Marguerite du Psychagité
Pèlerin - Eglise
Bronze
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- Date d'inscription :
- 16/04/2023
- Gils :
- 8324
- Disponibilité Rp :
- Disponible
- Messages :
- 118
- Métier :
- Archiviste au Collège des Interdits
- Couleur d'Essence :
- Incolore
- Style d'Arme :
- Aucune
- Rang :
- Sans Rang
- Puissance d'Essence :
- 2919
Aujourd’hui, je suis au bout de ma vie. Si je meurs dans la journée, je ne serai pas surpris. Je ne sais pas si je regrette de connaître une fin si jeune, ou si je l’attends avec impatience.
Pour vous donner le contexte, imaginez un peu la scène : moi, dehors à midi tapantes, adossé aux murs de la Cathédrale. Le soleil est haut dans le ciel, il n’y a presque pas d’ombre. Qu’est-ce que je fais là, me demanderiez vous, et vous auriez raison d’être curieux ? Après tout, ce n’est pas du tout dans mes habitudes, ni même dans mes passe-temps rêvés. Eh bien, il faut savoir qu’après mes derniers déboires avec ma marguerite, j’ai décidé de concéder à quelques… sacrifices. Je n’avais pas le choix : ill fallait que je sorte, au moins une fois par jour, tous les jours, pour que ma fleur reçoive son taux d’ensoleillement réglementaire quotidien. Selon mes informations, il lui fallait entre 6 et 8 heures d’ensoleillement par jour, plutôt en début ou en fin de journée. Mais 6 ou 8 heures, c’est beaucoup trop pour l’Archiviste du Collège des Interdits. J’avais donc décidé de faire un compromis : si je la sortais 3 heures sur le temps du midi, quand l’ensoleillement était le plus fort, ça devrait revenir au même, non ?
J’étais donc posé là, faisant de mon mieux pour ne pas regretter mon choix. Chaque fibre de mon corps hurlait au soleil, me disant de retourner m’abriter aux sous-sols, là où il fait sombre et où il n’y a personne, mais je résistais. La santé de ma fleur était plus importante que mon bien-être personnel. Je ne comprenais pas pourquoi elle et moi, on avait des attentes aussi différentes.
Par chance, il ne faisait pas très chaud, mais le soleil était à son zénith et inondait toute la ville d’une lumière blanche et aveuglante. Il n’y avait presque pas d’ombre, à cette heure-ci, c’est pourquoi je restais collé à la Cathédrale, profitant du minuscule trait d’ombre qui l’entourait. Si je n’avais pas moi-même vu, et senti, les effets du soleil sur ma plante la veille, je n’y croirais pas. J’avais toujours du mal à accepter que cette torture puisse lui être bénéfique, à elle ou à moi, mais je devais y croire. Elle avait déjà meilleure mine, et j’espérai que jamais plus je ne me réveillerai un jour à la voir toute flétrie dans son pot à nouveau.
Mon problème, c’était qu’il n’y avait pas que la lumière à gérer. Il y avait le bruit de la ville, aussi. On était proche de midi, en plein centre-ville, au carrefour de la Cathédrale de l’Ordre et de la Tour de la Guilde. Alors que le soleil baignait tout d’un blanc aveuglant, les rues étaient quant à elles noires de monde ; ça courait dans tous les sens, ça posait des questions, ça criait, ça formait des groupes, ça se battait… Midi était la pire heure de la journée. Même quand je vivais encore dehors, j’évitais à tout prix de sortir à cette heure-là. Je ne voulais pas être là.
Des gens m’approchèrent. Ils me demandèrent si j’allais bien, qu’ils me regardaient depuis un moment, debout là sans bouger contre les murs de la cathédrale, avec ma fleur, le regard perdu. Est-ce que j’attendais quelqu’un, est-ce que j’avais besoin d’aide, est-ce que j’étais un nouvel invoqué, ce genre de trucs. Ça n'arrêtait pas.
Je ne trouvais pas l'énergie de leur répondre. Je gardais le regard fixé par terre. Ils me donnaient mal à la tête, et ils continuaient encore. Alors sans leur daigner ni un regard, ni un mot, je me mis à marcher droit devant moi, coupant à travers la foule. Je ne savais pas où j’allais. Partout où j’irai, le soleil taperait pareil, mais peut-être que si au moins je m’éloignais du centre-ville, il y aurait moins de monde, moins de bruit, et que ça serait plus confortable.
Alors je marchais, toujours tout droit, passant devant les auberges, les boutiques, les magasins, les comptoirs. À travers la foule, dans la lumière, rasant les murs pour un peu d’ombre. Il n’y en avait pas, à part sous les étals des marchands, ceux là qui vous appellent très fort et vous attrapent si vous vous approchez trop près. Ceux qui m'avaient adressé la parole me suivaient encore. Ils me demandaient pourquoi je ne leur répondais pas. Ils se moquaient un peu, aussi. Ils avaient remarqué que je n'avais pas d'essence, ils me demandaient si j’étais un nouvel invoqué. Je n'avais toujours pas envie de leur répondre. Ca aurait probablement été plus simple de le faire, mais je n’arrivais pas à convaincre mes lèvres de le faire, donc je continuais de les ignorer, avançant droit devant. Je me disais qu’ils finiraient bien par abandonner.
Je n’avais aucune idée d’où j’étais. Je n’étais jamais venu dans ce quartier. Ça sentait de plus en plus fort dans les rues : la plupart des bipèdes mangeaient à cette heure-ci. Toute la ville était pleine de senteurs d’épices, de viande, de pain… J’avais mal au cœur. Y’avait des effluves sucrées aussi, qui me montaient à la tête. Je mis une main sur mon nez, pour bloquer les effluves. Je n'aurais pas dû sortir. Je n'avais pas d'autre choix que de sortir.
Quelqu'un me bouscula. Contrairement à l'autre jour, quand Ryza m’avait pris la main, je n'aimais pas ce contact-là, venu de nul part, sans gentillesse et sans douceur. Sans même me voir. Je m'immobilisai un moment le temps de grimacer, fermant les yeux, réprimant un frisson.
Je voulais rentrer.
Je me retournai. Il me semblait avoir marché droit devant moi, et pourtant la rue derrière moi ne menait pas tout droit sur la Cathédrale, mais sur une autre rue qui la coupait perpendiculairement. Je n’avais aucune idée de par où rentrer. Les types qui me suivaient depuis tout à l’heure avaient disparu. Je ne savais pas depuis quand ils étaient partis. Je ne savais pas depuis combien de temps je marchais. Je ne savais pas si c’était assez de temps pour ma fleur.
Je restai là, immobile, au beau milieu de la voie. Je ne savais pas si je devais continuer, reculer, rester là. Je n’arrivais pas à penser. La lumière me faisait mal aux yeux. Il y avait plusieurs personnes en train de cuisiner, certaines chez elles la fenêtre ouverte, d’autres dans des tavernes, auberges et bars qui menaient sur la rue, j’entendais la ferraille racler les casseroles et les poêles, l’eau versée dans les verres, les verres et la vaisselle s’entrechoquer, les effluves me montaient à nouveau au nez malgré ma main devant. Je réprimai un haut le cœur, quelque chose me remonta dans la gorge. Je ne voulais plus être là.
Il y avait quelqu’un à côté de moi à nouveau. Encore une fois, on me demandait pourquoi je restais planté là, si ça allait, pourquoi je tremblais, pourquoi je pleurais. Je serrais ma marguerite plus fort contre moi. La personne continuait à poser les mêmes questions. Les gens continuaient de manger. Le soleil continuait de briller. Ça ne s’arrêtait pas. Je devais rester dehors pour ma fleur, mais le monde n’arrêtait pas de tourner. Une main me saisit le poignet.
Je repoussai violemment la personne en arrière, assez pour la faire tituber. Je criais, peut-être, je ne sais plus. Et puis je fuis. Vers la porte la plus proche, pour sortir du dehors, y laisser le soleil, les bruits, la nourriture, les gens. L’endroit était petit, c’était tant mieux. Je cherchai immédiatement un coin où me planquer. Il y avait des tissus partout, pliés, sur des cintres, il y avait des cartons aussi. Je me jetai sous un portant contre le mur duquel pendaient plusieurs tissus épais en rang volumineux, assez me couper du monde. Il y avait un carton juste à côté avec des tissus encore plus grand, encore plus épais. J’en attrapai une grosse poignée, et je m’emmitouflai dedans en tremblant. Je laissais le carton posé là comme un mur. Plus de lumière, plus d’odeur. Et beaucoup moins de bruit. J’arrivai à respirer à nouveau.
