PortalConnexion
Le Deal du moment :
Boutique Nike : -25% dès 50€ sur TOUT le ...
Voir le deal

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
[Essence rouge, rang Or 4]

Une fois de plus, la guilde lui avait demandé de s’occuper d’un nouveau venu. Il n’était pas certain de la raison qui avait pu causer cette obsession chez eux. Il osait espérer qu’il leur apparaissait maintenant de manière aussi évidente qu’à lui qu’il ne faisait pas un précepteur adapté aux demandes de l’endroit. Il ne pouvait pas chez ces gens faire naître la vaillance et le mérite et la force, et il ne pouvait pas non plus exciser la faiblesse qui gangrénait si facilement corps comme esprits. Certes, il était facile d’accomplir ce qu’on lui demandait. De fournir une performance acceptable, de montre à ces néophytes comment fonctionnaient les quelques monstres qui grouillaient dans l’enceinte du camp d’entrainement. De leur montrer que leur puissance était ici sujette aux caprices des dieux jumeaux. Mais c’était là une perte de temps monumentale, et quelque chose que lui-même avait pu accomplir sans aide. Quelqu’un qui se montrait incapable d’en faire autant était au pire condamné à la médiocrité, au mieux à une mort rapide. Dans les deux cas, c’était une perte de son temps, infiniment plus précieux que celui de tel ou tel réincarné, que l’on aurait jugé apte à profiter de sa présence. Mais la guilde continuait de demandait, et ses obligations autant que son honneur continuait de l’obliger. Alors il s’était exécuté, et tôt le matin, avant que le soleil ne se lève, il avait procédé à ses ablutions rituelles. Son corps comme son armure avaient été enduits des huiles consacrées, et il avait raclé la poussière de la nuit d’une serpe émoussée, avant de s’asperger d’eau glacée. Il avait médité brièvement, vidant son esprit de tout ce qui n’était pas nécessaire, s’emplissant du souvenir des dieux et des divins de son monde.

Ici, leur présence n’était plus pour lui qu’un écho. Il devait entretenir leur souvenir. Les garder pur en lui, se rappeler de ce qui le poussait chaque matin à continuer de respirer. Il s’était équipé, et avait quitté son logis, et s’était dirigé vers le centre d’entrainement. L’atmosphère de la cité était presque plaisante : seuls les travailleurs les plus matinaux, les boulangers et les manutentionnaires qui amenaient des fermes environnantes leurs produits frais infestaient les rues de la cité. Il n’avait pas à jouer des coudes pour fendre la foule grouillante, il n’avait pas à forcer son esprit victime de son audition surnaturelle à s’éloigner des conversations des badauds, ni à ralentir sa respiration pour se voir épargner leurs odeurs. Ces gens étaient sales. L’hygiène était pour eux un concept assez abstrait, et ils n’y consacraient que le strict minimum de leur temps, à peine assez pour purger les odeurs de surface qui flottaient sur leurs peaux. Ce n’était pas suffisant. Rien de ce qu’ils faisaient n’était jamais suffisant. Il pensa à autre chose, là aussi voulant mettre de la distance entre ce qu’il était contraint de subir et sa conscience martyrisée. L’homme du jour pouvait s’avérer intéressant, fait rare s’il en était. Il était apparemment un prêtre sur son monde, et s’était rapidement tourné vers l’Eglise locale. Et cela voulait dire qu’il pouvait être utilisé. Les réformes dont avait cruellement besoin Portalia allaient demander qu’il solidifie un socle sur lequel s’appuyer, un socle solide et capable de résister à son travail de sape. Quelqu’un qui n’avait tout simplement pas encore eu le temps d’en être victime était une option prometteuse.

Il ne voulait simplement pas nourrir trop tôt trop d’espoirs. Il était de manière presque systématique déçu, et il s’était un moment demandé si c’était à cause de ses propres standards. Si espérer rencontrer des gens un tant soit peu méritants était trop optimiste. Il lui apparaissait maintenant évident que son monde était sinon unique dans ses effets, au moins suffisamment rare pour que la distinction relève de la plus pure sémantique. Seulement, il avait déjà abaissé ses exigences. Il n’attendait plus des gens qu’il croisait ici l’excellence, mais simplement de se montrer suffisant. Et là encore, il allait de désillusion en désillusion. Il adressa un rapide hochement de tête au garde à l’entrée du centre d’entrainement, et se concentra. Construire avant l’heure des plans trop ambitieux n’aurait comme seul effet que la répétition du passé. Il allait voir comment était formé ce prêtre, et alors seulement il déciderait de son sort. Il espérait sincèrement que ce dernier serait à la hauteur. Arrivé dans la zone qui leur avait été réservé pour aujourd’hui, il s’immobilisa complètement, plantant le cul dans sa lance dans le sol, attendant la venue de la créature. Rester calme. Rester neutre. Rester distant. Cela lui permettrait de supporter l’épreuve du jour sans être offensé par son indignité.

« Ici ! fit-il quand ce dernier se manifesta. Je suis Hypanatoi Paragoï Konostinos, et je serai votre entraineur pour aujourd’hui. »

Pour aujourd’hui. Comme s’il était possible, en une journée, de transformer quelqu’un. De lui apporter un réel bénéfice. Il expira profondément, vidant totalement ses poumons, avant de les remplir de nouveau.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Lun 24 Avr - 9:33, édité 1 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
[Essence bleu, rang bronze 1]

Après lui avoir donné le temps de s'installer, l'église demanda au prêtre quel ordre il souhaitait intégrer. Avec son don, il ne va pas simplement rester à prêcher, ce serait du gâchis. Il n'a jamais pris activement part à des guerres sur son monde, déjà parce qu'Alexander avait eu la chance de vire dans une époque relativement stable, mais la plupart du temps la guerre est nuancé, ce n'est pas qu'une question de bien ou de mal, mais une somme de facteurs compliqués. Alors à part pour une ou deux petites chasses aux monstres pas bien compliqués ou l'homme de foi apporta son aide en renforçant le moral avec ses vers sacrés, il n'avait guère d'expérience dans le combat. Cette fois-ci, c'est différent, c'est une guerre sainte, la plus grande bataille de l'univers, une croisade contre l'antithèse de ce qui est sacrée, des dieux et de la vie, il se doit d'être impliqué sur le champ de bataille. À défaut d'être le meilleur soldat des dieux, le prêtre se devait d'au moins ne pas être un fardeau pour les autres et d'être capable de se défendre un minimum pour que les autres puissent profiter de ses capacités. Ainsi, le jeune religieux doit apprendre un minimum l'art martial, et surtout développer la puissance de sa "voix".

Suite à un entraînement intense, il avait appris à la maîtriser consciemment dans son monde d'origine, mais les meilleurs prophètes peuvent pratiquement ramener les morts à la vie, et détruire la conscience des pécheurs. C'est le niveau que cette guerre nécessite. Après tout, si le dévot des dieux se débrouille bien, il aura plus d'une vie pour y arriver, car il semble que la longévité est lié à la puissance en ses terres. Après tout, les dieux ne voudraient pas que ses meilleurs soldats meurent de vieillesse. Le cycle de la vie et de la mort ne revêt pas la même apparence quand les enjeux sont aussi grands.

Mais avant de parler de pouvoirs divins pouvant oblitérer les consciences, il faut commencer petit. C'est ainsi que pour l'aider dans son choix d'orientation, l'église envoya Alexander faire une séance d'entraînement et d'explication avec un aventurier. Le novice se leva tôt pour faire sa prière et méditation du matin, puis il s'équipa d'une dague, seul arme qu'il possède, et se mit en marche vers le terrain d'entraînement, pensif, réfléchissant à sa charge et à ce qui l'attend dans ce monde. En arrivant, il se fait directement aborder par son instructeur. En même temps, Alexander ne passe pas inaperçu avec sa tenue et son casque.

