Perdu dans les landes gelées [PV : Six ] (Terminé)

La proposition n'en avait pas été une. Pas vraiment en tout cas, et l'hybride avait presque été emmené de force loin de chez lui. Ses talents relativement rare en matière de soin ayant joué une fois de plus contre lui. C'était à peine si on lui avait laissé le temps de se préparer, et de récupérer le peu de matériel qu'il avait.
Sa vieille dague était tout ce qu'il avait, et le long manteau qu'il avait troqué au fil du trajet par une grosse fourrure et des bottes plus qu'utiles par ce temps glacial.
"Prêtées le temps de la quête". Tels avaient été les mots de la cheffe de la compagnie. Ces derniers ne désirant nullement s'encombrer avec un médecin mort sans pour autant vouloir l'équiper correctement. En aucun cas, il n'avait été question de récompense, seulement des menaces plus ou moins directes. Le bleu qu'il c'était vu infligé à la tempe avait disparu avec les soins, une "signature du contrat" d'après eux...
Laissant le loup quasiment captif de ces aventuriers avec bien peu de scrupules.
Leur objectif était un groupe de wolg non loin dans les terres, de quoi assurer à tous quelques fourrures à revendre aux locaux et assurer leur train de vie pendant quelque temps.
Mais là ou des Familias pouvaient fournir des soigneur de talents, les groupes solitaires n'avaient que peu de choix, tant les soigneurs étaient rares et demandés. Et la renommée des soins magiques du petit loup avait fini par jouer contre lui.
Cinq aventuriers, trois combattants de mêlée et deux archers, tous habitués aux chasses faciles du terrain d'entraînement, qui espéraient sans doute faire fortune rapidement.


Elim les avaient tous entendus mourir un par un.
Bloqué dans le camp qu'ils avaient installé dans les plaines de glaces, abrité par un rocher enneigé, l'hybride avait écouté leurs derniers cris. Tous déchirants, tous désespérés, fauchés par quelque chose qui avait fait fi de leur équipement ou de leurs titres, sans que le médecin retenu captif dans leur camp ne puisse leur être du moindre secours. Le laissant par la même totalement seul dans la lande gelée. Avec pour seul matériel ce qu'ils avaient bien voulu laisser sur place.
Après des heures et des heures passées à attendre un éventuel survivant, le loup finit par décider de trouver un moyen de rentrer, éventrant les affaires que les cinq avaient laissés là. Il n'y trouva pas grand-chose d'utile, sinon une petite hache à une main, et un casque robuste en acier, qu'il ne put mettre à cause de ses grandes oreilles.
Cela et quelques vivres qu'il fourgua dans son sac, espérant, s'il survivait pouvoir tirer quelque chose de tout ça. Si la mort des aventuriers était tragique en un sens, le médecin comptait bien leur survivre et si possible tirer quelque chose de tout ça


Il s'était donc mis en route, heureux d'avoir des bottes prévues pour ce genre d'environnement, et un manteau pour le protéger du froid, s'arrêtant souvent pour vérifier que rien ne le suivait. Même si avec la luminosité des plaines, Bien rapidement la nuit rattrapa le loup solitaire, le soleil déclinant allongeant les ombres et faisant encore baisser la température, au point de forcer ce dernier à retourner sur ses pas, jusqu'au campement qu'il avait abandonné plus tôt, et où un petit feu pouvait encore être fait, les réserves de bois étant encore conséquentes.
Elim peina un moment avant de se résigner à allumer le feu par magie. Projetant une petite boule de feu qui embrasa un tas de bois, projetant de grandes flammes au-devant de l'entrée et une douce chaleur.
Cette dernière chassa peu à peu le froid qui avait gagné ses membres.
C'était peut-être la première fois qu'il se retrouvait aussi seul, ses précédentes aventures, lui ayant toujours permis de retrouver ses compagnons, aussi affreux soient-ils.
À présent, l'absence de ces monstres le troublait, le faisant se sentir désespérément seul. Chose stupide, mais instinctive, le loup pencha la tête en arrière, poussant un hurlement propre à son espèce qui résonna dans les plaines, déchirant le silence dans un cri plaintif qu'Elim ne pensait pas être entendu.
Ce ne fut qu'après sa complainte qu'il se remit près du feu, plongeant ses yeux dans les flammes crépitantes. Espérant que le feu tiendrait les monstres à distance jusqu'au matin

Dernière édition par Elim le Lun 25 Avr - 19:44, édité 2 fois

Trois ans déjà que j'étais enfermé sur les bancs de l'école. Trois années de dur labeur, Armand avait été impitoyable, le parfait geôlier. Trois ans... Pour moi qui n'avait jamais trouvé d'importance à compter les jours, je m'étais surpris à le faire. Les loups ne sont pas fait pour être cloisonner dans une maison, ni même une ville. Mais enfin je pouvais repartir dans le monde. Heureux de retrouver cette liberté chèrement acquise, je m'étais précipité à la Tour des aventuriers pour repartir explorer le monde, mon besoin de grands espaces étaient devenus vitales. Je prenais enfin du plaisir à chasser, oubliant presque mon objectif final. Armand avait raison, savoir s'exprimer et compter faisait une différence. J'étais maintenant capable d’accéder à des groupes honnêtes et de confiance. Ma bourse s'était remplie, tout comme mon estomac. En y repensant, ma vie d'avant avait vraiment été misérable. On m'avait exploité et je ne me rendais compte de rien. Comment avais-je pu tomber si bas ? Combien d'autres comme moi s'étaient laissé abusé ? Soudain l'image d'un jeune loup me revint en mémoire. Ou plutôt un garçon-loup. Lui aussi, il avait été exploité. Où en était-il aujourd'hui ? Pris de curiosité, j'fouillais ma mémoire.

A l'époque, j'étais affilié à un groupe d'ordure, régulièrement, ils venaient me chercher dans la ciasse miteuse qui me servait de domicile pour m'emmener en mission. Mais où allions-nous le chercher ? La ville était tellement grande et tout se ressemblait à l'époque. Pourtant j'me souvenais d'une odeur. Chaque quartier a le sien. J'ai grimacé. Je n'aime  pas reniflé la ville, trop d'odeurs désagréables. Pourtant je me suis fait violence et un léger fumet raviva ma mémoire. C'était donc par là; au nord.

En arrivant dans le quartier, j'ai tout de suite compris pourquoi j'avais eu du mal à me rappeler de sa direction. C'était un enchevêtrement de taudis branlant qui concentrait beaucoup trop de monde à mon goût. J'avais donc instinctivement évité l'endroit. Progressivement, je me suis enfoncé dans les boyaux de la misère. Surprenamment, les habitants ne semblaient pas si malheureux. Il y avait même des enfants qui jouaient, insouciant, dans les rues. Le quartier ne payait pas de mine mais il était joyaux, dynamique. Un peu plus loin, une jeune hybride jouait à la balle, elle dériva jusqu'à moi. Calmement j'ai ramassé le ballon avant de lui tendre. Elle me remercia avec un sourire éventé.

— "Attend ! Je cherche un garçon-loup. Peux-tu m'aider ?" Je la sentis hésiter. Elle ne me connaissait pas. J'ai donc retroussé les babines pour dévoiler mes crocs. Mon sourire idiot la fit rire. Il était idiot car Armand me l'avait dit, je n'étais pas doué pour les émotions humaines.
— "Y a beaucoup de loups ici. Comment qu'il s'appelle ?" J'ai hésité. Eli, Elam, Elite. Non c'était plus simple que ça.
— "Elim, il s'appelle Elim. Il a les mêmes cheveux que moi. Mais plus long."
— "Le docteur ?" J'ai penchant ma tête, je n'étais pas sûr. Il était docteur ? Oui, il avait une position de soin dans les groupes où je l'ai vu.
— "Oui, je crois" Elle hésita de longs instants. Sa loyauté me fit chaud au cœur.
— "Tu es pas là pour faire comme les autres malabars qui l'embarquent toujours en cassant tout ?" Demanda-elle, suspicieuse.
— "C'est quoi un malabar ?" elle rigola, j'ai baissé les yeux un peu honteux.
— "C'est pas important, viens je t'emmène" Annonça-t-elle avant de partir d'un pas trottant.

Il était donc devenu docteur ? C'était quelque chose d'important. J'étais content pour lui. Peut-être qu'il ne partirait plus chasser ? En tout cas, si même une gamine était protectrice en vers lui, c'est qu'il s'était bien intégré à la meu... communauté. Pas de meute ici, seulement la civilisation. En arrivant, elle me montra du doigt une maison un peu plus propre et plus solide que les autres. C'était l'hôpital du quartier selon elle. Elle avait 12 ans, c'était une fille-goupil et elle me trouvait très beau. Elle avait insisté sur ce point, plusieurs fois. Personnellement, je n'aimais pas mon corps et il n'était clairement pas beau. J'avais toutefois bien compris aux comportements de sa queue que je lui plaisais. J'ai gentiment ignoré ses avances, c'était naturel pour des enfants de vouloir séduire. Un adulte devait lui montrer ses limites sans pour autant froisser son amour propre. Elle en aura besoin plus tard pour être sûr d'elle et de son choix lorsque des prétendants paraderont à la saison des amours pour ses beaux yeux.

Je n'ai pas aimé le positionnement de la porte, elle semblait cassée. D'ailleurs l'intérieur ne semblait pas à sa place non plus. J'ai pourtant attendu que la petite aille le chercher dans la maison, elle aussi semblait inquiète. Je n'aimais pas ce que je voyais et sentait. Une voisine un peu curieuse arriva l'air coléreuse.

— "Zetes qui d'abord ? Vous revenez encore pour ennuyer ce pauvre Elim ? Il est déjà parti avec d'autres ? Maintenant fichez le camp de la" Instinctivement, j'ai reculé d'un pas avant de m'incliner, paix du loup. Elle ne me compris pas mais s'apaisa quelque peu. Les humains aussi utilisaient une partie de ce langage corporel.
— "qui l'a pris ?" Demanda la gamine qui était revenu seul au bord des larmes.
— "Des malotrus d'la pire espèce, des heures qu'ils sont partis. Ils ont même rossé mon pauvre Hecbert qui a tenté de les convaincre"

Je sentis la colère pondre dans la mâchoire. J'ai serré les dents plus fort pour ne pas grogner. J'imaginais déjà la scène pour l'avoir vécu. J'avais laissé faire à l'époque. Pas cette fois. Je suis rentré dans la maison, ignorant les plaintes et lamentation de la voisine. J'ai ouvert l'armoire et récupérer un haut froissé. Je l'ai pris avant de le renifler. ça sentait le loup, ça sentait Elim. Je me suis redressé pour trouver une piste, ignorant les autres odeurs. La vieille et la gamine, éberluées, me regardaient avec curiosité.

— "Qu'est-ce qui fait ?"
— "Je crois qu'il cherche une piste. Mon papa fait pareil quand mon grand-frère ne rentre pas assez vite." La voisine la regarda comme si elle était né de la dernière portée.
— "Ton père, c'est un renard, lui c'est un homme." Lui expliqua-t-elle comme si elle corrigeait une enfant qui venait de faire une faute de calcul.
— "J'en suis pas sûr" Soutint la petite renarde. Les enfants avaient plus d'instincts pour ces choses-là.
— "Je vais le trouver et le ramener" Dis-je avant de m'élancer sur la piste.

Elle m'emmena jusqu'au portail des plaines de glace. J'ai acheté une fourrure et des bottes de neige à un commerçant du coin avant de retourner vers le cercle, évitant un hérault qui proposait de rejoindre un groupe en partant pour les plaines, je me suis engouffré dans le portail. La piste devint plus ténue. Le froid et la neige n'aidait pas à conserver une piste olfactive. Par chance, il n'était parti que depuis quelque heures. J'me suis donc accroupi pour renifler une piste pour importante. Je suis tombé sur le groupe qui l'avait enlevé. Sélectionnant chacune des odeurs pour former une ensemble, le flux devint soudain suffisamment important pour me permettre une traque. Je suis donc parti au trot.

Sur le chemin, j'ai du éviter et prendre plus de détour que je ne l'imaginais. J'étais seul et je n'avais pas le temps d'affronter des monstres. Je devais préserver mon énergie au maximum pour le groupe. Par chance, la piste était suffisamment importante pour me permettre de les suivre tout en me concentrant sur l'environnement hostile dans lequel j'étais. Ce groupe s'était comporté comme des bourrins. Ils avaient fait une ligne droite presque tout du long massacrant tout ce qui se présentait à eux. Ce comportement insouciant m’inquiétait, c'était le meilleur moyen de tomber sur des ennuies sans lendemain. Tandis que j'avalais les kilomètres sans bruit grâce à mes talents, la nuit tomba pourtant je ne vis pas l'ombre d'un feu à l'horizon. Même si ce n'était pas franchement conseillé, j'avais suffisamment vu de groupes aussi idiots pour savoir que les conseils, ils se les mettaient par-dessus la jambe. Par conséquent je redoutais de plus en plus ce que je trouverais au bout de la piste. Puis soudain, je vis une fumée ténue s'élevait à l'horizon. J'étais encore loin mais l'espoir raviva mes forces. A mi-chemin, j'entendis le hurlement désespéré d'un loup, certainement Elim, plus inquiet que jamais, j'ai accéléré ma course. Un feu ce n'était déjà pas malin mais ce hurlement m'arracha un grognement. Pourquoi avait-il donc hurlé à l'aide ? Etait-il encore plus en difficulté que je l'imaginais ? Lui qui était si discret d'habitude. Jamais je ne l'avais entendu se plaindre ou s'apitoyer malgré les conditions difficiles dans lesquelles certains groupes nous avaient mis. Arrivée au sommet de la dernière colline, j'ai enfin pu apercevoir ce feu que je traquais depuis 1 heures. Plissant les yeux, je ne vis qu'une grande ombre, surement un rocher, m'empêchant de compter le groupe. J'ai donc déployer mon flair. Il n'y avait qu'une odeur, celle d'Elim. Plus loin, beaucoup plus loin des cadavres. Que s'était-il passé ? J'allais partir pour lui demander lorsque je sentis une nouvelle odeur. Celle d'un Groll. Il avait du entendre le loup ou être attiré par le feu. j'ai rapidement calculé les distances, j'avais le temps. Je me suis donc élancé.

En arrivant au camps et sans m'annoncer, j'ai attraper une des tasses en fer près du feu qu'Elim utilisait pour faire fondre de la neige et me suis désaltéré. L'eau fondue réchauffa ma langue engourdit. Tranquillement, j'me suis tourné vers lui.

— " Salut Elim, partons. Ton feu attire un groll."

J'aurais souhaité être plus amical, mais ce n'était pas l'heure.
J'ai décroché mes fourreaux avant de verser le reste de l'eau chaude entre la garde et le fourreaux. Minutieusement, j'ai vérifié que mes lames ne seraient pas prise par la morsure du froid au besoin. Le groll serait bientôt la. Je me suis enfin tourné vers l'objet de ma traque, espérant qu'il est terminé de préparer ses affaires durant mon inspection.

A chaque fois que je le vois quelque chose se serre dans mes entrailles. Elim a toujours été un gamin-loup expressif. Voir ses oreilles duvetées s’agitaient m’agacent. Ce n’est pas sa faute, il n’y peut rien, pourtant je l’envie et je me hais pour ça. Machinalement, je touche mes oreilles ou plutôt cette appendice de peau boursouflée que les hommes appellent oreilles. D’un geste, je chasse mes fantasmes inutiles pour me recentrer sur la réalité de la situation. Un groll approchait. Même si le monstre ne m’inquiétait pas spécialement, après tout qu’est-ce qui est plus idiot qu’un groll sinon un autre groll ? Il n’empêche qu’il fallait rester prudent, Elim n’était pas un combattant accompli. Trop doux, inexpérimenté, il n’avait jamais eu l’enseignement d’un alpha.

Calmement, j’ai sorti de la petite vaisselle de voyage des sacs pour les disperser autour du feu. Cela devrait occuper la créature. Puis j’ai fait un signe à Elim pour qu’il me suive lorsqu’il m’annonça qu’il était prêt. On s’est éloigné du camp. Pas trop loin. j’avais pris le temps d’inspecter les ombres autour du camp. Naturellement, je m’étais dirigé vers la masse la plus sombre, à l’ombre d’une colline. Alors que le camp n’était plus qu’une lueur, j’ai levé les yeux ciel pour vérifier la visibilité de la nuit.  Nous avions maintenant l’avantage du challenger. Les feux avaient leurs utilités. Mais étant un traqueur par nature, j’avais vite compris qu’il avait un inconvénient de taille, il rendait les alentours bien plus obscur qu’il ne l’était. Une ombre traversa le feu.

— « Désolé de ne pas vous demander votre nom... Mais si nous avons un monstre aux trousses… »

Il ne m’avait donc pas reconnu. Il est vrai que mon odeur d’humain n’était pas facilement différentiable d’un autre. Afin de calmer son anxiété, j’ai continué à le faire marcher en contournant une petite colline. Calmement, nous retournions vers le camps par un autre angle. Les bruits du groll fouillant le camp, ramassant les babioles qui plaisaient à ses yeux, ponctuaient la monotonie de notre marche. J’ai senti Elim se tendre. Je ne lui avais plus adresser un mot depuis mon salut. Je n’aimais pas parler lorsque j’étais en mouvement. Les loups n’en avaient pas besoin. Ils se comprenaient et agissaient en symbiose. Mais le gamin n’était qu’à moitié loup. Il se donnait donc de la contenance en faisant la conversation, Vlad m’avait expliqué que c’était un comportement habituel. Les hommes n’aimaient pas les silences, ils les brisaient pour se sentir vivants. Un cri guttural perça la plaine, le groll non plus d’ailleurs.

— « Pensez vous que nous arriverons à le semer ?  »

Je me suis arrêté pour lui faire face. Inconsciemment j’avais pris la posture de l’alpha qui rabrouait un jeune loup incapable de contenir sa nervosité dans ses premières chasses.

— « Nous ne nous échappons pas. Nous chassons. Les grolls sont seuls. Si on le blesse, il fuira. Les grottes de Groll sont pleins d’objets intéressants. »

Je me suis arrêté un temps pour jauger sa réactions. Il avait piètre allure avec sa fourrure dépenaillée et sa hache de fortune. Pourquoi avait-il une hache d’ailleurs ? Instinctivement, je sentais que cette arme n’était pas faite pour lui, elle ne coulait pas bien dans ses mains. C’était criant. Peut être qu’on pourrait trouver quelque chose pour lui dans la grotte. Finalement, j’ai brisé le silence pour le mettre en confiance.

— « Je suis Six. Décide »

Dernière édition par Six le Jeu 10 Fév - 21:11, édité 3 fois