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Le Malin
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Il était un petit navire


Il était un petit navire Enfin, le rang or. Tu te rapproches de plus en plus des grands, mais attention à garder la tête sur les épaules. La force d’un aventurier ne se mesure pas seulement à son tour de bras ou aux nombres de monstre qu’il dégomme, mais aussi à sa grandeur d’âme. Et, surtout, ne pas oublier l’essentiel. Quoi ? Comment ça je fais un beau discours pour demander un service ? Même pas vrai d’abord ! C’est une mission importante que je vais te proposer là ! Toute façon, pas besoin de râler, tu n’as pas le choix ! C’est moi qui décide, alors tu te tais !

Pour montrer que tu es digne, c’est simple, tu vas faire un peu de navigation. J’avoue, pas vraiment banal, mais c’est dans le thème ! Certaines zones dangereuses ne peuvent pas être accessibles par portail. Eh oui, les monstres du Chaos n’aiment pas trop voir des portails et les détruisent rapidement. C’est pour cela, qu’il faut y aller par d’autres moyens, comme par la mer. Et, pour que ces expéditions se passent bien, il faut un bateau en bon état ! Et, aujourd'hui, eh bien, tu vas justement travailler là-dessus. Il y a beaucoup de crustacés en tout genre, qui aime s’installer sur les coques de navires, mais cela ne nous arrange pas vraiment.

Parce que déjà cela fragilise le bois, mais en plus de ça, ça attire des gros poissons qui aiment faire des trous pour nous faire couler. Alors, tu vas devoir enlever aujourd’hui toutes les petites bêbêtes sur la coque du bateau et sans doute faire un tour à l’intérieur pour exterminer de la petite vermine. Vas-y  @Morrigan  ! Il faut mériter son statut de grand aventurier !

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Morrigan
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© Never-Utopia
L’atmosphère était studieuse. Tranquillement adossé devant le bureau jonché d’ouvrages annotés, Morrigan était plongé dans l’étude de ces nouveaux documents. Conformément à ce qu’il avait promis à Derek, il cherchait fiévreusement un moyen de l’extraire de sa pénible malédiction. Les différents types de magies délétères ne manquaient pas à la croisée des mondes. Identifier précisément la nature de celle qui liait Karter au mercenaire lui prendrait un certain temps, sans compter les hypothèses à déceler pour les défaire de cette agaçante union. Alors qu’il transposait scrupuleusement au crayon une information pertinente sur un énième feuillet, le regard du mage fut attiré par la surface lisse de son thé qui commençait à tiédir. De subtiles ondulations cerclaient le liquide depuis son centre, indiquant un grabuge imminent. Le télépathe soupira en ôtant délicatement ses lunettes de lecture, prêt mais peu enthousiaste à l’idée d’accueillir une visite impromptue.

Quand on frappa enfin à la porte, l’érudit arqua un sourcil vaguement intéressé. Par ce geste poli et anodin, il pouvait déjà éliminer une partie des candidats potentiels susceptibles de l’interrompre à cette heure matinale. Suzy se donnait rarement cette peine, préférant s’annoncer de sa voix pleine d’allégresse plutôt que de patienter sagement derrière le moindre rempart. La palme revenait néanmoins à Freya, qui se contentait d’ouvrir en trombe en clamant directement le motif de sa visite sans aucune autre forme de savoir-vivre. Il souleva lentement la coupelle de sa tasse, afin d’emmener cette dernière à la lisière de ses lèvres avec des gestes conformes à la bienséance.

« Entrez. » dit-il simplement d’une voix égale en considérant les notes amères de sa boisson chaude.

Une figure familière traversa alors le seuil de son bureau, avec son œil brillant et ses cheveux toujours en bataille. Il voyait Yao comme un chien fou qu’on retenait cruellement dans des locaux trop étroits pour lui. C’était un jeune homme empressé d’à peine vingt-ans que la guilde pensait pouvoir canaliser en le reléguant à des tâches administratives alors que personne n’ignorait son tempérament fougueux et téméraire.

« Hé Morrigan ! » entonna t-il en piétinant dans l’espace exigu tandis que le mage ne lui répondit que d’un bref mouvement de tête moins familier. « On m’envoie te chercher pour un nouveau taf apparemment, faut que t’ailles en salle de réunion. Ça a l’air d’être du sérieux en plus, tu vas en avoir pour ton temps ! » enchaîna t-il avec un réel entrain teinté d’envie à peine dissimulée.

« Contrairement à ce que vous insinuez en permanence, je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Il ne suffit pas de s’agiter dans tous les sens pour s’occuper l’esprit. Tu devrais essayer aussi à l’occasion, Yao. » répondit-il en dardant d’un œil moqueur les entailles qu’il cachait maladroitement sur ses mains et ses avant-bras suite à des entraînements peu fructueux.

Le jeune homme grogna un instant en tirant malhabilement sur ses manches comme un enfant pris la main dans le sac. C’était clairement du bizutage, on profitait de sa jeunesse et sa crédulité pour l’envoyer vers le rabat-joie de service. Morrigan s’en voulait presque de leur donner raison en voyant la moue honteuse et contrariée de son interlocuteur. Il se radoucit en se surprenant même à lui adresser un demi-sourire compatissant.

« Allons, il n’y a rien de mal à s’exercer, mais il ne faut pas négliger de s’instruire pour autant. » raisonna t-il calmement et d’un ton plus enveloppant qu’il n’imaginait.

Il était clairement mal placé pour lui dire ce genre de choses, compte tenu de son manque d’appétence pour le combat. Malgré ses dernières mésaventures, l’érudit n’oubliait pas la scène qu’il avait faite au couple de combattants à son arrivée dans la guilde. Il se demandait si Ryuusei ou Harmonie auraient tenu un discours similaire face à ce jeune turbulent.

« Ouais, je sais bien... » lâcha t-il en laissant en suspend le reste de sa phrase.

Morrigan attendit quelques secondes le « mais » de circonstances et l’objection qui l’accompagnait mais Yao parvint à faire preuve de retenue. Dans cette posture, il ressemblait bel et bien à un gosse qu’on sermonnait. Il était reconnaissant de voir que la jeune recrue se sentait suffisamment à l’aise avec lui pour lui parler sans ambages tout en ne devenant pas outrageusement familier pour autant. Contrairement à ce que pensaient bien des adultes de l’institution, le naturel de Yao ou encore les fâcheuses manies de Suzy, lui rappelaient qu’il était encore tout à fait approchable. Afin de se montrer magnanime en retour, le télépathe se leva afin de le congédier dans l’optique de le libérer de cette expérience familière et probablement déplaisante.

« Quoi qu’il en soit, je te remercie de m’avoir prévenu. Le temps de ranger mon bazar, et je rejoins tout ce beau monde en salle de réunion. »

Yao cligna des yeux perplexes à plusieurs reprises. Il ne savait pas ce qui l’étonnait le plus entre l’absence évidente de désordre dans la pièce ou le sarcasme que même lui présentait dans sa réponse. Morrigan ne cachait pas son horreur des rassemblements et des convenances administratives. C’était une jolie façon d’exprimer ses préjugés et sa dépréciation pour ce genre d’évenéments. Pas sûr que Yao soit parvenu à l’expliciter de la sorte sans être franchement désobligeant et ostensiblement râleur. Il avait très certainement beaucoup à apprendre auprès de l’érudit en terme de passif-agressif. Un regard justement lourd de sous-entendus qui glissait entre sa personne et la porte grande ouverte le tira de sa rêverie.

