Brèves de comptoir [Featuring Paul en Chat] (Terminé)

« -HEY MARCEL MA BIERE ELLE ARRIVE !!! beugla un client complétement éméché
-Moi c’est Patrick je te l’ai déjà dit…
-Ouai c’est pareil, c’est beauf ! »

S’il y a une chose que le jeune Montataire avait appris avec le temps, c’est qu’il valait parfois mieux ignorait les ivrognes notoires que de rentrer dans leur jeu. Ceci était d’autant plus vrai que son patron, le fameux Marcel, avait déjà fait des saisies sur salaires à Patrick pour dégradation des locaux, casse de bouteilles ou encore harcèlement moral. Car oui, plus d’une personne avait porté plainte contre lui sous prétexte qu’il avait cassé des nez ou des dents. Si dans d’autres circonstances l’homme à la coupe mulet aurait déjà fini à la geôle, Marcel aimait bien se tempérament qu’il arrivait à maitriser. Patrick protégeait ainsi les serveuses de sa taverne comme il protégeait ses propres sœurs, qu’il trouvait d’après ses dires « vachement fraîches ». Ceci n’empêchant pas cela, le Portalien avait bien tenté d’en draguer une ou deux, mais les marques de main sur le visage lui rappelèrent que ce n’était pas forcément une bonne idée d’être si entreprenant.

La soirée suivait donc son cours. Il y avait dans le fond de la taverne des gardes de la guilde dans un état second, qui se servaient des breuvages à leur portée pour oublier les expéditions de la vielle. Affalé sur le comptoir, il y avait ce fameux habitué dont on ne savait toujours pas s’il s’agissait du frère du propriétaire ou juste d’un homme voulant noyer son chagrin dans l’alcool. Ce qui était sûr, c’était que Patrick le considérait comme un riche homme, car ce dernier dilapidait son argent en spiritueux et pourboires, bien que les filles en reçussent plus que lui. L’homme à la coupe mulet remplit donc deux pintes du divin breuvage à base de malt, avant de les apporter à la table du gueulard qui refaisait à présent le monde avec son ami

« -Ouai et puis d’abord Portalia est au portaliens, les étrangers moi je dis ils devraient retourner chez eux !
-Abuse pas José… Ils piquent peut-être nos femmes, mais sans eux Portalia serait diffèrent !
-Ouai je confirme, sans eux la taverne aurait déjà fait faillite… ajouta un Patrick qui déposa la commande, avant de reprendre T’es peut-être du coin, mais eux au moins ils savent régler une note, l’ardoise ça existe pas chez eux visiblement !
-Mouhahahaha
-Tu te prends pour qui ? »

C’était bien connu, seule la vérité blessait. Alors que l’homme ivre commença à scander des noms d’oiseaux à Patrick qui n’y prêtait guère attention, la porte de la taverne claqua et instinctivement, l’homme à la coupe mulet se retourna vers cette dernière. De celle-ci apparu un chat se tenant sur deux pattes. Si Montataire avait l’habitude de ce genre d’énergumène, encore plus depuis l’ouverture du portail, ça le rendait toujours toute chose.

La nuit était tombé sur la belle ville de Portalia. Dans la pénombre de celle-ci, nous pouvions observer un félin gracieux se balader à travers celle-ci. Élancé et élégamment vêtu, il parcourait les rues de la ville. Son pelage d'un blanc éclatant et sa queue touffue ne laissait pas les autres félins indifférant. Elle avait un regard perçant qui vous pétrifiait sur place et à côté de cela, vous avez ce chat au poil court.
Il était roux et on voyait qu'il n'était pas des plus fins. Il avait aussi des charmes, mais bien loin de ceux de son homologue. Il avait aperçu cette charmante féline et l'avait suivi au loin, mais ne sachant pas quoi faire d'autre, il était parti se balader. Il aurait bien été boire un coup chez les valkyries, mais il voulait continuer de découvrir cette belle ville.

Je ne savais pas où me rendre. Que faire, mon excl... ami n'était pas disponible, il semblait devoir s'occuper d'une mission importante. Il m'avait donné l'adresse d'une autre auberge où je pouvais me rendre afin de me poser. Il essaierait de m'y retrouver afin de pouvoir prendre un verre si jamais il trouve le temps. Baissant les yeux sur la carte, dessinée comme par un babomoche, je déchiffrai les quelques inscriptions afin de trouver la dît auberge.
Arrivant à destination, je commençai à entendre des remous à l'intérieur de l'établissement. Poussant la porte ce lui-ci, je pénétrai dans une demeure bien différente de celle des charmantes valkyries. Cela sentait la sueur et la bière, ses nombreux occupants avaient l'air assez bourrus et justement, non loin de l'entrée, des gardes semblaient se prendre la tête avec le tavernier. Écoutant l'échange, je distinguai une grande incohérence dans les paroles d'un des gardes. Il insinuait que les Portaliens étaient seul maître de la ville et que les invoqués n'avaient pas à être ici. Mais... Mais... Je ne pouvais laisser une telle connerie sans réponse.

« Excusez-moi, mais j'ai entendu vos paroles et j'ai du mal à comprendre votre réflexion. Vous estimez que les portaliens sont prioritaires sur les invoqués, mais les portaliens sont des descendants d'invoqués. Il n'y a pas un problème dans votre réflexion. »

Je vois le garde me regarder de haut, ce qui n'est pas compliqué, et il me réponds en me dégageant du pied.

« Dégage sac à puce, comment un putain de chat peut réfléchir mieux que nous. Tu n'es qu'une erreur d'invocation de la part de l'ordre. Estimes toi heureux que nous soyons là pour te protéger. »

Alors que son pied me pousse, je me décale afin de ne pas trop me faire toucher par ses bottes pleines de terre. Je m’époussette doucement afin de retirer les quelques traces de poussières avant de m'approcher de lui et de lui patpat doucement la jambe. Je ne peux rien contre un pareil abruti, je ne vais pas me fatiguer.

« Vous avez raison, je ne peux comprendre. Je ne suis qu'un simple chat sans pouvoir. », sur la fin de mes paroles, je produis une petite flamme pour embrasser son pantalon avant de me faufiler loin de la scène.

Arrivant au niveau du bar, je m'installe sur un tabouret avant de commender.

