Marguerite du Psychagité
Pèlerin - Eglise
Bronze
0 Pts
- Date d'inscription :
- 16/04/2023
- Gils :
- 8324
- Disponibilité Rp :
- Disponible
- Messages :
- 118
- Métier :
- Archiviste au Collège des Interdits
- Couleur d'Essence :
- Incolore
- Style d'Arme :
- Aucune
- Rang :
- Sans Rang
- Puissance d'Essence :
- 2919
Aujourd'hui, il est 23h00, et j'ai fini de travailler. Avant, ça voulait dire que c’était l’heure d’aller me coucher, de déposer mes habits soigneusement pliés sur mon bureau, de ranger ma fleur dans mon tiroir, de me détransformer et de me coucher sur la boule de laine sur laquelle je dors habituellement, toujours dans le même tiroir, pour être réveillé demain à 7h.
Mais voilà… Les choses avaient changé. Ce soir, je pliai bien mes vêtements sur mon bureau, je rangeai ma fleur dans mon tiroir, je me détransformai, mais je ne me couchai pas sur la boule de coton. Car ce soir encore, pour la quatrième fois consécutive, je quittai mon bureau, n'ayant vraiment aucune attention d’aller au lit.
À cette heure-ci la Cathédrale était déserte. Elle est toujours ouverte, certes, car l’Ordre ne dort jamais vraiment, mais la plupart des espèces de Portal sont diurnes, donc elle est bien moins fréquentée qu’en journée. Elle est belle, la Cathédrale, la nuit aussi. Tout résonne autrement, et la lumière de la lune à travers les vitraux est, selon moi, encore plus belle que celle du soleil le jour. Je volète allègrement vers le mur ouest; les grosses portes sont fermées la nuit, mais Jerolin laisse toujours la petite porte sur le côté déverrouillée, car comme je vous l’expliquais, l’Ordre ne dort jamais vraiment. Je plonge en piqué sur la poignée avec assez de force pour la faire vaciller… mais la porte ne s'ouvre pas.
Que- Comment ça ? Les autres soirs ça marchait pourtant ! je me lamente en sautant à dix, onze, douze reprises sur la porte, dans l’attente qu’elle daigne s'ouvrir.
- Marguerite, c'est toi ? fait la voix de Jerolin à quelques mètres.
Jerolin a son bureau juste à côté de l'entrée. C'est plus pratique, comme il s'occupe de la Cathédrale et tout. Sauf que d’habitude, à cette heure-là, il dort.
- La poignée est cassée, je réponds, un peu embarrassé d'avoir été pris en plein catimini.
Mais pourquoi devrais-je être gêné d'abord ? La plupart des membres de l’Église ne vivent pas là, ils sortent après leur travail ! Ils vont boire en ville ou je ne sais pas quoi ! Alors pourquoi moi, je…
- Tu n’es pas couché ? Ce n'est pas dans tes habitudes.
- Et alors ? haussai-je les épaules. Je suis pas obligé de faire toujours pareil. C’est toi qui dis toujours que je suis trop inflexible.
- Où vas-tu ?
- J'ai un truc à faire.
- À cette heure-ci ?
- Je travaille, la journée, répondis-je comme s’il s’agissait d’une évidence.
Jerolin pousse un profond soupir :
- Je t'ai déjà dit que ta journée est supposée finir à 18h. Ça veut dire que tu es libre à partir de 18, c'est toi qui insiste pour continuer jusqu'à 23h.
- J’ai l’habitude, j’aime pas changer mes habitudes.
Un moment de silence, comme si j'avais dit quelque chose de bizarre. On dirait que Jerolin se retient de faire un commentaire, mais il dit plutôt :
- Tu t'es fait un nouvel ami ?
Je n'arrive pas à m'empêcher de rougir, alors j'espère que ça se voit pas trop à la lumière de sa bougie.
- N-Non, je… C-C'est juste un… Euh… C'est de l'encre. Et du papier.
- Tu sors à 23h pour de l’encre ? Et juste “de l’encre” ? Sans précision ?
- D-Des fois, c’est pas juste l’encre en elle-même qui est importante, c’est juste la façon de… J’ai les joues qui vont fondre sous la chaleur. Enfin, tu sais !
Jerolin sourit, et j’ai l’impression qu’il ne me croit pas. Je m’apprête à protester, mais il reprend avant que je le puisse :
- Je sais, je sais, s’avança-il les clés à la main. Amuse-toi bien, alors. Je te laisse même faire la grasse matinée demain, ajouta-t-il avec un clin d'œil.
- Je serai là à 7h00, rétorquai-je fièrement en prenant mon envol.
- Marguerite… !
- Si on change une habitude c'est plus une habitude ! lançai-je derrière moi, Je finirai jamais de trier les Archives si je m'y mets pas pareil tous les jours !
C'est vrai quoi, il m'embête à la fin, à me dire de me reposer ! Je suis un professionnel, moi !
