Fontaine, je ne boirais jamais de ton ... Oh !!! [Arkos - Malble] (Terminé)

J'ai rendez-vous aujourd'hui. Nope, rien de galant en vue et puis je suis marié je vous rappelle ! C'est ici un rendez-vous "professionnel" si on peut dire. Il semblerait que nous entrions dans cette période d'entretien individuel et de bilans de compétences et il semblerait aussi qu'on me fasse crapahuter depuis ma cahute dans la forêt pour que j'y passe aussi. Visiblement, c'est mon tour aussi après tout. Ce fut donc une petite marche citadine au sein de la grande ville de Portalia qui s'annonçait pour moi. Il faut dire que le siège de l'ordre est en plein centre en plus, proche d'une fontaine, si je me souviens bien. Non pas que le centre-ville soit vilain, encore qu'il n'est pas l'endroit le plus attrayant de la ville, mais bon, il sert surtout de centre d'intérêt pour l'Ordre avec son cercle d'invocation crachant des gens d'un autre monde. Personnellement, j'aime bien ce cercle. On est jamais lassé des curiosités qui en sortent et ils ont l'air aussi paumés qu'intéressants.

Cela rendrait presque le tumulte de la ville supportable, ce qui, de ma part, est un grand compliment envers un milieu citadin. Soyons honnête, je ne suis pas un gars de la forêt pour des prunes, même s'il y en a. Je préfère de loin fouler l'herbe sous mes pieds et savourer le calme de ma forêt plutôt que ces routes pavées casses-gueules en cas de pluie et les douces voix des gens qui se gueulent dessus pour un oui ou pour un non. Et je ne parle pas de l'odeur. Quelle "joie" que de sentir la transpiration et l'air vicié contre le plein poumon des pleines ! Moi, de mauvais poil ? Ça se voit que ce n'est pas vous qui avez dû se lever avant le soleil et crapahuter depuis les ruines pour arriver à l'heure à cet entretien.

Bref, je déambulais au sein de la cité d'un air plutôt blasé et essayait de me frayer un chemin au travers de la population déjà éveillée et faisant la queue devant les bâtiments administratifs. À se demander ce qu'ils foutent là, de bon matin, à attendre devant des portes fermées. Des fois, comme ici, la logique de cet univers m'échappe.

Ce fut donc sur cette réflexion philosophiquement dénuée de toute philosophie que j'avançais à travers les files d'attentes se formant doucement devant les bâtiments administratifs pour approcher de la tour de l'Ordre. Facile à reconnaitre d'ailleurs, cette tour. En plein centre, devant le cercle d'invocation et avec une magnifique fontaine d'eau étrange. C'est d'ailleurs devant cette fontaine que je me tiens, regardant la grande tour et soupirant à l'idée de devoir aller à l'intérieur. "Deuxième étage, bureau E27", qu'on m'a dit et que je répète à moi-même à haute voix d'un ton particulièrement blasé.

Je m'assieds sur le rebord de la fontaine, regardant l'entrée du bâtiment. Je m'assieds sur le rebord de la fontaine, soupirant en me disant que je vais encore passer la meilleure matinée de ma vie assis devant un bureau à entendre un glandu qui ne sait pas bander un arc (j'ai dit un arc !) critiquer ma manière de tirer (à l'arc toujours, bande d'obsédés). Je me penche en arrière, soupirant encore un peu à cette idée et laissant passer un très long "putain, comme je n'ai pas envie d'y aller" entre les dents.

Tiens ! Il semblerait qu'un des bâtiments à côté vienne d'ouvrir et les gens commencent à s'agiter dans la file à côté de moi. Ils avancent doucement, chacun leur tour, pour leurs doléances administratives et je me désintéresse doucement de la file et me penche un peu plus en arrière pour regarder le ciel. Il est bleu, calme et reposant. Il ne se soucie pas du tumulte en dessous de lui et il parait en paix. Ce ciel bleu a bien de la chance. Mais c'est pendant que je laisse mon esprit vagabonder dans cet infini bleuté que le drame arrive.

Une dispute ? Un être maladroit ? Je ne sais pas, je ne faisais pas attention, mais reste qu'un imbécile heureux manque de m'atterrir dessus et me pousse bien malgré lui en arrière. Moi, actuellement assis sur le rebord d'une fontaine et penché en arrière à regarder le ciel, je viens de me faire pousser en arrière et fatalement... Le résultat va finir par un gros plouf, enfin je crois.

Dernière édition par Arkos Minhem le Lun 21 Aoû - 19:50, édité 1 fois

Et alleeeez, un autre pecnot qui prend mon rebord pour un banc, génial, j’suis trop d’humeur. Jure j’en ai marre qu’on m’laisse pas tranquille, wesh.
Et en plus il se plaint. Mais moi j’suis pas là pour entendre tes gnagnagna, mec, j’suis juste là pour faire l’eau, soit tu racontes un truc croustillant, soit tu te tais, mais là, ça sert à rien genre. Ça m’fait penser au mec qui pleurait sur son livre, là.

Et puis là, il s’passe un drame, genre. Y’a un gars, un gros teubé j’crois bien, qui tombe sur l’mec qui s’est posé sur ouam, et qui l’fait tomber DANS moi.
Là, sérieux, j’suis saoulée de ouf. Mais comme j’suis bonne princesse, j’m’écarte pas, sinon il se serait pété la nuque le mec.
J’l’englobe, et j’me fais un peu plus visqueuse à son contact. Faudrait quand même pas qu’il me boive, en buvant la tasse, c’est dégueulasse. Alors j’prends bien soin de faire gaffe à pas me mettre devant sa bouche ou son nez, parce que j’veux pas qu’il ingurgite mes slimolécules. En plus, si ça peut l’empêcher d’s’étouffer et de clamser dans moi, franchement, ça me va bien.