« Euh, ok ça marche ! Bon courage pour le rangement... » dit-il en ponctuant délibérément le mot avec des guillemets formées par ses doigts. « ...et la mission aussi. »

Personne ne comprenait de toute façon sa vision de l’ordre et de la propreté. Morrigan ne s’attendait pas à plus de compréhension de la part de ce gamin casse-cou. Tout en grimaçant un sourire pincé et une formule de politesse, il l’invita à sortir le temps de réorganiser ses notes et son espace de travail. L’ensemble était replié et placé sur les étagères immédiatement à sa gauche selon un ordre précis et logique. Chaque chercheur avait ses tocs et ses méthodes. Inutile de dire que l’érudit était particulièrement atteint par cette réalité factuelle. Après quoi, il s’assura d’un rapide coup d’œil dans le reflet de la fenêtre qu’il était toujours présentable selon ses critères avant de se diriger vers la salle de réunion.


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© Never-Utopia
L’endroit du rendez-vous était plus modeste que ce que son nom laissait présager. Bien que la tour de la guilde soit un chef d’œuvre d’architecture, au même titre que sa rivale, la cathédrale de l’Ordre, les moyens financiers déployés n’étaient pas proportionnels à sa façade. Et pour cause, même un homme au bas de l’échelle comme l’était Morrigan ne pouvait ignorer les pots-de-vin de la corruption qui sévissaient dans les rangs de l’organisation. D’ici à ce que l’argent public soit détourné, il n’y avait qu’un pas. L’idée d’être ainsi convoqué lui était déplaisante. Malgré son amour excessif pour les manœuvres administratives, la guilde n’était pas du genre à accueillir leurs agents en grande pompe. C’est que la situation devait être particulièrement critique ou qu’un individu extrêmement important se trouvait à l’intérieur. Après avoir frappé de manière assertive à la porte, une voix féminine l’invita à entrer.

Si ce n’était à cause du manque de gaieté intrinsèque dans sa mention, Morrigan aurait pu ne pas reconnaître la voix de Suzy, d’un naturel enjoué et remuant. Elle se trouvait dans la salle, au milieu d’une petite assemblée de moins de dix personnes. D’un air méfiant, le télépathe passa tranquillement en revue les visages qu’il ne connaissait pas avant de répondre aux salutations de sa collègue.

« Morrigan. » ponctua t-elle d’un geste de tête communicatif et d’un sourire moins expansif qu’à son habitude.

« Suzy. » répondit-il sur le même mode avec une pointe d’étonnement face à ce sérieux qu’il ne lui connaissait pas. « Les autres. » balaya t-il à l’égard du reste de l’assemblée d’une voix beaucoup plus froide avec des gestes raides.

Il vit la commère grimacer légèrement mais pas au point de s’offusquer. C’est qu’il l’avait habitué à pire en matière de prise de contact extérieure. Il fallait dire que l’érudit n’était guère impressionné par la hiérarchie. Ce n’était pas le cas aujourd’hui, et certainement pas demain non plus. Surtout quand il imaginait avoir potentiellement à faire à des décisionnaires, ceux-là même qui se réfugiaient confortablement derrière quatre murs et des petites gens en première ligne, au lieu d’affronter la foule Portalienne et d’endiguer la corruption qui gagnait du terrain. Aucun d’eux ne releva son ton désagréable, sûrement que Suzy avait bien fait son travail. Elle le présentait généralement comme un peu excentrique et même s’il ne s’en fâchait nullement, la réalité tenait plutôt à une chose simple : il ne respectait et ne sacrifiait son temps qu’à ceux qui s’en montraient dignes. Et pour l’instant, les hauts gradés de la guilde étaient loin dans la liste.

On ne l’invita pas à s’asseoir, ce qui ne faisait que confirmer le dédain qu’il ressentait à l’égard de ces individus. Le mage percevait sans mal leur méfiance, teintée d’un mépris à peine dissimulé, probablement à l’égard de son rang. Dommage que le fait de respirer le même air qu’un rang argent ne fasse pas tomber malade les fats d’un mal indicible. Morrigan se tenait parfaitement droit à quelques pas de l’encadrure de la porte avec son rictus insupportable dans lequel transparaissait toute l’ironie avec laquelle il jugeait la situation. Il ne cherchait pas à prendre davantage de place ou se rapprocher des inatteignables mondains, sans s’excuser pour autant d’exister dans leur espace immédiat. Suzy, qui servait sans doute de garde-fou malgré elle, rompit le silence pesant qui commençait à s’installer de manière néfaste.

« On t’a convoqué ici pour te confier une mission. Il se trouve que je discutais des modalités avec nos... »

« Suzy vous a personnellement recommandé pour cette tâche. Nous attendons donc de vous une certaine rigueur et efficacité. » la coupa net l’un des pantins d’un air suffisant.

L’érudit roula un instant des yeux. Était-ce vraiment la peine de l’interrompre pour faire une digression aussi triviale ?

« Cela va de soi. Encore faudrait-il pour cela me laisser l’opportunité d’entendre ce qu’on attend de moi. » se permit-il d’ajouter d’une voix calme mais piquante.

L’éclat indigné et courroucé qu’il vit dans l’œil de son interlocuteur suffit à le satisfaire. Il pouvait bien être aussi hautain qu’il le désirait, Morrigan était pire. D’autres en seraient probablement embarrassés, mais le télépathe en tirait au contraire une certaine fierté dans la situation présente. Suzy fit une petite moue désabusée avant de s’assurer par quelques secondes de silence qu’on lui laissait bien à nouveau la parole.

« Alors... comme je le disais, ces messieurs sont venus débattre aujourd’hui de questions de budget. Le secteur de la navigation est particulièrement coûteux avec l’entretien et la réparation des bateaux, et il manque pas mal de main d’œuvre, en gros. » dit-elle avec le petit rire nerveux et légèrement moqueur qu’il ne lui connaissait que trop bien cette fois-ci.

« Mais encore ? » se hasarda t-il à demander avec une lassitude qui commençait à poindre.

« Et ben… »

Il détestait la voir tourner ainsi autour du pot, surtout quand elle le faisait à dessein. Mais pour une fois, son hésitation semblait sincère, et il ne savait pas quoi en penser ou en déduire.

« Officiellement, tu es amené à faire l’entretien de la coque et de la cale pour identifier et éliminer les nuisibles qui l’empêchent de voguer correctement. » dit-elle en pesant vraisemblablement chaque mot, elle qui ne se donnait pourtant jamais cette peine. Bientôt, sa légèreté babillante habituelle reprit le dessus comme pour se justifier de ce moment d’égarement. « Après, tu sais ce qu’on dit Morri ~ C’est pas les p’tites bêtes qui mangent les grosses ! Rien d’insurmontable pour toi après tes exploits de jardinage moi j’dis. »

Quand il commençait à la trouver sympathique, elle avait le don de lui faire regretter presque immédiatement sa faiblesse d’esprit. Le mage la toisa d’un regard sévère et exaspéré à la mention de sa dernière mission. Ne l’avait-elle pas déjà assez humilié à ce propos ? Mais tout ce qui avait précédé ne lui ressemblait pas, tout comme le fait de l’avoir convié ici au lieu de simplement lui transmettre l’ordre de mission.

« Assez… Pourquoi tant de formalisme pour une mission d’entretien ? »

Encore une fois, il perçut cette fulgurante hésitation chez la commère de service, tandis que le reste de l’assemblée la fixait d’un air grave, comme s’ils s’attendaient à une gaffe de sa part.

« Euh… Peut-être parce que ce n’est pas simplement une requête comme les autres mais une mission qui pourra attester ton passage au rang or ? »

Cette fois-ci, le mage arrondit les yeux. Il ne s’attendait pas à être convoqué aussi rapidement à ce sujet. Les derniers tests de puissance s’étaient effectués quelques jours auparavant, et Morrigan connaissait suffisamment l’indécrottable lenteur administrative de la guilde pour savoir que la procédure prendrait du temps à se mettre en branle. Quelque chose clochait dans cette histoire, sans qu’il ne puisse parvenir à mettre le doigt dessus. Il aurait du s’énerver, s’emporter qu’on lui propose encore du travail manuel pour être reconnu par cette institution déficiente. Au lieu de quoi, il poussa un long soupir lourd de sens, mais aucune tempête ne se profila à l’horizon.

