Arrondir ces fins de mois ~ PV Gazaar (Terminé)

- Venez, venez profiter de cette série limité d'encre qui vous fera voyager ! N'hésitez plus, mesdames et messieurs ! Pour seulement quelques Gils vous pourrez profiter d'une encre à l'odeur de Bruyère, l'idéal pour vous démarquer !

L'exercice était bien rôdé à présent. L'exercice était devenu comme un automatisme pour lui, alors qu'il présentait ces quelques pots d'encre qu'il avait préparé durant tout le mois pour pouvoir les proposer à la vente en ce jour. Petite tactique pour grappiller quelques Gils en plus, avant qu'il n'expédie une partie de cette richesse gagné en direction de l'Oasis. Mais malheureusement, les ventes restaient encore difficile et il était rare qu'il parvienne à écouler tout son stock. Même si l'attrait de l'odeur qui s'émanait de l'encre intéressait les curieux. Il faut dire que l'encre qu'il produisait, si elle n'était pas mauvaise, n'était pas non plus excellente. Et même s'il tâchait de garder un prix "bas" pour pouvoir tenter de faire concurrence à ceux dont la qualité été bien supérieur... Et bien... Il n'était pas encore parvenu à se faire une réelle clientèle... Même s'il c'était fait deux ou trois habitués.

Philippe se payait donc un stand chaque mois sur ce petit marché, prenant soin d'avoir la même place pour habituer les passants. Pour les intriguer aussi, même s'il se disait qu'être là qu'une fois toute les quatre semaines n'étaient peut-être pas la meilleur des tactique pour se démarquer. Il faut dire, qu'il n'avait pas non plus de grande capacité de production. Juste de quoi remplir un petit stand à la fin du mois. Petit stand qui du coup, ne se vidait pas entièrement, même s'il avait remarqué une petite hausse des ventes récemment.

- Vous avez fait le bon choix Madame ! Je suis certains que vous ne serrez pas déçue. Vous saviez que la Bruyère était un symbole de protection et d'amour ?
- Ah oui ? Non, je l'ignorais ! Mais vous faites comment pour ajouter ce parfum ?
- C'est un secret de fabrication, Madame ~

Il laissa échapper un léger rire, agrémentant le tout d'un sourire amicale pour attirer le client, pour rendre le client content aussi. Pour éviter de le faire fuir. C'est après avoir récupéré les pièces de la vente qu'il tendit le pot d'encre en verre, soigneusement emballé, à sa nouvelle propriétaire. Alors que la dame continuait de poser quelques théories sur ce fameux secret de fabrication, essayant de capter un détail dans la réaction du Kelpie qui aurait put l'aiguiller. Mais la malheureuse était loin de se douter qu'elle était à mille lieux de la vérité.
L'encre qu'il vendait était de sa propre création. Une capacité qu'il devait à ce pouvoir évolutif lié à l'essence bleue qui entouraient son âme. Et ce parfum agréable de bruyère qui s'en échappait était tout à fait explicable lorsque l'on avait connaissance de ce détail, mais aussi du fait qu'un buisson de bruyère des marais vivait bien sa vie, solidement enraciné au niveau des épaules de sa véritable forme, mais aussi dans sa crinière et à la base de sa queue. C'était de ce fait, une plante qui le suivait depuis longtemps...

D'ailleurs, il c'était toujours demandé pourquoi la bruyère. Et pourquoi pas une quelconque algue ou une quelconque autre plante. Mais puisque la plante c'était développé quelques mois après son arrivé à l'Oasis, il avait finit par se dire que c'était l'esprit de la Sourcière qui la lui avait offerte. Et qu'au vue du symbolisme de la plante, c'est qu'il devait y avoir un message caché qu'il n'avait jamais vraiment sut décoder. Ou alors c'était simplement la plante que son espèce trimballait. Après tout, jusqu'à présent, il n'en avait jamais vue d'autre. De Kelpie.

- N'hésitez pas, Mesdames et Messieurs ! Il n'y en aura pas pour tout le monde !

Continuant ainsi ses tentatives de numéro de charme, travaille qui le fatiguait d'ailleurs énormément psychiquement, Philippe tentait toujours d'attirer l'attention de ceux qui passaient, tentait de se trouver de nouveau client, tentait de continuer d'essayer d'écouler son stock. Tentait de cacher aussi, derrière ce sourire avenant et ce ton de voix qui se voulait enjoué, un certain pessimisme qui ne cessait de lui susurrer le fait qu'il ne parviendrait jamais vraiment à se trouver une place sur ce marché qui pourtant, possédait énormément de client...