« Un verre de lait et un saucisson Tavernier, s'il vous plait bien. »

La lapine m'avait appris que je devais être un peu plus poli si je voulais survivre en ce monde. Cela me fait mal, mais on va essayer de suivre ses conseils.

Patrick trouvait la scène qu’il avait devant les yeux bien cocasses. En effet, un homme lambda tentait de flatter son égo en dénigrant le client qui venait d’arriver. Il s’agissait d’un homme chat, une race pas si commune dans le coin, mais suffisamment présente pour ne pas non plus la traiter de monstre. La petite créature remis à sa place le client éméché, avant de rejoindre le bar où Montataire était de service. L’énergumène pris le premier tabouret présent avant de lui lancer sa commande

« -Un verre de lait et un saucisson Tavernier, s'il vous plait bien.
-Avec une lichette de liqueur dedans ? C’est offert par la maison, j’ai bien aimé votre façon d’envoyer paître l’autre débile !
-FAIS PAS TROP LE MALIN OU JE VAIS VOIR TON BOSS ! ajouta l’homme éméché
-Tu veux que je l’appelle ? »

Répondit le barman alors que le silence de son interlocuteur se fit sentir. Durant ce même laps de temps, Patrick prit le temps de servir deux verres de laits à son interlocuteur, un avec liqueur de café et l’autre sans. Le portalien ouvrit ensuite un placard dissimulé sous le bar, où il sorti un petit saucisson nature, qu’il découpa en tranches avant de le servir sur une petite planche en bois à son client. Une fois le chat satisfait de sa commande, ce dernier lui tendis la monnaie pour payer la commande. C’est au même moment que Patrick lui lança

« -Pour le verre de lait nature c’est pour moi, on m’a toujours dit de boire un verre de soft après un verre d’alcool ! Une tradition portalienne sans doute… Sinon pour le saucisson j’en ai aussi aux noisettes, au fromage ou des un peu plus exotiques. »

Patrick se remit à nettoyer des verres et à surveiller le moindre client dont le verre était vide, et ça tombait bien, un jeune garde affalé dans un coin tendait un verre vide dans les airs, signe sans doute qu’il voulait une autre tournée.  Le jeune homme s’exécuta et alla jusqu’à ladite table, avec une pinte bien fraîche, récupéra le verre vide, avant de retourner derrière son comptoir, car c’était là qu’il se sentait le mieux. Face à lui, se dressait toujours ses deux pattes le chat qui léchait le verre de lait comme si c’était une gamelle. Montataire trouvait ça bizarre, mais il était qui pour juger. En effet, il lui arrivait lui-même de faires des loufoqueries, comme se taper contre des arbres quand il a trop bu. Le barman laissa son client boire, mais il ne put s’empêcher de l’interrompre, car ce dernier l’intriguait

« -Tiens je me demandais, vous n’êtes pas du coin je suppose ? Du moins n’êtes pas portalien d’origine sinon je vous aurai déjà croisé plus tôt. Ah ouai sinon moi c’est Patrick, mais les gens ont tendance à m’appeler Patoche ici, sauf ceux que je peux pas blairer ! »

J'avais une certaine impression comme si le temps s'était arrêté pendant je ne sais combien de temps. Si, je devais le mesure, j'aurai dit 2 mois à vu de truffe, mais cela est sûrement du aux différentes perturbations que je ressens depuis mon arrivé dans ce monde. J'ai l'impression d'avoir oublier des événements, mais je n'arrive pas à m'en souvenir et je dois ainsi faire avec. Je ne prête pas plus d'intention à l'homme qui a pris feu. Ce n'est plus mes affaires, je préfère regarder le barman qui me sert ma boisson avant de me proposer de rajouter une liqueur dedans. Je ne sais pas ce que c'est, mais cela ne doit pas être mauvais.

« Je veux bien merci. », répondis-je au barman.

J'essaie de continuer d'appliquer mes bonnes résolutions afin de ne pas m'attirer plus d'ennuis que je peux le faire actuellement. J'observe mon interlocuteur à la coupe assez particulière. Celui-ci me sert mon verre avant d'y rajouter une substance à l'odeur prononcée. Il me questionne par la suite sur la nature du saucisson que je désire par rapport à ceux qu'il possède dans sa réserve. Je n'ai pas d'idées particulières, mais il m'annonce qu'il en possède un au fromage. C'est quelque chose que j'apprécie fortement, je décide donc de me laisser tenter par celui-ci.

« Je prendrai celui au fromage. »

Je me lèche les babines d'avance avant de commencer à laper ma boisson. Des les premières gouttes, je sens un choc électrique parcourir mon corps. Je n'ai jamais ressenti cela, sauf peut-être la fois où j'ai mis la patte dans une prise électrique. Ce n'est pas désagréable, mais c'est assez surprenant au premier abord. Je continue de boire mon lait alors que le barman me ramène mon bout de viande.
Celui-ci commence à me questionner sur mes origines.

« Vous n'avez pas beaucoup de chat dans le coin. J'ai croisé une elfe qui m'a dit qu'elle en connaissait une dans sa familia, mais oui en effet, je ne suis pas originaire de ce monde. Je viens d'en endroit plus calme, même si on y retrouve des rats qui reviennent à la vie en mode zombie ou des monstres tentaculaires qui vous attrapent pour vous dévorer. Rien de très rassurant en soit, mais cela reste normal. Vous n'avez pas des lapines de plus d'1m qui ne tremblent pas quand on les patpat. J'en suis déçu, c'était une activité que j'affectionnais beaucoup et en plus je suis obligé de porter des vêtements. Cela est des plus inconfortables surtout que je risque d'y mettre le feu quand j'utilise mes pouvoirs. »

Je soupire en pensant à mes problèmes. Je dois continuer à m’entraîner pour acquérir une meilleure maîtrise de mes pouvoirs.