Il met trois putain de plombes à capter c’qui lui arrive, le gars, tellement qu’il faut que j’lui fasse un dessin pour qu’il s’relève. Façon d’parler.
Tu peux t’relever quand même steup ? Tu m’empêches de faire mon taff, là.

L’autre crétinus qui lui est tombé dessus il s’est déjà relevé, et il lui tend la main en plus. Il est plutôt bg, mais en vrai, il m’intéresse pas de ouf. Il a des oreilles trop cheum, un front trop large, une couleur de peau trop bizarre (qui est rose, franchement, c’est encore plus ridicule que d’être violet !), des espèces de tâches sur la gueule : bref, en fait, il est pas mon genre. Moi j’aime bien les mecs qui ont du bagou, t’sais. Genre qui roulent un peu des mécaniques. Là, le mec (j’parle toujours du crétin qu’a pris l’autre gars pour un siège, hein), il a l’air d’avoir un p’tit bide à bière, et des mains toutes potelées, il a l’air d’un p’tit cochon en fait.
Troooop cheum. Ouais, non : en fait il est pas bg du tout.

Le mec qui m’est tombé dedans, par contre, ça passe. Il a le teint hyper pâle, genre, on dirait un cachet de spirine. J’crois c’est ça l’nom. Bref, il a des cheveux un peu couleur feu, j’aime bien, avec une p’tite barbiche, et ses yeux ils sont verts, genre, presque vert d’eau comme moi, mais en plus vert. Il est déjà carrément plus mon style.
Bon, faut qu’il capte qu’il doit s’relever, déjà, mais l’autre mec lui tend ses p’tits doigts boudinés roses, là, alors il va bien finir par capter que là il gène.

Encore un à qui va falloir que j’explique pourquoi il est pas tout trempé après être passé dans la fontaine, fait chier. C’était sensé être pépère ce taff, sérieux, ça fout les boules d’avoir à raconter ma life.

Mais en vrai, j’adore raconter ma life.

Sérieusement ? Comme ci c'était le moment de se retrouver trempé jusqu'aux os pas l'eau dégueulasse d'une fontaine publique ! Quoique, je n'ai pas regardé si l'eau était propre ou non, ni même la nature de ce qui traine au fond de cette fontaine, vu que j'étais occupé à regarder le ciel. Mais, en général, l'eau des fontaines ne brille pas par sa pureté cristalline, sa potabilité ou même de la neutralité de son pH.

Cependant, ma chute ne résulte pas en un gros plouf humide, comme je m'y attendais. Déjà j'arrive à garder la tête hors de l'eau par je ne sais quel miracle, mais en plus l'eau à une consistance quelque peu spongieuse, ou plutôt visqueuse à bien y réfléchir. Une eau de fontaine visqueuse ? Hygiéniquement, ce n'est pas bon signe, ça. Dans quel liquide tordu je me suis encore plongé, moi ? Ils lui ont fait quoi à cette fontaine, ces tarés ?

L'idiot des villes au-dessus de moi me tend sa main pleine de doigts boudinés tandis que je peux voir son visage sérieux, inquiet et pas très symétrique. En tout cas, je pourrais jurer que ce gus avait la bouche fermée quand j'ai entendu une voix me parler. Une voix plutôt féminine, n'ayant rien à voir avec l'hurluberlu bedonnant en face de moi, de l'autre côté du rebord de la fontaine.

Malble : Tu peux t’relever quand même steup ? Tu m’empêches de faire mon taff, là.

Quelque peu interloqué, quelque peu en train de me demander ce qui se passe, quelque peu en train d'analyser toutes les données illogiques qui s'offrent à moi, quelque peu en train de me dire "mais, c'est quoi ce bordel ? " en clair, je regarde un instant d'un air éberlué, la main tendue vers moi, essayant de corréler avec un lien de cause à effet le fait que je sois dans une fontaine et que celle-ci me parle sans me mouiller. Ça devait être un très long instant, car le regard de mon pousseur involontaire semblait prendre de l'inquiétude en portion familiale.

Reprenant mes esprits, je me hisse hors de la fontaine en saisissant sa main, qui en plus d'être potelée est moite, merveilleux ! C'est donc étrangement sec que je sors du bassin et m'adresse à l'homme paraissant pressé de reprendre sa place dans la file.

Arkos : Merci bien !
Mr Porco : Désolé de vous avoir poussé, c'était un accident. Si vous n'avez rien, il faut que je file.
Arkos : La… La fontaine a parlé ou j'ai halluciné ?
Mr Porco : La fontaine ? Parler ? Oula, il faut y aller doucement sur la picole, mon vieux. Il n'est même pas huit heures et t'es déjà cuit..
Arkos : Ouais, c'est ça. Tu n'avais pas des papiers à faire là-bas ?

Cette petite phrase fit un déclin chez l'homme au teint Rosso qui se dépêcha de gagner le bâtiment en courant, pour rejoindre sa file. Le tout en beuglant du "ils vont me passer devant !" à tout va. Il n'avait même pas remarqué que j'étais sec alors qu'il venait de me sortir d'une fontaine, mais on va mettre ça sur le compte du fait qu'il est mal réveillé... et que, au vu de son haleine, le porto-rosso au réveil ça n'aide pas à émerger. (et celle-là, il ne l'avait pas volé)

Il me restait un peu de temps et il fallait que je résolve ce mystère de la fontaine et de son liquide qui ne mouille pas. Me penchant au-dessus du rebord, je regarde le contenu de l'architecture. Le bassin était propre, le fond nickel et le trop-plein ne semblait même pas avoir été utilisé un jour. Puis ce liquide aux allures bleues ne paraissait pas sale non plus, alors pourquoi sa nature visqueuse ? Ce fut donc en essayant de toucher le liquide en un petit "poke" puis en essayant d'en prendre dans le creux de ma main que j'énonçais à haute-voix, découvrant ce mystérieux mystère.