- Visiblement il y a des choses qui valent la peine de faire des exceptions ! me cria t-il avant que je n'aie eu le temps de mettre assez de distance entre nous.
Pff, c'est pour ça que je me suis retenu d'en parler avant. C'est pas… Je sais pas ce que c'est. Hmm, à vous, j'imagine que je peux vous le dire, après tout, vous êtes des personnes que j'imagine dans ma tête qui n'existent pas réellement, donc vous ne me jugerez pas.
Cela remontait à quatre jours. Il y a quatre jours, lors d’une sortie quotidienne somme toute habituelle, une chose épouvantable s’est passée : on a volé mon cœur. Et oui, je vous entends déjà, oui j’en ai un, moi aussi. Pff, j’imagine que mes sœurs sauteraient de triomphe en l’apprenant, moi qui avait toujours pensé que je ne les comprendrais jamais sur ce plan-là…
C’est pour ça que ça doit rester un secret, vous m’entendez ? Je ne m’en relèverais pas si on l’apprenait, j’entends déjà Ashandra me dire qu’elle m’avait pourtant bien mis en garde. Ceci étant, le fait que ce soit un “secret” ne voulait pas dire que je devais faire comme s’ils n'étaient pas là, ces sentiments, et c’est pourquoi je me posais à 23h13 sur le rebord d’une fenêtre de la tour de la guilde, juste assez sur le côté pour ne pas être vu de l’intérieur.
Je prends une profonde inspiration, j’ai les nerfs électrisés. Puis je jette un œil à l’intérieur.
Il ne m’a pas vu, ce qui me laisse quelques secondes flottantes où je ne peux m’empêcher d’admirer ces courbes serrées et maîtrisées aux reflets d’ébènes qui luisent à la lumière de la lune, éclairant ses mouvements souples, fluides et ondulants, presque comme une danse secrète réalisée tous les soirs en offrande à la lune, répandant un parfum de bruyère et de suie dans la nuit…
Ça pour sûr, quelle encre sublime, et quelle façon de l’apposer magnifique.
L’écrivain jette un œil vers la fenêtre, donc je me cache à nouveau, ce qui me permet l’espace d’un instant de recouvrer mes pensées. J’ai le cœur qui bat à tout rompre, les jambes faibles et le visage tout gonflé, et je suis déjà à bout de souffle. J’ai envie de battre des ailes, de tournoyer et de sauter à cloche-pieds. Si mes sœurs ne parlaient pas à longueur de journée, je croirais être malade.
Finalement, mon entrain prend le dessus et je bats des ailes vers le plafond, pour me poser sur une des poutres. Je marche en tournant sur la pointe des pieds et en agitant les mains sur quelques centimètres, le temps de me défaire de toutes ces émotions intenses.
Puis je m’allonge à nouveau sur la poutre, pour contempler le spectacle.
Finalement, c’est pas si mal d’être amoureux.
Mais voilà… Les choses avaient changé. Ce soir, je pliai bien mes vêtements sur mon bureau, je rangeai ma fleur dans mon tiroir, je me détransformai, mais je ne me couchai pas sur la boule de coton. Car ce soir encore, pour la quatrième fois consécutive, je quittai mon bureau, n'ayant vraiment aucune attention d’aller au lit.
À cette heure-ci la Cathédrale était déserte. Elle est toujours ouverte, certes, car l’Ordre ne dort jamais vraiment, mais la plupart des espèces de Portal sont diurnes, donc elle est bien moins fréquentée qu’en journée. Elle est belle, la Cathédrale, la nuit aussi. Tout résonne autrement, et la lumière de la lune à travers les vitraux est, selon moi, encore plus belle que celle du soleil le jour. Je volète allègrement vers le mur ouest; les grosses portes sont fermées la nuit, mais Jerolin laisse toujours la petite porte sur le côté déverrouillée, car comme je vous l’expliquais, l’Ordre ne dort jamais vraiment. Je plonge en piqué sur la poignée avec assez de force pour la faire vaciller… mais la porte ne s'ouvre pas.
Que- Comment ça ? Les autres soirs ça marchait pourtant ! je me lamente en sautant à dix, onze, douze reprises sur la porte, dans l’attente qu’elle daigne s'ouvrir.
- Marguerite, c'est toi ? fait la voix de Jerolin à quelques mètres.
Jerolin a son bureau juste à côté de l'entrée. C'est plus pratique, comme il s'occupe de la Cathédrale et tout. Sauf que d’habitude, à cette heure-là, il dort.
- La poignée est cassée, je réponds, un peu embarrassé d'avoir été pris en plein catimini.
Mais pourquoi devrais-je être gêné d'abord ? La plupart des membres de l’Église ne vivent pas là, ils sortent après leur travail ! Ils vont boire en ville ou je ne sais pas quoi ! Alors pourquoi moi, je…
- Tu n’es pas couché ? Ce n'est pas dans tes habitudes.