"Je suis Alexander Gautama, nouvel recrue de l'ordre, merci de prendre de votre temps pour m'entraîner."

Dernière édition par Alexander Gautama le Dim 19 Juin - 21:53, édité 1 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
La créature qu’il avait en face de lui ne l’impressionnait pas, et cela était parfaitement normal. Il n’avait pas encore rencontré d’homme d’arme capable de le faire depuis sa réincarnation ici. Au moins pouvait-il le lui pardonner, et se dire que ce n’était pas avant de venir sa fonction première, et que l’homme n’était pas habitué à se battre. Cela se voyait dans sa façon de marcher. Dans sa façon d’être. Il avait sans doute déjà combattu, mais pour lui, respirer et lutter n’étaient pas des synonymes. Et c’était cela qu’on voulait qu’il corrige, en moins d’une journée. Il savait pouvoir le faire, mais pas en un seul jour. Il n’enseignait pas. Il montrait l’exemple, et les gens intelligents le suivaient. Les gens vertueux, eux, l’émulaient. Mais cela prenait du temps, et demandait qu’il soit dans un environnement dans lequel l’alternative n’était pas la facilité et l’anéantissement de soi. Décidant de se concentrer sur ce qu’il pouvait pour s’assurer que ce nouvel interlocuteur ne se couvre pas de honte dès son prochain combat, il s’approcha de lui. Au moins était-il poli, et au moins semblait-il comprendre qu’effectivement, Hypanatoi lui faisait un cadeau précieux : son temps. Chaque seconde de ce dernier avait une valeur incommensurablement plus élevée que celle de ces gens. Les raisons étaient multiples, et peu d’entre eux appréciaient qu’il le leur explique. Le cas échéant, leurs capacités de compréhension peinaient à réellement enregistrer ce qui leur était offert. Il décida donc d’épargner à son vis-à-vis un discours superflu sur la réalité de leur situation.

Il chercha ensuite comment l’aider au mieux. Il avait eu le temps, au vu de la nature maintenant familière de l’exercice, de comprendre ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait. Aussi curieux que cela puisse paraître, ménager la fierté de ces gens donnait les meilleurs résultats. Ils étaient généralement entièrement incapables de déceler chez eux des lacunes pourtant évidentes, et n’appréciaient que peu de les voir révélées. Il fallait donc s’y prendre comme avec des enfants, et considérer que leurs esprits encore immatures avaient besoin non pas d’explication – ils étaient incapables de les utiliser pour prendre une direction productive – mais bien d’une guidance plus directe. Il ne connaissait certes pas personnellement l’homme qu’il avait face à lui. Peut-être serait-il l’exception à cette règle jusque-là immuable. Rien ne l’indiquait, et cela de toute façon ne changeait rien. Il prit la parole, sa voix s’échappant des confins de son casque pour délivrer une sentence directe et sans appel.

« Soit. Démontre ton savoir. »

Ayant prononcé les paroles rituelles, il corrigea sa prise sur son arme, ses mains glissant sur la hampe de cette dernière jusqu’à ce que sa prise soit convenable. Parler plus avant aurait été inutile, et donc insultant. Il fallait avant d’établir un régime quelconque comprendre quel matériau il avait en ce moment entre les mains. Couvrant la distance qui le séparait de la nouvelle recrue de l’ordre en quelques foulées lourdes, il abaissa son arme sur ce dernier. Il ne comptait pas le tuer, mais il restait convaincu que toute leçon se devait de comporter suffisamment d’éléments réels pour que la théorie reste ancrée dans ce dernier. Sa mère avait à ce propos un dicton qu’il avait rapidement retenu, et dont il avait plus tard compris toute la sagesse. Un os brisé enseigne plus durablement sa leçon que des heures de discours. Il en était l’exemple vivant, et il aurait injuste de sa part de priver l’homme de foi de l’opportunité de s’améliorer à son tour. Il doutait que l’espèce de couteau que ce dernier arborait soit réellement efficace dans un combat réel, et ce serait sans doute l’élément le plus évident qu’il leur faudrait corriger. Nombre de ces gens avaient pour les dagues et autres poignards une affection qu’il ne comprenait pas réellement, et dont il peinait à comprendre la cause. Ce n’était de toute façon pas en temps normal son affaire. Que ces gens gravitent vers des options fantaisistes et inefficaces les concernaient, et facilitait sa tâche lorsque parfois venait le moment de leur confrontation. Ce n’était pas le cas ici.

S’assurant de limiter la force de coup sans pour autant le rendre inoffensif, il espéra bien malgré lui que son vis-à-vis lui réservait une surprise quelconque. Encore une fois, il savait que c’était là une idée peu réaliste. Mais il était optimiste de nature, et ne pouvait s’empêchait d’espérer à chaque fois qu’il rencontrait quelqu’un de nouveau. De se dire que peut-être, cette cité n’était pas totalement perdue, que certaines choses en elles méritaient d’être sauvegardées, et que cela suffisait à repousser le jugement final qu’il aurait immanquablement à prononcer. Il serra les dents, et appuya légèrement son coup au dernier moment.
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
L'entraîneur ne perd pas de temps, pas de fioritures. Il faut dire qu'une journée, c'est court, ce n'est pas le moment de niaiser, la distance entre le maître et l'apprenti est réduite en un instant, l'arme s'abat sur lui de façon à lui faire rencontrer les meilleurs des professeurs dans les domaines martiaux : la douleur et l'expérience. Un guerrier plus expérimenté aurait sûrement pu contrer difficilement ou juste reculer, mais le prêtre n'est pas un combattant, et tombe lamentablement sur le sol. Manquant de peu de sombrer dans le coma pour rencontrer ses créateurs qu'il idolâtre tant, Alexander récite une prière dans sa langue natale, histoire de ce reconcentrer et d'activer sa voix. Le jeune homme reste au sol, continuant de prier, espérant qu'Hypanatoi avance vers lui. Qu'il soit exaspérer ou juste inquiet, ce n'est pas la question, l'entraîneur ne connaît pas son pouvoir, s'il croit que la recrue est une petite nature et qu'il est en choc face au coup, il baissera sa garde, et son pouvoir lui donnera une opportunité. L'homme de foi n'est pas un homme de guerre, s'il veut prouver sa volonté, il doit user de tous les stratagèmes qu'il a sa disposition. Après tout, il n'a pas grandi dans le luxe et l'opulence, il sait que des fois, pour arriver à ses fins, il faut user de ruse et d'adresse. Dès que le guerrier approchera, Alexander espère que son pouvoir embrouillera assez l'esprit de son mentor temporaire pour tenter de lui faire une balayette, puis de se jeter sur lui avec sa dague, tel un brigand. Ce n'est pas très flatteur, mais rester sans rien faire serait sûrement autant plus insultant pour son adversaire.
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Il s’était attendu à beaucoup de choses. A voir son adversaire invoquer une magie quelconque, ne pas réagir suffisamment rapidement, ou, s’il avait eu la chance de se voir assigner quelqu’un d’un peu compétent, esquiver. Cela aurait été la manœuvre la plus évidente. Hypanatoi était grand. Son armure était épaisse. Son arme était longue. Tenter de parer son coup, lorsque l’on pouvait simplement le dévier ou faire un pas de côté était une idée mal avisée. Ce ne fut rien de tout cela. L’homme décida de bloquer son attaque de son poignard, et le paragoï se demanda l’espace d’un instant s’il était face à un plaisantin, ou si son vis-à-vis disposait d’un atout qu’il n’avait pas considéré. Ce genre d’idée fut rapidement dissipé quand il le vit s’effondrer sur le derrière avec la grâce d’un pachyderme agonisant. Il était de toute évidence sonné, et le combattant fronça les sourcils. Etait-ce cela maintenant qu’on lui infligeait ? Non content de quémander de sa part son expérience, de prier pour qu’il partage son savoir si précieux avec des néophytes indignes, on mettait face à lui quelqu’un qui n’avait de toute évidence pas même acquis les fondamentaux. C’était plus que frustrant. C’était insultant, et cela dépassait maintenant les bornes. Trop souvent, il avait dans sa grand générosité passé l’éponge, mettant sur le compte de la maladresse et de l’ignorance les écarts pourtant fréquents de la guilde. Mais il avait été clair, et énoncé à plusieurs reprises ses attentes. Si la guilde voulait s’obstiner à faire de lui un instructeur, il entendait au moins se voir épargné la lie la plus intolérable. Il ne demandait en plus de cela pas grand-chose. Il n’avait pas eu l’audace de réclamer des gens aux esprits solides et aux volontés inflexibles. Il ne s’était pas fourvoyé en pensant pouvoir être mis en rapport avec des êtres méritants et honorables, car il savait cette qualité être bien disparate ici. Il ne réclamait en vérité qu’une chose : que la personne puisse tenir son arme sans risquer de s’empaler.

