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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLe rayon du cercle (Kael) (Terminé) EmptyLe rayon du cercle (Kael) (Terminé)

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Hypanatoi n’avait jamais été le plus académique des paragoï. Certains de ses pairs, voyant dans l’accumulation du savoir un moyen de pousser l’esprit au-delà de ses limites et d’atteindre la divinité tant recherchée, s’étaient constitués des connaissances à proprement parler encyclopédiques. Ce n’était pas qu’il était ignorant : il se pensait particulièrement instruit dans de nombreux domaines, y compris de ceux qui ne relevaient pas directement de l’instruction que l’on donnait à un paragoï. Il était un lettré, s’étant nourri avec ferveur des écrits des anciens, qu’ils parlent de philosophie, d’histoire ou qu’ils soient simplement des pièces littéraires appréciables. Il avait dévotement étudié les théories de l’harmonie et du beau, qu’elles portent sur la musique, l’écriture ou la sculpture. Mais le sujet qui le préoccupait en ce moment n’était malgré cela pas de son ressort. Certaines de ses connaissances sans doute pouvaient s’y transposer sans trop de mal, mais tout de même.

Il n’était pas un érudit capable avec aisance de comprendre et de décoder les usages des gens de ce monde. Il lui fallait patauger, et fournir de grands efforts, et travailler dur pour obtenir la moindre avancée.

Il comprenait certes les éléments communs qui existaient dans l’esprit de tous les portaliens, qu’ils soient originaires de ces terres maudites ou d’un autre plan d’existence. Mais ce n’était pas suffisant. Il ne lui suffisait pas simplement d’indexer quelques éléments pour prétendre les comprendre. Il devait remonter à la source de leurs étrangetés, saisir ce qui différenciait l’homme accompli de l’autochtone. Portalia, d’une façon ou d’une autre, serait nécessaire à l’accomplissement de ses plans. Il devait donc la disséquer, s’il voulait pouvoir s’en faire un outil utile, et cesser de la voir se dresser devant lui à chaque occasion.

Pour cela, il lui fallait accepter de faire ce qu’il haïssait par-dessus tout : supporter la compagnie des portaliens, et plus que cela, des portaliens les variés possibles. Les différences qui existaient étaient souvent trop minimes pour qu’il les remarque rapidement, mais il pensait après quelques examens initiaux que c’était l’étude de ces dernières qui lui permettrait enfin de percer ce mystère frustrant. Seulement, voir se succéder devant lui le cortège grimaçant de ces énergumènes gâtait son humeur et érodait sa patience pourtant légendaire. Laissant son troisième œil sonder dans la rue le cortège protéiforme des passants, il se rendit compte que cela faisait déjà vingt longues minutes qu’il était assis sur le banc de cette place, à simplement attendre qu’un profil se détache. Se levant subitement, il décida de couper court à cela : il sélectionnerait le premier venu qui émergerait de la boutique qui lui faisait face, et il jetterait sur lui son dévolu. Ajouter au panel d’étude habituel certains échantillons pris au hasard serait sans doute utile pour pondérer ses résultats.

Il s’avança vers la personne choisie, notant son apparence curieuse. Il avait beau être aveugle, son troisième oeil était capable de deviner la silhouette des corps qui l’entouraient. Et ce dernier s’élevait relativement haut, surtout au vu de la taille généralement atrophiée des chétifs humains de ce monde. Plus notoire encore, deux cornes émergeaient du haut de son crâne à des angles curieux, comme les antennes d’un insecte étrange. Il doutait qu’elles soient particulièrement fonctionnelles, et donc produites par la nature. C’était sans doute là des restes de l’influence arcane du fondateur de sa lignée, ou une mutation produite par ses propres desseins. Deux grandes ailes jaillissaient de son dos, et ses membres longs et son corps élancé indiquaient a priori un éphèbe ou un danseur. Il doutait cependant d’avoir en face de lui ce genre de créature. Se campant à quelques pas devant après une approche rapide, il l’aborda d’un ton égal et d’un signe rapide de la main :

« Je suis Hypanatoi Paragoï Konostinos. Hypanatoi suffira amplement, ajouta-t-il selon la formule maintenant consacrée. J’ai à te parler. Accorde-moi de ton temps, et ta récompense sera large. »

Il ne maîtrisait toujours pas, malgré le temps long – trop long, sans doute – qu’il avait passé ici, la manière d’aborder ces gens. Cependant, il estimait aujourd’hui avoir réussi quelque chose de bon. La créature en face de lui avait eu toutes les informations nécessaires, et il avait pris grand soin de les présenter de manière concise et digeste. Il lui avait également fourni une raison évidente de le suivre. Il savait certes qu’il était dans la nature de l’autochtone de se départir publiquement de toute tendance mercantile, et que cela pouvait provoquer un refus préliminaire. Ce n’était pas important. C’était une porte ouverte, que le paragoï saurait emprunter. Il ne lui restait maintenant plus qu’à attendre, et surtout à prier pour que le destin soit pour une fois doux avec lui, et juge bon de le ménager.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 9 Fév - 7:16, édité 3 fois
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descriptionLe rayon du cercle (Kael) (Terminé) EmptyRe: Le rayon du cercle (Kael) (Terminé)

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Alors que je me trouvait sur une des hauteurs de la cathédrale de l'Ordre, je repensais aux événements qui m'étaient arrivés tout en contemplant la cité de Portalia.

J'avais, pour protéger les miens sur Aekora, protéger ma Negoya, dû utiliser de la magie interdite afin de vaincre un ennemi se faisant appeler "Avatar du Chaos". Lorsque je l'avais touché avec cette magie, je fus transporté dans un monde qui m'étais inconnu. Portal. J'étais alors seul et loin d mon monde, des miens, de ma Guilde "Les Spectres".

Surtout loin de ma belle.

Une apparence méconnaissable, démoniaque, sûrement du à cette magie interdite.

D'ailleurs...je ne m'étais jamais dit être un démon mais toujours un "ex-hybride". Peut être était ce le fait que je n'arrivais pas à accepter cette apparence.

Quoiqu'il en soit.

J'avais appris à vivre ici, du moins le minimum puisque je ne voulais qu'une chose. Rentrer chez moi. Peu importe qui se dressait sur mon chemin.

Cependant je n'étais pas au bout de mes surprises. Une étrange voix, sombre, distordu, s'était mise à parasiter mon esprit, mes pensées, qui étaient jusque là déjà fragilisées par un sentiment de manque énorme dû à la distance entre Negoya et moi, via le lien qui nous unissait.

Cette voix tentait de me corrompre afin que je vienne à commettre des atrocités. Elle était particulièrement vicieuse lors de mes nuits de sommeils, me faisant apparaître des cauchemars semblant si réels.

J'avais tenté de voir un médecin qui ne put trouver de solution sur l'instant T. Il m'avait donné des médicaments pour que je puisse dormir si cela s'avérait nécessaire, si la voix en question était trop forte. Je ne m'en étais jamais servi mais... Au cas où il fallait en avoir besoin.

Une autre méthode. J'avais choisi de m'isoler, dans le quartier nord, un endroit où personne n'irait fouiller de fond en comble. J'avais choisi un lieu de ce quartier où il y avait moins de monde, afin d'éviter un possible accident sanglant.. J'aurais préféré m'isoler à l'extérieur de la ville mais avec les différentes bestioles y rôdant et si je tombais face à l'une d'elle ayant une puissance trop élevée je n'en ressortirait pas vainqueur.