Cela fait déjà huit ans que tu as rejoint Portalia. En tant de temps, tu ne t’es pas attaché le moins du monde à la cité-forteresse car l’Oasis des Réfugiés reste – et restera – toujours dans ton coeur. Les doux souvenirs de tes parents, d’Adrian, de Philippe. Tout semblait bien plus simple avant, lorsque tu n’étais qu’un enfant naïf souhaitant découvrir la vie. Dès le plus jeune âge, on t’a enseigné que l’Ordre a abandonné ton peuple. N’ayant encore guère d’avis critique sur ce sujet, tu n’as pas pris position. Puis, tu as vu Adrian – l’aventurier que tu admires tant – disparaître dans une vaine tentative d’accomplir cette quête de l’Ordre. En arrivant à Portalia, tu as constaté l’état du quartier Nord. Un lieu d’anarchie totale. Est-ce parce que vous – Felinae – avez déserté la cité-forteresse au profit de l’oasis ? Cela ne saurait en être la seule cause. Quand bien même vous étiez de bons gardiens, les autorités auraient dû assurer la sécurité et la protection des habitants de la ville. C’est ainsi qu’au même titre que ton peuple, tu t’es détourné de la voie de l’Ordre. Le Chaos, répondra-t-il à tes questions ? Tu ne te considères pas comme étant un fanatique, encore moins un véritable agent du Chaos. Tu n’as guère participé à l’attaque de Portalia. Ce que tu souhaites, c’est te servir de cette entité pour abattre la présence opressante de l’Ordre qui représente pour toi la première menace de ce monde. Et après l’Ordre, le Chaos devra disparaître à son tour. Car telle est la voie des Déicides, et seulement ainsi la paix pourra être atteinte. Cela correspond à tes idéaux, toi qui ne désires rien d’autre que de voir les différents peuples vivre en harmonie en ce monde, sans aucune menace de guerre.

Beaucoup trouveraient ton allégeance des plus critiquables. Tout simplement car beaucoup ignorent les différentes voies sous le joug du Chaos, et le fait que vous ne parvenez pas à vous entendre entre vous. Seuls les Déicides correspondent à tes idées, et tu juges les autres bien dangereuses. Loin de voir le bol à moitié plein et d’ignorer les problèmes de la Secte du Chaos, tu sais qu’il existe de nombreux fanatiques en son sein – quoique tu aies l’impression que le choix des Déicides tend à se populariser –, votre considération au sein de l’organisation est bien particulière. On vous considère comme des traitres car souhaitant à terme la disparition du Chaos, mais tu ne t’en soucie guère. Un problème toutefois plus important reste que votre organisation était autrefois secrète, mais a été découverte. Est-ce parce que les partisans sont de plus en plus nombreux ? Ou bien parce que certains ont manqué de discrétion lors de l’attaque de Portalia ? Tu ne saurais le dire. Peut-être que les autorités rentreront en guerre interne contre les fanatiques – tant que les Déicides restent épargnés, la situation ne peut que te convenir. Tu es un peu à part, regardant les divers plan de l’organisation de loin. Tu en fais bien entendu partie, mais tu restes l’oreille discrète que tu étais déjà à l’Oasis des Réfugiés. Tu prends juste ce qu’il te faut et ce que la Secte est prête à t’offrir.

Arpentant les rues de Portalia de bon matin, tu évites les recoins les plus affectés par l’attaque de la cité. Ressasser les souvenirs n’apporte rien. Bien que tu sois toi-même un grand nostalgique de l’oasis, tu es de ceux qui cherchent à aller de l’avant. C’est ainsi que tu t’arrêtes alors que tu vois un visage douloureusement familier au loin. Il s’agit de Philippe sous sa forme humaine. Philippe qui a repris l’apparence d’Adrian. Oh oui, tu avais été l’un des premiers surpris en croyant voir l’aventurier revenir d’entre les morts la première fois que tu as constaté la nouvelle apparence de ton ami. Tu ne peux alors t’empêcher de t’en vouloir de tes précédentes pensées. Le temps et les années vous ont peut-être éloignés, mais Philippe reste ce petit frère que tu n’as jamais eu. Il est l’une de tes rares attaches en ce monde, tu ne dois pas l’oublier.

« Philippe, cela faisait longtemps que je ne t’avais pas vu. » affirmes-tu.