Ce n’était visiblement pas le cas ici.

Il fit un pas dans la direction de la pitoyable créature, ne sachant pas réellement comment la reprendre. Il aurait en temps normal fustigé la faiblesse de ses fondamentaux. Mais ce serait ici insensé : on ne pouvait pas parler de faiblesse, puisqu’on était mis face à l’absence. Il l’entendit marmonner quelque chose, et la magie qui permettait aux gens de se comprendre sembla ne pas faire effet. Ses paroles vinrent s’échouer à ses oreilles comme les babillages indéchiffrables des barbares de son monde, et il hésita un instant. Il ne savait réellement que faire. Il se pencha pour le saisir par le col, et le remettre sur pied. Poursuivre le combat, dans ces conditions, n’avait aucun sens. Soudain, il comprit ce que venait de faire l’homme en face de lui. Il invoquait sa magie, et il sentit les affres de cette dernière s’étendre à son esprit. Ce dernier, déjà atrophié par les rituels qu’il lui infligeait avant chaque combat, se comprima plus encore, jusqu’à ce qu’il ne reste rien de lui qu’un point central et suspendu dans le vide. L’espace et le temps perdirent pendant une longue fraction de seconde tout sens pour le combattant, jusqu’à ce qu’il reprenne lentement ses esprits. Face à lui, le prêtre semblait prêt à envoyer sa jambe dans son armure. C’était là encore une idée qui ne faisait que démontrer son inexpérience. Il risquait simplement de se fracturer le tibia, la protection de métal qui recouvrait intégralement Hypanatoi rendant bien inutile ce genre de manœuvre. Il le laissa faire, et regarda l’assaut subséquent. Ce dernier, une fois de plus, voulait se jeter sur lui, la dague en avant. L’idée était déjà meilleure, si tant qu’il puisse trouver les points faibles de sa protection. Il ne lui en laissa pas l’occasion, et sauta en arrière, retombant quelques mètres plus loin avant de lever une main impérieuse :

« Cela suffira. Tu n’es pas un homme de guerre. Dis-moi maintenant : pourquoi vouloir changer ça ? »

De manière assez paradoxale peut-être, c’était là une opportunité assez intéressante. La plupart des gens qui se réincarnaient ici le faisaient en apportant avec eux des techniques martiales assez lacunaire – si tant est que l’on puisse réellement appeler ainsi la bouillie amorphe qui leur servait de fondation – et cela lui permettrait ici de pouvoir poser plus facilement des bases saines. Il doutait d’avoir le temps de faire de son élève du jour quelque chose de passable : il aurait eu besoin de nombreuses années, et de déconstruire pas seulement ce qui lui servait de fondement physique, mais également l’intégralité de son esprit. Malgré cela, il restait évident qu’il avait en face de lui une matière bien plus malléable, et donc bien plus prometteuses que ce à quoi il avait l’habitude d’être confronté. Adoptant une posture plus détendue, essayant de se faire aussi peu menaçant que possible (on lui avait toujours expliqué qu’il était peu utile qu’il essaie, mais il était quelqu’un de relativement obstiné), il se demanda ce qui pouvait bien se passer dans la tête de l’homme de foi pour justifier une envie aussi fantasque que celle de prendre les armes.
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
La tactique du novice n'a pas marché, le guerrier à vu venir la feinte venir, et sauta en arrière, laissant son assaillant sans possibilité de contre-attaquer à nouveau. Mais il n'abandonne pas, tant que son tuteur ne lui dit pas d'arrêter, le piètre combattant continuera, car son seul atout est sa ténacité. Mais Hypanatoi lève sa main, épargnant à Alexander une nouvelle humiliation.

Il demande pourquoi il veut devenir un homme d'armes, pourquoi un faible prêtre comme lui veut se confronter à la mort et au danger. Alexander se relève avec peu de grâce, le choc de la raclée toujours présent.

"J'ai été invoqué, il est de mon devoir et honneur d'utiliser mon don pour aider les invoqués, ma voix insuffle de la force et de la résolution chez mes ouailles, ainsi que la peur et le doute si je le veux. Mais je ne pourrais faire profiter les autres de mes talents si je meurs sous les crocs de la première bête de chaos venue, je me dois d'apprendre à résister à leur assaut, pour ne pas devenir un fardeau. Je n'ai pas l'orgueil et l'arrogance de prétendre devenir le meilleur paladin de l'ordre, mais je me dois de m'améliorer."
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Ce qu’il entendait était plaisant. Son interlocuteur faisait preuve d’une modestie rare et d’un pragmatisme appréciable, et son discours était empreint de vertu. C’était là quelque de suffisamment rare pour qu’Hypanatoi en reste longtemps étonné. Pensif, il se tint immobile pendant plusieurs longues secondes, jusqu’à comprendre qu’il lui fallait maintenant répondre. Il contempla les possibilités qui s’offraient à lui, se demandant quelle aide apporter au prêtre. Ses méthodes habituelles risquaient d’être assez peu efficaces – les combattants qu’on lui présentait habituellement manquaient certes autant de talent que de discipline, mais ils possédaient tout de même les fondamentaux les plus essentiels – aussi se décida-t-il à changer sa manière de faire. Son interlocuteur avait besoin de plusieurs choses. La première, et sans doute la plus essentielle, était de développer ses capacités physiques.

Si les dons de l’Ordre lui permettraient sans doute de pallier ses manquements, il n’y avait malgré cela aucune raison de ne pas les compléter par une saine dose d’exercices sportifs. Il pourrait pour se faire lui proposer un régime adapté, auquel il devait encore pour l’heure réfléchir. Il lui faudrait aussi apprendre les bases du maniement de son arme, voire changer d’outil. Il était pour le paragoï ridicule d’employer un couteau en tant qu’arme principale. Ce dernier se comportait exactement comme une épée, à ceci prêt qu’il sacrifiait sans en retirer aucun avantage une allonge souvent salvatrice. Le troisième point était de trouver un moyen de développer le don dont il parlait. Ce dernier semblait particulièrement précieux, mais le paragoï n’avait rien d’un jeteur de sort, et était à peu près certain de son impuissance dans ce domaine. Finalement, il connaissait la seule manière de l’aider, au vu du temps réduit qui lui était imparti pour le faire. Lui répondant finalement, il tenta de rendre son discours aussi calme et bienveillant que possible :

« C’est là une vocation qui te fait honneur. Mon premier conseil serait de te trouver une arme plus convenable. Tu disposes également de deux bras, et si ta magie ne requiert pas que tu gardes l’un d’eux libre, il serait sage d’en faire usage. Une épée et un bouclier, peut-être ? C’est le choix de nombre de combattants, et ceux qui se portent vers des choix plus exotiques, continua-t-il en désignant de sa main libre sa propre arme, le font après être passé par cette première étape. »