Bref. Dans cet endroit, je m'étais mis à méditer sans que personne ne vienne me déranger. Un vide à faire dans mon esprit. Supporter cette voix, ce parasite, pouvoir évacuer cette peur qu'elle puisse me contrôler.

Se concentrer sur ma Guilde, les Spectres.
Sur Negoya, ma bien-aimée, ma moitié.

Cela fonctionna mais en échange d'une absence générale de ma part au sein de ce monde, de cette cité. Une absence lors d'une attaque sur Portalia par le Chaos, enfin sans compter la première sur le quartier nord. Une absence, une pause dans mon objectif que je m'étais fixé depuis mon arrivée ici. De plus je savais pertinemment que ce n'était qu'une solution temporaire. Tôt ou tard elle serait de retour. Je le sentais au fond de moi si je ne trouvais pas de "remède" éliminant totalement ce problème alors je ne sais pas ce que je pourrais faire.

Combien de temps étais-je resté ainsi ?
Aucune idée.

J'inspirais un bon coup, toujours sur une des hauteurs de la cathédrale où une petite brise agreable me caressait le visage puis je déployais mes ailes et m'envolais, quittant mon perchoir, direction le quartier marchand de Portalia. Il me fallait voir s'il y avait de l'équipement intéressant pour mes missions ou expéditions futures.

Arrivant au sol j'entourais autour de mon corps mes ailes et me mis a déambuler dans ce quartier en observant ce qui était proposé. Je ne tardais pas à découvrir une boutique qui pouvait m'apporter le fruit de mes recherches. Je n'hésitais en aucun cas et m'engouffrais en son sein pour y découvrir un intérieur empli de divers objets, utiles pour des aventuriers ou non.

Le silence continuait de me guider malgré les discussions autour de moi mais qui possédait un intérêt quasi nul. Cependant, un objet attira mon regard. Une arme, une lame, un katana au manche noir et rouge avec un fourreau de la même couleur. Je l'observais ainsi un moment et vint glisser mon index le long de l'acier. Une taille totale d'environ 70 centimètres. Cela me rappelait les armes que j'avais pu manier sur Aekora. Ici, je n'utilisais que ma magie et il aurait été intéressant d'avoir un autre style de combat au cas où.

"Belle arme n'est ce pas ?"

Je me retournais vers l'individu ayant parlé et qui s'adressait a moi. Le vendeur, simplement, vêtu d'une tenue assez chic, pour attirer les acheteurs.

"En effet. Une pièce plutôt appréciable à l'oeil nu en premier lieu." Répondis-je.

"Vous intéresse-t-elle Monsieur ?"

Mon regard vint se promener de nouveau sur cette lame. Un autre style de combat. Moins utiliser ma magie, ou bien combiner les deux. Je plissais les yeux, réfléchissant encore un peu et rapidement.

"Je vous l'achète." Me décidais-je.

Achat effectué. Transaction faite. J'avais déposé les gils sur le comptoir avant de pouvoir prendre l'arme en main. J'attachais la lame, dans son fourreau, dans mon dos pour la transporter. Je l'installerai à la taille un peu plus tard.

Quoiqu'il en soit, je quittais la dite boutique avec en tête d'essayer cette nouvelle arme.

Une fois à l'extérieur, à peine avais-je eu le temps de réfléchir à la suite, un individu, un colosse semblait-il, m'approcha en déclinant son identité. Un certain Hypanatoi Paragoï Konostinos. Un individu souhaitant me parler. Chose incroyable tout de même puisque je sortais d'une absence plutôt longue. Cela m'intriguait tout de même, cette demande, qu'importe ce qu'il pourrait me proposer en "récompense".

"Oui.. très bien..? J'écoute ?" Dit-je simplement, haussant légèrement un sourcil à la suite de mes mots.

Je restais sur mes gardes avec le sentiment que l'individu en face de moi était d'une force incroyable.
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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLe rayon du cercle (Kael) (Terminé) EmptyRe: Le rayon du cercle (Kael) (Terminé)

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C’était une bonne chose : il n’avait pas à s’expliquer, à palabrer, à marchander, comme un homme extrait du commun de la société aurait eu à le faire avec un égal. Certes, il ne se faisait aucune illusion. Ce n’était pas cela qui se jouait ici. Malgré cela, s’épargner ce genre de tracasserie et de trivialité était toujours une bénédiction, et un repos apprécié. Ses nerfs, aujourd’hui, ne seraient pas écharpés par les atermoiements et les vagissements d’un portalien pétulant. S’accordant une seconde supplémentaire pour contempler la créature qui lui faisait face, il commença son travail d’étude. Il s’agissait, s’il voulait comprendre le portalien en temps qu’archétype, de comprendre l’individu dans lequel il s’incarnait. Ce n’était généralement pas une tâche très difficile. Ils étaient transparents, et leurs esprits étaient souvent trop mal construits pour devenir réellement complexes.

Celui qu’il avait en face de lui avait un discours haché. Il lâchait quelques mots, et marquait une pause, comme si le simple fait de parler était pour lui difficile, et demandait un effort autant de concentration que physique. C’était étonnant : il avait plus l’habitude de se confronter à des individus bavards, qui réfléchissaient au sens de leurs paroles après les avoir prononcées, si d’aventure ils consentaient à se plier à ce rigoureux exercice. Ce n’était pas en soi dérangeant, au contraire. Il n’avait ici besoin que d’une chose : que son interlocuteur soit naturel, et se dévoile sans trop d’artifice. S’il avait la chance de profiter alors d’un être peu loquace, se contentant simplement de satisfaire sa curiosité, alors il ne lui restait plus qu’à retrouver un peu de la foi qu’il avait perdu. Peut-être n’était-il pas si malchanceux que cela.

« Marchons, fit-il simplement. »

Indiquant d’un geste rapide de la main le chemin, il se mit à avancer d’un pas tranquille, reprenant rapidement :

« T’expliquer ma démarche permettra de dissiper tout doute gênant : je ne comprends pas les portaliens. Vous êtes pour moi une espèce curieuse, et difficilement compréhensible. J’ai besoin de remonter à la source de ce qui fait de vous ce que vous êtes. C’est pour cela que je vais t’interroger. Contente-toi de répondre simplement et sincèrement. Il n’y a pas de mauvaise réponse. »

Cette formule n’était pas de son monde, et il n’avait commencé à l’employer qu’ici : elle parlait à la peur intrinsèque qu’avaient ces gens de l’échec. Elle était utile. Il ne l’utilisait que rarement, car il n’éprouvait que plus rarement encore le besoin de rassurer ou d’encourager ces créatures. Mais elle fonctionnait souvent, et l’amusait grandement. Ils ne comprenaient pas toute l’ironie qui y était attachée. Il continua, après avoir laissé un peu de temps s’écouler pour que son interlocuteur ait le temps de comprendre ce qui venait de lui être communiqué.

« Comment occupes-tu tes journées, et comment gagnes-tu les moyens de ta subsistance ? »

Au vu de l’endroit d’où il sortait, les réponses possibles étaient limitées. L’homme cornu se battait pour vivre, et il fallait simplement savoir qui s’assurait de ses services. Il doutait d’avoir face à lui un membre des Dark Souls. Et si tel était le cas, que ce dernier soit assez fou pour le lui avouer. Néanmoins, il était possible qu’il doive sa fidélité à plusieurs instances de la cité. Savoir qui était son maître permettrait au paragoï de mieux comprendre comment l’aborder. Et si jamais il avait en face de lui un être plus indépendant, cela l’aiderait de la même façon.