« D’accord… »

« D’accord ?! » objecta presque instantanément Suzy en s’excusant d’un sourire gêné de son impulsivité auprès de l’assemblée.

Quoi ? Il acceptait aussi simplement que ça ? Était-il malade ? Voilà toutes les questions qui semblaient s’enchaîner à travers le regard confus de la pipelette. Morrigan trouvait le spectacle quelque peu réjouissant, en la voyant presque aussi étonnée que le jour où il avait tenu la main de Derek devant elle et ses questions indiscrètes. Sa reddition n’avait pour lui rien de surprenant. Que pouvait-il faire contre leurs méthodes et un système aussi broyant ? Il n’était pas en position de refuser. Pas parce que ces inutiles pantins essayaient de l’intimider, mais parce qu’il avait besoin de son rang pour atteindre ses objectifs.

« Ne m’oblige pas à me répéter… J’attends tes instructions et la localisation de la mission. »


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Morrigan
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© Never-Utopia
Quand on savait qu’Hypanatoi avait du se donner en spectacle pour satisfaire leurs exigences fantaisistes, Morrigan s’en tirait plutôt bien avec son navire à nettoyer. Du moins, c’est ainsi qu’il tentait de se rassurer. En chemin vers la périphérie de la ville, le mage ressassait la drôle de pantomime qui s’était jouée sous ses yeux agacés. Le contexte de réunion, l’hésitation de Suzy… Y avait-il quelque chose de véritablement important qui se cachait derrière cette banale entrevue ? Sa collègue avait insisté sur le motif officiel de la mission, tout en cherchant ses mots à plusieurs reprises. Et pourquoi l’aurait-elle recommandé personnellement pour une vulgaire demande de décrassage maritime ? Il pensait bien que Suzy ne le détestait pas à ce point et qu’elle n’était pas particulièrement sadique dans ses intentions. Il y avait donc INTÉRÊT à ce qu’on ne l’envoie pas simplement récurer un bateau, sinon toute cette mise en scène aurait été vraiment inutile et cruelle.

Une forte odeur d’embruns et d’air salé lui indiquèrent bien avant que sa vision ne puisse lui confirmer qu’il s’approchait du vieux port. L’agitation était à son comble avec les nombreux marins qui s’échinaient à charger ou délivrer les cargaisons des gueules béantes des bateaux. Tout en esquivant malhabilement les travailleurs pressés, le télépathe s’engouffra plus loin sur les quais pour trouver le navire qui l’intéressait. En reportant plusieurs fois ses yeux sur le papier griffonné par Suzy, il ne tarda pas à trouver sa cible, un navire en piteux état mais dont l’œil était irrésistiblement attiré par de grandes voiles aux reflets bleutés. Il se doutait maintenant d’où l’Aigue-Marine tirait son nom avec le tissu singulier qui s’étirait entre ses mâts. Alors que l’érudit contemplait l’ouvrage avec curiosité, une membre de l’équipage se manifesta afin de l’accueillir.

« La toile et la ralingue sont renforcées avec du fil d’arachno-chief, d’où son apparence un peu tape à l’œil. C’est pratique quand on pense aux intempéries et aux UV qui flinguent la plupart des tissus. Alors, ça t’en bouche un coin, non ? » railla la femme à ses côtés qui avait dirigé son regard dans l’axe du sien.

« Je n’irais pas jusque là, mais cela fait sens. » admit-il simplement avec sa curiosité toute scientifique. « Il y a une tribu dans les plaines du loup qui confectionne des vêtements avec une technique similaire, à partir de la soie d’arachnoïde. »

Bien que l’issue diffère, leurs méthodes semblaient similaires. Les Crocs des Glaces utilisaient ce fil particulier afin de fabriquer des kimonos légers, soyeux mais résistants aux températures extrêmes du Val. Morrigan n’était pas étonné de constater que leur usage pouvait s’étendre à d’autres domaines pratiques.

« Tu m’en diras tant... » répondit son interlocutrice qui avait visiblement mieux à faire que d’entendre le récit de ses modestes aventures. « Samara, capitaine de l’Aigue-Marine. J’imagine que tu es le type envoyé par la guilde ? »

« Tout à fait. Morrigan, télépathe et chercheur. » dit-il en miroir de sa présentation, avec un contraste évident sur leur rôle respectif.

« Bah, tu peux bien être ce que tu veux, du moment que tu débarrasses mon bijou de toutes ses saloperies. » répondit-elle de bon cœur en lui proposant une poignée de main ferme.

Morrigan trouvait toujours cette coutume étrange. Ici, les Portaliens se serraient la main ou s’étreignaient mutuellement pour se saluer. Dans son monde d’origine, personne n’avait recours au contact physique, préférant des gestes amples et élégants à l’intrusion de leur espace vital. Il ne comprenait pas non plus pourquoi les amateurs de poignées de main se sentaient systématiquement obligés de lui broyer les phalanges. Était-ce une façon d’affirmer leur supériorité physique ou hiérarchique ? Et si oui, qui voudrait participer à un tel concours ?

« J’espère que tu n’y vois pas d’inconvénient ? » ajouta t-elle d’un ton qui ressemblait plus à un reproche qu’une demande, en considérant ses manières pudiques et pincées.

« Je m’étonne simplement que la guilde estime plus urgente l’éradication de coquillages et de rats, quand on devine la véritable vermine qui pourrit la cité... »

Il ne cachait pas son hostilité envers la passivité de l’institution, surtout quand les manigances touchaient de trop près à ses intérêts. Il ne pouvait les laisser faire de Derek un martyr sous couvert de dessous-de-table à préserver. Contre toute attente, la capitaine ne le rabroua pas, pas plus qu’elle ne lui donna raison. Devait-il en déduire qu’ils étaient à peu près sur la même longueur d’onde ? Elle ne le gratifia que d’un semblant de rire indéchiffrable et un regard qu’il pensait pouvoir interpréter par si ce n’est que ça alors, tout va bien.

Alors que Samara s’éloignait maintenant pour lui présenter le reste de l’équipage, Morrigan était encore plus confus qu’à son arrivée. Tout ce qu’il avait pu identifier de son interlocutrice lui semblait bien infime. Samara naviguait beaucoup, d’après sa peau tannée par le soleil et ses cheveux bruns nattés qui s’étaient dépigmentés par endroits. Elle aimait vraisemblablement son bateau, assez pour payer son entretien par l’intermédiaire de la guilde et le qualifier de bijou. Mais le reste était un mystère. On était bien loin de la transparence de Roger qui n’avait pas mâché ses mots à propos de son dernier passage de rang.

Une fois la visite terminée, la capitaine l’avait amené dans une sorte de débarras qui servait de vestiaire de fortune. Elle lui indiqua une malle dans laquelle disposer ses affaires en attendant, ainsi qu’un certain nombre d’outils, allant du grattoir au simple balai à récurer. A contrecœur, le mage se résolut à se débarrasser de l’essentiel de ses atours en commençant par ses gants et son pardessus qu’il replia soigneusement en les rangeant dans l’emplacement prévu à cet effet. Une fois débarrassé de toutes les couches additionnelles pour n’en garder que l’essentiel, il enfila un imperméable long et élimé, ainsi qu’une sorte de casquette rigide qui se voulait faite pour le protéger à la fois du soleil et des éclaboussures. Mais la pièce maîtresse résidait dans une paire de cuissardes beaucoup trop hautes et fripées vilainement afin de les rendre imperméables. Jamais encore il n’avait vu des chausses d’un tel mauvais goût. Le télépathe grimaça en revêtant cette horreur qui couvrait ses pieds et l’intégralité de ses jambes. Il ressemblait probablement à un pêcheur mal fagoté, avec ses vêtements beaucoup trop grands et son inconfort semblait grandement amuser son hôte.