Pour vous donner le contexte, imaginez un peu la scène : moi, dehors à midi tapantes, adossé aux murs de la Cathédrale. Le soleil est haut dans le ciel, il n’y a presque pas d’ombre. Qu’est-ce que je fais là, me demanderiez vous, et vous auriez raison d’être curieux ? Après tout, ce n’est pas du tout dans mes habitudes, ni même dans mes passe-temps rêvés. Eh bien, il faut savoir qu’après mes derniers déboires avec ma marguerite, j’ai décidé de concéder à quelques… sacrifices. Je n’avais pas le choix : ill fallait que je sorte, au moins une fois par jour, tous les jours, pour que ma fleur reçoive son taux d’ensoleillement réglementaire quotidien. Selon mes informations, il lui fallait entre 6 et 8 heures d’ensoleillement par jour, plutôt en début ou en fin de journée. Mais 6 ou 8 heures, c’est beaucoup trop pour l’Archiviste du Collège des Interdits. J’avais donc décidé de faire un compromis : si je la sortais 3 heures sur le temps du midi, quand l’ensoleillement était le plus fort, ça devrait revenir au même, non ?
J’étais donc posé là, faisant de mon mieux pour ne pas regretter mon choix. Chaque fibre de mon corps hurlait au soleil, me disant de retourner m’abriter aux sous-sols, là où il fait sombre et où il n’y a personne, mais je résistais. La santé de ma fleur était plus importante que mon bien-être personnel. Je ne comprenais pas pourquoi elle et moi, on avait des attentes aussi différentes.
Par chance, il ne faisait pas très chaud, mais le soleil était à son zénith et inondait toute la ville d’une lumière blanche et aveuglante. Il n’y avait presque pas d’ombre, à cette heure-ci, c’est pourquoi je restais collé à la Cathédrale, profitant du minuscule trait d’ombre qui l’entourait. Si je n’avais pas moi-même vu, et senti, les effets du soleil sur ma plante la veille, je n’y croirais pas. J’avais toujours du mal à accepter que cette torture puisse lui être bénéfique, à elle ou à moi, mais je devais y croire. Elle avait déjà meilleure mine, et j’espérai que jamais plus je ne me réveillerai un jour à la voir toute flétrie dans son pot à nouveau.
Mon problème, c’était qu’il n’y avait pas que la lumière à gérer. Il y avait le bruit de la ville, aussi. On était proche de midi, en plein centre-ville, au carrefour de la Cathédrale de l’Ordre et de la Tour de la Guilde. Alors que le soleil baignait tout d’un blanc aveuglant, les rues étaient quant à elles noires de monde ; ça courait dans tous les sens, ça posait des questions, ça criait, ça formait des groupes, ça se battait… Midi était la pire heure de la journée. Même quand je vivais encore dehors, j’évitais à tout prix de sortir à cette heure-là. Je ne voulais pas être là.
Des gens m’approchèrent. Ils me demandèrent si j’allais bien, qu’ils me regardaient depuis un moment, debout là sans bouger contre les murs de la cathédrale, avec ma fleur, le regard perdu. Est-ce que j’attendais quelqu’un, est-ce que j’avais besoin d’aide, est-ce que j’étais un nouvel invoqué, ce genre de trucs. Ça n'arrêtait pas.
Je ne trouvais pas l'énergie de leur répondre. Je gardais le regard fixé par terre. Ils me donnaient mal à la tête, et ils continuaient encore. Alors sans leur daigner ni un regard, ni un mot, je me mis à marcher droit devant moi, coupant à travers la foule. Je ne savais pas où j’allais. Partout où j’irai, le soleil taperait pareil, mais peut-être que si au moins je m’éloignais du centre-ville, il y aurait moins de monde, moins de bruit, et que ça serait plus confortable.