Le cas échéant, comprendre le maniement d’un panel élargi d’armes permettait de réagir plus facilement, une fois que l’on s’y retrouvait confronté. Il comprenait que le prêtre n’envisageait pas de se retrouver face à autre chose que des monstres, mais la réalité de Portalia risquait rapidement de dissiper ces vains espoirs. Il laissa un court laps de temps passer, et reprit la parole, sa main finissant de pointer son arme pour montrer les zones boisées qui s’étalaient à l’arrière du centre d’entrainement :

« Il y a dans cette direction quelques monstres de faible puissance, placés ici pour que les aventuriers débutants puissent faire leurs premières armes. Nous allons nous y diriger, et tu t’y confronteras. »

C’était sans doute là ce qu’il y avait de mieux à faire. Il n’était pas sûr que le prêtre ait déjà pris une vie, même celle d’un animal, et il avait selon ses propres dires cruellement besoin d’expérience. Lui permettre de l’acquérir dans des conditions contrôlées serait une première étape essentielle dans le long voyage que l’homme de foi s’apprêtait à accomplir.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Lun 20 Juin - 8:54, édité 1 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
L'heure du baptême du feu est arrivée. L'instructeur semble avoir été convaincu par la détermination de son apprenti du jour, et souhaite lui faire profiter un maximum de son expérience pour la maigre période de temps qui leur est attribué. Le duo se dirige vers une zone boisée, remplie de monstres faible. L'expérience d'aujourd'hui ne va pas faire de lui un demi-dieu pourfendeur de monstres, mais au moins, il expérimentera à nouveau l'action de prendre une vie, les flash-back de sa jeunesse ou son don c'est matérialisé pour la première fois lui revienne en mémoire. L'adrénaline lui avait fait oublier toute peur, l'instinct de survie primaire avait pris le dessus. Maintenant, Alexander est plus âgé, plus sage et mature, mais l'appréhension est au-dessus de lui telle une épée de Damoclès. Malgré toute la volonté et la bénédiction divine dont il dispose, il reste un être vivant, la peur est un instinct naturel qu'il ne peut s'empêcher d'éprouver, car il n'est pas un tueur ni un guerrier, il faut qu'il forge son mental, pour faire face aux situations qui l'attendent. Le prêtre doit travailler sa peur tel un métal, la faire fondre puis la remodeler pour en faire une arme de sang-froid qui l'aidera dans ses futures croisades.

Le jeune disciple est comme dans un état second, ses pensée se bousculent, mais en même temps, tous ses sens sont à l'affût, réagissant à la moindre branche qui craque, au bruissement du vent, aux cris d'animaux lointains, le tout ce confondant en une cacophonie pouvant annoncer une attaque de tout les cotés, tout ce que peut faire le novice, c'est tenir fermement son arme.
000Mots

Bronze
0 Pts
Le Malin
Date d'inscription :
02/05/2021
Gils :
33272
Messages :
1153
Puissance d'Essence :
0

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Le membre 'Alexander Gautama' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Le Dé de Rencontre' : 96
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Il pouvait sentir l’appréhension du prêtre. Qu’un homme adulte puisse faire autant preuve d’hésitation lorsque venait le moment d’aborder les épreuves de la vie lui aurait paru encore peu de temps avant particulièrement honteux. Aujourd’hui, il était plus tolérant – tout du moins plus compréhensif – et il savait que son interlocuteur n’était pas responsable de son état de délabrement aussi bien moral que physique. Lui en vouloir aurait été cruel, et Hypanatoi ne se voulait pas excessivement cruel : cette vertu, comme bon nombre d’autres, devait s’exercer avec une certaine modération pour en éviter les excès, et que pour que le bien qu’elle apportait ne soit pas supplanté par le mal que pouvait engendrer son abus. Ce dernier le surprit tout de même en choisissant de rester silencieux, et si le paragoï crut au début qu’il était paralysé par la peur, il fut rassuré en le voyant se déplacer. Assister à sa tragique déroute juste après qu’il ait prononcé de si nobles paroles aurait été insupportable, et aurait sans le moindre doute grandement attaqué ses nerfs. Sans doute tremblait-il un peu, et sans doute serait-il un peu trop son couteau. Ce n’était pas là des gestes utiles, mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Il ne connaissait que trop bien ces sensations, et si lui avait appris à les domestiquer il y avait de cela bien longtemps, il se rendit compte qu’il devait encore une fois traiter la personne qu’il avait en face de lui comme un enfant.

C’était à chaque fois la conclusion à laquelle il arrivait en côtoyant les gens de cette cité. Leur développement aussi bien émotionnel qu’intellectuel (pour ne pas aborder le sujet mille fois honteux de leur pendant moral) était atrophié, et ils se trouvaient par conséquent figés dans cet état transitoire et larvé qui lui avait longtemps semblait inexplicable. La solution pour le corriger, quelque soit l’individu, lui apparaissait donc comme évidente : appliquer à ces gens ce qui avait été appliqué à sa propre personne durant ses jeunes années. Toute la difficulté était qu’il fallait en plus de cela aller contre les réflexes néfastes que leur ersatz d’éducation avait insufflé en eux. Au moins celui-ci semblait-il plus coopératif ; peut-être était-il possible de corriger un peu ses lacunes. Il doutait de pouvoir faire du prêtre quelqu’un d’admirable ou de pouvoir le parer de toutes les plus nobles qualités. Mais il pouvait lui montrer comment s’écarter du vice et de la faiblesse, comment détourner son chemin des tentations lénifiantes de la facilité et du marasme.

Ce fut donc avec le cœur léger qu’il s’enfonça dans les méandres du vaste terrain d’entrainement mis à la disposition des recrues. Il ne l’avait que très peu fréquenté avant d’y revenir en tant qu’instructeur : sa propre vaillance et son talent naturel avaient rapidement rendu son usage inutile, et l’odeur pestilentielle de la plupart des monstres qui y pullulaient avaient suffi à lui faire détourner ses narines sensibles de l’endroit. Il n’eut pas à attendre très longtemps avant de tomber sur le premier monstre qu’ils allaient devoir abattre. Il aurait espéré en remontant la rivière qui courait ici croiser plutôt des créatures plus faciles, mais c’était après une leçon judicieuse qu’allait apprendre le prêtre : la vigilance était toujours de mise, et rien ne garantissait jamais qu’un prédateur insurmontable ne se décide à faire de l’aventurier mal préparé son repas. Sa première idée d’envoyer l’homme aux devants de la gueule béante du saurien qui, finissant de se prélasser sur les berges ensoleillées, les avait d’abord observé d’un œil torve, avant d’ouvrir sa gueule dans un grand bâillement silencieux et de charger dans leur direction. Sa course sinueuse et le grand mouvement de balancier de sa longue queue le rendait difficile à appréhender pour un novice, et le paragoï se fendit de quelques mots :

« Reste calme. Ne tente pas de bannir ta peur, mais accepte son étreinte. Elle te rendra brave et grand. »

Il ne pouvait tout de même pas lui demander de rencontrer leur ennemi de face, et de répondre à son avancée par une charge du même acabit. Il était un homme sévère et dur, il le savait, mais pas déraisonnable. Il se décida donc à montrer l’exemple, et fit quelques pas en avant, sa lance pointée droit devant lui. Il aurait sans doute pu tuer la créature sans trop de problème, mais ce n’était pas là son but. Agitant le bout de son arme, il s’assura de capter l’attention du saurien, joignant au geste un cri inarticulé de défi.  Arrivée à son niveau, la bête voulut passer outre ses défenses, et le paragoï recula légèrement, s’assurant de garder son attention en lui aplatissant le plat de la lame de son arme sur le museau.