Arkos : "Mais... qu'est-ce que c'est que ce truc ? "

Peut-être que la mystérieuse voix allait se manifester de nouveau aussi, il ne faut pas occulter cette partie importante du phénomène !

Et v’là qu’ils s’mettent à blablater, mais pas genre, un truc intéressant tu vois, vraiment, juste, genre, bah ils se vannent et tout. Le mec qui ressemble trop à un cochon il a l’air de pas m’avoir entendu. Déjà, c’est pas trop mal, ça veut dire que lui j’en aurai rien à carrer, parce qu’en vrai, j’veux pas avoir à m’occuper de tout Portalia, c’est bon, j’ai ma dose, genre.
L’autre, par contre, le mec tout palôt, il a l’air d’être toujours curieux et tout. J’fais un peu ma minaudée, parce que ça s’fait un peu d’se faire désirer t’as capté, genre je roule un peu ma surface d’eau pour faire genre y’a des vagues et des reflets, les gens ils aiment les vagues et les reflets.
J’réponds pas tout d’suite, faut bien entret’nir l’mystère, t’sais.

Et pis là, v’là-t’y pas qu’y m’veut m’prendre dans sa grosse paluche, l’aut’. Non, ça par contre, j’accepte, pas, j’suis pas la tchoin du coin, faut pas déconner. Genre, on m’prend pas dans sa main comme ça, j’ai un respect, j’ai une dignité, moi. On m’demande quand on veut m’toucher. Sauf si on m’tombe dedans pas fait exprès à cause d’un gros lard, ça, à la limite, ça passe. Ça m’vénère un peu mais ça passe. Non là, genre le mec, il veut m’choper quoi. Rien d’étonnant, parce que c’est d’moi qu’on parle, mais quand même quoi. On d’mande, chais pas, c’est genre la base du contentement.
Du coup, j’m’écarte, normal.

D’où tu m’traite de truc ? D’où y m’traite, lui ?
Me tomber dedans, ça passe. Vouloir me toucher, c’est déjà un peu gros. Mais m’traiter d’insulte ? Y’a pas, wesh. Chuis pas ta catain, moi, tu sais pas qui j’suis d’jà, tu t’crois d’où en fait ? D’où ?
J’m’écarte un peu de lui, genre y’a un trou d’eau juste devant lui, mais j’reste au fond dans ma forme de fontaine. J’veux qu’y s’creuse le méninges, j’veux qu’il capte pas trop, parce que j’suis saoulée, t’as compris, normal. J’attends qu’y m’pose une vraie question, parce que j’réponds pas aux insultes, j’suis trop au d’ssus d’ça, moi, j’suis trop plus intéressante que ça en fait.

De l’autre côté y’a encore une débile qui m’lance une pièce dans la gueule, et là j’ménerve.
Mais vous avez pas fini de foutre vos merdes dans mon corps sans déconner ? J’vais pas vous porter d’la chance, j’vais juste vous marave la gueule, vous captez ça ?
C’est une gosse, encore. C’est souvent des gosses qui sont les plus teubés. Alors j’lui renvoie sa pièce en plein visage. Ça m’fait penser à la fois où y’avait le mec avec sa banane sur la tête qui avait emmerdé toute la place à gueuler comme un babomoche. J’lui avais renvoyé mon stock de pièces rouillées pareil, parce qu’on m’emmerde pas en toute impunicité. Faut pas m’chercher, moi, j’suis trop une guerrière pour ces tocards. J’vais leur montrer, à tous, de quel bois j’me brûle.
Mais du coup, ça m’empêche de m’faire désirer pour l’autre mec, parce qu’en plus de m’entendre parler, il a dû m’voir balancer sa mitraille au nez de la gosse. Fait chier.

Allons bon, voilà que l'eau me fuit tandis que j'essaie de la toucher. Esquivant d'abord ma main puis formant un trou dans la fontaine juste devant ma trogne comme pour esquiver ma présence. Me redressant, je lève ma main vers mon cuir chevelu et commence à me gratter le crâne dans un acte de réflexion pour le moins perplexe. Ce truc, cette... chose faisant bouger l'eau étrange de cette fontaine est pour le moins abracadabrant. Pragmatique, la première chose qui me vient à l'esprit est une phrase sur la praticité, sur le fait que je fasse désormais fuir la flotte.

Arkos : Allons-bon. Voilà que même l'eau se met à m'éviter. Il va être pratique le prochain bain, tiens.

D'autant plus que j'ai réentendu la "voix" me parler comme si elle venait de ladite flotte au fond de la fontaine, histoire de ne rien arranger au mystère. Au moins, elle semble consciente et disposer d'un fond d'intelligence. On devrait, peut-être, pouvoir communiquer. J'allais essayer de communiquer avec cette étrange étrangeté quand je vis une personne, ma foi, fort jeune, ou disons plutôt une gamine pour parler plus simplement, approcher et jeter sa pièce dans la fontaine avec qui j'allais essayer de communiquer.

Toute sourire, la gamine était contente de son acte qui pourrait se résumer à de la pollution urbaine. Son sourire s'effaça de son visage pour se dessiner sur le mien tandis qu'elle se prenait sa propre pièce en pleine tronche. J'avoue qu'un petit rire amusé m'avait même siffler entre les dents tandis que la fontaine l'avait quelque peu envoyé paitre, elle et sa pièce. Si Iris était là, cette pauvre gamine ne saurait plus où se mettre entre la plante et la fontaine. Quoi qu'il en soit, je décidais de lui parler, ou plutôt de la titiller un peu avant qu'elle ne reparte, boudeuse de s'être prise un râteau de la part du mobilier urbain.

Arkos : Wow ! T'as réussi à énerver une fontaine. Il faut le faire. Même moi, j'ai pas réussi.