« Sinon, vous avez souvent des cons comme ce type ? »

Le chat qui se tenait sur ses deux pattes, lui décrivit le monde duquel il était originaire, ce qui avait le chic de toujours autant fasciner Patrick. En effet, il s’agissait de la question que le jeune homme posait régulièrement à ses clients exotiques, car non seulement il était curieux, et qui plus est, cela lui permettait d’en connaître davantage sur des mondes qu’il ne visiterait probablement jamais. Son client d’un jour lui expliqua également qu’il trouvait les vêtements d’un inconfort le plus total, ce que Montataire comprenait tout à fait, lui-même pratiquant le nudisme quand il se retrouvait seul dans son appartement, particulièrement l’été

« -A qui le dit tu l’ami, moi aussi j’aimerais bien me trimballer torse poil dans la taverne, mais non seulement mon boss n’apprécierait pas, sans doute par jalousie, mais qui plus est, c’est un coup à se blesser inutilement… ajouta l’homme à la coupe mulet qui scruta vers la cuisine si le patron ne l’avait pas entendu. Des lapines de plus d’un mètre ? hum c’est marrant que tu me dises ça, j’en ai déjà vu une de temps à autres dans Portalia, tout comme j’ai déjà croisé un homme cheval ou une femme à barbe et à quatre bras ! »

Montataire racontait ses rencontres à la fois étranges et surprenantes, mais le chat ne semblait pas totalement l’écouter, comme transporté dans ses pensées les plus lointaines.  Alors que le jeune homme allait lâcher l’affaire, son client l’interpella au sujet de la personne ivre. En effet, il souhaitait savoir si ce genre de personnes venait régulièrement ou non dans son bouiboui

« -Aussi souvent que je change de slip, à vrai dire les pochtrons font tourner la boutique et font partis du décor ! Dans l’ensemble ils sont relativement sympas, même si certains ont l’alcool mauvais, mais ça, c’est la nature qui nous a fait ainsi et on peut rien y faire… répondit Patrick avant de laisser un léger blanc et de reprendre Généralement pour calmer le problème, on va les voir, leur demander de se calmer et si cela ne suffit pas, je les attrape par le colback et je les vire aussi vite qu’ils sont rentrés… Quant à mon patron, lui il préfère les taper à la serpillère ! Non seulement ça fait mal, et en plus l’eau croupie les réveillent et leur purge parfois l’estomac mouhahaha »

Le client semblait fasciné par les propos de Patrick et n’hésita pas à lui demander s’il s’était déjà battu dans la taverne. La question fit rire l’intéressé, qui s’empressa de lui répondre

« -Parfois je me dis que travailler à la guilde serait un boulot plus tranquille que tavernier tellement j’ai les poings abimés par les multiples bastons. Par chance, j’ai toujours eu l’ascendant, car contrairement à eux, je suis sobre et puis s’il y a bien une règle que la plupart respecte, c’est l’interdiction d’utiliser son pouvoir »

Car oui, cette règle était effective dans la taverne depuis pas mal d’années et ce, même avant l’arrivée du jeune homme au comptoir. Son patron lui raconta que la règle datait de l’ancien gérant, qui aurait vu son établissement à moitié cramer suite à une rixe qui a mal tournée. On dit également qu’il y aurait eu un mort collatéral ce jour-là, une jeune serveuse qui venait tout juste de rejoindre l’aventure. La guilde en personne dû intervenir et punir les récalcitrants, serrant au passage la vis aux futurs gardiens qui comptaient dépenser leur argent en alcool. Alors que Patrick se remémorait cet échange avec son client tout en s’occupant des tâches de la taverne, il repensa au passage sur les pouvoirs. L’homme à la coupe mulet avait entendu une multitude de fois parler de pouvoirs, essences et autres carabistouilles dont il ignorait les subtilités. Montataire se demandait régulièrement si lui aussi avait des pouvoirs, mais il partait du principe qu’à son âge avancé, des pouvoirs se serait déjà manifesté. Pour en être certain, il allait poser la question à un érudit

« -Tu m’as parlé de pouvoirs… J’aimerais en savoir plus à ce sujet, car c’est le sujet de conversation de tous les clients ou presque, et j’ai l’impression qu’ils me prennent pour une bille… Genre il y a un âge pour qu’il se manifeste ? Tout le monde peut en avoir ? Je suis même prés à t’offrir une tournée si tu m’éclaire plus à ce sujet ! »

La vie dans ce monde n'est pas des plus facile. Je me sens de plus en plus seul. La découverte de ce monde n'est pas désagréable, mais je suis loin de mes anciens compagnons. Je n'ai plus d'autres chats à qui me confier comme Bygwyr ou encore Silicate. Je ne peux que me reposer sur moi même et cela même si Aleksander est sympathique avec moi. Je ne sais quoi penser alors que je continue de boire le breuvage de l'homme. Je l'écoute m'expliquer sa routine et la vie qu'il a dans cet établissement. Cela n'a pas l'air de tout repos, mais son côté nonchalant et joyeux est agréable. Cela me change des humains négligeant, râleur ou encore discriminant envers ceux de mon espèce.  Je ne peux malheureusement rien y faire à part leur foutre le feu en prétextant un accident. Cela marche aujourd'hui, mais lorsque j'aurai une meilleure maîtrise et que cela se saura car un chat roux qui fait du feu n'est pas une chose anodine. Je pourrai feinter la maladresse, peut être que cela sera quand même crédible et surtout si j'utilise ma petit bouille afin d'attendrir le pauvre cœur de ces débiles.

« Cela ne doit vraiment pas être facile d'être tous les jours entourés d'abruti. Je ne sais pas comment vous faites. Je me rends compte que malgré quelques individus particuliers. Je n'ai pas d'élément dégénéré dans ma race alors que la votre semble remplie individus douteux. Comment faites vous les humains pour survivre alors que la moitié d'entre vous êtes finis à la pisse de rat. »

Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens bien plus libre dans la parole. Cela est agréable de ne pas avoir à se retenir. Cela me refait penser à cet individu complètement débile que j'avais croisé lors de mon entraînement. Je n'avais jamais vu cela de toute ma vie de chat et pourtant j'en ai vu des cons, mais là c'était le pompom. On aurait dit qu'elle avait le cerveau d'un rat dans le corps d'une vache. Elle ne pensait qu'à taper sans la moindre retenu ni réflexion comme un chien enragé et affamé. Ils sont dangereux car ils n'ont aucun discernement.

« C'est si bien que cela la guilde ? Je ne sais pas trop quoi en penser. Ils ont l'air d'un peu tout gérer ici et pourtant cela manque quand même d'un semblant d'ordre comme dans mon ancien monde. Les mœurs sont bien différentes. Pour la règle d'utiliser son pouvoir, vous savez un accident est si vite arrivez, la sûreté est mère vertu. »

Je continuais de boire mon breuvage. Je me demande que faire de ma vie dans ce monde. L'aventure peut être plaisante, je ne vois pas rester ici, c'est trop enfermé pour moi. Autant voir ce qu'on trouve à l’extérieur de ces murailles. L'homme à la chevelure particulière me demanda alors des questions sur les pouvoirs. Je ne sais pas si je suis le plus adapté pour lui en parler.