« Frappe ! intima-t-il à son compagnon. »

Les détails importaient peu, maintenant. Ses parents s’étaient assurés qu’il tue son premier homme avant ses dix ans. Il ne pouvait rendre ce même service à son camarade. Mais c’était là ce qu’il aurait de mieux au vu des moyens dont disposaient Hypanatoi.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Lun 11 Juil - 6:11, édité 1 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Enfin, une bête immonde du chaos montre sa face. Mais rien qu'en la voyant, le prêtre sait qu'il est surclassé et pas encore prêt à se confronter à ce genre d'adversaire. Une lueur sadique brille dans ses yeux, c'est un prédateur qui sent la peur chez sa proie, salivant déjà du festin, voyant Alexander plus comme une conserve de viande qu'autre chose. Heureusement pour lui, son mentor distrait la bête, sans l'occire pour permettre à son jeune élève de refaire l'expérience d'enlever une vie, et de s'endurcir. Le reptile tâte de l'acier du guerrier, et celui-ci ordonne au prêtre de frapper. Ce n'est plus le moment d'hésiter ou d'avoir peur, il crie à pleins poumons pour lui permettre de se donner du courage, d'oublier ses doutes et d'activer son pouvoir, puis il se jette sur le dos de la bête, la poignardant là où sa chair est la plus tendre et à découvert. La bête à mal, se débat, mais la lame n'est pas assez longue pour l'achever, infligeant juste une langue torture répétée à chaque coup délivré. Alexander est balancé dans tous les sens dans un rodéo mortel, mais il tient le coup, c'est la première épreuve que les dieux ont mise sur sa croisade, il ne compte pas lâcher facilement.
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Oui ! Le cri résonnait dans l’esprit du paragoï, pas en assemblant ces trois lettres qui formaient ce son connu et presque universel, mais comme un écho grondant et roulant. C’était le tintement de la lame plantée contre la face de la montagne, qui hissait l’homme vers son sommet. C’était le craquement du bois de la lance que l’on durcissait dans le feu. C’était le bruit du cœur, quand ce dernier battait dans le poitrail, inondé par le danger et l’urgence et la peine et l’extase. C’était tout cela, et plus encore, et à chaque fois qu’il voyait son camarade frapper, ce bruit explosait dans les confins dans son crâne, ses percussions rythmiques l’emplissant d’une mélopée qu’il connaissait bien. Qui à chaque fois s’incarnait de manière similaire, et pourtant différente. Quelqu’un qui n’avait jamais risqué sa vie, quelqu’un qui ne s’était jamais dépassé, qui voyait le lever et le coucher du soleil simplement comme des phénomènes marquant les heures de la vie ne pouvait pas le comprendre. Rien n’était comparable à cela : pas l’ivresse des meilleurs vins. Pas l’étreinte de la meilleure amante. Rien. Absolument rien. Et il le voyait, son compagnon le comprenait, lentement. Cela se sentait dans le tremblement de son membre fatigué, et dans la détresse avec laquelle il se cramponnait au dos du reptile furieux. Le moindre moment de faiblesse l’aurait jeté dans les gueules avides du monstre, et Hypanatoi n’était pas certain qu’il se serait porté à son secours. Un bras mutilé était un maigre prix à payer, au vu de l’importance de cette leçon.

Mais il ne faillit pas. Il se montra digne, et ne fit preuve d’aucune pitié pour l’ennemi terrifiant qui se dressait sous lui. Le sol se fit boue sous leurs corps intimement emmêlés, alors que le sang épais et tiède du saurien le détrempait. Hypanatoi fit tourner sa lance entre ses mains, avant de frapper le museau de la créature du cul de son arme, s’assurant qu’elle reste maîtrisée. Ce n’était pas là un combat équitable, sans doute. Mais leur ennemi était un monstre, et son sacrifice un enseignement dont la valeur dépassait elle aussi les mots.

Et plus le crocodile difforme extériorisait ses fluides vitaux, plus il s’affaiblissait. Bientôt viendrait le temps de lui donner le coup de grâce. Il aurait en vérité été simple pour le paragoï de le faire. Mais ce n’était pas pour ça qu’il était là, et lui aussi en était passé par là : cette bête, qui maintenant était face à lui comme l’enfant impuissant, aurait peu de temps auparavant représentée pour lui un défi insurmontable. Il contempla l’attitude de son apprenti du jour. Il couplait, au moins pour le moment, ses paroles et ses actes.

« L’adversaire faiblit et sa vie s’écoule hors de lui ! cria-t-il plus pour le sortir de la transe stupéfaite dans laquelle il était plongé qu’autre chose. Cherche le chemin de sa gorge ou de son cœur ! Frappe ! Encore ! Aucune pitié ! »

Il était normal de ne pas savoir comment se comporter, si l’on était ainsi plongé brutalement dans une situation nouvelle, a fortiori une de cette envergure. Il fallait maintenant qu’Alexander comprenne comment tempérer les instincts propices dont il avait jusqu’à présent fait la démonstration par un esprit capable de rester fonctionnel devant le danger. Cela aussi se travaillait. Cela aussi, on pouvait l’acquérir qu’en en faisant directement l’expérience. Le domaine du verbe était vaste et grand et noble, mais même ce dernier n’était pas absolu. Parfois, seul le geste, seule l’action, simples et dépourvus de sens profond, permettaient d’apprendre et de donner du relief à la pensée.
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
La bête se vide de son sang, sa vie la quitte peu à peu, mais paradoxalement, cela la rend plus agressive, plus désespérée, le monstre puise dans ses dernières ressources, l'énergie du désespoir pour lutter contre le parasite sur son dos. Elle fulmine, enrage, le vermisseau qui le poignarde ne devrait pas lui poser de problèmes, mais le paragoi à la lance le tient pratiquement en laisse, car il n'est que l'instrument d'une leçon cruel mais essentiel, et le reptile l'a compris. Même si la bête se libère et tue la boite de conserve, elle sait qu'elle n'aura pas la force d'échapper à l'aventurier à la lance, il respire la force et la discipline, mais s'en aller comme ça, non, il emportera le faible avec lui, même s'il doit mourir après. Alexander sent que sa proie arrête de se débattre, elle pose ses pattes sur son casque, dans le bute de broyer sa tête avec. Le prêtre commence à pousser des cris de douleurs, sentant le métal censé le protéger des rayons du soleil se resserrer sur son crâne, le poussant à poignarder plus fort le crocodile, essayant de viser la carotide. Les environs commencent à puer le sang alors qu'ne marre rouge se forme dans le marais, la créature est à découvert, mais elle s'en fiche, elle veut juste finir son dernier meurtre. C'est une bataille d'endurance au premier qui craquera.

Heureusement pour Alexander, la bête finis par arrêter, tout son sang c'est déverser dans l'eau, la lutte est terminée. Le novice s'effondre dans la flaque écarlate qu'il a créée, reprenant sa respiration.
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Le travail était brouillon. Son élève était épuisé et haletant, et aurait sans doute été incapable de tenir sur ses jambes s’il s’était remis debout. Ses mouvements avaient été désordonnés, et sans aucune élégance. Il avait frappé, mû presque entièrement par l’instinct et les injonctions successives du paragoï, et la victoire qu’il avait remportée n’avait rien d’éclatant : il était couvert de boue et de sang et de sueur. Il avait trouvé ses limites, rapidement atteintes, et les avait dépassées. Cela était bon, se dit Hypanatoi en hochant légèrement de la tête, alors que le prêtre s’effondrait tout entier au sol, incapable même de se tenir à quatre pattes. La première fois était toujours particulièrement marquante, et l’homme de robe n’oublierait sans doute jamais ce jour. Il s’était battu pour sa vie, et aussi contrôlées qu’aient pu être les conditions, le danger n’en avait pas été moins réel. Le moindre de coup de mâchoire un peu trop rapide du saurien aurait été suffisant pour l’éventrer ou l’amputer de sa tête. A la place, il s’était débattu. Il avait hurlé et ahané et souffert et jeté son corps tout entier dans le grand feu ancestral que devaient affronter les hommes : il avait lutté pour sa survie, et avait remporté le combat. Ce faisant, il avait franchi un seuil. Un véritable seuil, qui marquait une transformation complète et totale de ce qu’il était. Il en existait très peu, dans la vie d’un mortel. L’arrivée du premier enfant. La première fois que l’on se faisait passer à tabac. La première fois que l’on tuait. La première fois que l’on prenait une décision réellement difficile, ou que l’on subissait les conséquences de celle-ci, quand un être cher la prenait à votre place.

