épaule. L’espèce de Flufynou était clairement plus agile que je ne l’aurais cru. Du sol à mon épaule il y avait tout de même une certaine distance. Dans les deux mètres, facile. Je rigolais d’autant plus en entendant les gargouillis de son ventre. Cet animal...il était plus goinfre que chevalier...Je l’avais senti arrivé après tout être Or pour ça se révélait bien. Je pouvais ressentir les essences. D’ailleurs il faudrait que Flufynou prenne plus de temps pour s’entraîner. Il flânait beaucoup trop à mon avis. Il était là pour m’assister et protéger les enfants si besoin était et en étant Bronze il ne ferait pas le poids contre beaucoup de choses...

Je devrais lui en toucher deux mots plus tard. Mais pour l’instant j’allais le laisser tranquille. On avait une invitée de marque dont il fallait s’occuper. Et on avait aussi les enfants qui devaient avoir faim. Ils l’avaient sûrement emmené dans le petit salon pour manger autour de la table basse comme à leur habitude. Généralement ils s’asseyaient tous autour de la table basse sur le tapis. On manquait de chaise, chose qu’il faudrait que je m’occupe aussi à l’occasion. Tellement de choses à faire dans cet orphelinat et si peu de moyens...J’allais encore devoir aller gueuler à la guilde quoi.

Je regarde Flufynou quand il me propose un coup de main.

Cela ira. Je vais éviter que la moitié du goûter ne finisse dans votre panse Monsieur Flufynou.

J’avais terminé de toute façon. Je déposais les divers mets sur un plateau plutôt grand ainsi que le jus de fruit puis allait retrouver les enfants et Yvana. Je déposais le plateau sur la table basse et repartait chercher les verres pour le jus de fruit. Je revins et m’asseyais finalement autour de la table basse avec les enfants servant un verre de jus à notre invitée puis à chacun des enfants.

Comment allez-vous Yvana ? Contente de vous voir. Vous aviez une requête particulière où vous aviez simplement envie de visiter les enfants ?

Je donnais un cookie à Flufynou encore sur mon épaule tandis que deux trois enfants venaient s’installer contre moi.

Cela s’est bien passé votre scène les enfants ? Yvana a été contente ?

Oui c’était trop bien ! Elle a même pleurée. Je sais pas si c’est parce qu’on a pas été capable de se remémorer toute la pièce ou si c’est parce qu’elle était heureuse aux larmes...

Je viens cajoler la tête de l’un des enfants.

Je pense qu’elle était très contente de revivre ce moment avec vous tous, tout simplement. N’est-ce pas Yvana ?

J’emmène doucement les enfants autour de la table basse. C’est au départ assez difficile, puisque ce câlin collectif s’éternise, mais lorsque les enfants voient Elizabeth et le curieux panda roux arriver, l’appel du ventre est trop fort.

Nous nous installons à moitié par terre, certains sur mes genoux, certains sur des petites chaises, mais la plupart en tailleurs sur le tapis, tandis que l’armure de fer nous dépose de l’orangeade et des gâteaux, avant de nous servir un verre à chacun.

Nous discutons gaiement.
Oui, ça m’a fait très plaisir. C’était une très belle surprise, merci à tous. C’est vous qui en avez eu l’idée ?

Je remarque que la petite peluche vivante semble lorgner le plat avec des yeux encore plus grands qu’à l’accoutumée, et lui tend un petit gâteau cuisiné par Elizabeth.
Mais laissons le chevalier Flufynou manger, il semble mourir de faim !
Je ne sais exactement pourquoi, mais ma tirade lance un fou-rire dans l’assemblée.
- Mais, madame Yva, il a toujours tout le temps faim, Flufynou !
- C’est vrai ! J’crois même qu’il mange plus que nous tous réunis !
Les remarques des enfants font rire tout le monde de plus belle, mais je n’ose pas faire plus que lâcher un petit rire discret. Je ne veux pas que la petite peluche se vexe, et ne veuille plus de moi ici.

Eh bien, c’est sûrement parce qu’il est en pleine croissance, comme vous, et qu’il a besoin de beaucoup manger pour avoir pleiiiiin de forces.
- Alors moi aussi, j’veux manger pour être fort, lance un petit avant d’élancer son bras vers le plateau.