M'asseyant sur le rebord de la fontaine et regardant l'eau étrange, je me risquais à essayer d'engager la conversation avec la bestiole liquide. Après tout, elle venait de prouver qu'elle disposait d'un pouvoir de communication, d'une intelligence et d'un caractère similaire aux miens. On devrait bien s'entendre.  Raclant un peu ma gorge, je m'élançais pour essayer de discuter plus que de l'interroger, même si, avouez-le, je dois avoir l'air d'un taré à parler à de la flotte.

Arkos : Mon nom est Arkos. Il parait qu'il est plus poli de son nom avant de demander celui des autres. Très jolie les reflets et les vagues, soit dit en passant.

Laissant un temps de pause, je repris ensuite, histoire de commencer mon assaut de questions après avoir flatté cette fontaine. C'est que cette curiosité logée dans la fontaine attise la mienne, de curiosité. Je n'avais jamais rien vu de similaire, et encore moins à un tel degré. Ceci était une occasion d'en apprendre un peu plus sur les curiosités de ce monde ou importées dans ce monde.

Arkos : J'ai pas mal roulé ma bosse dans ce monde et je n'ai jamais rien vu de tel. Excuse ma question mais... Tu es quoi exactement ?

C'est la première d'une longue série, promis. Il me reste à apprendre beaucoup de choses, comme comment marche ce "corps" et, pourquoi pas, si ça pond des œufs.

Et puis v’là t’y pas qu’y’a l’autre, là, c’ui qui m’est tombé dedans parce qu’on l’a poussé, ce gros nullos, qui se met à s’moquer d’la gosse. C’est moi ou j’ai un allié là ? T’sais mec, j’ai pas b’soin de toi pour me défendre, j’suis grande, wesh.
La gosse elle s’met à pleurer, voilà. Si j’ai horreur d’un truc en plus des gens, c’est les gens qui chouinent. Et les gens qui chouinent, ici, c’est que trop souvent que y’en a en vrai. Et ça, ça pète les reins de ouf.
Weeeeesh, tu l’as fait pleurer, vas-y  trop la lose, maint’nant elle va m’vriller les tympans genre. Tu saoules, gros. Déjà j’te fais pas l’coup de te prendre le fond d’ma fontaine, et après tu fais chialer les gosses, trop relou. C’est pas une façon d’me r’mercier.
Mais en vrai ça passe, parce que la mère à la gosse, elle la prend par le bras genre vener tu vois, et elle l’embarque loin d’nous. Ouf, j’suis soulageationnée. J’vais pas l’entendre brailler, et ça, ça m’vaut toutes les pièces rouillées du monde, jure.

Et voilà qu’y s’présente. Gros, j’veux pas parler oké ? J’veux pas m’faire emmerder, c’est pas compliqué à comprendre, wesh.
Wai, b’jour Arkos. Tu vas rester longtemps là ?
Non, parce que, en vrai, c’est pas qu’il m’saoule, mais il m’saoule déjà.
Et puis y’m’fait des flatteries et tout. Mais ça, ça m’plaît, parce que moi, j’aime quand on m’fait des compliments. Alors j’suis un peu moins saoulée, d’un coup. Mais juste un peu, faut pas dec’ non plus, genre.
Cimer. Les reflets c’est l’soleil, mais les vagues c’est moi. C’est parce que j’fais des vagues que ça m’fait des reflets. Moi aussi, j’aime de ouf. J’suis trop canon quand y’a l’soleil.
C’est vrai, faut dire les choses comme elles sont, hein.

J’sais pas quelle bosse tu roules, frère, mais c’est normal qu’tu m’aies jamais vu avant, et qu’tu connaisses pas d’autres comme moi. Y’a qu’Malble ici, et c’est pour ça qu’j’suis formidable.
J’le fais mariner un peu, t’as capté, parce que j’veux pas lui dévoiler tout d’suite mon corps de méga bombasse, sinon c’est sûr il tombe dans les pommes, genre y’aura ses ieps’ au-d’ssus d’sa tête et tout.
Devine c’que j’suis, j’vais pas t’aider, c’est genre, une énigme.
Ouais, ça c’est bien ça. Comme ça j’peux m’amuser un peu, genre, et je fais pas que m’emmerder toute la journée dans c’bas à poissons si p’tit que j’peux même pas étendre mes orteils. Parce que j’ai pas d’orteils, t’as compris, c’est pour ça qu’c’est drôle. J’suis vraiment trop hilaronte comme meuf, jure.

J’regarde les autres trucs qu’y s’passe en même temps, sur la place, parce que faut jamais monter sa garde, t’as capté, mais franchement, de toi à moi : à par l’autre guignol qui m’cherche à m’deviner, y s’passe R dans cette vie. Y’a pas un chien dehors, genre. Y’a même pas un p’tit piou piou qui chante. A part les gens qui font la queue, là bas, j’sais même pas trop pour quoi en vrai.
Mec, c’est quoi tout c’monde là-haut ? Ils branlent quoi les gars, là ?
Parce que si j’faut qu’j’répondre à ses questions, genre, j’ai droit d’en poser aussi, c’normal, tu vois.

Dernière édition par Malble Lilablop le Lun 23 Jan - 17:38, édité 1 fois

Je n'ai pas pu m'empêcher de pouffer en entendant la réponse de… je ne sais pas ce que c'est en fait. Une flaque possédée ? Une créature aquatique ? Un truc mal digéré ? Vraiment, je n'en sais rien. Celle-ci m'accuse dans un langage assez étrange, mais compréhensible, d'avoir fait pleurer la mioche. Je ne pouvais pas m'empêcher de répliquer sur cette vanne, histoire de remettre un peu les choses dans leur contexte. Amusantes, les choses, cela dit. Cette flaque semble ne pas manquer d'humour.

Arkos : Je suis sûr que ce qui l'a fait pleurer c'est plutôt de se prendre sa propre piécette en pleine poire. Se prendre un vent par le mobilier urbain, c'est dur à encaisser quand même. Pauvre fillette.