« Ben quoi c’est pas assez beau pour toi ? » se moqua t-elle subrepticement en le voyant aussi tendu.

En effet, ce n’était pas à son goût. Quiconque avec un tant soit peu d’élégance le remarquerait et serait de son avis. De tels vêtements étaient criminels, même pour des marins qui ne se souciaient pas nécessairement de leur apparence. Encore un indice qui montrait les limites et les disparités de cette cité.

« C’est hideux mais j’imagine que ça fera l’affaire. » abdiqua t-il en haussant les épaules.

Voilà une pensée qu’il ne pensait pas exprimer autant qu’à Portalia. Heureusement que le mauvais goût n’était pas contagieux...




Dernière édition par Morrigan le Dim 25 Fév - 10:56, édité 1 fois
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Après avoir débarrassé le plancher et pris l’équipement nécessaire, Morrigan rejoignit le reste de l’équipage sur le quai afin de procéder au carénage du bateau. A l’aide d’un système de poulies et d’une bonne dose d’essence rouge, l’Aigue-Marine parvint à se surélever par rapport au niveau de la mer. En voyant l’état de la coque immergée jusqu’ici, le télépathe ne put retenir une grimace de dégoût et d’exaspération. La face cachée de l’iceberg était toujours la pire à affronter, et l’énorme construction maritime qui émergeait paresseusement de ses eaux n’y faisait pas exception. L’odeur de vase qui s’en dégageait invitait tout son esprit maniaque à se rebeller et user de subterfuges pour échapper à ce travail de longue haleine. Mais il savait la manœuvre impossible. Personne n’échappait à l’infâme système de rangs et aux missions qui en découlaient. Pire encore, même lui commençait à comprendre que les Portaliens n’avaient pas le luxe d’esquiver l’effort de guerre en devant impérativement mettre à disposition leurs (non)-compétences au profit du bien commun.

Ce système devait changer, parce qu’il montrait une fois de plus ses limites. A l’image de ce bateau qui devait être sans cesse entretenu au gré des cycles organiques, Morrigan avait l’impression d’appliquer un pansement sur la plaie béante de la guilde, à chaque fois qu’on le missionnait pour des broutilles. Il avait cessé de croire qu’on l’occupait inutilement, tout en étant conscient que son aide sommaire empêchait seulement l’insurrection de dégueuler de son estomac vide et trop étroit.

Pour l’instant, son travail du jour ressemblait à une tâche pénible et rébarbative. Tout en se déplaçant le moins possible pour être le plus optimal, le mage décida de s’atteler au délogement des crustacés. En réalité, cette organisation l’arrangeait bien, car il était prêt à de grandes choses pour ne pas entendre le pouic-pouic insupportable que faisaient ses jambières à chaque pas, lui rappelant leur existence ignominieuse. Pour faire sa besogne correctement, il fallait concevoir tout le cycle naturel à l’envers. L’érudit se souvenait avoir lu des choses à propos du fouling, ce phénomène naturel qui salissait inexorablement les corps immergés. Il n’était pas question de navires dans son ouvrage mais de combinaisons et outils de navigation qui subissaient ce cycle infernal. Pourtant, sa propagation se formait de manière similaire sur la partie immergée des bateaux.

D’abord, des particules organiques propre au milieu aquatique se déposaient sur la coque pour attirer dans les minutes qui suivaient des bactéries capables de coloniser toute la surface immergée. Ensuite, en quelques heures, la colonie bactérienne croissait rapidement jusqu’à attirer des micro-algues qui teintaient le bois d’une pellicule grasse et colorée. Les macro-algues, visibles à l’œil nu semblables à une sorte de varech, finissaient par apparaître quelques mois plus tard. Ce n’était qu’en laissant le cycle biologique s’installer depuis plusieurs mois que les organismes supérieurs se manifestaient en endommageant la surface de la coque. Inutile de dire que les Portaliens n’avaient vraisemblablement pas le luxe de caréner leur bateau avant l’arrivée fatale des ces espèces encroûtantes.

Quand il envisageait les choses sous un œil scientifique, elles lui semblaient à peine plus tolérables et moins répugnantes. En prenant le cycle à l’envers, Morrigan espérait s’affranchir rapidement de sa mission. Tout en pestant contre les coquillages qui ne cédaient pas facilement à son grattoir, son esprit qui tournait à plein régime tentait d’ignorer les raccourcis haineux qui maudissaient tous les acteurs de son malheur actuel. Lorsqu’il voyait la hargne avec laquelle les balanes s’accrochaient au navire, il se demandait pourquoi leur colle naturelle n’avait pas encore été exploitée par les plus opportunistes. Il aurait pu céder à la facilité en infusant plus d’essence dans ses gestes mais il ne voulait pas la gaspiller inutilement avec quelque chose qu’il pouvait accomplir sans y recourir majoritairement.

« Tu t’en sors ? » demanda une voix familière à ce moment-là.

Samara était en train de régler des affaires commerciales et administratives, profitant d’avoir le pied à terre pour s’affranchir de ses obligations portaliennes. Néanmoins, elle restait disponible en cas de sollicitation.

« Disons que ça ne pourra pas être pire qu’avant mon arrivée... » marmonna t-il sans vraiment répondre à sa question.

La capitaine jeta un rapide coup d’œil effectué. N’importe qui pouvait voir qu’elle avait à faire à un perfectionniste qui s’échinaient à enlever le moindre crustacé avec une détermination farouche mais une efficacité discutable. Sans doute que ça lui demandait beaucoup d’efforts, comparé à d’autres qui n’hésitaient pas à utiliser leur essence ou leurs compétences physiques pour parvenir plus facilement à leurs fins. Mais elle se fichait franchement des méthodes, du moment que le résultat était à la hauteur. Morrigan s’en sortirait, il avait juste besoin d’être un peu poussé en dehors de sa zone de confort. C’est du moins ce qu’elle pressentait à son sujet.

« Tu sais que c’est important ? Si on laisse ces saloperies s’installer, la navigation devient compliquée entre le surpoids et les frottements hydrodynamiques... »

Samara avait l’air de s’y connaître et en aucun cas il ne remettrait en cause l’expertise d’une personne plus informée que lui sur le sujet.

« Je peux au moins l’imaginer… Je ne sais même pas à quoi sert ce navire, à l’origine ? »

« C’est un bateau d’exploration. » dit-elle non sans une pointe de fierté. « Les portails c’est bien joli, mais rien ne vaut les bons vieux moyens de locomotion quand on veut quelque chose de fiable. »

L’érudit n’avait pas saisit la perche de la conversation pour se consoler mais pour essayer de penser à autre chose que le fumet infâme qui se dégageait de sa surface de travail. L’information s’était faite rapidement un chemin dans son panorama mental. Les bateaux d’exploration étaient effectivement précieux pour la guilde qui déployait toute une unité à cet effet, sans compter les aventuriers qui dépendaient de ce service. Le télépathe comprenait mieux le surnom de sa capitaine et la raison pour laquelle ses voiles étaient partiellement enchantées. Bien que cette nouvelle donnée l’intéressait à son échelle, il avait du mal à cacher son inconfort tout au long de la conversation. L’odeur d’œuf pourri mêlée à l’iode lui donnait des hauts-le-cœur à chaque mollusque et micro-organisme scarifiés par ses soins. Une information qui ne manquait pas d’amuser la capitaine qui ne retenait pas un sourire goguenard qui loupait à chaque fois de se déployer en rire moqueur quand elle voyait ses grimaces caricaturales.