Il n’avait pour l’heure que peu de matière dans laquelle planter ses crocs. Cela changerait, rapidement. Plus que le fond de la réponse de son interlocuteur, ce serait la forme qui lui apprendrait de nouvelles choses. Quand le fond était invariablement dénué d’intérêt, il ne restait plus qu’à étudier l’apparence et la tournure du verbe pour comprendre la manière dont s’agençait la pensée. Au moins était-ce là une chose pour laquelle le paragoï était naturellement doué : l’exercice revenait à exhumer hors de la fange une masse odorante et suintante, et rendre ce processus aussi court et efficace que possible était une très bonne chose, s’il entendait préserver sa santé mentale.
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Je restais silencieux après avoir parlé, attendant une réponse de la part de cet individu mystérieux. Il se mit à imaginer plusieurs scénarios sur la présence de cet homme. Il venait de l'Eglise et tentait de l'amener à servir l'Ordre corps et âme ? Mauvais choix que de tomber sur moi. Servir une entité supérieure, qui en plus de ça m'avait amené contre mon gré ici, aurait été une véritable punition, une torture. Second scénario, il tentait de le recruter pour les Dark Souls, cette Guilde Noire qui s'infiltre partout et cherche désespérément à faire échouer la quête de l'Ordre afin de rester au sein de ce monde. Là également, mauvais choix. S*Mes pensées qui vagabondaient autour de tout les possibles scénarios que je me faisais vinrent se frotter à un « stop » lorsque l'homme m'indiqua de simplement marcher. Haussant légèrement les épaules, il était possible que je puisse apprendre une chose intéressante, des informations nouvelles ou même, potentiellement, avoir une certaine alliance pour diverses missions, ou expéditions. Quoiqu'il en soit je me mis à le suivre. Mes ailes étaient repliés autour de moi, comme je le faisais d'habitude pour éviter de toucher des personnes sans le vouloir.

Je laissais échapper un léger rire en entendant la justification de sa venue. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me dise cela à vrai dire. Ne pas comprendre les portaliens.. Ce n'était pas une chose facile en effet. Tant de diversité, de cultures, de races différentes vivant dans une même cité entouré de créatures ne cherchant qu'à tuer, engendrer du chaos. Des groupuscules différents, des conflits internes et un ennemi commun. Avec du recul, il est vrai que niveau politique ce devait être un véritable bordel. Ce n'était pas sur Aekora qu'il était possible de voir autant de diversité dans une seule cité. Déjà que sur un continent il était très difficile que deux races s'acceptent alors.. Je devais avouer que c'était un point positif de Portalia. Il fallait bien en trouver un peu tout de même.

Vint ensuite une question de la part de mon interlocuteur. Il cherchait à savoir ce que je faisais en général, pour tenter de comprendre le portalien d'après ses dires précédents. Je n'allais pas être le meilleur pour étancher sa soif de curiosité aussi aisément qu'il devait penser mais je n'allais pas rester muet non plus.

« Je m'entraîne. Je médite. J'effectue des missions. Je cherche à devenir plus fort. Les missions me font gagner de l'argent, c'est comme cela que je peux vivre. Enfin, l'objectif premier est surtout de quitter ce monde. » Lui répondis-je franchement.

J'observais les alentours par moment. Peut-être était-il possible que je puisse rencontrer quelqu'un de mon monde. De ma Guilde. Voir même... Non, je l'aurai senti si Negoya était là.

« Pourquoi vouloir comprendre les portaliens ? Qu'est ce que cela peut apporter ? »

Je ne comprenais pas tellement. De mon côté, je n'en avais un peu que faire de tenter de comprendre les habitants de cette cité. J'avais un objectif prioritaire que je devais atteindre, le reste n'est que futilité et inintéressant au possible.
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Hypanatoi Konostinos
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descriptionLe rayon du cercle (Kael) (Terminé) EmptyRe: Le rayon du cercle (Kael) (Terminé)

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Le portrait d’un aventurier standard lui était dressé. L’homme – en tout cas, la créature – qui lui répondait semblait pour l’heure s’afficher comme un individu parfaitement calibré. Un homme qui louait son bras à la guilde, en échange de sa subsistance. Un homme qui s’entrainait, et méditait. Cela était déjà plus curieux, ces pratiques étaient souvent vues comme superflus par la populace. Mais ce n’était pas cela qui intéressait le paragoï. Comme souvent, ou plutôt comme toujours, il n’attendait pas des gens qu’il interrogeait qu’ils lui amenèrent des informations utiles. Cela aurait réclamé des autochtones qu’ils fassent preuve à la fois de sincérité, d’ouverture, et, plus essentiel encore, d’une capacité d’introspection et de compréhension très largement hors d’atteinte. Ils ne se voyaient pas clairement. C’était cela, qui rendait leur étude difficile : il fallait épurer leurs propos, déchiffrer leurs actions, fouiller en eux pour extraire en pleine lumière les mécanismes cachés qui les unissaient.

Ce qui comptait, donc, n’était pas la réponse en elle-même. La chose ailée aurait tout aussi bien pu lui expliquer qu’elle était boulangère et que sa vie s’organisait autour du pétrissement des pains qu’il n’aurait fait aucune différence fondamentale avec ses déclarations actuelles. Ce qui comptait, c’était la manière dont il se présentait. Le ton de sa voix, l’importance des informations offertes, la manière précise dont il répondait à une question très ouverte. S’il était encore très tôt pour tirer des conclusions sur ce qu’il avait sous la main, il pouvait déjà supprimer certaines possibilités. C’était ainsi qu’il procédait, à chaque fois : il écartait loin de ses pensées les idées les plus superflus, et gardait en mémoire celles qui subsistaient. Le résultat final s’ajoutait à une gigantesque mosaïque, composée des résultats de ses recherches, et qui un jour lui offrirait la capacité de sentir à travers ses reliefs ce qui composait l’individu qui appartenait à ce monde. Qui se donnait à lui.

Il comprenait au moins que son interlocuteur avait du mal à s’ouvrir. Cette espèce de pudeur curieuse, souvent placée sur des sujets triviaux et ignorant des axes qu’il aurait été plus convenable de garder en soi, il la comprenait. Il savait comment elle fonctionnait. Elle était toujours la même : les gens de Portalia, il le pensait sincèrement, étaient sélectionnés pour correspondre à un grand archétype. Le dieu à deux têtes, malgré la rivalité qui existait entre ses esprits, les unissait sur ce point. L’homme en face de lui s’était présenté comme un portalien. Malgré cela, il se plaçait clairement en dehors de cette catégorie. Il arrivait, parfois, que cela soit justifié. Cela l’était pour lui. Cela l’était pour quelques personnes qu’il connaissait. Son instinct lui disait qu’il n’était judicieux d’étendre cette considération à la créature ailée. Il balaya cette pensée. Il saurait, en lui parlant. Il hésita sur la réponse à lui apporter, à la manière de continuer la conversation. La créature faisait preuve d’un manque de vision pathologique – c’était encore un élément de concordance avec ces gens, nota-t-il malgré lui – mais le lui signaler n’aurait pas été pertinent. Le portalien, une fois que l’on le forçait à confronter ses erreurs et ses lacunes, se vexait rapidement, et boudait comme un enfant. Hypanatoi avait besoin que la conversation continue.

« Mes projets réclament que je comprenne ce qui fait de vous des portaliens, répondit-il finalement. Que je perçoive, au-delà des choses évidentes, ce qui vous unit de cette manière si singulière. »

Ramener son interlocuteur à un statut duquel il avait voulu se départir n’était peut-être pas particulièrement adroit. Mais c’était aussi une manière de marquer le coup. De le faire réagir. Il fallait que la conversation continue, certes. Il fallait aussi qu’elle soit productive. Si la créature était sincère, la tendance à l’apathie et à l’inertie dont elle parlait était un élément nuisible.