S'ensuivit un certain monologue de la fontaine qui paraissait, aux premiers abords, plutôt prompt à vouloir me faire dégager, mais semble plus ouverte à la discussion après quelques phrases. J'analyse ce que cette créature me dit, car mine de rien, ses petites phrases sont riches en informations. De ce que je sais actuellement, elle sait faire les vagues et elle aime ça. Elle s'estime formidable et c'est une "Malble". Mais… C'est quoi une Malble au juste ? Une espèce ? Un nom ? Ma foi, c'est un truc à demander en tout cas. Une petite phrase de la part de la fontaine se poursuivie, comme une petite provocation qui me fit sourire. La fontaine me propose de deviner ce qu'elle est. Une sorte d'énigme, sous la forme d'un défi, un jeu, en clair un instant d'amusement. Des fois, ne jamais avoir quitté mentalement l'adolescence, ça aide, comme dirait un certain Sterling Archer que je ne vous souhaite pas de rencontrer.

Je me rassois un peu plus correctement sur le rebord de la fontaine en pierre, m'orientant vers l'intérieur du bassin et de sa flaque mouvante tout en me préparant à poser mes questions et énumérer à haute voix ce que je sais et ce que je peux déduire. Avant que je ne commence mon laïus, la fontaine pose une question, ma foi, pas bête, mais indiquant qu'elle n'a pas le niveau administratif d'une personne payant ses impôts. J'allais donc répondre à sa question avant de jouer les détectives amateurs. Dommage qu'Iris ne soit pas là. Sa connaissance de la faune et de la flore m'aiderait à pas faire complètement fausse route.

Arkos : Je crois qu'ils font la queue pour leur impôt annuel et toute la paperasserie qui va avec. Perso, je ne suis pas concerné. L'avantage de vivre hors de la ville. J'espère que t'es pas concernée non plus.

Sa réponse donnée, et j'espère qu'elle est exacte, j'allais enfin enchainer les miennes. Mais avant, il me fallait réunir ce que je savais déjà. Un petit monologue allait donc être de mise. J'espère que je ne vais pas l'endormir avec mon discours. Me caressant le menton, je réfléchissais à haute voix, tenant mon discours envers la "fontaine".

Arkos : Bon. Revenons-en à notre énigme. De ce que je sais, tu n'es pas la fontaine, mais bien cette "eau" à l'intérieur. Tu es suffisamment mobile pour changer de forme afin de simuler des vagues ou empêcher quelqu'un de se fracasser le crane au fond du bassin. Merci encore pour ça d'ailleurs. Tu es intelligente, au moins autant qu'un humain. Je pense qu'on peut écarter tout ce qui est fantôme ou possession. Ce n'est pas la bonne mentalité. Sortilège également, qu'il soit foireux ou non, le résultat ne serait ni aussi fluide ni aussi aboutit. Il ne me reste plus que les formes de vies intelligentes et là… Bah, je sèche. Aucune idée de ce que tu peux bien être à supposer que je ne fasse pas fausse route. Malble, d'ailleurs, c'est ton nom ou ton espèce ? Je peux avoir un indice ?

Bah oui, si je perds par manque de connaissance, ce n'est pas drôle. Il faut que je perde parce que je ne trouve pas. Allons-y pour les indices du coup.

En fait, j’crois y’m’plaît bien, le gars. Il est un peu golri.
De ouf, t’as raison, ça a dû lui faire tout drôle, zebi. J’fais ça des fois, j’renvois les objets. Ça m’casse les yeucs’ qu’on m’envoie toujours des merdes à la gueule, j’suis pas une poubelle, genre.
Puis, j’me mets à rigoler. Pauvre gosse, j’avoue de ouf. Même si j’sais pas c’que c’est « urbain ». C’est p’t’être une façon de dire « beau ».

Y m’écoute, et j’crois il réfléchit. C’est bien ça, faut réchéflir dans la vie. Et puis y m’lâche une dinguerie sur lui, genre.
Genre… Genre tu vis dehors ? En dehors de dedans les murs ? Genre devant les stremon et tout ? Comment tu fais ? Tu t’caches ? Walllah, j’suis sûre tu t’caches.
Je lâche un sifflement un peu genre, j’suis impressionnée et tout.
Eh beh c’est trop ouf. Mais moi j’suis pas concentrée par les impôts non plus, non. Enfin j’sais ap’. Ça s’trouve la guilde va trop m’la mettre à l’envers, genre, mais t’façons, j’payerai pas. J’leur rend trop service de ouf. Y’m’doivent bien ça.
J’voulais hausser les épaules, mais j’ai pas pris ma forme de BG, alors ça fait juste un peu plus des vagues. Ça m’rend belle, il a dit, alors j’en profite, t’as capté.

Et puis il essaie d’me rep’ à mon énigme. Il s’en sort pas mal de ouf. En plus il voit trop bien mes qualités, parce que c’est vrai, chuis grave une intello en vrai, donc j’l’écoute, et maintenant j’suis plus saoulée, genre, j’aime bien genre parler tu vois. Avec lui, c’est cool, surtout s’il m’parle de ouam’. Carré.
Mmmmmh… Pas mal, tu t’gères pas mal, c’est des bonnes dudéctions. Malble, c’est mon nom à moi, genre. Y’a pas deux comme moi, t’as capté.
J’réchéflis pour lui donner un autre indice.
Mmmmh… En vrai de vrai, gros, j’pense, mon espèce, genre, ma race, tu la connais. Genre tout l’monde la connais. Juste, genre, dans l’coin, y’m’ressemblent pas, parce que j’suis trop belle gosse et tout. Y z’ont pas la même couleur, et pas la même forme… En fait ils sont dégueu de ouf et en plus c’est trop des teubés, genre. Mais j’sais pas… C’est genre des cousins éloignés dans mon arbre génélogique de les races et tout. Genre comme toi avec le singe, t’as capté. Juste, nous, c’est l’même mot. Alors que l’singe et l’humain c’est deux mots pas pareil. Tu m’comprends de c’que j’veux dire ?
Faut pas que j’l’aide trop, non plus, ce s’rait d’la triche après, genre.