Décidément, je me sens bien, ici. Mais je me rends compte qu’avec tout ça, je n’ai même pas répondu à la demande d’Elizabeth.
Je sors de mon sac le livre que j’avais emprunté pour la fête, pendant que les petits gloutons autour de moi commencent à se servir.
Oui, en fait, j’avais prévu de… De vous rendre ça. Je vous l’avais emprunté.
J’ai un petit pincement au cœur à rendre le livre qui parle de ma famille, mais après tout, un prêt est un prêt.
Alors, pour éviter d’y penser, je reporte mon attention vers Flufynou, que Gustave essaie d’interpeler avec des petits sobriquets ridicules.
Il faudrait pas que Gus commence à l'énerver... ça pourrait mal se passer.

Et l’après-midi se déroula de cette manière, doux, ensoleillé par des dizaines de petits sourires. Flufynou joua son rôle de peluche à la perfection : il passait de mains en mains, en ronronnant, en feulant, même parfois. J’eus un peu de mal à ne pas identifier le panda roux à un chat, par moments, tant son comportement était similaire. Il se lovait entre nous, en boule, sa petite queue fouettant l’air, les oreilles pourtant toujours aux aguets du mot « miam ». Dans ces moments-là, il était capable de se relever d’un bond, de courir jusqu’aux cuisines pour harceler Elizabeth, et ne revenait qu’une fois son larcin commis : un morceau de bambou entre les pattes. Ce petit être était, sans aucun doute, la source de chaleur qui se dégageait de l’orphelinat, malgré le quartier, malgré les conditions difficiles dans lesquelles ces enfants grandissaient, malgré la honte d’être orphelin, ou le dédain de la Guilde. Flufynou balayait tout ça par sa simple présence, et tout le monde s’en voyait ravi.

Et pendant que le panda roux jouait avec les enfants, puisqu’il n’y avait pas d’autres mots, à vrai dire, j’eus le temps d’apprendre à connaître Elizabeth, et je pus discuter avec elle un peu plus calmement. Elle me raconta quelques éléments de son passé – qui aurait cru que cette grande armure aux yeux spectraux cachait en réalité… un fruit ? – et me fit part de sa dévotion auprès des enfants, qui étaient devenus une forme de famille pour elle. Elle me décrit son rôle, et son rôle, c’était tout : elle faisait tout, à l’orphelinat. Elle s’occupait des repas, des enfants, matin, soir et nuit, leur lever, leur coucher, leurs douches, leurs chagrins, leurs jeux, leurs bêtises, leurs rares tours dehors, les rares visites de potentiels parents. À croire que cette femme n’était jamais fatiguée – et en réalité : elle ne l’était jamais, puisqu’elle avait investi une armure vivante sous forme de spectre. Je pris difficilement la mesure de tout ce qu’Elizabeth était capable d’abattre à elle toute seule dans cet orphelinat. Si elle n’était pas là pour eux, c’était bien simple : l’orphelinat fermerait ses portes. Oh, il y avait bien quelques bénévoles qui l’aidaient parfois pour s’occuper du ménage, d’un accident pipi pendant la nuit, des repas, ou du rangement, de la tenue de l’établissement. Mais, la plupart du temps, Elizabeth s’en chargeait elle-même, en véritable couteau suisse indispensable au bon fonctionnement de cette petite entreprise.

J’étais pleine d’admiration. Après les épreuves de vie de cette femme, elle était capable de se dévouer corps et âme – enfin, surtout âme – pour une tache que la Guilde lui avait confiée, et qui était devenue ni plus ni moins que sa raison de vivre. J’en avais le souffle coupé. Quelle leçon d’humilité ! À côté de ça, moi, je continuais de me plaindre de ne pas retrouver mes parents, de ne pas savoir comment rentrer chez moi, de ne pas savoir quoi faire vis-à-vis de mes sentiments.
Oui, enfin, comme d’habitude, tu te prends la tête quoi, rien de bien nouveau.
Je me rendis compte à quel point mon arrivée sur Portalia avait tourné autour de mon propre nombril, tout ce temps. Il était temps que ça change.

Aussi, déposai-je ce pourquoi j’étais venue : ramener le livre que les Enfants de l’Argile que j’avais emprunté, forte de mes nouvelles convictions, remplie du bonheur d’avoir vu sourire ces petites têtes blondes, et de l’abnégation dont faisaient preuve Fluflynou et Elizabeth.

Il me fallait me bouger, par Chronosia !