Veiller l'un sur l'autre - Grisley et Evelyne

Evelyne attendait avec impatience l’arrivée de Grisley, postée devant la porte du centre d’entrainement, tripotant nerveusement ses doigts, baladant son regard çà et là à la recherche de son ami.
Au fond d’elle, elle se sentait profondément angoissée de le revoir et elle ne savait honnêtement pas pourquoi. Il ne lui avait pourtant pas fait de mal ou quoi que ce soit qui aurait pu y ressembler, mais c’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait pas empêcher cette émotion de prendre le contrôle de son être tout entier.
Le lendemain de son arrivée en Portalia, il avait consacré un peu de son temps pour lui faire davantage visiter la ville, puis il avait dû s’absenter et elle en avait alors profité pour découvrir Portalia par elle-même, par ses propres moyens. Le jour d’après, elle s’était rendue au centre d’entrainement avec Tera, la géante, et elle avait pu découvrir les créatures qui s’y terraient avant de les combattre afin d’élargir ses connaissances à leur sujet.
Et désormais, elle était là, en train d’attendre son partenaire d’entraînement pour l’après-midi. Elle espérait qu’il serait indulgent envers elle… Mais elle espérait aussi, d’un autre côté, qu’il saurait se montrer exigeant quand il le faudrait, afin qu’elle puisse progresser convenablement.
Toujours en train de patienter, elle contrôla à plusieurs reprises qu’elle n’ait pas oublié son arme, elle remit ses vêtements en place, même s’ils l’étaient déjà, puis, fatiguée par cette angoisse qui grandissait en elle et qui commençait presque à la faire trembler, la jeune tieffeline décida de s’adosser à l’un des murs qui délimitaient le centre d’entrainement et de prendre une grande inspiration pour se concentrer sur la situation. Tout se passerait bien.
Elle finit par relever ses yeux clairs devant elle et elle l’aperçut, à quelques mètres d’elle, en train d’avancer dans sa direction. Elle se redressa alors et lui offrit un léger sourire qu’elle ne parvint pas à contrôler, tandis que cette sensation étrange reprenait possession de son cœur et de son corps tout entier. Chose bien curieuse : l’angoisse qui l’avait submergée quelques minutes auparavant s’était complètement évaporée, laissant place à un important sentiment de joie et d’embrasement qui ressemblait, en quelques points, à la crainte qu’elle avait ressentie jusqu’ici.

-Bonjour, Grisley. J’espère que vous allez bien !

Elle avait en effet un peu de mal à contenir son enjouement, mais c’était malheureusement plus fort qu’elle. Elle décida alors de joindre ses mains dans son dos et de les serrer assez fort, comme pour centrer son attention sur le fait qu’ils allaient devoir combattre des créatures, et non pas passer leur après-midi à siroter du thé et à savourer des biscuits… L’autre jour, avec Tera, elle avait eu de la chance, mais ce ne serait peut-être pas le cas cette fois-ci.
D’ailleurs, elle tenta de se remémorer chaque conseil de la géante, chaque explication qu’elle avait pu lui transmettre par rapport aux diverses créatures qu’il était possible de rencontrer sur le terrain d’entrainement, afin de ne pas se ridiculiser devant Grisley et de lui montrer qu’elle était capable de se battre convenablement.
Attendant une réponse de sa part, elle restait souriante, tripotant toujours ses doigts dans son dos malgré elle…

J'ai eu du mal à m'y mettre, je n'arrivais pas à me décider sur les vêtements que je mettrais pour rejoindre Evelyne aujourd'hui.. Aaah Evelyne, quel nom magnifique, il arrive à lui seul à me chambouler de tout mon être car je repense à elle, à son visage, à son ton de voix, à tout ce que j'aime d'elle, à tout.
Quel trivialité que de m'attarder sur les vêtements que je vais mettre alors que je possède un total de trois habits entier différents à tout casser. Je dois vraiment arrêter d'hésiter car je vais être en retard et ce serait affreux de l'être pour ma douce nivéale. Je l'appelle ainsi à cause du froid qu'elle ressentait quand je l'ai rencontrée, un belle fleur seul et perdue dans ce nouveau monde, je n'ai pas pu m'empêcher de la tenir au chaud du mieux que je le pouvais. Quelle jolie rencontre ça avait été, j'en eu presque des rêves éveillés.
Je me résigne finalement à prendre mes vêtements le plus habituels et propre que je portais souvent lors de mes missions d'assassinats auparavant, ils sont optimisés pour le combat et les longues marches dans les climats les plus inhospitaliers.