Alors je marchais, toujours tout droit, passant devant les auberges, les boutiques, les magasins, les comptoirs. À travers la foule, dans la lumière, rasant les murs pour un peu d’ombre. Il n’y en avait pas, à part sous les étals des marchands, ceux là qui vous appellent très fort et vous attrapent si vous vous approchez trop près. Ceux qui m'avaient adressé la parole me suivaient encore. Ils me demandaient pourquoi je ne leur répondais pas. Ils se moquaient un peu, aussi. Ils avaient remarqué que je n'avais pas d'essence, ils me demandaient si j’étais un nouvel invoqué. Je n'avais toujours pas envie de leur répondre. Ca aurait probablement été plus simple de le faire, mais je n’arrivais pas à convaincre mes lèvres de le faire, donc je continuais de les ignorer, avançant droit devant. Je me disais qu’ils finiraient bien par abandonner.
Je n’avais aucune idée d’où j’étais. Je n’étais jamais venu dans ce quartier. Ça sentait de plus en plus fort dans les rues : la plupart des bipèdes mangeaient à cette heure-ci. Toute la ville était pleine de senteurs d’épices, de viande, de pain… J’avais mal au cœur. Y’avait des effluves sucrées aussi, qui me montaient à la tête. Je mis une main sur mon nez, pour bloquer les effluves. Je n'aurais pas dû sortir. Je n'avais pas d'autre choix que de sortir.
Quelqu'un me bouscula. Contrairement à l'autre jour, quand Ryza m’avait pris la main, je n'aimais pas ce contact-là, venu de nul part, sans gentillesse et sans douceur. Sans même me voir. Je m'immobilisai un moment le temps de grimacer, fermant les yeux, réprimant un frisson.
Je voulais rentrer.
Je me retournai. Il me semblait avoir marché droit devant moi, et pourtant la rue derrière moi ne menait pas tout droit sur la Cathédrale, mais sur une autre rue qui la coupait perpendiculairement. Je n’avais aucune idée de par où rentrer. Les types qui me suivaient depuis tout à l’heure avaient disparu. Je ne savais pas depuis quand ils étaient partis. Je ne savais pas depuis combien de temps je marchais. Je ne savais pas si c’était assez de temps pour ma fleur.
Je restai là, immobile, au beau milieu de la voie. Je ne savais pas si je devais continuer, reculer, rester là. Je n’arrivais pas à penser. La lumière me faisait mal aux yeux. Il y avait plusieurs personnes en train de cuisiner, certaines chez elles la fenêtre ouverte, d’autres dans des tavernes, auberges et bars qui menaient sur la rue, j’entendais la ferraille racler les casseroles et les poêles, l’eau versée dans les verres, les verres et la vaisselle s’entrechoquer, les effluves me montaient à nouveau au nez malgré ma main devant. Je réprimai un haut le cœur, quelque chose me remonta dans la gorge. Je ne voulais plus être là.
Il y avait quelqu’un à côté de moi à nouveau. Encore une fois, on me demandait pourquoi je restais planté là, si ça allait, pourquoi je tremblais, pourquoi je pleurais. Je serrais ma marguerite plus fort contre moi. La personne continuait à poser les mêmes questions. Les gens continuaient de manger. Le soleil continuait de briller. Ça ne s’arrêtait pas. Je devais rester dehors pour ma fleur, mais le monde n’arrêtait pas de tourner. Une main me saisit le poignet.
Je repoussai violemment la personne en arrière, assez pour la faire tituber. Je criais, peut-être, je ne sais plus. Et puis je fuis. Vers la porte la plus proche, pour sortir du dehors, y laisser le soleil, les bruits, la nourriture, les gens. L’endroit était petit, c’était tant mieux. Je cherchai immédiatement un coin où me planquer. Il y avait des tissus partout, pliés, sur des cintres, il y avait des cartons aussi. Je me jetai sous un portant contre le mur duquel pendaient plusieurs tissus épais en rang volumineux, assez me couper du monde. Il y avait un carton juste à côté avec des tissus encore plus grand, encore plus épais. J’en attrapai une grosse poignée, et je m’emmitouflai dedans en tremblant. Je laissais le carton posé là comme un mur. Plus de lumière, plus d’odeur. Et beaucoup moins de bruit. J’arrivai à respirer à nouveau.
Dernière édition par Marguerite du Psychagité le Dim 17 Déc - 14:16, édité 1 fois
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Mar 13 Juin - 15:55