« C’est sans doute ce qu’on appelle le mal de mer... » tenta t-il de se justifier maladroitement.

Cette fois-ci, son hôte ne put retenir un rire sonore. Elle n’avait même pas besoin de le justifier, quand on considérait que le navire était à l’arrêt et que l’air marin ne pouvait être responsable du mal de mer.

« Chochotte. »

Sa sentence fut brève, mais la manière dont elle en détacha toutes les syllabes en sifflant entre ses dents le firent voir rouge. Sans attendre davantage sa réaction, la capitaine se replia tranquillement, comme si son étude et sa conclusion suffisaient à lui faire croire que tout se déroulerait sereinement. Le mage resta un instant interdit avec personne autour sur qui déverser son ressentiment et son embarras cuisants. Toute sa frustration fut dont à la place dirigée contre ces satanés crustacés qu’il continuait rageusement de désolidariser de la coque. Il lui en donnerait des chochottes ! Si Samara pensait que ça fonctionnerait de l’insulter de la sorte, comme elle le faisait sans doute avec les marins de son équipage, elle se mettait le doigt dans l’œil. Sa productivité soudaine n’était due qu’à sa grande rigueur et sa volonté inébranlable, voilà tout. Et pourtant la coque commençait à retrouver sa surface presque lisse d’origine tout en ayant jamais été aussi propre qu’à son point de départ.

Une fois satisfait de ne plus trouver la moindre trace de ces fichus coquillages, qui, rappelons-le ne se seraient jamais trouvé ici en si grand nombre si tout le monde faisait bien son travail dans cette cité d’incompétents, il fit un dernier tour. Morrigan tournait comme un lion en cage en dépit du couinement insupportable de ses chausses pour inspecter la coque avec diligence. Si bien, qu’il commençait à distinguer nettement des entailles caractéristiques qui n’étaient pas l’œuvre de la nature. Qui donc s’amuserait à tenter de griffer et percer un navire aussi important et dans lequel la guilde investissait ? Ses soupçons furent renforcés quand il trouva en grattant l’intérieur des entailles parfaitement conservé grâce à la couche organique, une fine poudre argentée. Celle-là même qui laissait des résidus avec des lames bon marché et de mauvaise facture. Le télépathe avait entendu plus d’une fois des portaliens se plaindre à ce sujet. Cette découverte était suffisamment préoccupante pour que l’érudit daigne la noter en pensant devoir en aviser la capitaine.


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"Il était un petit navire"





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Une fois qu’on avait enlevé la couche encroûtée, le reste était une promenade de santé. Même brosser l’entièreté de la surface en bois lui semblait moins pénible que le grattoir qui allait sans doute laisser des ampoules sur ses doigts fins. Maintenant qu’il s’était débarrassé des coquillages et des algues calcaires à moitié fossilisées, le varech qui constituait la deuxième couche de déchets organiques se détachait facilement sous sa brosse en chiendent. Malgré le peu d’épaisseurs qu’il avait sur le dos, le soleil tapait suffisamment fort pour que l’atmosphère devienne suffocante. Sans la brise marine qui venait parfois soulever les mèches qui lui balayaient le visage, la chaleur aurait commencé à devenir intolérable. Ça valait bien le coup d’inspecter son apparence quand elle était de toute façon ruinée par sa tenue et l’effort… Ses cheveux aplatis par la visière et qui collaient maintenant à ses tempes et son front le faisaient rêver d’une bonne douche et d’une tranquillité qui lui semblait encore bien lointaine.

Une fois les derniers coups de brosse donnés, Morrigan considéra un instant la coque en reculant de quelques pas avec son œil critique. La surface du bois était enfin bien lisse et débarrassée de toute végétation indésirable. Il ne lui restait plus qu’à venir à bout de la sous-couche grasse et traiter le bois avec une solution anti-fouling. En retournant dans la buanderie à l’aide de la cale de fortune qui servait de passerelle surélevée, il entreprit d’échanger sa brosse et son seau contre des nouveaux outils. Comme les étiquettes étaient à moitié effacées, le télépathe eut la jugeote, où plutôt la démence maniaque, de vérifier les contenus des flacons. En ouvrant celui qui était à peine entamé, une odeur âcre d’ammoniaque lui pris le nez au point de reboucher immédiatement le contenant dans une grimace théâtrale.

Pour être bien sûr de l’impraticabilité de la chose, car personne n’était malheureusement à l’abri des fantaisies des herboristes et alchimistes de la cité, Morrigan compara l’odeur du premier flacon à un autre encore scellé par son cachet de cire. Les deux solutions provenaient du même façonnier et pourtant, la texture et la fragrance étaient radicalement différentes. L’autre bouteille avait-elle tourné ? Non, l’ammoniaque était un puissant décapant, et un bon maniaque comme lui savait en reconnaître son parfum désagréable. En mettre sur du bois humide et déjà entaillé risquait de le rendre poreux et défectueux. Il en était maintenant presque sûr : quelqu’un essayait de saboter ce bateau.

Franchement, il ne manquait plus qu’on lui fasse porter la faute… Qui que ce soit, le télépathe ne se laisserait pas faire impunément et redoublerait désormais de vigilance. Une fois qu’il aurait accumulé assez de preuves plus ou moins suspectes, il pourrait exposer les faits à la capitaine sans subir une mauvaise publicité mensongère. Vérifiant scrupuleusement son matériel, le mage retourna à sa corvée en rendant au bois sa condition d’antan. La couche bactérienne ressemblait à une sorte de limon gluant qui s’était étiré sur toute la surface. S’il n’avait pas cette affaire de sabotage à laquelle se raccrocher, c’est sûr qu’il aurait tourné de l’œil avec cette effroyable chaleur en prime. C’est comme si tous ses cauchemars de saleté s’étaient cristallisés sur la coque de ce navire négligé.

La coque de l’Aigue-Marine avait retrouvé de sa superbe. Morrigan n’était pas mécontent de la propreté qui faisait à nouveau respirer le navire. Quand Samara revint enfin vers lui pour inspecter les travaux finis, il lui jeta un regard oblique plein d’une interrogation muette et impudente qui semblait lui demander alors ?

« Pas mal. » répondit-elle avec un sourire amusé qui ne provoqua pas le même effet chez son interlocuteur.

Pas mal ?! On pouvait maintenant dîner sur le bois de son navire crasseux après cet immonde nettoyage et la seule critique qu’elle pouvait émettre était aussi plate ? La capitaine se fendit d’un nouveau rire en voyant son expression indignée. C’était vraiment trop facile avec ce type.

« Je te taquine. Mais, ce n’est pas encore fini... » lâcha t-elle avec un sérieux beaucoup plus froid que son ton badin auquel elle l’avait habitué.

Morrigan savait qu’il devait encore s’occuper des parasites à l’intérieur du bateau comme le stipulait son contrat du jour mais elle lui semblait bien trop sérieuse pour une simple histoire de rats… Elle n’avait émis aucun commentaire à propos des entailles pourtant visibles, d’autant plus quand elles visaient à abîmer son bijou. Son silence était éloquent. Se doutait-elle de la même chose que lui ? Rapidement, Samara changea de conversation, le laissant dans l’expectative.

« Viens manger un morceau avec nous, ça te fera une pause avant de t’attaquer au reste. »

Il hocha simplement la tête sans demander son reste, plus attiré par l’ombre et l’inactivité de la chose que par le repas en lui-même. Le reste de l’équipage profitait également de la pause déjeuner pour se délasser. Plusieurs d’entre eux suaient déjà à grosse gouttes avec tous les déplacements de cargaison effectués. Quand il vit le repas servi, l’érudit sentit son estomac se retourner. La salade d’algues et les crustacés, c’était au-delà de ses forces après cette interminable matinée à récurer. Il se contenta d’une bonne rasade d’eau fraîche et de fruits à picorer.