Certains parlait aussi du premier amour. De la première relation sexuelle. D’il ne savait quoi encore. Ce n’était rien. Le monde ne s’en trouvait pas après coup totalement recoloré. La fonction même de l’humain n’en était pas totalement altérée, son rapport à son corps et la manière qu’il avait de percevoir les informations n’en étaient pas complètement métamorphosées.

Aujourd’hui, Alexander cessait d’un être insecte bourdonnant, qui se laissait porté par les courants d’airs chauds et les instincts primaires. Il cessait de bourdonner. Hypanatoi s’accroupit à son côté, après avoir hésité à le relever. Mais non. Il ne fallait pas le presser, pas maintenant. Il fallait laisser à la douleur et la fatigue le temps de s’imposer, de rendre la situation bien réelle à ses yeux, de cristalliser l’expérience et le torrent de sensations urgentes en quelque chose de lisible. Simplement, il l’écouta respirer, et prêta attention à sa manière d’être. Il fallait voir s’il pouvait comprendre ce qu’il venait de faire, et s’il saurait magnifier l’opportunité dont il venait de profiter. Car se transformer était certes inévitable, mais encore fallait-il contrôler ce en quoi on était changé, et bannir loin de soi la tendance à l’immobilisme qui gangrénait les portaliens. Il posa une main sur son épaule, et prononça quelques paroles rapides :

« Ce que tu as fait est bon. C’est la preuve de ce que tu as au fond de toi. Vomis, si tu le souhaites. Hurle, si tu le veux. Extériorise. Savoure le moment, et rends-toi bien compte de cela : tu es encore vivant. Cela compte pour quelque chose. »

Vivant. Lui-même ne l’était jamais autant qu’après un combat. Qu’après avoir risqué sa vie, et prouvé la supériorité de son art. Chaque mouvement, soigneusement calculé. Chaque fibre de son corps, soigneusement préparée. Ce n’était pas encore le cas pour le prêtre, et il doutait en vérité que ce dernier ait en lui de quoi s’approcher de ce qu’il était. Il démarrait trop tard son apprentissage : certains réflexes ne pouvaient s’acquérir que pendant l’enfance, quand l’esprit et l’âme et le corps étaient encore malléables, et pouvaient facilement transformer l’essence de l’être toute entière. En revanche, faire d’Alexander un être, sinon admirable, au moins respectable, cela était parfaitement possible. Il lui avait montré le chemin, et le reste n’était que fioritures. Il suffisait de saisir son arme, et de se battre. Le reste du monde gravitait autour de ce principe, et même le comprendre était trop secondaire. Le mouvement, l’acte, tout cela était vrai.

« Profite de cet instant de clarté. La proximité de la mort est un catalyseur merveilleux, continua-t-il. Elle permet de voir les choses clairement. Dis-moi. Dis-toi. Que veux-tu faire sur ce monde ? Que souhaites-tu réellement accomplir ? »

Lui-même voulait le savoir. Il percevait chez son disciple improvisé des choses mauvaises et détestables, mais aussi certaines, plus rares, qui valaient la peine d’être amenées en pleine lumière. Seulement, le prêtre était seul maître de son domaine intérieur, et l’architecte final de ce qu’il était.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Ven 19 Aoû - 1:28, édité 1 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Son maître a l'air satisfait de ses résultats, au moins. C'est une récompense en sois. Cela apaise l'excitation, la peur, les visions de morts, les courbatures de son corps, adoucit le goût métallique du sang dans sa bouche et rend la sensation désagréable de son casque compressé sur sa tête telle une vierge de fer plus supportable. Il voudrait bien l'enlever, mais la lumière du soleil lui brûlerait la rétine, même si sa peau devrait s'en sortir avec la pénombre qu'offrent les arbres. Alexander regarde son poignard, ce dernier est ébréché, pratiquement tordu, il ne servira plus. De plus, une arme comme celle-ci est bonne pour commettre un larcin ou se défendre en dernier recours, pas pour guerroyer, le novice s'en est bien rendu compte. On lui a dit que son essence était bleue, peut-être que la magie lui conviendrait mieux ? Des parchemins de boules de feux sont vendus en ville, cela pourrait s'avérer judicieux d'avoir de quoi tenir les pions du chaos à distance. Et de quoi soigner ses compagnons aussi. Après tout, il n'a rien d'un paladin, un rôle de support lui conviendrait mieux.

Alors que le prêtre est perdu dans ses pensées, son mentor le questionne sur ses motivations et le chemin qu'il souhaite prendre. Après tout, frôlé la mort est un excellent catalyseur pour se remettre en question, même si le moment n'est pas forcément idéal, Alexander à hâte de quitter ce maudit marais, mais si Hypanatoi considère que c'est le moment de parler, soit. Après tout il n'y a pas grand-chose qu'il doit craindre dans les environs.

"Je ne suis pas un homme d'armes, je n'aime pas particulièrement les conflits. Même s'ils sont parfois nécessaires. Mais ce que j'abhorre par dessus tout, c'est la guerre. Souvent, voir toujours, la guerre est absurde, elle confronte des âmes qui ne devraient pas se haïr, forcés de se battre pour des causes qui les dépassent, ou qu'ils ne choisissent pas. Pour le profit, pour des nantis qui n'ont jamais versé une goutte de sang, tout ce gâchis de vie parce que des puissants qui ne peuvent se mettre d'accord et régler leurs problèmes entre eux. Ce qui devrait être un dernier recours, un moyen d'unir pour protéger deviens un outil de domination qui entraine des pertes colossales dans tout les aspects possibles et inimaginables. Elle détruit les champs, brule les villes, rend les jeunes orphelins, transforme les honnêtes âmes en monstres, entretue ses voisins, et détruit la culture.

Mais aujourd'hui, c'est différent. Ce n'est pas une guerre pour des denrées, pour des besoins terrestres de quelques personnes haut placés. Ce n'est même pas parce que les dieux me l'on ordonné, ou une question de bien ou de mal. C'est tout simplement que question d'existence même, de la vie contre la mort.

Les dieux sont une existence supérieure. Je les respecte, et les remercient pour les mondes qu'ils nous ont données, des préceptes et valeurs, qu'il nous ont accordés à travers leurs prophètes et leur enseignement. Comme un enfant qui serait reconnaissant envers ses parents. Cela va paraître blasphématoire pour un homme d'église, mais je ne pense pas que les divinités ne sont pas parfaites, même s'il est indéniable qu'elles sont sur un plan d'existence supérieur au nôtre. Néanmoins, ils ont de projets pour nous, ils veulent que nous vivions et que nous existions de tout notre être. Nous naissons, nous vivons, nous mourrons, et nous créons l'existence et le but même de l'univers. C'est nos âmes et nos choix qui donnent un sens à ce chaos qui est l'univers, en dépit du bien et du mal, même si je pense que nous devons faire tout notre possible le rendre un peu meilleur à notre échelle. Mais ce que nous combattons, ici, ce n'est pas le mal, c'est plus sinistre que ça.

