Haellas, Saekna, Amenratel, Illiu-Illae, Ipsoae… Les noms varient selon la culture à qui on demande de le nommer.


Présentation du monde


Le monde est vieux, maintenant. Vieux et fatigué de supporter depuis longtemps les conséquences des disputes divines. Les sphères célestes qui méprisent du haut de leur divine supériorité cet humble roc ont longtemps fait pleuvoir sur sa surface cataclysmes et fléaux, plus par inadvertance que par malice. Pendant des siècles les dieux se sont livrés bataille, chaque panthéon cherchant à s’assurer la suprématie finale et à consigner ses adversaires éternels à un oubli qui le serait tout autant. Pendant des siècles les mortels les ont imités, mourant et sacrifiant sur leurs autels autant les corps de leurs aimés que ceux de leurs adversaires héréditaires. Pendant des siècles, le monde fut violent, mais ordonné. Chaque individu connaissait sa place dans son groupe, et savait ce qui était attendu de lui. Tous ne se battaient pas, certes, mais tous luttaient, et cela resserra les liens, et développa des cultures, qui si elles différaient grandement sur de nombreux points idéologiques autant que religieux, se ressemblaient malgré cela grandement. Toutes élevaient l’art martial comme vertu cardinale, et autour de ce dernier gravitaient immanquablement les mêmes concepts. Le monde aurait ainsi pu continuer longtemps encore, sans que jamais aucun camp ne parvienne réellement à l’emporter. Et pourtant, un jour, l’impensable se produisit.

Les dieux, lassés de leurs combats éternels et stériles, incapables comme leurs pendants mortels de trouver dans la mort l’amer réconfort qui était leur privilège, reposèrent leurs bras. Des négociations, d’abord empreintes de méfiance et d’hésitation furent tenues, jusqu’à ce qu’au final tous se rendent compte qu’ils désiraient sincèrement la fin de la guerre. Les réactions de leurs adorateurs furent plus mitigées, et surtout beaucoup plus désunies. Si pour une créature immortelle cette guerre pouvait être facilement redéfinie, et passer en quelque courtes décennies du statut de bataille sans fin à celui d’incident ponctuel, ce n’était pas le cas de leurs disciples, élevés depuis de nombreuses générations avec comme croyance fondamentale qu’il convenait de haïr et de tuer celui qui vivait hors des frontières sacrées de son groupe, et qu’il n’y avait rien au monde plus essentiel que cela. Certains parvinrent malgré tout à se résoudre à suivre les commandements divins tels qu’ils furent délivrés par leurs prêtres, chamans et divers émissaires. D’autres en revanche refusèrent net, considérant cela comme une trahison majeure et inexcusable, comme la preuve horrible de la faillibilité de leurs modèles divins. La conclusion à laquelle arrivèrent ces nations toutes entières absorbées par la guerre ne fut au final pas si étonnante que cela : si les dieux se montraient insuffisants, il fallait les traiter avec toute la fermeté qu’un tel manquement réclamait.

Alors l’Empire du Basileus, la Terre des Akhenoteps, les satrapies d'Urecht et la Confédération d’Atium s’unirent pour former l’alliance quadripartite qui devaient à jamais changer le destin de leur terre. Leurs plus nobles personnages joignirent leurs forces et leurs ressources, et ensemble ils érigèrent un passage enchanté vers les royaumes des dieux, bien décidés à leur amener de force la guerre que ces couards infames s’étaient décidés à refuser. Nombre de vaillants héros tombèrent, victimes de la révolte et de l’ire de leurs anciens maîtres divins, mais après de longs et féroces combats, ils émergèrent enfin victorieux, trainant les corps brisés des dieux sur leurs propres autels, et ouvrant grand les veines et les artères épaisses de leurs cous et de leurs poignets pour en collecter l’Ichor. Ils s’en gorgèrent encore et encore, le liquide doré inondant leurs veines et incinérant leur mortalité, et ainsi une nouvelle génération de dieux vit le jour, une génération plus forte et vertueuse, car elle avait gagné le privilège de la divinité par sa valeur, et connaissait comme tous les mortels l’ordre que les choses devaient prendre. On crut cependant une fois ce massacre auspicieux terminé que la guerre tant voulue ne pourrait plus jamais arriver, et l’on désespéra pendant quelques brèves années de ne plus jamais pouvoir espérer reproduire un jour une telle épopée. Cette tristesse et ce désespoir furent bien éphémères, et les conséquences de l’acte des mortels furent bientôt révélées à tous.

Si les quatre membres de l’alliance bénéficiaient bien d’une protection divine continue, ce ne fut pas le cas des nations ayant choisi de ne pas prendre part à la bataille. Leurs dieux furent comme les autres égorgés, mais personne ne s’éleva pour les remplacer. Sans leur aura bienfaisante et protectrice pour les protéger, eux et leur sol, une période sombre et terrible démarra pour eux. Le chaos s’empara de leurs esprits, et leurs civilisations puissantes et solides s’effondrèrent et se fragmentèrent en une série de petites chefferies sans avenir, menées par des chefs mesquins et de peu d’importance. Leurs terres mêmes, autrefois fertiles et giboyeuses, se racornirent comme la peau des vieilles sorcières qui hantaient les recoins les plus sombres du monde, et ces dernières ainsi que tout le reste des hordes impies qui y rodaient en émergèrent. Si ce fut pour eux la fin de leur âge d’or, cela eut pour les quatre nations alliées l’avantage de répondre à l’épineuse question qui les avait jusqu’alors préoccupées, prouvant définitivement – si cela était encore nécessaire – le caractère avisé de leur action. Profitant des liens renforcés que la guerre avait tissée entre eux, ils s’unirent pour repousser les forces du désordre et de la corruption, et purent ainsi profiter éternellement d’une source intarissable de conflits, desquels émergeraient sans fins des êtres méritants.