« Je suis encore récent dans ce monde et dans mon monde, je ne connais pas de magie similaire. En gros de ce qu'on m'a expliqué et de ce que j'ai compris, chacun vient dans ce monde avec un pouvoir. Parfois celui-ci semble caché et peut mettre du temps à se révéler. Quand je regarde, le mien, je peux faire des flammes. »

Je commence à faire une petite flammèche dans ma patte pour lui montrer.

« Pour ma part, j'ai du m’entraîner afin de comprendre le fonctionnement de ce pouvoir. Ce n'est pas quelque chose de naturel, comme ma venue dans ce monde d’ailleurs. »

La flamme commence alors à grandir et je m'agite sur ma chaise afin d'essayer de l'éteindre. Je pose ma seconde patte dessus et je réussi à consumer la flamme. C'est bizarre, j'ai l'impression que mon autre patte est comme froide. Une impression sans doute.

« Bon, je dois encore peaufiner les détails. D'après la lapine, nos pouvoirs sont liés à notre ancienne vie. »

Je soupire un peu en y repensant.

« -Cela ne doit vraiment pas être facile d'être tous les jours entourés d'abruti. Je ne sais pas comment vous faites. Je me rends compte que malgré quelques individus particuliers. Je n'ai pas d'élément dégénéré dans ma race alors que la votre semble remplie individus douteux. Comment faites vous les humains pour survivre alors que la moitié d'entre vous êtes finis à la pisse de rat.

-Faut voir le verre de binche à moitié plein, même si la majorité de ces gens sont des trous du cul, il y a cette autre moitié qui vaut la peine de s’y intéresser ! J’espère que tu en rencontreras rapidement et que tu viendras boire des verres ici pour me les présenter !

Le travail de Patrick l’amenait à voir à la fois le pire et le meilleur de l’humanité, dans toute sa splendeur. Le pire signifiait pour lui les bastons de comptoirs et les propos racistes sur les gens venant des portails. Pour l’aspect positif, il s’agissait de la vue plongeante que sa collègue Bérénice laissait parfois apparaître lors des belles journées d’été. Montataire avait bien tenté de draguer et conclure avec la serveuse, mais celle-ci se contenta de lui dire qu’elle n’était pas du même bord que lui. Pour l’homme à la coupe mulet, cela voulait dire que les deux personnes n’habitaient pas dans la même ville, ce qui était stupide comme raison pour refuser de s’engager. Mais Hitch, un client régulier expert en relations amoureuses, d’après ses dires du moins, lui expliqua en gros que Bérénice était une femme qui préférait goûter aux fruits de mers qu’à la charcuterie. La chat humanoïde continua de taper la discute avec le barman, qui expliqua à ce dernier que la guilde gérait moins bien les affaires dans son pays. Pour le coup, le félin avait raison, car s’il y a bien une chose que Patrick détestait plus que l’alcool mauvais chez les gens, c’était l’administration. La discussion suivi son cours, quand le tavernier demanda à son client s’il s’y connaissait en pouvoir, ce dernier lui répondit et lui fit une démonstration

«- Je suis encore récent dans ce monde et dans mon monde, je ne connais pas de magie similaire. En gros de ce qu'on m'a expliqué et de ce que j'ai compris, chacun vient dans ce monde avec un pouvoir. Parfois celui-ci semble caché et peut mettre du temps à se révéler. Quand je regarde, le mien, je peux faire des flammes. Une légére pause s’installa avant que Polenchat reprenne Pour ma part, j'ai du m’entraîner afin de comprendre le fonctionnement de ce pouvoir. Ce n'est pas quelque chose de naturel, comme ma venue dans ce monde d’ailleurs.

-C’est vachement pratique pour faire des barbecues l’été ça, mais du coup, ça veut dire que tes poils brûlent à chaque fois que tu utilises tes pouvoirs ? lança Patrick qui était adepte des questions idiotes qui reprit ensuite Perso je suis incapable de devenir ivre, malgré des litres d’alcool que je peux ingérer, ça veut dire que moi aussi j’ai des pouvoirs ?»

Le tavernier fît une démonstration au chat en mettant sa tête sous la tireuse à bière avant de boire pendant de longues secondes. Si le spectacle fît rire les convives à proximité du bar, cela dérangea un peu plus le patron des lieux

« -PATOCHE !!!!! Combien de fois je t’ai dit de ne pas boire la bière… La bière, c’est que pour les clients bon sang !

-J’ai arrêté de compter au bout de la centième fois je crois…

-Et en plus tu te fous de ma gueule ?! Ca sera retenu sur ton salaire du mois prochain !

-Pu*** de bordel à cul de pompe à bite ! »

Rouspéta le tavernier tandis qu’il put apercevoir un sourire chez le félin. L’homme à la coupe mulet ne savait pas s’il se foutait de lui car il se fît rabaisser par son supérieur ou parce qu’il était nonchalant, mais quoi qu’il en soit, Montataire appréciait d’avoir rendu la soirée de Polenchat un peu plus joyeuse.

Je me sentais si différent. Il y avait quelque chose de passant autour de moi et je n'arrivais vraiment pas à cerner les choses. Mon environnement devenait flou et ma perception était altérée par une mystérieuse magie qui semblait m’envoûter. Je me demande si quelqu'un était entrain de me jeter un mauvais sort. Cela était peut être le garde de tout à l'heure, mais il ne semblait pas disposer à l'usage de la magie. Je devais m’entraîner à mieux percevoir la magie et l'usage des essences chez les autres. La lapine m'avait parlé de quelque chose dans le genre, mais je ne l'avais écouté que d'une oreille. Je préférai penser à autre chose, surtout que les lapines ne sont pas connues pour être les plus intelligentes.

« Je ne prends pas feu, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme une sorte de résistance. Regardes. »

Je recommençais à faire des flammes lorsque je les sentis m'entourer.

« Que ce passe t'il ? », demandais-je en m'inquiétant.