C'est le nihilisme, le chaos, la fin de toute chose. Cette force insidieuse est le contraire de l'ordre. L'ordre nous donne la vie, des possibilités, l'évolution. Le chaos, c'est dans son instinct de faire taire tout ça. Il veut faire taire le choix, réduire les possibles au néant jusqu'à faire en sorte qu'il ne reste plus que le vide et le silence dans son sillage. Regardez ses bêtes, pas de libre-arbitre, pas de culture, d'amour, de penser, juste des créatures au service d'une seule tache, et dès qu'elle sera accomplie, il n'est même pas sûr qu'elles soient là pour voir leur œuvre. En tant qu'être vivant, il est de mon devoir de m'opposer à cela."
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Alexander parla. Et de sa bouche coula un fleuve, un grand discours explicatif. Certes, Hypanatoi avait invoqué hors de lui ces choses, mais il ne s’était pas attendu à un tel déluge. C’était une bonne chose. Cela voulait dire que cela fonctionnait, qu’il pouvait développer avec une certaine propreté les pensées qui traversaient son esprit. Peut-être était-ce le fait du combat. Peut-être avait-il simplement besoin qu’on le lui demande, qu’on lui fournisse la possibilité de le faire. Peut-être était-ce tout autre chose. Ce n’était pas important. Il parlait, et extériorisait, et c’était là l’essentiel. Il l’écouta, et le début lui sembla déplaisant. La condamnation de la guerre était semblable à ce qu’il avait souvent entendu dans les bouches paresseuses des gens d’ici. Puis, il comprit. Alexander invoqua comme raison principale de celle-ci les querelles pécuniaires et l’incapacité des dirigeants à discuter ensemble. Le mot guerre dans bouche faisait le même son que dans celle du paragoï. Mais il n’avait pas le même sens. Celui-ci resta silencieux, et l’écouta attentivement. Il convenait de ne pas l’interrompre, de ne pas gâcher ce moment.

Et le prêtre, vertueusement, arriva à la même conclusion que lui : la nature même du conflit dépendait de nombreuses choses, et celui qui devait aujourd’hui et ici les occuper était existentiel. C’était l’opposition des valeurs et des actes. Il écouta son rapport aux dieux, et un sourire mince étira les coins de sa bouche. Il écouta sa conclusion, et son rejet de l’annihilation des valeurs et du dogmatique. Il comprenait, ou en tout cas, il pouvait comprendre. Le prêtre pouvait faire quelqu’un de valeur, quelqu’un qu’il serait bon de côtoyer. Il fallait simplement voir si l’avenir couronnerait son front de vertus et de réussites louables, ou si ses paroles étaient légères et sans conséquences. Ce qu’il venait de voir le rendait optimiste, mais il avait appris durant les quelques mois qu’il avait passé ici que l’optimiste était un ami traitre et décevant. Gardant autant de mesure que possible, il laissa quelques secondes s’écouler, s’assurant de ses mots et de ses idées, avant de répondre :

« Bien parlé, Alexander. Bien parlé. Chemine avec moi. »

Il aurait été stupide autant qu’improductif d’éprouver plus encore l’homme par un autre entrainement. Son apprentissage ne faisait que démarrer, mais il fallait maintenant lui laisser le temps de digérer ce qui lui avait été offert. Submerger un apprenti était utile quand venait le temps de le briser pour pouvoir ensuite le reconstruire, mais ce n’était pas présentement ce qui était nécessaire.

« Mon propre peuple érige le conflit en pierre centrale de ses croyances. Nous et nos alliés faisons face à des hordes sans nombre, et nous devons résister. Un jour, nous nous éteindrons sous leur avancée. Nos dieux ont été incapables de le comprendre, et ils se sont corrompus. Nous avons rompu leurs gorges, et nous nous sommes abreuvés de leurs sangs. Nous avons érigé nos propres dieux, et aujourd’hui encore ceux d’entre nous qui surmontent les plus grandes épreuves et se montrent dignes rejoignent les rangs des immortels. Cela aurait dû être mon destin. »

Tournant son visage aveugle dans la direction de celui de son interlocuteur, il chercha la position de ses yeux. Il était parfois compliqué de se rappeler où exactement devaient se trouver ces deux petits orbes mous. Le visage de son camarade était de toute façon occulté par son étrange casque. Ce n’était pas là une affaire précise, et seul le témoignage de son intention comptait réellement :

« Je te dis cela, continua-t-il en appuyant sur chaque mot, pour t’apporter un autre point de vue. Le conflit est nécessaire pour que l’homme s’améliore. La lame s’aiguise en amenuisant la matière superflue de son côté. L’argile se durcit au contact des flammes du four. La statue aux traits nobles émerge du ciseau du sculpteur. L’homme est à la fois le produit et l’artiste. Le métal et le forgeron. Si tu veux lutter pour un futur qui plaise à ta conscience, c’est le double-rôle que tu devras adopter. Et tu seras responsable de chaque défaut sur le résultat final. De chaque fissure sur la lame. Mais si c’est là le chemin que tu veux prendre, alors j’aurai plaisir à te voir l’emprunter. Il n’en existe pas de plus terrible. Pas de plus merveilleux. »

Il tendit son bras dans la direction de son camarade. Il voulait encore lui parler de ses propres projets pour la cité, de la transformation qui était nécessaire pour cette dernière. De la même manière que l’homme devait se métamorphoser pour survivre aux épreuves, la ville devait le faire. Mais ce moment appartenait à Alexander, et ces considérations lointaines et politiques pouvaient bien attendre quelques instants encore.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Sam 21 Jan - 1:02, édité 1 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Le mentor semblait satisfait de la réponse du prêtre, c'est déjà ça. Hypanatoi semble difficile à satisfaire, donc réussir à la convaincre de sa valeur est une victoire non-négligeable pour Alexander. Il faut dire que les débats philosophiques interminables, c'est sa spécialité, c'est le seul domaine où il peut pour l'instant montrer sa volonté.

Le passage concernant les divinités du monde du guerrier à éveiller la curiosité du prêtre, la théologie est toujours fascinante pour lui. Saisissant la main tendue de son maître, l'apprenti ne peut s'empêcher de le questionner.

"Vos dieux étaient indolents, et vous avez décidé de prendre leur place pour faire face à la menace du chaos, si je comprends bien ?

Cela éveille ma curiosité. Vos dieux avaient des formes tangibles, ou vous avez acquis des pouvoirs divins par un processus particulier, de plus votre monde d'origine semble mettre sur un pied le conflit, ceux-ci devaient être particulièrement redoutables, si leur spécialité consiste à combattre."


Alexander reprend sa respiration.

"Excusez moi, ma curiosité a pris le dessus. J'aurais juste une dernière question :

Que ferriez vous si le monde vainc le chaos, comment voyez vous le futur de la création ?"
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Le prêtre, une fois de plus, le surprit par son esprit de concision. Il demanda d’abord une confirmation à ses propos, pour être certain d’avoir bien compris. Ce n’était pas le cas. Hypanatoi se retint de lui répondre immédiatement, pour ne pas l’interrompre, et le laissa terminer. L’homme de foi avait deux questions auxquelles il convenait de répondre, et Hypanatoi savait comment le faire avec simplicité. Il lui fallait tout simplement continuer de la même manière : il était particulièrement rare qu’il arrive à établir sur ces terres un rapport aussi constructif avec quelqu’un. Il ne voulait pas voir leur conversation s’arrêter trop rapidement. Elle lui était utile ; il comprenait grâce à elle un peu plus le fonctionnement des portaliens, ces bêtes mystérieuses. Ordonnant ses propres pensées, il répondit, adressant d’abord la première question qui lui avait été posée :

« Ce n’est pas exactement cela. Mon peuple sait que la guerre et le conflit ne sont pas des choses à éviter. Ce sont eux qui offrent la possibilité à l’homme de devenir grand. Ils testent la mesure d’une âme, d’un esprit et d’un corps. Nos dieux voulaient la paix, simplement parce qu’ils étaient las : leur immortalité était pour eux devenue pesante. Ils ont été jetés à bas pour cette trahison. Nous avons extirpé hors d’eux leur divinité. Nous l’avons donné à des gens méritants : ceux qui savent que l’immortalité ne veut pas dire le refus de la mort, mais au contraire son acceptation volontaire. »

Il marqua une pause, considéra son environnement. Ils étaient ici dans un endroit qui ressemblait aux temples guerriers et aux gymnases de son propre monde. La ressemblance n’était certes que superficielle, mais il espérait que l’aura de l’endroit rendrait ses paroles plus compréhensibles à son interlocuteur. Il connaissait les réactions habituelles lorsqu’il parlait de son monde : elles prenaient des formes diverses, mais toutes étaient des variations du même sentiment. L’horreur. L’esprit de ces gens était incapable de se représenter son univers. D’autres ressortissants de ce dernier, pourtant, avaient couché sur le papier des descriptions de ce dernier. Il était après tout de leur devoir de leur montrer qu’une alternative à la faiblesse et à la médiocrité existait. A chaque fois, cette opportunité avait été refusée, et de ce qu’il en savait, vue avec hostilité.