Si un ou plusieurs membre de l’équipage était responsable des dégradations volontaires de l'Aigue-Marine, le coupable se trouvait probablement autour de cette table de fortune. En imaginant que seule une personne chargée de l’entretien sommaire du bateau et à qui on déléguait les courses ménagères sur la terre ferme, on pouvait déjà éliminer plusieurs têtes. C’est avec cette idée fixe que Morrigan termina son repas, sans franchement se mêler au groupe. Plus il se ferait discret et plus il avait de chance de tomber sur des indices compromettants.




Dernière édition par Morrigan le Dim 25 Fév - 11:06, édité 1 fois
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Avec la chaleur de l’après-midi, il n’était pas mécontent de travailler cette fois-ci à l’intérieur du navire. L’Aigue-Marine ne payait peut-être pas de mine en terme d’esthétique mais on voyait que ses fondements étaient robustes. Les bateaux de plaisance étaient bâtis en bois léger et élégant, quand celui-ci était taillé dans un bois sombre et dense. On devinait sans mal qu’un pareil véhicule était destiné à résister aux puissants aléas de la nature. Et pourtant, quelqu’un cherchait très probablement à le transformer en épave mais dans quel but ?

En fouillant dans la remise et dans les diverses étagères déjà parcourues, Morrigan remarqua un certains nombres de pièges rouillés et mal exploités. Qui croyait encore la légende populaire des rongeurs amateurs de fromage ? Les rats étaient une espèce omnivore et opportuniste et qui, à l’image des humains, se jetait volontiers sur les mets les plus gourmands et peu nutritifs. L’érudit ne le savait que trop bien, avec ces satanées bestioles qui volaient toujours les collations sucrées des usagers de la bibliothèque dans l’indifférence crasse de ses gestionnaires. Jamais le télépathe ne pourrait tolérer un tel laisser-aller. S’il n’y avait plus rien à faire pour l’incompétence fainéante des agents du centre de documentation, il était encore temps d’agir pour ce navire.

Il remplaça les leurres inutiles par les fruits gâtés, jugés trop mûrs, mis de côté pendant le déjeuner afin d’attirer plus efficacement les créatures. La perspective de fricoter avec des rats ne l’enchantait guère. Mais s’il n’était pas capable d’exterminer de la vermine à son rang, on ne le prendrait jamais au sérieux. En revanche, personne ne lui demandait de le faire de manière barbare et sanglante. Maintenant qu’il savait que les illusions étaient à sa portée, plusieurs options s’offraient à lui. Il envisagea dans un premier temps de créer des distractions qui pousseraient irrémédiablement les rongeurs dans les pièges déjà installés. Mais une telle méthode serait bien fastidieuse, avec le nombre d’animaux à capturer, son essence s’épuiserait bien avant d’avoir tari la population de rats.

Le mage opta donc pour la solution la plus prometteuse : un piège à grande échelle. En récupérant des nasses et du fil de pêche, il devrait parvenir à fabriquer un piège à filet artisanal. Sans instructions directes sous les yeux, le mieux qu’il puisse faire était d’improviser quelque chose de simple. En faisant passer le fil en filigrane de la partie supérieure de la nasse, il comptait faire en sorte de refermer le piège une fois la vermine capturée. Mais voilà, les rats étaient des créatures intelligentes qui ne se laissaient pas facilement duper. Sa proximité avec eux empêchaient qu’ils daignent s’approcher du filet après un test peu concluant. Et ce n’était pas avec son attirail qui se bruissait à chaque mouvement que les choses allaient s’arranger.

Excessivement agacé par un premier échec et la chaleur qui le rendait poisseux, le mage se débarrassa rapidement de son équipement de fortune et retroussa même les manches de son propre vêtement, lui qui s’interdisait pourtant de dévoiler le moindre centimètre de peau en public. Il lui fallait quelque chose de plus long et solide pour activer le piège de plus loin. Sa fouille le conduisit à trouver un bon morceau de corde maladroitement sectionné. En cherchant attentivement sa provenance, Morrigan parvint à identifier une énième trace de sabotage. Le cordage le plus proche de la cale avait été délibérément scié au dessus de lui. Même en tendant les bras, il ne pouvait atteindre sa destination. Un tel crime était plutôt à la hauteur d’un Derek. Le constat le fit grimacer furtivement de dérision. Comment faisait-il pour occuper ainsi toutes ses pensées ? Ne pouvait-il pas lui dire de se pousser un peu, histoire de lui laisser un peu de liberté de réflexion ? Entre un bateau crasseux et ses beaux yeux d’ambre, le choix de son esprit était vite vu.

Mais ce n’était pas le moment de rester bloqué sur son regard envoûtant, son sourire désarmant et tout autre charme que la raison l’empêchait présentement d’énumérer pour garder l’esprit clair. Le télépathe avait après tout une affaire à régler qui ne nécessitait pas qu’il songe à son grand brun. En secouant la tête, il disposa son morceau de cordage en le faisant passer par dessus une poutre pour tendre son action et pouvoir activer le piège à distance maximale. Maintenant que tout était à nouveau en place, le mage n’avait plus qu’à s’occuper du leurre. Pour cela, il écrasa le plus gros de ses fruits à l’intérieur du filet pour créer une odeur forte et sucrée. Après quoi, il prit trois profondes inspirations pour faire le vide dans son esprit et s’atteler à l’illusion d’une belle corbeille de fruits. Il imaginait nettement les contours colorés de la chair des fruits, avec les imperfections qui ondulaient à sa surface et la manière dont elle captait l’humidité en suspension dans l’air. Une fois satisfait de son image, le télépathe se recula suffisamment. Après tout, il ne devait convaincre ici qu’une poignée de rats et non pas un critique d’art spécialisé dans les natures mortes… C’était bien la première fois qu’il faisait profiter à la faune de ses illusions. Alors qu’il pensait être tombé bien bas, l’érudit piégea un premier groupe de rongeurs opportunistes.

« Enfin ! » soupira t-il d’exaspération en voyant le fruit de ses efforts donner des résultats.

Le premier, hélas, d’une grande série. Les rats n’avaient pas volé leur réputation d’espèce invasive. A bout de bras, Morrigan se débarrassait de ses paniers grouillants sous le regard amusé des marins. C’était définitivement un original celui-ci, du genre à préférer se prendre la tête avec des pièges plutôt que de les exterminer à vue comme la plupart des aventuriers. Inutile de dire que l’érudit détestait cette attention et le poids de leur jugement. Mais si les choses leur déplaisaient à ce point, il ne tenait qu’à eux d’en faire autrement.

Maintenant que plus aucun rongeur ne pointait le bout de son museau, Morrigan fut soulagé de pouvoir enfin désinstaller son mécanisme. Il ne synthétiserait plus de fruits artificiels de si tôt, au bord de l’overdose en ayant dû fabriquer leur illusion à la chaîne. Entre les crustacés, les algues et les fruits omniprésents, ce périple achèverait de le rendre encore plus difficile qu’il ne l’était déjà. A croire que le motif caché qu’il avait fabulé pour cette mission de la guilde était en fait de l’écœurer des choses simples.