Tout d'un coup, je sentis mon corps se changer. Était-ce encore un effet du maléfice qu'on m'avait lancé. Je sentais mes perceptions encore évoluer. Les flammes se dispersèrent sans mettre le feu autour de moi. Cela me rassurait, mais par contre je ne comprenais pas pourquoi il y avait autant d'eau autour de moi. Je me demandais,ce qu'il avait pu se passer pendant les quelques secondes dans lesquelles j'étais plongé dans les flammes.

« Patoche, aurais tu l'a gentillesse de m'expliquer la présence d'autant d'eau autour de moi? »

Je continuais d'observer autour de moi et je sais pas pourquoi, mais tout était plus grand et plus flou.

« Je sais pas ce que j'ai, mais les choses sont plus petites et même toi, tu as rétréci. Par contre, je vois juste plus rien. »

Je regardais ma patte et je sais pas pourquoi, mais je n'avais plus de poil. Elle était très pâle et j'avais des doigts comme un humain... Je commençais à prendre peur. Tournant rapidement mon visage partout, je cherchais quelque chose afin de voir pour reflet. Je le vis dans le reflet du verre de la fenêtre et ce que j'y vis m'horrifia.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!! »

J'étais devenu un humain.

Alors que Patrick se remit normalement derrière le comptoir, le félin fît une démonstration de ses pouvoirs au tavernier. Si au début les flammes se tenaient dans le creux de la patte de l’humanoïde, elles s’étendirent rapidement tout autour de lui, avant de se prolonger doucement dans le reste de la taverne. Le chat n’avait visiblement plus de contrôle sur son pouvoir, était-ce dû à un manque d’expérience ou au lait alcoolisé que Montataire lui avait servi. La deuxième solution semblait la plus légitime, car l’alcool et le feu ne font rarement bon ménage. Polenchat commença visiblement à s’inquiéter

« -Que ce passe t'il ?

-Attends parce que c’était pas prévu ça ?»

Répliqua un Patrick prêt à arranger la situation, mais tout de même inquiet. L’absence de réponse du félin ne le rassura pas, si bien qu’il se mit à courir en direction de la cuisine afin de remplir un seau rempli d’eau, qui servait généralement à l’entretien du sol de la taverne. Le tavernier revint rapidement dans la pièce principale, avant de jeter le seau sur son client qui commençait à mettre le feu dans la taverne. Montataire s’excusait déjà par avance au chat qu’il venait d’arroser, car il savait pertinemment que l’eau était leur phobie. L’animal ne manqua pas de l’interpeler en lui demandant pourquoi il y avait autant d’eau autour de lui, chose à laquelle le barman répondit rapidement

« -Bah disons que t’as voulu me montrer tes pouvoirs, mais l’instant d’après t’étais en train de foutre le feu à la moitié de la taverne !

-Patoche t’as réglé le problème ? répliqua le patron du commerce

-RAS Chef, le souci est réglé ! »

Le patron n’écouta même pas la réponse de Patrick qu’il reprit directement ses occupations. Alors que Montataire pensait que les choses rentraient de nouveaux dans l’ordre, Polenchat fît une remarque au barman qui le fit rire au plus haut point

« -Bouhahahahaha ! Visiblement tu viens de découvrir l’état d’ivresse mon gars ! Alors t’en penses quoi ? répliqua Patrick à l’intéressé qui se mis à crier Ouhhh toi t’as l’alcool mauvais… Attends je vais régler ça de suite, ça serait con que tu fasses cramer la taverne ! »

Le tavernier se retourna, commença à fouiller dans des tiroirs pour en tirer tout un tas de plantes, épices et autres condiments. Le jeune homme s’empara d’un verre, commença à écraser des feuilles dans un mortier, puis ajouta de nombreux grains de poivre qu’il broya également. Patrick ajouta ensuite quelques gouttes de tabasco avant de verser la mixture dans un shaker. Le barman attrapa ensuite une brique de lait qu’il venait d’entamer, versa une partie du contenu dans le dit shaker, avant de le refermer et de secouer le tout machinalement pendant de nombreuses secondes. Une fois cela fait, Montataire se retourna vers Polenchat afin de lui vider la mixture dans son verre qui s’avéra vide. Une fois plein, l’humain poussa le verra vers le félin avant d’ajouter

« -Tiens boit ça d’une traite… Je te préviens c’est pas goûtu, mais tu devrais te sentir mieux dans quelques minutes ! »

Le chat hésita un instant avant de boire le dit breuvage, avant de pousser un cri de douleur qui se fit entendre dans toute la taverne. Patrick attendit une réaction de sa part, mais il savait que la boisson le ferait revenir sur terre bien assez tôt. En effet, le tavernier utilisait cette recette pour calmer ses poussées d’ivresse, ce qui fonctionnait la plupart du temps.

Dans la tête de Patrick, les émotions et les images déboulèrent dans tous les sens. Il y a de cela quelques minutes, le tavernier avait un chat en face de lui, maintenant se présentait un homme roux à moitié à poil, mais qui avait les mêmes mimiques et yeux qu’un chat. Ses yeux, cela fît ressurgir des souvenirs de Gérard de la Rive à Montataire, un de ses clients les plus célèbres que les gens aimaient appeler « Le Mutant » ou bien « Le Boucher de Blackiven ». Le barman ne comprenait d’où venait cette réputation, car ce fameux Gérard fût toujours des plus courtois avec lui, et il avait même tendance à lui ramener des souvenirs de ses expéditions. Quoi qu’il en soit, le jeune homme roux semblait désemparé et se mit à attraper Patrick par le colback avant de lui lancer

« -Pourquoi tu m'as transformé en humain, tu m'as empoisonné vil faquin !!!!

-Mais qu’est-ce que tu me chantes ? ATTENDS C’EST DONC MON POUVOIR ??!!»

Le tavernier ressentait autant d’émotion que son client, mais pas pour les mêmes raisons. Le jeune homme venait d’apprendre le concept des essences, mais s’il pensait avoir un pouvoir basé sur l’alcool, il se rendit compte que visiblement, il pouvait transformer les animaux en humains. Ne sachant pas comment réagir, Montataire vit le chat devenu humain se lamenter et se rouler en boule. L’instant d’après, le commerçant alla dans le sens de la boule de poil, bien que ce ne fût pas la meilleure idée

« -C’est vrai que tu pourras plus de te lécher l’entrejambe mouhahahaha ! »

La blague n’eut cependant pas l’effet escomptée, car Polenchat s’était retourné pour répondre à des ignares qui tentèrent de le chambrer à leur dépend. Ne pouvant qu’assister à la scène, Patrick ne pût s’empêcher de rigoler tant la situation était cocasse. Il fallait dire qu’un chat devenu humain crachant du feu, ce n’était pas courant, et encore moins quand il tenta de brûler certains clients. Le tavernier s’empara de deux choppes qu’il balança sur les mécréants, qui repartirent aussitôt. L’ancien félin, tout du moins pour le moment, se retourna rapidement vers le barman avant de lui lancer un regard perçant et une menace

« -Expliques-toi, que m'as tu donné !!!!

-Je pensais que tu faisais un badtrip à cause de l’alcool, du coup je t’ai donné un breuvage à base de plantes pour faire redescendre ton taux d’alcoolémie… Et jusqu’à preuve du contraire, ça ne m’a jamais transformé en chat, mais ça m’a évité bon nombre de maux de tête... répliqua Patrick avant de réfléchir et de reprendre PUTAIN MAIS JE SUIS CON !!!! Si ça se trouve, ça peut transformer les chats en humains mais l’inverse c’est pas possible… Faudrait qu'on aille voir l’Alchimiste et sa Fiche Technique!»

Le jeune homme roux fixa méchamment Montataire tout en se demandant sans doute qui pouvait être l’Alchimiste. Afin de ne pas le faire s’impatienter, mais également éviter que la taverne entière ne crame, Patrick ajouta dans la foulée

« -Je t’avoue mon bro que j’en sais rien, mais cette formule contre la gueule de bois, c’est l’Alchimiste qui me l’a filé, un bon client, si ça se trouve, il pourra sans doute te redonner ta forme animale ! »

Ne laissant pas vraiment le choix à son Patron et à Polenchat, l’homme à la coupe mulet sauta de l’autre côté du bar, invita son client à le suivre, avant de pousser les portes de la taverne et de se mettre à courir dans les rues obscures de Portalia, sentant les flammes de son client et son regard perçant le pénétrer.

« -Dis moi Patrick, sais tu pourquoi ces gens semblent autant me fixer ?

-Je ne sais pas pour… AH mais ouai putain, tu te trimballes la queue à l’air !!! Chez les chats c’est surement courant, mais les humains finissent en cellule s’ils font ça…»

Le chat devenu humain semblait perplexe quant à la réponse de Montataire, mais ce dernier avait déjà connu une nuit au mitard pour exhibitionnisme. A la base, cela partait du fait que le patron de Patrick considérait que ce dernier n’avait pas les cojones assez grosses pour pouvoir se trimballer tout nu dans Portalia avec la pancarte du Rex. L’égo du barman étant souillé, ce dernier s’exécuta, ce qui augmenta le chiffre d’affaire de la taverne de 30% pendant un mois, au prix d’une nuit avec les gardes de l’Eglise. Non pas que l’homme à la coupe mulet n’aimait pas l’Eglise, au contraire il la respectait, juste qu’il aurait préféré passer la nuit avec une gente demoiselle. Quoi qu’il en soit, le tavernier donna sa veste et son marcel à Polenchat, avant de lui lancer

« -Te pose pas de question, mets ça steuplait !

-Arrêtez-vous de courir !!!

-On sait que c'est toi Aleksander !!!

-Ils ont trois grammes dans le pif ou quoi ? Alek est pas rouquemoute !»

Répliqua Patrick alors que la garde continua de poursuivre le duo, qui déambulait dans les boyaux de la ville, à la recherche du fameux Alchimiste. Voyant qu’ils n’arrivaient pas à mettre de distance avec leurs poursuivants, Polenchat demanda à l’homme à la coupe mulet

« -Patrick, tu sais où on peut se cacher, on a des gardes qui nous poursuivent.

-Va te cacher petit gars, tu vas voir tout l’étendu de mon talent !»

Répliqua l’homme à la coupe mulet alors que les gardes avançaient à vive allure sur lui. Une fois à distance, l’un des deux hommes armés s’empressa de dire à Montataire de ne pas bouger, ce qu’il exécuta sans rechigner, bien qu’il y allât de son commentaire

« -OK OK Je me rends… C’est bien moi qui ai volé l’orange du marchand !

-Et ce qu’il se moque de nous en plus… Tu sais à qui tu as à faire ?

-Bien évidemment l’ami, vous êtes le fleuron de la garde impériale de Portalia, vous êtes là pour sauver la veuve et l’orphelin, maintenir l’ordre au sein de ses murs…

-Il t’en reste un peu là… ajouta le plus grand des deux gardes, en pointant la joue de Patrick

-Honnêtement les amis… Je pense que vous avez mieux à faire que de poursuivre et arrêter un homme qui court à moitié à poil dans Portalia non ? Dans ce cas faudrait arrêter tous les hommes animaux, les nagas, les pandas roux et toute la clique qui déambule dans la ville ! Et comment dire, vous avez autre chose à faire non ?

-Hummm… Certes, mais les règles sont les règles !

-Et si on passait l’éponge pour cette fois et en échange je vous offre un repas au Rex avec les boissons !

-Le Rex, Ce boui-boui de Golden Street ? répliqua le plus chétif des gardes

-J’y suis déjà allé une fois c’est vrai que c’était pas mal, puis c’est la taverne de Tyson !

-Marché conclu ? »

Répliqua le tavernier tout en rigolant intérieurement de la réplique du gardien. S’il était vrai que la taverne portait bien le nom du légendaire Tyson Rex, personne ne l’avait jamais vu de ses propres yeux dans les locaux, du moins depuis qu’il avait eu sa calvitie…

Le plus charismatique des gardes et Patrick se serrèrent de façon virile la main, tenant avec l’autre l’avant-bras, comme pouvait le faire les grands pontes de ce monde. La tavernier leur fit un signe de remerciement, avant de les laisser partir d’un côté, allant pour sa part à l’opposée pour rejoindre Polenchat qui se situait dans une ruelle adjacente. Lorsque le natif de Portalia tomba nez-à-nez avec le chat devenu humain, il se rendit rapidement compte que ce dernier était désespéré, à la limite du sanglot. L’homme à la coupe mulet s’avança au niveau de son ami d’un jour, lui tapotant l’épaule avant de lui lancer

« -C’est bon mon gars je me suis occupé des gardes ! Allons voir ce vieux briscard d’Alchimiste »

Répliqua un Patrick qui demanda à Polenchat de le suivre. Le duo s’aventura dans de multiples ruelles, se demandant parfois s’il prenait un raccourci ou un longcourcis. Des regards parfois insistants visaient le roux et l’homme à la coupe mulet, mais ses derniers avaient tendance à disparaître lorsque le tavernier s’amusa à lancer son regard le plus noir. Le natif de Portalia se demandait souvent si son charisme était si puissant que ça, ou si tout était dû à la force du Saint-Esprit. Les mauvaises langues avaient tendance à dire que Montataire était chauve et que la perruque de Tyson Rex se serait implanté sur son crâne, lui prodiguant une puissance incommensurable. Une théorie qui faisait toujours rire le gérant du Rex, mais qui remettait parfois en doute sa nature profonde. En effet, au plus profond de lui, Patrick s’était toujours connu avec une coupe mulet.

Quoi qu’il en soit, le duo fît un footing qui dura bien un bon quart d’heure, avant d’arriver à l’échoppe de l’Alchimiste. La devanture de la boutique était somme toute des plus classiques si ce n’était les pilastres et sous bassement qui étaient taillés dans le bambou. Le tavernier pouffa de rire, se disant que le Doux Rouge de Portalia ne connaissait sans doute pas ce coin de la ville, sinon la boutique aurait déjà disparu. Patrick s’arrêta devant la porte, son ami d’un jour lui demandant pourquoi il n’entrait pas dans la boutique. Le natif de la capitale se retourna vers la bête à poil devenue humaine, avant de lui expliquer

« -Ca va te paraître con, mais avec Germain… euh l’Alchimiste, on a code propre à nous ! Sauf que je sais plus si on doit frapper deux fois ou trois… »

Le chat lui conseilla la deuxième solution, le tavernier se disant que c’était sans doute en lien avec la fameuse expression portalienne « Jamais deux sans trois ». L’origine de l’expression est discutable. Pour certains marins du port, cela viendrait du fait que chacun a une couille gauche et une couille droite, qui elles-mêmes serait reliée à une poutre. Pour l’ancien patron de Patrick, il s’agissait du nombre de pintes que Tyson Rex commandait simultanément à la taverne. Enfin pour l’omniscient, jamais deux sans trois viendrait du nombre de comptes que les autorités régissant Portalia ont tendance à accorder aux gens. Quoi qu’il en soit, Montataire frappa trois fois à la porte avant d’entrer, suivi par Polenchat à ses côtés. Un étrange vieillard se leva immédiatement de sa chaise, levant ses bras en l’air avant de crier

« -JAMAIS DEUX SANS TROIS PATOCHE !!! T’as pas changé bougre de toi.

-Moi aussi je suis content de te voir ! Sinon dit donc, tu viens plus en soirée… Je voudrais savoir pourquoi Gégé ? Tu me trompes c’est ça ?

-NON NON Du tout… Juste que tu me connais je fais des breuvages… En plus faut se l’avouer Patoche, ta bière c’est de la pisse !

-Putain… Mais comment t’as découvert mon secret ?

-C’est Métaphorique Patoche, c’était juste pour dire que ta bière avait un goût ignoble… un blanc s’installa avant que l’Alchimiste reprenne C’était pas vraiment de la pisse hein ? »

Un malaise s’installa, si bien que l’on pouvait entendre l’unique mouche voler dans la boutique. Celle-ci ne fit cependant pas l’enfeu, car Germain lui balança sa plus rapide claquette qu’elle n’eut pas le temps de voir. Polenchat profita de l’instant pour tirer la manche de Montataire, comme pour lui rappeler que le but de la visite n’était pas de se remémorer le bon vieux temps, mais de lui redonner sa forme normal. Le natif de Portalia interpella donc son client

« -Ouai Gégé ! Même si j’aurais bien voulu tailler une bavette avec toi, c’est pas vraiment l’objet de ma visite.

-D’ailleurs c’est qui ce mec à moitié à poil qui se tient derrière toi ? répliqua l’Alchimiste tout en laissant Polenchat se présenter

-C’est un ami à moi, mais tu vois en fait ce mec, c’est pas un mec, mais c’est un chat !!

-UN CHAT ? Mais t’es bigleux Patoche ! C’est un humain tout ce qu’il y a de plus normal, bon peut être bien poilu pour un humain, mais ça arrive.

-Figure toi que je lui ai fait boire de l’alcool, et depuis le chat s’est transformé en humain… Du coup je me suis dit : « Mais tiens, Gégé a sans doute la solution à mon problème ! »

-Le meilleur alchimiste de la ville, tu as bien fait de quémander mes services hum… »

L’Alchismiste demanda à Polenchat de s’installer sur un tabouret proche du comptoir, avant de se retourner vers une armoire contenant une multitude de fluide tous plus étranges les uns que les autres. Le gérant revint avec environ une dizaine de fioles, dont la plupart n’avait même plus d’étiquettes. Il posa le tout sur le comptoir, avant d’expliquer au duo

« -C’est vachement cocasse, mais j’ai eu une fuite ya pas longtemps qui a enlevé les étiquettes de la plupart de mes breuvages. Je sais que c’est l’une de ses fioles, mais on va devoir les tester, Patoche tu veux bien m’aider ?

-Euh comment ça…

-Bah le meilleur moyen de trouver le bon breuvage, c’est de tous les goûter ! Et je sais que tu as une résistance légendaire… Et puis ça m’embêterait que ton ami me clamse dans les bras vois-tu, que toi…

-Toujours aussi sympa Gégé… »

Patrick commença donc à boire les breuvages les uns après les autres, sous le regard de Polenchat et de l’Alchimiste qui n’en ratèrent pas une miette.

Entrant dans la boutique, je vis Patoche rester sur le pas de la porte sans que je comprenne trop pourquoi. Il commença alors à m'expliquer diverses choses que je ne comprenais pas trop. Il me parlait de code, mais je ne savais pas du tout ce que c'était. Je réfléchissais mais je n'avais que des images en noir et blanc qui me venait à l'esprit.
Des sortes d'écritures avec de faibles couleurs qui n'avaient que très peu de sens pour beaucoup de monde et pour moi aussi justement. Du peu que je sais, il est question de boucles, de pointeurs et de conditions, mais rien de raccord avec notre situation.