Il n'y a pas à dire. Décidément, c'est une très curieuse fontaine. Même si je sais que ce n'est pas vraiment une fontaine. Ses réactions sont détonantes et étonnantes et il n'en faut pas plus pour amuser mon esprit tandis que son être aiguise ma curiosité.

J'essaie de l'imiter un peu, d'entrer dans son jeu, du moins sur mon langage, même si je me fais l'impression d'être un de ces papys qui essaient désespérément de ne pas vieillir en essayant de parler comme les "djeuns". En tout cas, sa réaction m'amuse même si elle est plutôt similaire, dans le fond, à la réaction que tout le monde a quand j'annonce cette information qui me semble au combien lambda. C'est plus sur la forme ou cette petite détonne avec ses questions, son analyse et sa conclusion dans la même… On va dire phrase.

Arkos : Ouaip ! En dehors de dedans les murs ! Je vis du côté des ruines de Pandora. Pleins de maisons en pierre pour vivre et pas beaucoup de gros stremon. On peut y vivre tranquille pépouze.

Puis vint ensuite le temps des réponses à mes péroraisons, non sans une petite vague après avoir parlé imposition. Le sujet de choix quand on veut faire fuir quelqu'un, en vrai. Cela dit, il semblerait que je ne sois pas trop mauvais dans mes déductions. Et ce n'est pas moi qui le dit, c'est la flaque ! Une flaque qui s'appellerait donc Malble et serait une représentation unique. Allons bon, si elle est l'unique de son espèce, je ne suis pas près de trouver. J'ai une très bonne connaissance de la faune, mais il ne faut pas déconner non plus. Je ne connais pas toutes les exceptions de Portal. En plus, si ça se trouve, c'est une exception de pas-Portal.

Alors que j'allais annoncer ma défaite, voilà que Malble me donne un bon gros indice. Assez classe, quoi, le bel indice. Pas couleur fraise, mais presque. Donc, tout le monde connait sa race, mais sur Portal, c'est une espèce de dérivé dégueulasse et stupide. Il va me falloir creuser un peu. C'est que c'est vraiment un truc pas facile à deviner son énigme.

Arkos : Dégueu de ouf et des gros teubés. Dit comme ça, on dirait les Orcs, mais je pense qu'ils ont une consistance un peu trop... consistante pour coller à la description justement.

Je cherchais toujours, me touchant le menton et essayant de réfléchir parmi les peuples connus. Parmi les plus bêtes des peuples connus, même. Faisant choux-blanc, je me demandais si je n'allais pas élargir ma recherche aux monstres et animaux environnants. Et le seul être que je connais étant liquide est... berk.

Arkos : tu serais donc une... Slime ? Mais comment tu fais pour être aussi... différente des slimes d'ici ? Je veux dire. Ils sont à la limite entre la bestiole et le monstre alors que toi, tu n'as aucun mal à t'exprimer. En plus, même en apparence, on dirait une poche de suc gastrique alors que tu ressembles à de l'eau et propre en plus.

Je regardais la fontaine avec un certain étonnement. Si c'est une slime, ça doit être une slime très particulière. Qu'est-ce que je raconte. Bien sûr que c'est une slime particulière, c'est justement à cause de ça que j'ai commencé à poser des questions. D'ailleurs, en parlant de questions, je n'avais pas fini d'en poser.

Arkos : Et ton liquide est corrosif comme ceux des autres slimes ? On dirait une espèce totalement différente. T'es bien une slime au final ?

Bah oui. Parce que c'est bien de la comparer aux autres slimes, mais si ça se trouve, je fais totalement fausse route et elle est d'une toute autre espèce. Déjà que les gens commencent à me regarder d'un air louche parce que je parle à l'eau d'une fontaine...

Dernière édition par Arkos Minhem le Dim 7 Mai - 14:06, édité 1 fois

Alors là c’est franch’ment un truc de ouf comment l’mec y’m’fait câbler. Genre, il vit dehors, quoi. C’est vraiment un truc de dingue, wallah. Et il a plein d’maisons en plus ! Genre il s’vante en fait, j’vois qu’ça.
Wesh gars, j’sais comment c’est dehors, et j’peux t’dire qu’on y vit pas tranquille pépouze. Genre, on crève, et c’est dard, terminé, voilà, rideau, t’as capté. Et j’le sais parce que tous les miens ils ont clamsé comme ça.
Non parce que c’est pas lui qu’a vu mon oncle Oblip crever la gueule ouverte à cause d’un assaut d’trucs moches et puants là sur la barrière. Et moi j’sais c’que j’ai vu, t’sais.

Et du coup y m’cherche c’que j’suis. C’est bien, gars, vas-y, creuse-toi la tête des mé… min… méni… les neurones, quoi. Il croye quoi, que j’vais lui donner la réponse ? Trop pas mec, c’est genre une éni-gme, t’as capté.
Sérieux, j’ressemble pas à ces débiles d’orcs, wallah, tu vas pas m’insulter aussi nan ?
En plus, j’sais pas, genre ça s’voit qu’j’suis pas une orc. Les orcs, c’est gros et moches. Moi j’suis dingue de ouf BG, et j’peux être plus fit que ta daronne.