- Et alors ? haussai-je les épaules. Je suis pas obligé de faire toujours pareil. C’est toi qui dis toujours que je suis trop inflexible.
- Où vas-tu ?
- J'ai un truc à faire.
- À cette heure-ci ?
- Je travaille, la journée, répondis-je comme s’il s’agissait d’une évidence.
Jerolin pousse un profond soupir :
- Je t'ai déjà dit que ta journée est supposée finir à 18h. Ça veut dire que tu es libre à partir de 18, c'est toi qui insiste pour continuer jusqu'à 23h.
- J’ai l’habitude, j’aime pas changer mes habitudes.
Un moment de silence, comme si j'avais dit quelque chose de bizarre. On dirait que Jerolin se retient de faire un commentaire, mais il dit plutôt :
- Tu t'es fait un nouvel ami ?
Je n'arrive pas à m'empêcher de rougir, alors j'espère que ça se voit pas trop à la lumière de sa bougie.
- N-Non, je… C-C'est juste un… Euh… C'est de l'encre. Et du papier.
- Tu sors à 23h pour de l’encre ? Et juste “de l’encre” ? Sans précision ?
- D-Des fois, c’est pas juste l’encre en elle-même qui est importante, c’est juste la façon de… J’ai les joues qui vont fondre sous la chaleur. Enfin, tu sais !
Jerolin sourit, et j’ai l’impression qu’il ne me croit pas. Je m’apprête à protester, mais il reprend avant que je le puisse :
- Je sais, je sais, s’avança-il les clés à la main. Amuse-toi bien, alors. Je te laisse même faire la grasse matinée demain, ajouta-t-il avec un clin d'œil.
- Je serai là à 7h00, rétorquai-je fièrement en prenant mon envol.
- Marguerite… !
- Si on change une habitude c'est plus une habitude ! lançai-je derrière moi, Je finirai jamais de trier les Archives si je m'y mets pas pareil tous les jours !
C'est vrai quoi, il m'embête à la fin, à me dire de me reposer ! Je suis un professionnel, moi !
- Visiblement il y a des choses qui valent la peine de faire des exceptions ! me cria t-il avant que je n'aie eu le temps de mettre assez de distance entre nous.
Pff, c'est pour ça que je me suis retenu d'en parler avant. C'est pas… Je sais pas ce que c'est. Hmm, à vous, j'imagine que je peux vous le dire, après tout, vous êtes des personnes que j'imagine dans ma tête qui n'existent pas réellement, donc vous ne me jugerez pas.
Cela remontait à quatre jours. Il y a quatre jours, lors d’une sortie quotidienne somme toute habituelle, une chose épouvantable s’est passée : on a volé mon cœur. Et oui, je vous entends déjà, oui j’en ai un, moi aussi. Pff, j’imagine que mes sœurs sauteraient de triomphe en l’apprenant, moi qui avait toujours pensé que je ne les comprendrais jamais sur ce plan-là…
C’est pour ça que ça doit rester un secret, vous m’entendez ? Je ne m’en relèverais pas si on l’apprenait, j’entends déjà Ashandra me dire qu’elle m’avait pourtant bien mis en garde. Ceci étant, le fait que ce soit un “secret” ne voulait pas dire que je devais faire comme s’ils n'étaient pas là, ces sentiments, et c’est pourquoi je me posais à 23h13 sur le rebord d’une fenêtre de la tour de la guilde, juste assez sur le côté pour ne pas être vu de l’intérieur.
Je prends une profonde inspiration, j’ai les nerfs électrisés. Puis je jette un œil à l’intérieur.
Il ne m’a pas vu, ce qui me laisse quelques secondes flottantes où je ne peux m’empêcher d’admirer ces courbes serrées et maîtrisées aux reflets d’ébènes qui luisent à la lumière de la lune, éclairant ses mouvements souples, fluides et ondulants, presque comme une danse secrète réalisée tous les soirs en offrande à la lune, répandant un parfum de bruyère et de suie dans la nuit…
Ça pour sûr, quelle encre sublime, et quelle façon de l’apposer magnifique.
L’écrivain jette un œil vers la fenêtre, donc je me cache à nouveau, ce qui me permet l’espace d’un instant de recouvrer mes pensées. J’ai le cœur qui bat à tout rompre, les jambes faibles et le visage tout gonflé, et je suis déjà à bout de souffle. J’ai envie de battre des ailes, de tournoyer et de sauter à cloche-pieds. Si mes sœurs ne parlaient pas à longueur de journée, je croirais être malade.
Finalement, mon entrain prend le dessus et je bats des ailes vers le plafond, pour me poser sur une des poutres. Je marche en tournant sur la pointe des pieds et en agitant les mains sur quelques centimètres, le temps de me défaire de toutes ces émotions intenses.
Puis je m’allonge à nouveau sur la poutre, pour contempler le spectacle.
Finalement, c’est pas si mal d’être amoureux.
000Mots
Jeu 6 Juin - 20:51