En me rendant vers la tour de la guilde je m'arrête un moment sur mon chemin pour acheter un petit bouquet de fleurs, j'espère qu'elle l'appréciera. J'ai peur qu'elle le trouve nul malgré son allure des plus parfaite. Le bouquet est constitué de violettes simple mais élégantes et de tulipes d'un blanc éclatant qui dégrade dans un saignement de rouge rosé, puis vermeil.
Je ressens un stress à la simple idée de lui acheter des fleurs, je n'ai donc pas pu me débarrasser de mes sentiments envahissant d'amour pour elle? J'ai pourtant garder mes distances pendant le temps que je jugeais suffisant. Serait-ce que l'amour ne connait pas de limite à sa patience?
Maudit soit-il que je n'ai jamais été si proche de l'humanité en y étant si coupé.

J'arrive enfin au seuil du centre d'entrainement, j'entre dans un nouveau tourbillon de bon malaise, elle est là.
Seule, délicate, comme je me la rappelai, non mieux encore.
Je reste là un moment sans rien dire, troublé encore une fois par ma propre faiblesse. Elle m'aperçut enfin, je me senti comme une goutte de sang qui vient tragiquement entaché une robe blanche, pure et immaculée. Elle semble contente de me voir, je m'aperçois alors que j'ai le bouquet de fleurs dans le dos par instinct, j'ai peur de savoir sa réaction, ridicule. Qui pourrait se fâcher de recevoir des fleurs? Mais j'ai peur, peur qu'elle ne les trouve pas à sa hauteur, peur qu'elle me dise qu'elle ne ressent rien pour moi que que l'acte est déplacé.

-Bonjour, Grisley. J’espère que vous allez bien !

Elle vient de dire mon nom, c'est une chose normale, simple qui a pourtant tant d'effet sur moi. Je vois cependant qu'elle semble aussi un peu nerveuse, je décide donc de dévoiler les fleurs et je tâche d'avoir l'air assuré amplement pour nous couvrir les deux.

- Je vais bien et j'espère que ceci vous plaira! Je les ai ramassé à un petit stand ce matin même. Vous avez bien dormi? Aujourd'hui va demander toute votre attention si vous ne voulez pas vous blesser.. ou pire.

Je ne mâchais pas mes mots et ça aurait pu sembler comme un avertissement lugubre, mais je savais bien à quel point l'extérieur de Portalia pouvait être inhospitalier. Mais le centre d'entraînement qui recueillait des créatures du Chaos, n'y échappait pas du tout. Il fallait être à son meilleur pour y aller en tant que recrue.

Attendant une réponse ou une réaction de sa part, la jeune tieffeline se sentit une nouvelle fois quelque peu troublée et désarçonnée par la situation... Elle avait effectivement oublié à quel point il pouvait être difficile de déceler les émotions de Grisley à cause de son masque qui camouflait parfaitement son visage et, par conséquent, les signaux et preuves des émotions qu’il pouvait ressentir. Son masque qui, soit dit en passant, semblait avoir changé. En effet, la dernière fois qu’elle l’avait côtoyé, il s’agissait surtout de simples bandes de tissu qui couvraient son visage. Evelyne remarqua aussi que ses vêtements avaient changé eux aussi et qu’il avait troqué son chapeau contre une capuche. Un nouveau look, bien que toujours aussi mystérieux ? Il lui allait à ravir en tout cas !
Pourtant, le sourire de la jeune femme s’estompa peu à peu, tandis que le silence qui s’était brièvement installé suite à sa question semblait s’étirer encore et encore avant qu’il ne réponde. Avait-elle été trop enthousiaste et pas assez sérieuse à son goût ? S’était-elle créée de fausses idées concernant ce que Grisley pouvait ressentir envers elle ? S’était-elle trop emballée, trop rapidement ? L’avait-elle d’ailleurs dérangé en lui demandant de venir au centre d’entraînement avec elle ?
Une vague de questions déstabilisantes commença à l’assaillir et elle eut soudainement envie d’aller se terrer dans un coin pour fuir ce sentiment de honte qui l’envahissait peu à peu. C’était plus fort qu’elle. Elle craignait tellement d’être maladroite, de ne pas avoir les bons mots, les bonnes réactions aux bons moments. Il lui restait encore tellement à apprendre pour s’intégrer correctement dans la société et adopter les manières de Portalia et de la vie en société de manière générale.
Pourtant... Il se produisit une chose à laquelle la jeune tieffeline ne s’attendait pas du tout : un magnifique bouquet de fleurs surgit de derrière le dos de son ami. Un mélange de couleurs douces et chaudes. Comme les mains de Grisley qu’elle avait effleurées lors de son arrivée à Portalia, quelques jours plus tôt.
Les yeux de la tieffeline s’écarquillèrent avant de se planter sur le masque de son ami, tandis que ses lèvres s’étaient entrouvertes, incapables pourtant d’articuler le moindre mot. Elle ne s’était même pas rendu compte du fait que ses joues s’étaient embrasées, rendant sa peau rosée et légèrement brillante.
C’était agréable et touchant de recevoir quelque chose d’aussi beau, d’aussi personnel. Jamais personne ne lui avait fait un tel geste, jamais elle n’avait été aussi émue de recevoir un présent.
Elle tendit alors lentement ses mains vers celles de Grisley pour saisir délicatement le bouquet, presque de peur de le briser, et elle en huma le parfum enivrant avant de soupirer doucement, tandis que ses lèvres s’étiraient à nouveau en un léger sourire. Son regard lilial remonta sur le masque de son ami et elle écouta ses paroles. Elle l’écouta cette fois-ci presque distraitement pourtant, se disant qu’elle ne s’était pas trompée sur les sentiments qu’il semblait ressentir à son égard, sur le fait qu’il devait l’apprécier. Enfin, c’était le cas, lorsque l’on offrait quelque chose d’aussi beau à quelqu’un, pas vrai ?
Pourtant, la fin de la réplique de Grisley la fit revenir un peu sur terre. Oui, l’entraînement... Evelyne dut se rappeler qu’il ne s’agissait effectivement toujours pas d’un après-midi thé...
Elle se contenta alors d’acquiescer avant de répondre de sa voix satinée :

-Elles sont vraiment magnifiques, merci infiniment.

Comme une envie de réduire la distance qui les séparait pour le serrer dans ses bras afin de le remercier ? Evelyne ne savait pas d’où elle sortait une telle idée, mais elle avait envie de lui dire merci de cette manière. Pourtant, elle n’était pas certaine qu’un tel geste plairait vraiment à Grisley. Elle s’y résigna alors et reprit :

-J’ai bien pu me reposer, merci. Et je me sens d’attaque.

Elle se souvenait encore de sa première fois au centre d’entraînement... Elle avait eu peur, elle redoutait les monstres qui s’y trouvaient, elle avait craint de ne pas être en mesure d’en venir à bout, de ne pas être à la hauteur. Et pourtant, elle en avait combattu bien plus qu’elle n’avait pu imaginer. Par conséquent, Evelyne avait pu gagner un peu plus confiance en elle et, grâce aux précieux conseils de la géante, elle avait aussi pu améliorer son style de combat.
Caressant une feuille du bouquet du bout des doigts, elle se rendit compte qu’elle n’avait rien apporté à son ami. Et cela la gêna beaucoup. Ses méninges tournant à toute vitesse, elle finit par avoir une idée... Peut-être complètement ridicule, mais c’était la seule idée qui lui était venue aussi vite à l’esprit.
Après avoir déposé doucement le bouquet sur un rebord derrière elle, Evelyne monta ses mains à sa nuque et y détacha la chaînette qui lui servait de collier. Elle s’approcha ensuite de Grisley et, d’un geste doux et élégant, vint soigneusement crocher le bijou autour du cou de celui-ci avant de lui dévoiler le pendentif : une pierre à la forme allongée, dont la couleur pâle offrait des reflets en majorité bleutés et dorés en fonction de la luminosité.
Heureuse d’avoir pu lui faire don de quelque chose à son tour, elle lui offrit cette fois-ci un sourire plus intense, avant de se reculer d’un pas, sans pour autant le lâcher du regard.

-Désolée... C’est moins impressionnant que le bouquet que vous m’avez offert... Mais c’est un porte-bonheur. Je l’ai taillé il y a quelques années en arrière.

Ne souhaitant pas en dire plus, car sentant un sentiment de gêne monter doucement en elle, elle détourna un peu le regard et s’empressa d’ajouter :

-On devrait peut-être y aller... Je vais laisser le bouquet par-là, à l’abri des regards. Je ne voudrais surtout pas l’abimer dans le centre d’entrainement.

Elle s’abaissa alors rapidement pour le cacher un peu, puis elle se releva et rejoignit Grisley dont le cou était désormais orné par son pendentif rayonnant. Un porte-bonheur. Un... Gri-gri. A cette pensée amusante, Evelyne ne put s’empêcher de penser que Grisley était, en quelques sortes, son propre porte-bonheur. Et, sans même s’en rendre compte, elle avait à nouveau adopté un regard perdu dans le vide, empli de béatitude, de plénitude, et... d’amour pour Grisley.

Elle a l'air assurée, elle est brave, ou alors elle y est déjà allé. Espérons que c'est la deuxième option plutôt que la première car la bravoure n'est jamais bien loin de la stupidité lorsqu'elle n'est pas accompagnée de l'expérience. Je ne pense pas qu'Evelyne ne fasse preuve de courage sans y avoir déjà mis les pieds avant.
Elle m'assure qu'elle est bien reposée et parée à combattre les sbires du chaos, heureusement car ça ne risque pas d'être de la tarte tout ça, je me souviens encore avoir failli y laisser ma vie il n'y a pas très longtemps de cela, deux semaines tout au plus.
Je suis donc un peu rassuré par l'idée de ne pas être le premier à devoir l'amener dans le centre d'entraînement, du moins je suis rassuré de le penser. La pression me faisait presque physiquement mal depuis notre première rencontre quand j'ai commis la sottise de déblatérer une telle promesse, chose que je ne soupçonnais pas possible avant de connaître un sentiment si fort, couplé d'une attraction irrévocable.

  - Excellent, je n'en attendais pas moins de vous madame. Vous m'avez l'air très intelligente, capable et ressourcée, j'en déduis par votre façade que vous avez déjà posé les pieds dans le centre et que vous y avez déjà réduit la population de monstres ?

Puis elle semble un peu perdue, elle cherche quelque chose on dirait, elle est dans ses pensées. Son embarras vient me toucher, elle n'aimerait pas mon cadeau ? Mon geste d'affection ? La panique me reprends et je chercher aussi. Ça y est, j'ai fait erreur sur la nature de notre relation florissante.
Pire encore, j'ai peut-être bien ruiné notre romance, notre tendresse. J'ai peur. Peur parce qu'ici, c'est moi qui n'a aucune expérience et je suis loin d'être stupide. Je suis sur le point de me précipiter dans des explications éloquentes pour me sortir d'affaire mais elle vient près de moi.
Je ne peux pas l'empêcher même si je pense qu'elle va me chuchoter un refus, mais en fait elle attache un collier à mon cou couvert d'écorce.
C'est un cadeau, son vieux porte bonheur. Elle dit qu'il n'est pas aussi impressionnant mais moi je suis bouche bée, je l'observe un peu et je suis infiniment heureux, mon cœur veut crier de joie. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si je m'étais vraiment tromper, je me serais possiblement enfuit à l'instant dans une gêne immense.
Comment exprimer mon sentiment actuel, je ne sais pas exactement mais je peux essayer. Je dois mettre des mots sur le symbole que représente ce cadeau à mes yeux. Je dois le faire pour elle, la pauvre doit tellement se demander ce que j'en pense, non ?
Je prends une seconde ou deux pour mieux l'observer en le levant près de mes yeux avec attention. C'est une chaînette terminée d'une pierre tantôt bleutée, tantôt dorée qui vient changer avec le jeu de la lumière sur elle.

  - Je.. C'est un cadeau incroyable Eve,  je n'ai pas vraiment les mots. J'en prendrais soin aussi longtemps que mon cœur se rappellera de vous, pour toujours et encore plus longtemps. Je suis seulement triste quant à l'éphémérité des fleurs que je vous ai offert. Votre cadeau est bien plus personnel et important. Vous m'éblouissez à chaque rencontre il faut croire !

Elle va ensuite porter les fleurs dans un coin pour les éloigner des regards malins le temps de notre petite aventure du jour. Je suis un peu embarrassé par ce détail que je n'avais pas eu en tête lors de l'achat du bouquet. Elle ne pourrait pas non plus l'amener dans une telle expédition, elle l'aurait détruit par accident à coup sûr. Elle a donc réellement aimé la douce attention ? Je me sens si enchanté par cela, ça montre qu'elle tient véritablement à moi, à nous. Je ne me fais pas d'illusions, il me reste plus qu'à la protéger de toutes mes forces maintenant, et l'aimer.

Mes forces hein.. je me souviens de ce que j'ai en réserve en ce moment.. Il me reste en réserve une magie d'éclairs d'une certaine mage à la chevelure rosée. Je ne lui ai pas parler mais je l'ai vue s'entrainer et je n'ai pas eu la force de retenir mon envie de prendre un peu de ses pouvoirs dans mon inventaire, sachant que je devrais emmener au centre la jolie prunelle tieffeline. Nous n'avons pas trop parler mais après avoir expliqué mon pouvoir, elle a bien voulu m'en prêter, assez pour me remplir un peu.

  - Très bien, allons y sans plus tarder maintenant, nous pourrons parler sur le chemin à condition de garder un ton de voix raisonnable..

Aussitôt que nous sommes dehors, je retire mon masque et ma capuche de ma tête, révélant mon visage de bois une nouvelle fois. Ma texture semble plus raffinée qu'auparavant, on dirait que la puissance de ma magie m'a renforci avec l'entraînement, presque comme si j'avais fait de l'entraînement physique et que j'avais gagné des muscles plus définit un peu.
J'attache mon masque à ma ceinture et nous continuons aussitôt notre route que je mène d'un pas assuré.

  - Dis moi donc Eve, comment t'adaptes tu à Portalia, tu y as fait beaucoup de rencontres ? J'espère que tu as bien vécu jusqu'à maintenant, il me semble que la dernière fois que nos chemins s'étaient croisés, tu venais d'arriver et tu semblais.. Si fragile alors que maintenant, tu rayonnes d'une nouvelle vie, c'est beau à voir.

A la première question que Grisley lui avait posée, Evelyne s’était contentée de hocher la tête. Elle pourrait éventuellement lui donner plus de précisions sur sa première fois au centre d’entraînement un peu plus tard, dès qu’ils auraient pénétré dans celui-ci, afin de l’informer au sujet des créatures auxquelles elle avait pu se frotter et ce qu’elle avait pu apprendre au cours de cette première expérience de combat.
Evelyne avait ensuite profondément apprécié la réaction que Grisley avait eue en recevant son présent. Ses mots, le ton de voix qu’il avait utilisé, la manière dont il semblait avoir observé la pierre. Tout portait à croire qu’il l’avait sincèrement apprécié et cela combla la jeune femme de bonheur. Aussi, lorsqu’il avait annoncé qu’il en prendrait soin aussi longtemps qu’il se souviendrait d’elle, soit « pour toujours et encore plus longtemps », la jeune tieffeline avait senti comme un pincement s’emparer de son cœur, tandis qu’elle avait eu l’impression que ses joues s’étaient embrasées d’un coup. Elle avait alors ressenti un mélange de ravissement et de soulagement s’emparer de tout son être. Evelyne, qui ne savait pas jusqu’alors qu’il était possible de ressentir quelque chose d’aussi fort, d’aussi puissant, d’aussi profond, juste par des paroles articulées, sentit ses yeux s’humidifier légèrement. Elle était heureuse. Alors pourquoi ressentir le besoin de sangloter ? Encore un mystère des sentiments qu’elle découvrait peu à peu depuis son arrivée à Portalia qui devrait être résolu.
Dans tous les cas, elle avait détourné le regard, joues toujours rosées par les paroles touchantes de Grisley, tandis qu’un sourire étirait toujours ses lèvres sans qu’elle ne puisse rien y faire.
Lorsqu’il annonça qu’il était temps d’y aller, la jeune tieffeline acquiesça et le suivit docilement pour entrer au sein du centre d’entraînement.
Quelques secondes après qu’ils eurent passé le portail de celui-ci, son ami retira la capuche et le masque qui couvraient son visage et Evelyne fut alors en mesure de le contempler... Le matériau qui le composait semblait être parfaitement sculpté et lissé, donnant envie à la jeune tieffeline d’y porter ses mains pour le découvrir d’une autre manière qu’avec les yeux. Bien entendu, son visage semblait un peu inquiétant, mais il n’en demeurait pas moins fascinant. Aussi, les sentiments que ressentait Evelyne à son égard la poussaient à admirer encore et encore chaque trait de son portrait, comme si elle cherchait à graver chacun d’entre eux dans son esprit pour ne jamais les oublier lorsqu’il remettrait son masque et sa capuche.
C’est les paroles de Grisley qui la sortirent de ses pensées... Elle secoua doucement la tête et prit une grande inspiration. Se rendait-elle au moins compte de l’environnement dans lequel elle se trouvait ? Il y avait dans les environs des créatures potentiellement dangereuses pour lesquelles il convenait de rester sur ses gardes, et Evelyne se permettait de plonger dans ses rêveries... Elle se sentit un peu honteuse à cette pensée et elle recentra son attention sur les environs et sur les dires de Grisley.
Elle acquiesça avant de répondre.

-Oui, malgré le temps que j’ai dû investir pour installer mes affaires et prendre mes repères dans Portalia, j’ai pu rencontrer quelques individus depuis mon arrivée. Il y a quelques jours, j’ai aussi eu l’opportunité de découvrir non seulement le centre d’entraînement et ses créatures, mais aussi mes capacités magiques. Ma partenaire d’entraînement m’avait aussi donné quelques conseils pour le maniement de l’épée.

A ces dires, elle se mit à pianoter légèrement sur la garde de son arme, comme pour se rappeler de chaque mouvement qu’on lui avait enseigné jusqu’à présent.
Elle ajouta aussi, après un court instant de silence, avec un sourire chaleureux :

-Si je rayonne d’une nouvelle vie, c’est bien grâce à toi. Et je t’en remercie.

Et c’était vrai. Il avait allumé en elle une flamme qu’elle n’aurait jamais cru pouvoir ressentir avant d’arriver à Portalia par ce portail et par le vœu que Grisley avait fait.
Aussi, elle venait de se rendre compte que Grisley avait commencé à la tutoyer et qu’elle en avait fait autant de son côté. C’était un détail un peu idiot et qui aurait pu sembler sans réelle importance, mais pour Evelyne, ce simple changement lui donnait l’impression de se rapprocher davantage de son ami. Et ce n’était pas pour lui déplaire.

-Et de ton côté, est-ce que tout va bien ?

Elle avait en effet des tonnes de questions à lui poser, mais elle devait se raisonner et les garder pour plus tard. L’assaillir de questions ne lui semblait en effet pas être la meilleure option...
Aussi, elle pensa à tout autre chose et elle se permit d’ajouter.

-D’ailleurs... Je pense qu’il serait judicieux qu’on en sache un peu plus sur nos capacités et sorts respectifs avant de nous jeter contre la première créature venue.

Elle attendit déjà une réponse à sa première question, estimant qu’il était important de savoir comment il se portait, puis elle serait prête à entendre en quoi consistait ses pouvoirs et à lui exposer les siens.

Son visage empourpré me fait sourire, non seulement l'a-t-elle fait à ma réaction lorsque j'ai apprécié son présent lourd de sens mais aussi lorsque j'ai retiré mon masque pour lui révéler mon visage de bois taillé pour le première fois, chose qui ne put échapper à mon attention même rendu au centre d'entrainement.

J'étais justement heureux que nous soyons venus ici, malgré tout, ça restait la zone la moins dangereuse en dehors de la ville et c'était donc une endroit presque idéale pour que nous puissions discuter ensemble et apprendre à bien nous connaitre et nous rapprocher sans trop souffrir en combat, tout en me permettant de lui montrer de quoi je suis capable, j'avais pris soin de récolter des pouvoirs intéressants et assez impressionnants des gens que j'ai côtoyé jusqu'à présent.

Sa partenaire d'entraînement lui avait montré les bases de l'épée, ça m'amuse car la géante forgeronne m'avait montrer les bases aussi lors de mon premier entrainement à ses côtés lors de mon arrivée, j'ai encore l'épée que j'avais forgée à ses côtés à mon jour d'arrivée, je m'en souviens encore comme si c'était hier.

Si elle rayonne c'est grâce à moi… Bien que cela me fasse du bien à entendre, je me doute que c'est une large exagération, je pense pas que mon vœu l'ait vraiment amenée ici même si j'aime le penser, ça fait un peu trop… conte de fée pour la vraie vie. Quoique, j'avoue me sentir comme dans une fiction à l'eau de rose chaque fois que je pose mes yeux sur elle et sa beauté surpasse toute réalité imaginable dans mes prunelles.

De mon côté, je ne sais pas trop quoi répondre sur le moment, je ne veux pas trop l'inquiéter mais je veux rester honnête avec elle, je ne suis pas pour dire que j'ai frôlé la mort plus de fois que je ne peux le compter à présent et que deux de mes membres ont été écrasés par un gishath ici même au centre la dernière fois que j'y suis allé. J'attends donc un peu dans l'espoir qu'elle continue de parler, m'offrant une sortie de secours et ma patience porte ses fruits immédiatement.

Oui, effectivement, cela me semble important. Je peux absorber la magie qui me touche et la garder en moi dans un réserve que je peux utiliser plus tard. Par exemple j'ai présentement de la magie de glace, de la magie des ténèbres et des soins sur moi, je devrais tenir pour la journée avec ça sans trop de problèmes. Je pense qu'en travaillant à récupérer ma puissance d'antan je pourrais à nouveau décupler la puissance magique des énergies qui me touchent. Et toi ?

J'écoute sa réponse avec attention et alors qu'elle termine de m'expliquer son talent, je perçois un bruit dans les fourrés, je suis prêt à réagir, main sur mon épée, mais je veux voir si Evelyne l'a entendu elle aussi et comment elle va se débrouiller, sachant que je ne laisserais rien lui faire de mal mais que je respecte sa puissance à elle et sa débrouillardise individuelle.

Le membre 'Grisley' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Le Dé de Rencontre' : 27

Evelyne tente une attaque à l'épée contre le cafard géant.

Contre les niveaux inférieurs : 75% de chance de réussir / 25% de chance d'échouer

Par conséquent :

[1-15] : réussite de l'attaque à l'épée
[16-20] : échec de l'attaque à l'épée

Le membre 'Evelyne Noblelune' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Le Dé Rp' : 7

La jeune tieffeline écouta les explications de Grisley et se contenta de hocher la tête de temps à autres, fascinée qu’il possède un tel pouvoir. Elle se demanda aussi quel impact la magie qu’il pouvait absorber, aussi diverse soit elle, avait sur son être. En effet, elle se demandait s’il risquait quoi que ce soit en utilisant certains sorts, si certains d’entre eux étaient plus délicats à manier que d’autres. Et, une fois de plus, Evelyne fut submergée par une multitude de questions... Pourtant, elle décida de se satisfaire des informations qu’elle possédait déjà, à savoir qu’il était capable de s’imprégner de diverses magies et de les réutiliser à sa guise.

Elle prit ensuite la parole pour lui faire part de ses propres capacités.

-Je peux utiliser une magie d’illusion qui permet d’immobiliser une cible. Néanmoins, si le contact visuel est rompu, le sort en est tout autant. Je ne peux l’utiliser que sur une seule cible à la fois, ce qui me restreint passablement lorsqu’il y a plusieurs ennemis à proximité. Dans un tel cas de figure, on m’a bien recommandé d’utiliser mon épée.

Par la suite, quelque chose attira son attention, un peu plus loin, et elle remarqua que Grisley semblait lui aussi avoir perçu quelque chose.

La tieffeline arrêta alors sa marche et, main sur la garde de son arme, elle attendit que la créature pointe le bout de son nez, tout en restant attentive au fait qu’il n’était pas impossible qu’une autre bête rôde elle aussi dans les environs.

Sortit des fourrées un cafard géant. Evelyne sentit sa peau se couvrir de chair de poule et elle retint un frisson de faire trembloter tout son être durant une seconde. Elle refusait de paraître faible devant Grisley. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle n’avait en tout cas pas envie de se ridiculiser devant lui, même si elle se doutait bien qu’il ne se permettrait probablement pas de se moquer méchamment d’elle.

Dans tous les cas, elle focalisa son regard clair sur celui, pourpre, de la bête, et elle parvint à l’immobiliser sans grande peine. Gardant vigoureusement le contact visuel avec la créature, Evelyne s’en rapprocha d’un pas sûr et déterminé. Elle brandit son épée et, d’un geste vif, elle parvint à la glisser dans une zone moins rigide de sa carapace.

La bête poussa une sorte de râle de douleur avant qu’Evelyne ne lui assène un second coup qui l’abattit. La géante lui avait bien dit de privilégier le fait d’abréger les souffrances des créatures, plutôt que de les faire agoniser.

La jeune femme se tourna ensuite vers Grisley et l’observa gentiment, tentant de déceler une réaction de sa part. Avait-il des conseils à lui donner ? Des commentaires à lui faire ? Evelyne était ouverte à tout, elle savait qu’elle avait encore beaucoup de choses à apprendre, et elle était certaine que tout ce que Grisley avait à lui transmettre lui serait bénéfique un jour ou l’autre.

La grâce d'un ange ? Surement pas, mais le potentiel était bien là et malgré la perspective biaisée du pantin, il savait que sa compagne d'aventure avait déjà fait beaucoup de progrès depuis son arrivée en Portalia. Certes, il ne l'avait jamais vu en action, mais il se rappelait son aspect fragile et doux, on aurait pu croire que sa vie ne tenait qu'à un fil de soie et qu'un vent froid trop fort l'aurait déchiré.

Mais elle avait repris des forces, et elle avait maintenant une arme qu'elle savait plus ou moins manier. En tout cas plus que lui surement, lui qui n'avait pas bien aiguisé ses compétences d'épéiste ou de combattant même s'il se l'était promis.

Il ne dit rien, pas pour être méchant ou quoi que ce soit, il ne voulait simplement pas mettre Evelyne trop en confiance et lui faire baisser sa garde, il se contenta donc d'un léger sourire approbateur en examinant les entailles faites sur l'insecte ignoble.

Puis il en ramassa un bout de son antenne avant de prendre quelques notes complémentaires dans son bestiaire, il devait continuer de cataloguer toutes choses qu'il voyait s'il espérait parvenir à ses fins un jour. De plus, il n'avait pas eu l'occasion de combattre beaucoup dans le centre d'entrainement jusque là, il savait donc d'avance que la journée lui serait productive.

Son regard revint sur Eve un moment, il se sentit mal de ne pas lui donner au moins un petit quelque chose, après tout il avait promis de l'aider à devenir meilleure, autant bien commencer quelque part.

- N'oublie pas de nettoyer ton épée après chaque combat, elle s'usera moins rapidement.. Tu te bats bien, mais ta posture laisse encore un peu à désirer et tu gaspilles beaucoup de mouvement il me semble. Autrement dit, tu as surement presque autant de chemin à faire que moi avec les armes antiques... Mais ta magie semble bien assez efficace pour le moment, il faudrait que je l'étudies avec plus de détails pour savoir ce que tu peux améliorer de celle-ci.

Il tendit sa main vers elle

- Tu peux l'utilisée sur moi un peu ? Je ne pense pas que tu sois assez puissante pour m'affecter encore alors je pourrais mieux comprendre.

Evelyne observa Grisley noter quelques informations dans son carnet, et elle ne prononça rien, de peur de le déconcentrer.

Elle en profita aussi pour l’observer un peu. Ce nouvel habillement lui allait bien. Et cette position, le regard concentré, figé sur la page de son bestiaire, sa main y inscrivant quelques notes, tout cela lui donnait un air que la tieffeline aimait beaucoup.

Lorsqu’il reporta son attention sur elle, elle déglutit doucement. Est-ce qu’elle allait à chaque fois ressentir cette sensation étrange dans son ventre lorsqu’il posait les yeux sur elle ?

Elle écouta ensuite ses dires et acquiesça avant de s’emparer d’un chiffon qui traînait dans l’une de ses poches et d’essuyer le sang qui s’était répandu sur la lame de son arme. Dès que ce fut chose faite, elle écouta les remarques de son accompagnant et hocha à nouveau la tête, enregistrant précieusement dans son esprit chacune des informations qu’il lui transmettait. Elle savait que ce qu’il avait à lui dire et enseigner était important. Elle n’avait pas le droit d’oublier ou de commettre deux fois la même erreur. La seule possibilité qu’elle envisageait était l’amélioration de ses capacités, quelles qu’elles soient.

Elle l’observa tendre sa main vers elle, puis elle plongea doucement son regard dans le sien.

-Entendu.

Sans plus attendre, elle glissa sa main dans la sienne et, sans le lâcher du regard, elle utilisa son pouvoir d’illusion sur lui. Pourtant, elle avait du mal à se concentrer uniquement sur ses yeux. Elle voulait voir son visage dans son entièreté. Elle désirait contempler son menton, ses joues, ses pommettes, son nez, son front, son cou, sa bouche, ses lèvres...

A cette pensée, elle sentit les siennes la picoter chaleureusement... Et elle eut un mal fou à se concentrer davantage sur ses yeux. Sa main, aussi, s’était avancée un peu plus dans cette de Grisley, jusqu’à ce que leurs doigts soient enlacés. Avec tout ça, elle ne s’était même pas rendu compte qu’ils s’étaient terriblement rapprochés.

Pourtant, elle ne voulait pas rompre le sort en détournant son regard lilial sur ses lèvres, elle ne voulait pas le décevoir à cause d’une telle déconcentration... Alors, elle redoubla de concentration pour que le sort fonctionne sur lui et qu’il puisse s’en imprégner afin de mieux le comprendre et d’être en mesure de l’aider par la suite.