« Depuis combien de temps vis-tu sur ce monde, et comment comptes-tu le quitter ? Quels moyens déploies-tu pour cela ? »

Sur ce point, leurs objectifs concordaient, et en vérité, Hypanatoi aurait même pu dire que leurs existences étaient assez similaires. Ils s’entrainaient, et méditaient. Ils accumulaient de la puissance. Ils luttaient. Il doutait que ces mots s’incarnent de manières similaires dans leurs vies respectives, cependant. Il lui fallait attendre, et entendre. Voir, et entendre.

Il supprima la montée d’un profond sentiment de dégout. Il avait étudié de la sorte un nombre bien trop grand à son gout de portaliens. Il était las de leur contact, et plus encore de devoir lui-même se l’infliger. Il persévérait, cependant.

Il savait n’avoir pas le choix, et que se laisser aller à la facilité aurait été un aveu d’échec absolument intolérable.
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descriptionLe rayon du cercle (Kael) (Terminé) EmptyRe: Le rayon du cercle (Kael) (Terminé)

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Je ne pouvais m'empêcher de laisser échapper un soufflement de « rire » en entendant mon interlocuteur me mettre dans le même sac que les gens vivant en ce monde. Me considérer comme l'un des leurs, comme un Portalien, était une chose totalement erronée. Je ne suis pas et ne serai pas l'un des leurs. La seule chose qui m'intéresse est de quitter ce monde. Tout simplement. M'enfin bon.. Pour me mettre dans le même sac il ne fallait pas avoir grandement réfléchi. Voir aucunement. Mais j'allais faire fi de tout cela et lui indiquer qu'il s'était planté sur ce point.

« Si vous souhaitez comprendre les Portaliens alors il est sûrement préférable que vous alliez accoster une autre personne. Je ne suis pas un Portalien. »

Quoiqu'il en soit, je restais à ses côtés pour lui répondre. Il me posait des questions, je n'allais pas simplement m'en aller et le laisser en plan même si, je l'avoue, l'idée m'avait peut être traverser l'esprit un instant. Allez.. Je détestais que l'on me fasse ça sur Aekora, notamment une certaine personne bien effrontée avec un tempérament très impulsif, alors autant ne pas le reproduire ici.

Ses questions, donc, me laissèrent un moment pour réfléchir. En faite.. J'avais la réponse, dans un sens, mais cela me prenait quelques longues secondes pour répondre. Disons que ce n'était pas des interrogations que j'aimais énormément depuis mon arrivée ici.

« Je ne regarde pas le temps depuis mon arrivée ici, cela ne sert à rien. La manière que j'ai de quitter cet endroit ? Il y a cette « quête », la destruction des rois du Chaos qui, si compléter, renverrait les invoqués chez eux. En théorie.. Mis à part cela, je ne sais pas. Des pistes sont à suivre, à creuser, mais avant de m'enfoncer trop profondément dans des possibilités relevant de rumeurs et non de fait concret, je m'efforce de remplir des missions pour retrouver ma force perdue. »

Oh bien évidemment j'omettais cette voix que j'avais calmer via de très longues séances de méditation. J'aurai pu en parler, indiquer qu'il s'agissait aussi d'un objectif que de pouvoir m'en débarrasser définitivement mais cela m'aurait embourber dans un long interrogatoire agaçant sans oublier que je n'y gagnerai que de la méfiance. Déjà que mon apparence ne devait pas aider en règle général.

« Vous cherchez à comprendre les habitants de ce monde, soit. Cependant, je me demande.. Vous possédez une très grande puissance d'essence, je me demande donc... Pourquoi s'intéresser maintenant ? Vous n'êtes pas arrivé il y a peu non ? Pourquoi un soudain intérêt ? Je sais, il s'agit de vos projets. Peu importe ce que c'est pour le coup. »

Je n'ai pas l'envie d'être mêlé à des intrigues mêlant politique, religion et pouvoir. Les conflits de ce genre en ce monde ne sont pas tellement mes problèmes. Enfin.. Peut-être n'y en avaient-ils pas dans le projet de mon interlocuteur mais disons que cela pouvait y ressembler. Le fait d'avoir visiter Naporia, dans mon monde sur Aekora, m'avait marquer à ce sujet.
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L’individu, comme beaucoup de réincarnés, se défendit d’être un portalien. C’était une réaction saine : le terme n’était aucunement un compliment. Malgré cela, le paragoï n’était pas entièrement convaincu que son déni soit justifié. Un portalien ne se déterminait pas par sa provenance, ou son apparence. Il avait beau être aveugle, et son septième sens avait beau être peu utile pour percevoir les détails physiques qui différenciaient les gens qu’il croisait, il savait qu’il n’avait pas en face de lui un membre des espèces les plus communes. Que la créature, selon toute probabilité, venait d’un autre plan d’existence. Mais cela n’était pas important. Un portalien se déterminait par son comportement. Par la qualité de ses réflexions, et la solidité de sa volonté. Par le fait qu’il correspondait à un certain modèle. Le paragoï avait croisé des gens venant de centaines de mondes différents. Et presque tous, malgré les différences ponctuelles qui semblaient les séparer, correspondaient à ce modèle. C’était pour lui un mystère : comment des configurations culturelles, technologiques, religieuses aussi variées pouvaient-elles accoucher avec une constance presque absolue des mêmes modèles de pensée ? Comment les différences de climat, de densité des courants ésotériques (certains mondes, chose curieuse, étaient totalement dépourvus de la moindre particule magique) pouvaient-elles compter pour si peu ? Quoi qu’il en soit, il comprenait qu’il ne puisse pas leur reprocher leur ignorance à ce sujet. Les poissons qui peuplaient l’océan n’avaient pas conscience d’appartenir au même grand groupe, ni même de se questionner à ce sujet.

Encore une fois, il ne sembla pas qu’il se soit trompé. Il était vrai qu’il avait depuis qu’il avait réalisé cette incompréhensible constance eut tendance à l’appliquer à des gens qui parfois se démarquaient suffisamment du moule quasi-universel pour ne pas la mériter. Mais ce ne semblait pas être le cas ici. L’individu lui parler de son envie de quitter les lieux, et disait pour cela qu’il entendait résoudre la quête de l’Ordre. C’était une erreur commune, et là encore Hypanatoi ne comprenait pas pourquoi ce mythe était aussi répandu. Rien n’indiquait que la résolution de la quête correspondait à un renvoi des invoqués dans leur monde d’origine. La prophétie ne le mentionnait pas, et un examen même rapide du comportement des dieux responsables de leur emprisonnement sur ce monde rendait évident la fragilité de cet espoir. Deux créatures capables d’enlever pendant plus de deux mille ans des gens à leur monde, pour les envoyer pourrir sur une terre décrépie n’avaient aucune raison de soudainement se révéler cléments. Le monde portait en plusieurs endroits les ruines de ce qui était sans doute leurs précédentes expériences. Leurs divertissements passés. Associer la satisfaction de leurs désirs à une quelconque récompense n’était pas une théorie : c’était un espoir sans fondement, un cataplasme que l’on se mettait pour éviter d’avoir à regarder la réalité en face. L’autre créature continua, parlant de pistes à suivre et à creuser. C’était, là encore et toujours, le langage hésitant des portaliens.