Aaaaah, bah voilà qu’y commence à capter, l’autre, c’est bon !
Baaaah voilà, t’as compris ! Ouais, j’sais, j’suis trop belle. Non mais j’sais pas trop d’où ça sort, t’sais, la ginitique et moi ça faire genre quinze mille. Mais si j’crois bien qu’j’me trompe pas, c’est genre des cousins au départ, genre comme l’homme et l’singe, t’sais. On a pas évolué pareil parce que… J’sais pas, encore une connerie du genre l’environnement ou j’en sais rien. Bref. Mais j’suis la dernière, parce que tous les comme moi ils ont crevé, j’t’ai dit, t’t’à l’heure. Mais ouais, ouais, j’te rassure, j’suis bien une slime, en chair et en os, enfin, du coup pas, mais t’as compris.
J’lui clin d’œil.
Eeeeeh, non, j’suis pas corro… carosive. J’suis genre normale, et tout. Mais j’peux faire un autre truc et tout, ça t’f’ras capter pourquoi j’suis aussi belle et genre… Bah, propre, comme t’as dit.
Faut j’lui montre genre comment j’suis trop forte et que j’purifie trop, wallah.
Vas-y, crache par terre.

La réponse de la fontaine, enfin du contenu se trouvant à l'intérieur de la fontaine, qui n'en est finalement que le contenant, est plutôt triste et pas vraiment super crédule. Elle vivait dehors, visiblement, et avec les siens qui, peut être dans un faux sentiment de sécurité, se seraient tous fait défoncer le râble sauf cette petite Malble. Une phrase au combien épépine à prononcer à haute voix, certes, mais aussi particulièrement révélatrice sur la Réalité, avec un grand R, de ce monde. À savoir que si tu n'y es pas correctement préparé, tu n'as aucune chance de survie hors des murs.

Cependant, la demoiselle liquide passa rapidement à la suite et enchaina sur mes réponses à son énigme. après avoir, sans doute faussement, été offusquée par la comparaison aux Orcs qui, il ne faut pas se voiler la face, ne tenait pas la route. J'observais la demoiselle réagir à ma réponse, qui semblait finalement être la bonne. Une réaction dans un long monologue qui dressa, sans le vouloir, un sourire amusé sur mon visage. Du moins... Jusqu'à sa dernière phrase.

Celle-ci compare son évolution et celle des slimes de cet univers avec l'évolution humaine et de nos cousins primates. Sans doute un bon point basé sur un fond de vérité, mais c'est surtout sa manière de se jeter des fleurs qui m'amusent ainsi que sa propension à utiliser des expressions qui ne sont pas vraiment adaptées à son espèce, avant de se corriger. Voici une personne avec qui on ne doit pas s'ennuyer. Puis vint ensuite la démonstration de sa raison pour laquelle elle n'est pas un tas puant et acide de liquide jaunâtre comme ses … On va dire cousins éloignés, mais bien une composition de liquide pur donnant cette impression de propreté. Seulement, la demoiselle me demande de cracher par terre.


Arkos : Heuu... désolé, mais j'ai une certaine éducation et ce n'est pas trop, trop mon genre de cracher au sol. En plus, si tu vas me montrer ton pouvoir en interagissant avec un bon gros glaviot, c'est un peu... comment dire, dégueulasse. Mais j'ai une solution alternative et un poil plus colorée.

Sortant ma gourde, j'en dévissais le bouchon qui laissa échapper un parfum de miel. Une petite concoction de ma composition permettant de faire des bonbons de miel durci et parfumant l'eau de ma gourde, la rendant agréable au gout, mais aussi colorée, d'un jaune assez doux et d'une teinte très sucrée. À déconseiller aux diabétiques et j'espère intérieurement que les slimes ne peuvent pas l'être.

Renversant ma gourde au sol, je regarde la flaque jaune avant de me rendre compte que la couleur jaune du liquide, associée à la crasse du sol, lui donne un ton jaune embrun et donne l'illusion d'une chose nettement pire qu'un crachat. Là, on dirait, sans que je le veuille, que quelqu'un c'était soulagé la vessie sur le sol à côté de la fontaine alors qu'il ne s'agit que d'eau, de miel et de sucre.

Arkos :Oups... En fait, c'est pire. Désolé

Pendant que je laissais le soin à Malble de choisir si elle allait me montrer ou non son pouvoir sur cette tache de miel, je revenais discrètement sur ce qu'elle disait tout à l'heure. Histoire de la rassurer et de ne pas passer pour un menteur.

Arkos : Sinon, par rapport à tout à l'heure, je ne mentais pas. Je vis réellement dans les ruines de Pandora. Tu pourras venir y jeter un œil un jour, si tu veux voir comment on fait, nous, pour vivre dehors. Après, je vis dans un endroit où la faune locale n'est pas la plus dangereuse. À savoir le plus loin possible des béhémoths et du Roi béhémoth. Les seuls deux trucs qui pourraient foutre en l'air tout notre système de vie. Mais, je suppose que le fait que mon épouse soit une Dryade aide un peu, beaucoup, à notre survie. Pressentir l'arrivée d'un danger aide beaucoup à se préparer pour accueillir celui-ci.

Bon, maintenant que l'existence d'Iris est révélée, j'espère que la slime d'un autre monde sait ce qu'est une Dryade, qui vient également d'un autre monde, mais sans doute pas le même. Ça commence à devenir un brin compliqué tout ce tintouin.

Wesh, il est même pas drôle, l’gars, y veut même pas cracher, wallah, trop la lose. Du coup j’lui souris genre iro… aro… iranique, t’as capté, genre il est même pas cap’, en fait, oh le nul.
Mais par contre il déverse sa gourde pleine de pisse par terre à mes tiep’. Trop chelou.
J’hausse les épaules.
Euuuuh… Mec, c’est deg’, en fait. T’sais, y’a d’jà assez de vieux et d’gosses qui m’pissent dedans j’ai pas b’soin de… euh, de toi.
J’lève un sourcil genre perplexité, t’as capté.
Pourquoi tu bois d’la pisse, en fait ? C’est genre, ça a un truc positif sur le corps et  tout ? Genre, c’est ça qui t’rend ta peau toute lisse et tout ?
j’lève les bras avec mes épaules parce que t’façons, si j’veux lui montrer ce de quoi que j’suis capable, faut bien que j’peux faire c’que j’peux faire.