Les nouveaux dieux eux-mêmes furent occupés par de nouveaux ennemis titanesques qui voulurent s’introduire au-delà du domaine des mortels et de leurs divinités. Sans doute pensaient-ils avoir affaire à de simples parvenus, incapables de manier leurs pouvoirs surnaturels avec la même aisance que ceux qu’ils venaient de remplacer. Ils furent déçus de trouver en face des gens qui les accueillirent avec un sourire carnassier, ravi de découvrir qu’eux aussi pourraient bénéficier d’opportunités similaires à celles des mortels. Tout cela aurait une fois de plus pu continuer éternellement, le nouvel ordre remplaçant l’ancien. Il n’y eut cette fois aucune trahison inacceptable, aucun évènement brutal qui vint d’un seul coup bouleverser l’ordre cosmique. Ce fut un lent pourrissement, un affaiblissement constant et insidieux des gardiens de ce monde changé. Chaque héros qui se montrait suffisamment brave pour gouter à son tour au sang des dieux le trouvait toujours un peu plus dilué, jusqu’à ce que la distinction entre dieux, garants de l’ancienne et ancestrale puissance et divins, et nouvelle génération qui, si elle était immortelle, ne possédait rien de la superbe de ses ainés, devienne nécessaire. Chaque dieu qui tombait était une perte irremplaçable, et sur terre la corruption du sol et des êtres progressait toujours un peu plus, galvanisée par ces départs incessants. C’est ainsi que le monde continua à dégénérer, et ce jusqu’à la fin des temps.

Ce monde fournit au final un nombre très limité d’invoqués, et les rares personnes qui sont appelées ont tendance à assez mal s’intégrer dans la société relativement plus paisible de Portalia, bien que des transitions réussies aient eu lieu. Si pour les personnes affectées par l’influence des forces corruptrice de leur monde d’origine, cela se passe d’explication, le phénomène peut sembler pour curieux pour les aventuriers issus des quatre nations protégées de celles-ci. L’explication est au final très simple : chaque individu de cette planète, et ce depuis la nuit des temps, est endoctriné dès son plus jeune âge pour faire de lui un combattant prêt à se sacrifier sans la moindre hésitation. Les méthodes divergent selon les époques et les lieux, mais les résultats sont au final assez similaires. Ce sont généralement des individus très durs, disposant souvent de capacités émotionnelles atrophiées et d’un code moral très divergent de celui que la plupart des autres mondes semblent privilégier. Les docteurs des univers plus modernes parlent souvent d’une planète de traumatisés, et d’un phénomène fascinant bien que morbide de syndrome post-traumatique institutionnalisé et généralisé.


Races du monde




Humains : représentent la majeure de la population. Comme pour la plupart des races originelles, seuls ceux qui vivent protégés par l’influence divine sont encore considérés comme humains.

Elfes : peu nombreux, ils se distinguent par leurs longues oreilles et leur caractère généralement très placide et réfléchi.

Hommes-bêtes : terme générique englobant toute personne, humaine ou elfe, présentant des caractéristiques animales plus ou moins importantes. Certaines sont plus proche de la bête que du bipède, alors que d’autres sont quasiment impossible à distinguer d’un homme ou d’un elfe normalement constitué.

Paragoï : pas réellement une race, ce terme (souvent également employé comme titre de noblesse et placé avant le nom, le terme prend alors une majuscule) désigne l’état transitoire entre le mortel et le divin (ou dans les temps anciens, entre le mortel et le dieu). Les paragoïs peuvent être membre d’une des trois races mentionnées plus haut, et se distinguent généralement par une constitution et une apparence solide, et des yeux aux couleurs très vives. Observer leur sang ou leur os est la manière la plus facile de savoir à quel point ils sont proches de laisser derrière eux leur vie de mortel. Plus un paragoï est proche de sa transformation finale, plus son sang prendra une couleur dorée et brillante, alors que ses os deviendront eux massifs et semblables à du cristal. Un phénomène curieux semble réduire au rang de paragoï tout dieu ou divin qui serait transporté à Portalia.

Divin : ancien paragoï ayant bu l'ichor après avoir été jugé digne par les dieux et les divins en place. Insensible au vieillissement et aux maladies, il reste malgré sa puissance – dérisoire comparée à un véritable dieu – une force de la nature, et un être surnaturel capable de prouesse aussi miraculeuses qu'apocalyptiques.

Gangrené : nom donné aux humains corrompus. Ils se distinguent généralement par des proportions difformes, un intellect limité et une propension à la colère et à la violence particulièrement marquée.

Fae : nom donné aux elfes corrompus. Remarquables par leur haute taille, leurs dents plus proches de celle du squale que de leurs cousins délicats, et leur cruauté aussi inventive que constante.


Personnage venant de ce monde


- Hypanatoi Konostinos



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