Il restait vague, parce qu’il n’avait selon toute probabilité aucune idée un tant soit peu crédible à ce sujet. Au moins semblait-il faire preuve d’un tant soit peu de sérieux, cherchant à accomplir des missions pour retrouver une force dont il avait privé au moment de son arrivée sur ce monde. Plus étonnant, il lui posa à son tour des questions, surprenant quelque peu le paragoï : ces dernières n’étaient pas totalement stupides. Il présupposait dans leur énoncé nombre de choses, mais elles n’étaient pas totalement dénuées de sens. C’était, là encore, une chose qui n’était pas garantie pour un portalien. Le laissant terminer, il répondit rapidement :

« Je m’intéresse aux portaliens depuis mon arrivée ici. La nature de cet intérêt s’est vue modifiée quand j’ai compris que je ne pouvais attendre que le temps résolve mon incompréhension, et que je devais adopter une démarche plus active. »

Il préférait normalement parler lentement, et attendre avant de répondre. Ce n’était pas nécessaire ici. Le discours suivait un chemin qui lui était familier, et c’était ses variations, les quelques changements dans la réponse et l’attitude, qui devaient mettre en exergue les choses différentes qui existaient. Pour arriver à cela, il fallait continuer à donner à son interlocuteur l’occasion de parler.

« Ne t’inquiète cependant pas : tu corresponds parfaitement à ce que je recherche. Dis-moi ensuite pourquoi tu penses que les missions accroissent plus rapidement que le reste ton potentiel martial. J’ai vu nombre de gens qui ne se battaient jamais se bouffir de puissance, alors que des guerriers acharnés progressaient plus lentement. »

C’était peut-être là quelque chose de trop direct. Il était rare que ces gens acceptent qu’on leur indique aussi directement leur erreur. Pour eux, ce n’était pas là une occasion d’apprendre. C’était une agression intolérable, qui souvent ne provoquait pas de réaction ouverte, mais simplement une rancœur insidieuse. Seule la transparence usuelle des habitants de la Cité permettait alors de comprendre leur amertume.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 16 Juin - 8:23, édité 1 fois
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descriptionLe rayon du cercle (Kael) (Terminé) EmptyRe: Le rayon du cercle (Kael) (Terminé)

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Un petit questionnement s’installa dans mon esprit lorsque que mon interlocuteur indiqua qu’il s’intéressait aux habitants de ce monde depuis son arrivée. Cette interrogation s’estompa très vite puisqu’il n’avait pas terminé. Adopter une démarche plus active ? Attraper le premier venu pour lui poser des questions sans même se soucier de lui. Une méthode qui fonctionne en quelque sorte, oui.

J’observais un peu les alentours en marchant, restant sur mes gardes. Une habitude que j’avais prise sur Aekora. Disons que ce n’était pas un monde très tendre pour les personnes considérées comme des parias. Un monde qu’il faudrait changer, certainement, enfin c’était même sûr oui.

Vint ensuite une bonne question, très bonne en toute logique. Pourquoi effectuer des missions pour devenir plus fort si ceux qui ne font rien progressent plus rapidement ? Au final, dans un sens, cela ne servirait à rien d’effectuer des missions non ? Autant patienter tranquillement ?

" La question peut-être vu sous un autre angle. Est-ce mieux d’être une personne puissante mais ne pas savoir se battre, ne pas tenter de progresser, ou une personne moins puissante mais s’entraîne et sait ainsi se battre comme il se doit ? Tout ne se résume pas qu’à de la puissance brute. La stratégie. Les mouvements. La mémoire musculaire. Une symbiose avec son corps, son esprit, ses compétences. Tout ceci est ce qui fait la différence au final. Pour ma part, je préférerai cent fois être accompagné d’une personne « peu puissante », si l’on ne compte que l’essence, mais avec une expérience du combat des plus importantes que de devoir me taper la présence de ce que l’on peut appeler une « Elite » mais qui n’a aucun savoir au combat. Tout est une question de point de vue. Et puis.. Si je dois parler en terme d’instincts primaux, les missions permettent de me défouler afin que je ne tourne pas comme un lion en cage dans cette prison qu’est ce monde. »

Tout en ayant répondu, j’avais surtout repenser à ceux d’Aekora. Ceux qui se prenaient pour l’Elite car ils possédaient une puissance de base supérieure dès leur naissance. Ceux qui manipulaient les autres pour leur propre bénéfice. Ceux qui méprisaient les « parias », les « moins que rien », les « inutiles ». Ceux qui ne méritaient que de brûler vifs et finir en Enfer.

Mes pensées venaient alimenter une colère flamboyante que j’avais pourtant réussi à diminuer fut un temps. J’espérais que cela n’allait pas accélérer le retour de sa voix. Ce serait très agaçant que d’avoir trouver le moyen d’en être libéré qu’aussi peu de temps.

Calme.

Pour en revenir à ma réponse, j’aurai pu continuer encore de parler, davantage, maudissant les « Elites » d’Aekora surtout.

« Je n’ai rien contre ceux qui voient leur puissance d’essence, ici, augmenter alors qu’ils ne font rien. Je ne serai juste pas rassuré de les avoir comme compagnon d’armes. » Ajoutais-je en laissant quelques petites secondes de silence pour reprendre peu après.

« Et vous ? Avez-vous une réponse à cette question que vous m’avez posé ? »

Curiosité de ma part. S’il posait cette question, cela voulait dire qu’il y avait déjà réfléchi et avait un point de vue qui lui était propre. Ou qu’il était en train de se le forger. Quoi qu’il en soit, même si cela n’allait pas m’avancer à grand-chose, j’aimerais savoir ce qu’il en pensait.
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descriptionLe rayon du cercle (Kael) (Terminé) EmptyRe: Le rayon du cercle (Kael) (Terminé)

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C’était la réponse attendue. Il n’était, en vérité, pas possible de répondre autre chose, si l’on ne voulait pas immédiatement se marquer du sceau de la honte. Pour le paragoï, il était toujours difficile de trancher sur l’épineuse question : le portalien, quand il se parait des atours qu’il n’avait mérité, était-il un acteur qui tentait de se grimer, ou voulait-il en y prétendant s’élever ? Il pensait que la réponse, comme souvent, se trouvait entre ces deux extrêmes. L’habitant de cette cité était par essence un être empli de contradictions, plein d’ombres impossibles à éclairer sans embraser le reste de sa personne. Quant à ce lui qu’il avait en face de lui, il répondait comme chaque portalien le faisait, donc. Il extériorisait la question, ne pensant pas que cette dernière puisse s’appliquer à lui. Il parlait de ce qu’il recherchait chez ses alliés, et si Hypanatoi comprenait que c’était là une manière de généraliser son propos, cette tournure était en soi révélatrice. Il ne commenta pas plus avant, son interlocuteur lui retournant la question. Le paragoï marqua une brève pause. Son rôle était de répondre à cette interrogation. Ce n’était pas de la fonction qu’il devait endosser ponctuellement dont il parlait là. C’était de sa fonction générale, de ce qui touchait de la manière la plus intime qui soit à son identité.