La question était qu'il fallait taper deux ou trois fois sur la porte. Je n'avais aucune idée alors j'indiquais à Patrick de taper deux fois sur la porte, au pire c'est pas la bonne solution et il peut potentiellement mourir, mais tant que je ne suis pas mis en danger cela me va parfaitement.
Observant la situation, je vis alors que ce fut la bonne solution et j'en fus soulagé car je ne savais pas du tout comment retrouver ma forme normale si jamais il venait à clamser. J'aurai du expliquer à l'alchimiste que c'était un accident et cela aurait été fort chiant.

Nous rentrâmes alors dans l'échoppe où un vieux se leva d'une chaise avant de venir vers nous tout en saluant amicalement le tavernier. Je les écoutais échanger sur la bière de Patrick dont la provenance était remise en cause. Heureusement pour moi, j'en avais pas bu, enfin j'espère. Enfin, ils commencèrent à aborder mon cas. Patoche lui expliqua que j'étais un chat qui était devenu humain. Il parut sceptique sur le début de l'histoire, mais avec quelques explications, il commença à nous croire. Se dirigeant vers une armoire, il commença à nous expliquer qu'il avait un petit problème car les étiquettes étaient tombées des fioles. Il nous proposa alors d'essayer sur Patrick afin de voir laquelle était la bonne.

« Ne t'inquiètes pas Patrick, je vais m'occuper à t'aider en cas de besoin. »

Je commençais à passer les fioles une par une tout en observant les résultats.

La première transforma Patrick en panda, la seconde fut en femme rousse à forte poitrine et les effets continuèrent alors que sans que je m'en rende compte, je repris ma forme féline. Je continuais pourtant à lui passer des fioles car je trouvais la situation comique et je ne m'étais pas rendu compte de ma situation actuelle.

Un brin perplexe, Patrick fixa un instant la bouteille qui lui rappela le genre de breuvage qu’il pouvait créer, ce qui ne le rassura pas. L’homme à la coupe mulet bu donc la première fiole d’une traite, et avant même une première réaction, il sentit son corps rapetisser, des poils roux poussant sur tous les pores de sa peau. Surprit, le Montataire se demanda en quoi il avait pu être transformé. Fixant l’alchimiste, le tavernier tenta de lui demander un miroir, mais cela ne résonnait pas exactement comme il le souhaitait

« -Patrick être Patrick… Neuf-vies !! Bipède Maléfique !! Patrick vouloir verre qui brille !! »

Le Montataire était devenu un panda roux, ce qui ne manqua pas de faire rire Germain et dans une moindre mesure Polenchat. Le gérant du Rex se rapprocha de Gégé, mais il n’eut même pas le temps de voir son apparence que l’alchimiste lui cola une autre fiole dans le gueule. Le panda roux se mit en position fœtus pour pleurer, quand l’animal commença à retrouver sa forme humaine, du moins c’est ce qu’il croyait. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le natif de Portalia était devenu à présent une femme à fortes poitrine. Le Montataire commença à palper les arguments pour vérifier si c’était bien les siens, le malaise s’installant dans la pièce. Germain y alla de son commentaire

« -Si tu veux je peux t’aider à voir si ce sont les tiens hein !!

-Bah les pattes vieux schnock sinon j’vais devenir ton pire cauchemar… Polenchat, envoie une autre potion ! »

L’ami d’un jour de Patrick s’exécuta et lui envoya une fiole contenant un produit vert peu ragoutant. L’homme à la coupe mulet dû se résoudre à boire le contenant, qui paraissait infâme. Mais avant même qu’il ne pu réagir, le Montataire était devenu une plante carnivore en pot. Ne pouvant bouger il tentait de s’exprimer en bougeant ce qui était assimilé à une bouche. Polenchat pouffait de rire, tandis que Gégé sorti un pot avec des insectes mort qu’il commença à jeter à Patrick les uns après les autres. Le tavernier bouillonnait intérieurement, car il savait pertinemment que l’on abusait de sa gentillesse et qu’il était impuissant. Au passage, le natif de Portalia constatait que Polenchat commençait à devenir de plus en plus poilu, mais une plante ne pouvant parler, il ne pouvait rien lui dire. Germain commença à se lasser de cette forme, si bien qu’il versa le contenu d’une fiole donné par le chat roux dans la gueule de la plante, ce qui fit réagir le tavernier directement. Rapetissant, Patrick vit une longue queue lui pousser ainsi de longue dent. Pour le coup, il ne lui fallu pas longtemps pour découvrir en quoi il était transformé.

En effet, le regard perçant et insistant de Polenchat voulait tout dire, si bien que le Montataire avait peur pour sa vie. Le chat se mit à poursuivre la souris Montataire dans toute la pièce, rendant la situation cocasse pour Germain. L’alchimiste se dû à résoudre à séparer le duo de feu quand ce dernier se mis à casser certains objets de valeurs dans la boutique, dont un œil de verre qui aurait appartenu à l’un des fondateurs de la Guilde. Le vieillard récupéra la première fiole à porter, et versa le contenu sur Patrick. Les situations cocasses s’enchainèrent, quand Germain décida de donner au gérant du Rex une potion pour redevenir humain. La potion marcha car effectivement la potion le rendit humain de nouveau, mais il avait à présent le physique de Tyson Rex, et pour une raison obscure, sa coupe mulet. Polenchat et Germain n’en revenait pas, si bien que ce dernier ne put s’empêcher de réagir

« -Putain de bordel !!!

-Qu’est-ce qu’il y a Gégé ?

-Tyson… Tu ressembles à Tyson Rex !

-Attends tu veux dire le Tyson ? Celui qui a battu un abareth à la cuillère et le Sif à mains nues ?

-Celui là même, mais dans mes souvenirs il n’avait pas de coupe mulet…

-Oh bon sang… s’exclama Patrick qui avait une idée en tête Dis Gégé ta potion elle fonctionne combien de temps ?

-Environ deux à trois heures pourquoi ?

-J’ai ma petite idée… Polenchat tu veux venir ? »

Avant même qu’il n’eut écouté la réponse de son comparse, le Tyson Montataire avait déjà salué et quitté la boutique de l’alchimiste. L’homme à la coupe se dirigea à présent vers le quartier des plaisirs de Portalia, prêt à forger une nouvelle réputation à Tyson Rex.