Ses yeux se sont ouverts il y a soixante ans. Sur ce monde qu'elle ne connaissait pas, ces étendues vertes, ces forêts, les animaux qui le peuplent. Sa vie pleine d'innocence et d'errance a commencé ce jour-là, alors qu'elle ne connaissait rien ni personne dans ce lieu. Lewi s'est donc amusée à donner des noms aux différentes espèces qu'elle rencontre, aux fleurs, aux plantes, à tout ce qu'elle côtoie. D'ailleurs, de nombreuses espèces pullulent : il y a énormément de cervidés, d'insectes, de ruminants, mais aucun félin ni animal canin. Que des herbivores, des frugivores, ou des omnivores opportunistes. Ce genre d'endroit est loin d'être très courant mais c'est important pour la nymphe qui n'a connu que ça. Le conflit n'existe pas. Les êtres humains non plus. Pas de bipèdes avec qui discuter. Non, juste des biches, et autres animaux ne connaissant pas la peur. Maîtres de cet endroit, ils vivent et dominent ces lieux qui étaient verdoyants dans les premières années de Lewisia. Mais, ces espèces détruisent petit à petit le lieux dans lequel elles vivent : les plantes ont du mal à subsister, la verdure laisse place à des plaines sèches. La rareté des végétaux réduit les populations des espèces, jusqu'à ce qu'un équilibre se trouve entre les deux. Rien qui ne déplait à la nymphe qui accepte les choses sans sourciller, heureuse de vivre dans ce lieu qui regorge toujours de nouvelles choses.

Enfin, nouvelles... Très vite, sur le pan de terre sur lequel Lewisia vit, elle en a fait le tour. L'évolution, comme toujours, étant lente, le temps passe de plus en plus lentement alors qu'elle commence à s'ennuyer ici. Les années, les saisons passent, lentement, trop peu rapidement à son goût. La non-existence des conflits ne rajoute pas ce petit piquant qu'elle aurait pu connaître avec. Non, rien, plus rien à découvrir, plus rien à faire. La nymphe finit par passer son temps à trainer les pattes par moments, espérant trouver de nouvelles choses ou dormir. Oui, voilà, c'est son quotidien : l'ennui. Qui est parfois agrémenté de conversations avec quelques animaux qui se croient tout permis. Rien de bien intéressant dans son cas.

Cela a duré non pas cinq ans, ni dix ans, ni trente ans, mais plus de cinquante ans. Quasiment tout ce dont elle se souvient. Et oui, cela fait moins d'un an que Lewisia a traversé le portail et est arrivée sur la place de Portalia. La surprise a très vite été abandonnée pour laisser place à la curiosité ambiante, découvrant plein de nouvelles choses jamais vues. La première : les rues qui ne sont pas faites uniquement de terre et d'herbe. Puis les bipèdes qui sont très présents ici. Mais aussi ces bâtiments aussi hauts qu'un arbre ! Si grands, si larges ! On peut même rentrer dedans pour s'abriter de la pluie. La nymphe n'aurait jamais pensé qu'il soit possible de créer autant de choses, elle a encore tant à apprendre. En tout cas, cela fait maintenant quelques temps qu'elle papillonne, sans encore comprendre toutes les subtilités de cette vie. Travailler pour manger et se nourrir ne sont pas encore dans ses habitudes, et il faut dire qu'elle a souvent très faim. Pour rester en vie, il lui est même déjà arrivé d'aller manger quelques feuilles ou de l'herbe si les fruits se cachaient… Enfin bref, c'est là qu'en est la nymphe qui ici n'a aucun droit et ressemble même plus à un daim qu'à autre chose.

Lewisia n'est quand même pas très forte comme déesse mineure…

• Dans son monde d'origine, à son premier éveil, son rôle s'apparentait à "écrire de nouvelles lois". Ayant fait trop de boulettes, comme beaucoup d'extinctions d'espèces, on l'a endormie avant de lui retirer ce droit et de remettre sa mémoire à zéro. En gros, elle a empêché tout être vivant de tuer / se nourrir d'autres êtres. Ce qui a complétement détruit l'écosystème de ce monde.

Héhé j'ai enfin fait mon DC "centaure". Voilà voilà ♪ Amusez vous bien.