Le pourquoi de la violence. Ce qui la séparait des agitations stériles des enfants et des amateurs de la danse maintes fois répétée de lu maître qu’il était. Ce qui séparait d’une ligne imperméable le civil et le combattant. Ce qui transformait un mortel en paragoï. Un paragoï en divin. Sa civilisation toute entière avait pour but de répondre à cette question, tant et si bien qu’il lui avait fallu rencontrer les étrangers de ce monde curieux pour comprendre que ce n’était pas la seule et unique question, mais simplement une manière d’orienter l’existence, parmi tant d’autres. La meilleure, sans doute. La seule qui pouvait réellement transcender un individu. Finalement, il parla, lentement, son ton se parant de couleurs attentives :

« Je ne suis pas plus armé pour te l’expliquer précisément que tu ne l’es pour le comprendre. Mon peuple et mes croyances élèvent l’esprit du guerrier comme supérieur à tout autre. Pour moi, la question ne se pose pas en ces termes : combattre et m’améliorer, m’éprouver et me confronter à la mort ne sont pas des choix. Ce sont des composantes de mon existence. De ce que je suis. Il m’est plus simple d’interrompre ma respiration que de diverger de cette voie. C’est pour cela que je vous questionne. Votre façon d’être est étrange, et l’origine de vos lacunes m’échappe. Sur mon monde, il est attendu même du plus humble personnage qu’il s’entraine au combat. Seuls les esclaves sont dépossédés de ce privilège. »

Il ne serait pas plus productif que cela de parler du rapport entre la liberté et le devoir, entre l’union de la fonction et de la personnalité. Il était un guerrier. Un paragoï. Cela venait avant Hypanatoi Konostinos. Ce prénom et ce nom servaient à le différencier de ses pairs. Sur ce monde, ce n’était pas utile, et le terme de paragoï sonnait creux aux oreilles de ces gens. C’était un mot exotique, qui prenait dans leurs esprits un sens mal défini, qu’ils paraient eux-mêmes des couleurs qui leurs plaisaient. C’était cela, qu’il voulait éviter de faire, en les nommant portalien. Pour lui, ce terme était un socle, sur lequel il devait ériger les fondations d’une compréhension plus avancée de ces gens.

« Mais soit. J’entends donc que tu comptes te confronter au danger, pour te préparer aux épreuves que tu vois venir. Quelles sont-elles, pour toi ? Quand tes yeux se tournent vers l’avenir, quelles lumières perçoivent-ils ? Quels dangers anticipent-ils ? »

Son interlocuteur du jour semblait coopératif. C’était rare, et il fallait en profiter. Plus que cela, il semblait vaguement plus conscient que l’écrasante majorité des gens qu’il avait quotidiennement le déplaisir d’avoir à côtoyer, et c’était là encore une chance qu’il ne fallait pas laisser filer. Ses questions, sans doute, étaient trop générales. Mais il voulait se faire aussi prudent que possible, et ne pas teinter les réponses de la créature en les orientant trop. C’était déjà ce qu’il faisait, en dépeignant le lendemain comme un danger qu’il fallait surmonter. C’était acceptable : une manière de rendre l’explication de son vis-à-vis pertinente. Il n’en fallait pas plus. Communiquer avec ces gens demandait un effort constant, et le processus distillait avec la plus grande parcimonie les résultats utilisables. Mais il fallait malgré tout persévérer, aussi longtemps que nécessaire.
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descriptionLe rayon du cercle (Kael) (Terminé) EmptyRe: Le rayon du cercle (Kael) (Terminé)

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Je patientais calmement, pas besoin d’avoir une réponse de suite après tout c’était une discussion plutôt intéressante. Certes mon interlocuteur devait être dans un certain top de personnages étranges  mais avec du recul nous le sommes tous. Pour lui je dois être une personne étrange sinon il n’aurait pas eu ces questions.

Je fronçais légèrement les sourcils lorsqu’il indiqua que je ne pourrai peut-être pas parfaitement comprendre sa réponse à ma question. Ce genre de paroles, de comportement, m’agaçait. Dire ouvertement à une personne qu’elle ne pourra pas comprendre parfaitement des paroles était une chose que les « Elites » d’Aekora, mon monde, aimait souvent faire. C’était un acte de rabaissement, d’humiliation en soi surtout en utilisant un ton hautain sans oublier le regard..

Mais… Ce ne fut pas le cas ici. En effet, il y eut une explication, plutôt concrète sans trop entrer dans des détails complexes. Finalement son explication était plutôt clair, tout du moins c’est que je trouvais. Peut-être que j’étais complètement à côté de la plaque, c’était une possibilité à envisager sérieusement tout de même.

Cependant.. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire et de faire un parallèle avec mon monde sur certains petits points. En effet, sur Aekora, certains êtres de base « faible » devaient se battre pour tenter de survivre au sein d’une société discriminatoire et basé sur la force, sur la mana, sur l’utilisation de la magie. Ainsi il était, en quelque sorte, possible de voir cela comme un combat « à mort ». Énerver le mauvais connard élitiste et vous pourriez rendre votre dernier souffle. Mais en ayant bien pris le temps de s’entraîner, de s’améliorer, alors ce mauvais connard élitiste pourrait mordre la poussière pour un résultat des plus jouissifs. Et justement ceux qui venaient à aduler cette élite n’avait pas besoin de se battre puisqu’en échange de leur servitude, directement ou indirectement, ils leur étaient possible de vivre plutôt convenablement.

« Cela peut vous paraître surprenant, mais je pense comprendre votre vision. Tout du moins un minimum acceptable. »

Vint une nouvelle série de question. La curiosité de mon interlocuteur semblait intarissable, une quête de réponse sans fin semblait le guider.

Les épreuves futures.. L’avenir.. Les dangers..

Je ne pouvais m’empêcher de penser à ma Negoya, et à ma Guilde. Tout simplement. C’était eux mon avenir, je ne pouvais aucunement penser le contraire. C’était eux qui me donnait ma raison d’être. Tout ce qui pouvait les menacer était les dangers qui pouvait m’entourer.

Ainsi que cette voix. Un danger intérieur qu’il fallait éradiquer, elle avait tentée de me faire abandonner en avançant des "arguments". M'enfin la solution attendra pour l’instant.

« Retourner chez moi, retrouver ma force d’antan. Venir à bout du Chaos afin que cette soi-disant divinité qu’est l’Ordre me renvoie chez moi. Et si.. »

Je marquais une petite pause.

 «...si l’Ordre ne me renvoie pas chez moi. Alors il, ou elle, ne vaudra pas mieux que ce Chaos et deviendra mon ennemi. »

Risqué que de dire ouvertement qu’il existait une possibilité où j’allais peut-être affronter l’Ordre si, une fois le Chaos vaincu, je ne retournerai pas chez moi. Mais même sans le dire, le sous-entendu aurait été trop important.

« Ce ne sont pas des « divinités » qui vont me détourner de ma quête, de retrouver ma moitié, ma Famille. Même si je dois à nouveau repartir de zéro. Si je dois perdre la possibilité d’utiliser mes pouvoirs. Alors je recommencerai à nouveau de m’entraîner sans relâche et j’atteindrai mon objectif. L’abandon n’est pas une option. »

Je laissais échapper un petit soufflement. Pendant un instant, je me revoyais chez moi avec ces quelques phrases. Pendant un instant, j’avais pu oublier ce monde dans lequel j’avais été parachuté de force.
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Hypanatoi Konostinos
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Le portalien lui répondait, encore, avec toute la bonne volonté qu’il semblait capable de convoquer. Encore une fois, le paragoï remercia les forces du destin qui agençaient les rencontres de ce monde de l’avoir placé en face d’un être à ce point coopératif. Sa patience s’en trouvait grandement épargnée, et il écouta avec attention la réponse de son interlocuteur. Ce dernier lui parla de son envie de sa capacité à comprendre ce qu’Hypanatoi voulait dire. Il en doutait. Ce n’était pas le premier qui affichait cette prétention, et jusqu’à présent, tous ses prédécesseurs se seraient montés décevant, si le paragoï n’avait pas très rapidement diminué le poids des attentes qu’il faisait peser sur eux. Peut-être serait-il le premier à interrompre cette triste série. Il ne prêta pas plus d’attention à cette idée, et ne commenta pas. La suite le conforta dans cette impression. Son interlocuteur parlait de ses envies.