Du coup j’me mets en mode flaque, et j’englobe tout l’truc jaune deg’. Mais en fait, j’comprends c’est jaune, mais genre, c’est pas d’la pisse ! C’est tout sucré et tout… Wesh, c’est quoi c’truc ? Si on pouvait m’jeter ça plutôt qu’des pièces et des canettes vides, mon quoti… quota… mon… mes jours, wesh, t’as capté, s’raient vachement plus sympa, et tout. Du coup, c’est moins deg que c’que j’pensais, limite c’est même presque un peu agréable de tout purifier. Bon, y’a quand même un peu d’poussière du sol, faut pas déconner, quand même, mais quand que j’me retire, ça fait une belle jolie flaque d’eau toute claire et tout, j’suis pas peu fière d’moi, t’sais.
TADA ! La classe, non ? Eheheh.

Après y m’cause de c’que y’a dehors, mais j’avoue, j’écoute un mot sur quatre parce que les gens qui m’parlent, y m’saoulent vite quand y m’parlent pas d’moi et d’mon corps de bombasse. J’tique un peu, il dit qu’il a une épouse, j’crois c’est genre une meuf, et y dit qu’c’est une dryade, alors j’ouvre un peu les yeux genre.
Attends, attends… Tu veux dire que… Genre, que depuis t’t’à l’heure, tu m’dragues et tout, mais t’as une go ? Vas-y ça s’fait trop pas !
J’me braque un peu.
Une dryade en plus ! Mais j’veux pas m’mettre genre… j’sais pas, la forêt dans l’dos, t’sais, on va pas m’casser du sel dans l’dos à moi ! J’veux pas avoir d’emmerdes, jure wallah.
J’me r’ferme comme une moule, j’croise les bras et j’le zieute de haut en bras en tchipant.

Et puis là, y’a la tour qui fait son bruit horrible de genre ça sonne de il reste une demi-heure, ou j’sais pas quoi, et l’autre gros deg’ qui m’drague alors qu’il a une feumeu, il a dit il avait des trucs à faire là bas, alors j’croise les doigts genre pour qu’y s’casse et y m’pose pas d’problème, genre. Moi j’suis là, tranquille, j’demande rien à sonneper, et on vient m’flirter alors que ça a une meuf, ça s’fait trop pas en fait. Surtout que genre, y’a l’bro code, t’sais, tout pareil pour les meufs. J’sais j’suis une bombasse, mais j’pique pas les go des autres gars, j’suis pas une tepu, j’ai d’l’honneur, moi.
T’avais pas un truc à faire ? P’têtre tu devrais t’casser en fait. Et non merci pour aller à Pandora, t’sais, j’suis pas une tapin, et j’veux pas m’faire harce… harcer… emmerder par ta meuf, j’les connais les jalouses, t’sais, et puis en plus, j’veux pas elle s’vener parce que t’sais pas t’nir ta teub, t’sais, t’as capté.

J’fais un p’tit geste de la main genre « bye bye », et j’retourne au fond d’mon bac pour mimer l’eau. Ça suffit les conneries, genre.

Allons bon. Voilà que la demoiselle liquide prend le contenu de ma gourde pour de l'urine. Voilà qui est flatteur, car non seulement elle pense que je lui verse ça au sol, mais en plus que je bois de ce genre de chose. Voilà qui me parait absolument immonde et, au vu de sa réaction, elle n'en pense pas moins, voir même, plutôt plus. Mais bon, passons. Je lance juste une petite phrase, courte, mais sur un ton enjoué tandis qu'elle semble s'approcher de la flaque jaunâtre de mon sirop de miel dilué.

Arkos : Heuu... C'est du miel en fait.

Je ne sais pas si elle m'a entendu, mais en tout cas, j'assiste à un spectacle pour le moins étonnant, et il en faut pour étonner un vieux de la vieille ayant vu les choses pour le moins tordu qu'on peut faire avec un peu de végétation et beaucoup de magie. Il semblerait que la demoiselle soit devenue une flaque et que cette flaque ait la capacité d'assimiler la flaque que j'ai faite au sol. Avec ma gourde, hein ! Pas avec autre chose ! Mais bon, après une série de blip, de blop, de blup et de magie, voilà que ma flaque de miel a disparue, laissant une flaque d'eau claire et bien pure, ainsi qu'une slime pas peu fier d'elle.

En toute réponse à sa question, je me contente d'applaudir. Pas cet applaudissement sarcastique au regard soutenu. Non, le vrai applaudissement. Le sonore, celui entiché d'un sourire et de félicitations. Puis vint le moment où la slime me parle de ma Dryade et là, c'est la débandade. Visiblement, mon attitude cordiale n'était pas vue comme une attitude cordiale par la slime cordiale. J'allais lever le quiproquo quand une chose étonnante me coupa la parole. Et par chose étonnante, je veux dire le clocher de la tour ou je devais aller qui annonçait une clôture imminente. Aussi, je ne puis contenue une exclamation aussi instinctive que réaliste, quoiqu'un peu vulgaire.

Arkos : Merde ! Mon entretien !

C'est exact, après tout, j'ai rendez-vous au deuxième étage, bureau E27 pour mon bilan de compétences. Il va falloir cavaler un peu pour gagner la tour, mais avant de partir, je me retourne vers la slime étant retourné faire la flaque d'eau au fond de sa fontaine.

Arkos : Et bien au revoir. Et désolé si tu as pris ma curiosité pour de la drague, mais... ce n'était pas le cas. Bref, comme tu dis, j'ai un truc à faire et je vais finir par être à la bourre si je ne me dépêche pas.

Sûr ces derniers mots, qui n'ont peut-être pas été entendus, je quitte les lieux prestement, car je suis définitivement en retard pour mon entretien. Un entretien bien rasoir et que je n'ai pas du tout envie de passer d'ailleurs.