« Quant à ce monde, il n’est pas le mien. Mon objectif est de retourner chez moi. C’est là-bas que mes semblables sont. C’est là-bas que je suis lié par mes serments. C’est là-bas que se trouve mon destin. Si d’aventure ce monde devait vaincre le chaos, ce dont je doute car il n’entreprend rien pour cela, alors je déploierai toutes mes ressources pour réintégrer mon univers d’origine. C’est déjà ce que je fais, en vérité. C’est simplement que je pense que le moyen actuel de le faire est justement de jeter le dieux Chaos à terre. Mais avant cela, il me faut regagner l’essence divine qui m’a été ôtée. Il me faut trouver ses faiblesses. Il me faut comprendre la prophétie qui régit ce monde. »

Il s’arrêta de marcher. Se retourna vers l’homme. Il n’avait pas besoin de le faire pour le voir, mais c’était le geste consacré qui permettait à ses interlocuteurs de comprendre que devait venir un moment important de la conversation.

« J’aurai pour cela besoin d’alliés de confiance. La situation actuelle de la cité n’est pas pérenne, et le temps des tempêtes arrive. »

Il ne termina pas sa demande, pas oralement. Il tendit une main à l’individu. Ce n’était pas là un serment fraternel et indestructible devant l’adversité, mais une promesse préalable. Il voulait savoir si l’homme qu’il avait en face saurait prendre son bras dans le sien pour marquer sa volonté d’agir. De ne pas simplement se faire un spectateur indolent.
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
Hypanatoi est un guerrier jusqu'au plus profond de son être, il était même un dieu guerrier autrefois. Cela explique pas mal de chose pour le prêtre. Il semble qu'Alexander est réussis à piquer son intérêt, et lui tend une main cherchant à lier une alliance avec lui.

Si leurs intérêts concordent, Le dieu déchu pourrait, non, sera un allié de poids. Il serait malencontreux de se le mettre à dos. Mais en même temps le novice ne connait pas en profondeur la politique de portalia, ainsi même si leur but semble s'aligner, Alexander préfère faire preuve de patience, non sans réciproquer l'intérêt que lui porte le puissant guerrier.

"Vous êtes un guerrier dans tout les aspects de votre personne, et vu le contexte actuel, vous semblez être ce que Portalia à besoin. Nous pourrons discuter philosophie, du bien et du mal et de la course à suivre pour la création quand nous ne serons plus en danger d'extinction. Sur ce point vous avez raison, mais je ne puis vous suivre aveuglement alors que je viens juste de découvrir ce monde. Vous me dites que la croisade est mal gérer, pouvez m'éclairer sur ce sujet délicat, avez vous des recommandations, des constats flagrants que je puisse voir, pour me décider ?

Si ce que vous me dite est vrai, alors je n'aurais aucune objection à vous épauler."
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
30381
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
46408

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
On lui serrait la main, mais on émettait des réserves. C’était là un résultat parfaitement satisfaisant. Chaque individu, il le savait, avait son rôle à jouer. Certains devaient servir aveuglément, incapables de décider par eux-mêmes. Pour d’autres, le concept de liberté devait leur être refusé. Ce n’était pas le cas ici, ou en tout cas cela ne semblait pas l’être. Son interlocuteur n’était pas un combattant. Il pouvait l’armer, certes, dans tous les sens du terme. Il pouvait lui parler, et lui donner les clés de l’éveil, de ce qui transformait la matière molle de l’humain en un guerrier, et là encore rien ne serait assuré. Plus que cela, le temps que cela prendrait serait trop long. Hypanatoi le savait : l’aide qu’il pouvait apporter à ces gens, en tant qu’individus, était très limitée. C’était à la ville qu’il devait parler. Au système. Au monde. Le mot employé n’avait que peu d’importance. En revanche, celui qui se tenait devant lui en revêtait une particulière : il ne combattrait pas. Il irait dans l’Eglise, et il serait ses yeux. Sa voix. Il parlerait à ces gens.

Il hésita un instant, se demandant ce qu’il pouvait lui dire. S’il ne voulait pas retenir d’informations, il ne savait pas comment les présenter. Souvent, les gens de ce monde ne goutaient à la vérité qu’en doses homéopathiques. Mais peut-être l’individu qu’il avait en face de lui n’était-il pas encore de ce monde. Peut-être la cité n’avait-elle pas étendu jusqu’à lui son influence avilissante. Il verrait. Il ouvrit la bouche, son ton prenant le rythme lent et docte des explications savantes :

« Un constat simple s’impose : la quête a été ordonnée il y a de cela deux mille ans. Aucun progrès n’a été fait. Cela, dans une situation normale, devrait suffire à dresser un constat alarmant d’échec. Mais ce n’est pas le cas, car si cette information est connue de tous, peu de gens ici s’inquiètent des conditions même de la quête. Il nous est demandé, pour la réussir, de vaincre sept rois. Rien, dans cette prophétie, ne fait mention des conditions de la défaite, ou de ses conséquences. Cela ne veut pas dire qu’elles n’existent pas. Plus que cela, Ces rois échappent aux recherches. Où sont-ils ? N’ont-ils pas été créés ? Peuvent-ils pendant deux millénaires échapper aux sens accrus des personnes les plus imprégnées de la puissance des dieux jumeaux ? Si c’est le cas, leurs propres pouvoirs dépassent probablement l’entendement des plus puissants guerriers de la cité. Si ce n’est pas le cas, rien ne dit que leur arrivée ne se fera pas brutalement, un jour. »

Il marqua une pause. Considéra la suite. Continua :

« Tu le noteras de toi-même : les autorités qui dirigent Portalia sont incompétentes. Malgré le fait qu’elles se soient concentrés sur le maintien du confort et de l’illusion de la sécurité, ce sont là deux échecs patents. La ville est rongée par le crime et sa garde est notoirement corrompue. Plus que cela, elle n’est aucunement préparée à un réel déferlement d’ennemis. Il suffirait l’espace d’un instant que Chaos arrête de faire preuve de l’incompréhensible clémence qui est la sienne pour jeter cet endroit dans l’abysse. Je pourrais continuer des heures. Te dresser la liste des multiples failles de ce système. Elles apparaissent évidentes pour qui possède un œil rompu à ces choses. Ce ne serait malgré cela pas utile. La finalité de toute examen raisonnable ne peut être que la suivante : Portalia tombera, car Portalia ne fait rien pour rester debout. Et avec elle, l’intégralité de sa population. »

En ayant terminé, il contempla une dernière fois la situation. Il avait été doux dans son portrait de la cité maudite. Clément, même. Ce qu’il avait dit, cependant, était réel, et devait suffire, comme il l’avait exprimé, à convaincre n’importe quel esprit un tant soit peu ouvert. Il faudrait voir, après cela, comment se passerait les choses. Si la personne en face de lui saurait prendre ses responsabilités, et, voyant ce qu’il y avait à faire, faire.

C’était cela, qui manquait généralement à ces gens. Ils parlaient, et parlaient encore, et, plein de la grasse satisfaction d’avoir beaucoup parlé, rentraient chez eux pour dormir.
000Mots

Bronze
0 Pts

descriptionLes lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé) EmptyRe: Les lanternes et les hommes (Alexander Gautama) (Terminé)

more_horiz
000Mots
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum