Chap. 7 : Le spectacle du sang [Elim] (Terminé)

Je ne connais pas encore tout ce que ce nouveau monde peut me faire découvrir. En l'espace de quelques mois cependant, j'ai fait la rencontre avec un nombre important de nouvelle personne, de lieux, de monstre ou encore de culture. Je me perd encore de nombreuses fois dans Portalia, et je crois que beaucoup de personne me reconnaisse dans la rue, tellement je leur ai demandé mon chemin.

Aujourd'hui, mes pas m'ont conduits à un certain colisée. J'ai un peu étudié le sujet, et il paraît que c'est là-bas que les habitants de la ville peuvent participer à des combats, en y participants ou juste en tant que spectateurs. C'est le rôle que je veux faire, aujourd'hui. Pas de travail pour l'instant, mais je reste tout de même disponible.

Il y a une petit foule à l'entrée, je me fond rapidement dans la masse. Les coups de coude, les épaules qui se touchent ou même des pieds qui recouvrent d'autres. Je n'ai jamais eu ce genre de problème, dans mon monde. Ah oui, mon ancien monde...il me manque quelques fois, surtout quand mon esprit a le temps de divaguer. Peut-être que cela passera avec le nombre des années, mais pour l'instant, mon coeur se serre dès que je repense à ma famille, ma mère et ma soeur. Le temps s'écoule-t-il toujours, là bas ? Est-ce qu'elles savent que je suis partie ? Enfin bon, qu'importe, je ne vais pas me tracasser pour cela. Je laisse filer, et je verrai à quoi ressemble mon futur.

Pour l'instant, mon tour est enfin arrivé, et je peux trouver une place au fond du colisée. Beaucoup sont rebutés par ce placement, car trop haut pour leur vu qui baisse. Ce sont pourtant les meilleures pour apercevoir toute la scène, tellement celle-ci est immense.

Les combattants n'ont pas encore fait leur entrée, j'en profite pour regarder les différents types de personnes qui m'entoure. Je ne saurais dire vraiment qui est contre la quête de l'Ordre, ou même qui préfère passer outre. Je n'ai pas encore l'oeil pour apercevoir ce genre de chose, mais cela ne serait tarder.

Je me met alors, pour passer le temps, à écouter des bouts de conversation, des éclats de rire ou même, plutôt rare, des pleurs. Personne ne s'est assis à proximité, laissant deux voir trois sièges entre nous. Je n'arrive pas tout à fait à m'habituer au fait que d'autres "genre" de personne existe. D'autres races, toutes plus particulières les unes que les autres. Des personnes avec quatre jambes, d'autres avec des milliers d'oeil. Il y en a même certaines personnes qui n'ont pas de cornes, même pas d'oreille pointues ou de dents affutées. De ce que j'ai pu apprendre, cela s'appelle des "humains". Je ne comprend pas vraiment quelles sont leurs propres capacités, mais cela ne serait tarder.

Quelqu'un s'assoit finalement à côté de moi. Il possède de long cheveux blanc poivré, ainsi que deux oreilles de chat ? De loup ? Je lui souris brièvement quand il regarde dans ma direction, puis me concentre sur l'arrivée tardive des combattants. Une dizaine d'entre eux rentrent dans l'arène, poings en l'air et armes prêtes à servir. Je n'ai pas eu le temps de regarder le programme de la journée, tellement le monde et les bousculades m'en ont empêcher. Les cris des spectateurs m'empêchent de parler normalement, je me penche donc vers l'inconnu sur ma droite pour qu'il puisse bien m'entendre.

- Savez-vous quel est le programme de la journée ?

Une place pour l'arène, voilà bien un payement des plus original. Du moins c'était ce qu'il avait semblé à Elim quand il avait reçu le ticket de la part du père venu le voir en panique avec sa petite fille.
L'homme n'était pas bien riche, mais travaillait dans l'entretien du massif édifice, ce qui expliquait son accès à ces places pourtant inaccessibles dans le quartier.
Au début, le médecin avait hésité à s'y rendre, prenant en général bien peu de temps pour lui. Voire même pas du tout vu la panique générale. Mais gâcher ce cadeau aurait été une insulte envers celui qui lui avait donné le ticket. Et si l'hésitation avait certes duré un moment, le petit hybride avait fini par braver les rues pour se rendre au grand bâtiment qui abritait les plus féroces combattant de la ville.
Les exploits de sang n'avaient jamais eu un grand attrait pour lui, mais force était de constater que la simple architecture du lieu suffisait à rendre cette petite aventure passionnante.


Le Colisée était une massive structure en pierre bien étagée pour accommoder des centaines de spectateurs, les plus riches ayant accès à de prestigieuses loges privatives, contenant aussi bien boisson que nourritures en abondance. Le reste des spectateurs devaient se contenter de bancs en pierre dont le prix variait en fonction de la proximité avec l'arène. Et sans surprise, le loup était parmi les spectateurs les plus hauts, correspondant avec le prix dérisoire de son billet. Mais au vu de ce qu'il avait vécu ces derniers temps, Elim ne ferait certainement pas la fine bouche.
S'asseyant sur la large marche inconfortable, il tacha de se focaliser sur la petite masse de sable en son centre, les oreilles dressées bien haut pour tacher d'entendre un peu mieux, même si pour le moment, la seule chose audible était les murmures de la foule qui s'installait.
Personne ne faisait encore attention aux divers employés qui préparaient l'arène, balayant une dernière fois le sable fin.
Et alors qu'Elim commençait à se pencher pour tenter d'apercevoir son client, une grande et belle dame se pencha vers lui, visiblement curieuse du déroulé de la représentation.
Surpris, le loup vit ses oreilles se plaquer contre son crâne, reconnaissant l'odeur des cierges d'église qui émanait de la demoiselle.
Et s'il prit quelques instants, ce fut uniquement pour chercher la petite brochure qu'on lui avait jetée à l'entrée du colisée, tendant cette dernière à la demoiselle, la fixant de ses grands yeux jaunes.

-Je... je ne sais pas trop, je n'ai pas encore lu mais allez y, si vous voulez jeter un coup d'œil ça ne me dérange pas... Madame

Dit il tout penaud, son regard remontant légèrement jusqu'aux cornes de la demoiselle, s'étonnant de ne pas voir d'autres signes d'hybridations. Il faut dire que sa petite tribut ne comptait que des loups.

-Navré... C'est ma première fois ici.

Je pris la brochure des mains de l'homme loup, et lui dis merci d'un sourire. Au vu des différentes espèces et personne que je croise souvent dans les rues de Portalia, je ne suis qu'à demi surprise de le voir avec des oreilles de loup. pour nous autres, Ao'as, la coutume est d'avoir de longue cornes. La coutume de son monde est peut-être d'avoir les plus belles oreilles de loup ?

Je lis tranquillement la brochure des représentations de la journée, et m'étonnes encore de pouvoir la comprendre. Encore une magie ou un système que j'ai dû mal à assimiler. En tout cas, je continue la lecture. Le premier spectacle nous promet des affrontements entre guerriers et créatures. Je ne sais pas vraiment quelle est la dangerosité de ces bêtes, mais elles ne doivent pas être élevée. Imaginez qu'une d'entre elle se libère et vient saccager l'intérieur de la ville ?

Je continue ma lecture, mais celle-ci est interrompu par le début du spectacle. Je retend le prospectus à l'homme, en me penchant une nouvelle fois vers lui pour lui parler et me faire entendre.

- La première demi-heure est une présentation des guerriers de la journée.

Rien de vraiment intéressant, en soit. Les un après les autres, les dix combattants s'avancent dans l'arène. Quelques uns portent un simuli d'armure, et d'autres misent tout sur leurs armes, imposantes et affutées. Personnellement, je ferais tout pour être la plus agile et rapide que possible, privilégiant une arme facile à utiliser. L'épée à une main est parfaite, en soit. Avec une grande allonge, elle permet de rester assez éloigné de la cible, tout en restant assez proche pour être dans les angles morts.

Chacun à leur tour, l'animateur du spectacle dit leur nom, et les spectateurs le clament. Chacun a déjà choisi un champion, on dirait. Je me concentre pour essayer d'apercevoir leur silhouette, pour moi aussi en choisir un. Mais à cette distance, il est compliqué de bien les discerner. J'aperçois tout de même un homme qui semble plus frêle que les autres. Il n'est pas bodybuildé, mais possède ce qu'il faut au bon endroit. Ses habits légers lui permettront sans nul doute de survivre plus longtemps que ceux en grosse armure. J'écoute son nom : Jack. Et bien soit, Jack, tu seras mon champion du jour.

- Avez-vous choisi un champion pour le spectacle ?

J'aime bien parler et faire de nouvelles rencontres. Cela permet d'agrandir toujours un peu plus son cercle, et connaître de nouvelles personnes me permet également d'être accueillis à différents endroit du royaume. Pour mon métier, cela me semble tout de même important.

Une présentation des combattants... Difficile de se décider... Il y en avait tellement, et Elim n'était pas un expert en combat, loin de là.
Il y avait des combattants de tout genre : des montagnes de muscles armés de massue impressionnantes, des personnes avec de lourdes armures à en faire pâlir de jalousie les membres de l'église, des archers ou encore des mages en robe de soie.
Difficile de faire le moindre pronostic quand sa science du combat était au mieux bancale. Sans doute, lui faudrait-il un maître d'armes un jour... Si un maître d'armes acceptait de l'entraîner sans argent... ​

-Je n'arrive pas à me décider... Ils ont tous l'air redoutable, et puis je ne sais pas vraiment lequel aurait l'avantage sur qui. Vous avez-vous même une certaine expérience du combat ?

Elim n'avait encore rien... Ses quelques aventures étant majoritairement occupées à soigner les aventuriers qui prenaient les risques. Et sa science de l'affrontement n'avait été que contre quelques rats qui avaient décidés d'occuper sa demeure.
Si un combattant arrivait avec un ballet peut-être... Mais nul laquais n'était en vue et il dut donc se contenter d'en pointer un presque au hasard.
Une femme assez solidement bâtie, maniant un trident et un filet, de nombreux tatouages ornant son crâne partiellement rasé.

-Bob !

S'écria l'hybride, ayant sûrement al compris le nom de la combattante choisie. Mais peu lui importait, seule importait l'apparence de cette dernière qui avait l'air pleine d'assurance, jouant avec son filet à crochet comme un prédateur aurait joué avec ses griffes.

-Vous pensez que c'est un bon choix ?

Se tournant vers l'hybride à côté de lui, le loup pencha la tête sur le côté cherchant à en apprendre un peu plus sur sa mystérieuse voisine, quitte à se dévoiler un peu.

-À vrai dire, je ne sais pas vraiment ce qui peut être efficace en combat. J'ai déjà vu des aventuriers se battre, mais jamais contre d'autres humains.

Au plus contre quelques créatures proche des murs. Les choses sont vraiment différentes ?
Bien sûr, voir l'église réprimer certaines velléités dans les quartiers nord lui avait montré deux ou trois choses. Mais ce genre de combat n'était jamais égal, au mieux une sauvage bastonnade contre des gens sans défense. Les blessures n'ayant jamais été faites avec des armes tranchantes

-C'est une sorte de combat à mort ?

Les aventuriers étaient tout de même précieux ici, et le loup doutait que cela soit le cas, mais on ne pouvait pas vraiment savoir avec les organisateurs des jeux.
Peut-être que cela représentait une sorte d'entraînement plus poussé que le terrain vers les limites de la ville ? Cela lui faisait penser que visiter cet autre endroit pourrait avoir une certaine utilité, surtout si l'hybride tenait à apprendre à se servir de ses griffes. Ces dernières patientant toujours calmement dans son placard, sans doute les objets les plus précieux qu'il avait détenus jusque-là...

- Parler d'expérience de combat serait présomptueux, mais oui, j'ai déjà du combattre.

C'était plutôt des assassinats ou des menaces de morts, mais est-on vraiment pointilleux à ce point ? Je ne parle pas de ce que je fais ici, à Portalia, mais sur ce que j'étais avant, chez moi. J'espère tout de même pouvoir en faire quelques un ici, pour pouvoir montrer à l'Église de l'Ordre que je suis une des leurs, et que je veux partir le plus rapidement possible.

Quand, finalement, le loup finit par choisir un combattant, je rigolais doucement, ma main droite devant ma bouche. La femme ressemblait plus à une pêcheuse qu'a autre chose, et son style brutal et voyant ne pouvait pas le changer. En même temps, je pourrais tout de même encourager la seule femme présente dans ces guerriers tout en muscles. Elle n'était tout de même pas en reste, et je me demande bien ce qu'il se passerait si j'osais lui mettre des poires ou un melon dans le creux de son coude...

- Wahou, excusez moi. Je ne me moque pas de votre choix. Bien au contraire, je trouve que vous avez fait un choix bien judicieux.
"Chacun imagine la représentation de son guerrier. Regardez le mien : il est pas musclé, il semble même rachitique par rapport aux autres. Mais j'ai toujours eu une préférence pour les combats court mais puissant. C'est fort possible pour cela que j'ai choisi celui qui se rapproche le plus de mon style de combat personnelle."

Lui décrire avez précision ce que j'entend par "mon style de combat personnelle" ne le fera que l'effrayer, surtout que j'ai l'impression que ce n'est pas un combattant, simplement un citoyen qui se trouve trop souvent sur des zones de combats.

Les présentations terminées, tous les guerriers retournent de là où ils sont venus, s'enfonçant dans les ténèbres du sous-sol du lieux. Je reprend mon prospectus pour regarder la suite : présentation des combattants, nous venons de le faire. Il y allait avoir une petite pause d'une dizaine de minutes, puis le premier combat commencera. Ce n'est pas écrit que c'est un combat à mort, et cela ne m'étonnerais tout de même un peu.

- Je ne pense pas qu'ils aillent jusqu'à là. De bons combattants, ça ne se gâche pas comme des petits pains. Et il est clair que ce sont tous des guerriers redoutables.

Les spectateurs parlent de plus en plus, rendant la conversation avec l'homme toujours plus compliqué. Je m'approche encore un peu plus de lui. Je sens alors un peu plus son odeur, qui me replonge dans un souvenir un peu déplaisant. Elle ressemble à l'odeur de mon chat, un magnifique spécimen de plus d'un mètre de long, aux poils longs, doux et foncé. Dans la plus faible des lumières, on ne pouvait qu'apercevoir ses yeux, de beaux yeux violets fluorescents.

- Si ce n'est pas indiscret, pourrais-je connaître votre nom ?

Un combat, mais pas un combat à mort. Voilà qui risquait d'être une première. Voir des gens combattre ne serait pas une première, pour sûr. Mais voir des gens combattre sans chercher à s'entre-tuer, ça en serait une ! Impatient, le loup s'assit un peu mieux sur la petite place qui lui était attitré, sa queue battant de gauche à droite en rythme. Dénotant par la même son impatience.
Le jeune hybride avait hâte de voir d'authentiques héros s'affronter, espérant pouvoir en tirer quelque chose, lui que personne n'avait entraîné, le forçant à se tourner vers autre chose.

-J'imagine que j'aurai du mal à me battre comme elle. J'ai essayé de tenir une épée une fois, mais ça n'a rien donné, et je n'ai pas été capable d'encocher la flèche correctement.

En fait, je crois que mon seul espoir, de tenir tête à quelqu'un est d'écouter mon instinct. En tout cas, vous en savez sûrement plus que moi.
L'hybride présenta ses mains comme des griffes, peut être la seule chose qui lui venait d'instinct, même s'il n'en possédait hélas pas.
Un loup sans griffe et à peine des crocs. La nature savait se montrer cruelle. Un jour, peut-être, pourrait-il se forger ses propres armes. Si ses économies le permettaient.
Et alors que la belle demoiselle s'approchait, il eut bien d'autres odeurs qui lui vinrent, celle des cierges certes, mais aussi le parfum qu'elle portait, celui de ses vêtements, le tout dans un mélange envoutant qui fut rapidement chassé par sa question.

-Bien sûr ! Je m'appelle Elim !

Devant l'attente de cette dernière, il crut bon d'ajouter avec un léger sourire.

-Juste Elim, je n'ai pas de nom de famille, les miens n'en ont jamais vraiment utilisés.

De toute façon, le médecin était connu comme le loup blanc dans les quartiers nord. À vrai dire, c'était presque le loup blanc en personne au vu de sa crinière d'argent.
Et devant la curiosité de la demoiselle, il se sentit assez en confiance pour répondre.

-Et vous, quel est votre nom ? Dois-je vous appelais ma sœur ? Ou bien peut on faire fi des titres ?

L'idée d'appeler un membre de l'église par son titre le rendait quelque peu mal à l'aise, n'ayant nullement oublié une bonne partie des tracas dû à cette dernière.
Fixant la demoiselle avec intensité, il se sentit même le courage d'en demander un peu plus.

-Vous êtes aussi une hybride ? J'avoue ne jamais avoir vu de cornes comme les vôtres et pourtant, je connais bien des gens de la ville. Où peut être êtes vous arrivés récemment ?

Si c'était cela, l'église n'avait pas mis longtemps à lui mettre le grappin dessus. Ce qui était compréhensible dans un certain sens. Il était toujours plus avantageux d'avoir une présence élégante dans ses rangs plutôt qu'une brute épaisse inspirant la crainte.
La demoiselle inspirant une certaine noblesse dans son attitude et son regard

- Appelez moi Emina Lyreco, ou même Emi. Mais je vous pris, pas de soeur ni de titre ronflant.

Même si j'étais là depuis des années, je ne pourrais décidément pas me faire nommer "soeur Emina". Je fais peut-être partie de l'ordre, oui, mais je suis encore plus une femme Aor'anne. En même temps, est-ce que les personnes travaillant dans la deuxième division peuvent vraiment se faire appeler frère ou soeur ? Encore une question à ajouté à mon carnet, qui commence sincèrement à être trop rempli.

- Une hybride ? Hmm...

Je n'ai jamais pensé à ça. Est-ce que je suis une hybride, ici ? Dans mon monde, nous sommes tous pareilles, à taille de corne et couleur près. Pour moi, c'est ce qu'il y a de plus normal. Je ne me suis jamais considéré comme une hybride. Mais en arrivant ici, peut-être que cela a changé. Je me demande vraiment ce que les personnes entendent en disant "hybride". Hybride d'animal et de quoi d'autre ? Quelle est la partie "normale" que tout le monde possède ? Encore et toujours des questions...

- Je n'y ai jamais pensé, à vrai dire. Selon vous, je serais une hybride de quoi ?

Je ne connais pas les différentes créatures qui peuvent peuplés Portalia, peut être en a-t-il ici qui me ressemble ? Il faudrait que je me renseigne un peu sur le bestiaire de la région.

- Je suis arrivée il y a à peine un mois, un mois et demi, voyons vous. Je ne suis pas encore familière avec les traditions, coutumes et créatures de ce monde.

Les dix minutes de posent sont passées. Des tambours se mettent à jouer, rendant le Colisée silencieux et attentif.

Une hybride de quoi ? Difficile à dire... Le loup ne connaissait pas grand choses aux animaux du monde, n'ayant eut sous les yeux que quelques créatures du terrain d'entrainement. Mais il était presque sur que ce de quoi elle était issu n'existait pas.
Finalement, il se retrouva un peu idiot en découvrant que la demoiselle n'avait pas la moindre idée ce qu'elle pouvait être.
D'ailleurs il y avait peut être fort à parier qu'elle ne se voyait pas comme tel.

-J'avoue ne pas savoir en général les gens le savent et en son plutôt fier...Mais j'imagine que si vous ne le savez pas...
Viendriez vous d'ailleurs à tout hasard ?

Il oubliait parfois que la possibilité était infinie. Et que les les humains n'existaient peut être pas dans certains monde Après tout, la dénomination d'hybride n'avait de sens que si deux espèces distinctes existaient.
Se sentant un peu confus, il baissa la tête.

-J'imagine que cela doit vous paraitre étrange si tel est le cas, mais il est possible qu'une créature d'ici ai des traits similaires à vous, ne soyez donc pas étonnés si quelqu'un vous le dit

Au moins pourrait-elle tirer quelque chose de la maladresse du petit loup. Mais s'il voulu encore s'excuser, le son des tambours empli bientôt l'endroit, l'empêchant par la même de s'enfoncer d'avantage.
Rapidement, des cages montèrent du sol, grâce à des montes charge astucieusement placés dans l'arène, ces dernières révélèrent bon nombre de créatures, sans doutes capturées dans les environs

-Oh ! Avant les duels, ce sont des combats contre les monstres ! Sans doute pour les laisser s'échauffer ! Ou simplement pour les plus faibles ?

Combattre un monstre pouvait être plus ou moins simple. Mais un autre aventurier par contre... Cela avait tout d'un défis.
L'hybride se tourna donc vers sa nouvelle amie, pointant les cages du doigt

-Vous allez rire, de tout ce qui est dans ces cages... Je ne reconnais rien... et vous ?

- Je viens d'un monde appelé Hyedaelyn. Il se peut qu'il y ai d'autres personnes différentes de mon peuple là-bas, bien évidemment. Mais je ne m'aventurais jamais très loin de mon chez moi, et les seules personnes que notre établissement avait était des gens comme moi.

Et encore, je ne peux pas vraiment dire que je leur ressemble vraiment. Mes cornes ne sont pas aussi grosses que généralement, et je ne possède pas de queue. Une erreur lors de ma conception, sans nul doute. Certain l'utilisait comme troisième bras, s'en servant pour porter des sacs ou des petits objets. Et même si cela m'handicaper un peu, il faut dire que je me déplacer avec plus de légèreté que les autres, n'ayant pas un poids supplémentaire sur la partie inférieure du corps.

- J'essaierai de me rappeler de son nom, alors !

Le silence revenu quelques instants plus tôt par les tambours fut rapidement terminé quand des cages montaient dans l'arène. Au nombre de dix, correspondant scrupuleusement au nombre de combattant du jour. En parlant d'eux, un premier s'avance sur le sable, sous les clameurs des spectateurs. ce n'est aucun des deux que nous avons choisi, et fort bien : nous allons pouvoir apercevoir, au moins une fois, la puissance des autres combattants. En face de lui, une des cages s'ouvre, laissant s'échapper le premier monstre : une grosse grenouille, mais avec une odeur des plus désagréables et de grosse bulles sur le dos. Je ne pense pas qu'elle soit si difficile que cela à tuer, cela serait tout de même dangereux pour les combattants, mais encore plus pour toutes les personnes venus assister au spectacle. Tout de même, elle doit avoir du répondant, pour au moins donner quelques rebondissements intéressants.

- Je ne vais pas pouvoir vous être d'une très grande aide. Moi non plus, j'en n'en connais aucune. Quelques unes ressemblent à des animaux de chez moi, mais seulement quelques détails en commun.

L'homme se met en garde, une grosse épée dans ses mains. Avec ce genre d'arme, il ne devrait pas manquer sa cible. Je me lève un peu de mon siège : les spectateurs de devant me gêne pour voir toutes l'arène. Mais des réprimandes de derrière me font rapidement rasseoir. J'espère qu'ils ne vont pas se déplacer là où je ne vais pas pouvoir les voir...

Un son lourd et puissant se fait soudainement entendre. Les autres créatures, encore en cage, se font déplacer vers la droite de l'arène, permettant aux combattants d'avoir un espace assez important. Au deuxième coup de cloche, une fois que l'espace fut dégagé, le guerrier fonce sur la créature, épée en l'air. Son cri n'arrive pas à couvrir l'effervescence des spectateurs. Tout le monde hurle, acclame leur champions. Des mains, des bras et même des corps se lèvent comme s'ils voulaient lui donner toute leur rage et leur combativité. Je me lève également, et cette fois, sans recevoir des remarques du rang suivant.

- Mince...voyez-vous quelque chose ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Au moins seraient ils tout les deux novices dans la matière. Une petite honte pour quelqu'un se faisant appeler aventurier. Du moins reconnu comme tel par la guilde.
Ironiquement, ce qui intéressa Elim ne fut pas vraiment le spectacle mais plutôt le récit de la demoiselle sur son monde. Bien que très court, le nom suffit à le faire voyager bien au delà des murs de Portalia. Desquels il ne s'était jamais trop éloigné.
La nature n'était pas clémente avec ceux dont le physique n'était pas en accord avec les ambitions.

-Et bien rien que le nom de votre monde est enchanteur ! Quel dommage que les portails ne fonctionnent que dans un sens.

Lu qui était né ici, sentait presque la déception l'envahir à chaque fois qu'on lui parlait d'un autre plan sur lequel retourner. Le loup n'avait jamais connu que Portalia et ses alentours. Inutile donc de préciser que ce monde serait également son tombeau.
Mais il n'eut pas le temps de tergiverser d'avantage car le duel commença. Un immonde crapaud géant sortant d'une des cages, pour être attaqué par un combattant à l'épée longue
Malgré la foule en mouvement, l'hybride put contempler le talent de ce dernier, enviant sa musculature qui lui permettait de soulever son espadon massif.
Le loup se serait surement épuisé rien que pour le soulever.

L'acclamation de la foule manqua d'ailleurs de le faire défaillir tant son volume était important pour ses sens aiguisés, et il dut se couvrir les oreilles pour continuer sans souffrir d'acouphènes.
Mais ses yeux ne perdirent rien du spectacle. L'homme ouvrit en deux la créature dont les effluves putrides se répandirent sur le sable, qui commença à avaler goulument les fluides déversé, préservant les spectateurs d'une odeur trop nauséabonde.

-Et bien ! Il n'en aura fait qu'une bouchée !
J'ignorais qu'on pouvait manier une arme avec une telle célérité

Elim ignorait de toute façon beaucoup de choses sur le combat, son essence le prédisposant à une magie qu'il ne possédait pas.
Comme transporté par l'ambiance, il se leva lui aussi pour acclamer les combattants bien que ce soit avec les mains plaquées sur ses oreilles. Le calme revint bien rapidement, et le médecin regagna sa place, constatant que tout le monde faisait pareil.

-Et bien... Si je pouvais me battre aussi bien, je ne serais pas médecin.
Dites moi Emi, que faites vous dans l'église ? Vous faites partis de ces prêtresse dans les lieux de cultes ?

Même s'il était terrorisé par cette organisation, l'hybride tenait tout de même à en apprendre un peu plus sur cette dernière. Espérant qu'ils n'étaient pas aussi démoniaque qu'il le pensait.
Une seconde cage sortit du sable, abritant cette fois un cafard, plus gros que le loup n'en avait jamais vu, dont la carapace luisait sous les rayons du soleil.

-Oh...

S'exclama le loup qui avait l'impression d'être dans une sorte de zoo. Découvrant toujours de nouveaux monstres.
Cette fois ce fut un archer qui s'avança, brandissant un grand arc et une courte dague.
Il avait plus que hâte de voir ce que tout cela donnerait !

Le combat se termine donc rapidement. Il était sûr que les guerriers choisis pour ce spectacle n'était pas des plus faibles, mais de la à tuer la créature aussi vite...Je me souviens de mon combat dans le centre d'entraînement, et des différentes difficultés que j'ai pu rencontré. Je sais que tuer ce genre de bête est compliqué, j'applaudis donc avec les autres spectateurs, consciente de la puissance de l'homme.

- Avec le nombre d'année nécessaire, on peut manier toutes les armes possible comme si elle ne peser que le poids d'une orangine.

Donnez moi une dague, et je pourrais la faire danser tellement vite devant vos yeux que vous allez avoir l'impression qu'elle disparaît. Mais donner moi un arc ou une épée à deux mains, et vous allez avoir en face de vous la combattante la plus faible de tout le royaume. J'ai mis une dizaine d'année pour arriver à un tel niveau. Me retrouver ici sans une dague me semble étrange, je ne me sens pas complète.

- Ho ! Vous êtes médecin ? Est-ce pareille que des guérisseurs ? Vous devez tout de même souvent aller sur des zones de combat, non ?

Même s'il n'est pas rachitique, je l'imagine tout de même assez mal combattre contre des créatures énormes, ou même être au coeur d'un champ de bataille. Quand Elim me demande finalement ce que je fais pour l'Eglise de l'Ordre, je laisse flotter un petit silence avant de répondre. "Je suis dans la division qui assassine toutes personnes que l'église veut, sans poser de question. Je fais aussi de l'espionnage à mes heures perdues."

- Je suis principalement dans la cathédrale. Pour l'instant, j'apprend encore les coutumes de ce monde, et il me reste encore beaucoup de chose à assimiler. J'aide également des personnes a ne pas perdre espoir quant au fait qu'ils vont pouvoir revenir dans le monde d'origine. Car tout ceci aura une fin, et ils pourront tous revoir leur famille rapidement.

Le spectacle n'est pas encore terminée, et le deuxième combat commence tout juste. J'ai déjà vu cette créature, et je cris presque quand j'arrive à la reconnaître.

- UN CAFARD GÉANT ! Ho, excusez moi...c'est que je connais cette créature, j'ai déjà dû la combattre quand je suis allée au centre d'entraînement. Très rapide quand il faut fuir et avec une carapace robuste, je me demande comment l'archer va pouvoir la combattre...

Il va être difficile pour lui d'avoir son point faible de visu. Le retourner, à distance, donnera un spectacle dès plus fascinant. Mais au lieu d'utiliser tout de suite son arc, l'homme leva son bras en direction de la créature. Celle-ci se met alors à l'éviter à quelques centimètres du sol, ces petites pattes essayant tant bien que mal de retrouver la surface protectrice du sable.

Et puis maintenant, retourné comme une crêpe, son ventre en parfaite exposition, l'archer n'a plus qu'eu à décocher une flèche directement en plein centre de sa cible. Celle-ci, utilisant également de la magie, vient exploser dans un boum plus sonore que visuel. Une fois la fumée dissipée, il ne reste plus de cafard géant, simplement des dizaines de petits morceaux dispersés ici et là sur le terrain.

L'homme vainqueur lève son bras armée vers le ciel, sous les hurlements de joie de la foule. Je ne trouve pas que ce combat fut des plus beaux : utiliser son pouvoir au lieu de son talent, pour une si petite et faible créature...je trouve cela des plus méprisables. Pour une fois, je n'applaudis pas, et reste assise sur mon siège en pierre, visage fermé. Elim ne met pas longtemps à l'apercevoir.

- Je n'aime pas forcément ce genre de combat.

Deux combats finis, deux victoires pour les guerriers. Est-ce que cela va être de même pour le prochain ? Le temps de nettoyer le sol, le suivant viendra d'ici cinq à dix minutes. Largement le temps de recommencer à discuter avec Elim.

- Donc vous êtes médecin. Avez-vous votre propre bâtiment de soin ?

Un combat décevant. Oui, cela, Elim voulait bien le comprendre. La ou le guerrier d'avant avait ferrailler pendant quelques temps contre le crapaud, l'archer avait presque littéralement retourné la situation. Achevant le monstre d'une façon spectaculaire, bien qu'un peu excessive.
Sur bien des aspects, le spectacle n'était pas présent.
Mais tout cela n'avait pas d'importance car Emina se trouva bien vite pleine de questions. Auxquelles l'hybride tacha de répondre au mieux.

-Je ne sais pas vraiment ! A vrai dire médecin n'est qu'un titre que certains me donnent, certains me disent guérisseur...
Moi je dirais simplement que je soigne les gens, cela évite à des gens de vouloir me formater d'après leurs volontés

La guilde était de toute façon si diverse, que les gens ne parvenaient pas à s'accorder sur le sens même de la médecine. Trop de culture croyant détenir la vérité absolue.
Elim tachait simplement d'aider ceux qui en avaient besoin. Par des soins ou des conseils. Avec, ou sans diplômes.

-Et pour le moment je ne suis pas trop sortis. J'ai accompagné quelques personnes non loin des murs, mais sans vraiment être trop solicité.
Même si elle en manque la guilde ne peut pas envoyer n'importe qui loin dans les contrées sauvage. Et c'est tant mieux !

Dans les rangs de la guilde, le petit loup était relativement bas. Et ne comptait pas forcément sur une promotion rapide...
Hochant rapidement la tête à voir sa réaction, il se permit d'abonder dans le sens de la religieuse, à voix basse cela dit, pour ne pas gêner les autres spectateurs.

-Peut on appeler ça un combat au moins ? J'aurai tendance à penser qu'il faut que deux entités se fassent face. Pour cette fois, j'ai vu une exécution...

Et si dans la nature cela ne le dérangeait pas... Dans une arène, la chose était presque dommage. A peine dit, et la dragonne enchaina sur une autre question, ne lui laissant pas le temps d'en poser d'avantage

-Bâtiment... bâtiment... Le terme est un peu fort, mais j'ai une officine oui, pas vraiment ce à quoi on est habitué au centre ville. C'est une très vieille maison dont personne ne voulait dans les quartiers nord.
Je vous aurais bien proposé de la visiter, mais j'ai peur que cela ne soit pas vraiment à votre gout

Le soucis n'étant pas son appartenance à l'église, mais plutôt la réaction qu'avaient les gens en voyant sa petite clinique. Souvent médusé d'apprendre qu'on pouvait survivre en se faisant soigner dans une maison presque en ruine.
Se frottant l'arrière du crâne, il développa

-Le manque de moyens de certains endroit nous forcent à faire avec ce que l'on à. D'ailleurs, je suis là simplement parce qu'un patient n'avait rien d'autre à me proposer pour les soins.
Vous savez... on ne peut pas trop en demander aux gens là ou j'habite, ils arrivent à peine à survivre.

L'ironie de tout cela, c'était que le docteur n'était pas vraiment mieux loti que les autres, sa maisons étant surement la plus abimée de tout le district.

-Et vous ? Vous espérez ardemment retrouver votre monde d'origine ? Comment était il ?

L'idée d'en avoir une description un peu plus précise lui faisant oublier toute envie de regarder le massacre au centre de l'arène

Mes yeux s'assombrissent doucement, et je replonge dans mes souvenirs.

Je vois ma mère, sa chevelure blanche flottant doucement derrière elle quand elle étendait notre linge. Puis ma jeune soeur, qui courait dans tous les sens, ses mains remplies d'orangine, de poirette et de pommain. Le ciel n'était pas des plus beaux, la température pas des plus hautes, mais cela nous suffisait largement. nous étions toujours heureuses, et même si certains passages de notre vie furent plus noirs que d'autres, nous avons toujours réussi à survivre toutes les trois.

La pause fut terminée, et le troisième combat commence. Mais je reste assise, alors que tous les autres spectateurs se lèvent pour acclamer leur champion. Mes souvenirs se disputent dans ma tête, tous voulant être plus fort que les autres. Les jours de marché, les promenades en forêt, la pêche dans la rivière Swan. Même les assassinats ou les menaces sont de bons souvenirs, car j'avais toujours le droit à une boisson sucrée à base de plante de citraille et d'herbe parfumée.

- Je n'ai jamais voyagé. Je suis toujours restée dans mon village, entouré de forêt.

Ma voix à peut-être dû mal à arriver jusqu'à lui, mais plongée comme ça dans mon passé, je ne peux que fixer le sol. Je me rappelle petit à petit de tout ce que j'ai pu laissé de côté pendant ce mois et demi : la d'enture du sol sous mes pieds nus, l'odeur âcre des murs quand ils venaient d'être nettoyés. Celle, plus douce et plus alléchante, de la viande cuisant doucement sur le feu.

- Il était....il est magnifique.

Sans le regarder, je sais que l'homme aux oreilles de loup veut un peu plus de détail. Il est fort intéressant et plaisant de voir un parfait inconnu vouloir en apprendre plus sur mon monde. Je souris légèrement et continue mon récit.

- Mon village s'appelle Nuire. Il est a proximité de rien de bien imposant, comme Portalia. Avec d'autres villages aux alentours, nous formons une petite communauté qui s'aide en cas d'attaque, même si c'est assez rare.
"Nous vivons principalement de pêche, de chasse et de cueillette. Nous préparons tout ça pour ensuite les vendent pendant des marchés, ou quand certains d'entres nous partaient en longue expédition pour rejoindre de plus grand village ou ville.
"Ma famille, elle, n'est pas de ce genre. Nous avons ouvert une auberge, pour les habitants comme pour les voyageurs. Une grande pièce pour festoyer, cinq chambres pour y dormir. "

Je m'arrête là. Lui racontait la suite, de comment j'ai fini comme ça, experte en dague, ne lui sera d'aucune utilité. Même, je ne verrai plus que sa gentillesse comme un signe de compassion. Et ce n'est clairement pas de la compassion que je veux avoir de ce père abject et insignifiant.

- Comparé à mon village, j'ai l'impression que tout va me tomber sur la tête, ici !

Je rigole doucement. A peine mon histoire terminée, que le troisième combat fut de même. Je n'ai même pas pris le temps de regarder si c'était un de nos champions ! Mais quand je vois sa silhouette sortir de l'arène, grande et blonde, je me rassure un peu.

- Bien, nous n'avons pas raté nos combattants. Pouvez-vous me dire d'où vous venez ? J'aimerai également entendre vos récits et histoires.

A entendre la demoiselle, son monde d'origine avait tout de paradisiaque. Et il voulait bien comprendre sa nostalgie en l'entendant parler.
L'endroit paraissait bien plus paisible que Portalia, sans roi du chaos ou créatures à même de vouloir vous tuer. Et si elle parlait d'attaque, Emi stipulait aussi qu'elles étaient rares. Laissant à penser que la paix y reignait la plupart du temps.
Soupirant Elim compara cet endroit à son propre monde. Il n'était nul besoin d'en faire le récit. Envahit par des divinités qui en affrontaient d'autre, et pris à la gorge par des groupes semblant vouloir exploiter les plus démunis...

-Vous en parlez d'une telle façon... Cela me donnerait presque l'envie d'aller le voir de mes propres yeux. Si l'on pouvait...

Justement, Portalia attirait les gens, mais n'offrait pas de portes de retour, laissant aux nombreux arrivant un gout amer quant à leur place. Leur patrie était-elle tombée en ruine depuis ? Ou bien le temps c'était il figé ?
Beaucoup peinaient à se remettre de se traumatisme, et certains ne s'en remettaient jamais, dépérissant dans les quartiers nord, jusqu'à ne devenir que des spectres survivant avec le peu qu'ils pouvaient obtenir.
La gloire affichée par l'ordre n'était que pour les aventuriers et les membres de l'église. Les autres étaient souvent les grands oubliés

La foule répéta sa danse une nouvelle fois, dans l'indifférence du duo qui continua à discuter. Oubliant leurs champions ou bien même les créatures qui gisaient mortes dans le sable de l'arène.
Les oreilles du loup se baissèrent en réaction à la question de la demoiselle. Se sentant bien idiot à présenter un monde dans lequel elle vivait depuis quelques temps.

-Je n'ai malheureusement pas grand chose à vous dire sur monde...
Vous y vivez actuellement

Sa voix se fit plus basse alors que ses yeux plongeaient vers le sol. Comment dire à un membre de l'église que la société qu'ils avaient crée plus d'inégalité qu'autre chose ?
Difficile, très difficile

-Je suis né ici, de parent qui l'étaient aussi. Et ainsi de suite sur bien des générations. Alors je ne peux pas vraiment dire que ce monde est mieux ou moins bien que là d'où je viens.
Je n'ai toujours connu que Portalia, ses hauts murs censés nous protéger des monstres, les champs en périphéries du centre ville et plus récemment les quartiers nord.

Même si récemment voulait dire plusieurs années. Sa famille avait toujours orbitée non loin de cet endroit, trop pauvre pour y habiter, mais trop riche pour vivre dans la rue.
La vie n'y avait pas pour autant été rude. Quand on n'avait connu que cela, on ne pouvait pas vraiment comparer.

-Mais une question me taraude. Que pensez vous de ce monde au juste ? J'ai mes propres idées, mais j'avoue qu'avoir les impressions d'une nouvelle arrivante serait intéressant.
Je pourrais vous dire que ce monde est merveilleux ou horrible, mais je n'aurais rien pour le comparer...

Un paradis ou un enfer ?
Même s'il était difficile de se faire une idée quand on était coincé entre les murs de la citée forteresse, avec pour seuls récits ceux qui provenaient des aventuriers

- Restez dans mon village aurait été plus appréciable que d'arriver ici.

La phrase ne se voulait pas sèche ou accusatrice. C'était simplement ma façon de penser, et mon sentiment intérieur. A l'inverse d'Elim, Hyedaelyn n'est pas envahi tous les jours par des voyageurs venus d'autres mondes. Je ne connaissais que celui-ci, et pensais véritablement être seule. Comment aurais-je pu imaginer qu'il existait une infinité d'autre monde ? Restée dans le déni aurait pû être préférable...

Mon avis sur le monde de Portalia ? Dis-je vraiment un avis ?

- Regardez. N'est-ce pas la championne que vous avez choisi ?

La diversion est parfaite. Différents points m'empêche de clairement répondre à la question.

Le premier, et un des plus importants, c'est que cela ne fait pas depuis bien longtemps que je suis arrivée. Donner un avis tout de suite n'est clairement pas une bonne idée. Il ne sera pas judicieux de s'exprimer maintenant. A part faire part de mes regrets d'avoir était enlevé, faite prisonnière contre mon grès, et d'insulter toutes ces personnes hauts placées qui ont fait que nous en somme arrivé là...

Le deuxième point, extrême lié au premier, est le fait que je suis toujours attaché à ma terre d'origine. Je nourris toujours le grand espoir de pouvoir y retourner. Je donnerai tout ce que je possède, je tuerai toutes les personnes qu'il le faudra si je peux ne serait-ce qu'une seule fois revoir ma famille. Ma mère me manque. Ma soeur me manque. Même de repenser aux ivrognes habituels de l'auberge me donne un pincement au coeur. Je les revoir encore rouler un nombre incalculable de fois sous les tables, à rigoler et à essayer de pincer les fesses de ma jeune soeur.

La seule chose que je pourrais dire sur le monde d'Elim, c'est qu'il n'arrivera jamais à la cheville du mien, dans mon coeur. Car c'est le sien. Je ne suis qu'ici seulement comme une étrangère, et je ne veux clairement pas changer cette situation.

Comme dit, donc, l'apparition de la championne choisie par Elim était la bienvenue. Celle-ci est toujours armée d'un filet et d'une arme très longue ressemblant à une lance, mais avec trois piques à la fin. C'est la première fois que je vois ce type d'arme, et je ne savais pas qu'on pouvait se battre avec un filet de pêche. Enfin si : j'ai dû l'utiliser une fois quand une cible avait réussi à me désarmer. Mais c'était exceptionnelle, et je ne pensais pas qu'on pouvait l'utiliser de façon permanente.

La créature en face d'elle se tient sur deux membres, et semble à peut près de la même taille. Assez compliqué à voir avec la distance, surtout qu'elle à l'air de se tenir voutée. Sa peau verte a l'air d'être similaire à certains Aor'as que je connais : des écailles. Mais contrairement à eux, celles-ci recouvrent l'intégralité de son corps, et sont principalement de couleur verte, vert foncé. Cette créature semble plus dangereuse que les quatre autres, mais tout de même pas au point de mettre en danger les spectateurs et les habitants.

- Qu'en pensez-vous ? Va-t-elle gagner facilement ?

Le retour de la championne d'Elim était presque passé inaperçu, et il avait fallut l'intervention d'Emina pour lui rappeler qu'il avait choisit un combattant.
Cette dernière se tenait fièrement sur le sable de l'arène, trident et filet en main. A n'en pas douter une combattante expérimentée. Le trident tournoya quelques fois de façon experte avant de s'abaisser vers l'animal qui s'extirpait de la cage.
Plus grande qu'un humain, cette dernière était couverte d'écaille d'un vert forestier qui laissait facilement entrevoir la zone ou habitait ce monstre. Etrangement, Elim se mit à prier pour ne pas en croiser de si tôt. Au vu de son physique et de son expérience, il n'était pas à douter que cette bestiole le réduirait en hybride haché.

-Facilement je ne sais pas ! Mais si cette créature est là, c'est qu'elle est de son niveau, ou en dessous, je ne pense pas qu'ils s'amusent à envoyer des combattant à la mort.
Mais je dois dire qu'à se place je n'en mènerait pas large

Déjà que pour un humain, l'hybride était petit, mais par rapport à ça ?
La demoiselle cela dit ne se laissa pas impressionner et s'élança dans la direction du Huntral, esquivant habillement un coup de griffe, roulant au sol en dardant sa lance dans la direction du monstre, ouvrant son flanc comme s'il n'avait été couvert que de papier.
Un cris emplit le colisée alors que le monstre réagissait à l'attaque en s'élançant à l'attaque, sa gueule claquant à quelques centimètre du bras de la gladiatrice qui l'esquiva sans soucis avant d'abattre le plat de sa lame contre son visage fracturant l'os.

Un coup de griffe manqua la jambe de l'aventurière qui décolla presque du sol, laissant son filet tomber sur la créature. Ce dernier au lieu de flotter doucement dans les airs, tomba comme une pierre, entrainant la créature avec lui.
La foule exulta alors que l'hybride s'exclamait

-Un filet enchanté !

Les armes de ce type n'étaient pas rare, mais si couteuses que seuls les plus accomplis des aventuriers pouvaient s'en offrir. Quelque chose qu'il n'espérait pas avoir de si tôt.
Pour le reste, le monstre tenta de se dégager sans succès, ses griffes ne parvenant même pas à soulever un pan du piège qui le laissait à la merci de la prédatrice.
Le trident s'enfonça en plein dans son dos, ressortant par son torse avec quelques gouttes de sang. Il fallut trois essais pour trouver le cœur du Huntral qui finit par expirer en retombant au sol, cette fois mort.

-Et bien ! Je n'y aurai pas cru ! Les aventuriers de rang élevés sont vraiment très impressionnant !
J'aimerai pouvoir un jour me tenir dans cette arène avec autant d'assurance.

Les membres du colisée ramenaient déjà le cadavre, un autre combattant s'avançant au centre de l'arène, cette fois celui d'Emina

-Oh et bien, il s'agit du votre maintenant

Répondant à son invocation, une cage apparut laissant voir une créature de la couleur du sable de l'arène qui s'extirpa de cette dernière avec agilité.
Ressemblant à un gros caméléon, le loup le désigna du doigt avant de dire

-Un Cuiraléon, vous pensez que ça ira ?

Encore de la magie... A croire que les guerriers de ce monde ne savent pas batailler sans. Le combat fut jolie, je ne vais pas dire le contraire. Mais le filet était sans nul doute de trop : la femme aurait facilement réussi à battre la créature avec simplement un filet normal. Mais on dirait qu'entre le frisson du combat et de la mort et celui de faire vibrer les coeurs des spectateur, le choix n'était pas vraiment un.

La main sous le menton, le regard vide, je ne regarde pas Elim quand je lui répond.

- C'était couru d'avance, si vous voulez mon avis.

La femme pêcheuse sort, le cadavre de sa créature sur ces pas. Elle est rapidement remplacé par le champion que j'ai désigné quelques instants plus tôt. Instants ? Non, cela va bien faire une bonne heure que nous sommes ici. Il faudra en compter une autre pour finir le tour de tous les guerriers.

La créature qui fait face à Jack est inconnu pour moi, mais on dirait que, malgré le fait que le guérisseur se dise inculte par rapport au bestiaire de son monde, il l'a connait bien.

- Me voilà quelque peu surprise de vous voir citer le nom de cette créature. L'avez-vous déjà affronté ?

Ne se disait-il pas faire partie des personnes qui ne veulent pas combattre ? Ou bien ai-je mal compris, est il fait partie des force armées de Portalia. Une chose est sûr, cependant : je ne quitte pas l'arène du regard. Autour de nous, j'entend les voix des spectateurs s'élever. Le guerrier Jack n'est clairement pas le favoris de ces jeux. Sa petit taille, la finesse de son corps, l'absence de muscles visibles. Tout cela simplement parce qu'il ne représente pas les préjugés du guerrier ultime, personne ne l'encourage. S'ils savaient ce que ce genre de personne avec un physique pareille peuvent faire...

La créature en face de lui ne paye pas de mine également. Elle semble aussi terrifiante que la précédente. Sa peau à l'air aussi robuste que de la pierre, mais cela doit sans nul doute être simplement visuel. Le gong du début du combat se fait entendre, mais aucun des deux combattants ne bougent. Ils se fixent en continue, se tournent autour. Le combattant fait tourner son seule arme : une dague, dans sa main gauche. Celle-ci tourne de façon artistique autour de son poignet. Beaucoup pense que c'est simplement pour se donner un air, alors qu'au contraire, cela permet de la reprendre convenablement en main, d'assurer sa prise sur la poignet.

Et puis, comparé aux autres combats précédents, c'est le monstre qui fait le premier pas. Tout se passe rapidement : Jack fait une feinte sur le côté, mais la créature a perçu son mouvement et lance son bras dans sa direction, qui atterris dans son abdomen. L'homme roule sur le côté, mais ne baisse pas les bras. Les tentatives pleuvent dans tous les sens, mais aucuns de celle du combattant n'arrive à toucher, alors que celles de l'adversaire font mouche une fois sur deux.

Au bout d'à peine deux minutes, le champion Jack est à terre, couvert d'un mélange de sable et de sang. Il ne bouge plus, et il faut l'intervention de soldats pour tuer la créature et mettre le corps à l'abri. Penchez au dessus de la tête des spectateurs devant moi, je me rend compte que moi aussi, j'ai fait preuve de préjugé. De part mon expérience, je le pensais fort et rapide.

-  Pensez-vous qu'il va survivre ?

Amusé, l'hybride releva la remarque de son amie, lui répondant avec un air entendu.

-Affronté... Pas personnellement, mais j'ai souvent accompagné des groupes d'aventuriers avant de m'installer comme médecin. Celle là était celle que j'ai vu de plus près. C'est-à-dire à une centaine de mètres.
C'est après l'avoir vaincu qu'ils m'en ont parlé.

Techniquement, il ne l'avait pas affronté, loin de là. Mais l'étude de son cadavre lui avait prouvé que sous ses apparences de gros lézard bipède, ce monstre avait quelques qualités physiques.
Et comme pour le lui prouver, ce dernier vainquit l'aventurier. Le duel avait été relativement long, et même si le champion avait essayé tant bien que mal d'en venir à bout... Cela n'avait pas suffi. Preuve que même avec beaucoup de volonté, on ne pouvait pas arriver à tout.
Observant le tragique spectacle, Elim eut l'envie de se lever pour porter secours au combattant. D'aussi loin, il était difficile de jauger de l'état de ce dernier. Mais son corps était intact, et le Colisée devait avoir quelques médecins spécialisés pour ces cas.

-Il y a de bonnes chances oui ! L'endroit doit avoir plein de soigneurs, ça ne doit pas être la première fois.
Et la créature ne devait pas être empoisonnée. Cela servira d'entraînement à celui qui est tombé. Il n'est pas pour autant un mauvais combattant, le monstre était juste plus compétent, cette fois.


Et les affrontements se succédèrent. Certains furent vaincus, d'autres gagnèrent haut la main. Étonnement, il n'y eut aucun match trop serré, comme si les adversaires étaient à chaque fois d'un niveau bien différent.
Mais la foule hurlait à chaque fois, peut inquiète de savoir qui était le vainqueur et qui était le vaincu. Le spectacle devait continuer. Que le sang coule du côté du chaos, ou celui des héros chargés de le vaincre

-Je vous laisse choisir un autre champion ? Maintenant, que vous avez vu leurs forces et leur faiblesse, il serait de bon aloi de vous permettre de recommencer.
Et puis... Il serait dommage de se morfondre alors que la représentation continue, il y a encore quelques duels à voir.


Brièvement, le loup se demanda si un jour viendrait où, lui aussi, il serait derrière les portes de l'arène. A attendre la venue d'un monstre pour tenter de le vaincre devant des milliers d'yeux avides.
Probablement jamais... Il n'était pas un combattant, la nature lui ayant refusé ce genre de prestige.

-J'imagine que vous ne comptez pas tenter votre chance un jour ?

Après tout, il ne savait pas si l'église encourageait ce genre de divertissement. Peut-être que pour les membres de l'ordre, il était interdit de descendre sur le sable.
Cela ne les empêchait pas cela dit de frapper les pauvres de quartier nord. Mais parfois, les voix des dieux étaient impénétrables. C'était tout du moins ce qu'on lui avait dit au dernier incident du genre.

Choisir un autre champion...c'est bien dommage, j'étais sûr que l'ancien était quelqu'un de fort, qui aurait pu gagner facilement tous ces combats. Mais vu comment il s'est aplati quelques instants plus tôt, il en va de sûr que je ne suis pas douée pour choisir les champions.

-  Je vais passer mon tour pour cette fois-ci. Je vais plutôt applaudir tous les guerriers.

Les spectateurs se lèvent les uns après les autres, mais nous restons tous les deux en place pour continuer notre conversation. Entrer dans cette arène, mais en tant que combattante...non, très peu pour moi. Je suis une "guerrière" de l'ombre : un combat tel que celui-là, en plein jour et devant autant de spectateur, non merci. Même sans les yeux rivés sur moi, je ne suis pas le genre de personne aimant être au devant des combats, et récolter les lauriers.

-  Jamais de la vie. Mon objectif est de rentrer chez moi le plus rapidement possible, pas de mourir sous le regard admiratif de centaine d'inconnus. Il en va de même pour vous, non ?

Nous continuons notre conversation pendant encore dix bonnes minutes. Les derniers spectateurs sortent de l'arène : le colisée n'a pas encore sa représentation, mais un moment de répit pour se restaurer et pour remettre le terrain d'aplomb est nécessaire.

Je me lève et époussète ma tenue. Assister à autant de représentation sur du sable volatil m'a couverte d'une fine pellicule. Mon ventre commençait un peu à crier famine. Quelle heure est-il, en plus ? Je me retourne finalement vers Elim, un sourire sur les lèvres.

-  Vous avez pas un petit creux, vous ?

Je ne connais pas les environs, c'est la première fois que je m'aventure aussi loin de la cathédrale. Mais de ce que j'ai pu apprendre sur Elim pendant cette matinée, c'est qu'il vient du quartier nord. Il a peut être de très bonnes adresses à me conseiller ! Goûter les spécialités locales pourraient être intéressante, même si je suis sûr que rien ne pourra surpasser le magret de canard que me fais ma mère, souvent après une grosse journée de travail. Je me retrouve à repenser à ce plat divin, et mon ventre fait encore plus de bruit.

D'un commun d'accord, nous sortons du colisée. Les rues ne sont pas noir de monde, et une délicieuse odeur de nourriture commence à arriver dans mes narines. Oui, manger quelque chose de bon, de chaud, de revigorant. Je talonne Elim, quelques pas derrière lui.

-  Vous avez donc toujours vécu dans les quartiers nords, c'est ça ? Vos parents et frères et soeurs sont encore avec vous ?