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Techniquement, il n’y avait plus qu’à ranger et nettoyer l’ensemble avant de s’acquitter officiellement de sa mission. Mais Morrigan ne pouvait s’empêcher de se mêler de ce qui ne le regardait pas, tout bonnement incapable de se mettre des œillères quand un mystère s’offrait à lui. Une énigme qui commençait à perdre peu à peu de son opacité quand le télépathe considérait les nombreux indices compromettants laissés par son auteur. Alors qu’il finissait de récurer la cale de fond en comble, de nouveaux détails attirèrent son attention. S’il n’était pas aussi tatillon, à vouloir nettoyer les moindres recoins de la pièce par acquis de conscience, le mage n’aurait probablement pas remarqué de taches suspectes. Le bois était recouvert par endroit de traces sucrées et odorantes, tandis que des restes de nourriture avaient été volontairement dissimulés sous les meubles afin d’encourager les rats à grignoter les fondations du bateau. Les denrées n’avaient pas encore eu le temps de moisir, ce qui permettait de situer l’incident dans une temporalité récente.

Une fois l’espace convenablement lavé, l’érudit fouineur se fraya un chemin jusqu’au planning du navire. L’épais registre avait pour vocation de servir de cahier des charges à l’équipage qui se répartissait les tâches à mener autour de l’Aigue-Marine. Morrigan s’intéressa plus particulièrement aux pages les plus récentes pour identifier la rotation jusqu’à la semaine dernière. En éliminant les suspects qui n’étaient pas passés par l’entretien hebdomadaire du navire et le ravitaillement, le télépathe parvint à isoler une poignée de coupables potentiels. Les tentatives de sabotage étaient suffisamment discrètes pour ne pas attirer facilement l’attention des autres membres, de quoi rendre le criminel presque intouchable. Mais Morrigan n’était pas homme à se laisser docilement pointer du doigt pour des fautes qu’il n’avait pas commises. Si ces machinations venaient à se découvrir, n’importe quel marin serait tenté de rejeter la faute sur l’érudit taciturne qui jurait dans le décor et qui n’exprimait aucune allégeance envers les codes de la navigation. La prophétie était trop belle pour ne pas se réaliser sans son intervention.

Tout en faisant mine de transvaser des objets de la surface à la cale, le télépathe profita du répit pour identifier visuellement ses suspects. Il ne s’était guère intéressé à eux pendant toute la journée et le regrettait présentement en peinant à mettre des prénoms sur des visages. Voulant profiter des bribes de conversation et vérifier par la même occasion la taille des incriminés en comparaison avec la sienne, le mage se retrouvait bien souvent à déambuler les bras chargés de babioles inutiles entre les marins affairés. D’ordinaire, il se serait reposé sur la télépathie mais il ne souhaitait pas mettre un trop violent coup de pied dans la fourmilière. Si Samara apprenait qu’il avait dépassé sa juridiction, le mage ne donnait pas cher de sa peau, qu’il imaginait sans doute retrouver au milieu des crabes et des algues sur la table du prochain repas…

Et puis, Dieu sait ce que la guilde lui demanderait en apprenant qu’il faisait du zèle. Le jeu n’en valait clairement pas la chandelle même si la discrétion seule n’était pas son point fort, compte tenu de son aisance sociale. Une personne extravertie se serait fondue dans la masse sans aucune difficulté, là où Morrigan dévisageait les marins en les affublant d’une grimace pincée et gênée quand leur regard se croisaient pendant trop longtemps. Il élimina mentalement l’homme à gauche de ce duo, trop petit pour avoir saboté le cordage avec l’incision droite de la corde qu’il avait trouvé.

« Qu’est-ce qu’il a ? » lança celui de gauche une fois que l’érudit s’était éloigné de quelques pas.

« Aucune idée, tu sais les types dans les bureaux d’la guilde… » répondit l’autre avec un geste équivoque sur sa tempe, sous-entendant qu’ils avaient sûrement à faire à un zinzin.

L’explication essentialiste avait convaincu son binôme qui avait tout bonnement haussé les épaules. Passer pour un marginal ne lui était pas étranger et Morrigan était bien trop concentré sur son affaire pour se formaliser de son image auprès de l’équipage.

Tous ses soupçons convergeaient vers un homme à la mine patibulaire, qui semblait perpétuellement de mauvaise humeur. Un point commun qu’il partageait mais qui ne laissait clairement pas la même impression avec sa carrure imposante. Le marin, qui se prénommait Ted d’après le registre trouvé à bord, râlait de manière tonitruante en réorganisant les caisses acheminées dans la matinée. Sans se laisser intimider comme à son habitude, le télépathe entra en interaction avec le grossier personnage qui jurait et crachait comme un malpropre selon les invectives de son humeur.

« Vous avez besoin de ce couteau ? » demanda t-il en désignant celui qui se trouvait sur sa ceinture. « Il m’en faudrait un pour le cordage. » dit-il simplement sans préciser bien entendu qu’il s’agissait de vérifier sa théorie plutôt que de couper un morceau de corde.

« Pffff… » lâcha l’homme en laissant retomber lourdement une caisse empilée sur une autre. « C’est pas fait pour les bureaucrates, un outil comme ça, c’est fait pour les loups de mer, tu piges ? Alors laisse-nous faire notre taf et fais le tiens. » dit-il en désignant un seau et une serpillière plus loin avec un mépris ostentatoire.

Peut-être que son désagréable interlocuteur réviserait son jugement sur les outils de bureaucrate en avalant malencontreusement un ouvre-lettre ? Cette perspective et sa mâchoire serrée suffirent à l’empêcher de surenchérir de manière trop abjecte. C’est donc comme ça qu’il voulait jouer, très bien. Pour lui, il ferait donc une exception.

« Pourtant, il s’agissait aussi de votre travail la semaine dernière si je ne m’abuse ? Je ne vois donc pas en quoi nos statuts diffèrent. » poursuivit-il avec un sourire faussement innocent, celui-là même qui avait le don de mettre le feu aux poudres.

La distraction offerte par sa provocation suffit à distiller discrètement son essence pour lier superficiellement son esprit au sien. Fort heureusement pour lui, la conscience de l’homme du jour était moins difficile à atteindre que celle de Gilda ou Emilia. Sa mémoire ne l’intéressait pas, mais il espérait en revanche l’entendre se trahir par la pensée.

**Putain, mais il peut pas se mêler de ce qui le r’garde ce fouille-merde ?** entendit-il clairement depuis le flux de pensées de Ted.

De la bouche d’un rustre pareil, cela sonnait presque comme un compliment. Mais la connexion mentale s’était opérée et c’est tout ce qui comptait présentement.

« Je vois pas où tu veux en v’nir ? Si t’as un problème, sois un homme et tourne pas autour du pot ! »

Bêtement agressif, comme le télépathe s’y attendait. Il soupira en feignant l’ignorance sur le ton de la confidence forcée.

« Ça n’a rien de personnel voyons… Pour tout vous dire, j’ai trouvé des traces de sabotage pendant que j’effectuais ma mission. Je voulais vérifier si un couteau de marin pouvait correspondre aux traces laissées de part et d’autre. »

**Je rêve où il est en train de m’accuser ? Si jamais il en parle à Sam...** songea t-il un instant avant de répondre sur le même mode agressif. « Et alors ? Quel rapport avec moi ? Tu peux pas emmerder quelqu’un d’autre qui bosse pas ? »

« Aucun, j’imagine. » dit-il faussement crédule. « Après tout, je ne vois pas pourquoi un membre de l’équipage voudrait saboter son propre bateau, sûrement une fausse piste à écarter... »

**Si tu savais mon con la thune qu’ils sont prêts à m’donner pour des carcasses de bateau d’explo, toi aussi t’essayerais de faire couler le rafiot.**

« Ouais ben moi non plus, alors va voir ailleurs si j’y suis. »

Bingo, il ne s’était pas trompé sur son compte. Un sourire victorieux qui se voulait courtois fendit ses lèvres quand le rustre le congédia. Le télépathe ne chercha pas à creuser davantage pour compromettre sa discrétion et rompit la connexion mentale sans demander son reste. L’heure du règlement de compte approchait à grand pas.