Il voulait rentrer chez lui, comme tant d’autres. Comme le paragoï. Ce monde était une gigantesque prison, dans laquelle les dieux jumeaux jetaient sans discernement la lie des univers et leurs plus nobles exemples. Au-delà de cette déclaration de volonté, la créature parlait de son envie de satisfaire la demande de l’Ordre, de remplir les conditions de la Quête. Là encore, c’était une réponse incomplète. Le paragoï, certainement, ne rejetait pas dans son entièreté cette idée : à défaut de mieux, poursuivre la résolution de celle-ci était le chemin le plus évident, et un moyen de canaliser les forces dispersées de la cité. Mais c’était insuffisant, et exprimer de la sorte qu’un changement d’attitude ne pouvait survenir qu’après sa résolution était la démonstration d’un manque tragique de considération.

Comme tant d’autres ici, la curieuse créature était aveugle. Ou plutôt, elle ne faisait pas l’effort de voir. Elle ne le jugeait pas nécessaire, pour une raison qu’il ne comprenait pas. Il hésita, l’espace d’un instant, à le lui expliquer. A lui demander pourquoi elle s’enferrait de son propre chef dans un tel marasme. Mais il savait ce que cette question provoquait : la fin de la conversation. La récrimination du portalien : ces gens ne trouvaient rien de plus horrible que d’être remis en question, malgré le peu de ressources qu’ils consacraient à s’améliorer. Il le laissa tout de même terminer, souhaitant s’assurer qu’il n’y aurait rien de plus dans son discours, qu’il ne manquait pas quelque chose de nouveau en le prenant de court. Ce ne fut pas le cas. Il manifestait une louable détermination, au moins en parole, et si là encore le paragoï reconnaissait aisément la nécessité de lui accorder le bénéfice du doute, il savait aussi que les mots lâchés par les portaliens étaient d’une grande légèreté. Ils parlaient sans réfléchir, et ne considéraient jamais que ces mêmes paroles étaient censées les lier. Laissant après ces dernière un énième moment de silencer planer, pour donner une chance à son vis-à-vis de conclure son discours, il fut forcé de constater que rien de plus ne viendrait, tant que lui-même n’aurait pas relancé la conversation.

« C’est une louable promesse, fit-il, avant de pivoter directement dans la direction de la créature, pour lui offrir sa main. Je suis Hypanatoi Paragoï Konostinos. Hypanatoi suffira. Et j’espère que tu la tiendras. »

Il hésita à continuer, le temps que l’autre lui retourne son geste. A questionner encore. A fouir un peu plus, à chercher quelque chose dans ce sol revêche qui puisse apaiser sa faim. C’était une chose difficile, et la terre semblait particulièrement avare. Il avait de plus sous les yeux une personne qui lui fournissait les réponses habituelles, et ces dernières ne pouvaient pas l’aider. Il savait déjà les comprendre, et il avait besoin pour avancer d’autres choses, d’idées capables de mettre le commun de Portalia en relief. Il avait besoin, après avoir observé la face lisse de l’édifice de la cité, de trouver les endroits qui contenaient ces invariables petites imperfections. Ces petites aspérités, ces morceaux de matière qui jutaient de la face du monument ; il y en avait peu ; ils se cachaient, ne se montraient pas à son troisième œil. Peu importait : il ne fatiguait pas, et continuerait à chercher, jusqu’à ce qu’il trouve. Comme le professait son interlocuteur, lui non plus n’avait pas le choix. Pour avancer, il devait décrypter le fonctionnement de cet endroit, son fonctionnement véritable, au-delà des apparences et des illusions peu convaincantes. Il y parviendrait.

C’était dans sa nature.
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Et après mes paroles j'étais de retour au sein de ce monde illusoire qui tentait de m'agripper, de m'enserrer pour que je ne pense qu'à cet endroit, qu'à cette quête, qu'à l'Ordre. Mais cela ne pouvait arriver. Au contraire de tout ceux qui voyaient en l'Ordre un sauveur, qu'ils fassent partie de l'Eglise ou non, je voyais en lui, ou elle, un potentiel ennemi. Je ne devais pas être le seul de considérer l'Ordre ainsi, sans oublier que le Chaos l'était également. Mais nous ne pouvions être nombreux, c'était impossible, qui d'assez fou allait considérer deux divinités comme ses ennemis ? Me considérais-je comme fou ? Je ne pouvais pas répondre par la négation, après tout rien que sur Aekora avec mon envie de contrer toute la caste élitiste j'en venais à être considérer ainsi. Un fou. Mais je n'étais pas seul et c'est ce qui me faisait penser que la même chose se déroulait ici. Du moins je l'espérais.

Quoiqu'il en soit, jouer le jeu de l'Ordre était la meilleure chose à faire actuellement. Je passais ainsi inaperçu. Un simple aventurier, à l'allure démoniaque, qui souhaitait remplir la quête de l'Ordre pour rentrer chez lui. Bon, en vérité, il s'agissait de mon plan principal. Cependant d'autres pistes étaient à explorer, on ne peut se contenter d'un seul plan. D'ailleurs je ne pus m'empêcher d'esquisser un léger sourire en coin durant quelques instants. Mon interlocuteur, à qui je venais littéralement de dire que je pouvais considérer l'Ordre comme mon ennemi ne semblait pas en tenir compte. Un Dark Souls était présent en face de moi ? Ou simplement n'avait-il pas compris ? Ou il s'en foutait ? Ces trois possibilités étaient envisageables mais au fond, est ce que j'en avais quelque chose à faire ?

Un Dark Souls. Ok c'est bien.

Il n'avait pas compris. Tant mieux alors.

Il s'en foutait. Cela ne me fait ni chaud ni froid.

Le silence qui avait marqué la fin de mes déclarations m'avait permis d'effectuer cette petite introspection dont je commençais à avoir l'habitude. A force de s'entourer de la solitude.

Bref.

Mon interlocuteur s'était tourné vers moi et me tendais sa main tout en se présentant sous le nom de Hypanatoi Paragoï Konostinos. Encore plus long comme nom.. Mais Hypanatoi suffisait comme il venait de me dire. Ca me faisait aussi penser qu'on ne s'était pas mutuellement présenté au début de notre discussion. Dérangeant ? Non du tout.

Je lui attrapais la main, la serrant quelques instants pour lui répondre également.

"Kael. Kael Daeron. Et j'espère que vos questions trouverons leurs réponses dans cette "magnifique" cité qu'est Portalia." Répondis-je non sans employer un ton ironique sur la magnificience de Portalia.

De mon côté, il me fallait me renforcer, encore et encore. Que pourrais-je faire d'autre ici à part ça ?
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Sans doute avait-il tiré tout ce qu’il pouvait de cet homme. Le processus avait été laborieux, mais productif : chaque ajout à l’édifice de sa compréhension de ces gens, aussi modeste puisse-t-il être, était une bonne chose. Une chose qui le rapprochait de son but final, une chose qui devait lui permettre d’enfin comprendre ces individus, de trouver dans la masse grouillante les courants souterrains qui la régissaient. Et une fois que ce serait fait, cette ville pourrait répondre à ses attentes, ou tout du moins, accepter qu’il la modifie pour qu’elle puisse le faire. Pour l’heure, il était loin de ces visions glorieuse ou de la réalisation de ce très grand objectif : il parlait avec ces gens, comme on parlait à un étranger aux coutumes curieuses. Comme on conversait simplement de petites choses.