Tu t’es approché de quelques pas pour le saluer. Il n’est pas question pour toi de passer ton chemin et de l’ignorer. Tu sais que ton ami a rejoint la Guilde pour avoir un emploi afin de soutenir sa mère adoptive. De son côté, il ignore ton allégeance à la Secte et tu ne peux lui dire. Peut-être s’en doute-t-il au vu de tes idées bien particulières ? Tu déplores votre éloignement, vous qui étiez autrefois très proches. Néanmoins, Philippe aura toujours une place spéciale dans ton coeur.

« J’ai l’impression que tu as encore bien changé depuis la dernière fois. » ajoutes-tu d’un ton léger.

Quand bien même tu sais qu’il s’en est sorti, tu ne l’as pas vu depuis l’attaque de Portalia. Tu ne peux t’empêcher de t’interroger sur l’impact que cet évènement a pu avoir sur lui.

Cela faisait six ans que Philippe c'était installé à Portalia. Cela faisait six ans aussi qu'il était entré dans les rangs de la Guilde et qu'il s'occupait de la paperasse. Mais cela faisait trois ans qu'il c'était spécialisé dans l'accueil des aventuriers et qu'il s'amusait à leur donner les missions ou leur récompense après avoir répondu à celle-ci. Il se souvient être resté un long moment reclus avant d'oser sortir le nez et explorer un peu la ville et ses spécificités. Et c'était d'ailleurs durant l'une de ces "explorations" qu'il avait recroisé le chemin de Gazaar. Que son frère de cœur avait apprit que le Kelpie avait endossé l'apparence de leur regretté Adrian.
Beaucoup de chose lui était passé dans la tête à ce moment précis. Les peurs du rejet qu'il avait subit à l'Oasis à ce moment là, le regard plongé dans une tristesse absolue de sa mère. Philippe avait donc mal réagie ce jour là. Il c'était énervé, c'était mis en colère très rapidement sans chercher à comprendre plus loin. Puis avait de nouveau vécue de façon reclus pendant un temps, de peur de recroiser le regard de celui qui avait pourtant été un modèle pour lui autrefois.

Alors le Kelpie c'était figé un instant quand la silhouette du chat était apparut dans son champ de vision. Il ne sut pas vraiment comment réagir, s'il devait l'ignorer, continuer son jeu de vendeur, ou le saluer. Mais heureusement, il n'eut pas besoin de réfléchir plus à comment réagir, puisque Gazaar venait le saluer. "Oui, ça faisait... longtemps oui..." avait-il lâché, pas trop sûr de lui sur le coup, et s'en voulant encore un peu en vérité.
Enfin. Philippe finit par se détendre ceci dit, rassuré dans le fond de pouvoir le voir en chaire et en os. Lui avait eut de la chance, lors de l'attaque de la cité. Il n'était pas présent, parti pour l'un de ses voyages à l'Oasis, faire protégé ses nouvelles acquisitions littéraire et voir sa mère pour lui remettre en main propre les Gils gagné. Mais lorsqu'il était revenu, sachant Gazaar dans les parages, il avait quelque peu paniqué, espérant qu'il ne fasse pas partie des victimes. Il avait d'ailleurs remué ciel et terre pour être sûr qu'il n'était pas tombé.

- J'ai changé ?.... Tu trouves ?- Pour le coup il était surprit. D'ailleurs, en vérité, il ne savait même pas si cette apparence humaine qu'il avait endossé pouvait vieillir en même temps que lui. Ni même exactement combien de temps il pourrait vivre tout court en faites, même si bon. Il savait pertinemment qu'avec l'essence, les durés de vie était quelque peu.... modifié. Et c'était tant mieux, parce que de ce qu'il savait, les Humains ne dépassaient pas le siècle et il n'était pas vraiment prêt à dire au revoir à sa mère... - C'est peut-être les vêtements ? Je les ai trouvé il y a quelques mois dans la boutique d'un couturier mage. Ils changent en même temps que moi, et j'ai été les faire protéger de l'eau de mer pour éviter les problèmes quand je rentre chez moi.

A comprendre, qu'il les avait emmené à l'Oasis pour qu'une des aquamanciennes s'en occupe. Enfin. Philippe finit par sourire ceci dit, ayant l'impression de retourner dans le passé. Et surtout, agissant comme si rien ne c'était passé la dernière fois.

- Est-ce que tu vas bien ? Tu.... Tu étais ici, quand il y a eut l'attaque ? Tu n'as pas eut de problème ?

Et en lâchant ses mots il prit le temps de le passer en revue, du regard, pour s'assurer qu'il était encore entier. Ignorant en passant son affiliation à la secte du chaos. Ne s'en doutant pas non plus, ignorant jusqu'à même l'existence de cette faction en vérité -en tout cas, pour le moment, puisqu'il l'apprendrait quelques temps plus tard au court d'une réunion particulière de la Guilde- et donc, n'avait même pas la moindre poussière de crainte qu'il ait put participer en tant qu'attaquant.

En tout cas, il se garda bien de préciser qu'il avait tenté de se rassurer en se renseignant sur les morts non identifié dans l'espoir de ne pas le reconnaitre.  

- Il faudra qu'on aille boire un verre tout les deux, à l'occasion, d'ailleurs...- finit-il par lâcher, se demandant si c'était trop tard pour renouer un peu, trouvant aujourd'hui qu'il y avait eut bien trop d'ombre dans leur vie pour continuer à garder cette distance qu'ils avaient creusé...

Il est toujours agréable pour toi de voir un visage familier au milieu de cette foule peu amicale – du moins à tes yeux. Tu n’as pas eu besoin de voir Philippe pour savoir qu’il a survécu à l’attaque de la cité-forteresse. Ton ami n’est plus le petit kelpie perdu et quelque peu naïf que tu as connu il y a bien des années. Bien sûr, son apparence a changé. Sa transformation en humain – sous les traits du regretté Adrian – revèle en toi des souvenirs douloureux. Mais ce n’est pas tout ; à chaque rencontre, tu as l’impression que Philippe est plus terre-à-terre, plus proche du monde réel et de la vie d’adulte qu’il ne l’a jamais été. Vous avez grandi, vous avez vieilli. De ce que tu as compris, ce n’est pas une affection particulière qui le lie à la Guilde mais bien une recherche d’emploi dans le but d’aider sa mère adoptive. Cet aspect là du kelpie n’a guère changé, le trouves-tu toujours avenant à l’égard de ses proches. Une part de toi s’en veut un peu – peut-être autant que ton ami s’en veut lui aussi – d’avoir laissé pareille distance se creuser entre vous. Il s’est passé beaucoup de choses, et la disparition d’Adrian aura été un évènement clef de votre évolution à tous les deux après cette enfance commune.

« Nous nous voyons peu souvent, mais j’ai l’impression que tu gagnes en expérience et maturité à chaque rencontre. » affirmes-tu avec un sourire, « Je pense qu’Adrian serait fier de toi. »

Habituellement, tu ne prodigues guère de compliments, es-tu réputé froid et détaché. Malgré ce reflet de glace qu’il t’arrive de renvoyer, une certaine chaleur émane toujours sur tes traits lorsqu’il s’agit de ton ami d’enfance. Mais surtout, tu penses ce que tu dis. Vous vous êtes peut-être éloignés avec le temps et vos occupations différentes, mais Philippe aura toujours une place dans ton coeur. Ton sourire se dissipe toutefois lorsqu’il est question de l’attaque de Portalia et tu reprends une expression sérieuse. Ressens-tu le remord de ton allégeance à la Secte après ce carnage ? Pas le moindre, tout comme tu n’as pas le moindre attachement vis-à-vis de la cité-forteresse. Tu ne prends pas le plaisir à faire du mal, pas plus que tu ne souhaites la mort d’innocents dans le processus. Si tu estimes que l’Ordre est la principale influence dont vous devez vous débarasser, tu as tout autant conscience de la dangerosité du Chaos. Ces deux entités forment le mal, chacun n’ayant guère la moindre considération pour ceux qui tombent au combat, pour ceux qui sont sacrifiés au nom d’une guerre qui n’est pas la leur. Au fond, le peuple portalien est victime de ces entités à tes yeux. Certains n’en ont tout simplement pas conscience.

« J’étais bien présent lors de l’attaque, mais je n’ai eu aucun problème particulier de mon côté. Je crains en revanche que certains quartiers en aient plus pâti que le mien. »

Sans pour autant te méfier de ton ancien ami, tu sais que tu ne peux te confier sur ce combat qui est désormais tien. Quand bien même Philippe ne porterait pas la Guilde à coeur, il est d’une faction rivale, une faction dont la tienne ne souhaite que la destruction. C’est par affection envers Philippe que tu gardes le secret, ne souhaitant pas le mettre un jour dans une situation de choix cornélien entre sa faction et toi. Tu le mettrais peut-être même en danger en lui révélant quoi que ce soit. Aussi restes-tu évasif, abordant les sujets en surface. Cela te chagrine tout de même de constater que vous n’êtes définitivement plus aussi proches qu’avant, vous qui vous disiez tout. Décidément, beaucoup de choses ont changé avec les années. Pourtant, cela t’inspire toujours la nostalgie de voir Philippe, une nostalgie mêlée à des souvenirs à la fois heureux et tristes.

« Comment va Claudine ? Cela fait longtemps que je ne suis pas passé à l’oasis pour prendre des nouvelles. Que le ciel soit loué, notre chez nous a été épargné par l’attaque, puisse-t-il rester un havre de paix. »

Un havre de paix. Si seulement le monde de Portal pouvait le demeurer. De ton enfance à l’oasis émanent tes idéaux. L’Ordre est le principal responsable de cette guerre permanente. Le Chaos n’est pas en reste, mais tu rêves d’un monde sans dieux, d’un monde sans entités. D’un monde où chacun  vivrait en harmonie avec ce qui les entoure. Se battre pour la paix est pour toi le plus noble des combats.

Ah. Ce genre de changement... Ce n'était pas vraiment l'avis de Philippe, mais probablement qu'étant concerné, il en devenait un très mauvais juge. Il baissa la tête, observant ses encres sans vraiment les observer alors que les mots du chat venaient de toucher la corde sensible. Adrian. Est-ce qu'il serait réellement fier de lui ? Alors qu'il n'avait sut que briser un peu plus encore le cœur déjà bien meurtrie de leur mère ? Alors qu'il avait trouvé le moyen de ne plus vraiment être désiré à l'Oasis après avoir fait un tel choix ?.... Alors oui, il n'était qu'un adolescent à l'époque. Il avait prit une décision hâtive. Et en vérité, il était probable que les regards désapprobateur des autres, n'étaient que le fruit de son imagination. Mais tant bien même.... Celui de Claudine continuait de hanter ses rêves.

- Je ne suis pas aussi certain que toi sur ce point, Gaz'....

Tout ça continuaient malgré lui à le plomber. Tout ça restait encore une blessure bien ouverte, encore bien trop sensible. Et même si la vie dans la grande cité de Portalia lui permettait d'oublier, ça ne lui permettait pas d'en guérir, bien au contraire. Et dans le fond, il le savait qu'il devrait un jour affronter de nouveau réellement l'Oasis pour tourner la page, même si pour l'heure, il restait dans le déni.

Enfin. Maintenant qu'il l'avait face à lui, il c'était empressé de le questionner sur l'attaque. S'il n'avait rien eut. Il put constater visuellement qu'il n'avait rien en tout cas, avant d'écouter sa réponse. Son quartier avait donc été plus épargné si l'on comparé à d'autre. Il n'avait donc pas été inquiété non plus. Tant mieux, tant mieux. Il acquiesça donc, soulagé de savoir qu'il n'avait pas été dans les gros noyaux, et pas non plus blessé. "D'accord" avait-il simplement répondu, alors qu'il ne se posait pas plus de question sur le fait que la réponse c'était contenté de rester en surface. Mettant ça sur le fait qu'il ne souhaitait pas raconter en détails le chaos qui c'était abattu sur la cité, même si de part son travaille, il en avait eut un aperçu dans la paperasse qu'il avait sut traité à son retour. Sans parler des conversations qu'il avait put avoir avec quelques collègues.

Gazaar avait donc continué ensuite, sans vraiment répondre à l'invitation à aller boire un verre, mais en venant le questionner sur comment allait Claudine. Sa mère qu'il avait donc vue pendant que la cité forteresse était attaqué.

- Je ne pense pas que l'Oasis ce fasse attaquer un jour tu sais. La Sourcière veille au grain, ainsi que les Matriarches. - Et il en était profondément convaincu. Encore plus depuis qu'il avait eut l'occasion de lire un nombre incalculable de livre et de dossier traitant sur l'Oasis. Sur cet aspect mystérieux que ni la guilde et encore moins l'eglise, n'avaient réussie à élucider. Visiblement incapable d'imaginer que la légende puisse être vrai. Incapable de penser que l'esprit de la sourcière était toujours là et continuait de veiller sur ces lieux et sur ces habitants - Quant à Claudine. Elle dit qu'elle va bien. Elle sourit. Elle a recommencé à garder les enfants et à leur apprendre à lire et à écrire. Mais je le vois bien que son regard reste éteint. Et que son sourire n'est pas un vrai.... - Il soupire - Elle n'est plus qu'une ombre et je doute que cela puisse un jour changer. Adrian à disparut avec son âme.