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Après avoir suffisamment cuisiné ce malpropre, Morrigan était arrivé à la conclusion de son implication. Ted avait volontairement dégradé l’Aigue-Marine à divers endroits afin d’espérer échanger la carcasse du navire contre une ronde somme de gils. Si la navigation était une affaire d’aventuriers plébiscitée par la guilde, nombre de Portaliens devait souhaiter mettre la main sur de tels navires ou sur les matériaux rares qui les composaient parfois. Entre les pirates et les opportunistes, le télépathe voulait bien croire que les acheteurs potentiels ne manquaient pas dans cette cité. Sans s’impliquer davantage dans cette affaire de recel, le mage prit le parti de s’arrêter sur une enquête préliminaire. Ce n’était pas à lui de décider du sort du marin, ni même d’ouvrir une investigation plus approfondie sur des faits pour lesquels on ne l’avait pas missionné. Ne s’était-il pas déjà assez avili auprès de la guilde pour rajouter une couche de zèle non sollicité ? Pour une fois, ça serait à eux de prendre les choses en main.

La capitaine ne serait sans doute pas ravie d’apprendre de telles accusations. Mais Morrigan préférait jouer les troubles-fête que d’être injustement incriminé. Samara inspectait le bateau débarrassé de sa vermine avec un mélange de satisfaction et d’appréhension. Le télépathe vint la retrouver sans s’offusquer de sa réaction. Quelque chose la préoccupait suffisamment pour ne pas se réjouir de l’éclat de son bijou. Avec un peu de chance, les nouvelles qu’il apportait suffiraient à lui remettre les idées en place.

« J’ai à vous parler d’une affaire délicate. » déclara t-il en prenant la température auprès de son interlocutrice.

Elle le regarda plus franchement, davantage intriguée que surprise avant de s’éloigner de quelques pas. Un regain d’espérance semblait avoir eu raison de son air contrarié.

« J’ai trouvé des traces de sabotage à divers endroits. D’abord sur la coque, puis à l’intérieur de la cale. Des tentatives plutôt discrètes mais qui avaient toutes pour but d’abîmer le navire de manière précoce. La perspective qu’un membre de l’équipage veuille faire couler l’Aigue-Marine me semblait bien curieuse, mais je ne pouvais pas porter de telles accusations sans preuves... » dit-il pour se justifier d’avoir fourragé dans ce qui ne le regardait pas.

« Je sais, c’est déplacé. » râla t-il directement pour anticiper les remontrances de la capitaine qui l’écoutait attentivement. « Mais il n’empêche que grâce au registre et à la nature de mes découvertes, j’ai pu identifier le coupable, Ted. »

Alors qu’il comptait s’arrêter là pour laisser le temps à son interlocutrice d’encaisser, cette dernière rebondit bien plus vite qu’escompté et sans se formaliser sur les détails de son initiative.

« Ted ? Tu en es sûr ? »

« Oui. » dit-il laconiquement sans préciser qu’il avait eu recours à la télépathie pour confirmer ses soupçons.

« Ah, enfin... » soupira t-elle en paraissant soulagée. « J’ai cru que tu ne t’y mettrais jamais. » conclut-elle sous le regard interloqué du mage.

« Comment ça..? »

« La guilde m’a dit qu’elle m’envoyait quelqu’un pour l’entretien annuel et que, d’une pierre deux coups, ce type m’aiderait à coincer le vautour qui s’en prenait à mon navire dans l’ombre. » répondit-elle en haussant les épaules comme si tout ça coulait de source.

« Vous m’en direz tant... » rétorqua t-il d’un air grinçant.

Il les maudissait. C’était bien le mode opératoire de la guilde et de leurs secrets de tiroir insupportables. Comme si les reproches lui étaient muettement adressés, Samara se défendit immédiatement.

« Hé, on m’a dit de ne surtout pas en parler, pour pas trahir de couverture ou quelque chose du genre. Dans tous les cas, tu as fait ce qu’on t’avait demandé, alors c’est tout ce qui compte. Merci Morrigan, je me charge du reste. »

C’est la première fois qu’elle l’appelait directement par son prénom. C’était nettement plus agréable que chochotte dont il se serait bien passé… Mais Morrigan n’avait au fond rien contre elle et ses manières un peu bourrues, Samara s’était montrée après tout honnête et authentique dès le départ avec lui.

« Je vous souhaite bien du courage pour la suite de cette affaire. » dit-il en la saluant poliment. Et d’être associée à une telle institution pour vous aider… songea t-il, toujours rancunier.

La guilde lui devait en effet des explications. S’il n’avait pas rechigné à accepter une autre tâche physique et rébarbative, ne pas le mettre dans la confidence d’un objectif secondaire était inacceptable. Quand il arriva en fin de journée, épuisé et encore poisseux, Suzy le cueillit en grimaçant, s’attendant à une explosion à retardement.

« Rebonjour Morri, j’imagine que tu as un tas de questions à me poser mais tout s’est bien passé finalement, non ? » demanda t-elle pour essayer de rebondir comme à son habitude sur des sujets plus réjouissants.

« Certes. » répondit-il laconiquement avec une pointe de sarcasme. « Ce ne sont pas des manières, Suzy, on ne mandate pas les gens sans leur dire explicitement de quoi il retourne. Imagines-tu le temps précieux que tu m’aurais fait gagner en m’annonçant d’emblée ce qu’on attendait de moi ? »

« Oui c’est pas terrible, je sais… » reconnut la jeune femme sans chercher à se défendre. « La commission budgétaire n’était pas très emballée à l’idée de missionner quelqu’un comme toi. Je ne t’ai pas menti en te disant que l’objectif du jour était de remettre en état le bateau. Le reste était suffisamment préoccupant pour que la guilde cherche quelqu’un potentiellement capable de jouer sur les deux fronts... »

Quelqu’un comme lui ? L’euphémisme eut au moins le mérite de le faire sourire. Ils ne manquaient pas d’air avec leur condescendance et leur façon de prendre leurs agents pour des bonnes poires. Personne ne lui avait dit que la vermine du navire comprenait un traître, sans quoi l’enquête aurait été plus rapide. Mais Morrigan comprenait la méfiance hautaine à son égard. Au-delà de son rang inférieur, on ne le pensait pas capable de démêler une affaire par télépathie. Les autres Portaliens dotés de ce pouvoir qu’il avait rencontré jusqu’ici n’avaient qu’un accès limité à la conscience de leurs cibles. s’il résumait tout ça en une seule phrase, on l’avait pris pour un con.

« Je vois. Ils se payent ma tête et me taxent d’incompétence par la même occasion. » dit-il avec plus de grâce que le constat initial.

Au lieu de s’en fâcher, il parut un instant soulagé.

« Ne fais pas cette tête. C’est un mal pour un bien Suzy, tu es bien placée pour le savoir. »

Sa collègue était après tout passée maître dans l’art de se faire passer pour une idiote. Même s’il ne pouvait tolérer leur déconsidération, savoir que ces gens là n’attendaient rien de lui était une sorte de victoire. Quand il n’y avait personne à décevoir, on gardait sa liberté d’action. Morrigan ne serait pas excédé, pas ce soir. Pas depuis qu’il avait compris leurs machinations ridicules et qu’il s’était personnellement engagé à rendre ses lettres de noblesse à ce guêpier. La guilde n’était plus en mesure de mépriser ses invoqués et aucun de ces parvenus ne méritait sa colère.


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descriptionIl était un petit navire [Passage rang Or Morrigan] (Terminé) EmptyRe: Il était un petit navire [Passage rang Or Morrigan] (Terminé)

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