Il sentit la poigne de l’homme, et le contact de sa peau contre la sienne. Il s’abstint de tout commentaire sur la nature de celle-ci. Ce n’était rien ni de nouveau, ni de productif, et il avait au moins compris une chose. Il fallait restreindre son naturel, devant ces gens. Faire en sorte de rester distant, de ne pas aider. Leur satisfaction, aussi perverse que cela puisse être, se trouvait dans la préservation de leur immobilité. Dessérant ses doigts, retirant son bras, il chercha quoi dire pour conclure cet échange. Quelques minutes seulement avaient suffi, et la créature en face ne comprenait pas leur signification. Pour le paragoï, elle était claire, et facilement établie. Pour son interlocuteur, c’était l’apogée de son existence. Il ne ferait sans doute jamais rien d’aussi grand ou utile que ce qu’il venait d’accomplir ici, et le fait qu’il l’ignore et ne puisse le comprendre était déjà en soi une grande tragédie. Ce n’était pourtant pas que ce qu’il venait de faire était particulièrement grand ; il aurait fallu être fou pour penser cette conversation autre chose que d’une triste banalité.

Mais malgré toutes ses déclarations, malgré toutes ses promesses, Hypanatoi doutait qu’il puisse être autre chose qu’une particule giclant du sillage qui allait rapidement scinder Portalia. Et toutes ses paroles devraient alors rester de la lettre orale. Du vent. Des promesses, sincères sans doute, mais qu’il ne pourrait pas réaliser.

Parce qu’il ne comprenait pas ce qu’elles impliquaient. Parce que la malédiction qui condamnait ces gens à la cécité pesait sur lui aussi.

Il avait éprouvé beaucoup de colère, à leur endroit, il y avait quelques mois de cela. Aujourd’hui, le seul sentiment qui survivait lorsqu’il communiquait avec eux était une pitié profonde et résignée, et la crainte de ne pas pouvoir les aider à temps.

« Chaque jour m’éclaire un peu plus, Kael. Va, et puisses-tu prendre le chemin de la grandeur. »

En ayant terminé, il continua sa route. Il avait encore beaucoup de choses à accomplir, aujourd’hui, et devait s’assurer de repasser en lui leur conversation. D’exhumer hors d’elle les éléments qui pouvaient l’instruire, de voir les récurrences et les divergences. Plus qu’un besoin, c’était une obsession, un désir maniaque et compulsif. Il le savait. Il ne pouvait supporter de ne pas comprendre ce qui se jouait ici, de ne pas pouvoir décortiquer le cadavre fumant de la cité comme l’aurait fait un haruspice, pour en tirer les vérités fondamentales. Il lui fallait, encore et encore, recommencer, poser les mêmes questions, écouter les mêmes réponses, trouver dans l’ombres des intonations et des formulations les points qui permettait l’accès au mystère.

C’était quelque chose de dangereux.

Il n’avait que peu de défauts ; les éradiquer avait été un travail minutieux, entrepris autant par lui-même que ses parents et ses précepteurs. Mais ceux qui subsistaient avaient simplement pris plus de place, plus d’ampleur, et échouer à les contenir était une nécessité constante. Devant lui, tout proche de lui, occultée par un voile à peine pudique se trouvait la force mystérieuse qui unissait ces gens. Qui faisait qu’ici, l’elfe et l’humain et le slime et le gobelin et le mort-vivant et l’ange et même cette espèce de créature inclassable à qui il venait de parler se ressemblaient tous, pensaient tous de la même façon. Mais elle n’était pas faite pour vue, cette pulsion primordiale. Et lui n’était pas fait pour accepter un tel refus.

Parfois, il se demandait si la folie par laquelle il craignait de se voir contaminé n’avait pas déjà commencé à le ronger de l’intérieur. Si finalement, ce n’était pas l’influence lénifiante de Portalia qu’il devait craindre pour lui, comme pour ses habitants. Si sa différence avec eux ne l’exposait pas à d’autres dangers, et que comme eux étaient aveugles à ceux qui les guettaient, lui ne pouvaient pas voir les écueils qui menaçaient de l’envoyer par le fond.

Il souffla profondément, vidant l’intégralité de ses poumons, et inspira tout aussi longuement.

Peu importait.

Il devait persévérer.

Beaucoup de choses restaient à faire.
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Kael Daeron
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descriptionLe rayon du cercle (Kael) (Terminé) EmptyRe: Le rayon du cercle (Kael) (Terminé)

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Après cette poignée de main et les derniers mots échangés avec cet individu, je l'obserais partir sans un mot. Je mettais mis à analyser, au sein de mon esprit, l'échange qui s'était déroulé aujourd'hui. Un échange aux allures mystique mélangeant question et réponse embrumées donnant forme à une série d'énigme qui, au final, ne cherchait aucunement à être résolu. Des échanges ayant déjà existé au sein de mon monde et que je connaissait, bien que je n'en sois pas particulièrement friand. Tourner autour du pot sans donner véritablement son opinion était une chose plutôt agaçante en vérité. Assez amusant que de penser ainsi puisque par moment je venais à utiliser ce genre de chose pour esquiver certains sujets. Que voulez-vous, tout est toujours plus facile à dire.

Une fois mon "nouvel ami" ayant disparu de mon champ de vision, je me posais contre un mur et me mis à observer les passants, tout ces gens privés de leur liberté au sein d'un monde inconnu. Je ne faisais que me répêter le même discours dans ma tête, encore et encore, chaque jour. Imprimé dans mon esprit, mes ennemis s'étaient peu à peu dessinés. Deux entités "divines". Je ne pouvais m'empêcher de lâcher un petit rire nerveux, seul, qui obtint plusieurs regards de personnes étant à proximité. Déjà que mon apparence n'aidait pas, si je continuais ce genre de chose on allait me prendre véritablement pour un être démoniaque. Mh.. Peut-être me faudra-t-il accepter ma "nouvelle race" si cela veut dire quelque chose en soit. Qu'importe.

Oui, qu'importe. Ici et aujourd'hui, les regards d'autrui ne vont plus peser sur mon être, ma conscience. Est-ce mal que de devenir égoïste dans un monde qui n'est pas le mien si cela me permet de retourner chez moi ? Est-ce qu'il est possible de considérer ce monde comme "irréel" une fois de retour chez moi ? De nouvelles questions plutôt tordues. Ca me gave de réfléchir ainsi, à me poser des questions existentielles. Là, maintenant, une petite mission pourrait être la bienvenue afin de tenter, et je dis bien tenter, de faire un petit vide dans mon esprit par rapport à toutes mes pensées.

Lentement je me décollais de ce mur ayant supporté ma présence, et qui en supportera bien d'autres, pour ensuite me diriger vers le "sacro-saint" lieu où les missions officielles étaient affichées. Je déposais une main sur le manche de ma nouvelle arme fraîchement achetée, il me faudra l'essayer. Encore un peu plus de force me permettrait de faire des explorations moins risquées. Certaines zones me sont inconnues et je n'aime pas ça. Après tout, peut-être qu'il existe là-bas quelque chose ou quelqu'un, pouvant m'aider pour certains points qui m'agacent un peu.

Mais j'ai un objectif principal. Et je ne m'en détournerai pas.
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