Et si autrefois il pensait pouvoir y faire quelque chose, aujourd'hui il était quasiment sûr que personne n'y pouvait quoi que ce soit. Philippe était d'ailleurs persuadé que ce ne serait qu'un retour d'Adrian qui pourrait la sauver. Mais bon. A moins d'un véritable miracle, c'était bien peu probable qu'il fasse son retour aujourd'hui. Après tant d'année.... Bientôt dix ans maintenant. En soit, Philippe ne doutait pas du fait qu'Adrian pourrait survivre aussi longtemps au milieu de nature sauvage de leur monde. Mais.... Il doutait clairement qu'il n'aurait pas fait en sorte de revenir depuis tout ce temps. Et encore moins que la Familia qu'il avait rejoint le considère comme mort sans plus de preuve à ce sujet, après tout ce qu'il avait fait à leur côté...

- Tu n'es pas retourné à l'Oasis depuis tout ce temps, pas vrai ?

Tu touches un point sensible en parlant d’Adrian. Tu t’y attendais, et ton propre regard se couvre d’un voile de tristesse. L’aventurier était important pour vous deux. Tu le vois encore comme une figure, un modèle à atteindre. Sa présence a aussi sûrement forgé votre vie que si vous étiez un trio de frères, veillant les uns sur les autres. Tu ne saurais dire qui de vous deux a été le plus impacté, le plus métamorphosé par sa disparition. Toujours est-il que vous vous êtes éloignés depuis ce jour. As-tu fait exprès d’éluder la proposition de ton ami d’enfance lorsque ce dernier t’a proposé de boire un verre un de ces jours ? Il est difficile de le déterminer. Au fond, as-tu peut-être inconsciemment peur de faire ce pas vers lui. Beaucoup de choses ont changé depuis votre temps à l’Oasis. À commencer par ton engagement dans la secte du chaos. Il peut sembler logique d’un point de vue extérieur et au vu de ton éducation que tu aies finalement épousé la vision des Déicides. Pourtant, tu en es à un stade d’éloignement où tu ne sais si Philippe le comprendrait réellement. Vos chemins, sont-ils destinés à s’éloigner en renforçant la barrière invisible du secret qui vous sépare ?

« Personne n’est parfait Philippe, pas même moi. » affirmes-tu, « Tu as pourtant évolué dans le bon sens, et tu es toujours aussi généreux envers les gens qui comptent réellement pour toi, même si vous n’avez aucun lien de sang. »

Tu ne connais peut-être plus aussi bien ton ami d’enfance qu’avant, mais le message discret que tu souhaites faire passer est qu’il compte toujours pour toi, que tu le surveilles toujours de loin, telle une ombre bienveillante et fraternelle. Vos factions ont beau être officiellement opposées, tu ne mettras jamais Philippe dans le même sac que les autres. Tout semblait bien plus simple, du temps de l’Oasis et sans tous ces jeux politiques. Tu penses que le kelpie a raison lorsqu’il affirme que votre chez vous ne se fera vraisemblablement jamais attaquer. Tu ne peux t’empêcher de faire la corrélation avec le fait que l’Oasis ait été abandonnée par l’Ordre, cette entité cosmique qui ne propage que la destruction autour d’elle. Tu n’as pas une opinion plus haute du Chaos, et ne te soucies-tu guère du surnom de traîtres que l’on vous donne à vous, les Déicides.

« Nous sommes différents, peut-être même étrangers au sein de la cité-forteresse. » tu te retiens presque de dire qu’elle a été attaquée pour une bonne raison, « Prions simplement pour que la paix vienne un jour en ce monde, même si ce ne serait qu’une utopie pour certains. »

Il peut sembler paradoxal que tu possèdes une certaine aversion pour Portalia tout en y vivant. Tout comme il peut sembler paradoxal que tu penses que la violence est nécessaire pour parvenir à la paix. Comment mettre fin à la guerre d’une autre manière ? Ton idéal demande des sacrifices, tu en es bien conscient. Et pourtant, Philippe et toi êtes là, en citoyens de la cité-forteresse dont le coeur bat encore pour l’Oasis des Réfugiés. Comment ne pas penser à l’endroit où tu viens quand tu découvres les traits d’Adrian chez le kelpie ? Cela te rappelle des souvenirs. Des souvenirs à la fois tendres et douloureux. Pour toi, il est évident que l’aventurier est mort, jeté en pâture dans une guerre où il n’a été considéré que comme un vulgaire pion, lui qui valait bien mieux que ça. Lui qui était si important à vos yeux. Bien sûr que Claudine n’est plus que l’ombre d’elle-même – au moins va-t-elle relativement bien. La disparition de ce modèle aura laissé un grand vide derrière elle.

« Adrian a profondément marqué les esprits, c’était quelqu’un. »

Une fois de plus, la tristesse voile ton regard. Tu pousses un léger soupire et secoues la tête, ne sachant que trop quoi rajouter. Philippe te demande si tu n’es pas retourné à l’Oasis depuis tout ce temps. A-t-il deviné que tu t’es également éloigné de ton lieu de naissance ?

« Non, je ne suis pas retourné à l’Oasis depuis tout ce temps. Par peur de voir les souvenirs ressurgir ? Parce que je sens que j’ai quelque chose à faire ici ? Je ne saurais te le dire avec exactitude. Mais il est vrai qu’il faudrait que je revoie ma famille un jour. »

Quelque chose à faire ici ? Cela se rapproche presque d’un aveu. Tu veilles toutefois à ne pas trop en dire. Si tu es fier de ce que ton ami d’enfance est devenu, tu crains plus que tout de ce que ceux qui vous ont connu penseraient de toi s’il découvrent l’étendue de tes secrets. Tu as beau penser oeuvrer pour la bonne cause, tu te doutes que tout le monde ne partagerait pas ton avis, encore moins tes idées. Il te semble presque que Philippe sait rester dans la lumière tandis que tu plonges dans l’ombre. Mais peut-être te trompes-tu.

Adrian, Claudine… Des noms qui raisonnent en toi et te rappellent les bons souvenirs. Oui, malgré la disparition tragique d’Adrian, malgré l’abattement de Claudine, tu gardes les bons souvenirs dans ton coeur. Des souvenirs aussi vivaces que s’ils dataient d’hier, que si Adrian se trouvait encore parmi vous. Tu acquiesces lorsque Philippe affirme qu’il doit tout à ces personnes. L’oasis te manque, tu ne prétendrais jamais le contraire. Pourtant, tu sens que tu as à accomplir une mission ici, surtout depuis que tu as appris l’existence des Déicides et que tu as finalement rejoint leurs rangs. Se battre pour la paix est pour toi une cause des plus nobles. Et la paix ne peux exister tant que ces entités existent. Il y aura toujours des divergeances d’opinion, des conflits ici et là. Mais rien de tel qu’un monde en perpétuelle guerre, avec l’Ordre et le Chaos qui ne considèrent la vie que comme des pions. Tu sais que Philippe n’a aucune foi en ces entités, et qu’il ne comprendrait pas ton raisonnement. L’Ordre et le Chaos existent-ils réellement ? Les gens se battent-ils pour des chimères ? Tu t’es déjà posé la question, à l’oasis. Pourtant, comment expliquer ces invocations ? Les fidèles de l’Ordre ne voient de toute évidence pas qu’en le servant, ils ne font que prolonger la guerre. Peut-être es-tu trop ambitieux, peut-être ta cause n’arriverait-elle jamais à son terme. Pourtant, tu ne peux abandonner en si bon chemin. Si tu arrives à éveiller les consciences, c’est déjà une très bonne chose.

« Je suis réaliste, mais cela ne m’empêche pas de conserver mes idéaux. » affirmes-tu, « Il nous appartient à notre échelle d’oeuvrer pour un monde meilleur, sinon qui le fera ? »

Tu pousses un léger soupir, las. Parfois, tu as l’impression d’avoir mille ans. Tu ne comprends guère l’Église ; peut-être pas pour les mêmes raisons que ton ami, mais tout ceci n’est à tes yeux qu’une gigantesque farce. Les fanatiques de l’Ordre te font presque peur, à être persuadés d’être la voix de la raison. Ceux-là sont particulièrement difficiles – voire même impossibles à raisonner. Pourtant, parfois, une petite voix dans ta tête te demande ce que penserait Claudine ou même Adrian de ton affiliation à la Secte du Chaos. Et Philippe ? Tu crains plus que tout de lire la désapprobation dans leurs yeux. Ils ne comprendraient pas, imagineraient la Secte du Chaos selon les terribles stéréotypes propagés à son sujet. Alors que dans les faits, il existe de nombreux courants – bien qu’ils ne s’entendent pas entre eux. Votre manque de solidarité est peut-être une faiblesse. Est-ce le manque d’organisation qui vous a récemment mis à découvert, surtout depuis l’attaque de Portalia ? L’organisation a longtemps été secrète, bien gardée du monde à l’image des Dark Souls. D’un côté, peut-être est-ce un mal nécessaire pour convertir plus de personnes à votre cause.

« Peut-être... » commences-tu, hésitant, « Peut-être pourrions-nous un jour nous rendre à l’oasis ensemble ? Comme au bon vieux temps. »

La conversation dévie sur l’oasis qui vous a vu grandir. Tu te demandes ce que penserait Philippe de tout ceci. Aurait-il envie de cheminer à tes côtés, après tout ce temps ? Ou les souvenirs restent-ils encore trop douloureux pour lui ? Comme tu regrettes le temps de l’insouciance ! Tu aimerais revenir à votre enfance heureuse, avec Adrian, Claudine et tous vos proches. Néanmoins, tu sais qu’il est inutile de regarder en arrière, que vous ne pouvez refaire le passé, ou même le recréer. Les choses ont changé, Philippe et toi aussi. Tu sais déjà quel chemin tu veux emprunter, mais peut-être l’oasis te permettra de voir plus clair, en ces temps troubles ? Tu as beau avoir sombré dans les ténèbres, tu ne peux revenir en arrière sur tes engagements. Mais peut-être seras-tu plus en paix spirituellement. Toujours est-il que l’idée de faire une mission accompagné de ton ami d’enfance te met de la baume au coeur.

Es-tu surpris par la vision des choses de ton ami ? Non, et tu ne lui jettes pas la pierre. Tu comprends ce point de vue – bien que considéré égoïste par certains – de ne pas voir plus loin que l’endroit d’où vous venez. Pourtant, de gré ou par conviction, vous vous êtes tous deux retrouvés à la cité-forteresse, bien loin de votre petit paradis natal. De ton côté, tu es persuadé d’avoir une mission à accomplir à ton échelle. Tu as vu Adrian périr en essayant de contenter l’Ordre, et cela a été pour toi le déclic, le signe qu’il faut que tout cela cesse. Les entités ne vous considère comme rien d’autre que de la chair à canon. Et, l’absence de foi de Philippe sera son salut ; en d’autres termes, tu ne te fais aucun souci pour ton ami d’enfance. Si tu devais être honnête avec toi-même, tu réalises que c’est plutôt lui qui devrait se faire du souci pour toi s’il savait le chemin dans lequel tu t’es engagé, les affaires auxquelles tu as décidé de te mêler. Et il est désormais trop tard pour faire marche arrière. De vous deux, c’est peut-être toi qui a le plus mal tourné tandis que Philippe est resté fidèle à lui-même. Mais ça, ton ami d’enfance ne doit jamais le savoir. Il t’en coûte de lui cacher autant, mais tu n’as pas le choix. Tout ce que tu espères, c’est que vos chemins ne prennent jamais de directions antagonistes, que Philippe ne se mettra jamais en travers de ta route. Tu ne sais comment tu réagiras si ce cas devait se produire un jour.

« Évidemment. »

Tu l’as également gratifié de l’un de tes rares sourires affectueux lorsqu’il t’a proposé de retourner à l’oasis. Peut-être as-tu l’impression – ou sinon l’envie cachée – de retourner à tes souvenirs d’enfance. Lorsque tout allait bien, lorsqu’Adrian était encore là. Tu sais pourtant qu’il est bien inutile de vouloir recréer le passé, que rien ne sera plus jamais comme avant. Toujours est-il que Philippe est encore là, devant toi, bien que son apparance ait changé. Vous avez un passé commun, et Philippe restera ton ami d’enfance, le frère que tu n’as jamais eu, toujours. En réalité, l’idée de cheminer avec lui, même adulte, t’enchante encore. Tu sais qu’il y a des missions dans la zone, également. Et quand bien même tu n’es guère sorti de la cité-forteresse depuis l’attaque, tu estimes qu’un grand bol d’air frais, loin de cette folie portalienne, te fera le plus grand bien. Philippe et toi avez peut-être changé, mais il reste l’une des personnes qui te comprend et te connaît le plus au sein de cette cité. Car toi aussi, tu as gardé tes distances avec les gens, n’ayant guère beaucoup élargi ton cercle. Peut-être par conscience de la dangerosité de la voie que tu suis désormais ? C’est une possibilité à ne pas exclure.

« Tu me feras signe. D’ici-là, prends soin de toi. »

Prenant congé de ton ami, tu poursuis ton chemin de meilleure humeur. Tu ignores de quoi l’avenir sera fait, si les souvenirs de l’oasis apporteront plus de douleur ou de paix. Toujours est-il que tu es bien content d’avoir revu Philippe, même sous différents traits.